RH : Citations pour expo Salon du Livre

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RH : Citations pour expo Salon du Livre
Citations de Robert Hainard
où l'on retrouve:
- Le Philosophe
Un jour viendra, et plus tôt qu’on ne pense, où le degré de
civilisation se mesurera non à l’emprise sur la nature, mais à
la quantité et à la qualité, à l’étendue et à la sauvagerie de
nature qu’elle laissera subsister.
Défense de l’image (1967), p.28
La terre de l’avenir ne doit pas être une Métropolis de béton
et d’acier, ni vivre au ronron du rouet de Gandhi, elle serait
plutôt îlots de superconfort et d’exploitation intensive au
milieu de la nature sauvage.
Expansion et nature (1972), p.156
Pendant des millénaires, nous nous sommes prévalus de la
raison pour nous mettre au-dessus de l’animal. Le temps
vient de nous targuer de nos facultés animales pour nous
distinguer du robot et justifier notre existence.
Expansion et nature (1972), p.94
Le jour où il n’y aura plus d’artisan, où l’ouvrier n’aura plus à
tâter la matière, à la sentir, à sympathiser avec elle; le jour
où il suffira d’appuyer sur le bouton d’une machine agissant
selon une carte perforée, où la rapidité et la force de cette
pression ne compteront plus, ce jour-là toute nuance aura
disparu de la pensée humaine, si complexes que soient les
montages répondant par oui ou par non.
Défense de l’image (1967) p.111
Mon père nous apprenait à oublier la signification de ce que
nous voyions, pour n’observer qu’un ensemble de taches
colorées, leurs rapports de forme et d’intensité, leurs limites
nettes ou floues.
… A mon sentiment, voilà ce qui fait la bonne peinture:
ramener un ensemble de sensations infiniment riches et
complexes, sans les trahir, à un système de tons, de taches,
aussi simple, aussi évident que possible.
… Sinon, la peinture n’est que décoration, document
ethnographique, historique ou psychologique.
Défense de l’image (1967), pp.div.
Il se peut qu’une œuvre forte et vraie choque. Celle qui plaît à
la fois aux gens simples et aux raffinés a bien des chances
d’être plus grande.
Défense de l’image (1967), p.134
Ressentir sa personnalité comme singulière, cultiver ses
particularités, c’est un retour sur soi peu compatible avec
l’élan conquérant. C’est contamination du peintre par le
critique d’art. C’est narcissisme, coquetterie peu virile. Je
suis un peintre plutôt classique, si l’on entend par là plus
soucieux d’assumer la condition humaine que de se
singulariser, plus occupé de l’homme face au monde que de
sa personne vis-à-vis du prochain. Je veux ma vision bien
mienne. Mais je la voudrais si profonde, si essentielle, que le
spectateur m’oublie et la reconnaisse comme sienne.
Défense de l’image (1967), p.153
- Le peintre
- au sujet de la peinture à l'huile
…je fais aussi des peintures, bien que je n’en expose guère et
ne vende que mes gravures (et sculptures) à l’exclusion de
toute étude et croquis. L’huile, j’en fais de moins en moins,
faute de temps. En outre ce procédé, magnifique dans
d’autres mains, je ne l’emploie jamais sans pester contre
cette sale pommade. Il est pour moi trop souple, un peu épais
et grossier. Je l’emploie de façon toujours différente et je
crois bien n’avoir, à l’huile, aucun style.
Défense de l’image (1967), p.108 sq.
- Au sujet de l’aquarelle
Dans le sac qui ne me quitte pas j’ai toujours, à côté de ce
qu’il faut pour un croquis, de quoi faire de l’aquarelle. J’ai fait
d’innombrables paysages, brusquement saisis lorsque je
rôdais à la recherche des bêtes, sabrés en une demi-heure à
une heure et demie de lutte inégale contre une palette
desséchée par des semaines d’abandon, contre la pluie ou le
gel. C’est ce que je fais de plus direct, de plus sensoriel.
Défense de l’image (1967), p.109
- Le Graveur
Rien ne me paraît vraiment réalisé, qui ne soit gravé. J’y
trouve bien des raisons : le goût de travail manuel, une
hérédité horlogère; l’amour du bois et de l’outil tranchant, de
la taille; des combinaisons ingénieuses, du travail net et
franc, dans une matière ferme. Une sensibilité tactile et
musculaire, toute mêlée à la sensibilité visuelle. Ces
éléments-là ont peut-être bien été déterminants dans ma
vocation première de sculpteur sur bois. Le façonnage du
bois est un des plus naturels qui soit, il s’accommode le
mieux d’instruments très simples et presque primitifs. Un
couteau peut y suffire. Le bois est ferme sans être d’une
dureté inhumaine.
Défense de l’image (1967), p.111
Si l’on s’étonne un jour de la surface de bois que j’ai gravée,
on pourra dire que j’y ai mis la patience et presque la
continuité de l’eau usant le rocher. En effet, quand je ne suis
pas en chasse, je travaille à peu près tant que je ne dors ou
ne mange.
… La gravure est longue. Mais tout est long à faire bien et je
ne pourrais travailler de façon si continue si cela ne
comportait pas tant de travail manuel.
Défense de l’image (1967), p.130
- Le Sculpteur
S’il m’arrive d’avoir saisi l’animal en une seule occasion et
presque d’une seule vision, mes sculptures sont presque
toujours établies d’après de nombreux croquis. C’est toute
une géométrie descriptive (mon père l’enseignait et y était
très fort, c’est la science de notre art), une stéréotomie
même. Laborieusement la forme résulte de ses divers
aspects, des croquis faits par devant, de profil, par derrière,
par dessus ou par dessous, de tel agencement de volumes
surpris de trois-quarts ou soulignés par un coup de soleil.
…Et puis il y a un sens inné de la nuance, de l’inflexion
exacte de la forme, sans lequel il n’y a pas de sculpture.
Défense de l’image (1967), p.136
Mon maître Edouard Collet m’a appris ce métier pour le
bois au cours de quatre belles années, je lui en serai
toujours reconnaissant.
Défense de l’image (1967), p.140
Toute ma vie, je me suis fait du
souci pour la nature.
Dans l'immédiat, j'avais peut-être
raison, à long terme, j'ai sûrement
tort. Nous avons plus besoin de la
nature qu'elle n'a besoin de nous.
Peut-être pouvons-nous lui infliger
des dégâts irréparables comme
exterminer quelques-unes de ces
espèces sur la genèse desquelles
nous n'avons que des hypothèses
bien peu satisfaisantes. Dans la
durée, elle aura le dernier mot ou
plutôt celui qui ne sera jamais le
dernier. Elle est le grand Tout qui
étale, amortit les secousses que
nous pouvons causer.
Images du Jura sauvage (1987), p.121
... Du travail obscur et innombrable
de l'humus,
des plantes,
des arbres,
à l'animal furtif,
chacun va à sa tâche,
responsable d'une part du monde.
Images du Jura sauvage (1987), p.121
Photo N.Crispini, 6.2.1987

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