Yannick Morat et Jérôme Camps, Sport 2000 « Renforcer les
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Yannick Morat et Jérôme Camps, Sport 2000 « Renforcer les
le grand entretien © Gil Quemoun réseau montagne, avec l’équipe de permanents dirigée par Bruno Lenglart. Celui-ci va se traduire dès ce mois de janvier par la diffusion d’un spot télévisé avec Luc Alphand, l’ambassadeur de notre réseau montagne. Aujourd’hui, en montagne, la bagarre porte sur les prix. Les enseignes ne sont pas suffisamment différenciées. Notre stratégie repose sur trois piliers : la refonte de notre site internet de location, le renforcement de la qualité du service, et la mise en place de synergies avec le réseau plaine, telle qu’une politique de fidélisation commune. Ainsi, les clients pourront utiliser leurs points fidélité indifféremment chez Sport 2000 en montagne et en plaine. Yannick Morat et Jérôme Camps, Sport 2000 « Renforcer les synergies entre les réseaux de plaine et de montagne » Comment a été accueillie votre nouvelle stratégie de marketing et de communication ? Y.M. – Les consommateurs ont été un peu interpellés car le personnage de Raymond Domenech ne laisse pas indifférent. Ils en ont parlé à nos adhérents, parmi lesquels il y avait les « pour » et les « moins pour », mais globalement notre réseau s’est montré enthousiaste. On peut dire que l’effet recherché est réussi puisque nous avons atteint le consommateur. Cela dit, nous n’en sommes qu’au tout début du plan de communication. Il est donc trop tôt pour tirer des conclusions sur notre notoriété. Disons que la tendance est bonne… En vous définissant comme sélectionneur de marques, cherchezvous à vous recentrer sur la pratique sportive au détriment de la mode ? Y.M. – En fait, l’offre Sport 2000 a été articulée depuis des décennies autour du sport et de la mode. Notre nouveau positionnement autour de la sélection des marques est adapté à la fois à la mode et au sport, car notre métier est d’aider le consommateur à choisir le meilleur produit parmi les meilleures marques, qu’il s’agisse de sport ou de mode. Six mois après le lancement de la campagne Domenech, symbole du repositionnement de l’enseigne, Yannick Morat, président de Sport 2000 France, et Jérôme Camps, président de la coopérative Sport 2000 et administrateur « montagne », dressent un bilan d’étape du groupement. Et témoignent de leur complémentarité à la tête du groupement. 30 filièresport n°13-14 Sport 2000 France en chiffres • 550 M€ de chiffre d’affaires (2012) 564 magasins, dont : • 240 magasins en plaine • 215 magasins de montagne • 15 Mondovélo, 3 Espace Montagne, 30 S2 Janvier-février 2014 Source : Sport 2000 estimations, l’évolution de notre chiffre d’affaires devrait être positive à périmètre identique sur l’année 2013. Le réseau montagne suit-il la même évolution que celui de plaine ? Jérôme Camps – L’enneigement précoce a permis à certains magasins d’ouvrir avec trois semaines d’avance et de donner l’envie aux consommateurs de chausser les skis… Mais le plus important, c’est le programme que nous avons engagé pour notre © Gil Quemoun Comment Sport 2000 a-t-il traversé 2013 ? Yannick Morat – L’année a été tendue mais nous avions pris les devants, car 2013 était annoncée comme mauvaise. Nous avons suivi au plus près l’activité du réseau, surveillé nos opérations, nos volumes de stocks, etc. Finalement, l’année aura été « moins pire » que prévu. De plus, nous avons repris la parole en communication, avec une nouvelle égérie (Raymond Domenech, NDLR ) et un positionnement clair. Selon nos premières Confrontées à un marché textile devenu plus difficile, d’autres enseignes de sport prônent à l’inverse un recentrage sur le sport… Y.M. – L’activité mode n’est pas ‘‘difficile’’ chez Sport 2000. Nous bénéficions globalement d’un bon équilibre entre sport et mode. De toute façon, pour avoir un business modèle rentable, on ne peut se passer ni de l’un, ni de l’autre. Mais peut-on se passer de marques propres ? Y.M. – On peut s’en passer si les marques nous aident en partie à compenser le manque de marge qui en résulte. Notre parti pris n’est pas d’apporter au consommateur un énième produit à marque propre avec un prix barré, mais de sélectionner le produit technique ou mode qui lui convient en termes de plaisir ou d’usage. Aux marques de profiter de cette opportunité pour mieux s’exprimer. Les fournisseurs accueillent notre positionnement de manière très positive, ce qui est logique puisque nous leur laissons 100 % de l’espace en magasin. Nous les sentons plus ouverts à la discussion sur les produits, les taux de sorties et de rotation. Autrefois, le travail des fournisseurs s’arrêtait une fois que le produit était livré. Aujourd’hui, il faut chercher la performance globale. L’année 2014 sera celle de la Coupe du monde de football. Avez-vous senti un frémissement des ventes de replicas après la qualification de l’équipe de France ? On ne peut pas encore parler d’engouement... La qualification de l’équipe de France, c’est bon pour le moral des consommateurs et c’est surtout un vrai soulagement pour nous, compte-tenu des engagements que ... « Pour avoir un business modèle rentable, les magasins ne peuvent se passer ni du sport, ni de la mode. » filièresport n°13-14 Janvier-février 2014 31 « En montagne, la bagarre porte sur les prix. Les enseignes ne sont pas assez différenciées. » ... nous avons pris. Nous l’avons intégrée dans notre plan de communication avec une opération sur le thème du Brésil. Si nous avons dû mettre entre parenthèses notre partenariat avec l’équipe de France, le football reste inscrit dans l’ADN de Sport 2000. Nous espérons bien renouer la Fédération française de football lorsque nous aurons les moyens de le faire. Où en est le développement du réseau Sport 2000 ? Y.M. – Nous sommes dans les clous. En 2013, nous avons 20 créations nettes en plaine. Le développement continue d’être un levier de croissance, car il y a encore beaucoup de villes où nous avons le potentiel de nous implanter. Environ 40 % des nouveaux magasins sont ouverts par des adhérents existants, 60 % par de nouveaux adhérents, détaillants de sport indépendants ou nouveaux venus dans le métier. Dans le sport, il y a très peu de passages d’une enseigne à l’autre. 32 filièresport n°13-14 J.C. – En montagne, nous avons augmenté notre réseau de 7 points de vente. C’est plutôt une bonne performance pour une chaîne déjà bien établie, où le développement ne doit pas perturber les magasins existants. Aujourd’hui, nous avons Que deviennent vos enseignes spécialisées, Mondovélo, Espace Montagne ou S2, dont le responsable, Denis Rességuier, vient de quitter Sport 2000 ? Y.M. – Elles se développent peu parce que leur potentiel est restreint. Mondovélo a des performances compliquées dans un métier, le commerce de cycle, en forte mutation. Quelle que soit l’enseigne, nous prenons garde à ne pas exposer nos adhérents à des difficultés. Espace Montagne se porte très bien, mais développer une enseigne demande beaucoup de moyens. Aujourd’hui, Sport 2000 doit rester très pragmatique et privilégier l’efficacité. Ces enseignes apportent une complémentarité technique par rapport à Sport 2000. Elles sont à la disposition des adhérents. Parallèlement, vous testez deux magasins de mode à Béziers et Saint-Renan, près de Brest, qui rappellent les Black Store d’Intersport. Quel est votre projet sur ce créneau ? Y.M. – Ce sont des tests. Un nombre significatif d’adhérents veulent disposer d’un concept pur mode premium et haut de gamme de périphérie. Il diffère des Black Store par son assortiment. La mode est dans notre culture, il faut un « toucher de balle » particulier pour gérer ce type de produits, où toute erreur peut coûter cher. Nous avons la chance de disposer des compétences nécessaires au sein de notre réseau. Quand vous lancerez-vous dans l’e-commerce ? Y.M. – L’e-commerce fait partie de nos sujets de réflexion pour 2014. Mais nous n’avons pas l’intention de vendre directement. Nous ne croyons pas au modèle pure player. Financièrement, cela ne marche pas et se révèle inadapté à nos structures. Où en sont vos relations avec votre actionnaire majoritaire, le fonds Activa Capital ? Y.M. – Elles sont toujours aussi bonnes. Les accords signés il y a deux ans sont respectés. À partir de 2015, nous pourrons exercer le rachat à 100 % de notre coopérative. La période de restructuration financière et de remise à niveau de l’effectif de la centrale est derrière nous. Notre désendettement se poursuit au rythme prévu, les exercices 2012 et 2013 ont été bénéficiaires et, depuis trois ans, nous réalisons notre budget. Le comité de direction a été réorganisé, avec à sa tête Stéphane Solinski. Le facteur humain est très important. Nous y arrivons grâce à un fort esprit d’équipe entre nos collaborateurs, nos adhérents et le groupe des administrateurs, très soudé. J.C. – Sur un marché contraint, nous franchissons les étapes que nous nous sommes fixées. ■ O.C. réussi à compenser la perte d’un gros adhérent, le groupe Mercier, sur ses sites, et à faire face à la montée en puissance de Skimium. En montagne, le potentiel de développement n’est pas le même qu’en plaine. Un plan de modernisation pour le réseau montagne – à la fin de ce mois de janvier, peu avant les jeux de Sotchi, Sport 2000 diffusera sur les chaînes de télévision de la TNT un spot défendant les couleurs de son réseau de magasins de stations. Le champion de ski Luc Alphand, adhérent Sport 2000 de Serre-Chevalier, ambassadeur du réseau montagne et conseiller technique ski de l’enseigne, y apparaîtra. – Parallèlement, Sport 2000 prépare une refonte de son site de location de skis. « Il s’agit d’une remise à niveau destinée à l’adapter aux évolutions technologiques telles que l’internet mobile », déclare Jérôme Camps, président de la coopérative Sport 2000. Initiée cet hiver, la rénovation du site s’achèvera à l’hiver 2014-2015. – Sport 2000 mène également une réflexion sur la création d’un concept de magasins de stations, intégrant les spécificités des points de vente de montagne tout en restant cohérent avec l’image globale de Sport 2000. Un chantier qui s’inscrit dans la volonté du groupe de renforcer les synergies entre ses réseaux de plaine et de montagne. Janvier-février 2014 © Gil Quemoun © Gil Quemoun le grand entretien « La qualification de l’équipe de France, c’est bon pour le moral des consommateurs et c'est surtout un vrai soulagement pour nous. » filièresport n°13-14 Janvier-février 2014 33