La paix commence dans le cœur de chaque être

Transcription

La paix commence dans le cœur de chaque être
La paix commence dans le cœur de chaque être humain
Depuis plus de 40 ans, Prem Rawat parcourt le monde sans relâche,
pour parler aux êtres humains de ce qu’ils ont en commun : leur désir
d’être en paix. Nombreux sont ceux qui, à l’île Maurice, apprécient
son message à la fois simple et pratique. L’écrivain Issa Asgarally l’a
interviewé très récemment afin de mieux comprendre un message qui
s’adresse au cœur de chacun.
Une vie entière dédiée à la paix
P
rem Rawat, connu également sous le nom de Maharaji, se déplace depuis
quatre décennies dans le monde entier pour inspirer les gens à trouver la
paix en eux-mêmes. Son message est simple et profond. Lors d’une allocution au
Centre de Conférences des Nations Unies de Bangkok, en Thaïlande, il a déclaré :
« La paix doit être présente dans la vie de chacun. Il reste une chose que nous
n’avons pas encore essayée. Et cette chose, c’est la paix. S’il nous reste quelque
chose à espérer, peut-être pouvons-nous espérer que la paix remplisse notre
cœur. La paix que nous cherchons est en nous. Elle se trouve dans notre cœur et
attend que nous la ressentions. Je peux vous aider à entrer en contact avec elle.
Ce n’est pas le monde qui a besoin de paix – ce sont les gens. Lorsque chacun,
dans le monde, sera en paix avec lui-même, le monde sera en paix ».
Pour ceux qui souhaitent que la paix devienne une réalité dans leur vie, Prem
Rawat offre inspiration et conseils, ainsi qu’un moyen pratique qu’il appelle la
Connaissance. « Ce que j’offre aux gens n’est pas que des mots, dit-il, c’est un
moyen d’aller en soi et d’y goûter la paix qui s’y trouve. »
Né en Inde, il a commencé à parler en public à l’âge de trois ans. A huit ans, il
présentait son message de paix à travers tout le sous-continent indien. C’est à
l’âge de treize ans qu’il a été invité à parler à Londres et à Los Angeles. Depuis
lors, des millions de gens dans plus de 50 pays l’ont écouté en personne. Par
ailleurs, son message est diffusé dans plus de 88 pays et traduit dans 70 langues.
Toutes ces activités sont entièrement financées par des dons et la vente de
supports de communication liés à son message. Il pourvoit à sa vie privée et
à celle de sa famille de manière indépendante.
Il a créé la Fondation Prem Rawat, qui mène des activités humanitaires dans
le monde entier, et qui fait connaître son message de paix.
La guerre est bien plus meurtrière
qu’un tremblement de terre ou
un tsunami. On ne peut intervenir
qu’après coup dans le cas d’une
catastrophe naturelle. A la limite, la
prévoir à quelques heures près. Mais
il est possible d’agir en amont dans
le cas de la guerre. Ses causes sont
connues et ne changent pas au fil
du temps : l’avidité, l’injustice, les
inégalités, la peur, l’arrogance et
la démesure. Face à l’ampleur et
à la pérennité de la guerre, toute
initiative, même la plus modeste,
pour combattre ses causes est salutaire. Peu importent les convictions
philosophiques ou religieuses.
L’essentiel est de faire progresser la
cause de la paix dans un monde où,
comme le dit J.M.G. Le Clézio,
« se développent des combats et
des doctrines d’un autre âge ».
Prem Rawat est de ceux qui œuvrent
en faveur de la paix. C’est la raison
pour laquelle nous l’avons interrogé
sur le sens de son engagement personnel pour la paix et sur l’action et
le fonctionnement de la Fondation
qui porte son nom.
Issa Asgarally
Vous dites souvent qu’au lieu de nous
polariser sur nos différences, nous devrions
regarder nos similitudes. Qu’avons-nous
en commun, et comment pouvons-nous
en devenir davantage conscient ?
Le monde s’efforce de nous enseigner
les différences, et non le fait que nous
désirons tous la paix. Nous souhaitons
tous être heureux, qui que nous soyons.
Qu’on soit éleveur de bovins en Inde, propriétaire terrien en Afrique ou fermier en
Amérique du sud, on veut tous être heureux. Même si quelqu’un est un magnat
des affaires, si on lui retire son bonheur,
on lui retire ce qu’il désire avant tout.
Nous regardons nos différences, mais
nous n’arrivons pas du tout à voir que ce
que nous désirons profondément est tellement similaire. Nous avons peut-être
des langues différentes, des manières différentes de nous exprimer, mais cela ne
rend pas différente la quête de chaque
être humain.
Depuis quand parlez-vous de la paix et de
la connaissance de soi ?
Je parle sur ce thème depuis que je suis
très jeune, vers trois ans, et mon premier discours a été publié quand j’avais
quatre ans. Donc, j’en parle depuis très
longtemps.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à suivre cette
voie qui est la vôtre depuis tout ce temps ?
Mon père enseignait une méthode pour
atteindre la connaissance de soi, et faire
l’expérience de soi. J’écoutais ses discours,
j’écoutais mon cœur, et c’était magnifique.
J’ai vu que lorsque les gens comprenaient
la possibilité d’être satisfaits, d’être heureux, d’être libres, cela leur apportait une
joie immense. Une joie qui ne peut être
expliquée.
Lorsque vous parlez d’une vraie compréhension de ce que signifie la vie, cela
n’a rien de triste, cela apporte de la joie
aux gens. Le fait que oui, je suis vivant :
il est essentiel que chacun d’entre nous
comprenne ce que cela signifie d’avoir
ce souffle, ce que signifie chaque jour qui
nous est donné et combien chaque instant est précieux.
Nous sommes tellement pris par nos obligations et ce que nous avons à faire que
nous négligeons la valeur de ces moments,
et c’est pourtant dans ces moments que
réside le bonheur le plus authentique.
Nous pensons tellement à demain et à
ce qu’il va nous apporter, et nous nous
lamentons sur le passé. Quant au présent,
nous n’avons aucune idée de ce qu’il
signifie. Mais c’est dans le présent que
tout ce qui est beau arrivera.
Nous avons tendance à vivre dans le passé
et dans le futur, et nous oublions de vivre
au présent.
Exactement.
Comment réagissez-vous au fait qu’au
moment même où nous parlons de la paix,
d’autres continuent à préparer la guerre ?
Tant de gens – et cela inclut des soldats
mobilisés et des généraux – aimeraient
voir la paix, pas la guerre. Mais beaucoup
pensent que la guerre est la solution,
qu’une force de frappe impliquant une
destruction totale de tous les belligérants
est la solution pour la paix.
Lorsque les gens
comprennent la possibilité
d’être satisfaits, d’être
heureux, d’être libres,
cela leur apporte
une joie immense.
Les gens ont toujours pensé que la paix est
une question de pouvoir. Mais le chemin
vers la paix est une prise de conscience de
soi-même et une compréhension individuelle. Et tant que cela ne deviendra pas
une réalité, la paix ne sera pas possible.
La paix commence par chaque individu.
Quand vous voulez éclairer une ville de
nuit, vous actionnez un interrupteur pour
allumer les lampadaires. Mais la lumière
ne vient pas de l’interrupteur. La lumière
vient de chaque ampoule.
Il en va de même avec la paix. La paix
doit être ressentie. Nombreux sont
ceux pour qui la paix est une théorie.
D’autres pensent même que la paix est
impossible. Comment en sommes-nous
arrivés là, alors que la quête de la paix
existe depuis des temps immémoriaux ?
Chaque génération, chaque civilisation a
recherché la paix. Il est vrai que certains
pensent que la guerre est une solution. Ils
ont tort. La guerre n’est pas la solution et
ne l’a jamais été. Il n’a jamais été démontré que la guerre est la solution, et l’on
n’a jamais vraiment donné une chance à
la paix.
à avancer dans la vie en écoutant tout ce
qui nous passe par la tête. Nous oublions
ce que le cœur nous a toujours dit – et
en conséquence, nous nous sentons perdus. Mais le guide est en nous. Le guide
a toujours été là, sans demander grandchose, sans demander toutes les autres
choses que nous désirons, mais simplement d’être satisfait, d’être heureux. Ce
message du cœur a toujours été là.
Ne pensez-vous pas que l’intellect aussi
est important et que la paix peut être aussi
bien ressentie qu’expliquée ?
La paix ne peut pas être expliquée. C’est
comme la nourriture. Si j’ai faim, et que
quelqu’un ne cesse de me répéter que je
suis rassasié, je peux éventuellement tenir comme ça un jour. Mais deux, trois ou
quatre jours, je ne le pense pas. Il s’agit
d’un besoin personnel. J’ai besoin de
manger. Si j’ai soif, il faut que je boive.
Aucune explication ni aucune démonstration intellectuelle ne combleront ce
besoin. Nous avons un besoin de paix
dans nos vies, et l’expliquer n’y fera rien.
Nous essayons pourtant, et ça semble
très bien à tout le monde. On écrit des
livres, on fait des débats, on organise
des discussions, on donne des cours.
Mais au bout du compte, si vous ne
ressentez pas de paix, si vous n’avez pas
quelque chose qui puisse vous satisfaire
réellement, rien n’y fera, quelles que
soient vos explications.
Vous insistez particulièrement sur la « paix
intérieure », mais qu’en est-il des facteurs
extérieurs qui déterminent aussi ce genre
de paix ?
Si, dans une pièce, vous avez une belle
fleur odorante, toute la pièce va embaumer. Si vous avez quelque chose qui
sent mauvais, alors toute la pièce sentira
mauvais. Cela peut paraître simpliste,
mais si je veux que ça sente vraiment bon
dans ma maison, je dois veiller à mettre
quelque chose qui sente bon.
S’il y a une odeur nauséabonde et que je
souhaite m’en débarrasser, je dois trouver d’où elle vient. Il en va de même pour
la paix intérieure. Elle ne dépend pas de
facteurs extérieurs. Elle exercera sûrement une influence sur les éléments extérieurs, mais elle commence au-dedans,
pas à l’extérieur.
Quand il commence à faire sombre en
hiver, on allume de nombreuses lumières.
Mais quand le soleil se lève, on n’a plus
besoin de laisser les lumières allumées.
Le chemin vers la paix est
une prise de conscience
de soi-même et une
compréhension individuelle.
Sans cela, la paix
n’est pas possible.
La lumière est là. Le soleil se lève, et la
source de la lumière est là.
Nous essayons d’amener plus d’éclairages,
et nous pensons que cela fera l’affaire,
mais si c’est l’absence du soleil qui est à
l’origine de l’obscurité, les éclairages ne
suffiront pas. Il y aura toujours des endroits qui seront dans l’obscurité. Si nous
souhaitons vraiment que la lumière soit
là, laissons briller le soleil. C’est aussi
simple que ça.
Vous dites que la paix est dans notre nature. Pourtant, l’histoire du nazisme et
d’autres idéologies destructrices démontre
que la guerre fait également partie de notre nature et que chacun, de la personne la
plus modeste à la personnalité la plus en
vue, peut devenir un monstre. Avons-nous
deux natures ?
Nous avons une nature qui est tout à fait
unique. Il y a aussi une autre nature qui
est induite par toutes les différentes explications et idéologies, qui soulignent :
« Nous sommes de telle ou telle couleur »
ou « Nous faisons ceci ou cela ». Mais
l’accent doit être mis sur qui nous sommes, qui nous sommes réellement. Au
bout du compte, chacun d’entre nous est
un être humain avec une quantité incroyable de similitudes, et non de différences.
Fondamentalement, nos buts dans la vie
sont exactement les mêmes. Ceux qui
veulent s’écarter de cela pour créer des
idéologies et des explications le font pour
atteindre leurs propres objectifs, pas le
but de tout être humain, mais leur propre
idée de ce qui est important.
Quand je parle de paix aux gens, je ne
dis rien de nouveau. Ce que je dis a déjà
été dit mainte et mainte fois : recherchez non pas à l’extérieur, mais en vous,
parce que c’est là que vous trouverez
vos similitudes.
Il y a de nombreuses langues, et dans chacune un mot différent pour nommer l’eau.
Mais quand on a soif, il n’y a qu’à porter
la main à la bouche, et chacun comprendra qu’on cherche de l’eau. C’est parce
que nous sommes semblables que nous
nous comprenons.
En vérité, notre nature est unique. Tant
que nous ne comprendrons pas cette
nature, nous ne pourrons être nousmêmes. La raison pour laquelle il y a
tant de problèmes dans ce monde est que
l’on rabâche les différences. Regardez
les similitudes. Certains pensent que si
nous mettons en avant nos différences,
cela nous singularise. Non, ce qui nous
rend si particulier, c’est que nous sommes
sur terre.
Il s’agit d’une chose tout à fait unique.
Cette terre, cette existence, cet univers
sont tellement uniques. A des milliards
et des milliards de kilomètres à la ronde,
il n’existe rien de tel. Apprendre à vivre
en harmonie, en paix, est fondamental si
nous voulons engendrer un monde meilleur pour nous-mêmes et pour être une
espèce qui prospère sur cette planète.
Dans votre discours à l’université d’Oxford,
vous avez dit : « Vous êtes unique. Il n’y
personne d’autre qui soit comme vous.
Je ne saurais insister suffisamment sur la
singularité de chaque être humain ». Pourriez-vous développer ce point majeur ?
Chacun est sur le chemin de la vie. Nous
nous trouvons à des endroits différents
et avec des points de vue différents. En
avançant sur la rivière de la vie, notre singularité est que nous sommes capables,
d’une manière qui nous est propre, de
faire l’expérience de la paix, de la vie, de
chaque souffle qui vient en nous.
Je suis unique parce que mon expression,
ma joie, ma compréhension me sont tellement personnelles. Ce n’est peut-être
pas différent, mais ce que je ressens, je
le ressens. Dix personnes buvant leur
▲
Prem Rawat
“
Issa Asgarally : Le mot « paix » a un sens
différent selon les personnes. De quelle
paix parlez-vous ?
Prem Rawat : Les gens vont dans un endroit très calme et ils pensent que c’est
paisible. Ce n’est pas paisible – c’est
calme. Il y a une différence entre la paix
et le calme. Tout peut être très calme,
mais la guerre peut être en train de faire
rage dans le cœur d’une personne – ce
n’est pas la paix. La paix est fondamentalement innée, c’est un sentiment incontestable et bien réel. Vouloir ressentir
cette paix est tellement humain. Ce n’est
pas dans le domaine du divin, mais dans
celui de l’humain que la paix doit être
ressentie. Ce sont les êtres humains qui
veulent la paix et en ont besoin. Malgré
tout, nous nous perdons dans les définitions : « Ceci est peut-être la paix, ou bien
cela… ». Mais la paix est une chose que
l’on ressent.
La paix est un ressenti qui fait dire à une
personne : « Maintenant, je ressens la
paix ». Pas de questions, pas de doutes.
Ce n’est pas une expérience de groupe ou
une image ou quoi que ce soit d’autre. Il
existe une paix qui réside dans le cœur de
chaque être humain sur terre aujourd’hui,
quelles que soient ses croyances ou ses
activités. Même ceux qui prônent la
guerre, dans leur cœur, veulent eux aussi
vraiment la paix.
Nous sommes capables,
d’une manière qui nous
est propre, de faire
l’expérience de la paix,
de la vie, de chaque souffle
qui vient en nous.
C’est notre singularité.
Prem Rawat a été invité à s’exprimer lors
d’un événement célébrant le 60e anniversaire
des Nations Unies, à San Francisco.
Vous donnez la priorité au cœur dans la
quête de la paix, et vous avez certainement
raison. Parlez-nous en davantage.
Un équilibre est nécessaire. Chaque être
humain a reçu en cadeau deux choses :
un esprit ou intellect, et un cœur. Le cœur
est sincère, il ne change pas. L’intellect
change. Des expériences amères, et
d’autres choses encore, tout cela nous
marque. Mais le cœur lui, reste fidèle tout
au long de la vie.
Quand nous sommes enfants, ce cœur
veut être heureux. Et quand nous grandissons, il reste avec nous, il nous demande de rechercher la plénitude et
nous y pousse. L’intellect nous dit comment être comblé, et nous commençons
PUBLI REPORTAGE
Dignité, paix et prospérité : une nouvelle approche en matière d’action humanitaire
…
verre rempli d’une même eau sentiront chacune s’étancher leur soif d’une
manière unique. Nous sommes uniques
à un point étonnant, car personne n’a
jamais été comme moi ni comme vous et
personne ne le sera jamais.
Ce temps nous est offert, cette chance
d’être – d’être nous-même, d’être en vie,
de faire l’expérience du cadeau d’être sur
terre, voilà ce qui nous rend unique. Nous
sommes chacun une œuvre qui ne sera
plus jamais recréée à l’identique.
Diriez-vous qu’un mouvement ou une
idéologie qui élimine l’individualité pour
un mode de pensée collectif, comme par
exemple le nationalisme, peut mettre en
péril la paix ?
Tout à fait. Beaucoup de gens avancent
cette excuse : « Je me bats pour mon
pays ». Mais ils ne voient pas qu’ils se
battent contre un autre être humain, une
Il est essentiel que chacun
de nous comprenne ce
que cela signifie d’avoir
ce souffle, ce que signifie
chaque jour qui nous est
donné et combien chaque
instant est précieux.
autre personne qui leur est tellement
semblable. Quand on l’oublie, cela
devient : « Je me bats pour mon pays.
Je me bats pour ceci, pour cela ». Voici
les explications qui créent un fossé entre
nous-mêmes et la réalité de la paix.
Chacun dit : « Voilà ce qui est important »,
« Non, voilà ce qui est important ». Mais
ils ne prennent pas en considération ce
qui est vraiment important.
La paix est, pour moi, extrêmement importante, et non les excuses que l’on se
donne : « Je me bats pour ceci, ou pour
cela ». Certains disent : « Je me bats
pour Dieu ». À ceux-là, je dis : « Dieu
peut mener ses propres guerres. Il n’a
pas besoin de vous pour le faire ». Mais
chacun a ses explications. Chacun a une
cause pour laquelle combattre. Et cela
ne fait que nous éloigner un peu plus de
nous-même.
À Maurice, comme vous le savez sans
doute, nous avons plusieurs cultures, plusieurs croyances, plusieurs langues. Votre
message parle-t-il mieux à certaines personnes qu’à d’autres, en fonction de leurs
origines, et si ce n’est pas le cas, qu’estce qui rend votre message pertinent et
universel ?
Je pense que c’est parce que le message
ne s’adresse pas à l’intellect, ni aux croyances ou à l’univers professionnel d’une
personne. Le message ne remet pas en
cause sa religion. Le sujet du message
est le cœur. Quand vous parlez du cœur,
vous parlez de ce que les gens savent
déjà. Ils savent qu’ils veulent la paix dans
leur vie. Ils savent que la vie est importante. À chaque fois que nous voyons un
cortège funèbre ou un cimetière, pendant
quelques instants, nous nous disons :
« Mon Dieu, que la vie est importante ».
Puis nous oublions et nous reprenons
nos explications : « Non, voilà ce qu’il
y a de plus important. Je dois faire ceci,
j’ai une réunion, j’ai des choses à faire ».
Mais nous savons que la vie est importante. J’essaye de mettre ce fait en avant.
Les gens savent déjà ce qui est important
pour eux.
Quand quelqu’un entend cela, c’est un
rappel extraordinaire. Comme un éveil.
« Oui, c’est vrai, j’ai un cœur. Je veux
mener à bien ma quête. Je veux la paix
dans ma vie. » C’est un beau message
pour tous les êtres humains, car il ne
s’adresse pas à leurs différences ni à tout
ce qu’ils font.
Les gens sont simplement des gens. Je
voyage beaucoup. Je me retrouve en
Espagne, mais je ne vois pas des Espagnols. Je vois des personnes. Que je sois
en France ou en Inde, je regarde les personnes, et elles sont belles. J’essaye simplement de toucher leurs cœurs. C’est
tout. Mon message est un rappel plutôt
qu’une explication, et je crois que c’est ce
qui le rend pertinent et universel.
Lors d’une conférence donnée récemment à l’île Maurice, vous avez dit que
notre ignorance, ce qui nous est inconnu,
marque notre limite au-delà de laquelle
nous n’avons aucune idée de ce qui existe.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Pour certains, il ne faut pas trop se poser
de questions, et ils préfèrent vivre dans
cette ignorance. Mais parmi toutes les
choses dont nous pouvons être conscients, la conscience de soi est sûrement
le premier barreau de l’échelle. Nombreux sont ceux qui semblent ignorer ce
premier pas. Ils pensent pouvoir arriver
En Inde, la Fondation Prem Rawat propose
des consultations ophtalmologiques gratuites.
au sommet de l’échelle sans utiliser les
barreaux. Nous sommes dans un monde
où ni l’intelligence ni les moyens ne
manquent, et pourtant les gens se
sentent perdus. Non seulement ils se
sentent perdus, mais leur perplexité augmente d’année en année. Il y a de plus
en plus de personnes qui atteignent un
certain niveau d’éducation, qui réussissent, et pourtant ce manque de repères
augmente. Il est pourtant dit, depuis des
siècles, que l’ignorance de soi mène à la
confusion, et que la connaissance de soi
est le seul moyen d’en sortir.
Chaque année, Prem Rawat parcourt les cinq continents
pour délivrer son message de paix en personne.
La Fondation Prem Rawat
Dignité, paix et prospérité
La Fondation Prem Rawat mène des actions
humanitaires à l’échelle mondiale : consultations ophtalmologiques, aide alimentaire pour des réfugiés, des victimes de
catastrophes, etc. Pourquoi la Fondation
s’engage t-elle dans ces actions, alors qu’en
même temps elle aide à faire connaître
votre message de paix ?
Je ne vois pas d’antagonisme entre les
deux. Les gens ont besoin d’une aide au
niveau matériel, et ils ont besoin d’aide
pour prendre conscience de leur cœur.
Los Angeles, de nombreuses personnalités ont signé des T-shirts, des livres ou
d’autres choses, qui seront vendues aux
enchères au profit de la Fondation. C’est
vraiment les gens qui font vivre la Fondation, parce qu’ils apprécient la manière
dont elle fonctionne et l’importance du
travail qu’elle accomplit.
Par exemple, nous avons un programme
d’aide alimentaire appelé « Nourrir les
habitants de Bantoli », dans le nord de
l’Inde. Nous ne nous contentons pas
d’apporter quelque chose à manger à ces
personnes, mais nous leur donnons la
nourriture qu’elles ont l’habitude de
C
haque être humain a besoin de dignité. La dignité doit permettre à chacun de répondre à la soif intérieure à sa propre manière.
Ensuite, avec cette dignité, chacun devrait pouvoir connaître la paix.
La paix véritable vient quand le cœur est comblé. Et une fois qu’on
connaît la paix, la formule prend tout son sens, la prospérité suivra.
La véritable prospérité se produit quand on est parfaitement heureux à l’intérieur comme à l’extérieur. Lorsque les gens ont besoin
de nourriture, il faut leur procurer de la nourriture. Lorsque les gens
ont besoin d’aide, il faut leur procurer de l’aide. Pas comme une
aumône, mais avec dignité. Sans rien attendre en retour.
Prem Rawat
Le programme
« Nourrir les habitants de
Bantoli », dans le nord de
l’Inde, permet de distribuer
chaque année 100 000 repas
chauds préparés et servis
dans un bâtiment de 900 m2
construit spécialement par
la Fondation Prem Rawat.
• Dans certaines régions du nord-est de l’Inde, des adultes et des
Contact île Maurice :
✆ (+230) 424 46 88
enfants restent parfois plusieurs jours sans manger. Des bénévoles
de la Fondation ont monté un projet avec les anciens du village de
Bantoli pour que, chaque année, plus de 100 000 repas chauds
gratuits soient préparés et servis dans un bâtiment de 900 m2,
spécialement construit à cet effet.
• À la suite du tsunami de 2005 en Asie, la Fondation a distribué
1 500 repas par jour aux enfants des camps de réfugiés du Sri
Lanka pendant un mois. 9 000 personnes ont également reçu de
la nourriture pendant un mois en Indonésie grâce à un don fait au
Programme alimentaire mondial des Nations Unies.
• Au Niger, lors de la famine qui a touché 4 millions de personnes, la
Fondation a fait un don à ce même programme des Nations Unies
afin de nourrir 2 000 personnes pendant un mois.
• Au Guatemala, après la destruction de milliers de maisons lors
du passage d’un ouragan, la Fondation a fait un don pour que
4 500 enfants puissent manger pendant un mois.
• Au Pakistan, des villes entières ont disparu lors du tremblement de
terre d’une amplitude de 7,6 qui a frappé le pays. La Fondation a
fait un don pour que 6 000 personnes puissent manger pendant
un mois.
• Lors de l’ouragan Katrina, qui s’est abattu sur le sud des Etats-Unis,
1,5 million de personnes ont du être déplacées. Un don de la Fondation à la Banque alimentaire de Houston a permis de fournir
trois repas par jour à 8 500 victimes pendant 3 mois.
• Après l’ouragan Wilma, qui a frappé le Mexique, de nombreuses
familles avaient perdu leur maison. La Fondation a fourni du matériel
de construction aux villages Mayas pour reconstruire les toits de
450 maisons.
• En Inde, il y a 9 millions de personnes aveugles. La plupart souffrent
d’une cécité qui peut être évitée si les soins appropriés sont fournis.
La Fondation propose régulièrement des consultations gratuites
qui ont déjà permis de traiter plus de 10 000 patients.
Pour en savoir plus :
http://www.tprf.org ou en français http://fr.tprf.org
Apprendre à vivre en
harmonie, en paix est
fondamental si nous voulons
engendrer un monde meilleur
pour nous-mêmes et pour
être une espèce qui prospère
sur cette planète.
[email protected]
www.contact-info.net
Je pense que ces deux aspects vont de
pair, car non seulement la Fondation
offre de la nourriture, des consultations
ophtalmologiques et d’autres choses de
première nécessité, mais elle les offre avec
beaucoup de dignité. C’est l’un des piliers
de la Fondation, d’apporter de l’aide aux
gens non sous le couvert d’une religion
ou pour qu’ils nous soient reconnaissants,
mais d’un être humain à un autre être
humain, avec dignité.
Cet important travail humanitaire demande
des fonds. Comment est financée la Fondation, et comment rend-elle des comptes
pour les opérations qu’elle mène ?
Tout d’abord, la Fondation est une œuvre
caritative publique, qui fonctionne selon
des principes très stricts. Elle doit rendre
des comptes au gouvernement et à son
conseil d’administration. La Fondation
opère en toute transparence, en pleine
lumière. Ses déclarations financières sont
contrôlées chaque année par des organismes indépendants, ses déclarations fiscales et ses comptes annuels sont rendus
publics. Elle est en totale conformité avec
toutes les lois et les règles en vigueur
dans les pays où elle opère. Le conseil
d’administration est composé de personnes vraiment merveilleuses qui offrent
généreusement de leur temps.
La Fondation est financée par des personnes comme vous et moi qui croient en elle
et la soutiennent. Tout à fait récemment,
lors de la remise des Grammy Awards, à
manger. Beaucoup de nourriture envoyée
par d’autres dans ce lieu si particulier
qu’est Bantoli, finit dans la mangeoire
des vaches. Nous n’apportons pas seulement une alimentation nutritive aux gens,
mais nous essayons également d’éveiller
un esprit de responsabilité dans leur communauté. Nous ne leur disons pas : « Vous
avez besoin d’une aumône, alors comme
nous sommes généreux, nous allons vous
la donner ». Nous voulons qu’ils ressentent de la dignité et nous voulons les aider à se débrouiller par eux-mêmes. C’est
un projet enthousiasmant et il remporte
un vif succès. Chaque jour, il nourrit les
habitants de cette région, des autochtones
qui sont entièrement coupés du reste du
monde. Ils sont vraiment contents et reconnaissants d’avoir cette aide.
Je sais qu’il y a des personnes à Maurice
qui partagent vos idées et aimeraient aider
la Fondation.
Les habitants de l’île Maurice sont très
généreux, et quiconque veut aider la
cause de la Fondation est naturellement
toujours le bienvenu.
Vous dites que vous offrez un moyen concret de trouver la paix qui est déjà en soi.
Si une personne accepte votre offre, que
devra-t-elle faire ? En d’autres termes, si
quelqu’un commence à avoir soif, comment obtient-il ou obtient-elle le verre
d’eau, et non une image d’un puits ou de
personnes buvant de cette eau ?
J’apprécie vraiment cette question, parce
que de nombreuses personnes montrent
des images de l’eau et de personnes en
train de se désaltérer. Cela ne manque
pas. Ce que j’offre est bien plus concret.
Mon propos ne se limite pas à des mots.
Je dis très clairement : si vous ressentez
une soif dans votre vie, cherchez-la où
vous voulez, et où que vous la trouviez,
c’est très bien. Si vous ne la trouvez pas,
je suis là. Je peux aider. Je l’ai fait pour
de nombreuses personnes. Des milliers
et des milliers de personnes de par le
monde ont la possibilité d’aller en elles
chaque jour et de ressentir cette paix.
De nombreuses personnes m’écoutent à
la télévision, à la radio, sur des vidéos et
m’envoient des e-mails pour me remercier
du message, pour me dire combien elles
se sentent bien quand elles l’écoutent.
Mais ce n’est pas qu’un message. J’offre
quatre techniques concrètes que j’appelle
la Connaissance. Ces techniques sont très
simples et elles ramènent votre attention
de l’extérieur vers l’intérieur, afin que
vous puissiez ressentir en vous cette expérience. Quand il y a une volonté, il y
a assurément un moyen. Si des gens veulent se préparer pour apprendre les techniques, il y a des CD et DVD faits pour
cela. Ensuite, s’ils le désirent, ils peuvent
recevoir ce cadeau qu’est la Connaissance.
Donc ce ne sont pas de simples images sur
un mur, des images de personnes buvant
de l’eau et qui sont reconnaissantes. C’est
une chose bien réelle.
C’est un verre d’eau.
Oui, c’est l’eau elle-même.
Je vous remercie. Je serai tout à fait
enchanté de vous rencontrer à Maurice
ou ailleurs.
Oui, avec plaisir.
Je m’en réjouis d’avance.
Merci beaucoup.
”
Issa Asgarally, Docteur en linguistique de l’université Paris V-René Descartes,
professeur associé à l’Institut de l’éducation de l’Ile Maurice (MIE), est
l’auteur de plusieurs livres dont « L’interculturel ou la guerre » (2005) et
« L’île Maurice des cultures » (2006). Il édite la revue littéraire « Italiques »
et présente l’émission télévisée « Passerelles ».
L
a conception de la paix qui se dégage de cet entretien avec Prem Rawat est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord l’accent qu’il met sur l’unité fondamentale des
êtres humains. Cette unité, il la fonde sur leur aspiration commune : la quête du bonheur et de la paix, au-delà de nos moyens d’expression. Et il l’exprime en des termes
simples : « Pour moi, les gens sont des gens. Je voyage beaucoup. Je me trouve en
Espagne, mais je ne vois pas des Espagnols, je vois des personnes ».
C’est aussi ce que je pense et que j’ai exprimé autrement dans un essai. Complémentaires de l’unité, les différences interindividuelles sont résumées par la phrase « Vous
êtes unique ». Prem Rawat dénonce, à juste titre, les idéologies qui dissolvent l’individu
dans un collectif et qui ouvrent la voie « aux identités meurtrières ». Le nationalisme,
comme Rabindranath Tagore l’avait déjà anticipé en 1917, peut en faire partie.
Ce qui caractérise la conception de Prem Rawat, ce qu’il appelle son « message » – un
« rappel » plutôt qu’une explication, prend-il soin de préciser – c’est l’importance
déterminante qu’il accorde à la paix intérieure. La paix, pour lui, est innée, c’est un
sentiment bien réel. Certaines idées de Prem Rawat peuvent certes faire l’objet d’un
débat. Ainsi, la conviction que la paix ne peut pas être démontrée et que ce n’est
qu’une affaire de cœur. Ou encore que celui qui fait la guerre désire la paix au fond
de lui-même. Mais ces postulats ont le mérite d’approfondir le débat, car Prem Rawat
serait la dernière personne à imposer un nouveau dogme.
Pour Prem Rawat, la paix n’est pas qu’une idée. L’action concrète, à travers sa Fondation, n’est pas moins importante. Et ici, comme en témoigne son projet d’aide alimentaire à Bantoli, dans le nord de l’Inde, il apporte une originalité : ne pas seulement
donner de la nourriture, mais donner celle que les gens ont l’habitude de consommer
pour qu’elle ne soit pas gaspillée.
La cause de la paix dans le monde, sans cesse menacée par la prédominance des
valeurs militaires, trouve en Prem Rawat un défenseur prestigieux et efficace.
Issa Asgarally
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