Jacopo Coppi, Portrait de jeune homme - Musée des Beaux

Transcription

Jacopo Coppi, Portrait de jeune homme - Musée des Beaux
XVIe
Fiche d’œuvre/
Jacopo Coppi, dit Jacopo del Meglio (Attribué à)
(Peretola, 1523 – Florence, 1591)
Portrait de jeune homme, vers 1570
Mots clefs
Art du portrait / Maniérisme / Humanisme/
l’Ecole Florentine au XVIe siècle / Giorgio
Vasari / Agnolo Bronzino / Famille Médicis
Portrait de jeune homme, vers 1570, huile sur métal, 36,7 x 26,3 cm
Coll. Cacault, achat 1810
Inv. 20
Gérard Blot/Agence photographique de la RMN
© Domaine public
L’œuvre
Une attribution discutée
Plusieurs attributions ont été proposées pour ce petit portrait non signé, peint à l’huile sur plaque de métal. Le style est
ème
siècle par Pontormo (Jacopo
indéniablement proche de l’esthétique maniériste florentine, élaborée au début du XVI
Carucci dit, 1494-1557), Francesco Salviati (1510-1563) et surtout Agnolo Bronzino (1503-1572). L’œuvre a d’ailleurs
longtemps été associée à la main de ce dernier, alors maître incontesté de l’art du portrait à la cour des Médicis.
Cette attribution n’a cependant pas été maintenue au profit, dans un premier temps, de l’élève favori de Bronzino,
Alessandro Allori (1535-1607), puis plus récemment, de Jacopo del Meglio1, proche collaborateur de Giorgio Vasari (15111574).
Un portrait maniériste
« Ce portrait de jeune homme dont la pose hésite subtilement entre la présentation de face et de trois-quarts se détache
de façon lumineuse sur un fond très sombre. Il possède une beauté énigmatique, fascinante par son hiératisme et la
perfection formelle de ses traits quasi féminins : carnations lisses et claires, yeux délicatement étirés en amande, lèvres
pleines et sensuellement ourlées. Son attitude froide et aristocratique est accentuée par la préciosité de son costume,
pourpoint immaculé souligné de rayures dorées surmonté d’une fine collerette tuyautée. L’œuvre est caractéristique des
portraits maniéristes [alliant] arrogance hautaine et distance mélancolique ».2
1 Extrait du catalogue de l’exposition, De Véronèse à Casanova. Parcours italien dans les collections de Bretagne, sous la direction de Mylène Allano,
Editions Lieux Dits, 2013, p. 36, notice de Adeline Collange-Perugi.
2
Id.
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Catherine LE TREUT / Janvier 2014
L’artiste en quelques dates
1523 : Naissance à Peretola, près de Florence en Toscane, dans une famille d’artisans.
Aucune source ne fait mention d’un quelconque enseignement mais il semblerait qu’il intègre tardivement le cercle des
élèves de Giorgio Vasari à Florence. Le fait qu’il ne figure pas dans la liste des collaborateurs et disciples cités dans Le
Vite3 publiées en 1568, l’atteste.
1564 : Participation aux côtés de Giorgio Vasari à la réalisation des décors funèbres pour les obsèques de Michel-Ange
(1475-1564) à Florence. Il n’en reste aucune trace.
1570 (vers) : Réalisation de deux scènes4 pour le décor du Studiolo5 de François Ier de Médicis, au sein du Palazzo Vecchio
à Florence, toujours sous la direction de Giorgio Vasari.
1576-77 : Voyage à Pise et Rome. Puis semble poursuivre sa carrière uniquement à Florence.
1591 : Décès à Florence. Il est inhumé dans l’église San Simone.
Bonus
Le maniérisme
Le maniérisme est un art de cour raffiné et sensuel qui s’adresse à des amateurs éclairés dans une société épicurienne et
précieuse, en mesure d’en décrypter les symboles. Les œuvres maniéristes sont hermétiques pour les profanes qui n’en
saisissent pas les subtilités. Né en Italie, il se propage dans toute l’Europe entre 1520 et 1620 environ. Dénigré dès le XVIIe
siècle, en partie par incompréhension, le maniérisme prend une connotation négative, synonyme de « maniéré », alors
e
qu’au XVI siècle il est tout simplement révélateur d’une « manière » de peindre propre à chaque artiste, à la fois avantgardiste et fortement intellectualisée.
Le portrait à la cour des Médicis
La puissante dynastie des Médicis règne pendant plusieurs siècles sur Florence, puis le duché de Toscane. Grands
stratèges politiques, mécènes et commanditaires, ils sont particulièrement attachés au culte de la personnalité et
cherchent à affirmer leur puissance par l’intermédiaire des arts. L’art du portrait est un des supports privilégiés pour
diffuser leur image et incarner la propagande médicéenne. Il revêt une forme esthétique tout à fait particulière au XVIe
siècle à Florence grâce à quelques artistes officiels de la cour, dont Agnolo Bronzino (Agnolo di Cosimo dit, Florence, 1503
– id., 1572). Le portrait du musée des beaux-arts de Nantes est tout à fait représentatif de cette école maniériste : un
personnage à l’expression froide et distante représenté en buste, à mi-corps ou en pied sur un fond neutre, un rideau ou
un décor très simple tranchant avec la préciosité du costume ou la posture altière du modèle.
→ Voir les portraits de Bronzino conservés au musée des Offices à Florence :
http://www.uffizi.org/it/
http://www.wga.hu/frames-e.html?/html/b/bronzino/4/index.html
3
Le Vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori (1550-1568), Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes ont été publiées pour
la première fois en 1550, puis en version corrigée et complétée en 1568. Ce vaste ouvrage, dont l’auteur est Giorgio Vasari, est aujourd’hui encore une
référence pour tous les historiens de l’art et amateurs qui souhaitent connaître les vies et œuvres des artistes, principalement italiens, du Moyen-âge
au XVIe siècle. On y trouve en outre utilisé pour la première le terme de Renaissance (Rinascimento) pour qualifier la période dans laquelle Vasari vivait.
4
Il s’agit des toiles représentant Alexandre le Grand recevant les hommages de la famille de Darius et de L’invention de la poussière pyrique.
5
Petit cabinet de travail et de curiosité où François Ier de Médicis conservait sa bibliothèque, ses objets et œuvres d’art et où il réalisait une partie de
ses expériences alchimiques.
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Catherine LE TREUT / Janvier 2014
Pour aller plus loin
Les peintres les plus célèbres du courant
ITALIE / Andrea del Sarto / Pontormo / Rosso Fiorentino / Giorgio Vasari / Agnolo Bronzino / Alessandro Allori / Giuseppe
Arcimboldo (Actif à Pragues) / Le Corrège / Le Parmesan / Primatice / Le Tintoret / Véronèse
EUROPE DU NORD / Lucas Cranach l'ancien / Mabuse / Hans Holbein le jeune
FRANCE / Jean Clouet / Maîtres de l'école de Fontainebleau
ESPAGNE / Le Greco
Bibliographie
P. FALGUIERES, Le maniérisme : une avant-garde au XVIe siècle, Gallimard, 2004
D. ARASSE, A. TONNESMANN, La Renaissance maniériste, Gallimard, 1997
C. H. SMYTH, Mannerism and Maniera, New York, 1963, rééd. I.R.S.A., Vienne, 1992
A. CHASTEL, Le Sac de Rome 1527, Gallimard, 1984
Catalogue d’exposition, L'Art maniériste. Formes et symboles, 1520-1620, musée des Beaux-Arts, Rennes, 1978
C. MONBEIG-GOGUEL, Il Manierismo fiorentino, Milan, 1971
A. CHASTEL, La Crise de la Renaissance, Paris, 1968
C. STERLING, « École de Fontainebleau », in Triomphe du maniérisme européen, catal. expos., Amsterdam, 1955
H. VOSS, Die Malerei der Spätrenaissance in Rom und Florenz, Berlin, 1920
Sitographie
http://www.histoiredelart.net/courants/le-manierisme-3.html
http://www.aparences.net/periodes/le-manierisme/le-manierisme-en-europe/
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Catherine LE TREUT / Janvier 2014