La paix commence dans le cœur de chaque être
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La paix commence dans le cœur de chaque être
La paix commence dans le cœur de chaque être humain Depuis plus de 40 ans, Prem Rawat parcourt le monde sans relâche, pour parler aux êtres humains de ce qu’ils ont en commun : leur désir d’être en paix. Nombreux sont ceux qui, à l’île Maurice, apprécient son message à la fois simple et pratique. L’écrivain Issa Asgarally l’a interviewé très récemment afin de mieux comprendre un message qui s’adresse au cœur de chacun. Une vie entière dédiée à la paix P rem Rawat, connu également sous le nom de Maharaji, se déplace depuis quatre décennies dans le monde entier pour inspirer les gens à trouver la paix en eux-mêmes. Son message est simple et profond. Lors d’une allocution au Centre de Conférences des Nations Unies de Bangkok, en Thaïlande, il a déclaré : « La paix doit être présente dans la vie de chacun. Il reste une chose que nous n’avons pas encore essayée. Et cette chose, c’est la paix. S’il nous reste quelque chose à espérer, peut-être pouvons-nous espérer que la paix remplisse notre cœur. La paix que nous cherchons est en nous. Elle se trouve dans notre cœur et attend que nous la ressentions. Je peux vous aider à entrer en contact avec elle. Ce n’est pas le monde qui a besoin de paix – ce sont les gens. Lorsque chacun, dans le monde, sera en paix avec lui-même, le monde sera en paix ». Pour ceux qui souhaitent que la paix devienne une réalité dans leur vie, Prem Rawat offre inspiration et conseils, ainsi qu’un moyen pratique qu’il appelle la Connaissance. « Ce que j’offre aux gens n’est pas que des mots, dit-il, c’est un moyen d’aller en soi et d’y goûter la paix qui s’y trouve. » Né en Inde, il a commencé à parler en public à l’âge de trois ans. A huit ans, il présentait son message de paix à travers tout le sous-continent indien. C’est à l’âge de treize ans qu’il a été invité à parler à Londres et à Los Angeles. Depuis lors, des millions de gens dans plus de 50 pays l’ont écouté en personne. Par ailleurs, son message est diffusé dans plus de 88 pays et traduit dans 70 langues. Toutes ces activités sont entièrement financées par des dons et la vente de supports de communication liés à son message. Il pourvoit à sa vie privée et à celle de sa famille de manière indépendante. Il a créé la Fondation Prem Rawat, qui mène des activités humanitaires dans le monde entier, et qui fait connaître son message de paix. La guerre est bien plus meurtrière qu’un tremblement de terre ou un tsunami. On ne peut intervenir qu’après coup dans le cas d’une catastrophe naturelle. A la limite, la prévoir à quelques heures près. Mais il est possible d’agir en amont dans le cas de la guerre. Ses causes sont connues et ne changent pas au fil du temps : l’avidité, l’injustice, les inégalités, la peur, l’arrogance et la démesure. Face à l’ampleur et à la pérennité de la guerre, toute initiative, même la plus modeste, pour combattre ses causes est salutaire. Peu importent les convictions philosophiques ou religieuses. L’essentiel est de faire progresser la cause de la paix dans un monde où, comme le dit J.M.G. Le Clézio, « se développent des combats et des doctrines d’un autre âge ». Prem Rawat est de ceux qui œuvrent en faveur de la paix. C’est la raison pour laquelle nous l’avons interrogé sur le sens de son engagement personnel pour la paix et sur l’action et le fonctionnement de la Fondation qui porte son nom. Issa Asgarally Vous dites souvent qu’au lieu de nous polariser sur nos différences, nous devrions regarder nos similitudes. Qu’avons-nous en commun, et comment pouvons-nous en devenir davantage conscient ? Le monde s’efforce de nous enseigner les différences, et non le fait que nous désirons tous la paix. Nous souhaitons tous être heureux, qui que nous soyons. Qu’on soit éleveur de bovins en Inde, propriétaire terrien en Afrique ou fermier en Amérique du sud, on veut tous être heureux. Même si quelqu’un est un magnat des affaires, si on lui retire son bonheur, on lui retire ce qu’il désire avant tout. Nous regardons nos différences, mais nous n’arrivons pas du tout à voir que ce que nous désirons profondément est tellement similaire. Nous avons peut-être des langues différentes, des manières différentes de nous exprimer, mais cela ne rend pas différente la quête de chaque être humain. Depuis quand parlez-vous de la paix et de la connaissance de soi ? Je parle sur ce thème depuis que je suis très jeune, vers trois ans, et mon premier discours a été publié quand j’avais quatre ans. Donc, j’en parle depuis très longtemps. Qu’est-ce qui vous a inspiré à suivre cette voie qui est la vôtre depuis tout ce temps ? Mon père enseignait une méthode pour atteindre la connaissance de soi, et faire l’expérience de soi. J’écoutais ses discours, j’écoutais mon cœur, et c’était magnifique. J’ai vu que lorsque les gens comprenaient la possibilité d’être satisfaits, d’être heureux, d’être libres, cela leur apportait une joie immense. Une joie qui ne peut être expliquée. Lorsque vous parlez d’une vraie compréhension de ce que signifie la vie, cela n’a rien de triste, cela apporte de la joie aux gens. Le fait que oui, je suis vivant : il est essentiel que chacun d’entre nous comprenne ce que cela signifie d’avoir ce souffle, ce que signifie chaque jour qui nous est donné et combien chaque instant est précieux. Nous sommes tellement pris par nos obligations et ce que nous avons à faire que nous négligeons la valeur de ces moments, et c’est pourtant dans ces moments que réside le bonheur le plus authentique. Nous pensons tellement à demain et à ce qu’il va nous apporter, et nous nous lamentons sur le passé. Quant au présent, nous n’avons aucune idée de ce qu’il signifie. Mais c’est dans le présent que tout ce qui est beau arrivera. Nous avons tendance à vivre dans le passé et dans le futur, et nous oublions de vivre au présent. Exactement. Comment réagissez-vous au fait qu’au moment même où nous parlons de la paix, d’autres continuent à préparer la guerre ? Tant de gens – et cela inclut des soldats mobilisés et des généraux – aimeraient voir la paix, pas la guerre. Mais beaucoup pensent que la guerre est la solution, qu’une force de frappe impliquant une destruction totale de tous les belligérants est la solution pour la paix. Lorsque les gens comprennent la possibilité d’être satisfaits, d’être heureux, d’être libres, cela leur apporte une joie immense. Les gens ont toujours pensé que la paix est une question de pouvoir. Mais le chemin vers la paix est une prise de conscience de soi-même et une compréhension individuelle. Et tant que cela ne deviendra pas une réalité, la paix ne sera pas possible. La paix commence par chaque individu. Quand vous voulez éclairer une ville de nuit, vous actionnez un interrupteur pour allumer les lampadaires. Mais la lumière ne vient pas de l’interrupteur. La lumière vient de chaque ampoule. Il en va de même avec la paix. La paix doit être ressentie. Nombreux sont ceux pour qui la paix est une théorie. D’autres pensent même que la paix est impossible. Comment en sommes-nous arrivés là, alors que la quête de la paix existe depuis des temps immémoriaux ? Chaque génération, chaque civilisation a recherché la paix. Il est vrai que certains pensent que la guerre est une solution. Ils ont tort. La guerre n’est pas la solution et ne l’a jamais été. Il n’a jamais été démontré que la guerre est la solution, et l’on n’a jamais vraiment donné une chance à la paix. à avancer dans la vie en écoutant tout ce qui nous passe par la tête. Nous oublions ce que le cœur nous a toujours dit – et en conséquence, nous nous sentons perdus. Mais le guide est en nous. Le guide a toujours été là, sans demander grandchose, sans demander toutes les autres choses que nous désirons, mais simplement d’être satisfait, d’être heureux. Ce message du cœur a toujours été là. Ne pensez-vous pas que l’intellect aussi est important et que la paix peut être aussi bien ressentie qu’expliquée ? La paix ne peut pas être expliquée. C’est comme la nourriture. Si j’ai faim, et que quelqu’un ne cesse de me répéter que je suis rassasié, je peux éventuellement tenir comme ça un jour. Mais deux, trois ou quatre jours, je ne le pense pas. Il s’agit d’un besoin personnel. J’ai besoin de manger. Si j’ai soif, il faut que je boive. Aucune explication ni aucune démonstration intellectuelle ne combleront ce besoin. Nous avons un besoin de paix dans nos vies, et l’expliquer n’y fera rien. Nous essayons pourtant, et ça semble très bien à tout le monde. On écrit des livres, on fait des débats, on organise des discussions, on donne des cours. Mais au bout du compte, si vous ne ressentez pas de paix, si vous n’avez pas quelque chose qui puisse vous satisfaire réellement, rien n’y fera, quelles que soient vos explications. Vous insistez particulièrement sur la « paix intérieure », mais qu’en est-il des facteurs extérieurs qui déterminent aussi ce genre de paix ? Si, dans une pièce, vous avez une belle fleur odorante, toute la pièce va embaumer. Si vous avez quelque chose qui sent mauvais, alors toute la pièce sentira mauvais. Cela peut paraître simpliste, mais si je veux que ça sente vraiment bon dans ma maison, je dois veiller à mettre quelque chose qui sente bon. S’il y a une odeur nauséabonde et que je souhaite m’en débarrasser, je dois trouver d’où elle vient. Il en va de même pour la paix intérieure. Elle ne dépend pas de facteurs extérieurs. Elle exercera sûrement une influence sur les éléments extérieurs, mais elle commence au-dedans, pas à l’extérieur. Quand il commence à faire sombre en hiver, on allume de nombreuses lumières. Mais quand le soleil se lève, on n’a plus besoin de laisser les lumières allumées. Le chemin vers la paix est une prise de conscience de soi-même et une compréhension individuelle. Sans cela, la paix n’est pas possible. La lumière est là. Le soleil se lève, et la source de la lumière est là. Nous essayons d’amener plus d’éclairages, et nous pensons que cela fera l’affaire, mais si c’est l’absence du soleil qui est à l’origine de l’obscurité, les éclairages ne suffiront pas. Il y aura toujours des endroits qui seront dans l’obscurité. Si nous souhaitons vraiment que la lumière soit là, laissons briller le soleil. C’est aussi simple que ça. Vous dites que la paix est dans notre nature. Pourtant, l’histoire du nazisme et d’autres idéologies destructrices démontre que la guerre fait également partie de notre nature et que chacun, de la personne la plus modeste à la personnalité la plus en vue, peut devenir un monstre. Avons-nous deux natures ? Nous avons une nature qui est tout à fait unique. Il y a aussi une autre nature qui est induite par toutes les différentes explications et idéologies, qui soulignent : « Nous sommes de telle ou telle couleur » ou « Nous faisons ceci ou cela ». Mais l’accent doit être mis sur qui nous sommes, qui nous sommes réellement. Au bout du compte, chacun d’entre nous est un être humain avec une quantité incroyable de similitudes, et non de différences. Fondamentalement, nos buts dans la vie sont exactement les mêmes. Ceux qui veulent s’écarter de cela pour créer des idéologies et des explications le font pour atteindre leurs propres objectifs, pas le but de tout être humain, mais leur propre idée de ce qui est important. Quand je parle de paix aux gens, je ne dis rien de nouveau. Ce que je dis a déjà été dit mainte et mainte fois : recherchez non pas à l’extérieur, mais en vous, parce que c’est là que vous trouverez vos similitudes. Il y a de nombreuses langues, et dans chacune un mot différent pour nommer l’eau. Mais quand on a soif, il n’y a qu’à porter la main à la bouche, et chacun comprendra qu’on cherche de l’eau. C’est parce que nous sommes semblables que nous nous comprenons. En vérité, notre nature est unique. Tant que nous ne comprendrons pas cette nature, nous ne pourrons être nousmêmes. La raison pour laquelle il y a tant de problèmes dans ce monde est que l’on rabâche les différences. Regardez les similitudes. Certains pensent que si nous mettons en avant nos différences, cela nous singularise. Non, ce qui nous rend si particulier, c’est que nous sommes sur terre. Il s’agit d’une chose tout à fait unique. Cette terre, cette existence, cet univers sont tellement uniques. A des milliards et des milliards de kilomètres à la ronde, il n’existe rien de tel. Apprendre à vivre en harmonie, en paix, est fondamental si nous voulons engendrer un monde meilleur pour nous-mêmes et pour être une espèce qui prospère sur cette planète. Dans votre discours à l’université d’Oxford, vous avez dit : « Vous êtes unique. Il n’y personne d’autre qui soit comme vous. Je ne saurais insister suffisamment sur la singularité de chaque être humain ». Pourriez-vous développer ce point majeur ? Chacun est sur le chemin de la vie. Nous nous trouvons à des endroits différents et avec des points de vue différents. En avançant sur la rivière de la vie, notre singularité est que nous sommes capables, d’une manière qui nous est propre, de faire l’expérience de la paix, de la vie, de chaque souffle qui vient en nous. Je suis unique parce que mon expression, ma joie, ma compréhension me sont tellement personnelles. Ce n’est peut-être pas différent, mais ce que je ressens, je le ressens. Dix personnes buvant leur ▲ Prem Rawat “ Issa Asgarally : Le mot « paix » a un sens différent selon les personnes. De quelle paix parlez-vous ? Prem Rawat : Les gens vont dans un endroit très calme et ils pensent que c’est paisible. Ce n’est pas paisible – c’est calme. Il y a une différence entre la paix et le calme. Tout peut être très calme, mais la guerre peut être en train de faire rage dans le cœur d’une personne – ce n’est pas la paix. La paix est fondamentalement innée, c’est un sentiment incontestable et bien réel. Vouloir ressentir cette paix est tellement humain. Ce n’est pas dans le domaine du divin, mais dans celui de l’humain que la paix doit être ressentie. Ce sont les êtres humains qui veulent la paix et en ont besoin. Malgré tout, nous nous perdons dans les définitions : « Ceci est peut-être la paix, ou bien cela… ». Mais la paix est une chose que l’on ressent. La paix est un ressenti qui fait dire à une personne : « Maintenant, je ressens la paix ». Pas de questions, pas de doutes. Ce n’est pas une expérience de groupe ou une image ou quoi que ce soit d’autre. Il existe une paix qui réside dans le cœur de chaque être humain sur terre aujourd’hui, quelles que soient ses croyances ou ses activités. Même ceux qui prônent la guerre, dans leur cœur, veulent eux aussi vraiment la paix. Nous sommes capables, d’une manière qui nous est propre, de faire l’expérience de la paix, de la vie, de chaque souffle qui vient en nous. C’est notre singularité. Prem Rawat a été invité à s’exprimer lors d’un événement célébrant le 60e anniversaire des Nations Unies, à San Francisco. Vous donnez la priorité au cœur dans la quête de la paix, et vous avez certainement raison. Parlez-nous en davantage. Un équilibre est nécessaire. Chaque être humain a reçu en cadeau deux choses : un esprit ou intellect, et un cœur. Le cœur est sincère, il ne change pas. L’intellect change. Des expériences amères, et d’autres choses encore, tout cela nous marque. Mais le cœur lui, reste fidèle tout au long de la vie. Quand nous sommes enfants, ce cœur veut être heureux. Et quand nous grandissons, il reste avec nous, il nous demande de rechercher la plénitude et nous y pousse. L’intellect nous dit comment être comblé, et nous commençons PUBLI REPORTAGE Dignité, paix et prospérité : une nouvelle approche en matière d’action humanitaire … verre rempli d’une même eau sentiront chacune s’étancher leur soif d’une manière unique. Nous sommes uniques à un point étonnant, car personne n’a jamais été comme moi ni comme vous et personne ne le sera jamais. Ce temps nous est offert, cette chance d’être – d’être nous-même, d’être en vie, de faire l’expérience du cadeau d’être sur terre, voilà ce qui nous rend unique. Nous sommes chacun une œuvre qui ne sera plus jamais recréée à l’identique. Diriez-vous qu’un mouvement ou une idéologie qui élimine l’individualité pour un mode de pensée collectif, comme par exemple le nationalisme, peut mettre en péril la paix ? Tout à fait. Beaucoup de gens avancent cette excuse : « Je me bats pour mon pays ». Mais ils ne voient pas qu’ils se battent contre un autre être humain, une Il est essentiel que chacun de nous comprenne ce que cela signifie d’avoir ce souffle, ce que signifie chaque jour qui nous est donné et combien chaque instant est précieux. autre personne qui leur est tellement semblable. Quand on l’oublie, cela devient : « Je me bats pour mon pays. Je me bats pour ceci, pour cela ». Voici les explications qui créent un fossé entre nous-mêmes et la réalité de la paix. Chacun dit : « Voilà ce qui est important », « Non, voilà ce qui est important ». Mais ils ne prennent pas en considération ce qui est vraiment important. La paix est, pour moi, extrêmement importante, et non les excuses que l’on se donne : « Je me bats pour ceci, ou pour cela ». Certains disent : « Je me bats pour Dieu ». À ceux-là, je dis : « Dieu peut mener ses propres guerres. Il n’a pas besoin de vous pour le faire ». Mais chacun a ses explications. Chacun a une cause pour laquelle combattre. Et cela ne fait que nous éloigner un peu plus de nous-même. À Maurice, comme vous le savez sans doute, nous avons plusieurs cultures, plusieurs croyances, plusieurs langues. Votre message parle-t-il mieux à certaines personnes qu’à d’autres, en fonction de leurs origines, et si ce n’est pas le cas, qu’estce qui rend votre message pertinent et universel ? Je pense que c’est parce que le message ne s’adresse pas à l’intellect, ni aux croyances ou à l’univers professionnel d’une personne. Le message ne remet pas en cause sa religion. Le sujet du message est le cœur. Quand vous parlez du cœur, vous parlez de ce que les gens savent déjà. Ils savent qu’ils veulent la paix dans leur vie. Ils savent que la vie est importante. À chaque fois que nous voyons un cortège funèbre ou un cimetière, pendant quelques instants, nous nous disons : « Mon Dieu, que la vie est importante ». Puis nous oublions et nous reprenons nos explications : « Non, voilà ce qu’il y a de plus important. Je dois faire ceci, j’ai une réunion, j’ai des choses à faire ». Mais nous savons que la vie est importante. J’essaye de mettre ce fait en avant. Les gens savent déjà ce qui est important pour eux. Quand quelqu’un entend cela, c’est un rappel extraordinaire. Comme un éveil. « Oui, c’est vrai, j’ai un cœur. Je veux mener à bien ma quête. Je veux la paix dans ma vie. » C’est un beau message pour tous les êtres humains, car il ne s’adresse pas à leurs différences ni à tout ce qu’ils font. Les gens sont simplement des gens. Je voyage beaucoup. Je me retrouve en Espagne, mais je ne vois pas des Espagnols. Je vois des personnes. Que je sois en France ou en Inde, je regarde les personnes, et elles sont belles. J’essaye simplement de toucher leurs cœurs. C’est tout. Mon message est un rappel plutôt qu’une explication, et je crois que c’est ce qui le rend pertinent et universel. Lors d’une conférence donnée récemment à l’île Maurice, vous avez dit que notre ignorance, ce qui nous est inconnu, marque notre limite au-delà de laquelle nous n’avons aucune idée de ce qui existe. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Pour certains, il ne faut pas trop se poser de questions, et ils préfèrent vivre dans cette ignorance. Mais parmi toutes les choses dont nous pouvons être conscients, la conscience de soi est sûrement le premier barreau de l’échelle. Nombreux sont ceux qui semblent ignorer ce premier pas. Ils pensent pouvoir arriver En Inde, la Fondation Prem Rawat propose des consultations ophtalmologiques gratuites. au sommet de l’échelle sans utiliser les barreaux. Nous sommes dans un monde où ni l’intelligence ni les moyens ne manquent, et pourtant les gens se sentent perdus. Non seulement ils se sentent perdus, mais leur perplexité augmente d’année en année. Il y a de plus en plus de personnes qui atteignent un certain niveau d’éducation, qui réussissent, et pourtant ce manque de repères augmente. Il est pourtant dit, depuis des siècles, que l’ignorance de soi mène à la confusion, et que la connaissance de soi est le seul moyen d’en sortir. Chaque année, Prem Rawat parcourt les cinq continents pour délivrer son message de paix en personne. La Fondation Prem Rawat Dignité, paix et prospérité La Fondation Prem Rawat mène des actions humanitaires à l’échelle mondiale : consultations ophtalmologiques, aide alimentaire pour des réfugiés, des victimes de catastrophes, etc. Pourquoi la Fondation s’engage t-elle dans ces actions, alors qu’en même temps elle aide à faire connaître votre message de paix ? Je ne vois pas d’antagonisme entre les deux. Les gens ont besoin d’une aide au niveau matériel, et ils ont besoin d’aide pour prendre conscience de leur cœur. Los Angeles, de nombreuses personnalités ont signé des T-shirts, des livres ou d’autres choses, qui seront vendues aux enchères au profit de la Fondation. C’est vraiment les gens qui font vivre la Fondation, parce qu’ils apprécient la manière dont elle fonctionne et l’importance du travail qu’elle accomplit. Par exemple, nous avons un programme d’aide alimentaire appelé « Nourrir les habitants de Bantoli », dans le nord de l’Inde. Nous ne nous contentons pas d’apporter quelque chose à manger à ces personnes, mais nous leur donnons la nourriture qu’elles ont l’habitude de C haque être humain a besoin de dignité. La dignité doit permettre à chacun de répondre à la soif intérieure à sa propre manière. Ensuite, avec cette dignité, chacun devrait pouvoir connaître la paix. La paix véritable vient quand le cœur est comblé. Et une fois qu’on connaît la paix, la formule prend tout son sens, la prospérité suivra. La véritable prospérité se produit quand on est parfaitement heureux à l’intérieur comme à l’extérieur. Lorsque les gens ont besoin de nourriture, il faut leur procurer de la nourriture. Lorsque les gens ont besoin d’aide, il faut leur procurer de l’aide. Pas comme une aumône, mais avec dignité. Sans rien attendre en retour. Prem Rawat Le programme « Nourrir les habitants de Bantoli », dans le nord de l’Inde, permet de distribuer chaque année 100 000 repas chauds préparés et servis dans un bâtiment de 900 m2 construit spécialement par la Fondation Prem Rawat. • Dans certaines régions du nord-est de l’Inde, des adultes et des Contact île Maurice : ✆ (+230) 424 46 88 enfants restent parfois plusieurs jours sans manger. Des bénévoles de la Fondation ont monté un projet avec les anciens du village de Bantoli pour que, chaque année, plus de 100 000 repas chauds gratuits soient préparés et servis dans un bâtiment de 900 m2, spécialement construit à cet effet. • À la suite du tsunami de 2005 en Asie, la Fondation a distribué 1 500 repas par jour aux enfants des camps de réfugiés du Sri Lanka pendant un mois. 9 000 personnes ont également reçu de la nourriture pendant un mois en Indonésie grâce à un don fait au Programme alimentaire mondial des Nations Unies. • Au Niger, lors de la famine qui a touché 4 millions de personnes, la Fondation a fait un don à ce même programme des Nations Unies afin de nourrir 2 000 personnes pendant un mois. • Au Guatemala, après la destruction de milliers de maisons lors du passage d’un ouragan, la Fondation a fait un don pour que 4 500 enfants puissent manger pendant un mois. • Au Pakistan, des villes entières ont disparu lors du tremblement de terre d’une amplitude de 7,6 qui a frappé le pays. La Fondation a fait un don pour que 6 000 personnes puissent manger pendant un mois. • Lors de l’ouragan Katrina, qui s’est abattu sur le sud des Etats-Unis, 1,5 million de personnes ont du être déplacées. Un don de la Fondation à la Banque alimentaire de Houston a permis de fournir trois repas par jour à 8 500 victimes pendant 3 mois. • Après l’ouragan Wilma, qui a frappé le Mexique, de nombreuses familles avaient perdu leur maison. La Fondation a fourni du matériel de construction aux villages Mayas pour reconstruire les toits de 450 maisons. • En Inde, il y a 9 millions de personnes aveugles. La plupart souffrent d’une cécité qui peut être évitée si les soins appropriés sont fournis. La Fondation propose régulièrement des consultations gratuites qui ont déjà permis de traiter plus de 10 000 patients. Pour en savoir plus : http://www.tprf.org ou en français http://fr.tprf.org Apprendre à vivre en harmonie, en paix est fondamental si nous voulons engendrer un monde meilleur pour nous-mêmes et pour être une espèce qui prospère sur cette planète. [email protected] www.contact-info.net Je pense que ces deux aspects vont de pair, car non seulement la Fondation offre de la nourriture, des consultations ophtalmologiques et d’autres choses de première nécessité, mais elle les offre avec beaucoup de dignité. C’est l’un des piliers de la Fondation, d’apporter de l’aide aux gens non sous le couvert d’une religion ou pour qu’ils nous soient reconnaissants, mais d’un être humain à un autre être humain, avec dignité. Cet important travail humanitaire demande des fonds. Comment est financée la Fondation, et comment rend-elle des comptes pour les opérations qu’elle mène ? Tout d’abord, la Fondation est une œuvre caritative publique, qui fonctionne selon des principes très stricts. Elle doit rendre des comptes au gouvernement et à son conseil d’administration. La Fondation opère en toute transparence, en pleine lumière. Ses déclarations financières sont contrôlées chaque année par des organismes indépendants, ses déclarations fiscales et ses comptes annuels sont rendus publics. Elle est en totale conformité avec toutes les lois et les règles en vigueur dans les pays où elle opère. Le conseil d’administration est composé de personnes vraiment merveilleuses qui offrent généreusement de leur temps. La Fondation est financée par des personnes comme vous et moi qui croient en elle et la soutiennent. Tout à fait récemment, lors de la remise des Grammy Awards, à manger. Beaucoup de nourriture envoyée par d’autres dans ce lieu si particulier qu’est Bantoli, finit dans la mangeoire des vaches. Nous n’apportons pas seulement une alimentation nutritive aux gens, mais nous essayons également d’éveiller un esprit de responsabilité dans leur communauté. Nous ne leur disons pas : « Vous avez besoin d’une aumône, alors comme nous sommes généreux, nous allons vous la donner ». Nous voulons qu’ils ressentent de la dignité et nous voulons les aider à se débrouiller par eux-mêmes. C’est un projet enthousiasmant et il remporte un vif succès. Chaque jour, il nourrit les habitants de cette région, des autochtones qui sont entièrement coupés du reste du monde. Ils sont vraiment contents et reconnaissants d’avoir cette aide. Je sais qu’il y a des personnes à Maurice qui partagent vos idées et aimeraient aider la Fondation. Les habitants de l’île Maurice sont très généreux, et quiconque veut aider la cause de la Fondation est naturellement toujours le bienvenu. Vous dites que vous offrez un moyen concret de trouver la paix qui est déjà en soi. Si une personne accepte votre offre, que devra-t-elle faire ? En d’autres termes, si quelqu’un commence à avoir soif, comment obtient-il ou obtient-elle le verre d’eau, et non une image d’un puits ou de personnes buvant de cette eau ? J’apprécie vraiment cette question, parce que de nombreuses personnes montrent des images de l’eau et de personnes en train de se désaltérer. Cela ne manque pas. Ce que j’offre est bien plus concret. Mon propos ne se limite pas à des mots. Je dis très clairement : si vous ressentez une soif dans votre vie, cherchez-la où vous voulez, et où que vous la trouviez, c’est très bien. Si vous ne la trouvez pas, je suis là. Je peux aider. Je l’ai fait pour de nombreuses personnes. Des milliers et des milliers de personnes de par le monde ont la possibilité d’aller en elles chaque jour et de ressentir cette paix. De nombreuses personnes m’écoutent à la télévision, à la radio, sur des vidéos et m’envoient des e-mails pour me remercier du message, pour me dire combien elles se sentent bien quand elles l’écoutent. Mais ce n’est pas qu’un message. J’offre quatre techniques concrètes que j’appelle la Connaissance. Ces techniques sont très simples et elles ramènent votre attention de l’extérieur vers l’intérieur, afin que vous puissiez ressentir en vous cette expérience. Quand il y a une volonté, il y a assurément un moyen. Si des gens veulent se préparer pour apprendre les techniques, il y a des CD et DVD faits pour cela. Ensuite, s’ils le désirent, ils peuvent recevoir ce cadeau qu’est la Connaissance. Donc ce ne sont pas de simples images sur un mur, des images de personnes buvant de l’eau et qui sont reconnaissantes. C’est une chose bien réelle. C’est un verre d’eau. Oui, c’est l’eau elle-même. Je vous remercie. Je serai tout à fait enchanté de vous rencontrer à Maurice ou ailleurs. Oui, avec plaisir. Je m’en réjouis d’avance. Merci beaucoup. ” Issa Asgarally, Docteur en linguistique de l’université Paris V-René Descartes, professeur associé à l’Institut de l’éducation de l’Ile Maurice (MIE), est l’auteur de plusieurs livres dont « L’interculturel ou la guerre » (2005) et « L’île Maurice des cultures » (2006). Il édite la revue littéraire « Italiques » et présente l’émission télévisée « Passerelles ». L a conception de la paix qui se dégage de cet entretien avec Prem Rawat est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord l’accent qu’il met sur l’unité fondamentale des êtres humains. Cette unité, il la fonde sur leur aspiration commune : la quête du bonheur et de la paix, au-delà de nos moyens d’expression. Et il l’exprime en des termes simples : « Pour moi, les gens sont des gens. Je voyage beaucoup. Je me trouve en Espagne, mais je ne vois pas des Espagnols, je vois des personnes ». C’est aussi ce que je pense et que j’ai exprimé autrement dans un essai. Complémentaires de l’unité, les différences interindividuelles sont résumées par la phrase « Vous êtes unique ». Prem Rawat dénonce, à juste titre, les idéologies qui dissolvent l’individu dans un collectif et qui ouvrent la voie « aux identités meurtrières ». Le nationalisme, comme Rabindranath Tagore l’avait déjà anticipé en 1917, peut en faire partie. Ce qui caractérise la conception de Prem Rawat, ce qu’il appelle son « message » – un « rappel » plutôt qu’une explication, prend-il soin de préciser – c’est l’importance déterminante qu’il accorde à la paix intérieure. La paix, pour lui, est innée, c’est un sentiment bien réel. Certaines idées de Prem Rawat peuvent certes faire l’objet d’un débat. Ainsi, la conviction que la paix ne peut pas être démontrée et que ce n’est qu’une affaire de cœur. Ou encore que celui qui fait la guerre désire la paix au fond de lui-même. Mais ces postulats ont le mérite d’approfondir le débat, car Prem Rawat serait la dernière personne à imposer un nouveau dogme. Pour Prem Rawat, la paix n’est pas qu’une idée. L’action concrète, à travers sa Fondation, n’est pas moins importante. Et ici, comme en témoigne son projet d’aide alimentaire à Bantoli, dans le nord de l’Inde, il apporte une originalité : ne pas seulement donner de la nourriture, mais donner celle que les gens ont l’habitude de consommer pour qu’elle ne soit pas gaspillée. La cause de la paix dans le monde, sans cesse menacée par la prédominance des valeurs militaires, trouve en Prem Rawat un défenseur prestigieux et efficace. Issa Asgarally PUBLI REPORTAGE