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Sabine Weiss
Les instants fugaces de l’humanité ou l’amour de la vie
" Je n'aime pas les choses très éclatantes, mais plutôt la sobriété... Il ne
s'agit pas d'aimer bien, il faut être ému. L'amour des gens, c'est beau.
C'est grave, il y a une profondeur terrible. Il faut délasser l'anecdote,
dégager le calice, le recueillement. Je photographie pour conserver
l'éphémère, fixer le hasard, garder en image ce qui va disparaître :
gestes, attitudes, objets qui sont des témoignages de notre passage.
L'appareil les ramasse, les fige au moment même où ils disparaissent ".
Sabine Weiss.
Ainsi Sabine Weiss, la discrète, encore pas assez célébrée à juste et
immense mesure, définit son art photographique. Elle fut l’une des
fondatrices de la « photographie humaniste ». Mais nul photographe, pas
plus Doisneau que d’autres n’a eu d’influence sur elle qui regardait plutôt
les peintres que les images de ses pairs.
Avec son regard malicieux et tendre, Sabine Weiss a tissé de tendresse
le monde qui l’entoure. Pour elle comme pour ses amis Ronis, Doineau,
Cartier-Bresson, la photographie n’est pas qu’une affaire de langage,
mais un chant pour les hommes, un regard à hauteur d’enfance.
Vers le grand large des regards d’enfant, des visages arrachés au temps
qui passe, ses images sont des petits poèmes qui rendent plus large le
paysage humain.
Dans ce présent qui s’absente, elle sème les petits cailloux blancs de
son amour de la vie. Tout ce qui est en partance trouve un port d’attache
dans sa galerie fraternelle. Sabine Weiss offre une photographie en
partance, pour une terre en partage. Ses photographies semblent vouloir
briser l’exil des migrants, en faisant rayonner les visages des enfants, en
rendant sensibles tous les instants fugaces.
Lumières, gestes, regards, mouvement, silence, repos, détente je
voudrais tout incorporer dans cet instant pour que s'exprime avec un
minimum de moyens l'essentiel de l'homme…Mes photos expriment un
certain amour que j’ai pour la vie. explique-t-elle.
En illuminant, en révélant, la poésie posée au cœur de ses semblables,
Sabine Weiss redonne une présence au monde, une patrie à ses
semblables, ses frères.
Son œuvre est un voyage vers toutes les lignes du monde, au-delà des
apparences et du raisonnable. Tout frissonne de tendresse dans ses
clichés, il passe un vent d’empathie, des caresses de femme qui
remplissent une vie.
On se souvient de ses photos comme on se souvient des mots
murmurés. Une célébration des vertiges des gens qui passent, des rêves
d’enfants, émane comme des ballons s’envolant dans une lumière de
printemps de ses images. Alors s’entrouvrent bien des recoins cachés
de l’humanité.
Robert Doisneau dit à propos des photographies de Sabine Weiss :
« Ses scènes, en apparence inoffensives, ont été inscrites avec une
volontaire malice juste à ce moment précis de déséquilibre où ce qui est
communément admis se trouve remis en question ».
Une enfance persiste toujours dans son regard. Elle déroule les carnets
nomades de l’humanité, l’amour des autres probablement.
Et ainsi il existe une petite planète où les pieds dans les nuages, on peut
regarder voir une œuvre de vie.
Ce sont les photos de Sabine Weiss.
Soixante-dix ans de compassion en photographie
Mes photos ont une certaine qualité qui n'est que le reflet de moi-même
dans mes rapports avec les gens. Une certaine tendresse pour les êtres,
pour leur solitude ou leurs émotions retenues. Elles expriment un certain
amour que j'ai pour la vie".
Sabine Weber est née le 23 juillet 1924 à Saint-Gingolph en Suisse. Elle
porte le nom Weiss par son mariage. Elle commence à photographier
dès l'enfance à l'âge de douze ans, initiée par son père, après avoir
acheté son premier appareil photo avec son argent de poche. Peu
inclinée vers les études, elle décide d’être photographe par plaisir,
encouragée par son père.
C'est mon métier. Je l'ai choisi, très jeune, et mon père m'a soutenue en
me présentant au meilleur photographe de studio de Genève : Frédéric
Boissonnas.
Elle y apprend la technique de 1942 à 1945, et obtient son diplôme de
photographe. Elle ouvre un atelier à Genève, puis part s'installer
définitivement à Paris en 1946 avec son Rolleiflex en bandoulière.
Elle n'a que 22 ans lorsqu'elle devient l'assistante de Willy Maywald,
célèbre photographe de mode, connu pour ses collaborations avec de
grands couturiers comme Christian Dior, Jacques Fath ou Jacques
Heim.
Elle dit de cette période :
« Quand je suis venue à Paris, j'ai pu travailler chez Maywald à qui un
ami m'avait recommandée. J'y ai travaillé dans des conditions
inimaginables aujourd'hui, mais avec lui j'ai compris l'importance de la
lumière naturelle. La lumière naturelle comme source.
Puis elle décide, lassée par ce travail, de devenir photographe
indépendante en 1950. Alors commence la chasse aux commandes et
aux diverses « spécialisations » : mode, publicité, photo reportage… Et
la chance de décrocher des contrats ses contrats avec les plus grands
magazines aussi bien français qu’américains. Elle a également collaboré
avec des magazines à la fois aux États-Unis et en Europe - le magazine
LIFE, Vogue, Paris Match, Newsweek, etc.).
« C'est ce qui m'a permis de vivre de mon travail, d'être indépendante.
C'est une chance et j'en ai eu. »
Elle voyage sans cesse, Portugal, Grèce, Égypte et en Inde. 50 années
à sillonner l'ensemble de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique
comme photojournaliste.
« La petite abeille » est une acharnée du travail et multiplie les
commandes.
Lors d'un voyage en Italie, elle fait la connaissance de Hugh Weiss, un
peintre américain, qui devient son mari en 1950. Elle fréquente le milieu
de l'art, et rencontre Cocteau, Utrillo, Rouault, et se lie d'amitié avec
Jacques Henri Lartigue.
Depuis, grande amatrice de musique et d'art, elle a eu l'occasion de
photographier quelques-uns des plus grands noms dans ces domaines
tout au long de l'histoire, de Fernand Léger et F. Scott Fitzgerald à Igor
Stravinski, Braque, Bacon, Stan Getz, Robert Doisneau, Pablo Casals,
Joan Miro, Henri Moore, Leonard Bernstein, Zadkine, Dimitri
Chostakovitch, Clara Haskil, Marc Chagall, Dubuffet., Fernand Léger
Benjamin Britten, Francis Scott Fitzgerald, Pablo Casals ou Stan Getz,
Fernand Léger et Alberto Giacometti son ami.
Elle a obtenu la nationalité française. En1949, et elle s'installe boulevard
Murat à Paris où elle vit toujours avec ses photos et son chat.
En 1952, elle signe un contrat avec le magazine Vogue, tandis que
Robert Doisneau lui propose de rentrer dans l'agence Rapho.
Elle se spécialisera, entre autres, dans la photographie de mode et de
célébrités issues du monde de la création artistique (musique, littérature,
arts plastiques). Elle utilise essentiellement le noir et blanc, et axe sa
recherche sur un cadrage précis, une certaine qualité de lumière, des
ambiances, des atmosphères suivant son expression. Elle signe la même année un contrat avec la revue Vogue qui prendra fin
en 1961. Elle obtient la reconnaissance en 1955, quand Edward
Steichen sélectionne trois de ses clichés pour figurer dans l'exposition
devenue mythique " Family of Man ". Elle partage son activité de
photographe indépendante avec des photos de commande, pour la
presse (Paris-Match, Life, Time, Newsweek, Town and Country, Fortune,
Holidays, European Travel, Esquire) et la publicité.
Mais elle n’oublie jamais son éthique :
Je témoignais, je pensais qu'une photo forte devait nous raconter une
particularité de la condition humaine. J'ai toujours senti le besoin de
dénoncer avec mes photos, les injustices que l'on rencontre…
Avec son côté artisan, refusant de se croire artiste elle aura témoigné
sur « la famille humaine ».
Il faut témoigner, dire, montrer que l'on ne vit pas de richesses
matérielles, je ne suis pas une artiste, pas moi, d'autres oui, mais pas
moi, ceux qui créent, oui, mais pas moi ; Giacometti, oui, voila un artiste,
j'ai fait des portraits de lui.
Les greniers de la tendresse
« Le photographe est lié à l’instant, cet instant fugitif et merveilleux qu’il
faut saisir tout en composant l’impact visuel de la photographie »,
raconte-t-elle.
Les photos de Sabine Weiss ne sont pas des greniers de la mémoire
aux caisses débordantes de nostalgie, ce sont des greniers de tendresse
où les visages apparaissent comme des poupées,
On ne saurait photographier que la tête pleine des coïncidences de la vie
et de l’atelier intérieur de toutes les traverses du temps à la rencontre
des autres.
Éloge des sourires dérobés, son art photographique est à la confluence
de l’humain.,
« Je témoignais, je pensais qu'une photo forte devait nous raconter une
particularité de la condition humaine. J'ai toujours senti le besoin de
dénoncer avec mes photos, les injustices que l'on rencontre. » - « Je
n'aime pas les choses très éclatantes, mais plutôt la sobriété… il ne
s'agit pas d'aimer bien, il faut être ému. L'amour des gens, c'est beau.
C'est grave, il y a une profondeur terrible. Il faut dépasser l'anecdote,
dégager le calice, le recueillement. Je photographie pour conserver
l'éphémère, fixer le hasard, garder en image ce qui va disparaître :
gestes, attitudes, objets qui sont des témoignages de notre passage.
L'appareil les ramasse, les fige au moment même où ils disparaissent ».
Elle n’aime pas être classée dans une catégorie trop précise :
photographe d’enfant, de mode, de publicité, de célébrités. Elle fut tout
cela, et elle photographie par plaisir en se « jetant dedans ».
Avec son art du cadrage, des lumières, elle sait créer une ambiance,
faire vivre des atmosphères. Que ce soit dans un regard d’enfant, un
paysage, des natures mortes qu’elle aime tant, des poussins, une ville,
elle sait voir la douce fragilité du monde, l’instant de grâce des êtres et
des choses. Pudeur et amour elle est témoin, dénonçant l’injustice de la
solitude. Par une photo très simple, elle restitue son certain regard.
Depuis toujours, Sabine Weiss aime photographier les enfants.
Sans misérabilisme, sans dolorisme, sans la moindre recherche du
lacrymal ou du sensationnel, Sabine Weiss rencontre les regards des
enfants, les croisent avec l’enfant en elle, en confiance réciproque, en
complicité.
Leurs regards nous subjuguent, nous émeuvent, nous
interrogent, nous séduisent...
Sa passion pour les portraits de musiciens, de peintres, d’écrivains, est
une tentative de capter l’intérieur des artistes.
Bercée dans son milieu familial dans la proximité des créateurs, mariée
à un peintre américain, elle a réalisé de nombreux portraits d'artistes, car
elle a vécu dans le milieu de l'art, à Montparnasse où elle vivait, elle a
réalisé de nombreux portraits d'artistes. Elle aura noué une profonde
amitié avec plusieurs, dont Giacometti. :
On pourrait dire que ces portraits d'artistes plasticiens, musiciens,
écrivains et acteurs, sont une projection de sa propre vie, de ses amitiés
et de ses rencontres. Parfois les images sont des études, parfois elles
sont saisies au vol lors d'une conversation ou dans un vernis-sage ou
une répétition ou encore commandées par des éditeurs ou maisons de
disques qui connaissaient la qualité de son regard. Toutes, par leur force
ou leur sensibilité, tentent de pénétrer le mystère du personnage
énigmatique qu'est l'artiste. Hugh Weiss – 2003.
Aucune de ses photos n’est posée. Elle s’approche avec humilité,
empathie de ses modèles, elle établit un contact, elle ne dérobe pas.
Dans son objectif elle dit beaucoup des gens, sa photo est une approche
fraternelle, un geste vers l’autre.
Ce qui m’intéresse c’est l’homme, et de montrer ce qu’il a en lui et le
faire apparaître dans une photo très simple. Aucune photo posée !
Le rapport avec les gens doit primer avant tout esthétisme.
Photographe femme au milieu d’un univers un peu machiste elle apporte
sa part de tendre émerveillement devant la vie. Elle qui a tant voyagé,
tant fait de reportages n’a jamais perdu sa curiosité presque candide,
son regard sans cruauté sur tout. Son amour des gitans de Camargue,
sa tendresse pour les musiciens des villes et des campagnes, ses
« intimes convictions », elle nous montre tout cela, modestement, « en
passant », sans s’attarder, mais consciente d’avoir su recueillir des
moments fugaces.
Sa photographe utilise essentiellement le noir et blanc, et axe sa
recherche sur un cadrage très précis, une certaine qualité de lumière,
des ambiances… Elle fait de la photographie un art de vivre, en
arpentant les rues de Paris, souvent la nuit, pour trouver des sujets
variés, mais toujours proches de l’homme dans ses moments universels
: scènes de rue, solitudes, enfants, croyances, figures humaines dans le
brouillard, fugacité d’une émotion… On retrouve dans sa production
beaucoup d’enfants, de vieillards, de sourires de stars… Tous reliés par
une caractéristique commune de spontanéité et simplicité.
« J'aime beaucoup ce dialogue constant entre moi, mon appareil et mon
sujet, ce qui me différencie de certains autres photographes qui ne
cherchent pas ce dialogue et qui préfèrent se distancier de leur sujet ».
Elle s’attache au travers de ses clichés à "montrer simplement et
sobrement, sans lieu, ni but, la vie et les gens"
Sabine Weiss montre la vie et les gens sans mise en scène, sans code,
sobrement, discrètement, naturellement. Tout près de ses modèles elle
sait capter leur lumière.
Bulles irisées, ballons rouges flottant vers le ciel de l’éternelle enfance,
les images de Sabine Weiss montrent la vie et les gens, la force de la
vie.
Témoin et non « artiste » plutôt artisan, elle pose ses photos comme des
ex-voto, prétexte à frapper à la solitude des gens, aux visages des
pauvres, aux sourires des enfants, aux mystères des gens, et des rues
la nuit. Sa compassion douce irradie ses images qui semblent toutes
spontanées, instantanées.
Lumière, geste, regard, mouvement, silence, tension, détente. Je
voudrais tout incorporer dans cet instant pour que s’exprime avec un
minimum de moyens, l’essentiel de l’homme.
Sabine Weiss, Intimes convictions.
GIl Pressnitzer
Site officiel de Sabine Weiss : http://sabineweissphotographe.com/
Copyright : toutes les images sont la propriété de Sabine Weiss
(Copyright©Sabine Weiss 1945-2013. Tous droits réservés.)
Bibliographie source Wikipedia
1962 J'aime le théâtre, Éditions Rencontres, Suisse.
1969 Une semaine de la vie de Daniel, Éditions Mac Millain, USA.
1978 En passant, Éditions Contrejour, France.
1982 Marchés et Foires de Paris, Éditions ACE, France
1989 Intimes convictions, par Claude Nori, Éditions Contrejour, France
1992 Hadad, Peintres, Éditions Cercle d'Art
1992 Vu à Pontoise, Éditions municipales
1995 La Réunion, Éditions de la galerie Vincent, Saint Pierre
1996 Bulgarie, Éditions Fata Morgana
1997 Giacometti, Éditions Fata Morgana
1997 Des enfants, texte de Marie Nimier, Éditions Hazan, ISBN 2-85025574-2
2000 Poussettes, charrettes et roulettes, musée de Bièvres
2000 André Breton, texte de Julien Gracq, Édition Fata Morgana
2003 Sabine Weiss soixante ans de photographie, par Jean Vautrin et
Sabine Weiss aux Éditions de La Martinière.
2004 Claudia de Medici par Sabine Weiss
2006 "Musiciens des villes et des campagnes" par Sabine Weiss,
Gabriel Bauret et Ingrid Jurzak (Filigranes Editions, ISBN 9 782350
460741)
2007 See and Feel , aux Éditions ABP (Pays-Bas).
2010 "Masques et Rites", Burkina Faso, dans la revue d'art TROU no. 20
TROU XX