L`anorexie mentale chez les adolescents et les jeunes adultes de

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L`anorexie mentale chez les adolescents et les jeunes adultes de
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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 514–520
Revue de littérature
L’anorexie mentale chez les adolescents et les jeunes adultes de sexe
masculin : recension des écrits
Anorexia nervosa in male teenagers and young adults: Review of literature
L. Corbeil-Serre ∗ , D. Meilleur , M.-È. Turgeon
Laboratoire des troubles de la conduite alimentaire, département de psychologie, université de Montréal, CP 6128 succursale centre-ville pavillon Marie-Victorin,
H3C3J7 Montréal, Québec, Canada
Résumé
L’anorexie mentale a été la cible de nombreux efforts en recherche. Ces derniers se sont cependant principalement concentrés sur l’étude de
femmes. Les écrits portant sur les garçons atteints d’anorexie mentale étant actuellement émergents, la présente recension des écrits propose une mise
en commun des connaissances concernant cette population pouvant être dégagées des recherches publiées sur une période de 15 ans. Les variables
spécifiquement ciblées sont la présentation clinique, les conditions préalables au trouble, les caractéristiques de la personnalité, l’orientation et
l’activité sexuelles, l’identité de genre et les troubles comorbides. La mise en commun et les comparaisons des résultats des 24 études constituant
la recension permettent d’appuyer des constats émis par des recherches antérieures et de dégager certaines tendances, dont celle qu’il semble
exister des similarités entre la symptomatologie comportementale des garçons et des filles. La recension résume les connaissances actuelles sur les
différents thèmes à l’étude concernant l’anorexie masculine et souligne la pluralité et l’hétérogénéité des méthodes de recherche tout en dégageant
des aspects spécifiques où des recherches supplémentaires sont nécessaires.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Anorexie ; Garçons ; Tableau clinique ; Conditions préalables ; Personnalité ; Orientation sexuelle ; Activité sexuelle ; Identité de genre ; Troubles
comorbides
Abstract
Anorexia nervosa has been the target of many research efforts. However, the latest studies, are mainly focused on female subjects. The literature
on males with anorexia nervosa is currently emerging. This review of literature suggests pooling knowledge about male anorexia nervosa that
can be extracted from the literature over a period of 15 years. The variables that are specifically targeted are clinical presentation, premorbid
conditions, personality characteristics, sexual orientation and activity, gender identity and comorbid troubles. The comparison and the pooling of
the results of 24 studies forming the review allow us, in some cases, to support observations made by previous research and to identify certain
trends. Among other things, there appears to be similarities between the behavioral symptoms of boys and girls. The review gives a summary of
the current knowledge on the various themes of the study concerning male anorexia and emphasizes the plurality and heterogeneity of research
methods identifying some areas where further research is needed.
© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Anorexia; Males; Clinical presentation; Premorbid conditions; Personality; Sexual orientation; Sexual activity; Gender identity; Comorbidity
1. Introduction
∗
Auteur correspondant.
Adresses e-mail : [email protected] (L. Corbeil-Serre),
[email protected] (D. Meilleur).
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2014.07.005
0222-9617/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
L’anorexie mentale (AM) a suscité beaucoup d’intérêt dans
les écrits scientifiques [1]. La majorité des connaissances
acquises à ce jour proviennent d’études réalisées auprès de
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femmes [2]. Certaines études sur les garçons atteints de troubles
de la conduite alimentaire (TCA), dont l’AM, ont été effectuées ; leur nombre demeure cependant restreint et la qualité
méthodologique de plusieurs est critiquée [3]. La connaissance
de l’AM chez les garçons reste donc limitée et les résultats de
recherches divergent sur plusieurs aspects. Cet article vise à
faire le point sur les connaissances actuelles sur le sujet dans le
but d’informer les cliniciens et chercheurs qui s’intéressent aux
garçons atteints d’AM et d’orienter les recherches futures dans le
domaine.
2. Contexte théorique
Selon le Manuel statistique diagnostique des troubles mentaux (DSM-IV, 2004), les critères diagnostiques de l’AM sont les
suivants : un refus de maintenir un poids corporel d’une valeur
minimale normale se concrétisant par une diminution du poids
en deçà de 85 % du poids attendu pour la taille et l’âge ; une
peur intense de prendre du poids ; une altération significative de
la perception de son corps et un « déni de la gravité de la maigreur
actuelle » malgré les pertes de poids et leurs conséquences ; et
pour les femmes postpubères, une aménorrhée depuis au moins
trois mois [4]. On distingue deux types d’AM, soit restrictif
(AM-R) et avec crises de boulimie, vomissements et prise de
purgatifs (AM-B) [4].
La proportion de la population générale atteinte d’AM est
estimée entre 0,5 % et 3 % [5]. Ce trouble se développe typiquement durant l’adolescence et atteint son apogée entre l’âge de
14 et 18 ans [5,6]. Il est admis par les experts que l’étiologie du
trouble serait issue d’une combinaison de facteurs génétiques,
physiologiques, développementaux, socioculturels, familiaux,
individuels, comportementaux et cognitifs [1,5,7].
Les adolescents présentant des symptômes d’AM sont plus
à risque de souffrir d’autres problématiques psychologiques
ou psychiatriques tels que les troubles dépressifs, anxieux,
obsessionnels-compulsifs, de l’humeur et certains troubles de
la personnalité [4,8–10]. Les personnes souffrant d’AM-B sont
plus sujettes aux troubles liés au contrôle des impulsions (ex :
abus de substances, tentatives de suicide) et auraient plus de
caractéristiques de la personnalité limite que celles atteintes
d’AM-R [4]. L’AM est associée à un taux de mortalité élevé
(5-15 %) [9,10] qui augmente avec la durée du suivi, passant
d’environ 5 % lors de suivis de quatre à dix ans à approximativement 12 % lorsque le suivi dépasse 10 ans [11].
Il est généralement estimé que pour l’AM, le ratio est
d’environ un homme pour dix femmes chez les adultes [4].
Chez les adolescents, les chiffres sont plus variables. Muise
et al. [12] rapportent un ratio d’un garçon pour 2,33 filles chez
des adolescents prépubères, tandis qu’il serait d’un garçon pour
19 filles chez les adolescents postpubères. Plusieurs sont d’avis
que les chiffres disponibles sous-estimeraient le pourcentage
réel d’individus de sexe masculin atteints AM [13].
Les critères et les instruments diagnostiques plus ou moins
appropriés, l’absence de marqueur physique, une moins grande
propension des garçons à consulter pour cette problématique
et la faible suspicion du trouble chez les garçons par les cliniciens sont des hypothèses avancées pour expliquer le faible
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taux d’AM chez cette population [2,12,14]. Malgré ces obstacles, la problématique de l’AM masculine est actuellement
reconnue et des connaissances spécifiques à ce groupe émergent
progressivement des écrits scientifiques.
Bien que les résultats de recherche soient très hétérogènes,
les écrits scientifiques relèvent certaines similitudes entre la
symptomatologie de l’AM chez les garçons et chez les filles.
Les garçons auraient des préoccupations autour du poids et
de leur image corporelle [2,15,16] mais ces dernières seraient
plus centrées autour de la masse musculaire qu’autour du poids
[8,17–19]. Les comportements associés à la perte et au contrôle
de poids (restrictions, vomissements, laxatifs, hyperactivité physique) chez les garçons seraient aussi variés [2,16,17]. Des
auteurs avancent que les garçons seraient moins nombreux que
les filles à présenter une AM-R [2]
Outre les aspects portant sur la symptomatologie, d’autres
comparaisons ont été effectuées entre les sexes et ont généré
des résultats souvent très divergents. Parmi les variables étudiées, on retrouve l’âge d’apparition du trouble [2,15,16], le
poids antérieur au début du trouble [2,15], les caractéristiques
de la personnalité [20,21], la sexualité [13,15], l’identité de genre
[13,16] et l’orientation sexuelle [2,14,15,18].
L’objectif de cet article est d’effectuer une recension des
écrits scientifiques portant sur les adolescents et les jeunes
adultes atteints d’AM afin de dégager l’état des connaissances
actuelles sur le sujet. La synthèse des résultats devrait permettre
d’approfondir nos connaissances sur le sujet, de favoriser une
meilleure compréhension du trouble et de proposer des pistes de
recherches futures.
3. Méthodologie
La recension porte sur sept variables identifiées comme
pertinentes en raison soit de leur récurrence dans les écrits scientifiques, soit des résultats divergents repérés dans les recherches.
Les variables à l’étude sont : la présentation du tableau clinique, les caractéristiques préalables au trouble, les comorbidités
psychiatriques, l’orientation et l’activité sexuelles, l’identité de
genre et les caractéristiques liées à la personnalité. Les articles
retenus sont ceux présentant des études empiriques avec ou
sans groupe témoin, des études de cas et des observations
cliniques.
La sélection des articles a été effectuée à partir de la base de
données informatisée PsycINFO. Les études recherchées sont
celles publiées entre 1994 et 2011, rédigées en anglais ou en
français. L’année 1994 a été déterminée comme limite en lien
avec la parution du DSM-IV et dans le but de favoriser une homogénéité des critères utilisés pour le diagnostic des participants
dans les études.
Les descripteurs suivants ont été utilisés dans PsycINFO pour
identifier les articles susceptibles d’être pertinents : Anorexia,
Anorec*, Eating Disorders, Boys et Males. Pour être sélectionnée, une étude devait satisfaire aux critères suivant :
• avoir été publiée entre 1994 et 2011 en anglais ou en
français ;
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• traiter de populations cliniques masculines (celles incluant
des filles ont été retenues si elles présentaient une partie des
résultats de manière distincte pour les deux groupes) ;
• comporter des groupes composés d’adolescents ou de jeunes
adultes ;
• cibler des participants ayant reçus un diagnostic d’AM (les
études incluant d’autres TCA ont été retenues si elle présentaient des résultats séparés pour les différents groupes
diagnostiques). Au terme du processus, 24 articles ont été
retenus [13,14,21,23–43].
Les articles sélectionnés ont été analysés à l’aide d’une grille
élaborée sur la base des sept variables d’intérêts. Les résultats
de cette analyse ont été mis en commun afin de dégager des
tendances, des consensus et des divergences. L’ensemble des
variables n’étant pas abordé dans tous les articles, nous nous
sommes retrouvés avec plusieurs données manquantes. Pour pallier à cette réalité, les résultats sont présentés en pourcentage de
fréquence basé uniquement sur le nombre de participants pour
lesquels des informations étaient disponibles. Ainsi, le lecteur
pourra constater que les pourcentages ne totalisent pas toujours
100 %.
4. Résultats
Cette section présente les résultats de la recension qui ont
été regroupés en rubriques correspondantes aux variables étudiées. Au début de chacune, il est précisé pour quel pourcentage
de l’échantillon total l’information est disponible pour cette
variable donnée. Les pourcentages subséquents sont issus de
ce premier pourcentage de l’échantillon total.
5. Descriptions des participants et méthodologies
La recension porte sur 24 articles regroupant 279 participants
de sexe masculin âgés entre 11 ans et 36 ans. L’âge moyen est
estimé à 18,4 ans avec un écart-type de 4,38. La presque totalité des participants aux études (99,3 %) a été recrutée durant
ou après leur passage dans des unités de traitement en milieu
hospitalier.
Des 24 articles, 13 sont des études de cas ayant entre
un et cinq participants (54,2 % des études, n total = 19)
[21,25,28,29,32,33,35–38,40,42,43]. Neuf sont des études
descriptives dont la taille de l’échantillon varie entre
sept et 62 participants (37,5 % des études, n total= 213)
[13,26,27] : parmi celles-ci, six ont un groupe de comparaison
[14,23,24,30,34,41]. Les deux dernières sont des études rétrospectives, l’une a un groupe de comparaison (8,3 % des études,
n total = 46) [31,39].
Pour répondre à leurs objectifs, onze études (45,8 %
des études, n = 154) ont utilisé des instruments psychométriques [21,23–27,31,32,34,39,41]. Dans l’ensemble,
12 questionnaires, cinq entrevues semi-structurées, un test projectif, deux tests comparant la silhouette réelle à la silhouette
perçue ainsi qu’un test évaluant la personnalité sur la base de
performance motrice ont été utilisés. Environ les deux tiers des
questionnaires ont fait leurs preuves au plan de leurs qualités
psychométriques, celles-ci étant soit rapportées par les auteurs
ou accessibles dans les écrits scientifiques. Concernant les autres
outils de mesure, plus de la moitié ont été validés par au moins
une étude et sont reconnus dans la recherche. Pour l’autre moitié, aucune information sur les qualités psychométriques n’est
disponible.
6. Présentation clinique
Le poids est abordé pour 65,5 % des participants (15 articles,
n = 182). Pour la majorité d’entre eux, les données indiquent ou
permettent de calculer soit l’indice de masse corporelle (IMC),
soit le poids exprimé en pourcentage selon les normes attendues
pour l’âge et la taille. L’IMC moyen des participants pour lesquels cette donnée est disponible est de 16,1, ce qui, selon les
normes d’interprétation de cet indice, les situent dans un état
de dénutrition. Quant aux participants pour lesquels le poids est
rapporté en pourcentage, ils sont en moyenne à 78,25 % du poids
attendu, soit en deçà du poids attendu pour leur âge et leur taille.
L’attitude quant au poids est abordée pour 26,6 % des
participants (13 articles, n = 74). Les informations disponibles
permettent d’estimer que 48,6 % de ceux-ci ont peur de prendre
du poids et de devenir gros et que 46 % des participants sont
insatisfaits de leur poids et souhaitent en perdre.
On dispose d’information concernant l’attitude face à l’image
corporelle pour 33,1 % des participants (9 articles, n = 92). Dans
l’ensemble, ils sont insatisfaits de leur corps. Pour la majorité
(61,9 %), l’insatisfaction est liée à un désir d’avoir une masse
musculaire plus importante tout en diminuant le gras corporel.
Des données concernant la perception du corps sont disponibles pour 21,2 % (8 articles, n = 59) des participants et
permettent de constater que 86,4 % d’entre eux présentent une
perception altérée de leur corps.
L’âge moyen d’apparition du trouble est abordé pour 50,7 %
des participants (13 articles, n = 141). Il est estimé à 18,8 ans et
varie entre 11 ans et 21 ans.
Le type d’anorexie est spécifié pour 7,2 % des participants
(4 articles, n = 20). De ceux-ci, 35 % présentait une AM-R et
65 % une AM-B. Les stratégies mises en place pour perdre
du poids et les comportements associés à l’AM sont précisés
pour 47,8 % des participants (14 articles, n = 133). De ceux-ci,
20,3 % des participants ont des comportements caractéristiques
de l’AM-R (diètes, jeûnes et consommation d’aliments faibles
en calories). La pratique excessive d’exercice physique est notée
chez 60,2 % des participants et une grande consommation de
liquide est rapportée par 14,3 % de l’échantillon. Les vomissements sont utilisés par 34,6 % des participants et les laxatifs
par 27,8 % d’entre eux. Les rituels autour de l’alimentation sont
notés chez 37,6 %.
7. Caractéristiques préalables au trouble
Des données sur les caractéristiques présentes avant ou au
moment de l’apparition du trouble sont fournies pour 32,4 %
de l’échantillon (18 articles, n = 90). De l’obésité prémorbide
était présente chez 14,4 % des participants et un poids supérieur au poids attendu chez 4,4 % ; ces conditions seraient plus
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caractéristiques des garçons atteints de boulimie. Des antécédents familiaux d’obésité ou de surpoids sont également notés
chez 25 % des participants.
Au plan social, il est rapporté que 15,6 % des participants ont
été victimes de moqueries ou d’intimidation par leurs pairs et
que 3,3 % ont souffert ou souffrent d’isolement social.
Au plan familial, des antécédents psychologiques sont
rapportés chez 28,9 % des participants (trouble obsessionnel
compulsif, AM, alcoolisme). Dans 11,1 % des cas, des séparations, des pertes ou l’absence d’un membre de la famille sont
mentionnées. Au niveau psychologique, les troubles les plus fréquemment rapportés avant l’épisode d’AM sont ceux suggérant
des processus psychotiques (14,4 %). Une proportion de 4,4 %
a présenté des difficultés alimentaires durant l’enfance.
8. Troubles comorbides
La question de la comorbidité est abordée pour 28,8 % de
l’échantillon (15 articles, n = 80). Le trouble concomitant le plus
fréquemment mentionné est la dépression (27,5 %), suivi par les
caractéristiques obsessionnelles (17,7 %), l’abus de substance
(11,25 %) et les troubles de la personnalité (7,7 %, répartis dans
les trois Clusters du DSM).
9. Orientation sexuelle
L’orientation sexuelle est considérée pour 19,4 % des participants (11 articles, n = 54). De ceux-ci, 25,9 % sont décrits
comme étant hétérosexuels et 13 % homosexuels. La présence
d’asexualité, définie par les auteurs comme « l’absence d’intérêt
sexuel pour l’un ou l’autre des deux sexes depuis au moins un
an », est relevée pour 35,2 % des participants.
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structure de personnalité et mécanismes de défense, représentation d’objet et traits de personnalité. Plusieurs articles traitant
de la personnalité n’abordent qu’une seule de ces caractéristiques. Ainsi, les données sont partielles et ne permettent pas une
répartition complète des participants pour chacune des caractéristiques.
La structure de personnalité et les mécanismes de défense
sont abordés pour 38 % des participants concernés par cette
variable. La structure de personnalité psychotique est identifiée
chez 15,1 % de ceux-ci et a été évaluée par entrevue clinique ;
aucune comparaison à des normes n’est disponible dans les
études. Pour ce qui est des mécanismes de défense, un faible
niveau d’expression de l’anxiété et de l’angoisse et une faible
utilisation de la rationalisation sont rapportés chez 13,9 % des
participants. Les mécanismes de défense ont été évalués à l’aide
d’observations cliniques et de mesures objectives et projectives.
La représentation d’objet est abordée pour 10,1 % des participants. Les résultats de l’étude situent les participants dans la
norme en ce qui a trait au niveau des relations d’objet. Les résultats sont, cependant, hétérogènes à l’intérieur de cet échantillon
restreint.
Les traits de personnalité sont abordés pour 53,2 % des participants concernés par cette variable. Chez 12,7 % d’entre eux, on
note la présence de traits obsessionnels, compulsifs ou rigides.
Les résultats révèlent une tendance à maintenir un comportement
engendrant des frustrations, une faible acceptation de soi et une
faible capacité à diriger ses comportements vers des objectifs
chez 35,7 % des participants.
13. Discussion
En raison du nombre restreint de données, de la quantité
de données manquantes, de l’absence de définition précise des
concepts ainsi que du manque d’information nécessaire pour
modérer les résultats en fonction de l’âge des participants,
aucune conclusion ne peut être tirée pour cette variable.
Pour faciliter la discussion, les résultats ont été regroupés
sous les rubriques suivantes : portrait clinique, caractéristiques
psychologiques (conditions préalables, troubles comorbides et
personnalité), orientation sexuelle et identité de genre.
Un constat général qui émane des résultats de la recension
est qu’il est encore difficile de se prononcer avec certitude sur
plusieurs caractéristiques associées à l’AM chez les adolescents
et jeunes adultes de sexe masculin. Il est toutefois possible de
dégager des tendances concernant les variables à l’étude.
11. Identité de genre
13.1. Portrait clinique
Des données sur cette variable sont disponibles pour peu de
participants (n = 14, soit 5 % de l’échantillon total). Les résultats suggèrent des troubles ou des particularités au niveau de
l’identité de genre pour la majorité d’entre eux (92,8 %).
L’analyse des résultats suggère que les garçons atteints d’AM
présentent une perte de poids cliniquement significative. La
majorité des participants a été recrutée dans des milieux hospitaliers suite à une intervention pour AM. Ce constat assure une
certaine validité quant au diagnostic mais impose de limiter nos
conclusions aux garçons souffrant d’une AM sévère. Puisque les
données disponibles pour la variable poids touchent un pourcentage élevé de l’échantillon (65,5 %), cette conclusion est émise
avec certitude. Il apparaît toutefois pertinent de poursuivre les
investigations sur cet aspect du portrait clinique afin de statuer
sur son importance dans la reconnaissance du trouble chez cette
population, en incluant des informations telles que le rythme et
le pourcentage de perte de poids.
10. Activité sexuelle
12. Personnalité
Les caractéristiques de la personnalité sont traitées pour
28,4 % des participants (10 articles, n= 79). Les résultats sont
issus de recherches adoptant des approches théoriques, des
méthodologies et des instruments variés. Afin de favoriser une
mise en commun des résultats, et ce malgré les limites que
cela peut représenter, ils ont été regroupés en trois catégories :
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La recension soulève aussi que les garçons atteints d’AM
sont insatisfaits de leur poids et souhaitent en perdre, qu’ils ont
peur de devenir gros et présentent une perception altérée de leur
corps. Ces résultats appuient ceux trouvés dans d’autres études
portant sur ces variables [2,15]. Ils suggèrent la présence de
similarités entre les garçons et les filles quant aux symptômes
décrits par le DSM, outre le critère concernant l’aménorrhée.
Ce dernier critère, qui a fait l’objet de plusieurs critiques au
fil des années, a été retiré dans la nouvelle version du DSM-V,
ce qui devrait faciliter l’application des critères diagnostiques
de l’AM aux garçons. Par ailleurs, on ne peut exclure que le
niveau de sévérité du trouble chez les participants de l’étude
peut avoir eu pour effet de minimiser les différences possibles
entre les sexes dans des présentations cliniques plus légères [22].
Cependant, une similarité entre les garçons et les filles sur les
aspects comportementaux observables du trouble ne permet pas
de conclure à une telle ressemblance au plan intrapsychique ou
sur d’autres aspects du trouble inexplorés jusqu’à présent chez
les garçons.
Les résultats indiquent que les garçons sont insatisfaits de leur
image corporelle, appuyant les résultats d’études antérieures.
Toutefois, l’insatisfaction des garçons est plus particulièrement
liée à la masse musculaire qu’au poids. Cette motivation peut
être associée aux standards sociaux de beauté masculine [19].
Les résultats de la recension soulèvent aussi la présence importante d’obésité et de surplus de poids prémorbide chez les
garçons anorexiques ainsi que dans leur famille, appuyant également les conclusions de travaux antérieurs [2,15]. On peut
émettre l’hypothèse que pour certains garçons, l’insatisfaction
proviendrait d’une réelle discordance entre l’image corporelle
et l’idéal social, ce qui les mettrait ainsi plus à risque de développer un TCA. Par ailleurs, le fait que l’AM transforme le
corps des garçons d’une manière qui les éloigne de leur idéal
musculaire met en lumière la nécessité de poursuivre les travaux
sur l’étiologie du trouble puisque celle-ci ne peut, à notre avis,
être uniquement restreinte au désir d’atteindre un idéal social.
La recension fournit aussi certaines pistes de réflexion sur des
caractéristiques du portrait clinique chez les garçons autres que
celles évoquées dans le DSM. Les résultats rapportent un nombre
plus important de garçons atteints d’AM-B que d’AM-R, ce
qui impose d’associer l’ensemble des résultats plus spécifiquement à cette population. Les résultats de la recension mettent
aussi de l’avant une comorbidité fréquente avec la dépression
et l’abus de substance ainsi que la présence de traits de personnalité antisociaux et explosifs chez plusieurs garçons [23].
Ces caractéristiques s’apparentent à celles identifiées chez des
filles boulimiques dans d’autres études [8,10]. On peut ainsi
s’interroger si la problématique des garçons anorexiques ne
s’inscrirait pas dans un ensemble plus large de troubles des
conduites comme l’ont suggéré certains auteurs [13]. Cependant,
il est aussi possible que l’AM soit plus fréquemment dépistée
chez des garçons présentant des troubles externalisés, à cause
de l’aspect dérangeant de ces derniers. Pour approfondir cette
hypothèse, il faudrait effectuer des études auprès d’échantillons
cliniques des deux sexes, en contrôlant le type d’AM et dans
lesquelles des mesures comportementales et de personnalité
seraient incluses.
L’âge d’apparition du trouble chez les participants de notre
échantillon (18,8 ans) est similaire à celui rapporté dans d’autres
études [15]. Il doit par contre être interprété avec prudence car
il est issu d’un échantillon d’études variées et mixtes (adolescentes et jeunes adultes), présentant une grande étendue d’âge.
Il faut également mentionner la présence d’une certaine confusion dans plusieurs études entre l’âge d’apparition du trouble
et l’âge d’entrée dans les services. Dans le but de mieux déterminer la clientèle à cibler par les programmes de prévention
et de dépistage, il serait souhaitable d’étudier plus précisément
l’âge d’apparition des premiers symptômes dans les recherches
futures.
13.2. Caractéristiques psychologiques de l’anorexie chez
les garçons
Les résultats suggèrent qu’un taux considérable de participants a déjà vécu différents troubles évoquant des processus
psychotiques avant l’épisode d’AM (14,4 %) ou présente une
structure de personnalité qualifiée de psychotique (15,1 %).
Pour certains auteurs, les conduites restrictives permettraient de
maintenir un contrôle sur les tendances à la défragmentation psychique [24]. Ces constats vont dans le sens d’écrits scientifiques
qui avancent que les garçons atteints d’AM seraient atteints
d’une pathologie générale plus sévère que les filles [21] et potentiellement le prodrome d’un trouble de nature psychotique ou
schizophrénique. Les résultats concernant les antécédents de
nature psychotique doivent cependant être modérés puisqu’ils
sont issus d’environ du quart de l’échantillon et d’études ayant
eu recours à des méthodologies très variables.
13.3. Orientation sexuelle et identité de genre
Les résultats de la recension indiquent un taux
d’homosexualité de 13 % chez les participants, taux largement supérieur à celui rapporté pour la population générale
et pour les filles anorexiques (3 à 5 %) [15]. Certains auteurs
ont élaboré des hypothèses quant au lien entre l’homosexualité
et l’anorexie. Parmi celles-ci, on retrouve la possibilité que la
valorisation de l’apparence physique présente dans les communautés homosexuelles puisse aggraver le trouble une fois que
celui-ci est présent et engendrer une surreprésentation des
patients homosexuels dans les unités de traitement [2,14,15,18].
Une autre hypothèse suggère que l’AM serait un moyen de
retarder les enjeux sexuels pour des individus à l’orientation
homosexuelle conflictuelle [2,14,15,18]. En lien avec cette
hypothèse, certains auteurs ont déjà relevé que le pronostic
de leurs clients était plus favorable si ces derniers avaient
déjà eu des relations sexuelles avant le début de leur trouble.
Il pourrait être pertinent d’examiner plus systématiquement
l’activité sexuelle actuelle et préalable au trouble chez les
garçons atteints d’AM.
La recension a permis de constater que dans plusieurs études
l’information concernant l’orientation sexuelle a été récoltée de
manière non explicite et ne semble pas avoir été rigoureusement contrôlée. De plus, dans certains cas, elle n’est rapportée
que pour une partie des participants à l’étude. Le constat selon
L. Corbeil-Serre et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 514–520
lequel des failles dans les méthodologies des études complexifient l’obtention d’un portrait fidèle de l’orientation sexuelle
chez les garçons anorexiques a d’ailleurs déjà été fait par d’autres
dans le passé [18]. À l’avenir, il serait souhaitable de formuler les
questions sur l’orientation sexuelle de manière non équivoque
afin d’étudier cette variable de manière plus systématique et de
prendre en compte la possibilité de l’absence d’intérêt sexuel
momentanée chez les participants. Les concepts à l’étude (par
exemple, l’asexualité) devraient être mieux opérationnalisés afin
de bien cerner ce qui est évalué et de permettre la reproduction
des recherches. Il serait aussi utile de situer l’orientation sexuelle
sur un continuum plus dynamique plutôt que de la classifier de
manière dichotomique. Il faut cependant garder en tête qu’il
peut être délicat d’évaluer l’orientation sexuelle chez des adolescents car elle peut être, pour certains d’entre eux, incertaine
ou changeante au fil de la maturation et des expériences de vie.
Les hypothèses concernant l’orientation sexuelle sont souvent accompagnées d’autres questionnements liés à l’identité
de genre. Les résultats soulèvent en effet que 92,8 % des participants pour lesquels cette variable a été examinée (5 % du n total)
présente un trouble de l’identité de genre ou des caractéristiques
de ce dernier. Certains auteurs croient que les conduites restrictives pourraient servir à supprimer les caractéristiques sexuelles
masculines dans le but de s’approcher des modèles de beauté
féminins ou à fuir les enjeux liés à la maturité sexuelle qui sont
une source d’anxiété. Ces hypothèses ne sont cependant pas
supportées empiriquement. Il serait souhaitable de poursuivre
l’investigation de l’identité de genre, en opérationnalisant bien
le concept à l’étude, sur un nombre plus important de garçons
anorexiques.
13.4. Limites des résultats
La difficulté d’obtenir des consensus et de se prononcer sur
les caractéristiques associées à l’AM masculine peut en partie
être attribuable aux méthodologies des études, dont certaines
caractéristiques limitent les résultats de la recension.
Il existe un grand écart d’âge entre les participants qui a
pu avoir un impact sur différentes caractéristiques associées à
l’AM. Le fait que la presque totalité (99,3 %) des participants
a été recrutée en milieu hospitalier empêche de généraliser les
résultats à des garçons atteints d’une forme moins sévère d’AM.
La grande variété d’instruments psychométriques utilisés
ainsi que la pluralité des variables ciblées par les études rendent
difficiles les comparaisons entre ces dernières pour un nombre
significatif de participants. Les conclusions de la recension sont
pour la plupart appuyées sur un nombre restreint de participants.
Aussi, plusieurs instruments psychométriques utilisés ont originalement été conçus pour l’évaluation des filles, et bien que les
auteurs les aient adaptés pour les garçons, les modifications n’ont
pas été validées empiriquement. Il est aussi à noter que plusieurs
auteurs fournissent peu de précisions quant à la manière dont la
collecte de certaines informations a été effectuée et aux critères
utilisés pour l’évaluation des variables.
Le fait que les résultats des études incluses dans la recension
n’aient pas été pondérés en fonction de leur qualité méthodologique représente une limite puisque le même poids est accordé
519
aux résultats évalués subjectivement par les chercheurs qu’à
ceux issus d’analyses plus rigoureuses ou soumis à une comparaison avec des normes établies.
Une dernière limite concerne la sélection des articles en
langue française et anglaise et la base de données utilisée pour
les identifier. On ne peut exclure que d’autres études traitant
de l’anorexie chez les garçons adolescents et jeunes adultes
existent, mais qu’elles n’ont pas été incluses dans la recension.
13.5. Pistes et suggestions pour la recherche future
Certaines recommandations peuvent être émises pour favoriser l’avancement des connaissances sur le thème de l’AM chez
les garçons. Des efforts doivent être mis pour développer des
outils de mesures spécifiques aux garçons afin d’explorer plus
en profondeur les manifestations et motivations sous-jacentes
aux symptômes qui semblent différer entre les sexes. Dans le
but de permettre l’identification des caractéristiques propres
aux garçons, il serait intéressant que les recherches adoptent
un modèle d’observations cliniques plutôt que de comparer
d’emblée les garçons aux connaissances déjà établies sur les
filles atteintes d’AM.
Il est aussi important que les chercheurs ciblent plus précisément les variables du fonctionnement psychologique qu’ils
souhaitent étudier. Ceci permettrait de mettre à l’épreuve différentes hypothèses et pistes de réflexion formulées jusqu’à
présent quant aux possibles liens entre le fonctionnement psychologique et l’AM.
Sur le plan méthodologique, plusieurs éléments pourraient
améliorer la qualité et la quantité d’informations dont nous
disposons chez les garçons. Les recherches devraient favoriser une quête d’informations systématisées, la définition claire
des concepts à l’étude et une homogénéité dans la constitution des échantillons (âge, provenance des services). Il serait
aussi pertinent de favoriser les études multi-sites ainsi que les
études longitudinales pour nous permettre d’avoir une meilleure
connaissance de l’évolution du trouble chez les garçons.
14. Conclusion
Cette recension des écrits révèle la présence de certaines
caractéristiques chez les garçons atteints d’anorexie, similaires
à celles identifiées chez les filles. Elle met aussi de l’avant
plusieurs aspects pour lesquels les informations sont partielles,
incomplètes ou non consensuelles. La diversité des méthodes,
des approches et des instruments psychométriques utilisés dans
les différents écrits a permis une exploration plus large du
trouble. Toutefois, elle rend difficile l’obtention de consensus sur
les variables d’intérêts. Pour optimiser les recherches effectuées
à l’avenir, il serait important d’augmenter la rigueur méthodologique. Il serait nécessaire que les chercheurs s’intéressant à
l’AM masculine définissent clairement leurs concepts, appuient
leurs résultats sur des données mesurées empiriquement, questionnent ou évaluent directement les participants sur les variables
à l’étude et rendent accessibles les méthodes utilisées pour collecter leurs informations. Une suggestion pour les étapes à venir
pourrait être de s’inspirer d’études effectuées auprès de filles
520
L. Corbeil-Serre et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 514–520
anorexiques ou de garçons de la population générale présentant
de bonnes qualités méthodologiques et de les reproduire auprès
de garçons atteints d’AM.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
relation avec cet article.
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