6 408 ko - Destination Orbite

Transcription

6 408 ko - Destination Orbite
Numéro 32 ­ Octobre 2014
ASTRONotes
LES
LANCEURS
SPATIAUX
Le grand test pour
Orion
Bataille autour du
CCDev
2
ASTRONotes 32
Octobre 2014
ASTRONotes 32 (Octobre 2014)
L'AstroNotes est une revue trimestrielle qui
sort le 01/01, 01/04, 01/07 et 01/10 en
complément d'informations au site
Destination Orbite. Elle est téléchargeable
au format PDF.
Destination Orbite, le site de l’exploration
de l’espace. Vous pouvez le visiter à
l'adresse
www.destination­orbite.net
Retrouvez également
Destination Orbite sur
www.facebook.com/pages/DestinationOrbite/
Rédaction
Philippe VOLVERT
Véronique CHEVALIER
Couverture
Les lanceurs spatiaux – Photos SpaceX,
Nasa, Sierra Nevada Corporation
SOMMAIRE
A LA UNE
4
Le grand test pour Orion
4
ACTUALITE
8
Les news
L'espace au jour le jour
8
12
EVENEMENT
18
Bataille autour du CCDev
18
DOSSIER
20
Qu'est­ce qu'un lanceur
La propulsion
Les lanceurs à travers le monde
Ariane 5 en campagne
22
24
26
32
AGENDA
34
Ou découvrir l'espace
34
Octobre 2014
ASTRONotes 32
3
LE GRAND TEST POUR ORION
Le 04 décembre prochain, la Nasa réalisera le premier test de son nouveau vaisseau. Hérité du
programme Constellation, aujourd'hui abandonné, Orion EFT préfigure le futur moyen de transport
des astronautes américains qui sera utilisé pour l'exploration du système solaire par l'Homme.
PRESENTATION DE LA MISSION
Le vaisseau effectuera deux orbites terrestres, avec une grande apogée pour la deuxième orbite et une rentrée
atmosphérique à la vitesse de 32 000 km/h. La mission a pour objectif de tester les systèmes de vol du
vaisseau afin de le préparer pour de futures missions habitées. Ce premier vol du nouveau vaisseau sera non
habité. Sauf mentions contraires, toutes les photos sont de la Nasa
4
ASTRONotes 32
Octobre 2014
EXPLORATION FLIGHT TEST 1
EFT­1 (Exploration Flight Test 1) est un vol d'essai
non habité. L'objectif affiché de cette mission
consiste à tester les différentes phases du vol,
depuis le lancement jusqu'au retour dans l'Océan
Pacifique non loin des côtes californiennes.
DELTA IV HEAVY
Une fois opérationnel, le vaisseau Orion sera lancé
par la fusée SLS mais pour ce premier essai à vide,
la Nasa s'est tournée vers le lanceur américain le
plus puissant disponible à l'heure actuelle, Delta IV
Heavy. La masse au décollage est d'environ 725
tonnes. La poussée durant les quatre premières
minutes de vol est fournie par les trois étages CCB
équipé chacun d'un moteur RS­68A de 3 140 kN de
poussée ­ Dessin P. VOLVERT
Octobre 2014
ASTRONotes 32
5
Lancement depis le SLC­37B
Séparation des boosters
Séparation du 2ème étage
6
ASTRONotes 32
Octobre 2014
Séparation de la
a tour d'éjection
Allumage de l'étage supérieur
Rentrée atmosphérique d'Orion
Amerrissage dans le Pacifique d'Orion
Octobre 2014
ASTRONotes 32
7
LES NEWS
REDUCTION D'EFFECTIFS
LES BREVES
Explosion au Texas
Le dernier essai en date du Grasshopper
2 s’est soldé par un échec. L’engin a du
être détruit après que SpaceX ait consta­
té la perte de contrôle. Le Grasshopper
2 est une version expérimentale du pre­
mier étage de Falcon 9 destiné à être
récupéré. Ses essais ont lieu depuis le
site de McGregor au Texas.
Soyuz depuis Vostochny
Le cosmodrome russe de Vostochny sera
prêt à accueillir la fusée Soyuz 2 dès
2015. C’est ce qu’a récemment annoncé
l’agence spatiale russe dans un com­
muniqué.
Le nouveau centre spatial
permettra de réduire la dépendance de la
Russie du cosmodrome de Baïkonour qui
se situe au Kazakhstan.
Photo Roskosmos
L’ambiance est plutôt morose chez Sea­Launch et International Launch
Services. Les deux compagnies ont annoncé récemment qu’elles allaient
devoir procéder à des réductions du personnel en raison d’une baisse d’ac­
tivité. Et c’est peu dire ! Dans son carnet de commandes, Sea­Launch n’a
qu’un seul lancement Zenit de prévu. Il doit servir à placer sur orbite les
satellites Energia 100 et AngolaSat en 2016. D’ici là, rien du tout. Pour­
tant, quatre fusées sont en cours de production et seraient disponibles à
compter de juin 2015. Après ses déboires financiers de 2009, Sea­Launch
a besoin d’effectuer trois lancements par an pour maintenir la tête hors de
l’eau. La situation d’ILS n’est pas meilleure puisque la compagnie envisage
de se séparer d’un quart de son personnel. Les récents échecs de Proton
ne sont pas étrangers au désintérêt des clients pour la fusée russe. Il y a
quelques années, les missions commerciales s’enchaînaient à un rythme de
7 à 8 vols par an avant de chuter à 3 ou 4. Le carnet de commandes
n’est pas aussi vide que la compagnie concurrente mais force est de
constater qu’on ne se bouscule plus au portique. A ce jour, seules 14 mis­
sions sont programmées pour un montant de 1 milliard $. La débandade
russe ne fait pas que des malheureux puisque la fuite massive des clients
s’est faite au profit de SpaceX qui est devenu le principal rival
d’Arianespace.
S AV I E Z ­ V O U S Q U E
Yelena Serova, actuellement présente à bord de l’ISS, n’est que la
quatrième femme cosmonaute à s’envoler dans l’espace ? Avant elle, il y
a eu Valentina Terechkova (1963), Svetlana Savitskaia (2 vols dans les
années 80) et Elena Kondakova (2 vols dans les années 90).
8
ASTRONotes 32
Octobre 2014
Mission Spitzer prolongée
La Nasa a approuvé la prolongation de la
mission Spitzer de deux années supplé­
mentaires. Lancé en 2003, ce télescope
avait pour objectif d’étudier l’Univers dans
la gamme de l’infrarouge. Bien que ses
réserves en hélium soient épuisées de­
puis mai 2009, Spitzer continue à appor­
ter sa contribution dans les différents
domaines de recherche en astronomie.
L'IXV paré pour son lancement
En novembre prochain, l’ESA expédiera
dans l’espace un prototype d’engin récu­
pérable.
Baptisé
Intermediate
eXperimental Vehicle, il sera lancé sur
une trajectoire suborbitale par une fusée
VEGA qui décollera de Kourou. L’IXV
permettra de tester en conditions réelles
la rentrée atmosphérique planée d’un en­
gin qui vole à la vitesse de 27 720 km/h.
Il devrait amerrir dans l’Océan Indien au
terme d’un vol plané de 15 minutes.
Coopération Nasa/ISRO
Les agences spatiales américaines et
indiennes ont signé lors du 65ème
Congrès international d’astronautique
deux accords de coopération. Le premier
porte sur le mise au point du satellite NI­
SAR équipé d’un radar pour l’observation
de la Terre dont le lancement est prévu à
l’horizon 2020­2021. Le second concerne
les futures missions d’exploration de la
planète Mars. Ces deux accords font
suite à un premier accord cadre signé
entre les deux pays en 2008.
ARIANE 5 COIFFEE
Photo Ruag Space Suisse
Ariane 5 sera coiffée jusqu’en 2019. Arianespace a si­
gné avec Ruag Space Suisse un contrat de 85 millions
d’euros pour la fabrication des coiffes d’Ariane 5. Le
contrat s'inscrit dans le cadre du lot PB+ de dix­huit
lanceurs Ariane 5 commandés à l'industrie en décembre
2013. Elles seront fabriquées dans les usines de Zurich
en Suisse. Ruag Space Suisse est un partenaire de
première heure puisqu’il fournit les coiffes de la famille
Ariane depuis sa mise en service en décembre 1979
ainsi que de Vega depuis son premier vol en 2012.
L’industriel fournit une version adaptée de la coiffe
Ariane 5 à l’opérateur américain United Launch Alliance
(ULA), pour équiper les lanceurs Atlas 5/500 de
Lockheed Martin.
N O U V E A U M O T E U R P O U R AT L A S V
La crise ukrainienne et l’embargo qui en a découlé ont
mis en évidence la dépendance américaine vis­à­vis
de la Russie concernant les systèmes de propulsion.
Au cours de l’été, United Launch Alliance annonçait
son intention d’étudier une alternative au moteur
russe RD­180 qui équipe le premier étage des fusées
Atlas V. La compagnie vient de s’allier à Blue Origin
pour mettre au point le BE­4. Il fonctionnera avec un
mélange de gaz naturel et d’oxygène liquide et fourni­
ra une poussée de 2 450 kN au décollage. Pour rem­
placer le RD­180 de 3 800 kN, il sera nécessaire de
monter deux BE­4 sur le lanceur et d’adapter l’archi­
tecture de l’étage concerné. Les premiers essais de­
vraient intervenir en 2016 pour un premier vol en
2019. Le nouveau moteur sera développé sur base du
BE­3 et coûterait moins cher à la fabrication.
PREMIER VOL SLS EN 2018
Photo Nasa
Photo ULA/Blue Origin
La Nasa a annoncé que la super fusée Space Launch
System (SLS) avait réussi son passage en revue ma­
jeur mais qu’elle ne serait pas prête avant novembre
2018, soit un an de retard sur le planning initial. La
phase de développement à proprement parlé vient de
débuter mais nécessitera 7 milliards $ étalé sur quatre
années.
A l’origine, le vol EM­1 était planifié pour
2017 avec la version 70 tonnes qui doit emporter un
vaisseau Orion non habité effectuer un vol autour de la
Lune à l’instar de ce qu’avait réalisé Apollo 8 en son
temps. Dans sa version lourde, la fusée sera capable
de placer en orbite une charge allant jusqu’à 130
tonnes. De quoi transporter tout le matériel nécessaire
pour une expédition habitée sur Mars à l’horizon 2030.
Toutefois, la somme allouée pourrait ne pas être suffi­
sante. La cours des comptes américaines estime qu’il
pourrait manquer 400 millions de dollars au pro­
gramme. Le SLS est le premier lanceur de grande ca­
pacité développé aux Etats­Unis depuis 40 ans et
pourrait coûter 35 milliards $.
Octobre 2014
ASTRONotes 32
9
H AYA B U S A 2 PA R E E P O U R S O N L A N C E M E N T
Le 05 décembre prochain, le Japon lancera une nou­
velle mission de collecte d’échantillons. Hayabusa 2
partira en direction du géocroiseur 1999 JU3 qui a la
particularité de croiser l’orbite de la Terre. La sonde
atteindra son objectif en juin 2018 pour une mission de
18 mois. Elle devrait nous en apprendre plus sur cet
astre d’un kilomètre de long constitué essentiellement
de carbone.
Les scientifiques pensent qu’il pourrait
contenir des composés organiques, précurseurs de la
vie terrestre.
D’où l’intérêt de récupérer des
échantillons qui n’ont pas été exposés au vide spatial ni
été altérés par le rayonnement cosmique entre autres.
Pour se faire, Hayabusa 2 créera un cratère qui soulè­
vera la poussière en sous­sol qui sera ensuite récu­
pérée dans un entonnoir. La France et l’Allemagne font
partie du voyage grâce au petit robot MASCOT qui doit
se poser sur l’astéroïde. Quant au retour sur Terre des
échantillons, il est prévu pour décembre 2020.
Photo Jaxa
MARS ROVER 2020 EQUIPE
Le prochain rover que la Nasa enverra sur Mars emportera avec lui sept instruments. D’une valeur de 130 mil­
lions $, le package scientifique devra analyser la géologie du site d’atterrissage afin de mettre en évidence
d’éventuelles traces de matière organique témoignant de signes de vie dans le passé. Mars Rover 2020 est de
conception identique à celle de Curiosity qui explore en ce moment le cratère de Gale. Il sera lancé en juillet
2020 pour un atterrissage prévu en en février 2021 sur un site non encore déterminé. Outre l’exploration
scientifique, l’engin testera une technologie qui produira de l'oxygène à partir du dioxyde de carbone présent
dans l'atmosphère martienne. La réussite de l’expérience MOXIE (Mars Oxygen ISRU Experiment) est une étape
importante du programme des vols habités. En effet, si un jour on veut envoyer des hommes sur Mars, il sera
primordial de pouvoir produire sur place l’oxygène nécessaire, non seulement pour respirer mais également pour
servir d’ergols aux véhicules de transport des équipages qui repartiront vers la Terre.
Photo NASA
10
ASTRONotes 32
Octobre 2014
SITE CHOISI POUR PHILAE
Le petit atterrisseur Philae embarqué sur la mission Ro­
setta est paré à se poser sur la comète 67P/Churyu­
mov­Gerasimenko. Sur les 5 zones présélectionnées
par l’équipe scientifique, un consensus s’est fait autour
du site J. Il est le seul qui répondait le plus aux cri­
tères établis par l’ESA en termes d'intérêt scientifique.
Durant sa courte mission de 2 jours, tous les instru­
ments auront l’occasion d’être utilisés au moins une fois
contrairement aux autres cibles moins favorables pour
l’une ou l’autre expérience. Le site J, situé sur la «tête»
du plus petit des deux lobes qui constituent la comète,
présente l’avantage d’être une zone relativement plate,
orientée vers le Soleil de façon optimale pour alimenter
les cellules solaires de Philae mais aussi à seulement à
quelques centaines de mètres d’une zone active d'où
s'éjectent dans l'espace des gaz et des poussières. Le
site d’atterrissage a été délimité dans une ellipse d’en­
viron 1 km de long pour 250 m de large. Il présente
néanmoins des pentes inclinées de 50°, parsemé ici et
là de rochers de 5 à 10 m. Dans les prochains jours,
la sonde Rosetta prendra des clichés à haute résolution
qui permettront de confirmer ou non le choix initial.
Dans le cas contraire, Philae se rabattra sur le site C en
solution de repli. Si besoin, la date de l'atterrissage
pourra être retardée jusqu'à un maximum de 28 jours.
Pour l’heure, elle est fixée au 11 novembre prochain.
Photo ­ Esa/Rosetta/ MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/
IDAMPS for OSIRIS Team
ARIANE 5 A LA PLACE DE SOYUZ ?
Photo ESA/S. Corvaja
La Commission européenne songe à utiliser Ariane 5ES
pour les quatre prochains satellites de la constellation
Galileo. Cette décision n’aurait aucun lien avec l’échec
partiel rencontré par Soyuz lors du lancement des deux
premiers FOC (Full Operational Capacity).
L’idée
consisterait à débarquer de la fusée russe les satellites
FM­3 et 4 prévus pour décembre ainsi que FM­5 et 6
prévus pour mars prochain et les confier tous à Ariane
5 pour un vol le mois suivant. Cela permettrait d’effec­
tuer des tests complémentaires sur les deux premiers
exemplaires Galileo placés sur une mauvaise orbite
avant de poursuivre le déploiement de la constellation.
Le calendrier actuel prévoit 7 lancements à réaliser d’ici
2 ans dont 3 effectués par Ariane 5. A terme, le ré­
seau européen de géolocalisation devrait compter 30
satellites, dont 24 opérationnels et 6 de réserve répar­
tis sur trois plans orbitaux. La maîtrise d’œuvre des
FOC est assurée par l’allemand OHB System qui fournit
la plate­forme et l’anglais Surrey Satellite Technology
Ltd, chargé de concevoir la charge utile. Pour assurer
la cadence de lancements qui s’accéléra dès 2015, les
deux industriels doivent pouvoir sortir d’usine un sa­
tellite toutes les six semaines à compter de novembre
prochain. Après de nombreux retards, l’Europe espère
voir son projet se concrétiser en 2017, projet qui aura
coûté à ce jour quelques 7 milliards €.
Octobre 2014
ASTRONotes 32
11
L'ESPACE AU JOUR LE JOUR
JUILLET 2014
02/07: Après une pause carrière de 3 ans, la fusée
Delta II reprend du service. Elle place correctement
sur orbite le satellite OCO 2 (407 kg) de la Nasa. Le
lancement a été effectué depuis l’installation SLC­2W à
Vandenberg en Californie. OCO 2 est un satellite qui
doit effectuer des mesures de la quantité de dioxyde
de carbone présent dans l'atmosphère terrestre. Il
remplace un autre satellite du même nom perdu lors
d’un échec de son lanceur en 2009. Sa mission doit
se prolonger au­delà de 2016.
cune satellisation n’était prévue. Il s’agissait simple­
ment de tester les performances du lanceur aux
différentes étapes du vol. Angara est le premier lan­
ceur russe entièrement neuf conçu à l’ère post­sovié­
tique.
Il se décline en plusieurs versions qui se
différencient par le nombre de propulseurs latéraux.
Pour cette mission, c’est le modèle de base 1.2 qui a
été testé. Le prochain vol est annoncé pour la fin de
l’année dans la version lourde équipée de 5 boosters.
02/07: SpaceX renforce sa position sur le marché
commercial au détriment de ses concurrents. L’opéra­
teur Inmarsat vient de réserver trois vols (1 ferme et
2 optionnels) sur Falcon Heavy à compter de 2016. Il
concerne les satellites Europasat / Hellas­Sat 3 (5,9 t),
Inmarsat 5 F­4 (6,1 t) et Inmarsat 6.
03/07: La Russie poursuit l’extension de son réseau de
télécommunications sur orbite moyenne après le lance­
ment réussi de trois nouveaux engins Gonets M (233
kg chacun).
Ils sont partis du cosmodrome de
Plesetsk à bord d’une fusée Rockot équipée d’un étage
supérieur Briz M. Ce système de télécommunications
exploite des satellites placés sur une orbite circulaire
de 1 400 × 1 414 km avec une inclinaison de 82,6° et
répartis sur 4 plans orbitaux distincts. A ce jour, il
compte 10 satellites sur les 12 nécessaires pour avoir
un réseau pleinement opérationnel.
08/07: Le satellite météorologique Meteor M­2 (2,7 t)
est mis sur orbite par une fusée Soyuz 2.1b/Fregat. Il
était accompagné des passagers secondaires SkySat 2
(100 kg) pour la télédétection, TechDemoSat 1 (150
kg) comme démonstrateur technologique, AISSat 2 (7
kg) pour la surveillance maritime, Relek (250 kg) pour
la recherche dans le domaine de la physique spatiale,
DX 1 (27 kg) pour la surveillance maritime et la re­
cherche technologique, UKube 1 (3 kg) pour la re­
cherche technologique et M3MSat­Dummy (95 kg). Ce
dernier est une charge utile factice conçue au dernier
moment par la Russie et destinée à remplacer le sa­
tellite M3MSat. En mai dernier, le Canada renonçait à
sa mise sur orbite au moyen d'un lanceur russe en rai­
son des sanctions économiques qui frappe la Russie.
09/07: Après plus de 20 ans de développement,
Angara devient réalité. Elle s’élance pour la première
fois depuis le cosmodrome de Plesetsk sur le pas de tir
LC­35/1 (photo ci­contre). Pour son vol inaugural, au­
12
ASTRONotes 32
Octobre 2014
Photo Denis Efremov
10/07: La fusée Soyuz 2.1b/Fregat lance depuis le
Centre Spatial Guyanais quatre satellites de communi­
cations O3b. Les engins de 700 kg ont rejoint leur or­
bite équatoriale culminant à 7 825 km d’altitude. Ils
sont destinés à réduire la fracture numérique des pays
dont la connexion à internet est faible voire in­
existante. A terme, le réseau devrait compter jusqu’à
12 satellites opérationnels. Google, l’un des parte­
naires du projet, souhaite pousser le projet plus loin
en affichant sa volonté à apporter internet à l'en­
semble de la planète d'ici 2020.
13/07: Après un report de plusieurs semaines, la fu­
sée Antares place correctement sur orbite le second
ravitailleur Cygnus. Ce dernier doit s’amarrer à la sta­
tion spatiale internationale prochainement. Signalons
la présence à bord de la seconde flottille Flock ainsi
que de quatre autres CubeSat (MicroMAS, TechEdSat
4, Lambdasat et GEARSSAAT). Ils seront déployés ul­
térieurement par les astronautes depuis l’ISS.
14/07: SpaceX réussit la mise sur orbite de 6 satellites
de communications Orbcomm (172 kg chacun) ainsi
que de deux charges factices simulant la masse d’un
satellite Orbcomm. Ils ont rejoint leur orbite à 750 km
d’altitude sur une inclinaison de 52°. Pour cette mis­
sion, la version du lanceur était une Falcon 9 équipée
d’un étage récupérable. Ce dernier a réussi à se poser
en douceur dans l’Océan Atlantique au bout de
quelques minutes d’une descente contrôlée.
Au
contact de l’eau, l’étage a été percé rendant la récupé­
ration impossible. Néanmoins, la réussite de l’opéra­
tion permet à SpaceX d’envisager des récupérations au
Kennedy Space Center prochainement.
17/07: Arianespace et l’ESA signe le contrat portant
sur le lancement du satellite radar de télédétection
Sentinel 1B (2,3 t) par une fusée Soyuz depuis le
Centre Spatial Guyanais. Identique à Sentinel 1A, il se­
ra placé sur orbite polaire dans le courant de l’année
2016.
Photo Roskosmos
18/07: Depuis le cosmodrome de Baïkonour, une fusée
Soyuz 2.1a lance le vaisseau récupérable Foton M­4
(ci­dessus).
Il transporte toute une série d’expé­
riences touchant de nombreux domaines comme la re­
cherche sur la croissance de cristaux destinés aux
semi­conducteurs, la biotechnologie et la biologie. Les
scientifiques veulent étudier l’effet de l’absence de
gravité sur des geckos, des drosophiles, des œufs de
ver à soie et des spores de champignons. Peu après
le lancement, les communications avec l’engin ont été
interrompues. L’allumage du moteur destiné à rehaus­
ser l’orbite n’a pu être effectuée, coinçant le vaisseau
sur l’orbite initiale de 258 x 572 km sur une inclinaison
de 64°. Quelques jours plus tard, les contrôleurs réus­
sissaient à rétablir les communications, autorisant la
poursuite de la mission sans pour autant procéder à la
rehausse de l’orbite prévue à l’origine. Le retour de la
capsule est programmé pour la mi septembre dans la
steppe du Kazakhstan.
20/07: La sonde Cassini passe à 5 100 km de Titan à
la vitesse de 5,6 km/s. Au programme de cette ren­
contre, l’étude des hautes couches atmosphériques
culminant entre 250 et 500 km (la mésosphère) et au­
delà (la thermosphère) par occultation stellaire. Les
instruments utilisés pour cette recherche sont le spec­
tromètre imageur ultraviolet (UVIS) et le spectromètre
infrarouge (CIRS).
21/07: Depuis plusieurs années déjà, le continent sud
américain est un client de choix pour la Chine. Plu­
sieurs pays ont signé des accords clé en main afin de
disposer de satellites opérationnels dans l’espace. Le
Venezuela est l’un d’eux et vient à nouveau de signer
un contrat portant sur l’achat et le lancement d’un sa­
tellite de télédétection par une fusée chinoise Chang­
Zheng.
23/07: La ronde des ravitailleurs Progress se poursuit.
Un nouvel engin de ce type a pris le chemin de la sta­
tion spatiale internationale après un lancement parfait
depuis le cosmodrome de Baïkonour par une fusée
Soyuz U. Il s’amarre sans incident au terme d’une
course poursuite de 6 heures. Il transporte quelques
2,3 tonnes de fret destinés aux équipages du com­
plexe orbital. Il prend la relève de Progress M­23M
désamarré la veille.
28/07: Une fusée Delta IV M+4,2 place sur orbite les
deux premiers satellites GSSAP (700 kg chacun) et
ANGELS. GSSAP est l’acronyme de Geosynchronous
Space Situational Awareness Program.
Développé
dans le plus grand secret par l’US Air Force, ce n’est
qu’en février dernier qu’il a été reconnu officiellement
par les autorités américaines. Il est basé sur 4 sa­
tellites construits par Orbital Sciences Corporation et
qui fonctionnent en tandem avec le réseau terrestre
de surveillance spatiale de l'United States Strategic
Command. Ils ont pour mission de surveiller depuis
une orbite quasi géostationnaire les « menaces poten­
tielles » pour les intérêts des États­Unis dans l’espace.
ANGELS doit servir de banc d’essai pour les technolo­
gies de monitoring et de surveillance des petits sa­
tellites en opération de proximité autour d’autres.
29/07: L’Europe lance son dernier cargo de ravitaille­
ment ATV avec succès. La fusée Ariane 5 s’est élan­
cée à l’heure prévue depuis le Centre Spatial Guyanais
de Kourou. Baptisé George Lemaître, en honneur au
physicien belge à l’origine de la théorie du Big­bang,
l’ATV 5 emporte avec lui 6,6 tonnes de fret à destina­
tion de l’équipage résident. Il devrait s’amarrer le 12
août prochain pendant 5 mois.
Octobre 2014
ASTRONotes 32
13
31/07: Arianespace signe avec l’opérateur Eutelsat un
contrat portant sur le lancement du satellite de télé­
communications Eutelsat 172B par une fusée Ariane 5
dans le courant de 2017. L’engin d’une masse de 3,5
t sera localisé sur une orbite géostationnaire à 172°
Est.
AOUT 2014
05/08: Une fusée Falcon 9 V1.1 place correctement sur
orbite le satellite de télécommunications Asiasat 8 (4,5
tonnes) pour le compte de l’opérateur Asia Satellite
Telecommunications Company. Le lancement a été ef­
fectué depuis le pas de tir 40 à Cap Canaveral en
Floride.
06/08: Après un voyage de 10 ans à travers le sys­
tème solaire, la sonde européenne Rosetta arrive à
destination. Elle se place en orbite autour de la co­
mète 67P/Churyumov­Gerasimenko pour une mission
d’exploration qui doit se prolonger jusqu’en décembre
2015. Rosetta emporte 11 instruments scientifiques
ainsi que l’atterrisseur Philae qui doit se poser sur la
comète le 12 novembre prochain.
09/08: La Chine expédie dans l’espace un nouveau tri­
plet Yaogan. Yoagan 20A, B et C ont été lancés par
Photo Nasa/ESA
14
ASTRONotes 32
Octobre 2014
une fusée Chang­Zheng 4C qui est partie du centre
spatial de Jiuquan. Ils circulent sur une orbite culmi­
nant à 1 000 km environ sur une inclinaison de 63,4°.
Certains spécialistes pensent qu’il s’agit probablement
de satellites d’alerte précoce.
12/08: L’ATV 5/Georges Lemaître s’amarre parfaite­
ment à l’arrière de la station spatiale internationale,
au module Zvezda. Il devrait faire partie intégrante
du complexe orbital jusqu’au 25 janvier prochain. Il
emporte 6,6 tonnes de fret dont 4,4 tonnes d’ergols.
Le reste étant réparti entre nourriture, eau, gaz et
pièces de rechange (Photo ci­dessous).
13/08: Le plus puissant satellite d’imagerie terrestre
civil est lancé à l’aide d’une fusée Atlas V/401 partie
de la base de Vandenberg. Worldview 3 (2,8 t) est
équipé d’un télescope d’une ouverture de 110 cm ca­
pable d’offrir des images de la Terre avec une résolu­
tion
maximale
de
11
cm
dans
le
mode
panchromatique. Il bat ainsi le record des perfor­
mances détenues jusqu’ici par GeoEye 1 lancé en sep­
tembre 2008 et dont la résolution maximale est de 41
cm.
Chaque jour, il couvrira une superficie de 680
000 km², soit 22 fois la Belgique. A cette fréquence, il
faudrait un peu plus de 2 ans à Worldview 3 pour
dresser une carte complète de notre planète.
14/08: L’ATV 5 procède à une rehausse d’orbite de la
station spatiale internationale. Il allume ses moteurs
durant 469 secondes. La vitesse du complexe orbital
est accrue de 1,1 m/s, augmentant l’altitude de 2 km.
15/08: Fin de mission pour le second ravitailleur
Cygnus. L’engin est désamarré de l’avant de l’ISS à
l’aide du bras télémanipulateur. Deux jours plus tard,
l’engin se désintégrait dans les hautes couches de l’at­
mosphère à l’Est de la Nouvelle­Zélande. L’évènement
a été immortalisé par l’équipage de l’ISS qui survolait
la région au même moment (Photo ci­dessous)
Photo Nasa
18/08: Les cosmonautes Alexander Skvortsov et Oleg
Artemyev ont effectué une sortie extravéhiculaire de
05 heures 10 au cours de laquelle ils ont installé divers
équipements sur la partie russe du complexe orbital et
rapatrié à l’intérieur des expériences scientifiques. Au
cours de cette sorties, ils ont également déployé le sa­
tellite péruvien Chasqui 1. Il a été conçu par diverses
Universités péruviennes en coopération avec plusieurs
institutions du pays. Il est doté d’une caméra qui four­
nira des images de notre planète.
19/08: Retour en vol pour Chang­Zheng 4B après
l’échec de décembre 2013. La fusée chinoise s’élance
du Taiyuan Satellite Launch Center avec à son bord les
satellites Gaofen 2 et BRITE­PL. Le premier est un sa­
tellite civil chinois dédié à l’observation de la Terre. Il
permettra de photographier notre planète avec une ré­
solution d’un mètre en mode panchromatique et jus­
qu’à 4 m en mode multispectral. Le second est un
petit satellite polonais de 10 kg destiné à faire de la re­
cherche astronomique et à tester divers composants
qui seront utilisés pour des missions ultérieures.
19/08: Début des manœuvres de déploiement de la
flottille Flock 1B comprenant 28 satellites de 5 kg cha­
cun.
Les deux premiers ont été éjectés de l’ISS
Nanoracks Deployer installé sur le module japonais Ki­
bo.
Les autres suivront dans les jours prochains.
Conçus par Planets Labs, ils photographieront notre pla­
nète avec une résolution allant de 3 à 5 m.
20/08: Signature de trois nouveaux lancements avec
Ariane 5 ES avec l’ESA. La fusée européenne partici­
pera au déploiement du système de navigation euro­
péen Galileo en effectuant 3 lancements comptant
chacun 4 satellites Galileo FOC à partir de 2015. Ces
mises à poste s’effectueront en complément à celles
réalisées par des fusées Soyuz en partance de Kourou.
21/08: La sonde Cassini survole le pôle Nord de Titan
à une altitude de 964 km. A l’aide de son radar SAR,
elle cartographie Kraken Mare, grande étendue d'hy­
drocarbures légers et d'azote liquide. Il est également
mis à contribution pour mesurer la profondeur du lac.
Les données radar seront compilées avec celles récol­
tées par le spectromètre VIMS (Visible and Infrared
Mapping Spectrometer) qui doit déterminer si les vents
sur la lune de Saturne peuvent créer des vagues.
22/08: Après avoir salué le succès de la mise sur or­
bite des deux premiers satellites Galileo à pleine capa­
cité opérationnelle, l’ESA et Arianespace annoncent
dans un communiqué que l’orbite visée n’est pas at­
teinte. Si la fusée Soyuz 2.1b a fait son travail après
son décollage du Centre Spatial Guyanais, l’étage su­
périeur Fregat serait le fautif dans cet échec partiel.
Les premières données télémétriques indiquent que la
première phase de propulsion s’est déroulée dans les
conditions optimales et que l’incident serait arrivé
après la phase balistique. Il semblerait que le pro­
gramme de vol aurait orienté l’étage dans la mauvaise
direction, ce qui a conduit à atteindre une orbite dif­
férente de celle espérée mais visiblement celle enco­
dée dans le logiciel de bord.
SEPTEMBRE 2014
01/09: Le vaisseau russe Foton M­4 se pose en dou­
ceur dans la région d’Orenburg en Russie avec toutes
ses expériences scientifiques.
Initialement prévue
pour durer deux mois, la mission a été écourtée de
deux semaines suites aux problèmes de communi­
cations rencontrés peu après la mise sur orbite. Bien
que la situation ait été récupérée depuis, les res­
ponsables de l’agence spatiale russe ont préféré ne
prendre aucun risque.
Dans l’ensemble, les expé­
riences se sont déroulées normalement si l’on excepte
celle de l’étude du comportement des geckos dans
l’espace. Les spécimens seraient morts rapidement
après le lancement en raison de la défectuosité du
système de climatisation.
04/09: Lancement des satellites CX 1­04 et Ling Qiao
à l’aide d’une fusée Chang­Zheng 2D partie du centre
spatial de Jiuquan. CX 1­04 est un engin de 88 kg
Octobre 2014
ASTRONotes 32
15
riche pour Arianespace qui annonce la signature de 6
contrats de lancement. Le premier est pour l’opéra­
teur Intelsat qui lui a confié le satellite Intelsat 36. Il
devra être lancé durant le troisième trimestre 2016
par Ariane 5. Le second est pour le japonais Sky
Perfect avec son satellite JC­Sat 15 qui devra être lan­
cé en 2016 par Ariane 5, le troisième avec le coréen
Korea Telekom pour le satellite Koreasat 7 qui rejoin­
dra l’orbite géostationnaire en 2016 avec Ariane 5. Le
quatrième a avoir confié son satellite à Ariane 5 est le
groupe Avanti pour son satellite Hylas 4. Il sera lancé
au premier semestre 2017. Le lendemain, c’est au
tour de l’opérateur Yahsat de choisir Ariane 5 pour son
satellite Al Yah 3 dont le lancement est désormais pro­
grammé pour le dernier trimestre 2016. L’indonésien
PT Telkom ferme la marche avec le satellite Telkom­3S
à lancer pour la même période que Al Yah 3.
Arianespace a tout raflé, ne laissant rien à ses
concurrents ILS et Sea­Launch déjà mal au point.
Photo ChinaNews
conçu par l’Académie chinoise des sciences en collabo­
ration avec l’Académie des technologies spatiales de
Shanghai et Shanghai Telecomm. Il s’agit d’un engin
expérimental dédié aux télécommunications. Ling Qiao
(135 kg) est un satellite conçu par l’Université de
Tsinghua et Beijing Xinwei Telecom Technology Co dé­
dié aux multimédias. (Photo ci­dessus)
07/09: SpaceX lance avec succès le satellite de télé­
communications AsiaSat 6 / Thaicom 7 (3,7 t) à l’aide
d’une fusée Falcon 9 V1.1. Elle a pris son envol de­
puis le pas de tir numéro 40 à Cap Canaveral en
Floride. C’est le second satellite de la compagnie lancé
en un mois par l’opérateur privé. Il rejoindra sa posi­
tion 120° Est d’où il assurera des services de télécom­
munications pour la région asiatique pendant au moins
15 ans.
08/09: Après un début d’année particulièrement calme,
l’activité spatiale chinoise reprend vigueur.
Quatre
jours après le lancement réussi d’une fusée Chang­
Zheng 2D, un autre modèle de la famille place correcte­
ment sur orbite le satellite Yaogan 21 et TT 2. Ils sont
partis du Taiyuan Satellite Launch Center juchés au
sommet d’une fusée Chang­Zheng 4B.
Selon des
sources bien informées, Yaogan 21 serait un satellite
de reconnaissance de la famille JianBing. Quant à TT2
(67 kg), il s’agit d’un satellite expérimental conçu par
le National University of Defense Technology.
08/09: Le World Satellite Business Week 2014 aura été
Photo Nasa/ESA
16
ASTRONotes 32
Octobre 2014
11/09: Le vaisseau Soyuz TMA­12M s'est posé en dou­
ceur dans la steppe du Kazakhstan avec ses trois pas­
sagers. Les cosmonautes russes Aleksandr Skvortsov
et Oleg Artemyev ainsi que l'astronaute américain
Steve Swanson achèvent leur mission à bord de la
station spatiale internationale qui aura duré 169 jours
05 heures et 06 minutes. Ils cèdent leur place aux oc­
cupants de Soyuz TMA­14M qui doit s'envoler de
Baïkonour le 25 septembre prochain et compléter ainsi
l'équipage résident de l'ISS.
11/09: Après plusieurs mois d’un repos forcé en raison
de l’indisponibilité de l’un de ses deux passagers,
Ariane vol VA218 décolle de Kourou. Elle place correc­
tement sur orbite les satellites Measat 3B (5,9 t) et
Optus 10 (3,3 t). Le premier a été conçu par Airbus
Defence and Space pour le compte de l’opérateur
malaisien Measat. Il fournira des services de télé­
communications et services DTH (Direct To Home)
pendant au moins 15 ans sur un territoire qui s’étend
de la Malaisie, à l’Indonésie, en passant par l’Inde et
l’Australie. Quant à Optus 10, responsable du report
du lancement, a été construit par Space Systems/Loral
pour le compte de l’opérateur australien Singtel Optus.
Depuis sa position par 164° Est, il couvrira une vaste
région englobant l’Australie, la Nouvelle­Zélande et
l’Antarctique pour des services de télécommunications.
14/09: Les moteurs de l’ATV 5 sont allumés pendant
204 secondes pour une séquence de reboost de la sta­
tion spatiale internationale.
La manœuvre permet
d’augmenter la vitesse du complexe orbital de 0,5 m/s
et par la même occasion l’altitude de 2 km.
17/09: Nouvelle mission d’Atlas V placée sous le sceau
du Secret Service. Le satellite placé sous la fusée
porte l’acronyme de CLIO (USA 257). Il a été cons­
truit par Lockheed Martin pour le compte du
Department of Defense sans pouvoir identifier l’agence
gouvernementale concernée. Selon certaines sources,
il pourrait s’agir soit d’un satellite de télécommunica­
tions, soit d’écoute électronique. Le lancement a été
effectué depuis Cap Canaveral et la version du lanceur
est l’Atlas V/401 ce qui suggère probablement une or­
bite élevée, voire une orbite géostationnaire.
21/09: Une fusée Falcon 9 V1.1 place sur orbite le qua­
trième ravitailleur opérationnel Dragon. Il transporte
divers équipements et fournitures pour l’équipage de
l’ISS, notamment une expérience de la Nasa qui a
pour but d’étudier les effets des vols spatiaux de
longue durée et RapidScat, une expérience pour effec­
tuer un relevé des vents en mer. Dragon transporte
également le satellite SpinSat, sphère de 57 kg conçue
par le Naval Research Laboratory. Il sera éjecté pro­
chainement par les astronautes depuis le laboratoire
japonais du complexe orbital.
22/09: Après dix mois de voyage et 711 millions de ki­
lomètres
parcourus,
la
sonde
MAVEN
(Mars
Atmosphere and Volatile EvolutioN) de la Nasa réussit
son insertion autour de Mars sur une orbite elliptique
de 150 x 5 000 km sur une inclinaison de 75°. Sa mis­
sion consiste à étudier la haute atmosphère martienne
et les interactions qu’il peut y avoir avec l’environne­
ment dans lequel elle évolue, notamment le vent so­
laire. La sonde aura au minimum une année complète
pour atteindre ses objectifs.
23/09: Le quatrième cargo privé Dragon a été parfaite­
ment amarré à la station spatiale internationale. L'en­
gin s'est approché du complexe orbital avant d'être
capturé à l'aide du bras robotisé piloté par l'astronaute
Alexander Gerst. Il l'a ensuite emmené vers un nœud
d'amarrage du module Harmony où il restera jusqu'au
18 octobre prochain.
24/09: Après les Américains, c’est au tour des Indiens
de réussir l’insertion autour de Mars de leur sonde.
Mars Orbiter Mission gravite autour de la Planète rouge
sur une orbite de 422 x 77 000 km sur une inclinaison
de 150°. La sonde doit étudier l'échappement de l'at­
mosphère martienne, de détecter les traces de mé­
thane et de rechercher les vestiges de la présence
d'eau à la surface de la planète. C’est avant tout un
démonstrateur technologique qui ouvre la voie à l’Inde
de l’exploration du système solaire. L’aventure n’aura
coûté que 58 millions d'euros, à comparer aux 529 mil­
lions de MAVEN arrivée quelques jours plus tôt (Photo
ci­contre).
25/09: Départ d’un nouveau vaisseau Soyuz à destina­
tion de l’ISS. Soyuz TMA­14M s’est élancé du cosmo­
drome de Baïkonour avec à son bord les cosmonautes
Photo ISRO
Aleksandr Samokoutiaïev, Yelena Serova et l’astro­
naute américain Barry Wilmore. L’amarrage s’effectue
normalement six heures plus tard en dépit du non dé­
ploiement du panneau solaire gauche. Celui­ci se dé­
ploiera de lui­même une fois la manœuvre de jonction
à l’ISS effectuée. A noter que pour la première fois,
une cosmonaute femme fait partie d’un équipage de la
station spatiale internationale. Yelena Serova est âgée
de 38 ans et devient la quatrième femme cosmonaute
dans l’histoire de l’astronautique russe, quatorze ans
après le vol d’Elena Kondakova.
27/09: Reprise des vols sans faute pour Proton. La
fusée russe décolle de Baïkonour et place correcte­
ment sur orbite un satellite de la classe Luch. Baptisé
Olimp K­1, il s’agit d’un satellite à double mission
(écoute électronique et communications militaires)
pour le compte du Département de la défense russe et
de l’agence de renseignement russe FSB. Le lanceur a
fonctionné correctement tout comme l’étage Briz M qui
insère le satellite de 3 tonnes sur l’orbite géostation­
naire environ neuf heures après le départ du
Kazakhstan.
28/09: La Chine place sur orbite le satellite SJ 11­07 à
l’aide d’une fusée Chang­Zheng 2C partie du centre
spatial de Jiuquan. Aucune information n’a filtré sur la
mission du satellite mais selon des spécialistes, il
pourrait être un satellite expérimental d’alerte précoce.
Octobre 2014
ASTRONotes 32
17
BATAILLE AUTOUR DU
CCDEV
L
e 24 septembre dernier, la Nasa
dévoilait le nom des deux vain­
queurs
du
concours
CCDev
(Commercial Crew Development).
Il s’agit de Boeing avec son projet
CTS­100 et SpaceX avec son vais­
seau Dragon V2. Chacun empoche
le pactole puisque le premier se
voit attribuer la somme de 4,2
milliards $ et le second 2,6
milliards $.
Quant au troisième
compétiteur, Sierra Nevada avec
son projet de mini navette spatiale
Dream Chaser, il n’est pas retenu.
Deux jours plus tard, cette même
Sierra Nevada dépose plainte au­
près de la cour des comptes améri­
caine afin d’avoir des explications
détaillées sur les raisons qui ont
conduit au rejet de sa proposition.
Conséquence, la Nasa a demandé à
Boeing et SpaceX de suspendre les
travaux de développement de leur
vaisseau habité.
Dans un document interne de
l’agence spatiale, Boeing partait fa­
voris avec un vaisseau mieux noté
sur le plan technique. Ce que ré­
fute Sierra Nevada en affirmant que
sa mini navette est d’une valeur
technique similaire pour un coût in­
férieur de 900 millions $. La non
sélection du Dream Chaser a
conduit l’industriel à licencier une
centaine de personnes travaillant
dans l’unité dédiée aux systèmes
spatiaux dans l’usine du Colorado.
Il faut reconnaitre que depuis le dé­
but de la compétition, Sierra
Nevada n’a jamais été considérée
comme la favorite. Du moins c’est
ce que montrent les sommes al­
louées à chacun des compétiteurs
pour chacune des Phases du pro­
gramme.
CONCEPT CCDEV
18
ASTRONotes 32
Octobre 2014
Avec l’initiative CCDev lancée en
2006, la Nasa souhaitait confier au
privé le développement et l’exploita­
tion des vaisseaux habités à destina­
tion
de
la
station
spatiale
internationale à l’instar de ce qui se
fait pour les missions logistiques
dans le cadre du programme COTS
(Commercial Orbital Transportation
Services). La Nasa ne serait plus la
propriétaire du vaisseau mais le
client qui achète des places pour
ses astronautes. De cette manière,
l’agence spatiale ne dépendrait plus
des Russes pour envoyer ses astro­
nautes dans l’espace mais surtout
ça lui permettrait de disposer du
vaisseau Orion mis en service à l’ho­
rizon 2020 pour des destinations
plus lointaines comme les asté­
roïdes ou Mars.
Photo SpaceX
L’initiative CCDev est découpée en
plusieurs phases, chacune devant
répondre à des objectifs précis et
au terme desquels ressort deux fina­
listes qui se sont vu attribuer le
contrat CCtCap (Commercial Crew
Transportation Capability).
La Phase I s’étendait jusqu’en
2010. Les industriels devaient dé­
tailler leur projet tant sur le plan
technique que financier. Bien que
l’initiative émane de la Nasa, elle
n’en finance qu’une partie tout en
apportant son expertise en matière
de vols habités. En lice, on retrou­
vait le projet Dream Chaser de
Sierra Nevada Corporation avec la
collaboration de Lockheed Martin,
CST­100 conçu conjointement entre
Boeing
et
Bigelow
Aerospace.
D’autres industriels participaient au
programme en investissant plutôt
dans les systèmes (tour d’éjection,
support vie entre autres) que dans
le développement d’un vaisseau à
proprement parlé.
Photo Boeing
La Phase II était un prolongement
de la Phase I et s’étendait jusqu’en
2011. Un second appel à proposi­
tions a été lancé en octobre 2010
auquel a répondu favorablement
SpaceX avec son vaisseau Dragon
V2. Les candidats pouvaient pro­
poser de nouveaux concepts et des
évolutions du matériel existant.
Une enveloppe de 270 millions $
est débloquée et répartie entre les
différents candidats. La part belle
va à la conception des vaisseaux
spatiaux.
Ainsi, Sierra Nevada
Corporation s'est vu attribuer la
somme de 80 millions $ en plus
des 20 millions attribués lors de la
Phase I. Le duo Boeing/Bigelow Ae­
rospace a reçu 92,3 millions $ en
plus des 3,7 millions $ en 2010 et
enfin SpaceX a perçu 75 millions $.
La Phase III était une phase
prospective en vue de la sélection fi­
nale avec une date butoir prévue
pour mai 2014.
D’ici là, chaque
candidat devait franchir toutes les
étapes prouvant la viabilité du
concept.
• Sierra Nevada Corporation a reçu
212,5 millions $ pour développer le
Dream Chaser lancé par une fusée
Atlas V.
• SpaceX a reçu 440 millions $
pour développer une version de son
ensemble Flacon 9/Dragon apte au
lancement d'astronautes.
• Boeing a reçu 460 millions $ pour
développer son CST­100 à lancer lui
aussi par Atlas V.
L ' AV E N I R D U D R E A M ­
CHASER
Au moment de l’attribution du
contrat CCtCap en septembre der­
nier, force est de constater que le
projet Dream Chaser est celui qui a
été le moins soutenu par l’agence
spatiale. Au total, elle lui aura al­
loué la somme de 312,5 millions $
contre 556 pour Boeing et 515 pour
SpaceX arrivé seulement à la se­
conde Phase. On peut dès lors se
demander si les dés n’étaient pas pi­
pés à l’avance.
La Nasa dispose de 30 jours pour
répondre à la demande de Sierra
Nevada et la cours des comptes
doit se prononcer sur le verdict d’ici
le 05 janvier prochain. Le recours
intenté par la compagnie n’a pas
que cette finalité. Avec le prolonge­
ment de l’exploitation de l’ISS jus­
qu’au­delà de 2020, la Nasa doit
renégocier les contrats des missions
logistiques dans le cadre du
Request for Proposal 2018­2024.
Une façon de se repositionner face
à la concurrence de SpaceX et
d’ATK Orbital.
Toujours est­il que même si le
Dream Chaser ne devait finalement
pas être retenu, il n’est pas mort
pour autant.
En effet, lors du
65ème Congrès international d’as­
tronautique de Toronto, la présen­
tation du projet a été maintenue
alors que celles du CST­100 et
Dragon V2 ont été annulées au
dernier moment. A cette occasion,
Sierra Nevada a même proposé son
engin à l’international et un parte­
nariat avec le Stratolaunch comme
véhicule pour le lancement de
charge utile légère. Soutenu par
un large public nostalgique de l’ère
de la navette spatiale, l’avenir dira
si le Dream Chaser restera un rêve
ou deviendra une réalité.
Photo Sierra Nevada Corporation
Octobre 2014
ASTRONotes 32
19
L E S L AN
20
Qu'est­ce qu'un lanceur
24
La propulsion
26
Les lanceurs à travers le monde
32
Ariane en campagne
20
ASTRONotes 32
Octobre 2014
L e l a n c e u r s p a ti a l e s t l ’ u n e d
l e s p l u s p e r fo r m a n te s c o n ç u
E n q u e l q u e s m i n u te s , i l p e r m
d an s l ’ esp ace u n e ch arg e u t
v i te s s e v e r ti g i n e u s e . L e s u c
mi ssi o n est l a réco mp en se d
p l u si eu rs an n ées. Dan s ce n
al l o n s d éco u vri r l es co u l i sse
c o n c e p ti o n d u l a n c e u r j u s q u
o r b i te d ’ u n s a te l l i te .
Photo ULA
NCEURS SPATIAUX
d es mach i n es
ues à ce jour.
met d e d ép o ser
ti l e à u n e
ccès d ’ u n e
d ’ u n tr a v a i l d e
n u méro n o u s
es d ep u i s l a
u ’ à l a mi se su r
Octobre 2014
ASTRONotes 32
21
QU'EST­CE QU'UN LANCEUR
D
COUPE D'UNE FUSEE
ans le « Dictionnaire de l’Astro­
nomie et de l’Espace » de
Philippe de la Cotardière et Jean­
Pierre Penot, la définition du mot
lanceur qu’il donne est la suivante :
« Véhicule aérospatial propulsif ca­
pable d’envoyer une charge utile
dans l’espace ».
En résumé, il
s’agit ni plus ni moins que d’un
moyen d’accès à l’espace. Contrai­
rement aux autres moyens de trans­
port comme le bateau, le camion
ou autre avion, le lanceur spatial se
distingue par le fait qu’il ne soit pas
réutilisable ou alors partiellement.
Dans la théorie, le principe de fonc­
tionnement d’un lanceur est très
simple. Des moteurs puisent leurs
ergols dans d’énormes réservoirs
aux parois ultrafines qui forment la
structure principale du lanceur. La
puissance dégagée par les moteurs
entraîne une force opposée mais
égale qui le propulse dans les airs
suivant
l’équation
établie
par
Newton « action = réaction ». Tout
en montant dans le ciel, il va ac­
croître sa vitesse jusqu’à atteindre
celle qui permet de rester dans
l’espace, soit 7,9 km/s. C’est ce
que l’on appelle la vitesse de satelli­
sation. En deçà de cette vitesse,
tout objet lancé dans l’espace re­
tombe avant d’avoir accompli un
cercle complet autour de notre pla­
nète.
Dans la pratique, le principe de
fonctionnement d’une fusée est très
complexe et de nombreux para­
mètres sont à prendre en compte
pour parvenir à placer sur orbite un
satellite.
Le plus important est
d’imprimer la vitesse nécessaire et
pour se faire, il existe des règles in­
contournables qui s’appliquent à
n’importe quelle fusée. L’une d’elle
consiste à sortir de l’atmosphère au
plus vite et l’autre à s’alléger le
22
ASTRONotes 32
Octobre 2014
plus vite et le plus possible. On
sait que la structure même de la fu­
sée est constituée de réservoirs
remplis d’ergols. Au fil du vol, ils
se vident créant un poids mort pé­
nalisant l’effort fait pour atteindre
cette fameuse vitesse. C’est au vi­
sionnaire
russe
Konstantin
Tsiolkosky que l’on doit l’idée in­
génieuse des fusées étagées. Il ex­
plique qu’il est préférable d’étager
la phase de propulsion.
Pour se
faire, la fusée ne sera plus consti­
tuée d’un seul étage qui servira du
décollage jusqu’à la satellisation,
mais de plusieurs étages qui vont
se succéder jusqu’à la mise sur or­
bite. De cette manière, il est pos­
sible de se défaire des poids morts
tout au long du vol propulsé.
L’atmosphère terrestre est l’un des
éléments les plus perturbateurs
pour une fusée.
Constituée de
milliards de particules au m², elle
engendre des forces aérodyna­
miques qui peuvent la détruire si
elle ne suit pas une trajectoire bien
précise. Cette même force est à
l’origine d’un important échauffe­
ment de la structure mais égale­
ment d’un ralentissement.
Il est
donc impératif de sortir de cet envi­
ronnement le plus rapidement pos­
sible.
Hors
atmosphère,
la
trajectoire d’une fusée épousera en
quelque sorte la courbure de la
Terre jusqu’à atteindre la vitesse de
satellisation. A ce point de rendez­
vous, le moteur s’éteint et le sa­
tellite est séparé de la fusée. Du­
rant
toute
la
traversée
de
l’atmosphère, un échauffement se
produit sur les parties non proté­
gées du lanceur, principalement la
coiffe, là où est logée la charge
utile. Elle sert non seulement à pro­
téger les satellites d’une surchauffe
irrémédiable,
mais
aussi
à
maintenir l’aérodynamisme d’une fu­
sée. Hors atmosphère, elle devient
inutile et est larguée. Dans le cas
d’Ariane 5, la perte de poids est de
2 tonnes environ.
Maintenir la trajectoire désirée du­
rant tout le vol demande une puis­
sance de calcul importante.
Ce
travail est confié à la case à équi­
pements. Cette dernière comporte
tout un ensemble de calculateurs
qui vont déterminer la position
réelle du lanceur et la comparer
avec la position voulue par le pro­
gramme de vol. La différence est
corrigée instantanément par le pro­
gramme de vol qui envoie des
commandes aux moteurs qui va
jouer sur les mouvements de rou­
lis, de lacet et de tangage.
On
joue sur la puissance des moteurs
mais également sur l’orientation de
ceux­ci. Dans la plupart des lan­
ceurs, les moteurs peuvent pivoter
sur quelques degrés. En addition­
nant la puissance et l’orientation de
l’un ou l’autre moteur, voire de plu­
sieurs en même temps, il est pos­
sible de donner n’importe quelle
direction à un lanceur.
On retrouve également sur la fusée
des petites tuyères servant à
maintenir une accélération mini­
male au moment de la séparation
des étages afin de plaquer les er­
gols au fond des réservoirs,
d’autres
petites
tuyères
pour
l’orientation
des
étages
dans
l’espace, des antennes pour la
transmission des télémesures, sys­
tème
d’autodestruction
le
cas
échéant.
On retrouve également sur la fusée
des petites tuyères servant à
maintenir une accélération mini­
male au moment de la séparation
des étages afin de plaquer les er­
gols au fond des réservoirs,
d’autres
petites
tuyères
pour
l’orientation
des
étages
dans
l’espace, des antennes pour la
transmission des télémesures, sys­
tème
d’autodestruction
le
cas
échéant.
COUPE D'ARIANE 5
Coiffe
Coiffe de 17 m de haut protégeant la charge utile
constituée du satellite supérieur. Celui­ci est fixé
au sommet du Sylda (SYstème de Lancement
Double Ariane) qui enferme le satellite inférieur
Etage supérieur
Sur Ariane 5, il existe deux types d'étage
supérieur:
EPS (Etage à Propergols Stockables) utilisé sur les
versions d'Ariane visant une orbite basse
ESC­A (Etage Supérieur Cryogénique A) utilisé sur
la version Ariane 5ECA pour les orbites hautes,
notamment l'orbite de transfert géostationnaire
Etage d'Accélération à Poudre
Boosters latéraux d'Ariane 5. Pendant les deux
premières minutes, ce sont eux qui assurent
l'essentiel de la poussée en fournissant 90% de la
puissance nécessaire au décollage.
Etage Cryogénique Principal
Elément central d'Ariane 5. L'étage EPC est équipé
du moteur Vulcain qui consomme un mélange
d'hydrogène et d'oxygène liquide. Il fonctionne
pendant les 10 premières minutes de vol.
Coupe Ariane 5 ­ Photo ESA/D. DUCROS
Hauteur: 54,8 m
Masse: 780 tonnes
Poussée au décollage: 13 000 kN
Poussée du moteur Vulcain 2: 1 390 kN
Durée de fonctionnement Vulcain 2: 540 s
Poussée de l'étage EPC: 29 kN
Poussée de l'étage ESC­A: 67 kN
Masse de la coiffe: 2 t
Octobre 2014
ASTRONotes 32
23
LA PROPULSION
L
e but d'une fusée est de trans­
porter
une
masse
donnée
(charge utile) à une altitude donnée
(orbite) à une vitesse donnée (7,9
km/s). Pour y parvenir, elle doit
s’appuyer sur la puissance dégagée
par son système de propulsion.
C’est l’un des facteurs essentiel
pour déterminer les performances
d’une fusée. A ce jour, il s’appuie
sur deux types de moteurs ; à sa­
voir les moteurs à ergols liquides et
les moteurs à propergols solides.
LA TERMINOLOGIE
Pour comprendre comment fonc­
tionne un moteur de fusée, il est
important de saisir quelques no­
tions dans la terminologie de la
propulsion:
La poussée correspond à la masse
des gaz éjectés (kg/s) par le mo­
teur chaque seconde multipliée par
la vitesse d'éjection (m/s). Il s'agit
d'une force et l'unité de mesure
pour une force est le Newton. Pour
être plus parlante, la poussée est
souvent exprimée en kg. Un kg est
égal à 9,81 Newtons.
L'impulsion spécifique indique la du­
rée pendant laquelle le moteur four­
nit une poussée égale au poids du
propergol consommé. Plus cette du­
rée est importante et plus le mo­
teur possède un bon rendement. Un
bon rendement ne signifie pas pour
autant une bonne poussée.
Vitesse d'éjection: lorsque le mé­
lange est brûlé, il crée des gaz. En
fonction de la densité des parti­
cules, la vitesse d'éjection sera plus
ou moins importante. A titre
d'exemple, le mélange UDMH +
N2O4 donnera une vitesse d'éjec­
tion de 2 900 m/s alors que celui
d’hydrogène et oxygène liquides se­
ra nettement supérieur avec 4 300
m/s.
Injecteur: Pièce maîtresse d'un mo­
teur permettant la pulvérisation et
l'homogénéisation des ergols li­
quides à l'intérieur de la chambre
de combustion.
Instabilité de combustion: Ce sont
des fluctuations observées dans les
foyers, engendrant des fluctuations
de pression. Ces instabilités doivent
avoir des causes coordinatrices.
Effet pogo: Couplage entre la
combustion dans un système de
propulsion et les vibrations de la
structure. On rencontre ce type d'in­
stabilité en particulier dans les fu­
sées à propergols liquides. Les
oscillations de combustion pro­
duisent une oscillation de la pous­
sée qui excite les modes propres de
vibration de la structure ce qui a
pour conséquence de moduler les
débits masse d'ergols. L'amplitude
de l'oscillation peut alors augmenter
et atteindre des niveaux très élevés
et dans certains cas produire une
destruction du propulseur, voire le
lanceur.
LES MOTEURS A
PROPERGOLS SOLIDES
S’il existe un système de propul­
sion simple d’utilisation, c’est bien
le moteur à propergol solide. Il est
constitué d’une carcasse servant de
réservoir unique contenant le pro­
pergol solide, plus communément
appelé « poudre ». En fait, il ne
s’agit pas réellement de poudre,
mais d’une pâte qui se durcit avec
en son centre un conduit d’évacua­
tion des gaz. Le moteur est allumé
par le sommet et la chaleur se pro­
page jusqu’en bas en une fraction
de seconde. La cheminée se rem­
plit de gaz qui sont évacués par la
tuyère. La combustion du proper­
gol dans ce type de moteur se fait
de l’intérieur vers l’extérieur. Il y a
quelques avantages à ce moteur.
Simple d’utilisation, stockage pen­
dant de longues périodes pouvant
atteindre plusieurs années, forte
poussée durant tout le temps de
combustion et fiabilité importante.
Mais il présente également des in­
convénients. Une fois allumé, il est
impossible de l’éteindre, s’il est
puissant, il n’est pas forcément
performant puisque son impulsion
spécifique est relativement faible.
PROPERGOLS, CARBURANTS, COMBURANTS, ERGOLS?
Propergols: Un propergol est un produit de propulsion constitué d'un mélange de comburant et de carburant.
Carburants: Un carburant est un combustible qui alimente un moteur thermique constitué à base de carbone
(kérosène, hydrogène liquide).
Comburants: Un comburant est un corps chimique qui a pour propriété de permettre la combustion (oxygène
liquide, …)
Ergols: Un ergol est une substance homogène employée seule ou en association avec d'autres substances et
destinée à fournir de l'énergie.
24
ASTRONotes 32
Octobre 2014
On parle d’ergols cryogéniques
lorsqu’on est en présence de car­
burant
et
comburant
qui
ne
peuvent rester à l’état liquide à
température ambiante. C’est le cas
par exemple du couple hydrogène
et oxygène liquide où le premier
doit être refroidi par ­270°C et
l’autre par ­180°C. Parmi les lan­
ceurs les plus connus utilisant ce
mode de propulsion sont Ariane 5
et la navette spatiale américaine.
On
parle
d’ergols
stockables
lorsque le carburant et le combu­
rant sont stockés à température
ambiante. Dans le monde du trans­
port spatial, ces ergols sont sou­
vent
des
ergols
hypergolites.
C'est­à­dire que le carburant et le
comburant s’enflamment spontané­
ment au contact l’un de l’autre
sans présence d’un système d’igni­
tion. Le couple le plus répandu est
celui d’UDMH et N2O4 utilisé par
les Ariane 1 à 4, les fusées chi­
noises Chang­Zheng et russes
Proton entre autres.
Moteur à propergols solides ­ Photo P. VOLVERT
En général, on utilise ce type de
propulsion pour les petits lanceurs,
pour certains étages propulsifs mais
essentiellement comme boosters du­
rant la première phase de vol d’une
fusée.
LES MOTEURS A
PROPERGOLS LIQUIDES
Le principe de fonctionnement d’un
moteur à ergols liquides est le
même que celui d’un avion. On mé­
lange du carburant avec du combu­
rant
dans
une
chambre
à
combustion.
Là, ils sont enflam­
més, produisant des gaz qui sont
éjectés par la tuyère.
Contraire­
ment à un avion qui puise son
comburant dans l’atmosphère, une
fusée doit emporter ses réserves.
D’où la présence de deux réservoirs
distincts pour les étages utilisant
des moteurs à ergols liquides.
Moteur à ergols liquides ­ Photo P. VOLVERT
Octobre 2014
ASTRONotes 32
25
LES LANCEURS A TRAVERS
LE MONDE
A
ujourd’hui, ce n’est plus les
moyens d’accès à l’espace qu’il
manque. Outre les deux grandes
puissances que sont la Russie et les
Etats­Unis, on compte également
l’Europe, la Chine, le Japon, l’Inde
pour les plus connus mais aussi
Israël, l’Iran, les deux Corées et
prochainement le Brésil qui a néan­
moins déjà tenter une mise sur or­
bite sans y parvenir.
Le nombre de lanceurs disponibles
est très large et répond à tous les
besoins actuels en matière de trans­
port spatial. On peut les distinguer
en fonction de la masse de la
charge utile qu’ils peuvent expédier
sur orbite : lanceurs légers, lan­
ceurs moyens, les lanceurs lourds
et les super­lourds. Pour simplifier
les choses on va se rapporter sur
les performances en orbite basse
(en dessous de 500 km de la
Terre).
LE CRENEAU DES MOINS
D E 2 TO N N E S
Le créneau est essentiellement re­
pris par la gamme des lanceurs à
propergols solides.
Ils offrent
l’avantage d’avoir des performances
intéressantes pour un coût raison­
nable. Parmi les principaux utilisa­
teurs, on retrouve les universitaires
engagés
dans
le
programme
CubeSat.
CubeSat est une norme pour les pi­
cosatellites instaurée en 1999 par
les Universités de Stanford et l'Uni­
versité polytechnique de Californie.
Elle se base sur la forme d’un cube
de 10 cm de côté, pesant 1kg tout
construit et consommant une puis­
sance électrique de 1 W à l’origine.
Le satellite de base est appelé 1
Unité (1U). Pour étendre la capaci­
26
ASTRONotes 32
Octobre 2014
té de certains d’entre eux, ils
peuvent faire appel à 2, 3 voire 6
ou 12 Unités. Le cout total d’un Cu­
beSat, lancement compris, est de
l’ordre de 50.000 à 100.000 $.
L a g a m m e d ’ AT K O r b i t a l
ATK Orbital est l’une des trois com­
pagnies américaines à proposer un
service de transport spatial.
Elle
s’est spécialisée dans l’exploitation
des lanceurs légers à propergols so­
lides.
Elle a conçu trois familles
distinctes sur fonds propres :
­ Pegasus est le premier lanceur aé­
roporté, largué par un avion por­
teur Lockheed L­1011 reconverti
depuis une altitude de 12 000 m.
Dans sa version initiale, il pouvait
transporter en orbite basse des
charges de 400 kg environ. Sa ca­
pacité a été portée à 545 kg pour
la version XL actuellement en ser­
vice. A ce jour, il a effectué 42
vols
spatiaux,
toutes
versions
confondues, avec un taux de fiabili­
té de 95,24 %.
­ Taurus n’est pas un nouveau lan­
ceur en soit. Il s’agit ni plus ni
moins que du Pegasus dont on a
remplacé l’avion porteur par un
étage à propergol solide. Il existe
en trois configurations possibles
(SSLV, Standard et XL) selon le mo­
teur utilisé comme premier étage.
Pour chacune de ses configurations,
il existe plusieurs modèles qui se
différencient par le moteur utilisé
pour les étages et la taille de la
coiffe. En fonction du modèle choi­
si, Taurus est capable de placer sur
orbite basse une charge allant de 1
180 kg à 2 180 kg. Bien qu’héritée
du programme Pegasus, Taurus
n’est pas le lanceur le plus fiable
d’ATK Orbital. Sur 9 vols, trois se
sont soldés par un échec. Dans un
souci d’harmonisation de sa gamme
de lanceurs, ATK Orbital décide de
renommer Taurus en Minotaur C (C
pour Commercial).
­ Minotaur existe en deux filières
distinctes. Minotaur I, tout comme
Taurus, est largement inspiré de
Pegasus. L’avion porteur est rem­
placé par un premier étage prove­
nant d’un missile Minutman.
Ce
lanceur n’est disponible que pour
les missions gouvernementales. Il
a une capacité de 550 kg.
Minotaur IV à VI sont conçues au­
tour du missile Peacekeeper recon­
verti datant des années 80.
La
capacité sur orbite basse varie de 1
735 kg à 150 kg.
Taurus ­ Photo ATK Orbital
Missiles reconvertis
russes
Dérivés du missile UR­100N, Rockot
et Strela sont les deux petits lan­
ceurs de la flotte russe. Contraire­
ment à la gamme d’ATK Orbital, ils
fonctionnent avec des moteurs à
ergols stockables.
­ La mise en service de Rockot
date de la fin des années 90. Il
est commercialisé par Eurockot,
consortium constitué par le russe
Khrunichev Space Center et l’euro­
péen Airbus Defence & Space. Equi­
pé d’un étage Briz­M allégé, il est
capable de transporter une charge
de 1,9 t sur orbite basse.
Il a la
particularité de prendre son envol
depuis un silo installé sur le cosmo­
drome de Plesetsk. Sa carrière de­
vrait s’achever avec l’arrivée de
Soyuz 2.1V et d’Angara 1.2.
­ Strela diffère de Rockot par
l’absence de l’étage Briz M. Les lan­
cements sont effectués depuis un si­
lo sous­terrain. A ce jour, seul un
vol a été réalisé, il y a 11 ans déjà.
Dérivés du missile R­29RM, Volna
et Shtil sont des lanceurs de petite
capacité. Elle n’excède pas les 100
kg pour le premier et 280 kg pour
le second avec l’ajout d’un qua­
trième étage à ergols liquides. Les
lancements sont effectués depuis
un sous­marin de la classe Delta au
large de la Mer de Barents. En­
semble, ils totalisent 3 lancements
depuis 1998. Le dernier vol de ces
lanceurs remonte à une dizaine
d’années.
L’ E p s i l o n j a p o n a i s
Epsilon est une version moins
onéreuse du lanceur à poudre M­V
aujourd’hui abandonné en raison de
son coût d’exploitation trop prohibi­
tif. En remplaçant le premier étage
par un booster de H­IIA et en fai­
sant appel à l’intelligence artifi­
cielle, les Japonais sont parvenus à
réduire les campagnes de lance­
ment par quatre et à simplifier les
opérations de contrôle qui peuvent
se faire à distance avec de simples
ordinateurs portables. De cette
manière, ils ont réussi à diminuer le
coût d’un lancement de moitié, le
faisant passer de 60 à 30 millions
$.
Les petits secrets chinois
­ Kaituozhe 1 est le lanceur spatial
chinois le moins connu. Hormis le
fait qu’il s’agit d’un dérivé du mis­
sile DF­31, peu d’information cir­
cule à son sujet.
Pourtant en
janvier 2007, il a fait parler de lui
en étant utilisé comme arme anti­
satellite.
Lors d’un test effectué
depuis le centre de Xichang, il
détruit le satellite météorologique
chinois FY­1C circulant sur une or­
bite de 853 km. Ce lancement a
été l’occasion pour les Chinois de
tester en conditions réelles la
destruction d’un satellite qui mena­
cerait la sécurité du territoire. Une
version améliorée devrait faire son
apparition prochainement.
Kai­
tuozhe 2 aurait une capacité de
300 kg sur orbite basse.
­ En septembre 2013, la Chine a
mis en service un nouveau petit
lanceur à poudre baptisé Kuaizhou.
Tout comme Kaituozhe, il existe
peu d’information à son sujet. On
sait qu’il a été conçu pour
permettre des lancements avec un
délai de réaction court avec une
capacité de 400 kg sur orbite
basse.
Selon certains experts, il
pourrait s’agir d’une version mo­
dernisée du Kaituozhe.
Shavit, un lanceur pour
les militaires
En septembre 1988, Israël accède
au rang de puissance spatiale en
plaçant sur orbite le satellite
Offeq’1 de reconnaissance militaire.
Le lancement est réalisé par la fu­
sée à propergols solides Shavit, dé­
rivée du missile Jericho II auquel a
été ajouté un troisième étage.
Dans sa version la plus récente,
Shavit est capable de transporter
une charge de 300 kg. A ce jour,
les neufs lancements effectués l’ont
été pour le compte du Ministère de
la Défense.
A noter que Shavit
prend la direction de l’Ouest pour
survoler
la
Mer
Méditerranée
contrairement aux autres lanceurs
dans le monde qui ont plutôt une
trajectoire vers l’Est pour tirer parti
de la vitesse de la rotation ter­
restre.
Rockot ­ Photo Eurockot
Octobre 2014
ASTRONotes 32
27
LE CRENEAU DES 2 A 10
TO N N E S
C’est la gamme des lanceurs dits «
moyens ». Ils peuvent placer sur
orbite une charge allant de 2 à 10
tonnes sur orbite basse.
Antares
Anciennement baptisé Taurus II,
Antares est le nouveau lanceur sorti
des usines d’ATK Orbital. Il a été dé­
veloppé dans le cadre du pro­
gramme COTS initié par la Nasa.
Le premier étage est équipé d’une
version américanisée du moteur
NK­33 conçu dans les années 60
dans le cadre du programme lu­
naire N­1.
Avec la crise ukrai­
nienne et l’embargo imposé à la
Russie, Orbital étudie la possibilité
de remplacer ce moteur sous li­
cence par un autre « Made in USA
».
Il existe plusieurs variantes
d’Antares qui se distinguent par la
présence ou non d’un étage supé­
rieur à propergols solides et le type
de moteur.
Sa capacité orbitale
peut varier de 4,5 à 5,6 tonnes.
Falcon 9
Falcon 9 est le fer de lance de
SpaceX. C'est sur elle que repose
toute la stratégie de la compagnie
qui est axée sur les missions
commerciales et institutionnelles.
Elle est conçue à partir de technolo­
gies éprouvées et simplifiées rédui­
sant ainsi les risques d'accident et
par le même coup, augmentant sa
fiabilité. Contrairement aux autres
compagnies qui font appel à de la
sous­traitance pour la fabrication
des pièces de la fusée, SpaceX
usine tout elle­même, ce qui
permet de réduire les coûts. Son
système propulsif autorise la panne
de l'un des 9 moteurs sans que ce­
la ne remette en cause le succès de
la mission.
­ La version de base est la Falcon 9
V1.0. Son architecture se présente
sous la forme d'un lanceur à deux
étages surmontés soit d'un vais­
seau ravitailleur Dragon, soit d'une
coiffe de 5,2 mètres de diamètre
28
ASTRONotes 32
Octobre 2014
pour 13,9 mètres de haut.
­ Falcon 9 V1.1 se différencie de
son aînée par des performances or­
bitales accrues, portant à 4,8
tonnes la masse transportable sur
l’orbite de transfert géostationnaire.
Les améliorations portent essentiel­
lement sur le premier étage qui voit
sa longueur portée à 43 m contre
29 auparavant. Pour certaines mis­
sions, le premier étage peut être af­
fublé de 4 pieds pour une
récupération sur la terre ferme.
Dans ce cas, on parle de la version
Falcon 9 V1.R.
La famille chinoise
Chang­Zheng
Une famille pour toutes les missions
sur toutes les orbites, voilà qui
résume bien les fusées chinoises
Chang­Zheng. Elles ont pour an­
cêtre commun, le missile Feng­Bao
datant des années 70. A ce jour, il
existe trois lignées de lanceurs qui
comptent chacune plusieurs ver­
sions distinctes.
Chang­Zheng 2
est spécifique aux orbites basses
avec une charge utile qui peut mon­
ter jusqu’à 3 tonnes. Dotée de 4
boosters, on obtient la Chang­
Zheng 2F dont les performances
permettent d’expédier dans l’espace
le vaisseau habité Shenzhou d’une
masse de 8 tonnes. Chang­Zheng
3, dotée d’un troisième étage cryo­
génique, est spécialisée dans les or­
bites hautes avec une charge utile
qui varie entre 2,7 et 5,8 tonnes
pour l’orbite de transfert géostation­
naire. Chang­Zheng 4 est une alter­
native à Chang­Zheng 2 pour les
Famille H­IIA et H­IIB ­ Photo P. VOLVERT
orbites basses. La Chine souhaite
remplacer les lanceurs actuels par
de nouvelles lignées offrant des
performances allant 1,5 à 25
tonnes sur orbite basse.
Bien que proposant ses services
pour les vols commerciaux, la
Chine est bloquée par la loi ITAR
qui l’empêche d’expédier dans
l’espace des satellites contenant
des composants « Made in USA ».
La seule alternative qui s’offre à
elle, c’est de signer des contrats
clé en main où le satellite est dé­
pourvu de ces pièces fabriquées
aux Etats­Unis. Depuis peu, EADS
(devenu depuis Airbus Defence &
Space) offre cette possibilité avec
des satellites labélisé « ITAR Free
».
H­IIA et H­IIB
L’architecture de la fusée H­IIA est
comparable à celui d’Ariane 5. Un
corps central propulsé à l’aide d’un
moteur cryogénique et flanqué de
deux
boosters
latéraux
SRB.
L’étage supérieur est lui aussi équi­
pé d’un moteur cryogénique.
La
version de base est capable d’em­
porter des charges de 10 tonnes
sur orbite basse ou 4,1 tonnes sur
l’orbite de transfert géostationnaire.
Il est possible de lui adjoindre 2 ou
4 boosters de plus petite taille, ce
qui autorise l’emport de d’une
tonne supplémentaire. En portant
à quatre le nombre de SRB, la fu­
sée peut satelliser jusqu’à 5 tonnes
sur l’orbite de transfert géostation­
naire.
Mitsubishi Heavy Industries est en
charge
de
l’exploitation
commerciale du lanceur. La compa­
gnie a signé avec Arianespace un
accord de coopération qui autorise
le transfert d’un satellite vers
l’autre lanceur dans le cas d’incapa­
cité du lanceur initial. Malgré tout,
les clients ne se bousculent pas au
portail puisqu’à ce jour, seul un opé­
rateur hors territoire japonais lui a
confié l’un de ses satellites.
H­IIB est une version plus puis­
sante de H­IIA avec un corps
central élargi équipé de 2 moteurs
cryogéniques et flanqué de 4
boosters SRB allongés. A ce jour,
elle ne s’est vue confier que le lan­
cement des ravitailleurs HTV à desti­
nation de l’ISS. Elle peut satelliser
jusqu’à 16,5 tonnes sur orbite
basse.
P S LV e t G S LV
L’Inde possède deux lanceurs desti­
nés initialement à des missions bien
distinctes :
­ PSLV est conçu pour les orbites
polaires (Polar Satellite Launch
Vehicule) avec une capacité qui
peut atteindre 4 tonnes dans la ver­
sion la plus performante.
­ GSLV est adapté pour l’orbite géo­
stationnaire
(Geostationnary
Satellite Launch Vehicule) sur la­
quelle elle peut déposer un satellite
de 2,2 t.
Les deux lanceurs ont en commun
le premier à propergols solides et le
deuxième étage équipé d’un moteur
à ergols liquides hérités d’Ariane 4.
Ils se différencient par le type de
propulseurs d’appoint et de troi­
sième étage.
Pour PSLV, on re­
trouve des boosters de petite taille
à propergols solides tandis que
ceux de GSLV sont à ergols liquides
et largement inspirés des ceux
d’Ariane 4. Le troisième étage de
la PSLV fonctionne avec un moteur
à poudre alors que celui de GSLV
est un étage cryogénique doté dans
un premier temps d’un moteur
russe le temps de posséder son
propre moteur.
Si PSLV est l’un
des lanceurs les plus fiables au
GSLV ­ Photo ISRO
monde (un seul échec sur 27 tirs),
il en va autrement avec GSLV qui
accumule les déconvenues. Sur 8
vols, seul 3 ont été pleinement réus­
sis. Dans un proche avenir, l’Inde
souhaite disposer d’une GSLV à
l’architecture
fortement
inspirée
d’Ariane 5.
Ve g a
Vega est le dernier né de l’Europe
spatiale. Il a été conçu dans l’op­
tique de couvrir la demande en ma­
tière de petits satellites pour
l’orbite héliosynchrone, principale­
ment dans le domaine de la télédé­
tection
dans
le
cadre
des
programmes Copernicus inité en col­
laboration avec la Commission
Européenne et Earth Explorer de
l’agence
spatiale
européenne.
Hormis le dernier étage à ergols li­
quides d’origine ukrainienne, le
reste du lanceur est de fabrication
européenne largement soutenue par
l’Italie. Son premier vol remonte à
février 2012 et il est capable de
transporter jusqu’à 2,3 t sur orbite
basse.
Angara
Les premières études de la gamme
de lanceurs Angara remontent au
milieu des années 90.
Elles vi­
saient à créer un lanceur pouvant
décoller depuis le territoire natio­
nal, qui soit non polluant et ca­
pable placer en orbite une grande
variété de charges utiles tant ci­
viles que militaires. Pour répondre
à ces critères, les Russes ont éga­
lement misé sur un lanceur modu­
laire.
Il existe trois modèles
d’Angara qui se distinguent par le
nombre de boosters à ergols li­
quides. Chacun des modèles existe
en plusieurs variantes qui se dif­
férencient au niveau de la propul­
sion de l’étage supérieur.
Avec
Angara, les Russes peuvent lancer
une masse sur orbite basse allant
de 3,7 à 26 tonnes. A terme, An­
gara 5 remplacera Proton tant pour
les missions commerciales que
gouvernementales. A noter que le
premier étage de la fusée Angara a
été exporté dans le cadre d’un ac­
cord avec la Corée du Sud. Il a
servi de premier étage au lanceur
national KSLV.
Soyuz
S’il y a bien un ancêtre parmi les
fusées modernes, c’est bien Soyuz.
Elle est la descendante de l’illustre
famille Semiorka, issu du missile
intercontinental mis en service en
1957. Aujourd’hui, la majorité de
ses lancements sont en lien avec la
station spatiale internationale, que
ce soit pour les missions logistiques
que la relève des équipages. Elle
fait également partie de la gamme
des
lanceurs
proposés
par
Arianespace pour des lancements
depuis le Kazakhstan ou la Guyane.
Depuis l’an dernier, la Russie a in­
troduit une nouvelle version Soyuz
qui se distingue par l’absence des
boosters qui donne à la Semiorka
cette silhouette si particulière en
forme de botte d’asperges. Dans
cette configuration, Soyuz a une
capacité de 2,8 tonnes sur orbite
basse, contre 5,5 tonnes pour la
classique
version
équipée
des
boosters coniques.
Octobre 2014
ASTRONotes 32
29
Dnepr ­ Photo Kosmotras
Dnepr
Dnepr est issu du missile R­36M,
l'un des plus puissants missiles
intercontinental. Il a une capacité
de 3,7 tonnes sur orbite basse et
est lancé depuis un silo sous­terrain
soit depuis le cosmodrome de
Baïkonour, soit depuis celui de
Dombarovsky.
La plupart de ses
missions sont axées sur le lance­
ment multiple de satellites dont la
masse ne dépasse pas 400 kg.
C’est au Dnepr que l’on doit le re­
cord de charge utile lancée en une
seule fois. En juin 2014, il a placé
sur orbite 38 satellites dont la
masse variait entre 1 et 350 kg.
LE CRENEAU DES PLUS
D E 1 0 TO N N E S
C’est la gamme des lanceurs
«
lourds » dont la capacité sur orbite
basse dépasse les 10 tonnes.
Ariane 5
Ariane 5 est le leader sur le marché
des satellites commerciaux mais
aussi le plus fiable puisqu’il vient
d’aligner son 61ème succès d’affilée
depuis son dernier échec en
décembre 2002. Sa force est sans
conteste le lancement double, ce
qui permet de réduire la facture du
30
ASTRONotes 32
Octobre 2014
client
et
s’aligner
sur
la
concurrence. Elle a une capacité
de 10 tonnes sur l’orbite de trans­
fert géostationnaire à répartir entre
deux satellites.
Si le lancement
double est une force, ce n’est pas
toujours le cas et ce pour deux rai­
sons. Appairer deux satellites n’est
pas toujours évident. Il faut qu’ils
soient compatibles avec la capacité
d’Ariane et ensuite si l’un des deux
satellites subit des retards, l’autre
est cloué au sol jusqu’à ce que son
compagnon de route soit enfin prêt.
Récemment, deux vols d’Ariane ont
connu plusieurs semaines, voire plu­
sieurs mois de retard en raison de
l’indisponibilité de l’un des deux sa­
tellites prévus. En 2015, Ariane 5
devrait être adaptée pour un nou­
veau type de mission, celui du dé­
ploiement de constellations de
satellites. Les performances de la
fusée européenne autorise l’emport
jusqu’à 4 satellites Galileo d’un seul
coup.
monte aux années 90 avec pour
objectif
de
ravir
la
place
d’Arianespace sur le marché des
satellites commerciaux. Entrée en
service en 2002, elle est essentiel­
lement cantonnée aux missions
gouvernementales
(Nasa
et
Department of Defense) depuis
2006, bien qu’elle soit encore
disponible pour des clients via
Lockheed Martin.
Sa conception
est fortement inspirée d’Ariane 4
avec un lanceur de base modulable
au niveau du compartiment charge
utile et du nombre de boosters.
Atlas V se décline en 9 versions qui
peuvent transporter sur orbite
basse une charge allant de 10 à 20
tonnes.
­ Tout comme Atlas V, Delta IV a
été conçue pour s’adapter à la
charge utile à lancer. Elle peut lan­
cer une masse allant de 9 à 29
tonnes selon la version utilisée.
Proton
Tout comme Soyuz, Proton est un
ancêtre. Depuis son premier vol en
1965, il a subi bon nombre d’amélio­
rations qui ont permis d’augmenter
sans cesse ses performances orbi­
tales. Aujourd’hui, c’est la version
Proton M équipée de l’étage supé­
rieur Briz M qui est la plus souvent
utilisée tant pour les missions gou­
vernementales que commerciales.
Elle est capable de transporter soit
sur l’orbite de transfert géostation­
naire un satellite de 6,3 t ou 3 t
directement sur l'orbite géostation­
naire. Malgré une longue carrière,
on ne peut pas dire que Proton soit
un lanceur fiable. Les échecs répé­
tés de ces dernières années ont fait
chuter le taux de fiabilité à 89%
alors que la concurrence dépasse
97%. La qualité du travail est sou­
vent pointée du doigt. Le remplace­
ment futur de la fusée par la
famille Angara pourrait­il expliquer
le désintérêt à la mythique Proton ?
Le duo Atlas V/Delta IV
­ La conception de l’Atlas V re­
Atlas V ­ Photo ULA
Zenit
Zenit est le dernier lanceur dévelop­
pé à l’ère soviétique. Il est basé
sur les boosters de la super fusée
Energia aujourd’hui abandonnée au­
quel on a ajouté un second étage à
ergols liquides pour donner nais­
sance à Zenit 2. Avec l’ajout d’un
troisième étage, on obtient Zenit 3.
Cette dernière existe en plusieurs
variantes en fonction de l’opérateur
qui l’utilise.
­ Zenit 3F est utilisée pour les mis­
sions gouvernementales russes. Il
est équipé d’un étage supérieur
Fregat autorisant le transport d’une
charge de 1,8 t sur l’orbite de trans­
fert géostationnaire.
­ Zenit 3SL est utilisée dans le
cadre du programme Sea­Launch.
Il consiste à lancer la fusée depuis
une ancienne plate­forme pétrolière
aménagée et ancrée dans le
Pacifique pour la mise sur orbite
des satellites géostationnaires d’une
masse de 6 t. Après avoir échappé
de justesse à la faillite, la compa­
gnie a été financée grandement par
RSC Energia qui devient l’action­
naire majoritaire.
Les échecs de
2007 et 2013 ont fortement entac­
hé la réputation du lanceur qui n’a
qu’un seul lancement de prévu
dans son carnet de commandes.
­ Zenit SLB est la version terrestre
de Sea­Launch. Land Launch utilise
les installations de Baïkonour dans
le cadre de missions commerciales.
La masse maximale autorisée pour
des satellites lancés du Kazakhstan
est de 3,8 t pour l’orbite de trans­
fert géostationnaire. A ce jour, il
n’y a aucun contrat dans le carnet
de commande, ce qui laisse à pen­
ser que l’avenir commercial de
Zenit est incertain.
l’instar de la Delta IV Heavy, ce qui
autorise le transport d’une charge
allant jusqu’à 19 tonnes sur l’orbite
de transfert géostationnaire ou 53
tonnes sur orbite basse. Son pre­
mier vol est programmé pour 2015
dont
le
coût
défie
toute
concurrence.
SpaceX l’annonce à
125 millions $ contre 200 pour
Ariane 5 d’une capacité de 10
tonnes !
S p a c e L a u n c h Ve h i c u l e
« Moon, Mars and Beyond ». Pour
répondre à ces grandes ambitions,
la Nasa va avoir besoin d’un lan­
ceur super puissant digne de
l’époque Apollo. En se basant sur
les technologies éprouvées héritées
de la navette spatiale, elle décide
le développement du SLS.
­ Block­1: C’est la version de base.
Elle pèsera au décollage 2700
tonnes et sera capable d’expédier
sur orbite basse une charge de 70
tonnes. Son premier vol est pro­
grammé pour novembre 2018.
­ Block­2: Evolution de la version
Block­1 par l’adjonction d’un étage
supérieur. La masse au décollage
dépassera les 3 000 t dont 130 t
représentent la charge utile en elle­
même.
Sa mise en service est
prévue à l'horizon 2020.
LA GAMME DES SUPER
LOURDS
Falcon Heavy
Falcon Heavy est ce qu’on appelle «
fusée tri­étage ». Au lieu d’avoir
des propulseurs d’appoint pour aug­
menter la masse à lancer dans
l’espace, on triple le corps central à
Variantes SLS ­ Photo Nasa
Octobre 2014
ASTRONotes 32
31
ARIANE EN CAMPAGNE
DE L'EUROPE A LA
G U YA N E
K
ourou, port spatial de l'Europe.
Depuis 35 ans, les vols Ariane
s'y succèdent, débouchant souvent
sur de belles réussites mais trébu­
chant aussi parfois sur quelques
échecs. Dans cette partie de
l'Amérique du Sud où la technologie
de pointe côtoie la forêt la plus
dense du monde, le lancement
d'une fusée reste une aventure.
Une aventure technologique mais
aussi humaine. La dernière en date
est celle du vol Ariane 218.
Le 11 septembre dernier, le départ
du VA 218 et la mise en orbite de
ses 2 satellites de télécommunica­
tions Measat­3b pour l'opérateur
malaisien Measat et Optus 10 de
l’australien
Optus/SingTel
se
voyaient couronnés de succès après
une série de retards accumulés de­
puis quelques mois. La réussite de
cette mission commerciale faisait
grimper le compteur des lance­
ments d'Ariane 5 à 75 depuis sa
mise en service dont 61 succès d’af­
filée. Mais avant de quitter le sol
terrestre dans un éclat de lumière
et de bruit, et de fendre le ciel de
son sillon blanc pour tracer sa route
vers l'espace, la mission d'Ariane 5
est passée par toute une série
d'étapes constituant la campagne
de lancement.
Le cours de cette campagne de lan­
cement prend sa source en Europe;
c'est en effet aux 4 coins du conti­
nent que sont fabriquées les pièces
détachées
du
lanceur.
Toutes
prennent ensuite la direction des
Mureaux, à 40km de Paris, où elles
sont
assemblées
pour
former
l'Etage
Principal
Cryotechnique
(EPC),
l’Etage
Supérieur
Cryogénique A (ESC­A) et la case à
équipements. Une fois les étages
complets, ils partent en direction de
32
ASTRONotes 32
Octobre 2014
la Guyane­Française à bord du
Toucan, aux côtés des 2 parties de
la coiffe, de la Sylda 5 et des équi­
pements associés. Au terme d'une
traversée de 8 000km sur une du­
rée de 2 semaines, le bateau ac­
coste
au
port
guyanais
de
Pariacabo. La cargaison doit mainte­
nant prendre la route de Kourou
pour atteindre le Centre Guyanais
Spatial. Ce voyage se fait par voie
terrestre, via une route qu'elle va
totalement accaparer. Ce tronçon
du trajet long d'une quinzaine de
km s'avère particulièrement délicat
à négocier, surtout en ce qui
concerne l'imposant EPC qui réquisi­
tionne une place de 50m de lon­
gueur sur 6m de largeur. Les
mesures de sécurité sont poussées
à leur maximum et la vitesse du
convoi est réduite à 10km/h.
le Bâtiment d'Intégration Lanceur
(BIL) dès le lendemain, là où
Ariane va prendre forme. L’étage
principal est installé sur la table de
lancement, table qu’il ne quittera
plus jusqu’à l’instant du décollage
et qui sert d'interface électrique et
fluide entre le sol et la fusée mais
également de support pour le
transport.
L'ASSEMBLAGE DE LA
FUSEE
Transfert EAP ­ Photo Arianespace
Le 1er mars 2014, a lieu le trans­
fert des 2 Etages d'Accélération à
Poudre
(EAP)
du
Bâtiment
d'Intégration Propulseur (BIP) vers
le BIL. Contrairement à tous les
autres composants du lanceur, les
EAP sont constitués de segments
fabriqués sur place et assemblés
dans le BIP pour donner naissance
aux propulseurs latéraux d’Ariane
5.
Erection EPC ­ Photo Arianespace
L'arrivée au centre spatial, le 27 fé­
vrier 2014, marque le début de la
campagne de lancement qui s'éche­
lonnera sur plusieurs mois. Les
choses sérieuses s'amorcent sans
tarder, avec l’arrivée de l'EPC dans
Une fois construits et chargés de
propergol solide, ils parcourent une
distance de 1,2km pour rejoindre le
BIL où ils sont intégrés aux flancs
de l'EPC. L'assemblage se poursuit
avec l'intégration du composite su­
périeur, constitué de l’étage ESC­A
et de la case à équipements.
L’ESC­A aura pour rôle de relayer
l'EPC pendant le vol en prêtant la
vitesse requise à l'injection des
satellites sur leur orbite. Quant à la
case à équipements, véritable cer­
veau du lanceur qui contient les cal­
culateurs de bord et les centrales à
inertielle,
elle
permettra
de
connaître continuellement la posi­
tion de la fusée, l’état de fonction­
nement de toutes ses pièces, de
contrôler sa trajectoire et d'assurer
le pilotage. S'ensuivent une dizaine
de jours dédiés au contrôle des rac­
cordements électriques et fluides et
à la vérification de l'étanchéité des
réservoirs de l'EPC et de l'ESC­A. Il
ne reste plus qu’à assembler la
charge utile au sommet de la fusée.
Cette opération a lieu dans un
autre bâtiment, le BAF, à quelques
centaines de mètres de là.
P R E PA R AT I O N F I N A L E
Arrivée d'Optus 10 ­ Photo Arianespace
Pendant ce temps, les satellites
Measat 3b et Optus 10 qui embar­
queront à bord de cette 219ème
Ariane arrivent séparément par
avion à l’aéroport de Félix Eboué
International Airport. Ils sont en­
suite acheminés dans la zone de
préparation de la charge utile, zone
constituée de plusieurs bâtiments
où les satellites sont contrôlés une
dernière fois avant d’être remplis
d’ergols. Measat est le premier à
rejoindre Kourou au début du mois
d’avril. Optus n’arrivera que quatre
mois plus tard à la demande de son
propriétaire qui souhaite procéder à
des contrôles supplémentaires chez
Loral Space Systems, le construc­
teur du satellite.
En quelques semaines, les passa­
gers du vol 218 sont parés pour le
lancement. Ils rejoignent le Bâti­
ment d'Assemblage Final (BAF) res­
pectivement le 14 mai pour Measat
A quelques jours du jour J, les opé­
rateurs réalisent les vérifications fi­
nales avant la répétition générale.
Du bon déroulement de ces étapes
dépendra l’issue de la Revue d’apti­
tude au lancement. C’est lors de
cette réunion que la date et l’heure
de lancement sont officialisées par
les responsables d’Arianespace en
accord avec les clients.
Transfert vers le BAF ­ Photo Arianespace
3b et le 1er septembre pour Optus
10 où se trouve déjà la fusée pour
l’assemblage final.
Dans le hall
d’encapsulation, les satellites sont
intégrés sur la partie supérieure
d’Ariane 5. Measat est fixé sur le
Sylda, système permettant de lan­
cer deux satellites à la fois tandis
qu’Optus 10 est logé à l’intérieur de
la structure. Le tout est protégé
par l’énorme coiffe de 17 m de
long.
Jour J­1.
Ariane parcourt les
2,8km pour rejoindre la zone de
lancement. Ce trajet requiert de
nouveau une bonne dose de tact :
elle est conduite par un camion
équipé d'une boîte 16 vitesses par­
ticulièrement souple qui stabilise le
convoi à 3­4km/h. La zone de lan­
cement est relativement dépouillée
si on la compare à celle de Soyuz
ou de Vega. Ici, pas de portique
mobile. Juste une tour de lance­
ment
pour
les
connexions
électriques et des fluides et quatre
4 grands pylônes. Sous la table de
lancement sont logés les carneaux
d’évacuation de gaz. Au décollage,
la table et les carneaux seront ar­
rosés afin de limiter au maximum
les vibrations et refroidir l’installa­
tion.
Remplissage en ergols d'Optus 10 ­ Photo Arianespace
Octobre 2014
ASTRONotes 32
33
A TO U S D E D D O
Jour J.
Le 11 septembre 2014
sonne le grand jour pour Ariane vol
218. Onze heures trente avant le
H0, la chronologie finale est enga­
gée.
Elle comprend plusieurs
étapes importantes dans la prépara­
tion finale de la fusée avec notam­
ment
la
vérification
de
l'alimentation
électrique,
des
appareils de mesure et de com­
mande ainsi que la connexion entre
la salle de contrôle et le lanceur.
Les réservoirs cryogéniques sont
mis à froid avant d’accueillir les cen­
taines de tonnes d’hydrogène et
d’oxygène liquide.
L’opération de
remplissage
débute
environ
5
heures avant le décollage. Tous les
moyens qui entreront en action pen­
dant la mission d’Ariane sont véri­
fiés.
Les opérateurs veulent
s’assurer que les liaisons avec le
lanceur sont bonnes, tout comme
les systèmes de poursuite qui servi­
ront à récupérer les télémesures et
à s’assurer que la trajectoire est
bien suivie. Dans le cas contraire,
l’équipe de sauvegarde enverra la
commande d’autodestruction du lan­
ceur.
Alors que la séquence synchronisée
n’a pas encore débuté, le DDO, le
Salle de contrôle Jupiter 2 ­ Photo Arianespace
34
ASTRONotes 32
Octobre 2014
chef d’orchestre de l’équipe de lan­
cement, doit interrompre le compte
à rebours en raison d’un problème
avec un équipement au sol. Prob­
lème vite résolu puisque la chronolo­
gie est relancée 5 minutes plus
tard. Mais à 27 secondes du H0,
un nouvel incident mineur contraint
un arrêt du décompte.
A H0 ­ 07mn0s, débute la séquence
synchronisée, elle est automatique
mais peut être interrompue à tout
instant sous commande humaine.
Le remplissage complémentaire des
réservoirs s'arrête et les vannes de
sécurité d'arrosage du pas de tir
sont ouvertes pour le refroidir et at­
ténuer les vibrations. Enfin, le sys­
tème d'auto­destruction de la fusée
est enclenché.
« A tous du DDO, attention pour le
décompte final ». Cette phrase ré­
sonne comme un rituel dans les
hauts parleurs du Centre Spatial
Guyanais. Le DDO de ce vol, est le
guyanais Raymond Boyce.
Il
égraine les dernières secondes du
compte à rebours. A 6 secondes
de la mise à feu, l'ordre d’ouverture
des bras cryotechniques est donné
puis à H0, c’est l’allumage du mo­
teur Vulcain suivi 7 secondes plus
tard par l’allumage des deux EAP.
Ariane décolle dans la nuit tom­
bante et prend la direction de
l’Océan Atlantique. Les EAP four­
nissent 90 % de la poussée pen­
dant les deux premières minutes
avant d’être séparés. Le vol de la
fusée s’enchaîne comme à la répé­
tition générale.
On pourrait
presque dire de la routine. Y a­t­il
vraiment de la routine dans le
spatial tellement l’espace entre le
succès et l’échec d’une mission est
minime ?
Une demi­heure après le départ de
Kourou, Ariane fonce déjà à plus de
11 km/s et dépasse l’Afrique
lorsque le moteur de l’étage ESC­A
s’éteint. Le silence se fait dans la
salle de contrôle puis le DDO an­
nonce la séparation du premier sa­
tellite. Les propriétaires de Measat
3 esquissent un sourire de soulage­
ment. Quelques minutes plus tard,
le second satellite est libéré, c’est
un tonnerre d’applaudissements qui
envahit la salle de contrôle. Le vol
218 est réussi. Les équipes qui ont
travaillé durement pendant de
longues semaines fêtent dignement
ce nouveau succès de la fusée eu­
ropéenne. La nuit sera courte mais
il reste du pain sur la planche. Le
lendemain, elles reprennent le che­
min du Centre Spatial Guyanais
pour préparer le vol 220 qui devrait
avoir lieu le 16 octobre prochain.
Photo Arianespace
Octobre 2014
ASTRONotes 32
35
OU DECOUVRIR L'ESPACE
K o n s t a n t i n E . Ts i o l k o v s k y S t a t e
Museum of the History of Cosmonautics
Ul. Akademic Korolyova, 2
248650 Kaluga (Russie)
Un musée entièrement dédié
l'astronautique soviétique et russe
http://www.gmik.ru
à
l'histoire
de
Photo Konstantin E. Tsiolkovsky State Museum of the History of
Cosmonautics
A G E N D A C U LT U R E L
03/10 au 19/10/2014 (18:30)
A la Cité de l'espace (Toulouse): Festival la Novela ­ Nous les Terriens ­ Météorologie spatiale
11 / 11 / 2 0 1 4
A la Cité de l'espace (Toulouse): Suivi en direct de l’atterrissage de Philae sur la comète Churyumuv­
Gerasimenko.
1 2 / 11 / 2 0 1 4
Musée de l'Air et de l'Espace (Bourget): Atterrissage de Philae sur la comète Churyumuv­Gerasimenko.
M o t d u We b m a s t e r
Après huit années et 32 numéros, l'AstroNotes tire sa révérence. De nombreux thèmes ont été abordés dans
les dossiers. Vous avez pu découvrir les planètes du système solaire, le fonctionnement et le rôle des satellites
ainsi que le métier d'astronautes. Vous avez pu visiter virtuellement la station spatiale internationale, ainsi que
remonter le temps avec les pionniers de l'astronautique.
Si l'AstroNotes s'arrête aujourd'hui, c'est pour mieux faire coller le site à l'actualité. Dans les prochaines
semaines, certaines rubriques de la publication seront développées sur Destination Orbite. Il est clair qu'avec
Facebook, Tweeter et autres sites internet, une publication trimestrielle n'est plus au fait de l'actualité.
Si l'AstroNotes s'arrête aujourd'hui, c'est pour offrir aux visiteurs de Destination Orbite un site plus proche de
l'actualité.
Je vous remercie pour l'intérêt que vous avez témoigné pour l'Astronotes tout au long de ces huit années.^
Philippe VOLVERT
36
ASTRONotes 32
Octobre 2014
Octobre 2014
ASTRONotes 32
37