Voltaire - Magnard

Transcription

Voltaire - Magnard
Classiques
& Contemporains
Collection animée par
Jean-Paul Brighelli et Michel Dobransky
Voltaire
L’Ingénu
LIVRET DU PROFESSEUR
établi par
É VELYNE A MON
professeur de Lettres
SOMMAIRE
DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
Catholiques et protestants : rappel historique .................. 3
POUR COMPRENDRE :
quelques réponses, quelques commentaires
Étape 1
Étape 2
Étape 3
Étape 4
Étape 5
Étape 6
Étape 7
Étape 8
Étape 9
Étape 10
Étape 11
Lecture cursive ....................................................................
Un Huron en Basse-Bretagne ................................
L’Ingénu converti et baptisé ...................................
L’Ingénu amoureux et patriote .............................
L’Ingénu à Paris ...............................................................
L’Ingénu en prison .........................................................
À l’épreuve du monde .................................................
Le « marché » .....................................................................
Le sacrifice ............................................................................
Retour en Basse-Bretagne .....................................
Synthèse .................................................................................
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DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
« Jamais vingt volumes in-folio ne feront de révolution : ce sont les petits livres portatifs à trente sous qui sont à craindre. »
(Lettre du 5 avril 1765 de Voltaire à d’Alembert)
Catholiques et protestants : rappel historique
Les relations entre catholiques et protestants sont conflictuelles depuis l’avènement du calvinisme jusqu’à la Révolution française de 1789. La tolérance du culte
protestant dans la France catholique de l’Ancien Régime est marquée par deux événements clés : la promulgation puis la révocation de l’édit de Nantes.
– En avril 1598, le roi Henri IV, par l’édit de Nantes, accorde à la petite minorité
protestante française une liberté de culte relative ainsi que des privilèges judiciaires,
militaires et politiques. Le catholicisme reste cependant la religion d’État. Par ce premier pas en direction de la tolérance religieuse, le roi de France s’isole de l’Europe
chrétienne très attachée au principe d’une foi unique entre un souverain et ses sujets.
La hardiesse du roi de France est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit en opposition avec la logique de la Contre-Réforme lancée par le Concile de Trente, laquelle
travaille sans relâche à refouler le protestantisme des États catholiques.
– L’édit de Fontainebleau, publié le 18 octobre 1685, révoque l’édit de Nantes et
interdit le culte protestant sous le prétexte que « la meilleure et la plus grande partie de
nos sujets de la dite Religion Prétendue Réformée ont embrassé la Catholique ». Les pasteurs doivent : soit se convertir (20 % s’y résoudront), soit s’exiler. D’abord soumis au
baptême, cérémonie confiée aux curés des paroisses, les enfants seront obligatoirement éduqués dans la religion catholique.
Bien que l’émigration des fidèles soit interdite, un quart des huguenots, soit environ 250 000 personnes, préfère fuir à l’étranger. Quant aux « nouveaux convertis » qui
prétendent s’être ralliés au catholicisme, ils restent en réalité fidèles au calvinisme,
notamment dans leur refus de l’eucharistie, de l’extrême-onction et de la pénitence.
Malgré ces poches de résistance, la communauté protestante ne compte plus que
600 000 fidèles à la fin de l’Ancien Régime.
– La question de la tolérance religieuse alimente les débats philosophiques des
Lumières. Les critiques voltairiennes contre les superstitions et les rites du catholicisme, l’idéal d’une religion naturelle aboutissant à un déisme, l’athéisme de Diderot,
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d’Helvétius et d’Holbach ébranlent les fondations de l’État religieux et nourrissent
des revendications de plus en plus pressantes de tolérance religieuse (voir les articles
religieux de l’Encyclopédie publiés entre 1751 et 1765 et du Dictionnaire philosophique
de Voltaire paru en 1764).
– Toutefois, il faudra attendre la Révolution de 1789 pour que l’Assemblée nationale constituante reconnaisse implicitement le principe de la liberté des cultes dans
l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui affirme le
26 août que « nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses ».
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POUR COMPRENDRE : quelques réponses,
quelques commentaires
Étape 1 [Lecture cursive, p. 126]
3 Le schéma narratif de L’Ingénu :
– La situation initiale : la vie tranquille d’une petite ville provinciale de BasseBretagne.
– Un élément modificateur : l’arrivée du Huron. Sa conversion religieuse crée un
conflit car l’Ingénu baptisé ne peut épouser Mlle de Saint-Yves, sa marraine, dont il
est amoureux.
– Des péripéties : la bataille avec les Anglais ; le départ de l’Ingénu pour Versailles ;
son emprisonnement. La vaine intervention de sa tante et de son oncle pour le faire
libérer ; le départ de Mlle de Saint-Yves à Versailles et ses entretiens successifs ; son
sacrifice.
– La situation finale : retour en Basse- Bretagne ; maladie et mort de l’héroïne ; nouvel équilibre fondé sur le culte de la morte et sur une philosophie positive du malheur.
5 La présence du narrateur dans le récit :
– Les vérités générales. Ex. : « Il faut savoir qu’il n’y a aucun pays de la terre où
l’amour n’ait rendu les amants poètes » (5, l. 39-40, p. 42).
– Le parti pris. Ex. : « Il lui répondit trovander et soutint, non sans apparence de
raison [...] correspondaient » (1, l. 132-135, p. 21).
– Les attaques : « Il n’était pas comme la bonne compagnie [...] trop courte »
(2, l. 3-7, p. 25).
– Les explications à valeur argumentative : « Sa conception [...] sans nuage »
(3, l. 9-12, p. 31).
– Le commentaire de l’action : « Elle ne savait pas combien elle était vertueuse
dans le crime qu’elle se reprochait » (18, l. 69-70, p. 103).
– La participation affective (adjectif appréciatif, adjectif possessif) : « la pauvre
fille » (6, l. 61, p. 48) ; « notre captif » (11, l. 1-2, p. 71).
– L’adresse au lecteur : « Quel était en chemin l’étonnement de l’Ingénu, je vous
le laisse à penser » (9, l. 78-79, p. 61).
– La satire : « C’était un de ceux qui visitent leur malade en courant [...] Paris »
(19, l. 206-213, p. 113).
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6 Schéma actantiel de L’Ingénu :
– Le sujet : l’Ingénu.
– L’objet : Mlle de Saint-Yves, la femme aimée.
– L’adjuvant : l’abbé ; sa sœur.
– L’opposant : la religion, ; le bailli et son fils ; les jésuites (l’espion, Saint-Pouange,
le confesseur de l’amie de Versailles).
– Le destinateur : l’amour (celui qui commande l’action au sujet).
– Le destinataire : la formation du couple Ingénu-Mlle de Saint-Yves est le bénéficiaire programmé de l’action engagée. Mais la mort de l’héroïne change ce programme narratif. Finalement, le seul vrai bénéficiaire de l’action est Gordon, qui sort
transformé de sa rencontre avec l’Ingénu. Quant à l’Ingénu, il change de statut (de
sauvage qu’il était, il devient un homme civilisé, libéral et tolérant) mais il perd son
amour : on ne peut pas vraiment dire qu’il est le bénéficiaire de l’action.
13 Voltaire a écrit de nombreux récits classés dans les éditions complètes de ses
œuvres sous la rubrique « Romans et contes ». Les contes les plus étudiés sont :
Micromégas, histoire philosophique (1739, publié en 1752) ; Zadig ou la Destinée,
histoire orientale (1747) ; Candide ou l’Optimisme, traduit de l’allemand de M. le
docteur Ralph avec les additions qu’on a trouvées dans la poche du docteur, lorsqu’il
mourut à Minden, l’an de grâce 1759 ; Jeannot et Colin (1764) ; L’Ingénu (1767), histoire véritable tirée des manuscrits du P. Quesnel ; La Princesse de Babylone (1768).
– Toutes ces œuvres sont des contes philosophiques où le récit a une visée argumentative : ce qui les établit dans le cadre de l’apologue. Si Micromégas anticipe sur
le genre du roman de science-fiction, les autres récits parodient le roman d’aventures,
le roman sentimental, le roman d’apprentissage (sur le modèle du roman picaresque,
Gil Blas, Lesage, 1715-1735). Dans ces œuvres, un héros prend en charge la progression narrative à travers une série d’épisodes qui le mettent face à des réalités historiques et sociales, l’obligent à se mesurer avec le monde et, en bout de course, à
arrêter une morale de vie personnelle.
– Micromégas, Zadig, Candide, L’Ingénu sont organisés en chapitres accompagnés
de titres « romanesques » : ce qui souligne leur parenté avec les genres que nous
venons de mentionner.
– D’autres récits valent qu’on s’y intéresse en 2de ou en 1re, notamment : Le Monde
comme il va, vision de Babouc, écrite par lui-même (1748) et Le Crocheteur borgne
(1774 ; un peu polisson, cependant...).
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Étape 2 [Un Huron en Basse-Bretagne, p. 128]
1 Un portrait argumentatif contient une charge de jugement appréciatif ou
dépréciatif, d’éloge et de blâme. Ici, les trois portraits traduisent la sympathie du narrateur pour les personnages tout en laissant place à la satire.
– L’abbé : « après l’avoir été de ses voisines » (allusion aux écarts de conduite du
personnage) ; « il savait assez honnêtement de théologie » (le modalisateur « assez »
suggère que les connaissances de l’abbé n’ont rien d’exceptionnel) ; « saint Augustin
[...] Rabelais » (l’association de ces deux auteurs en antithèse achève de brosser le portrait d’un ecclésiastique qui a la sympathie du narrateur).
– Sa sœur : la petite pointe « quoiqu’elle eût grande envie de l’être » et l’antithèse
« plaisir/dévote » singularisent aimablement le personnage sans qu’on puisse toutefois
parler ici de portrait argumentatif.
– Le Huron : la description est chargée d’adjectifs appréciatifs et d’adverbes modalisateurs (« très bien fait », « fine et dégagée », « martial et doux », « fort intelligemment »). Le portrait est résolument argumentatif.
11 L’incipit de La Belle au bois dormant.
– La formule traditionnelle du conte « Il était une fois » devient chez Voltaire « Un
jour », amorce d’un paragraphe qui explique la création du prieuré de la Montagne
où va se passer la première partie de l’action.
– Perrault évoque en quelques lignes le désir d’enfant du couple princier, l’arrivée
d’une petite fille et son baptême qui sera béni par les fées. L’action verse presque
immédiatement dans le merveilleux.
– L’histoire de L’Ingénu commence vraiment par une reprise de l’incipit sous la
forme d’une date très précise : « En l’année 1689, le 15 juillet au soir » et un début
in medias res qui présente l’abbé et sa sœur en promenade sur le bord de la mer en
train d’évoquer la disparition du frère du prieur au Canada. L’approche de Voltaire
est historique et réaliste.
– L’action s’enclenche par un événement à la fois chez Perrault (épisode du baptême) et chez Voltaire (arrivée de l’Ingénu qui débarque d’un navire anglais). Chez
les deux conteurs, on note une immersion rapide dans l’histoire, les phrases préliminaires étant réduites au maximum chez Perrault tout en étant un peu plus développées chez Voltaire.
– Dans les deux textes, la narration est à la 3e personne et au passé.
Globalement, on peut dire que Voltaire s’inscrit bien dans la tradition du conte,
l’arrivée inopinée et improbable de l’Ingénu mimant, pour ainsi dire, un événement
surnaturel.
12 L’Avare (1668) de Molière. Dans l’acte V, scène 5, le seigneur Anselme
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retrouve Marianne, sa fille (fiancée contre son gré à Harpagon), et Valère, son fils
(intendant d’Harpagon), dont il avait perdu la trace à la suite d’un naufrage. La
famille d’Alburcy est ainsi recomposée.
Ces retrouvailles s’inscrivent dans le cadre du dénouement de la pièce alors que les
retrouvailles de l’Ingénu avec son oncle et sa tante occupent une partie de l’incipit du
conte. Dans les deux cas toutefois, les retrouvailles constituent un motif à forte valeur
dramatique et favorisent l’expression des sentiments. Sur un plan documentaire, ces
épisodes apportent un éclairage historique sur des faits contemporains : la colonisation française du Canada dans L’Ingénu et la révolte de Masaniello (1647) contre la
domination espagnole dans L’Avare (les « cruelles persécutions qui ont accompagné
les désordres de Naples »).
Étape 3 [L’Ingénu converti et baptisé, p. 130]
8 Attaques de la religion sur le mode de la satire :
– La transmission des bénéfices : « Monsieur le prieur [...] le faire entrer dans les
ordres » (3, l. 1-4, p. 31). Voltaire suggère que la vocation ne joue aucun rôle dans
l’attribution des bénéfices, l’essentiel étant que les formes (baptême et conversion)
soient respectées.
– L’ignorance du clergé : les arguments de l’abbé contre la circoncision (3, l. 2843, p. 32-33 ; voir ci-dessous « La circoncision ») ; « Le jésuite, qui était fort savant
[...] énergie » (4, l. 82-86, p. 39 ; valeur ironique de la subordonnée relative).
– La grâce : « Enfin la grâce opéra » (3, l. 28, p. 32 ; ironie).
– La circoncision : « Je ne vois pas dans le livre qu’on m’a fait lire un seul personnage qui ne l’ait été » (3, l. 30, p. 32 ; logique « quantitative » discutable sur le plan
intellectuel) ; « et qu’il n’en résultât de tristes effets auxquels les dames s’intéressent toujours par pure bonté d’âme » (3, l. 40-41, p. 33 ; allusion polissonne chargée d’humour) ; « La circoncision n’était plus de mode » (3, l. 42-43, p. 33 ; mot d’esprit fondé
sur une antithèse).
– Le baptême : chap. 3, l. 69-98, p. 34-35, et chap. 4. Scène de comédie. On
notera particulièrement l’allusion polissonne « Il ne lui appartenait pas de citer un
pareil homme » (4, l. 22, p. 37), l’amalgame « Baptême d’eau, baptême de feu, baptême de sang, il n’y a rien que je vous refuse » ( 4, l. 46-47, p. 38), le jeu de mots sur
« baptiser » dans « Les goguenards de Basse-Bretagne dirent qu’il ne fallait pas baptiser son vin » (4, l. 61-63, p. 38).
– La confession : « Il n’y trouvait pas qu’un seul apôtre s’y fût confessé » ( 3, l. 51,
p. 33 ; argument logique), « Je t’ai conté mes péchés [...] saint Jacques le Mineur » (3,
l. 55- 64, p. 33-34 ; comique de farce), « Il y eut même [...] puisque le baptême tenait
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lieu de tout » (3, l. 66-68, p. 34 ; allusion aux querelles théologiques qui réduisent les
questions du baptême et de la confession à des chamailleries ; valeur satirique du
modalisateur « même »).
– Les miracles : « Il y en avait un treizième qui valait les douze autres » (4, l. 8384, p. 39 ; allusion à la force virile d’Hercule ; la satire repose sur l’attribution du mot
« miracle » à un fait de la nature).
12 Dictionnaire philosophique ; phrases clés :
Confession
– « On sait la réponse de ce Spartiate à qui un hiérophante voulait persuader de
se confesser : “À qui dois-je avouer mes fautes ? est-ce à Dieu ou à toi ? – C’est à Dieu,
dit le prêtre. – Retire-toi donc, homme.” »
– « Louis XI, la Brinvilliers se confessaient dès qu’ils avaient commis un grand
crime, et se confessaient souvent, comme les gourmands prennent médecine pour
avoir plus d’appétit. »
Baptême
« Quelle étrange idée, tirée de la lessive, qu’un pot d’eau nettoie tous les crimes !
Aujourd’hui qu’on baptise tous les enfants, parce qu’une idée non moins absurde les
supposa tous criminels, les voilà tous sauvés jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de raison, et
qu’ils puissent devenir coupables. Égorgez-les donc au plus vite pour leur assurer le
paradis. »
Jésuites ou l’orgueil
« Il y eut parmi eux des savants, des hommes éloquents, des génies : ceux-là furent
modestes ; mais les médiocres, faisant le grand nombre, furent atteints de cet orgueil
attaché à la médiocrité et à l’esprit de collège. »
Étape 4 [L’Ingénu amoureux et patriote, p. 132]
7 Le style de Voltaire :
– Phrases simples, souvent en début de paragraphe (6, l. 9, l. 25, l. 36, l. 44-46,
l. 53, p. 46-48 ; 7, l. 82, p. 53).
– Vocabulaire et figures de style :
• associations incongrues de mots ; antithèses : « Monsieur Hercule l’Ingénu »
(5, l. 4, p. 41), « faire des vers en langue huronne » (5, l. 38, p. 42) ;
• paradoxe (6, l. 10-15, p. 46), hyperbole (l. 59, p. 48), antithèse (l. 68, l. 86-87,
p. 48-49) ;
• vocabulaire parodique : de la guerre (6, l. 22, p. 47 ; 7, l. 48-53, p. 52), de la religion (6, l. 22-24, p. 47), de la poésie (7, l. 10-12, p. 50), du roman (7, l. 89-91, p. 53).
10
– Rythme rapide :
• procédés d’accélération : énumérations (5, l. 7-9, p. 41 ; 6, l. 19-21, p. 46, l. 3133, p. 47 ; 7. l. 6-7, p. 50), présent de narration (5, l. 20-24, p. 41-42 ; 7, l. 16-18,
p. 50, l. 40-43, p. 51, l. 48-53, p. 52), dialogue au style direct inséré dans le récit (5,
l. 50-72, p. 43 ; 7, l. 23-28, p. 51), phrases courtes juxtaposées ou coordonnées (5, l.
73, p. 44 ; 7, l. 43-44, p. 51, l. 47-53, l. 63-65, p. 52).
12 On trouvera le texte intégral du Discours sur le site Internet :
http://un2sg4.unige.ch/athena/rousseau/jjr_ineg.html
L’Ingénu défend ardemment « les privilèges de la loi naturelle ». Dans les premières pages du Discours sur l’origine de l’inégalité (1755), Jean-Jacques Rousseau
brosse un tableau idyllique de l’homme naturel solitaire et attribue à la naissance de
l’homme social tous les maux qui affectent l’humanité.
Citations :
L’homme Physique : « Je le vois se rassasiant sous un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni son repas, et
voilà ses besoins satisfaits. »
L’homme métaphysique et moral : « Son âme, que rien n’agite, se livre au seul
sentiment de son existence actuelle, sans aucune idée de l’avenir, quelque prochain
qu’il puisse être, et ses projets, bornés comme ses vues, s’étendent à peine jusqu’à la
fin de la journée. »
Étape 5 [L’Ingénu à Paris, p. 134]
10 Le chapitre 9 est satirique (mise en question du pouvoir et de l’administration,) jusqu’à la scène de l’arrestation (p. 61, l. 72) qui laisse place au registre dramatique à partir d’une phrase construite sur une puissante antithèse : « Il se berçait de
ces flatteuses idées, quand la maréchaussée entra dans sa chambre » (l. 72-73). Les
événements s’enchaînent alors, selon la mécanique implacable de l’arbitraire, provoquant un effet de surprise et d’anxiété chez un lecteur définitivement acquis à la cause
du héros.
14 Le sort des protestants après la révocation de l’édit de Nantes : voir
« Documentation complémentaire », p. 3.
15 La Bastille :
– Ce château fut construit pour défendre l’est de Paris contre les Anglais (1367 et
1371), sur les plans du prévôt Hugues Aubriot, avec une main-d’œuvre recrutée de
force : ce qui valut à Aubriot d’être disgracié et emprisonné à... la Bastille. Entouré
d’un large fossé, le bâtiment était composé de huit tours dont les murs avaient six
pieds d’épaisseur (un pied = 33 cm). Elles étaient reliées entre elles par des murs de
neuf pieds d’épaisseur.
11
Sous Richelieu, la Bastille devient prison d’État. Les prisonniers sont enfermés
sans jugement, sur ordre du roi, par lettres de cachet. Parmi eux, les traîtres ou les
espions ennemis de l’État, les écrivains dissidents, les aristocrates débauchés (ex. : le
Marquis de Sade, qui en sortit peu de temps avant le 14 juillet 1789). Voltaire, accusé
d’avoir écrit un pamphlet contre les filles du roi, y séjourne près d’un an, en 1717. À
sa sortie, il reçoit du Régent une pension de mille écus qu’il accueille en ces termes :
« Je remercie Votre Altesse Royale de ce qu’elle veut bien se charger de ma nourriture,
mais je la prie de ne plus se charger de mon logement. »
Le plus célèbre prisonnier fut le Masque de fer, dont l’identité reste mystérieuse
(il était le frère jumeau de Louis XIV selon Voltaire).
– Les prisonniers peuvent faire venir leurs meubles et organiser des dîners somptueux qui coûtent fort cher à l’État : traitement du gouverneur, des officiers, des soldats, des porte-clefs, du médecin, de l’aumônier, etc.
Étape 6 [L’Ingénu en prison, p. 136]
5 L’Ingénu conteste avec son bon sens naturel les principes jansénistes qu’énonce
Gordon. La critique se développe autour de l’objection (10, l. 95-96, p. 67 : « mais »
et l’emploi du conditionnel ; 11, l. 27-28, p. 72 : interrogation ; 11, l. 56, p. 73 :
exclamation exprimant la protestation). L’Ingénu pousse Gordon dans ses derniers
retranchements : « [...] et il entassait tant de paroles qui paraissaient avoir du sens et
qui n’en n’avaient point [...] en avait pitié » (10, l. 102-104, p. 67), « Quoi ! dit-il en
lui-même, j’ai consumé cinquante ans à m’instruire [...] simple nature » (11, l. 67-71,
p. 74).
11 « Ainsi se passaient les jours, les semaines et les mois » (10, l. 152, p. 69) : cette
indication renforce la vraisemblance du récit dans la mesure où elle valide les changements intellectuels sentimentaux et moraux qu’une longue fréquentation opère
chez les deux hommes.
16 – Manichéisme : conception dualiste du bien et du mal : « Mais mon père [...]
et qui nous livre au mal n’est-il pas l’auteur du mal ? » (10, l. 97-100, p. 67).
– Déterminisme : doctrine philosophique selon laquelle les événements et les
actions humaines sont programmés par les faits antérieurs. Chap. 10 : « Il faut, dit le
janséniste au Huron [...] pour votre salut » (l. 19-22, p. 64) ; « Mon fils, tout est physique en nous [...] nous sommes les machines de la Providence » (l. 46-48, p. 65) ; « si
je pensais quelque chose [...] et non par des vues particulières » (l. 88-92, p. 67).
Étape 7 [À l’épreuve du monde, p. 138]
1 Voltaire articule les chapitres 13 et 14 selon le principe de l’entrelacement qui
lui permet de développer parallèlement les deux volets de l’intrigue et de suivre à la
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fois la destinée de l’Ingénu et celle de Mlle de Saint-Yves. Il assure la cohérence de
l’ensemble en mentionnant dans les chapitres consacrés aux prisonniers les personnages restés en Basse-Bretagne (10, l. 41-42, l. 114-116, l. 124-125, l. 155-160,
p. 64-70). L’unité de l’ensemble est également renforcée par les indices de temps qui
donnent des points de repère au lecteur : « Ainsi se passaient les jours, les semaines,
les mois » (10, l. 152, p. 69) ; « Le premier mois, on fut inquiet et, au troisième, on
fut plongé dans la douleur [...]. Au bout de six mois, on le crut mort » (13, l. 6-9).
8 Les jésuites constituent ici la cible principale de la satire : dans le passage des
lignes 42-48, Voltaire rapporte les trois démarches entreprises par le prieur qui
contacte successivement le révérend père La Chaise, l’archevêque et l’évêque de
Meaux. Pour mentionner l’immoralisme des jésuites occupés à leurs affaires amoureuses, il utilise les deux-points à valeur explicative que renforce la litote (« il était
avec », « le prélat était enfermé avec »).
Plus loin, Voltaire appuie la satire sur l’ironie (l. 52-54, p. 81), sur l’antithèse
(« affectueusement/n’y pensa plus », l. 67-68, p. 81 ; « bien/mal », l. 137-138, p. 85).
14 Un passage caractéristique du roman sentimental dans La Nouvelle Héloïse
VIe partie) :
– Julie meurt. Au désespoir, Claire (sa cousine et amie intime) « se roule par la
chambre en se tordant les mains, en mordant le pied des chaises, poussant des cris
aigus, [...] terrifiant toute la maison par ses convulsions ». Wolmar organise les funérailles et va porter la nouvelle « au déplorable père » qu’il laisse « accablé de douleur,
de ces douleurs de vieillard, qu’on n’aperçoit pas au-dehors, qui n’excitent ni gestes
ni cris, mais qui tuent ».
– La dernière lettre de Julie : « Adieu, adieu, mon doux ami [...]. Quand tu verras
cette lettre, les vers rongeront le visage de ton amante, et son cœur où tu ne seras
plus. »
15 Chap. 3, réflexion de Voltaire sur l’éducation : « Sa conception [...] sans nuage »
(l. 9-12, p. 31).
Le vocabulaire dépréciatif (« inutilités », « sottises ») traduit un jugement négatif
sur le contenu de l’éducation. Dans le chap. 14, Voltaire met en cause les « préjugés »
et « l’erreur » qui, dès l’enfance, dénaturent l’intelligence. Il met en question à la fois
l’instruction et la formation de la pensée, par opposition à « l’éducation sauvage » (on
notera l’oxymore !) qu’a reçue l’Ingénu.
16 La Chartreuse de Parme (Stendhal, 1839) :
Enfermé dans la forteresse de Parme, Fabrice del Dongo a le bonheur de retrouver Clélia Conti, la fille du gouverneur : « “Suis-je un héros sans m’en douter ?
Comment, moi qui avais tant peur de la prison, j’y suis, et je ne me souviens pas
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d’être triste ! [...] Quoi ! j’ai besoin de me raisonner pour être affligé de cette prison
[...].” Ainsi, quoique étroitement resserré dans une assez petite cage, Fabrice avait une
vie fort occupée ; elle était employée tout entière à chercher la solution à ce problème
si important : “M’aime-t-elle ?” » (chapitre 18).
Étape 8 [Le « marché », p. 140]
2 15, l. 46-66, p. 92-93 : le désir chez Saint-Pouange s’exprime par un langage et
une conduite de plus en plus pressants. Le resserrement dramatique se traduit par une
gradation : « insinua », « il fallut s’expliquer plus clairement », « un mot lâché d’abord
avec retenue [...] plus expressif », « non seulement... mais », « plus... plus ». Les gestes
et les paroles sont exacerbés par la résistance de la jeune fille (« se jeta à ses genoux »,
« redoublait les prières et les promesses », « c’était le seul moyen »). Le narrateur, luimême, intervient sous la forme d’une phrase de récit détournée par un modalisateur
(« la tête lui tourna au point que... »).
14 Pascal : Les Provinciales ou les Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites, (1656-57). Dans cet ouvrage, Pascal s’attaque
au discours des casuistes. La VIIe lettre (« De Paris, ce 25 avril 1656 ») est à cet égard
remarquable : sous la forme d’un dialogue argumentatif, Pascal s’attaque à la « direction d’intention », méthode habile par laquelle les jésuites justifient le mal. Comme
dans L’Ingénu, l’argumentation du jésuite est un modèle de raisonnement dévoyé
dans lequel l’apparente logique sert le détournement de la morale. Portant principalement sur les thèmes de la vengeance et du duel, le discours, truffé de syllogismes,
s’appuie sur le texte des Évangiles dont il donne une lecture corrompue d’apparence
rationnelle : « Ce n’est pas qu’autant qu’il est en notre pouvoir nous ne détournions
les hommes des choses défendues ; mais, quand nous ne pouvons pas empêcher l’action, nous purifions au moins l’intention ; et ainsi nous corrigeons le vice du moyen
par la pureté de la fin [...]. Voilà par où nos Pères ont trouvé moyen de permettre les
violences qu’on pratique en défendant son honneur ; car il n’y a qu’à détourner son
intention du désir de vengeance, qui est criminel, pour la porter au désir de défendre
son honneur, qui est permis selon nos Pères. Et c’est ainsi qu’ils accomplissent tous
leurs devoirs envers Dieu et envers les hommes. Car ils contentent le monde en permettant les actions ; et ils satisfont à l’Évangile en purifiant les intentions. » On mettra ces lignes en relation avec le discours du jésuite dans L’Ingénu : « Les actions ne
sont pas d’une malice de coulpe quand l’intention est pure, et rien n’est plus pur que
de délivrer votre mari » (16, l. 33-35, p. 95).
15 Tartuffe (1669), III, 3 : Tartuffe tente de séduire Elmire en utilisant, comme
le jésuite de L’Ingénu, un discours à double sens dans lequel le sous-entendu et l’allu-
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sion nourrissent l’argumentation implicite. On lira principalement les deux tirades
de Tartuffe : v. 933-960 (« L’Amour qui nous attache aux beautés éternelles/
N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles... »), v. 966-1000 (« Ah ! pour être
dévot, je n’en suis pas moins homme... »). Chez les deux jésuites, le vocabulaire moral
et religieux est détourné sur un objet profane, mais chez Voltaire, le discours se veut
une démonstration rationnelle alors que, chez Molière, la scène est plus sensuelle, les
gestes accompagnent la parole car Tartuffe n’arrive pas à contrôler son désir.
Étape 9 [Le sacrifice, p. 142]
3 Mlle de Saint-Yves s’est frottée aux réalités du monde : « Que j’apprends à
connaître les hommes ! » (17, l. 22-23, p. 98). Dans les lignes 21-29, les constructions
exclamatives traduisent son indignation et son désespoir ; le champ lexical montre
son désarroi (« iniquités, persécute, désastre, déshonorer, perdre, pièges, tomber,
misère »). Toutefois les solutions qu’elle envisage traduisent son honnêteté fondamentale (« Il faut que je me tue ou que je parle au roi », l. 27), de même que son refus
ulcéré des boucles en diamant (l. 37-38, 41-43, 45-47, p. 98-99) et le combat qui
précède le sacrifice (« Elle combattit la journée entière », l. 43 ; « après une longue
résistance », l. 55, p. 99).
15 Les deux amoureux sont séparés depuis six mois (13, l. 8-9, p. 79) ; le Huron
a été baptisé onze mois auparavant (13, l. 58, p. 81).
16 Plusieurs sites Internet proposent des documents iconographiques :
Le Louvre : http://www.louvre.edu et http://www.louvre.fr ; le musée d’Orsay :
http://www.musee-orsay.fr. De nombreux autres sites sont présentés et commentés à
l’adresse In f(x) venenum, <http://frederic.ferre.free.fr> dans la section Lettres / Fous
d’art.
Étape 10 [Retour en Basse-Bretagne]
5 L’arrivée de l’amie de Versailles est un coup de théâtre qui va précipiter la maladie et la mort de Mlle de Saint-Yves et donc actionner le dénouement.
15 En dépit de la mort de l’héroïne, le paragraphe de conclusion dénoue l’action
sur une note optimiste : Voltaire donne à chacun des personnages une raison d’être
satisfait. En expliquant le sort réservé aux personnage principaux, il respecte le rituel
narratif du conte.
18 La mort de l’héroïne est un motif récurrent dans les romans du XVIIIe siècle :
Manon Lescaut meurt d’épuisement dans les bras du chevalier des Grieux (IIe partie) ;
Virginie perd la vie dans un naufrage sous les yeux de son amant. Dans La Nouvelle
Héloïse (voir p. 12, étape 7, réponse 14), Julie, qui s’est jetée à l’eau pour sauver l’un de
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ses enfant, ne survit pas à ce choc. Avant de mourir, elle écrit à son amant qu’elle n’a
jamais cessé de l’aimer et elle lui conseille d’épouser Claire, sa cousine et amie intime.
M. de Wolmar raconte à Saint-Preux les derniers instants de sa femme (VI, 2).
Dans les trois récits, la mort de l’héroïne actionne le dénouement et donne lieu à
des scènes de registre pathétique. Chez Bernardin de Saint-Pierre, le héros ne survit
pas à sa bien-aimée, conformément à la tradition de la passion fatale dont on trouve
le prototype dans Tristan et Yseut. Chez Rousseau, Saint-Preux se consacrera aux
enfants de Julie, tandis que chez L’abbé Prévost, le héros renouera avec la vertu.
19 Comédie larmoyante : nom donné à la comédie sentimentale au XVIIIe siècle,
en France et en Angleterre. Ce genre sert de transition entre la comédie classique du
XVIIe siècle et la comédie sociale du XIXe siècle. Précurseur du drame bourgeois de
Diderot, la comédie larmoyante témoigne d’une volonté de « sentimentaliser » le
comique. On retrouve dans L’Ingénu tous les ingrédients de ce genre dramatique :
thèmes du sacrifice, de la mort, du désespoir ; mise en scène spectaculaire de sentiments extrêmes ; registre pathétique.
Étape 11 [Synthèse]
2 L’action occupe un an : « le jeune homme, qui s’était formé par un an de
réflexion » (19, l. 63-64, p. 107) ; « comme l’année passée » (19, l. 145, p. 111).
8 L’amour est conçu comme une passion unique, éternelle et fatale (mort de l’héroïne). Le couple Ingénu/Mlle de Saint-Yves est uni par le sentiment mais aussi par
une identité de nature : tous deux sont purs (Mlle de Saint-Yves garde son innocence
dans la chute).
16 – Jusqu’au chap. 13, Voltaire nomme son héroïne « Mlle de Saint-Yves ». Le
titre du chap. 13 « La belle Saint-Yves va à Versailles » annonce un jeu savant sur les
épithètes : « la belle recluse Saint-Yves » (l. 6, p. 79), « la belle Saint-Yves » (l. 71, 81,
103, 145, p. 82-85).
– Chap. 15 : « la belle Saint-Yves » (l. 1, p. 90), « la Saint-Yves » (l. 12, 50, 57,
p. 90-92) ; « Saint-Yves » (l. 61).
– Chap.16 : « la belle et désolée Saint-Yves » (l. 1, p. 94), « la pauvre fille » (l. 13,
p. 94), « la belle Saint-Yves » (l. 58, p. 96).
– Chap. 17 : « la belle saint-Yves » (l. 21, p. 98), « cette âme désespérée » (l. 35),
« Saint-Yves » (l. 37, 41, 47, 53, p. 99).
– Chap.18 : « la belle Saint-Yves » (l. 34-35, 40, 49; p. 101-102), « l’heureuse et
désolée Saint-Yves » (l. 86, p. 103).
– Chap.19 : « la belle saint-Yves » (titre, l. 47, 58, 81, p. 106-108), « la généreuse
et respectable infidèle » (l. 1, p. 105), « la charmante Saint-Yves » (l. 15, p. 105),
« Saint-Yves » (l. 72, 77, p. 108), « la belle et généreuse Saint-Yves » (énonciation de
l’Ingénu, l. 142-143, p. 111), « la tendre Saint-Yves » (l. 153, p. 111), « sa belle maîtresse » (l. 159, p. 111), « cette fille malheureuse » (l. 194-195, p. 113), « la triste
Saint-Yves » (l. 214, p. 114).
– Chap.20 : « la belle Saint-Yves » (titre, l. 53, p. 115-117), « cette fille si chère »
(l. 58, p. 117), « la belle et infortunée Saint-Yves » (l. 98, p. 119), « la tendre SaintYves » (l. 202-203, p. 123).
La caractérisation a différentes fonctions :
– convention romanesque, elle entre dans la tradition du roman sentimental et
du roman d’aventures qui tend à caractériser fortement ses personnages, et à faire
varier cette caractérisation en fonction des épisodes et de la progression dramatique ;
– elle traduit l’admiration du narrateur (ex. : « la belle Saint-Yves ») ou les sentiments de l’Ingénu (ex. : « la belle et généreuse Saint-Yves ») ;
– elle traduit la participation affective du narrateur à l’action (ex. : « la pauvre
fille ») ;
– elle explicite les sentiments de la jeune fille (ex. : « la triste Saint-Yves »).
17 La devise du Monde comme il va (1748) : « Il résolut de ne pas même songer
à corriger Persépolis, et de laisser aller le monde comme il va car, dit-il, “si tout n’est
pas bien tout est passable” » traduit l’optimisme de Voltaire.
La devise de Candide ( 1759) : « Il faut cultiver notre jardin » est une solution de
sagesse. Après une multitude d’aventures, Candide, chassé du paradis terrestre, nous
invite à un repli et à une action limitée sur notre environnement immédiat : ainsi
naît le mythe du jardin, porte ouverte sur l’idéal d’une religion naturelle et d’un
humanisme raisonnable.
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de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation,
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