Des salamandres géantes au temps des premiers dinosaures

Transcription

Des salamandres géantes au temps des premiers dinosaures
COMMUNIQUÉ DE PRESSE NATIONAL I PARIS I 24 MARS 2015
Des salamandres géantes au temps des premiers
dinosaures
Une équipe internationale1 comprenant un paléontologue du Centre de recherches en
paléobiodiversité et paléoenvironnements (CNRS/Muséum national d’Histoire naturelle
/UPMC) a découvert au Portugal une nouvelle espèce de « salamandre géante » fossile.
Baptisée Metoposaurus algarvensis, elle a été trouvée dans une roche âgée d’environ 230
millions d’années. Ces travaux, publiés le 24 mars 2015 dans la revue Journal of
Vertebrate Paleontology, confirment que ces énormes amphibiens carnivores florissaient à
l’époque des premiers dinosaures.
Au cours de fouilles menées en 2010 et 2011 en Algarve, au sud du Portugal, une équipe de
paléontologues a mis au jour un ensemble d’os fossiles, décrits comme appartenant à une nouvelle
espèce de « salamandre géante ». Seuls quelques mètres carrés ont été prospectés, mais ils ont livré les
ossements d’une dizaine d’individus, empilés les uns sur les autres. Des vertèbres, des clavicules, mais
surtout des crânes plats très bien préservés. Leur description minutieuse a permis de conclure qu’il
s’agissait d’une nouvelle espèce. Metoposaurus algarvensis, le « monstre écailleux de l’Algarve » ainsi
que l’ont surnommé les chercheurs, était un carnassier mesurant jusqu’à 3 mètres de long qui vivait dans
les cours d’eau et les lacs subtropicaux, à l’image des crocodiles actuels.
La présence de cette nouvelle espèce au Portugal fait enfin le lien entre les amphibiens géants de ce type
déjà connus au nord (Allemagne et Pologne) et au sud (Maroc) à la même époque. Elle confirme le fait
que ces « monstres » avaient envahi tous les écosystèmes d’eau douce tropicaux du supercontinent de
l’époque, la Pangée, sur lequel s’épanouissaient aussi les premiers dinosaures.
Cette nouvelle description a également permis, en collaboration avec le sculpteur numérique Marc Boulay,
spécialisé dans la reconstitution d’espèces disparues, de reconstruire pour la première fois en 3D l’un de
ces amphibiens géants. En plus des informations apportées par les crânes, les vertèbres et la ceinture
pectorale (clavicule…) de l’espèce portugaise, l’artiste s’est aidé des squelettes plus complets des
espèces marocaine et polonaise.
Enfin, l’accumulation des fossiles dans la roche suggère que ces animaux sont morts subitement en
masse, après un assèchement du climat et du milieu aquatique dans lequel ils vivaient. Cette hécatombe
pose une nouvelle question aux paléontologues : l’assèchement était-il saisonnier ou le fruit d’un
réchauffement climatique global ? Pour y répondre, de nouvelles études de terrain seront nécessaires.
(1) composée par ailleurs de chercheurs britanniques (museum d’Edimbourg, université de Birmingham) et portugais (musée de
Lourinha).
Les paléontologues au travail. La
couche
fossilifère
a
été
soigneusement explorée par le haut à
l’aide de petits marteaux et burins :
elle forme alors une banquette. Avant
extraction,
les
fossiles
sont
soigneusement enrobés de papier puis
de plâtre, ce qui permet de limiter la
casse avant un dégagement plus
précis au laboratoire.
© J.S. Steyer, 2011.
Fragments de crânes plats de
Metoposaurus algarvensis (entiers,
ils mesurent jusqu’à 40 cm de long).
De retour au musée de Lourinha, à
côté de Lisbonne, les plâtres sont
ouverts et les fossiles minutieusement
dégagés de leur gangue rocheuse.
© J.S. Steyer, 2011.
Ces images font partie d’un ensemble de photos disponibles à la photothèque du CNRS,
[email protected].
Reconstitution 3D de Metoposaurus
algarvensis
© Marc Boulay
Image disponible auprès de Cossima Productions, [email protected].
Bibliographie
A new species of Metoposaurus from the Late Triassic of Portugal and comments on the
systematics and biogeography of metoposaurid temnospondyls, Stephen L. Brusatte, Richard J.
Butler, Octávio Mateus, et J. Sébastien Steyer. Journal of Vertebrate Paleontology, 24 mars 2015. DOI:
10.1080/02724634.2014.912988
Contacts
Chercheur CNRS l Jean-Sébastien Steyer l T 01 40 79 30 14 l [email protected]
Presse CNRS l Véronique Etienne l T 01 44 96 51 37 l [email protected]