industrie - Agra Alimentation

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industrie - Agra Alimentation
www.agraalimentation.fr
51e année - Semaine du jeudi 31 mars 2016 - n° 2373
Bilan/Agroalimentaire
Les eurodéputés
toujours en faveur
d’un étiquetage
obligatoire du pays
d’origine dans
les aliments
transformés
p. 7
Bissardon Jus
de fruits investit
dans un nouveau
conditionnement p. 14
La Mie Câline
se développe à
l’international p. 15
La conserverie
Le Cabanon
poursuit son
redressement p. 21
ISSN 1638 - 3427
Coop de France
et FCD déclinent
leur accord-cadre
en région
p. 28
L’Ania dénonce la baisse
continue des marges
Lors de la présentation de son bilan 2015, l’Ania est revenue sur les conséquences délétères de la guerre des prix entre distributeurs sur l’ensemble
de la filière agroalimentaire. Soumises à une pression continue sur leurs
marges, les entreprises n’investissent pas comme elles le devraient pour
rester dans la course à la concurrence et continuer à innover. Et faute d’investissements réguliers, les outils de production vieillissent, mettant en péril les plus fragiles.
S
ans grande surprise, la guerre des prix entre les distributeurs a continué de
peser sur les marges des entreprises de l’agroalimentaire en 2015. Chiffres
à l’appui, l’Ania l’a une nouvelle fois démontré en présentant le bilan
2015 des IAA, lors de sa conférence de presse annuelle, le 29 mars. Ainsi, en
dépit d’indicateurs plutôt favorables, marqués notamment par de bonnes conditions de crédit, avec des taux d’intérêt historiquement bas et des matières premières orientées à la baisse, même si les cours des matières premières alimentaires restent hauts, sans parler des effets positifs du CICE et du sur-amortissement,
« les entreprises de l’agroalimentaire n’investissent pas », constate amèrement
Jean-Philippe Girard, le patron de l’Ania. Il faut avoir confiance en l’avenir
pour investir, or « cette pression sur les prix et sur les marges pèse et paralyse », insiste encore Jean-Philippe Girard. Une frilosité des entrepreneurs qui,
en accentuant le risque de vieillissement des outils industriels, constitue un véritable frein au développement des IAA, notamment à l’international et face à
la concurrence.
LES INVESTISSEMENTS AU PLUS BAS
De fait, entre 2007 et 2014 les marges des industries alimentaires ont accusé
une baisse cumulée de six points avant de tomber en 2015 « à un niveau le plus
bas depuis 1974 », a précisé Stéphane Dahmani, directeur du pôle économie à
l’Ania. Dans le même temps, les industries alimentaires ont enregistré l’an dernier leur plus faible niveau d’investissement depuis la crise de 2008, ce qui se
traduit par un retard d’investissement des IAA de 20 % depuis la crise financière, alors qu’il n’est que de 10 % dans l’industrie manufacturière. « Le manque
de visibilité dont souffrent les IAA est non seulement un vrai sujet depuis 2008,
mais il est également propre au secteur », note ce dernier. De fait, les prévisions
d’investissements en valeur des chefs d’entreprise dans l’agroalimentaire qui
étaient en hausse de 9% en juillet 2015, se sont contractées pour finir sur une
baisse de 7 % fin 2015 (source : enquête INSEE sur les Investissements dans
SOMMAIRE
L’ÉVÉNEMENT
Industrie/patisserie : CSM Bakery Solutions prend
le train de la pâtisserie américaine
17
Bilan/Agroalimentaire : l’Ania dénonce la baisse
continue des marges
Innovation/Charcuterie : Van Hees se lance sur le
segment de la charcuterie végétarienne
18
LEADERS
6
Biscotterie/investissement : Faissole maintient
son rang de quatrième biscotterie de France
19
POLITIQUES-PROFESSIONS
7
Tomate/Conserve : La conserverie provençale Le
Cabanon poursuit son redressement
21
Etiquetage/UE : l’étiquetage de l’origine demeure
à l’ordre du jour à Strasbourg
7
Chips/Production : Altho poursuit
sa montée en puissance
Sucres ajoutés/UE : l’industrie laitière privilégie
la démarche volontaire pour toute réduction
dans les aliments
8
Coopérative/Convention régionale: Coop de France
mise sur de nouvelles relations
avec la grande distribution
28
Grippe aviaire/indemnisations : le Cifog partiellement entendu par les pouvoirs publics
10
PRODUITS & MARCHÉS
Négociations/Appellations : l’UE réclame aux
États-Unis la protection de plus
de 200 indications géographiques
ENTREPRISES
12
14
23
31
Lait/Filière : Les éleveurs veulent reprendre
la main sur le marché du lait
31
Bordeaux/Commercialisation : la commercialisation du vin de Bordeaux en repli
de 5 % en 2015
33
Jus de fruits/Investissement : Bissardon Jus de
fruits conditionne en gourdes
14
AGENDA
36
BVP/International : La Mie Câline mise
sur l’adaptation au marché local
INDEX
36
15
Farines d’insectes/Production : Ynsect compte
toujours sur une ouverture prochaine du marché
de l’aquaculture
16
2 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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L’ÉVÈNEMENT
Edito
Des raisons
d’espérer
Le constat n’est pas nouveau : la guerre des prix
entre distributeurs est destructrice de valeur. Chiffres
à l’appui, l’Ania a apporté la preuve de cette situation
lors de la présentation de son bilan 2015. Alors que
janvier 2016 constitue le trente et unième mois
consécutif de déflation sur les produits de grande
consommation, les marges des entreprises de
l’agroalimentaire montrent une érosion régulière depuis 2009. Et faute de trésorerie et de visibilité, ces
TPE et PME, qui constituent 98 % des IAA, n’investissent pas. Et faute d’investissements, les machines
vieillissent. Et faute d’un outil de production à la
pointe, les entreprises sont moins compétitives. Et
faute de pouvoir résister face à la concurrence, les
plus fragiles mettent la clé sous la porte. Et faute
d’entreprises, les salariés ….vont pointer chez Pôle
emploi.
Régulièrement, le gouvernement fait les gros yeux et
chacun parle de changer la relation entre agriculteurs, producteurs et distributeurs, pour repartir sur
de meilleures bases. Mais force est de constater que,
jusqu’à présent, rien ne semble pouvoir arrêter cette
spirale destructrice.
Et pourtant, certains exemples montrent que ça peut
marcher. En témoignent les remontées d’expérience
d’un travail mené entre Coop de France et la FCD
dans le sud de la France, suite à l’accord-cadre signé
à Paris à l’automne et visant à valoriser l’offre de la
coopérative locale dans la grande distribution. Des
exemples concrets entre coopératives et distributeurs qui marchent. Certes, tout ceci est encore tout
neuf, donc tout beau. Cet accord doit maintenant
montrer qu’il n’est pas simplement séduisant sur le
papier, mais qu’il apporte bien une vraie réponse à
un modèle de distribution actuellement dans l’impasse. Donc en attendant, apprécions au moins ce
« new deal » pour ce qu’il est, d’autant qu’il donne
toutes les raisons d’espérer qu’un changement des
relations est possible.
Perrine Delfortrie
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Bilan/Agroalimentaire
l’industrie), « soit une révision de 16 points d’une ampleur inédite », note l’Ania.
DÉFLATION SUR LES PRIX
Et le pire, c’est que les négociations commerciales qui se sont
achevées fin février n’ont pas vraiment montré de changements
majeurs, bien au contraire. « Il n’est pas normal que l’on ait
remonté plus de 300 comportements abusifs (selon les résultats
du premier Observatoire des négociations commerciales de
l’Ania sur le déroulement des négociations dans les box
NDLR) », s’est d’ailleurs interrogé le patron de l’Ania.
Ainsi, janvier 2016 a constitué le 31e mois consécutif de déflation sur les prix pour les produits de grande consommation.
« Un niveau de déflation inobservé depuis huit ans », a souligné
Stéphane Dahmani, directeur du pôle économie à l’Ania. Et au
total en 2015, la déflation des produits alimentaires était de
1,2 % pour une baisse cumulée de 2,3 % sur les deux dernières
années (source IRI). Une course systématique aux prix les plus
bas entre les acteurs de la grande distribution qui ne cesse d’empirer depuis la libre négociation des prix introduite par la Loi de
modernisation économique (LME), entrée en vigueur en janvier 2009. Année après année, cette fameuse guerre des prix, en
plus de ne pas avoir d’impact positif sur la consommation de
produits alimentaires, est donc particulièrement destructrice de
valeur et ce pour toute une filière. Et Jean-Philippe Girard de
31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 3
L’ÉVÈNEMENT
Bilan/Agroalimentaire
rappeler que « 70 % de la production
agricole sont transformés par l’industrie
alimentaire et que plus de 80 % des produits GMS sont des produits alimentaires » et que cette emprise de l’amont à
l’aval « représente 2,4 millions d’emplois (source Utopies –étude local Footprint 2015) en France ».
QUE LES DISTRIBUTEURS
PRENNENT LEUR RESPONSABILITÉ
Fort de ce constat, Jean-Philippe Girard
ne cache pas son inquiétude pour l’avenir. « Si on ne change rien, 2017 sera
pire que 2016 » pronostique-t-il, tout en
appelant « à un respect de la loi et à un
durcissement des contrôles », mais aussi
et peut-être surtout « à une évolution des
comportements », à trouver un mode de fonctionner différemment entre agriculteurs,
producteurs et distributeurs. « On est au bout du bout sur pas mal de secteurs. Il faut
que la grande distribution prennent ses responsabilités », estime-t-il, indiquant que
plusieurs pistes sont possibles pour y arriver.
L’IAA en chiffres
L’an dernier, les 16 218 entreprises agroalimentaires (dont 76 % de TPE, 22 % de PME
et 2 % d’ETI) répertoriées par l’Ania ont réalisé un chiffre d’affaires de 170 milliards d’euros*, stable à périmètre constant. Le secteur
comptait 440 926 emplois à fin décembre,
donc 4 332 recrutements durant l’année.
Même si elles ont baissé de 8 % à 251 par rapport à 2014, « les défaillances touchent encore une entreprise par jour ouvré », précise
Jean-Philippe Girard, restant sur le même
rythme qu’au plus fort de la crise de 2009.
En Europe, la France arrive en tête par le
nombre d’entreprises avec 21 % du total
devant l’Italie (20 %), mais à la seconde position en termes de chiffre d‘affaires à 183
Mrd€, derrière l’Allemagne avec 193 Mrd€.
Le chiffre d’affaires à l’export représente
21 % du total, dont les deux tiers sont réalisés par les très grandes entreprises, permettant à la France de conserver la quatrième
place mondiale des exportateurs, après
l’Etats-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas.
4 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
Enfin, les IAA restent un poids lourd de la
balance commerciale française, toujours numéro deux derrière l’aéronautique, avec un
excédent de 8,1 Mrd€, en hausse de 5 % par
rapport à 2014, un niveau qui reste cependant inférieur aux meilleurs niveaux de 2012
(9,2 Mrd€). Par produits, les exportations
sont toujours tirées par les boissons, les produits laitiers frais et les produits du travail du
grain ; à l’inverse de nombreuses catégories
sont encore négatives et notamment les préparations et conserves à base de poissons,
et les produits à base de fruits et légumes.
Les exportations sont essentiellement à destination de l’Europe (66,2 % en 2015/68,7% en
2014), de l’Alena (9,6 % en 2015/8,2% en 2014)
et de l’Asie (13,8% en 2015/13% en 2014).
*Ce chiffre s’entend après modification de la base de
calcul pour s’ajuster aux sources du ministère de l’Agriculture et du Crédit Agricole. Il n’est donc pas comparable aux 157,6 Mrd€ en 2014, annoncés l’an dernier.
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L’ÉVÈNEMENT
Bilan/Agroalimentaire
Avant de changer la loi LME, Jean-Philippe Girard veut attendre les conclusions du
rapport d’audit de ce texte demandé par Emmanuel Macron. L’idéal, selon le patron
de l’Ania, serait d’obtenir un premier bilan avant l’été, « au moins dans les grandes
lignes », leur permettant « d’y travailler durant l’été afin de rendre la copie en octobre ». Clairement, « 1 ou 2 points de marge nous redonnerait de l’oxygène. Je ne
sais pas comment fait l’industrie agroalimentaire pour être aussi résiliente », s’interroge-t-il d’ailleurs.
Seul candidat déclaré à sa succession à ce jour pour un deuxième mandat à la tête de
l’association (l’élection aura lieu durant la deuxième quinzaine de mai), Jean-Philippe
Girard a énuméré les défis des trois prochaines années dans les IAA, articulés autour
de l’innovation et de l’exportation, deux leviers de croissance majeurs, et de la
construction du prix, afin lors des négociations commerciales de privilégier « l’offre
et la qualité et pas uniquement le prix ».
Aujourd’hui, l’innovation dans les IAA représente 61 % des entreprises (contre 53 %
dans les autres secteurs industriels) dont 20 % en innovation produits nouveaux sur le
marché (contre 16 %) (source Insee). Les chiffres le montrent, les entreprises qui innovent et exportent sont celles qui s’en sortent le mieux, mais encore faut-il en avoir
les moyens.
Perrine Delfortrie
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31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 5
LEADERS
Robert J. Gamgort passe de Pinnacle à Keurig
Actuellement p.-d.g. de Pinnacle Foods, Robert J. Gamgort a été nommé
directeur général de Keurig Green Mountain, Inc. Il prendra ses fonctions le
mai 2. Il remplacera Brian Kelley, qui deviendra vice-président du conseil. Le conseil d’administration de Pinnacle a indiqué avoir examiné des candidatures internes et externes et que le processus de recherche se terminerait à temps pour une transition en douceur avec Robert J. Gamgort
Philippe Guyot
nommé directeur général de Vivalya
Philippe Guyot, 53 ans, rejoint Vivalya en tant que directeur général, annonce
un communiqué du réseau de distribution en date du 23 mars. Il remplace
Stéphane Corthier. Diplômé de l’école de commerce ACI Negocia, Philippe
Guyot a dirigé le Groupe All Fresh Logistique (AFL), leader de la distribution
de fruits et légumes frais en Ile-de-France, pendant 25 ans. Il a ensuite occupé les fonctions de directeur des opérations, puis directeur général de
TransGourmet Opérations (Groupe Coop Suisse) jusqu’en 2013.
Vincent Costes
a pris la direction générale du pôle de Compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation
Vincent Costes (38 ans) a été nommé directeur général d’Agri Sud-Ouest
Innovation par le bureau d’Agri Sud-Ouest Innovation. Après avoir débuté sa
carrière au sein de l’incubateur Midi-Pyrénées, il a rejoint l’agence de développement économique du Tarn-et-Garonne (ADE82) en 2002 avant de
prendre la direction de l’ADE et d’assurer celle de Novalia82, une pépinière
d’entreprises innovantes, membre du réseau des Pépinières de Midi-Pyrénées.
Catherine Petitjean élue présidente de l’Alliance 7
Catherine Petitjean a été élue présidente du conseil d’administration de l’Alliance 7, selon un communiqué de la fédération des produits de l’épicerie et
de la nutrition spécialisée diffusé le 10 mars. Elle succède à Jean-Pierre
Geneslay. Catherine Petitjean est directrice générale de la Maison Mulot et
Petitjean à Dijon (production de nonnettes), PME familiale fondée en 1796.
Jean-Pierre Coffe
est décédé
Le décès de Jean-Pierre Coffe a été annoncé le 29 mars. Il avait 78 ans.
Connu pour son franc-parler et ses coups de gueule contre la malbouffe,
Jean-Pierre Coffe, chroniqueur gastronomique à la télévision et sur les
ondes, collaborait également depuis 2009 avec Leader Price pour la promotion de certains produits de l’enseigne.
6 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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POLITIQUE - PROFESSIONS
Europe
ETIQUETAGE/UE > Les eurodéputés membres de la commission de la sécurité alimentaire ont réitéré leur point de vue sur l’étiquetage obligatoire du pays d’origine
pour la viande et les produits laitiers. Dans une résolution non contraignante adoptée le 22 mars, ils estiment que cette mesure aiderait à maintenir la confiance des
consommateurs vis-à-vis des produits alimentaires en rendant la chaîne alimentaire beaucoup plus transparente.
L’étiquetage de l’origine demeure
à l’ordre du jour à Strasbourg
A
doptée par 44 voix pour et 18 contre, la résolution de la commission de l’environnement et de la sécurité alimentaire rappelle la position du Parlement en
faveur d’un étiquetage obligatoire du pays d’origine ou du lieu de provenance
de la viande dans les aliments transformés. Les députés ajoutent que cet étiquetage
devrait devenir obligatoire non seulement pour les types de viande autres que la viande
bovine, porcine, ovine, caprine et la viande de volaille mais également pour le lait,
pour le lait utilisé comme ingrédient dans les produits laitiers, pour les denrées alimentaires non transformées, pour les produits comprenant un seul ingrédient et pour
les ingrédients constituant plus de 50 % d’une denrée alimentaire.
ALIMENTS « LÉGÈREMENT TRANSFORMÉS »
Les eurodéputés considèrent dans leur résolution que l’étiquetage du pays d’origine
pour le lait de consommation et les produits laitiers légèrement transformés (comme
le fromage et la crème), ainsi que pour les produits à base de viande légèrement transformés (comme le bacon et les saucisses), aurait des coûts considérablement réduits et
que la Commission européenne devrait examiner cette option en priorité. Ils invitent
d’ailleurs cette dernière à définir les « aliments légèrement transformés », en particulier en ce qui concerne les produits laitiers et les produits à base de viande, afin d’étudier la possibilité de limiter, dans un premier temps, la portée de l’étiquetage obligatoire du pays d’origine aux cas où il y a un équilibre entre l’intérêt des consommateurs
et les coûts et à formuler des propositions législatives dans ces domaines.
S’APPUYER SUR L’EUROBAROMÈTRE
Dans leur résolution les eurodéputés soulignent que, selon l’enquête Eurobaromètre
de 2013, 84 % des citoyens de l’UE estiment nécessaire d’indiquer l’origine du lait,
qu’il soit vendu comme tel ou utilisé comme ingrédient dans des produits laitiers. Il
s’agit, selon eux, de l’un des facteurs susceptibles d’influencer le comportement du
consommateur. Aux yeux des eurodéputés, l’indication obligatoire de l’origine constitue « une mesure utile pour protéger la qualité des produits laitiers, lutter contre la
fraude alimentaire et préserver l’emploi dans un secteur confronté à une grave crise».
La même enquête Eurobaromètre révèle que 88 % des personnes sondées considèrent
un tel étiquetage nécessaire pour la viande (autre que la viande bovine, porcine, ovine,
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31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 7
POLITIQUE - PROFESSIONS
Assurer une meilleure information des
consommateurs
Le Parlement européen a déjà adopté plusieurs résolutions sur l’étiquetage du pays d’origine des produits alimentaires. Dans sa résolution du
11 février 2015 sur la viande dans les aliments transformés, le Parlement a invité la Commission européenne à présenter des propositions
législatives pour rendre obligatoire l’indication de l’origine de la viande
dans les aliments transformés. L’objectif étant d’assurer une plus
grande transparence tout au long de la chaîne alimentaire et de mieux
informer les consommateurs européens. Cependant, la Commission
européenne doit encore faire des propositions en ce sens, mentionnant
les coûts d’un étiquetage obligatoire du pays d’origine pour l’industrie et
la probabilité que les consommateurs ne seraient pas enclins à supporter ces coûts supplémentaires.
Europe
caprine et la viande de volaille, déjà couverte). De même, plus de 90 % d’entre
eux considèrent un tel étiquetage important pour les aliments transformés. Les
eurodéputés estiment qu’un étiquetage
facultatif, comme défendu par la Commission européenne, est susceptible « de
conduire à l’introduction de différents
dispositifs, ce qui pourrait être source de
confusion pour les consommateurs ».
La résolution parlementaire sera mise
aux voix en session plénière dans le courant du mois d’avril (ou de mai) 2016 à
Strasbourg.
Aziz Ben Marzouq
SUCRES AJOUTÉS/UE > Réduire l’obésité au sein de la population européenne est
une mission compliquée dans la mesure où plusieurs indicateurs sont impliqués et
la reformulation des produits ne constitue qu’une partie de la solution. Telle est
l’idée défendue par l’European Dairy Association, le lobby de l’industrie laitière de
l’UE, lors d’une réunion entre les parties prenantes et la Commission européenne,
autour du thème « Une stratégie européenne pour la réduction des sucres dans les
produits laitiers ».
L’industrie laitière privilégie
la démarche volontaire pour toute
réduction de sucre dans les aliments
L
a Commission européenne vise à établir une stratégie européenne en matière de
réduction de la teneur en sucre dans les différentes catégories d’aliments. Après
avoir adopté un projet de texte sur cette question en début d’année (intitulé « Annexe Sucres ajoutés », ndlr), la Commission européenne a organisé une série de réunions consacrées à des catégories d’aliments spécifiques, dont les produits laitiers.
Lors de la dernière réunion du 15 mars 2016, les discussions entre la Commission,
l’industrie laitière, les États membres, les consommateurs et les ONG de la santé sur
la réduction du sucre dans les produits laitiers ont permis d’avoir un aperçu de la situation actuelle dans les différents États membres. À cette occasion, l’European Dairy
Association s’est appliquée à défendre les produits laitiers en soulignant notamment
que ceux-ci « sont reconnus par tous comme une partie importante d’une alimentation
saine et une importante source pertinente de nombreux nutriments essentiels ». Expli-
8 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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POLITIQUE - PROFESSIONS
Europe
quant que l’association des produits laitiers sucrés aux phénomènes d’obésité
Lien entre excès de sucre et obésité
est un peu trop facile, les représentants de
Le Groupe de haut niveau sur la nutrition et l’activité physique de l’UE
l’industrie ont au contraire souligné la diest composé de représentants des pays de l’UE. Il est présidé par la
versité des habitudes culturelles et aliCommission européenne. Sa mission est de rechercher des solutions
européennes aux questions de santé liées à l’obésité en donnant une
mentaires dans les États membres, lavue d’ensemble des différentes politiques nationales relatives à la nutriquelle diversité devrait, selon eux, être
tion et à l’activité physique, en aidant les pouvoirs publics à partager
considérée « comme une base très imporleurs idées et leurs pratiques (par exemple reformulation des produits
alimentaires pour abaisser leur teneur en sel, en matières grasses et en
tante pour toute voie à suivre ». Ils ont
sucre). Selon l’EFSA (Autorité européenne sécurité des aliments), il
également indiqué que la grande variété
existe des preuves que des apports élevés en sucres sous forme de boisde produits laitiers déjà existants sur
sons sucrées pourraient contribuer à la prise de poids et aux caries dentaires. Le Groupe de haut niveau a publié un plan d’action de l’UE relatif
chaque marché (lait sucré, lait entier, lait
à l’obésité infantile pour la période 2014-2020 afin de lutter activement
demi-écrémé, avec mention 0 %, etc.)
contre ce phénomène. Il soutient également la reformulation des prooffre la possibilité de répondre aux divers
duits manufacturés, notamment pour réduire leur teneur en sucre, en
sel et en graisses saturées. Lors de la réunion informelle des ministres
besoins des consommateurs. Les indusde la Santé de l’UE à Riga les 21 et 22 avril 2015, la majorité des mitriels ont par ailleurs soutenu que les tranistres a exprimé « son soutien clair et la nécessité d’avoir un cadre
vaux de reformulation des produits laicommun d’action pour réduire les sucres libres dans les aliments » et a
appelé à développer ce cadre pour réduire le surpoids et l’obésité, notiers doivent être entrepris et que pour
tamment chez les enfants.
être plus efficaces, ceux-ci devraient
« faire collaborer entreprises et autorités
nationales de santé publique». Selon eux,
réduire l’obésité au sein de la population européenne est une mission plus complexe
que l’on ne le croit dans la mesure où plusieurs indicateurs sont impliqués et « la reformulation des produits ne constitue qu’une partie de la solution ». Les industriels se
plaisent à rappeler que des modifications dans la formulation des produits ont déjà été
réalisées dans certains Etats membres sur une base volontaire avec une approche positive depuis de nombreuses années. Les résultats, soutiennent-ils, « ont montré d’impressionnantes réductions dans les teneurs en sucre, tout en montrant une grande diversité d’approches et de conclusion ».
PROCHAINE ÉTAPE
Sur la base des débats et expériences des différentes réunions organisées par la Commission européenne sur le thème de la réduction des teneurs en sucre dans les aliments, le
commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis, devrait présenter ses conclusions
en ce qui concerne le projet de texte intitulé « Annexe Sucres ajoutés » aux membres du
Groupe de haut niveau sur la nutrition et l’activité physique de l’UE.
Aziz Ben Marzouq
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31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 9
POLITIQUE - PROFESSIONS
EN BREF
BIEN-ÊTRE ANIMAL
Quatre Européens sur cinq favorables à une amélioration
des normes
Plus de quatre Européens sur cinq
(82 %) estiment que les normes de
protection du bien-être des animaux
doivent être améliorées, selon les résultats d’un Eurobaromètre publié le
17 mars par la Commission européenne. Et 64 % souhaiteraient être
mieux informés sur les conditions
d’élevage des animaux. Ce chiffre est
en hausse de six points par rapport au
précédent sondage sur cette question
réalisé il y a dix ans. De plus, 90 % des
Européens sont favorables à des
normes internationales sur le bienêtre des animaux et à ce que les
France
normes européennes soient imposées
aux importations venant de pays tiers.
Par contre, les personnes interrogées
se montrent moins enthousiastes
quand il s’agit de payer plus cher leurs
produits pour améliorer le bien-être
des animaux : 59 % sont prêts à dépenser 5 % (ou plus) pour cela. Mais
les avis divergent selon les États
membres. Dans sept pays (Bulgarie,
Hongrie, Lituanie, Pologne, Portugal,
Slovaquie et Roumanie) la majorité ne
serait pas prête à payer plus de 5 %.
Alors qu’à l’inverse en Suède (93 %) au
Luxembourg (86 %) et aux Pays-Bas
(85 %), les consommateurs sont disposés à payer plus cher leurs produits
si le bien-être des animaux est respecté. Enfin, les plus jeunes sont en
général plus disposés à payer plus
que les personnes âgées, souligne
l’enquête.
GRIPPE AVIAIRE/INDEMNISATIONS
Le Cifog partiellement entendu
par les pouvoirs publics
Le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) a estimé le 25 mars
que son « cri d’alarme a été en partie entendu par les pouvoirs publics », selon Christophe Barrailh, son président. Plus tôt le même jour, le ministère de l’Agriculture avait
détaillé les aides aux professionnels du canard et du foie gras concernés par une épidémie de grippe aviaire dans le Sud-Ouest, réservant aux producteurs de palmipèdes
110 des 130 millions d’euros annoncés pour l’ensemble de la filière. Ces producteurs,
touchés par le gel total de la production dans dix-huit départements, pourront déposer
leur demande d’indemnisation à partir d’avril. L’indemnisation sera calculée sur la
base des volailles non produites avec un forfait pour chaque de type de production.
Sur l’enveloppe globale, 20 millions d’euros seront par ailleurs réservés aux accouveurs qu’ils soient situés dans la zone de restriction définie depuis janvier ou en dehors de celle-ci, précise-t-il. « Un dispositif du même type sera mis en place pour les
producteurs de volailles autres que palmipèdes » qui seraient également frappés.
D’autres aides pourront être débloquées pour les entreprises du secteur touchées par le
gel de la production (abattoirs, transformateurs, transports, nettoyage/désinfection,
10 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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POLITIQUE - PROFESSIONS
France
producteurs d’aliments pour volailles...). Une enveloppe de 60 millions d’euros sera
ainsi réservée aux PME-PMI (moins de 250 salariés) sous forme de subventions ou
d’allègements de charges, fiscales et sociales notamment. « Comme on ne s’attendait
à rien, c’est une avancée », a pour sa part jugé Laurent Hagneré, directeur général de
la Maison Barthouil, à Peyrehorade (Landes), qui a déjà essuyé 700 000 euros de
pertes. Il craint également que nombre de petits éleveurs-gaveurs traditionnels avec
qui il travaille soient « découragés par les mesures de biosécurité et arrêtent tout ».
À la société La Plume de Pomarez, qui devrait perdre 30% de son chiffre d’affaires,
Bertrand Trémont, le directeur, voit dans ces mesures pour l’aval « un bon point si
c’est réalisé assez vite » mais va devoir fermer sa société de plumes de canards pour
quatre mois, tout en stockant sa dernière production faute de pouvoir l’exporter vers
l’Asie.
CB avec AFP
EN BREF
CONCOURS INNOV’ALIMENT
Prot’Green, Buchette gourmande
et Douceurs d’algues lauréats 2016
Le concours Innov’Aliment, créé par le
Syndicat mixte du technopole Alimentec (Bourg-en-Bresse), a récompensé
le 24 mars trois projets d’innovation
almentaires : Prote’Green, collation
pour sportif à base de farine d’insectes et nappé de chocolat noir à la
spiruline, la Buchette gourmande,
charcuterie constituée de viande de
porc, de chou rouge et de fromage de
chèvre et les Douceurs d’algues, macarons sucrés-salés à base de spiruline.
BIEN-ÊTRE ANIMAL
Le Foll ordonne des inspections
après les vidéos de l’abattoir
de Mauléon-Licharre
Le ministre de l’Agriculture Stéphane
Le Foll a ordonné mardi 29 mars des
Reproduction interdite
inspections dans l’ensemble des abattoirs de France après la diffusion de
vidéos tournées à l’abattoir de Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques).
Ces images de sévices infligés à des
animaux ont été diffusées par l’association de défense des animaux L214
qui a déposé plainte auprès du procureur de la République de Pau pour
« sévices graves ou actes de cruauté »
envers des animaux, une infraction
passible de deux ans d’emprisonnement. Le procureur Jean-Christophe
Muller, également saisi par le préfet, a
ouvert une enquête préliminaire qui a
été confiée à la gendarmerie et à la
brigade spécialisée en matière vétérinaire. Le directeur du site, Gérard
Clémente, assure avoir mis tout en
œuvre, formation et équipement, pour
instaurer des conditions d’abattage
exemplaires et entend mettre à pied
les deux employés identifiés sur les
images.
31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 11
POLITIQUE - PROFESSIONS
Monde
NÉGOCIATIONS/APPELLATIONS
L’UE réclame aux États-Unis la protection
de plus de 200 indications géographiques
Le difficile dossier de la protection des indications géographiques (IG) est au menu de
discussions techniques entre négociateurs européens et américains avant la prochaine
session formelle de pourparlers du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) prévue fin avril à New York (1). L’UE a soumis une « courte liste
» de 201 IG agroalimentaires, 17 mentions semi-génériques viticoles (chablis, champagne, chianti, marsala, sauterne, tokay…) couvertes par l’accord bilatéral de 2006
sur le vin et 22 noms de spiritueux (rhum de la Martinique, grappa, ouzo…), en plus
des 6 couvertes par un accord de 1994. Une liste appelée à s’étendre dans le futur,
selon la Commission de Bruxelles.
Parmi les 201 IG dont la protection est demandée aux États-Unis, se trouvent notamment 41 françaises (camembert de Normandie, huile d’olive de Haute-Provence, jambon de Bayonne, noix de Grenoble, pruneaux d’Agen, roquefort…) et 41 italiennes
(gorgonzola, grana padano, parmigiano reggiano, prosciutto di Parma, pomodoro di
Pachino…). Sont également inscrites,
par exemple, les appellations beurre et
jambon d’Ardenne pour la Belgique,
30 % des exportations agroalimentaires de
Bayerisches Bier pour l’Allemagne, turl’UE aux États-Unis
rón de Alicante pour l’Espagne, feta pour
Les exportations de produits sous indication géographique de l’UE dans
la Grèce, edam et gouda Holland pour les
le monde atteignent quelque 15 milliards €, soit 25 à 30 % de ses ventes
Pays-Bas, chouriço de Portalegre pour le
de produits agro-alimentaires, 80 % pour les vins et la quasi-totalité
pour les spiritueux, selon les chiffres de la Commission européenne.
Portugal, ou encore Scotch beef et West
Les États-Unis sont, de loin, la principale destination de ces IG, qui recountry farmhouse cheddar cheese pour
présentent 30 % du total des exportations européennes de produits
FXS
le Royaume-Uni.
agroalimentaires et de boissons sur ce marché.
(1) Voir n° 3536 du 07/03/16
EN BREF
HUILE D’OLIVE
Exportations et importations records
pour l’UE en 2015
Dans son bulletin mensuel sur les
échanges agroalimentaires de l’UE
publié le 21 mars, la Commission européenne fait le point sur l’huile d’olive dont les exportations ont atteint
une valeur de près de 2,3 milliards €
12 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
en 2015, soit une augmentation de
6,6 % par rapport à 2014. Les exportations progressent ainsi pour la sixième année consécutive. Les principaux acheteurs étant les États-Unis
(35 %), suivis par le Japon (10 %), le
Brésil (9 %) et la Chine (7 %). Mais
cette hausse s’est accompagnée d’une
explosion des importations. 2015 a été
une année exceptionnelle, avec une
faible récolte dans l’UE de 1,4 million
de tonnes en baisse de 42 % et une récolte record en dehors de l’UE, en parReproduction interdite
POLITIQUE - PROFESSIONS
Monde
ticulier en Tunisie. Les importations
en provenance de ce pays (qui représentent 82 % des importations de l’UE)
ont donc bondi de près de 300 % en
2015 pour compenser la chute de la
récolte européenne. Mais, précise
Bruxelles, ces « importations records
n’ont pas eu un impact sur les prix de
l’huile d’olive de l’UE, qui ont égale-
ment été exceptionnellement élevés ».
L’UE va ouvrir un quota supplémentaire d’importation dans l’UE en franchise de droits pour 70 000 tonnes
d’huile d’olive tunisienne sur les années 2016 et 2017 (1).
(1) Voir n° 3537 de 14/03/2016
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L’Agence de l’économie alimentaire et de la distribution
de reprise pour Gad
Lampaul
49e année - Semaine du 23 janvier 2014 - n°2273
Etude
Un projet
p. 22
Monique Piffaut
reprendrait
Jean Caby
en Bretagne
p.20
Léa Nature prend le
contrôle d’Alpha
Nutrition
p.17
Danish Crown
restructure
au Danemark p.26
Bruxelles précise
les règles
sur les dates
de péremption p. 12
Supplément
Panorama
des restructurations
des industries
agroalimentaires
2013 en France
Obésité : la carence
des pouvoirs publics
Overseas Development Institute (ODI), think tank britannique spécialisé
dans le développement international et les questions humanitaires vient de
publier un rapport sur l’obésité (Future diets, implications for agriculture
and food prices, Sharada Keats et Steve Wiggins, ODI, janvier 2014). Les
auteurs de l’étude s’interrogent sur l’éventuelle uniformisation des régimes alimentaires corrélée à la croissance économique et sur ses conséquences. Face à une obésité galopante, notamment dans les pays en voie
de développement, ils décryptent les politiques publiques mises en œuvre
et leurs effets. Dans les pays développés, ils comparent la timidité de
mesures liées à l’alimentation à la sévérité de celles qui ont été mises en
place pour le tabac.
L
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LA NOTION DE TRANSITION ALIMENTAIRE
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Suite p. 3
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31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 13
INDUSTRIE
France
FRUITS/INVESTISSEMENT > Le transformateur de fruits en jus et compotes Bissardon Jus de fruits, implanté dans la Loire, vient de s’équiper d’une nouvelle
conditionneuse pour des gourdes de 90 gr. Une enveloppe de 500 000 euros a été
engagée pour cet investissement qui complète son dispositif pour la mise en valeur
des fruits rhônalpins.
Bissardon Jus de fruits
conditionne en gourdes
«O
n ne révolutionne pas le jus de fruit. Nous fabriquons juste un bon produit,
avec des fruits récoltés dans les vergers locaux, à maturité, pour conserver
un vrai goût de fruit », explique Jean-Louis Bissardon qui travaille le fruit
depuis près de 22 ans. Sa marque propre, L’Arbre à jus, commercialise, via la grande
distribution, des jus de fruits et des compotes en contenant en verre (bouteilles d’un
litre, bocaux) et en bag-in-box, aux saveurs traditionnelles, sans mélange, comme la
pomme, la poire, l’abricot Bergeron, le raisin… La marque Jean-Louis Bissardon Jus
de fruits s’adresse au réseau des CHR avec une gamme en bouteilles de 25 cl. D’ici
mai, les gourdes de compotes de 90 gr viendront enrichir le panel des conditionnements proposés par l’entreprise familiale installée sur un site de production de 3 000 m2
à Saint-Paul-en-Jarez, dans la Loire. « Nous utiliserons ce nouveau conditionnement
d’abord pour nos produits L’Arbre à jus, puis nous le proposerons pour le volet
sous-traitance, détaille le dirigeant. Nous nous positionnons ainsi sur le marché du
snacking où nous étions absents. Autre atout de cet investissement : peu d’entreprises
savent conditionner en gourdes pour des quantités allant de 2 à 60 tonnes. Notre outil
industriel est dimensionné pour des petites quantités afin de favoriser la souplesse et
l’adaptabilité. »
95 % DE MATIÈRES PREMIÈRES DE RHÔNE-ALPES
La machine de conditionnement des gourdes a été conçue par la société Thimonnier,
installée en région lyonnaise. Cette industrie familiale spécialisée dans la conception
de machines d’emballage a, entre autres, inventé le sachet Doypack dans les années
60 et… la machine à coudre en 1830 ! Acteur du développement local, Jean-Louis
Bissardon travaille avec 250 producteurs de fruits locaux, selon leur taille et leur
production. « 95 % de nos matières premières proviennent de Rhône-Alpes, tient-il à
préciser. La région présente une tradition diversifiée en fruits rouges, fruits à noyaux
et fruits à pépins. La demande en produits de proximité est très forte, ce qui stimule
la production. Des filières arrivent même à renaître. La pêche de vigne, par exemple,
commence à être replantée. »
Cette appétence des consommateurs et des réseaux professionnels pour les produits
locaux et de qualité a eu un impact direct sur les chiffres de l’entreprise. « Nous
avons réalisé 4,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015. Il a doublé en quatre
ans. L’entreprise emploie 21 ETP et des saisonniers à partir du printemps », indique
14 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
Reproduction interdite
INDUSTRIE
France
Jean-Louis Bissardon. Ce doublement des ventes est consécutif à l’installation de
l’entreprise, en 2011, dans un site plus grand de 3 000 m2 en anticipation d’un marché en croissance. L’accroissement des capacités de production a pu être possible
également grâce à l’entrée au capital, à hauteur de 20 %, d’Andresy Confitures, qui
assure la distribution export des produits Jean-Louis Bissardon.
Stéphanie Polette
BVP/INTERNATIONAL > L’enseigne de boulangeries basée en Vendée va poursuivre
son développement international en s’associant avec des partenaires locaux pour
les accompagner dans la production et la commercialisation. La recherche de master-franchisés pour déployer l’enseigne est toujours d’actualité.
La Mie Câline mise
sur l’adaptation au marché local
L
a chaîne de boulangeries la Mie Câline veut s’appuyer sur la diversification pour
assurer le développement de son chiffre d’affaires. Les facturations réalisées par
le réseau en 2015 atteignent 144 M€, en hausse de 2,5%, et 70 millions d’euros
réalisés par Monts Fournil qui regroupe les boutiques en propre, le franchiseur, la
centrale d’achat et l’usine. Si la franchise reste son mode de développement unique en
France, l’entreprise familiale fondée et présidée par André Barreteau explore depuis
ces dernières années d’autres voies, notamment à l’international. « Nous voulons
d’abord répondre à la demande quotidienne de pain des populations dans des pays
qui n’ont pas forcément les mêmes habitudes de consommation que nous », explique
David Giraudeau, le directeur général de La Mie Câline. Cela passe en premier par
une bonne connaissance de la consommation locale de produits de boulangerie pour
développer une offre vraiment adaptée et qui pourra se différencier de la concurrence.
« Nous accompagnons Panda, un réseau de supermarchés en Arabie Saoudite, qui
souhaite structurer et améliorer son offre de boulangerie », explique le directeur
général. La collaboration a commencé par la mise au point d’une offre plus sophistiquée, composée de spécialités boulangères françaises issues du savoir-faire de l’industriel mais aussi de recettes traditionnelles plus qualitatives. Cette mission de
consulting concerne aussi la partie industrielle puisque l’entreprise vendéenne accompagne le distributeur dans la construction de son outil de production d’une capacité de 30 000 tonnes de produits finis avec une mise en service prévue pour le second semestre 2017.
Le supermarché Panda de Jeddah est le premier de la chaîne à se doter d’un point de
vente de boulangerie portant la signature « Pandélice by La Mie Câline », mais à
terme toutes les grandes surfaces de la chaîne dans le pays seront concernées. L’approvisionnement se fait dans un premier temps en pâtons surgelés depuis l’usine de
Saint-Jean-de-Monts (Vendée) avant le démarrage de la production sur place.
Reproduction interdite
31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 15
INDUSTRIE
France
Si ce premier projet au Moyen-Orient
permet de valoriser l’expérience d’industriel de la BVP, David Giraudeau
David Giraudeau, le DG de La Mie Câline, s’est fixé pour but de faire
s’appuie aussi sur la connaissance de
grandir le réseau de boulangeries de 15 unités supplémentaires en
2016, avec en ligne de mire le chiffre de 300 points de vente en 2021,
son métier de franchiseur. « À l’île Maucontre 220 aujourd’hui. « Nous sommes des franchisés dans l’âme », se
rice, nous accompagnons un industriel
plaît-il à souligner, pour insister sur ce mode de développement que
de la boulangerie qui souhaite dévelopl’enseigne a privilégié. Pour les prochaines ouvertures, celle-ci compte
sur la capacité de ses franchisés à ouvrir des enseignes supplémenper un réseau de 30 à 40 points de vente
taires, se fixant pour objectif que la moitié des nouvelles boulangeries
dans le pays », détaille-t-il. Un concept
soient ouvertes par des franchisés déjà installés. Pour cela, elle a resde boutiques de petite taille (Tamam by
tructuré son école interne de formation qui accueillera en 2016 1 000
personnes contre 700 en 2015. Le concept est aussi en évolution vers le
La Mie Câline), proposant un assorticafé bakery (restauration rapide sur place) qui concerne pour l’instant
ment limité à 25 références, a été créé
dix points de vente, avec un espace permettant de voir les boulangers en
avec le partenaire pour être décliné en
train de travailler. Pour la partie industrielle, le site de Saint-Jean-deMonts, avec 18 000 tonnes de produits finis par an (cru surgelé et préfranchise. Cette expérience internatiocuit), possède déjà les capacités pour servir 300 points de vente en
nale, à la fois industrielle et commerFrance. Il va connaître un investissement en 2016 de 3 millions d’euros
ciale, pourrait à l’avenir être reproduite
pour automatiser la ligne de production de viennoiseries.
dans d’autres régions du monde où il y a
une attente pour des produits qualitatifs
de BVP. La Mie Câline réfléchit notamment à l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient ou à l’Iran, autant de pays qui « vont
vivre dans les prochaines années une industrialisation du secteur de la boulangerie
à l’image de la France des années 1970. »
Toujours à l’étranger, l’implantation de l’enseigne n’est pas abandonnée, en dépit de
deux échecs rencontrés en Belgique et en Espagne. La direction de l’entreprise reste
toutefois prudente et n’envisage ce développement que si elle trouve le bon partenaire capable d’acquérir et de faire croître le réseau en master-franchise. L’enseigne
pourrait trouver sa place en Europe, en Amérique du Nord ou même dans certains
CB
pays d’Asie.
France : 300 Mie Câline en 2021
FARINES D’INSECTES/PRODUCTION
Ynsect compte toujours sur une ouverture
prochaine du marché de l’aquaculture
Conformément au plan de marche, la nouvelle unité de production d’Ynsect, à Dôle
dans le Jura, dont les travaux ont démarré à l’automne sera opérationnelle cet été
(Agra Alimentation du 22 octobre 2015). « Les premières commandes fermes ont
bien été confirmées par des pet fooders, a confirmé Antoine Hubert, le président de
cette start up à Agra Alimentation. Nous avons pour le moment environ 80% de la
production pré-commandée ». Des clients dont l’identité n’est pas dévoilée, de même
que la société ne donne pas de détails pour l’instant sur leur nombre et le volume
précis de la production, mais assure que « les ventes se font sur l’Europe, notamment
en Allemagne, et pas uniquement sur la France ».
16 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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INDUSTRIE
France
Parmi les autres sujets d’importance pour Ynsect cette année, rien de nouveau encore
depuis l’automne du côté de la réglementation et de l’ouverture potentiel du marché
de l’aquaculture. L’avis rendu début octobre 2015 par l’EFSA ayant démontré l’absence de risque de prion, il était suffisant pour avancer sur une ouverture du marché
aquacole. Antoine Hubert, également président de l’International Platform of Insects
for Food and Feed (IPIFF) est en relation fréquente avec les autorités européennes
pour faire avancer ce dossier et « permettre à l’industrie de aquacole européenne de
bénéficier en primeur de cet avantage compétitif qu’est l’usage de farines protéiques
d’insectes », rappelle-t-il. Plusieurs réunions à la Commission sont attendues par
l’IPIFF dans les prochaines semaines. Des réunions qui « seront capitales pour envisager l’ouverture du marché de l’aquaculture dans les prochains mois » espère encore ce dernier. Suite au premier rapport de l’EFSA sur l’absence de risque sur le
prion, « la Commission peut maintenir avancer sur une proposition de modification
de la réglementation 999 “Feed Ban”, tout en attendant des dernières données techniques notamment sur les tests de détection des farines d’insectes », précise encore
Antoine Hubert.
PDf
INDUSTRIE/PATISSERIE > Filiale d’une entreprise américaine, CSM Bakery Solutions développe la présence des pâtisseries américaines en France pour combler
son premier marché, l’artisanat, aujourd’hui en recul.
CSM Bakery Solutions prend le
train de la pâtisserie américaine
A
u regard de la décroissance du marché de la boulangerie-pâtisserie artisanale en
France, dont le nombre de magasins ne cesse de se rétracter depuis la fin des
années 90, CSM Bakery Solutions cherche de nouveaux leviers de croissance.
Fournisseur d’ingrédients et de produits finis pour la boulangerie, pâtisserie et viennoiserie industrielle et artisanale, l’artisanat constitue sa cible majoritaire. Sa gamme de
pâtisserie américaine, déjà bien présente en Grande-Bretagne sur le segment du surgelé
et du frais, se développe désormais dans l’hexagone. « Depuis cinq ans, on a remarqué
un intérêt pour les pâtisseries américaines, type brownie, cookie, donut et cupcake, à la
carte des enseignes de restauration américaine », indique Carole Guérit, directrice des
ventes France pour CSM Bakery Solutions. « Il nous est apparu opportun de bénéficier
de nos usines en Europe pour déployer ce qui peut marcher ici aussi ».
En effet, la filiale du groupe américain (8 500 personnes dans le monde) qui a son
siège à Atlanta et réalise 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, possède pas
moins de 20 sites en Europe (34 dans le monde) et deux usines en France, à Bischheim près de Strasbourg et Chanteloup en région parisienne. 250 personnes y travaillent à l’élaboration d’ingrédients intégrés en amont dans la production de pâtis-
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31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 17
INDUSTRIE
France
serie, boulangerie et viennoiserie industrielle ou artisanale et également de produits
finis surgelés. Des spécialités américaines prêtes à cuire ou à mettre en oeuvre dans
les laboratoires de la GMS. « En France, les ingrédients représentent 70 % de l’activité et les produits finis surgelés 30 %. Cette proportion est inversée en Grande-Bretagne où la culture alimentaire est différente », commente Carole Guérit. Les produits Marguerite, entreprise fondée en 1919 en Alsace, et sa gamme de pâte d’amande,
pralins et ingrédients premium pour les boulangeries et pâtisseries artisanales, sont
au cœur du métier historique. « Nous avons ensuite développé ce portefeuille d’ingrédients haut de gamme sur différents canaux : la grande distribution, les food
services et les industries », explique Carole Guérit. Désormais, les produits finis à
destination de la RHF et de la GMS prennent le relais sur les ingrédients pour développer la croissance de l’entreprise.
VP
INNOVATION/CHARCUTERIE > Fournisseur de la charcuterie industrielle, Van Hees
développe de nouveaux additifs et arômes pour des alternatives à la viande. L’entreprise a présenté ses dernières innovations lors du Carrefour des fournisseurs de
l’industrie alimentaire du 8 au 10 mars, à Rennes.
Van Hees se lance sur le segment
de la charcuterie végétarienne
P
résent depuis 40 ans en France, à Forbach en Lorraine, l’entreprise allemande
Van Hees formule et fabrique des additifs, arômes, épices, marinades, chapelures, émulsifiants, exhausteurs de goûts, colorants et sauces pour l’industrie
de la charcuterie et de la boucherie. Une filière qui souffre de la tendance à la baisse
de la consommation de la viande. La filiale française s’appuie sur les innovations de
la maison mère afin de se développer auprès du marché hexagonal de la charcuterie.
« L’un de nos clients, numéro huit de la charcuterie en Allemagne, a cherché de nouvelles pistes de développement pour assurer sa croissance et élargir ses parts de marché », explique Mark Cardon, co-gérant et responsable commercial et marketing de la
filiale française de Van Hees, qui compte 80 des 500 salariés dans le monde. « Il est
très difficile d’innover en charcuterie, et pourtant il faut se battre pour conquérir de
nouveaux marchés. Et coller avec la tendance actuelle. Nous avons ainsi développé
avec lui une nouvelle gamme de charcuterie végétarienne ». Les premières recettes
ont été lancées fin 2014, après deux ans de recherche et développement : mortadelle,
saucisses knacki et nuggets végétariens. « Cela répond à une demande de plus en plus
forte de flexitariens, qui ne sont pas végétariens mais qui essaient de réduire leur
consommation de viande », indique Mark Cardon. Ces flexitariens seraient 25 % en
France à acheter, en GMS plutôt qu’en magasins spécialisés, des alternatives à la
viande. « Le marché du végétalien n’occupe que 3 % de parts de marché dans l’ali-
18 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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INDUSTRIE
France
mentaire en Europe, alors que les flexitariens sont déjà entre 25 % et 28 % avec un
fort potentiel de croissance », précise-t-il.
20 % DE CHIFFRE D’AFFAIRES EN UN AN
Pour répondre à ce marché en plein essor, Van Hees a développé une gamme d›épices
et d’additifs pour l’élaboration de produits analogues à la viande, dont l’intégration
en usine ne change aucunement le processus de fabrication. Burgers et boulettes à
base de blé, soja et pois, ou seulement de pois pour une version sans allergènes, sont
venues compléter la gamme. Pour obtenir une texture analogue à celle de la viande
et une expérience gustative similaire, les produits végétariens nécessitent 150 à
200 % d’épices supplémentaires. « Notre partenaire industriel allemand a déjà réalisé 20 % de son chiffre d›affaires avec ces nouveaux produits en seulement un an,
soit 1,5 million d’euros », indique Mark Cardon. « Et avec ces 20 % de chiffre d’affaires, il réalise la même marge qu’avec les 80 % de chiffre d’affaires en charcuterie
traditionnelle ! » Un nouveau levier de croissance pour l’industriel. Van Hees, qui
réalise 120 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et distribue ses produits
dans 60 pays, cherche ainsi de nouveaux partenaires en France pour ses ingrédients
fonctionnels végétariens. « Le problème en France, c’est que les industriels de la
charcuterie sont davantage dans l’observation, ils ne prennent pas de risque. Mais
attention à ce qu’ils ne se fassent pas doubler par les Allemands, les Pays-Bas et les
Etats-Unis qui sont déjà en avance sur le segment de la charcuterie végétarienne »,
prévient le responsable.
Violaine Pondard
BISCOTTERIE/INVESTISSEMENT > Agromousquetaires, le pôle agroalimentaire
des Mousquetaires, soutient ses investissements dans son usine de petits pains
grillés, malgré son isolement dans les sud des Alpes.
Faissole maintient son rang de
quatrième biscotterie de France
T
oujours très discret quand il s’agit de chiffres, Agromousquetaires va réaliser
« plusieurs millions d’euros d’investissements sur cinq ans » dans sa biscotterie
d’Annot dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les efforts sur la quatrième biscotterie de France, portent sur « l’automatisation des lignes ainsi que la sécurité et l’ergonomie du personnel », assure Alain Cano, le directeur de l’usine. Mais surtout, cette
biscotterie qui réalise 70 % de ses 14 millions d’euros de chiffre d’affaires avec les
Mousquetaires et 30 % en MDD pour d’autres groupes de distribution, se concentre
sur l’amélioration de sa production de petits pains grillés. « Nous voulons progresser
Reproduction interdite
31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 19
INDUSTRIE
France
sur le marché des jeunes actifs, parallèlement à notre tradition de fabrication de biscottes qui s’adresse surtout au segment des seniors ». Ces investissements s’ajoutent
aux 6 millions d’euros consacrés par le groupe depuis la reprise en 2008 de cette entreprise familiale créée en 1987.
Jean Ballester, maire du village aujourd’hui, s’était alors lancé sur le marché naissant
du révolutionnaire « petit pain suédois » en France. Intermarché a surtout voulu rattraper le retard industriel pris par l’entreprise familiale, déjà spécialisée dans la
MDD, avec des remises aux normes notamment ICPE (installations classées pour la
protection de l’environnement). L’usine produit des biscottes au rythme d’une tonne
par heure et des petits pains sur deux lignes avec un volume de 15 tonnes par jour.
Restait ensuite à Alain Cano, pour rentabiliser ce site éloigné des grands axes, à réduire les coûts logistiques. « Les camions qui livrent Nice repartent souvent à vide.
Nous avons traité avec des transporteurs qui préfèrent remonter leurs semi-remorques pleines. Nos rotations de 33 palettes ne pèsent que 10 à 11 tonnes ». Environ 25 camions quittent l’A8 par semaine pour effectuer un crochet par la route Napoléon (N202).
Faissole, du nom du boulanger local, oncle du fondateur, utilise 100 % de farine
française avec des contrats revendiqués par l’enseigne, directs, durables avec ses
fournisseurs pour éviter les coûts d’intermédiaires, les fluctuations de cours et « marquer son indépendance dans un secteur oligopolistique, précise Alain Cano. Les
autres ingrédients proviennent à 98 % de l’Hexagone ». L’usine décline également
ses gammes en bio et casher.
Faissole produit chaque année 7 200 tonnes de biscottes et de petits pains grillés, essentiellement à la marque Chabrior, avec 83 collaborateurs, un effectif quasiment constant
depuis sa reprise. L’unité de production fait partie des 64 usines d’Agromousquetaires
installées en France, réparties en 12 filières, qui emploient 11 000 personnes et contractualisent avec 17 000 producteurs. Bien qu’investissant, Faissole compte respecter
l’équilibre 70 %/30 % entre la marque de son enseigne et les MDD de tiers. « Nous
avons trouvé là le bon équilibre », soutient Alain Cano.
Emmanuel Brugvin
20 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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INDUSTRIE
France
TOMATE/CONSERVE > En deux ans, le portugais Unitom, négociant international de
la tomate et repreneur du Cabanon, a déployé sa politique commerciale et industrielle pour redresser le fleuron français de la transformation de tomates. Sa politique repose sur le développement de la MDD, la renaissance de la marque le Cabanon, la maîtrise des approvisionnements et le changement d’image de cette
entreprise qui, peu transparente pendant 10 ans, a défrayé la chronique en important de la tomate chinoise.
La conserverie provençale Le Cabanon
poursuit son redressement
R
epris à la barre du tribunal de commerce en avril 2014 par le portugais Unitom,
la Conserverie provençale le Cabanon met en place une politique de développement à long terme. Paulo Ribeiro, le repreneur, qui fait partie du top 5 des négociants internationaux de la tomate, a tout d’abord renouvelé l’encadrement de l’entreprise suite au départ du staff du chinois Chalkis, l’ancien propriétaire, avant de
s’attaquer à la relance de la marque. Son frère Nuno prend la présidence de la nouvelle
SAS, l’Irlandais David Smith, au préalable chez un fabricant de ketchup dans son
pays, prend la direction générale, et Elton Duarte, ex-Heineken France, relève le
challenge au poste de directeur commercial de la marque depuis octobre 2014,.
« Le fonds de commerce de l’entreprise était sa forte présence en MDD, des unités
de production et de conditionnement italiennes haut de gamme installées en 2009 et
la notoriété de sa marque le Cabanon », souligne Elton Duarte.
CHANGER D’IMAGE
En arrivant, le nouveau propriétaire a trouvé des volumes de produits finis quasiment
nuls et un stock de matière première chinoise considérable. Le challenge lancé par
Paulo Ribeiro était simple : conforter la position de l’entreprise en MDD pour assurer les charges, acheter à Unitom de la tomate toujours plus européenne pour rompre
avec une image de transformateur low cost de tomate chinoise et relancer la marque
le Cabanon pour dégager de la marge. En 2012, l’entreprise affichait une perte de 6,5
M€ pour un chiffre d’affaires de 22,75 M€.
Les effectifs sont passés de 49 à 53 personnes. L’équipe commerciale MDD est restée inchangée. L’entreprise s’est faite certifier IFS (2014 puis 2015) puis BRC
(2015). L’entreprise de Camaret-sur-Aygues (84) « tient une part de marché de 70 %
dans le ketchup MDD en flacon souple en France, assure le directeur commercial, et
défend ses positions dans les sauces chaudes, les purées et les coulis face à une forte
concurrence italienne et espagnole ». L’équipe MDD part à la conquête de l’export
en se focalisant, aujourd’hui, sur le Portugal et les Iles britanniques.
RENAISSANCE D’UNE MARQUE
Pour relancer la marque le Cabanon, Elton Duarte reconstruit une gamme en cohérence avec la promesse de cette marque qualitative, française et d’origine proven-
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31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 21
INDUSTRIE
France
çale. Le temps d’écouler les anciens stocks chinois, ce Sup de Co. Paris de 37 ans
reconstruit une ligne de 40 produits et travaille avec la Verrallia sur un nouveau pot
en verre de 415 grammes personnalisé qui sera lancé en mai prochain. La marque
apparaît en sérigraphie tout comme la mention « depuis 1947 », l’étiquette imite le
papier kraft et le bouchon devient jaune avec le logo pour « singulariser le produit
des conditionnements MDD et séduire notre cœur de cible de jeunes adultes ». Certaines références affichent déjà une carte de France tricolore pour souligner l’origine
du produit. La tomate de la bolognaise est française, essentiellement en provenance
de Provence Tomates à Tarascon (13), la viande des Alpes et le vin rouge de la coopérative viticole voisine de Sérignan. Navire amiral de cette volonté de monter en
gamme, son Ketchup 100 % tomates françaises s’est vu décerner le « Saveur de
l’année » 2016. Le Cabanon est référencé chez Carrefour au national et dans quasiment toutes les enseignes dans le Sud-Est. Certains distributeurs l’ont retenu dans
certaines régions comme la Bretagne ou l’Ile de France. Pour relancer la relation
commerciale avec les magasins,
Elton Duarte, a développé un réseau de 128 agents commerciaux. Chalkis avait arrêté toute animation commerciale. Pour des raisons de coûts, la communication média
s’appuie, pour l’instant, sur les seuls réseaux sociaux et les blogs gastronomiques.
DÉVELOPPER DES CONTRATS AVEC LES PRODUCTEURS
« Nous avons mis en chantier le projet de développer des contrats de culture avec des
producteurs de tomates des villages alentours pour maîtriser les apports et valoriser
la marque le Cabanon », confesse Elton Duarte qui veut imposer cette image de circuits courts. La France ne produit que 15 % de sa tomate industrielle. Fort de ses
deux lignes de conditionnement, l’une pour les produits souples, l’autre pour le verre,
la Conserverie provençale étudie également l’investissement dans une troisième
ligne « pour créer de nouveaux produits dans des emballages que nous ne proposons
pas encore ».
Historiquement, le Cabanon produisait des légumes secs et des légumes cuisinés
mais aussi des fruits en boites métalliques. La gamme s’avère très réduite aujourd’hui.
Résultat, l’entreprise, voisine de l’usine provençale de Raynal et Roquelaure, termine son premier exercice complet 2015 avec un chiffre d’affaires de 19 M€ dont un
peu moins de 30 % générés par la marque. Grâce à la montée en régime du Cabanon,
la conserverie « compte dégager des bénéfices à court-moyen terme », selon les dirigeants. Ce sera une nouveauté pour cette ancienne coopérative qui a compté jusqu’à
1800 coopérateurs dont 120 producteurs de tomates du Sud-Est et 450 salariés, mais
Emmanuel Brugvin
qui n’a jamais réussi à décoller. Une renaissance à suivre.
22 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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INDUSTRIE
France
CHIPS/PRODUCTION
Altho poursuit sa montée en puissance
Le site d’Altho du Pouzin, en Ardèche, spécialisé dans la fabrication de chips, poursuit sa montée en puissance. Deux ans après la mise en route de sa production de
chips, en mars 2014, le site du Pouzin qui vient compléter celui de Saint-Gérand dans
le Morbihan a fortement développé sa filière de production locale en pommes de
terre pour les chips en vallée du Rhône, dans la Loire et en Puy de Dôme. C’était le
grand pari de cette PME familiale bretonne de s’approvisionner localement et régionalement et de devenir autonome en passant des contrats annualisés avec des producteurs qui parfois s’engageaient pour la première fois dans ce type de culture « Depuis le démarrage du site en 2014, nous avons triplé les surfaces de production avec
les producteurs locaux de pommes de terre. Elles sont passées de 60 ha à 170 ha
pour les trois pôles locaux. Dans la vallée du Rhône, ces surfaces ont plus que doublé pour atteindre 60 ha aujourd’hui ,» précise Jean Yves Robert, directeur du site
Altho du Pouzin.
La société avait investi 32 millions d’euros sur le site ardéchois pour atteindre une
capacité de production à 8 000 tonnes/an. Aujourd’hui, la direction du Pouzin prévoit
d’atteindre pour 2016 un volume de production 6000 tonnes de chip.. Elle a embauché au premier trimestre dix personnes en CDI pour préparer la saison qui s’annonce
sous les meilleurs auspices. Quant à la stratégie commerciale, la seconde usine de la
PME familiale qui ambitionne avec sa marque Bret’s, de devenir la marque alternative face au leader du marché, veut consolider ses positions sur les marchés régional
Pierre-Louis Berger
et national.
EN BREF
PÊCHE
La Scapêche arrêtera la pêche en
eaux profonde d’ici à 2025
La Scapêche, premier armement
français de pêche fraîche (43,4 M€ à la
première vente en 2015), va arrêter
d’ici à 2025 la pêche en eau profonde,
a annoncé Agromousquetaires le 29
mars. L’armement basé à Lorient
(Morbihan), qui a cessé début 2015 de
pêcher au-delà de 800 mètres de profondeur, veut être en phase avec ses
clients de plus en plus sensibles à la
consommation responsable. Pour atteindre son objectif, la Scapêche
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compte « obtenir de nouveaux droits
de pêche sur d’autres espèces: lieu
noir, églefin, cabillaud, lotte ou encore
merlu. » La Scapêche est le seul armement en Europe à appliquer cette
mesure sans qu’il existe encore de
contraintes réglementaires.
STRATÉGIE
Le fonds Sagard entre au capital
des magasins Grand Frais Le fonds d’investissement français
Sagard a annoncé une prise de participation minoritaire dans le groupe
Prosol, propriétaire de la chaîne de
magasins alimentaires Grand Frais,
selon un communiqué publié le 25
mars. Grand Frais compte aujourd’hui
31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 23
INDUSTRIE
France
quelque 170 magasins, situés en périphérie des grandes villes, qui proposent des produits frais – fruits, légumes, poisson, viande, épicerie. Le
groupe Prosol, lancé dans les années
1990, réalise un chiffre d›affaires annuel d’environ un milliard d’euros et
ouvre entre 10 et 15 nouveaux magasins par an. « Un pool d’investisseurs
emmené par Sagard a signé un accord
avec Denis Dumont, actionnaire majoritaire de Prosol, pour la prise d’une
participation minoritaire », indique le
communiqué. « Cette opération a pour
objectif de permettre aux actionnaires
financiers de trouver une liquidité à
leur investissement et d’offrir des
moyens additionnels pour soutenir le
nombre important d’ouvertures de
magasins », est-il précisé. Ni le montant investi, ni la part du capital n’ont
été communiqués. Le fonds Sagard a
été créé en 2003 à l’initiative de la famille canadienne Desmarais, gère environ 2 milliards d’euros de fonds et
dit avoir réalisé « 28 investissements
dans l’industrie et les services, en
24 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
France, en Belgique et en Suisse ». Il
est entré au capital des Délices des 7
Vallées, spécialiste de la pâtisserie
surgelée, l’an dernier.
Cooperl inaugure l’élevage de sa
joint-venture en Chine
Cooperl a inauguré, ce 25 mars, l’élevage de sélection génétique construit
dans le cadre de sa joint-venture avec
le groupe chinois Xinda. Il comptera à
terme 1 500 truies et vérats (1 000 actuellement, venus de France en avion
en octobre dernier), ce qui portera le
cheptel total de Cooperl en matière de
sélection génétique à 5 400 têtes. A
l’occasion de l’inauguration, un premier contrat de vente a été signé avec
le groupe T’zan Zhong, qui prendra livraison de 500 reproducteurs dès leur
mise en marché, à l’automne prochain. La joint-venture avait été signée le 15 avril 2013, en présence de
François Hollande et Xi Jinping.
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INDUSTRIE
Europe
GRANDE-BRETAGNE
Premier Foods préfère Nissin à McCormick
Nissin Foods a annoncé le 24 mars qu’il prévoyait de racheter la participation de
17,27 % détenue par le fonds Warburg Pincus dans le capital de Premier Foods. Le
spécialiste japonais des nouilles instantanées deviendrait ainsi selon Reuters son premier actionnaire. « En gagnant un investisseur stratégique qui comprend et soutient
nos ambitions de croissance, nous avons une chance exceptionnelle de créer de la
valeur pour l’actionnaire », a déclaré David Beever, le président du conseil de Premier Foods dans un communiqué. La veille, le britannique Premier Foods avait rejeté pour la seconde fois, une proposition de rachat de l’américain McCormick. Après
avoir proposé 52 pence en février dernier, le spécialiste des épices présent en France
avec les marques Ducros et Vahiné est monté jusqu’à 60 pence par action, valorisant
l’entreprise à près de 500 M£ (628 millions d’euros) et représentant une prime de
90 % par rapport au dernier cours de clôture du 22 mars. Mais cette offre, pourtant
généreuse, n’est pas du goût de Premier Foods, qui estime que ce prix ne tient pas
compte de ses perspectives de croissance à moyen terme. Le britannique a d’ailleurs
relevé ses perspectives de croissance des ventes à moyen terme de 1 à 2%, dans une
fourchette comprise entre 2 et 4%. L’américain éconduit a jusqu’au 20 avril pour
présenter une offre ferme. De leur côté, Premier Foods et son chevalier blanc Nissin
devront attendre la fin de la période légale d’offre pour finaliser les conditions de
leur accord de partenariat.
PDf
EN BREF
ESPAGNE
150 millions d’investissements
pour Pescanova
150 M€ seront injectés dans la nouvelle société Pescanova pour terminer
la restructuration du groupe et l’absorption de la plupart des filiales. La
dette du groupe remise en ordre s’élèvera à 812,5 M€ (hors filiales étrangères). L’injection de fonds dans l’entreprise sera réalisée pour 70 % par
les banques qui ont sauvé le groupe –
puis en ont pris le contrôle en échange
– et 30 % par le consortium constitué
de Damm et de Luxempart, deux entreprises qui entrent au capital en tant
qu’actionnaires industriel de référence.
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GRANDE-BRETAGNE
Allied Bakeries investit
dans le pancake
Allied Bakeries s’apprête à investir
plus d’1M£ (1,26 M€) dans la révision
de son unité de production de pancakes à Belfast, d’après Foodmanufacture.co.uk. L’investissement comprend l’acquisition d’équipements
robotisés pour l’usine qui fabrique en
moyenne 2,5 millions de pancakes par
semaine. L’amélioration de la performance industrielle de ce site doit également contribuer au développement
à l’export de la marque de pancakes
Sunblest. A Belfast, Allied Bakeries
emploie 330 personnes. L’usine livre
quotidiennement plus de 1000 distributeurs et supermarchés en Irlande
du Nord, en République d’Irlande et
en Grande-Bretagne.
31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 25
INDUSTRIE
Monde
EN BREF
ARABIE SAOUDITE
Ornua ouvre un site de production de
fromage à Riyad
La coopérative laitière irlandaise Ornua a inauguré le 17 mars une usine
de fromage à Riyad, pour laquelle elle
a investi 20 M€. L’usine va produire
pour le marché saoudien et va servir
de hub pour desservir les marchés du
Moyen-Orient. La nouvelle usine, qui
utilise une technologie pionnière mise
au point par Ornua et Teagasc, produit
du fromage frais pour les secteurs de
la boulangerie et de la RHF.
ARGENTINE
BRF rachète Alimentos Calchaqui
Le brésilien BRF vient de procéder à
l’acquisition de l’entreprise argentine
Alimentos Calchaqui. La transaction
attend le feu vert des autorités de la
concurrence mais cet achat pourrait
faire de BRF le deuxième opérateur en
viande de porcs en Argentine. En effet,
en décembre 2015 déjà, BRF avait offert 85 M$ (76M€) pour le rachat de
Campo Austral, offre acceptée et qui
devrait être finalisée dans l’année.
BRÉSIL
JBS signe un bon exercice 2015
Le brésilien JBS a réalisé un chiffre
d’affaires de plus de 162 Mrd de réales
(38 Mrd€) en 2015, soit une progression de 35 % par rapport à l’exercice
2014 et un bénéfice net de 4,6 Mrd de
réales (1,09 Mrd€). 30 % du chiffre
d’affaires sont réalisés à l’export. Au
cours de cet exercice, JBS a notamment finalisé l’acquisition de Moy Park
en Europe et Primo group en Australie,
mais aussi des activités de Tyson au
Mexique et de Cargill dans le porc aux
US. Des achats rendus possibles grâce
aux 21,2 Mrd de reales (5,5 Mrd€) de
cash opérationnel dégagé.
26 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
Aurora alimentos, la coop
brésilienne qui monte
Le groupe brésilien Aurora alimentos
vient de confirmer sa troisième place
au classement des groupes agro-industriels du pays (loin cependant derrière JBS et BRF). Son chiffre d’affaires
total a atteint 7,7 Mrd de réales en 2015
(1,87 Mrd d’euros). Créée dans les années soixante, cette coopérative agrège
aujourd’hui plus de 60 000 sociétaires.
C’est un groupe spécialiste de la volaille, production qui compte pour les
deux tiers du chiffre d’affaires, le reste
étant apporté par la production porcine. En 2015, Aurora a exporté 290 000
tonnes de viande, soit une progression
de 18 % par rapport à 2014.
EGYPTE
Succès pour l’introduction
d’Arabian Food
La société Arabian Food Industries,
connue pour sa marque de produits
laitiers Domty, a fait ses premiers pas
en Bourse le 22 mars. La vente d’un
total de 12,2 millions d’actions au prix
unitaire de 9,2 livres égyptiennes a
rencontré un vif succès et permis à
l’entreprise de lever 1,13 Mrd de livres
égyptiennes (113,6 M€). Outre l’attrait
des investisseurs étrangers après la
dévaluation de la livre pour le marché
égyptien, les performances de l’entreprise expliquent aussi cet engouement. La société affichait sur les neuf
premiers mois de 2015, un chiffre
d’affaires en hausse de 26 % à 1,16
Mrd de livres égyptiennes et un bénéfice net de 109 M de livres égyptiennes,
selon l’agence Ecofin.
ETATS-UNIS
Arla Foods s’associe à Dairy
Farmers of America
La coopérative laitière danoise Arla
Foods va créer une joint-venture (JV)
avec Dairy Farmers of America (DFA)
visant à développer et produire du froReproduction interdite
INDUSTRIE
Monde
mage cheddar premium aux EtatsUnis. L’investissement devrait atteindre 58 M$ (51,8M€), dont 20 %
pour Arla, soit 11,6 M$. Cet accord
comprend la construction d’une usine
de produits laitiers pour la production
de fromage cheddar dans l’État de
New-York dont la production devrait
démarrer à l’automne 2017. DFA détiendra la majorité de la JV, avec 70%,
aux côtés d’Arla avec 20%, et de huit
fournisseurs de lait qui détiendront
10 % du capital.
surgelées dans l’Etat d’Andra Pradesh
d’une capacité de 25 tonnes par jour
et prévoit d’en construire un nouveau
à 80 km de distance. Ce nouveau site
pourra produire 50 tonnes de crevettes par jour. Cet investissement en
Inde va permettre à Thai Union de diversifier ses sources d’approvisionnement alors que sa production a fortement diminué en Thaïlande du fait
d’une épidémie d’EMS (Early Mortality
Syndrome).
Agri-Mark investit 30 M$ dans une
usine de fromage
Le coopérative laitière Agri-Mark va
investir 30 M$ (26,5 M€) dans son
usine de fromage située à Chateaugay
(Etat de New York). L’investissement
concerne la restauration et l’extension
des bâtiments sur 10 000 m2, l’ingénierie et l’acquisition de nouveaux
équipements. Agri-Mark rassemble
1 100 exploitations laitières réparties
dans six Etats américains, dont 600
dans l’Etat de New York.
Austevol vend une partie du capital
de Leroy
L’entreprise norvégienne Austevol
(pêche) a annoncé la vente de 2,75
millions d’actions du producteur de
saumons Leroy, entreprise également
norvégienne, au prix unitaire de 355
couronnes norvégienne (37,58 €).
Après cette cession, Austevol restera
propriétaire de 57,52 % du capital, selon le site Undercurrent News. En février, Austevol avait annoncé ses résultats pour le quatrième trimestre de
2015, à savoir un bénéfice d’exploitation de 942 M de couronnes (99,3 M€),
contre 991 M de couronnes à la même
période de 2014, pour un chiffre d’affaires de 3,82 Mrd de couronnes
(402,6 M€) contre 3,7 Mrd de couronnes. Des résultats affectés en
grande partie par l’activité d’Austavol
au Pérou dont le chiffre d’affaires a reculé de 68,6 % à 70 M de couronnes
(7 M€).
INDE
Thai Union va acquérir 40% d’Avanti
Frozen Foods
Thai Union a annoncé le 29 mars qu’il
a conclu un accord pour prendre une
participation de 40% dans Avanti Frozen Foods, filiale du groupe indien
Avanti Feeds, pour un montant de
1254,1 M de roupies indiennes
(16,8 M€). Avanti Frozen Foods possède unsite de production de crevettes
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NORVÈGE
31 mars 2016 - n° 2373 - AGRA ALIMENTATION - 27
COMMERCE
France
COOPÉRATIVE/CONVENTION RÉGIONALE > Si l’Ania évoque une « déflation » de
l’industrie agroalimentaire causée par la guerre des prix imposée aux fournisseurs
par la grande distribution, une fenêtre s’entrouvre sur de nouvelles pratiques entre
la FCD et Coop de France par la mise en place de relations durables et éthiques.
Coop de France mise sur de
nouvelles relations avec la grande
distribution
C
omment mieux travailler ensemble ? Pour passer de l’incantation à la réalité,
Coop de France et la FCD (Fédération du commerce et de la distribution) signaient le 23 septembre dernier une convention nationale pour aller dans ce sens
(Agra Alimentation du 1er octobre 2015). Bons sentiments, vœux pieux, ultime effet
d’annonce ? Pas vraiment. Cette semaine, les deux partenaires signaient en Paca la
première déclinaison régionale de la convention et dévoilaient quelques résultats,
certes encore timides, mais prometteurs. « La coopération a compris que la production alimentaire française vivait une crise de compétitivité et qu’une guerre des prix
était destructrice de valeur, rappelle Pascal Viné, délégué général de Coop de France,
lors d’une matinée de présentation de la distribution locale, à l’occasion de la signature de cette charte régionale, le 24 mars. La situation est flagrante, depuis cet été avec
la crise agricole et pourrait s’aggraver avec une probable chute du cours des céréales. Notre seule issue est de passer d’une culture fondée sur la production, à une
démarche orientée sur le client, concevoir nos métiers désormais de la fourchette à la
fourche sur notre marché naturel qu’est l’Europe. Nous avons entamé un plan stratégique sur cinq ans en ce sens (marquée par sa pub télé NDLR) ». Jacques Creyssel,
délégué général de la FCD, parle de « new deal » et « d’accord structurant pour éviter
les crises à répétition ». Il parle de « sortir des débats de théâtre pour aller dans le
concret, par un travail en commun dans le respect des démarches sociétales (RSE) ».
Et de rappeler que les dernières études Nielsen soulignent une croissance de 7 % des
produits locaux en linéaires, quand le reste de la consommation alimentaire ne croît
qu’au rythme de la démographie nationale. « La question n’est pas de changer une
énième fois la loi mais de construire de bonnes pratiques entre nous ».
PREMIÈRES RELATIONS ÉTHIQUES
La signature de la convention de septembre a suscité déjà quelques actions exemplaires parfaitement reproductibles. L’hypermarché Auchan de la Seyne, à l’est de
Toulon, a donné pour mission à Véronique Lautier, responsable sourcing marques
locales de l’enseigne, de construire une relation durable. « Nous sommes partis à la
recherche de producteurs locaux sur internet, sur les marchés de village, à la Ruche
qui dit oui, à la CCI, dans nos contacts et auprès de Coop de France Alpes Méditerranée, explique-t-elle. Entre la première rencontre et la première commande avec le
28 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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COMMERCE
France
producteur, il ne se passe que trois semaines, parfois dix jours. Nous avons simplifié
les procédures de référencement et nos 40 nouveaux fournisseurs ne disposent que
d’un seul interlocuteur même si leurs productions se retrouvent dans plusieurs
rayons. Le magasin a développé une PLV (publicité sur le lieu de vente) spécifique
pour présenter le produit et sa provenance. Nous avons organisé des salons de deux
jours en magasin avec les producteurs pour donner un visage à leurs produits ».
De son côté, Philippe Imbert, médiateur « relations industrielles et agricoles » pour
le groupe Casino, souligne que son enseigne a signé des accords dans le Massif Central avec le groupe Altitude (Aurillac) sur la génisse pour alimenter les magasins du
sud de la France, en agneaux pour 14 hypermarchés du Sud-Ouest, ainsi que sur du
porc Label rouge. « Pour que le contrat fonctionne, nous travaillons sur des volumes
significatifs, explique-t-il. Nous avons mis en place un cadre souple pourvu que la
viande soit saine et traçable. Nous avons ainsi limité les contraintes imposées au
prestataire. L’origine des produits, clairement identifiable dans le magasin, suscite
l’intérêt du consommateur. Certaines filières peinent déjà à fournir ».
VALEURS DE LA COOPÉRATION
Autre pratique exemplaire, celle de Carrefour et de Coop de France qui ensemble ont
mis en avant la production des caves coopératives viticoles. L’enseigne a réalisé un
catalogue de 32 pages tiré à sept millions d’exemplaires distribué du 8 au 14 mars
mettant en avant l’esprit éthique et de proximité de la coopération. « Nous avons
proposé les produits de 12 caves qui couvrent tous les terroirs de France avec des
produits souvent médaillés, voire étoilés dans des guides, proposés en moyenne à
6,5 € quand notre prix moyen est de 3 € le col », explique Guillaume Georgeon,
acheteur vins et spiritueux chez Carrefour. Pour sortir de cette culture discount, « les
prix n’étaient pas affichés dans le catalogue et le jaune criard propre aux promotions
était proscrit », ajoute Rachel Blumel, directrice du département Chaîne Alimentaire
durable chez Coop de France. Sur le premier trimestre 2016, le plan média prévoyait
une double page sur l’opération dans la revue de l’enseigne tirée à 350 000 exemplaires, 20 000 pochettes à l’image de l’opération pour ranger les billets achetés en
magasin pour le salon de l’Agriculture, un habillage du site web de l’enseigne et le
clip télé de Coop de France diffusé sur les écrans des magasins. « Cette semaine nous
présentons notre démarche de production éthique et non délocalisable à MDD Expo
(30 et 31 mars) et Pro Durable (les mêmes jours) spécialisé dans les démarches RSE,
puis au Sial en octobre ».
En marge des rencontres, certains responsables commerciaux de coopératives reconnaissaient qu’ils faisaient de la figuration pour ne pas se fâcher avec leurs clients. Les
responsables d’enseigne, dont certaines subissent des baisses structurelles et durables
de chiffre d’affaires, reconnaissaient à demi-mot que leur planche de salut passait par
l’amélioration de la relation humaine avec les fournisseurs. A Joël Reynaud, président de Coop de France Alpes Méditerranée de conclure : « Nous devons réaliser
au moins une rencontre annuelle pour faire le point sur l’amélioration des relations
Emmanuel Brugvin
entre la coopération et la distribution ». Le rendez-vous est pris.
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n° 2373 - 31 mars 2016- AGRA ALIMENTATION - 29
COMMERCE
France
EN BREF
GRANDE DISTRIBUTION
Costco ouvrira en France au printemps 2017
L’arrivée de la chaîne américaine
Costco en France, déjà plusieurs fois
repoussée, ne se fera finalement pas
avant le printemps 2017, a indiqué le
25 mars le représentant du distributeur en France, Gary Swindells. Le
premier magasin devait ouvrir à Villebon-sur-Yvette (Essonne) à l’automne
2016 mais a été retardé à cause des
recours déposés par des distributeurs
concurrents. Costco, qui a réalisé en
2015 des ventes d’un montant de plus
de 113 Mrd$ (102 Mrd€), prévoit d’ouvrir 10 à 15 magasins dans l’Hexagone
d’ici 10 ans, dont 4 à 6 en région parisienne. Fondé en 1976, Costco est
présent dans une dizaine de pays,
dont le Royaume-Uni et l’Espagne en
Europe.
RÉSULTATS
La Vie Claire annonce un chiffre
d’affaires 2015 à 180 M€ en hausse
de 21%
Le réseau de magasins La Vie Claire a
annoncé le 25 mars un chiffre d’affaires 2015 à 180 M€, en hausse de
21%. 40 nouveaux points de vente ont
été ouverts l’an dernier (25 créations
en franchise, 9 magasins intégrés et 6
magasins indépendants qui ont choisi
de rejoindre l’enseigne), ce qui porte
le nombre total à 267, dont 201 franchisés. L’entreprise a créé 84 postes à
temps plein, portant l’effectif total à
1400 salariés. En 2016, l’enseigne
prévoit d’ouvrir une quarantaine de
magasins.
de 0,95% de son chiffre d’affaires hors
carburant en 2015. Le chiffre d’affaires en Europe d’Intermarché et de
Netto a atteint 33,1 Mrd€ hors carburant (+0,7%). En France, les 1 849
points de vente Intermarché ont enregistré une croissance de 0,7% de leur
chiffre d’affaires. Quant à Netto, son
chiffre d’affaires à périmètre constant
a progressé de 1,9% en 2015. Le pôle
agroalimentaire du groupement Agromousquetaires a enregistré un chiffre
d’affaires 4 milliards d’euros (+4%).
BOURSE
Península augmente sa participation
dans Carrefour
Comme annoncé une semaine plus
tôt, Península, la société d’investissement de la famille de l’homme d’affaires brésilien Abilio Diniz, va se renforcer au capital de Carrefour (Agra
Alimentation du 24 mars 2016). Après
l’acquisition de ces nouvelles actions,
Península détiendra 8,05% du capital
du groupe de distribution contre
5,07 % en avril 2015. « Cet investissement est en phase avec la stratégie de
long terme de Península et reflète la
confiance de la société dans le potentiel de croissance du Groupe Carrefour », indique le holding dans un
communiqué du 30 mars. Le chiffre d’affaires du Groupement
des Mousquetaires en hausse
de 0,95% en 2015
Le Groupement des Mousquetaires a
annoncé le 17 mars une progression
30 - AGRA ALIMENTATION - n° 2373 - 31 mars 2016
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PRODUITS & MARCHÉS
LAIT/FILIÈRE > Lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), les 16 et 17 mars derniers à Saint-Didier-sur-Beaujeu, le
syndicat a voulu passer un message dynamique aux producteurs. Un message qui
pourrait se résumer ainsi : « Éleveurs, soyez acteurs du marché en créant de la valeur ajoutée avec votre lait ! »
Les éleveurs veulent reprendre
la main sur le marché du lait
«V
ous, [éleveurs laitiers, ndlr], êtes insatisfaits de la relation avec votre
client », s’est exclamé André Bonnard, secrétaire général de la Fédération
des producteurs de lait (FNPL), lors de l’assemblée générale le 16 mars au
sujet des retours du terrain des départements. Il parle également des « chefs d’entreprise » que sont devenus les exploitants aujourd’hui. Les termes changent. « Il faut
s’adapter à ce vocabulaire », précise André Bonnard. Un nouveau vocabulaire, signe
d’une révolution dans les mentalités des éleveurs ? Lors de cette assemblée générale,
les producteurs semblent bien vouloir reprendre leur destin en mains et ne plus subir
les décisions des industriels. « Nous sommes en capacité aujourd’hui d’écrire une
nouvelle histoire. Nous étions dans un pays à flux poussé. Nous nous sommes toujours
considérés comme des producteurs et pas des producteurs commerçants. La question
aujourd’hui, c’est : est-on capable de mieux appréhender le marché ? », s’interroge
Xavier Beulin, président de la FNSEA, le même jour lors de son discours envers les
producteurs. « Jamais nous n’arriverons à une convergence européenne sociale, fiscale, environnementale. Notre différentiel, c’est notre capacité d’innovation », continue-t-il. S’il cite l’agriculture connectée, pour la FNPL, l’innovation et la reprise en
main du marché par les producteurs passeront plutôt par une meilleure segmentation
du lait afin de faire « des fermes productrices d’or blanc », comme l’explique André
Bonnard.
LA SEGMENTATION DOIT COMMENCER À PARTIR DU LAIT QUI SORT DU
TANK
Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL, tient le même discours : « La
segmentation doit commencer à partir du lait qui sort du tank. Cette valeur ajoutée
doit commencer ici. C’est nous qui devons construire cette valeur ». Pour mieux
valoriser sa position, la FNPL a fait intervenir dans une vidéo, le 17 mars, Denis
Verdier, président de l’Institut coopératif du vin. « Nous avions une viticulture à
forme industrielle. Face à la concurrence internationale, la consommation chutait.
Il nous fallait aller vers une consommation plaisir. Nous avons réussi à modifier le
cours des choses en se positionnant sur des AOC », explique-t-il au sujet des vins du
Sud de la France (Gard). Il parle « d’un produit avec une vraie valeur ajoutée, bien
différente de celle d’hier », mais reconnaît que pour en arriver là, « il y a eu de la
casse… », comme l’interprétera un éleveur laitier dans la salle. De son côté, André
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24 mars 2016 - n° 2372 - AGRA ALIMENTATION - 31
PRODUITS & MARCHÉS
Bonnard n’est pas aveugle. Il rappelle qu’il existe déjà « une segmentation avec le
lait bio, le lait de montagne, les AOC ». Pour autant, ne peut-on pas en imaginer
d’autres : sans antibiotiques, vaches en plein air, bien-être animal… ? À travers sont
étude sur la charte des bonnes pratiques d’élevage, Noëlle Paolo, responsable études
et stratégies à la direction communication du Cniel, montre que cette charte est peu
mise en avant par les éleveurs auprès des consommateurs. « Ils [les éleveurs, ndlr]
font tout cela, mais ne nous le disent pas ! », résume-t-elle quant aux réactions surprises des consommateurs qui découvrent les contraintes de production liées à la
charte.
CRÉER DES CAHIERS DE VALEUR AU LIEU DES CAHIERS DES CHARGES
Si la charte des bonnes pratiques d’élevage est devenue obligatoire pour tout le territoire national, d’autres chartes ne sont-elles pas à inventer ? « Il faut transformer les
cahiers des charges en cahier de valeurs », affirme André Bonnard. « Et ces cahiers
de valeurs, c’est nous qui devons les créer ! », continue-t-il. Car pour l’heure, ce sont
les industriels qui ont su créer cette valeur ajoutée en segmentant le marché tout en
utilisant l’image des éleveurs pour mieux vendre. Il cite, photo à l’appui, le camembert Président, fabriqué et commercialisé en Australie « selon les méthodes normandes traditionnelles », le brie « inspiré de la fameuse région de Meaux », ou encore le camembert Savencia de marque Île-de-France, fabriqué en France et vendu
aux États-Unis : « C’est de la spoliation. Savencia exporte beaucoup. Pourtant, notre
lait est valorisé au prix du marché mondial… ». Lors d’une table ronde le 17 mars
concernant la « chaîne alimentaire, chaîne de valeurs et prix du lait », Daniel Coulonval, ancien président de la Fédération wallonne de l’Agriculture, présente la position de Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine : « Les intermédiaires [que sont les industriels, ndlr] ne doivent être que des prestataires de
services ! Nous avons des producteurs et des consommateurs ! » Une vision extrême
de reprise en main complète du marché que Damien Lacombe, président de Sodiaal
ne partage pas : « Les coopératives seraient en grand danger si nous n’étions que des
ED
prestataires ! ».
32 - AGRA ALIMENTATION - n° 2372 - 24 mars 2016
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PRODUITS & MARCHÉS
BORDEAUX/COMMERCIALISATION > La commercialisation du vin de Bordeaux en
2015 a été en repli de 5 %, à 4,8 millions d’hectolitres, surtout du fait de stocks encore bas après la très petite vendange de 2013, a indiqué Bernard Farges, président
du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) le 22 mars. Mais déjà en ces
premiers mois de 2016 la commercialisation repart, fortement tirée par le marché
américain, porteur, et plus encore par le boom des importations chinoises (+31 %).
La commercialisation du vin de
Bordeaux en repli de 5 % en 2015
L
e vignoble de Bordeaux a moins vendu en 2015 que l’année précédente, mais il
faut y voir d’une part l’effet à retardement de l’effondrement de la production en
2013 (-28 % par rapport à la moyenne décennale). D’autre part les conséquences
de stocks en baisse depuis 2010, selon Bernard Farges. Et enfin une volonté délibérée
du CIVB de « sortir le segment basique (moins de 3 euros la bouteille) » de la gamme
des vins de Bordeaux, a commenté Allan Sichel, vice-président du CIVB.
EN GMS : COMMERCIALISATION EN HAUSSE SUR LE CŒUR DE GAMME
Sur les 4,8 millions d’hectolitres (Mhl) commercialisés en 2015 (-5 %), plus de la
moitié, 2,8, soit 58 %, l’a été sur le marché intérieur. Et sur celui-ci, la plus grande
part, 46 %, occupée par la grande distribution, a régressé de 5 % aussi. Sur le marché
intérieur, le bordeaux est devenu « la valeur sûre numéro un au restaurant ». Au magasin de grande distribution, le cœur de gamme de Bordeaux s’est montré « dynamique malgré des ventes en repli » : 78 % des volumes et 77 % du chiffre d’affaires
de bordeaux en GMS sont compris entre 3 et 15€ la bouteille. Le CIVB a détaillé la
progression du chiffre d’affaires enregistrée « sur les tranches de prix stratégiques de
bordeaux » : +4 % pour les bouteilles entre 4 et 6 euros ; et +5 % pour les bouteilles
entre 6 et 15 euros.
CHINE : LA DISTRIBUTION SE PROFESSIONNALISE
L’export, qui représente 42 % du débouché, soit 2,035 Mhl, s’est érodé de 3 %, mais
pour une valeur en hausse de 3 %. Sur ce marché, les exportations sur les pays tiers
dépassent celles sur l’Union européenne depuis 2010 en volume, et depuis 2005 en
valeur. En 2015, cet écart s’est élargi : les ventes en Europe ont plongé de 17 % en
volume, mais progressé de 9 % sur les destinations lointaines.
La Chine est, de loin, la première destination à l’export pour le vin de Bordeaux, en
volume comme en valeur. Cela malgré la concurrence du Chili, qui marque des
points sur le marché chinois en ce moment, en vrac comme en bouteilles. Le Chili,
qui a passé un accord commercial avec la Chine, bénéficie de faibles droits de
douanes à l’arrivée de ses produits, « lui donnant un gain de compétitivité de l’ordre
de 20 % sur tous ses concurrents », a souligné Bernard Farges.
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24 mars 2016 - n° 2372 - AGRA ALIMENTATION - 33
PRODUITS & MARCHÉS
Pékin devrait reconnaître de nouvelles AOP
bordelaises
Le bordeaux « est un bon vecteur d’image », en Chine comme ailleurs,
et les Chinois qui détiennent maintenant plus de 120 domaines de bordeaux n’y sont pas étrangers, selon le CIVB. Mais qui dit image dit aussi
vigilance sur la contrefaçon. Bernard Farges a insisté sur ce point, assurant que le CIVB « travaille avec les autorités chinoises » pour éradiquer
cette nuisance. À ce sujet, une bonne nouvelle se profile à l’horizon des
prochains mois : l’administration chinoise devrait reconnaître de nouvelles AOP de vin de Bordeaux. « Nous espérons ces enregistrements en
2016, ou en tout cas en 2017 sûrement » dit-on au CIVB.
Le courant d’affaires a repris, parce que
la distribution chinoise est devenue mature : les distributeurs improvisés, qui ne
disposaient pas de réseaux, sont sortis du
marché, ceux qui subsistent sont davantage des professionnels, a expliqué Allan
Sichel, qui représente le négoce au
CIVB.
Durant l’année écoulée, 479 000 hectolitres de vin de Bordeaux (+31 %) ont été
exportés vers la Chine, pour une valeur
de 277 M€ (+25 %).
REPRISE SUR LES PRODUITS VALORISÉS AUX ÉTATS-UNIS
Le marché américain est moins spectaculaire dans sa progression, mais sa tendance
positive constante inspire confiance au CIVB : « Notre gamme s’est élargie sur ce
pays et les chiffres des derniers mois nous montrent une reprise sur les produits valorisés. Nous attendons beaucoup de ce marché à court et moyen terme sur l’ensemble de notre gamme », a ajouté Bernard Farges.
Pour 2016, la commercialisation se révèle « bien meilleure » du fait de l’euro toujours bas, des disponibilités en hausse, et déjà les volumes échangés entre production
et négoce sont en forte hausse, a conclu le président du CIVB.
MN
EN BREF
LAIT
La fabrication de produits laitiers est
orientée à la baisse en janvier 2016
par rapport au même mois de 2015
En France, « en janvier 2016, la plupart des fabrications de produits laitiers sont orientées à la baisse par
rapport à janvier 2015 à l’exception de
quelques produits », annonce une
note de conjoncture d’Agreste du 21
mars. La fabrication de lait conditionné recule de 1,2 %, celle des yaourts
et desserts lactés frais de 6,4 %, celle
de beurre de 3,1 % et celle des fromages frais de 7,3 %. La fabrication de
toutes les catégories de fromages recule sauf pour les fromages à pâte
pressée non cuite (+4,3 % dont +13,9
% pour le fromage à raclette). La
crème conditionnée progresse, elle,
34 - AGRA ALIMENTATION - n° 2372 - 24 mars 2016
de 9,3 %, « tirée par l’augmentation de
la crème longue conservation
(+18,3 %) », selon Agreste. Le même
mois, en France, la collecte de lait
progresse de 1,6 % par rapport au
même mois de 2015. Mais au niveau
européen, la collecte reste « toujours
très dynamique », notamment dans
les pays du nord de l’Europe du fait «
de conditions climatiques très clémentes », observe Agreste. Ainsi en
janvier 2016, la collecte de l’Allemagne
aurait progressé de 4 %, celle de la
Pologne de 8 % et celle des Pays-Bas
serait en hausse de 16 % par rapport
au même mois de 2015.
La coopérative Laïta signe la charte
laitière de valeur de la FNPL
Laïta a signé la charte laitière de valeurs de la Fédération nationale des
producteurs de lait (FNPL), selon un
communiqué de la coopérative du 22
mars. « En encourageant un cadre de
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PRODUITS & MARCHÉS
négociations responsables, cette démarche ne peut que renforcer les
autres leviers qui doivent permettre
d’atténuer les effets de la crise pour
les producteurs de lait : poursuivre la
recherche de valeur sur de nouveaux
marchés, améliorer notre compétitivité publique à de nouveaux outils de
régulation », estime Laïta dans son
communiqué. La coopérative a signé
la charte dans sa globalité à la différence de Sodiaal qui l’a signée avec le
groupe E. Leclerc.
Chine : le lait importé moins cher
que le lait produit dans le pays
« Les prix des poudres de lait importées sont en baisse constante, et sont
moins chers que le lait brut produit en
Chine, d’où la montée de leur popularité auprès des industriels chinois »,
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est-il écrit dans la lettre de veille sanitaire n° 38, éditée par FranceAgriMer
et Business France. De janvier à novembre 2015, la Chine aurait importé
660 000 tonnes de lait en poudre en
vrac, soit l’équivalent de 5,3 millions
de tonnes de lait brut. Ces importations ont contribué « à 15 % de la production de lait liquide chinoise », selon la lettre. « Dans le même temps,
près de 400 000 tonnes de lait liquide
ont été importées, soit une croissance
de 33 % » est-il également écrit. Face
à la demande chinoise pour les laits
liquides, des contrôles et une mention
obligatoire sur les emballages, indiquant que le produit a été fabriqué à
partir de lait en poudre est réclamé
par un membre de la Conférence
consultative politique du peuple
chinois.
24 mars 2016 - n° 2372 - AGRA ALIMENTATION - 35
AGENDA
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