2-2- EXPO MANGER C`EST SACRE
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2-2- EXPO MANGER C`EST SACRE
MANGER C’EST SACRE Alimentation et religions EXPO « repas sacré, sacré repas ! » réalisée par Eric Fischer et l’Aumônerie du lycée Alexandre Dumas de Strasbourg mars 2005 Adaptée par Patricia Goepfert et l’Aumônerie du lycée Mermoz de Saint-Louis sous le titre « MANGER C’EST SACRE ! » 2007 Alimentation et religions 1. Entre repas et religion : LE RITE • Dans toute vie en société, il y a des gestes, des paroles, posés de façon régulière, des manières de faire habituelles qui obéissent à un code • Au-delà des coutumes ou des commun, et nous règles de savoir-vivre, les rites permettent d’être en signifient souvent ce que nous relation, de nous ne pouvons parfois dire avec situer avec les autres des mots et nous permettent ou avec un Autre, de vivre ce que des paroles avec le monde, dans n’effectuent pas… le temps… Toute religion a des rites • Pas de religions sans rites : pas de croyance vécue sans une expression concrète dans des gestes, des paroles, des traditions… Pour beaucoup de religions, « être, c’est faire » • Une religion s’exprime à travers des rites particuliers, propres à chacune. Y compris des rites alimentaires. • A quoi sert un rite ? Quand un rite est célébré… • Célébrer un rite confère plus d’universalité et d’intensité à l’événement ou à la situation que l’on est en train de vivre. • Parfois on sent le besoin de « marquer le coup », de signifier que ce que nous vivons est important pour tous ensemble, pour l’autre et pour nous-mêmes, de mettre en scène ce qui se vit pour faire passer quelque chose de plus qui est lié… On met de la beauté, du soin, des choses précieuses, on prend le temps... • C’est aussi ainsi qu’il faut comprendre un certain nombre de rites religieux… Quelques exemples de rites • Dire "bonjour, comment ça va ? " serrer une main, engager la conversation, passer au salon, prendre l’apéritif, partager un repas, faire la fête… • Rites de passage : anniversaire, permis de conduire, mariage, enterrement, fêtes de fin d’examens… • Rites d’initiation : bizutage… • Rites saisonniers : vacances… • Rites de table : la place des couverts, une nappe, des serviettes, des habitudes alimentaires… Bonjour ! Joyeux anniversaire ! L’alliance Fonction sociale et relationnelle permet l’être ensemble, permet à une communauté de se retrouver, de se reconnaître Fonction temporelle : • pour se situer dans le temps, point de repère… Un rite saisonnier très attendu… les vacances ! Fonction de passage • Fonction de passage d’un état à un autre : permet de marquer une étape de vie, de signifier un changement. • Ex : les funérailles, le permis de conduire Fonction de purification • Fonction de purification ou d’expiation (une réconciliation, un pacte de paix…) Fonction de mémoire • Fonction de mémoire, d’actualisation et de mise en scène du mythe (récit de nos origines). Fonction de transmission • Fonction de transmission d’un héritage culturel, d’une génération à l’autre. 2. L’influence des religions dans l’histoire de la gastronomie Les religions ont pu • Elles ont apporté leur part à l’histoire de la gastronomie, développer la en promouvant des consommation de nourritures considérées comme sacrées, en certains aliments, soit privilégiant tel mode de en les prescrivant, préparation ou de cuisson, soit en les en la réglementant, en préconisant des périodes interdisant… de jeûnes… Un rite par excellence : le REPAS • Un certain nombre de nos rites alimentaires trouvent leur origine dans des croyances ou des pratiques religieuses. • Un certain nombre de rites religieux se vivent à travers une dimension alimentaire. Manger, un acte sacré ? • Tout repas peut être célébration de quelque chose. • Toute religion passe par un repas ou met en place un certain rapport avec les aliments en leur donnant un sens, une valeur. • Pourquoi ce croisement ? Peut-être parce que nourriture et religion ont tous les deux un rapport fondamental à la vie. Je deviens ce que je mange Les chasseurs de la préhistoire se sentaient revitalisés, bien plus que dans un sens corporel, par l’acte de se nourrir, qui permettait d’acquérir la force, la vitalité et les capacités, réelles ou imaginaires, de l’animal. Repas et sacrifice • De tout temps et en tout lieu, pour communiquer avec les dieux, l’homme pense qu’il n’y a rien de mieux qu’un repas sacré… souvent signifié dans le cadre d’un sacrifice. L'idée de nourriture sous-tend l'idée de sacrifice. Les sacrifices, fêtes et fastes ont, de tout temps, suggéré l'interdépendance des humains, des dieux et de la nature. • Le repas peut alors devenir une occasion de prière, non seulement pour rendre grâces, mais en tant que rite de communion. • Parole de chef • « Comme le montrent les religions, leurs rituels, leurs interdits et obligations alimentaires, manger est un acte sacré. (…) S’asseoir à la même table, boire le même vin, partager le même pain devient un moment de véritable communion quand il signifie : “ Ceci est un acte vital, d’amour, de partage et de don. Je ne mange qu’avec des gens que j’aime bien. ” Quant à la cuisine, la recette est simple : tout ce que l’on fait avec amour donne un résultat en quelque sorte “ sublimé ”. » Guy Martin, élu meilleur chef cuisinier de l’année 1999 Quelques symboles pour s’y retrouver… Bouddhisme Hindouisme Judaïsme Taoïsme Christianisme Jaïnisme Islam Shintoisme Vers d’autres graisses Le judaïsme interdisant de cuire viandes et laitages ensemble, la cuisine juive utilise très peu de beurre et affectionne d’autres graisses (huile d’olive dans les pays méditerranéens, graisse d’oie en Europe centrale), ce qui l’a distinguée des cuisines chrétiennes et musulmanes des pays où ils vivaient. Saintes huiles L’exploitation d’huile pour les rites religieux catholiques aurait favorisé la consommation d’huile dans des pays jusque là voués au beurre ou au saindoux et autres graisses animales ; et, par la suite, elle aurait favorisé la commercialisation de l’huile d’olive jusque dans les pays du Nord de l’Europe et la production d’huile de noix, d’huile d’œillette et d’autres huiles de remplacement pour les gens moins riches des pays situés hors de la zone de l’olivier. In vino veritas • Le vin étant tout à fait nécessaire à la célébration du culte chrétien et le concept de vin ne s’appliquant, dans la chrétienté, qu’au jus de raisin fermenté - à la différence de ce qui se passe dans le monde arabe ou le monde chinois - la culture de la vigne s’est développée très loin vers le nord, au Moyen-Age. Et le vin a été un des principaux objets du commerce européen. Le christianisme et les jours « maigres » L’Église chrétienne ayant interdit l’usage de la viande et des graisses animales certains jours de la semaine ou de l’année (vendredi, samedi, carême et autres périodes de jeûne ou d’abstinence), cela semble avoir développé la pêche dans les mers septentrionales très poissonneuses, et la commercialisation du hareng ou de la morue jusqu’au cœur du continent européen et sur les rives de la Méditerranée. Fourchette Amenée en France de Venise par Catherine de Médicis, mais refusée à l’époque par la cléricature locale : la forme de ce couvert rappelait trop la fourche du diable pour être innocente… 3. La culture alimentaire propre à chaque religion • Chaque culture religieuse a développé ses propres rites alimentaires, et l’on observe souvent que l’application tabou ou sacré fournit un repère d’identité, et permet à la communauté croyante de ne pas se confondre avec les autres en se séparant, en marquant sa différence. La table, lieu de la mémoire du peuple • Chaque fête fait mémoire d’un événement fondateur dans l’histoire du peuple hébreu, souvent traduit dans un repas. • On met en scène un mythe (récit qui explique une origine) pour garder en mémoire et transmettre l’héritage, les racines, l’identité de la communauté. Dieu donne la nourriture • Dans la société judaïque, les repas ont toujours une valeur religieuse puisque c’est Dieu qui donne la terre et la nourriture (Dt 8, 10) ; ils comportent donc une bénédiction et une action de grâce et appellent des comportements de courtoisie et de tempérance (Si 31-32). « Au commencement », un interdit alimentaire…imagé • Le premier commandement biblique de Dieu dans la Bible serait alimentaire : « de tous les arbres du jardin tu mangeras, mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point, car du jour où tu en mangeras tu dois mourir » (Gn 2) • • Attention ! Métaphore ! Ici l’acte de manger a à voir avec la connaissance du Bien et du mal, c’est à dire la Sagesse ultime, une dimension réservée à Dieu. Il faut savoir lire le sens et les images contenus derrière certains interdits… L’inscription des repas dans la Loi • L’ensemble des prescriptions alimentaires juives est consigné dans la Torah (Loi écrite, cf. Ancien Testament) et le Talmud (loi orale). • Les raisons des ces prescriptions ne sont pas toujours données. Et ses interprétations ont évolué avec les époques. Les principales prescriptions alimentaires de la Torah • • L’interdit de la graisse et du sang apparaît dans le Lévitique et semble fondamentalement lié aux sacrifices (Lév. VII). Le lien entre le sang et l’âme vient justifier l’interdit du sang, le sang étant le siège de l’âme. (Lév XVII) L’interdit du nerf sciatique découle du mythe du combat de Jacob avec l’ange (Gn XXXII) • • • • • « Tu ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère » : l’exclusion lacté-carné (Ex XXIII, Deut XIV). Le poisson n’est pas considéré comme de la viande. La classification du lévitique entre animaux purs et impurs : Purs : Les viandes permises sont les parties avant des ruminants à sabot fendu(bœuf, mouton) et toute volaille de basse-cour. Les poissons doivent avoir des nageoires et des écailles. Traditionnellement, les animaux doivent être rituellement abattus et vidés de tout leur sang) Impurs : porc, crustacés, charognards, insectes… Prescriptions particulières pour la Pâque : agneau pascal et azyme. Les torts du porc • Le judaïsme présente une vision religieuse du monde créé par Dieu ; un monde équilibré et harmonieux où chaque chose est au départ ordonnée et à sa place selon la volonté de Dieu : séparation de milieux terrestres, aérien, aquatiques… • Tout ce qui est ambigu et ne respecte pas cette séparation et cet ordre est une offense à la création de Dieu. C’est le cas du porc qui est un animal mangeant de tout. Il est herbivore, carnivore, coprophage (mangeant même ses propres excréments). Il ne peut être qu’impur… • Les hébreux, à l’époque de leur esclavage en Egypte, aurait rejeté le porc parce qu’il était honoré comme un Dieu par les Egyptiens… • Autre vision, plus sanitaire : Le porc, porteur de la trichinose, une maladie parasitaire… « Tu ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère » • Tout mélange lacté carné est proscrit. Les ustensiles en contact avec des laitages et ceux avec la viande sont séparés (jeu différencié de casseroles, couverts, plat…), pas de repas mixte, temps d’attente entre repas carné et lacté… pas de viande cuisinée au beurre ou à la crème … Pourquoi ? Pour préserver : • Son corps : Hygiène • Sa religion : en réaction à une pratique « païenne » d’une autre religion voisine • Sa pureté : on ne mélange pas la vie (le lait) et la mort (la chair de l’animal), c’est à dire le pur et l’impur par excellence… • Sa sexualité : mise en scène du tabou universel de l’inceste (le corps de l’enfant et le corps de la mère) Les interprétations varient avec le temps… Les sens possibles de la « cacherout » • Registre de la sainteté : manger selon les prescriptions de la Torah, c’est entrer dans un chemin de sainteté… • Registre moral : « quand un juif mange cacher, il va mieux comprendre la Torah… » • Registre de l’identité : on se distingue par une alimentation spécifique (face aux goys : non juifs) • Registre de la transmission de la mémoire «pour que les enfants apprennent qu’ils sont juifs ». • Registre de l’hygiène : peut-être pour une certaine époque… Le christianisme : le repas d’une alliance nouvelle • Le repas a signification d’une alliance, d’un merci, de la fraternité… dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. • Passage de l’Ancien au Nouveau Testament : dans le cénacle (salle à manger), Jésus partage son dernier repas avec ses disciples selon le rite de la Pâque juive et donne un sens à sa mort prochaine à travers le repas « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, faites ceci en mémoire de moi… » Le Christianisme : Le péché de gourmandise pour l’Eglise catholique • Le péché de gourmandise trouve sa source dans la tradition monastique qui vise à une éducation spirituelle par l’ascèse, un oubli du corps considéré comme un fardeau, qui empêcherait l’âme de s’élever vers Dieu. • Puis il devient au Moyen Age un péché capital en vue d’une éducation morale à la tempérance (contre les excès de certains), à la maîtrise de ses instincts et au partage. La gourmandise passait autrefois pour un vilain défaut. Le christianisme l’a érigée en péché capital avec l’orgueil, l’avarice, l’envie, la luxure, la colère, la paresse. Les moralistes catholiques estiment aujourd’hui que la gourmandise, si elle est un acte isolé, n’est pas une faute grave. C’est l’habitude ou l’excès qui peut devenir grave si elle compromettait la santé. Le christianisme : Absence d’interdits alimentaires • Les interdits de l’Ancien Testament sont dépassés par le Nouveau : il n’y a donc pas d’interdit alimentaire dans le christianisme, mais méfiance face à un excès de plaisir gastronomique (gourmandise, goinfrerie…). • A noter : le contre-pied de Jésus face aux excès d’interprétation de la Loi du judaïsme : « ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui en sort » (malveillance, hypocrisie…) : plutôt que de te soucier de ce que tu manges, pense plutôt à ce que tu dis et à ton attitude envers les autres ! Islam : Une alimentation selon les textes sacrés • Le rapport à l’alimentation est défini par le Coran, les traditions rapportées au Prophète fondateur (hadith, sunna), certains ouvrages d’exégèse et la législation religieuse (fiqh). licite (halal) ou illicite (haram) • La vie quotidienne des musulmans est classée dans un cadre légal en deux domaines : ce qui est licite (permis) et ce qui est illicite (interdit). L’interdiction ne concerne que des choses impures ou nuisibles, donc dangereuses. • « Les choses sont permises à moins qu’elles n’aient été expressément interdites » • La nécessité vitale de nourriture lève l’interdiction. Croyance, liberté et maîtrise • Les interdits alimentaires permettent au croyant d’attester de sa foi dans le quotidien, de vivre en bon musulman, obéissant à Dieu (sens du mot Islam). • Les interdits lui apprennent aussi à maîtriser ses pulsions et à exercer sa liberté : pour ne pas perdre le contrôle de soi, ne pas être sous l’emprise d’un produit… et ne pas blasphémer… Les interdits alimentaires musulmans • Boissons alcoolisées et stupéfiants : pour ne pas blasphémer, garder la maîtrise de soi. • « Le Prophète dit : Dieu a maudit le vin, celui qui le boit, celui qui le sert, celui qui le vend et l’achète, celui qui foule son raisin et celui pour qui il est préparé, celui qui le transporte ainsi que celui qui l’a commandé et qui en touche le prix. » • « A vous qui croyez : n’approchez pas de la prière alors que vous êtes ivres avant de savoir ce que vous dîtes. » sourate 4, 46. Les interdits alimentaires musulmans • Les catégories d’aliments interdites : • La bête morte sans que l’homme ait eu l’intention de le tuer. • Le sang répandu et la viande de porc. • Les boissons enivrantes. • Toute nourriture destinée à un autre Dieu. • Les viandes issues d’animaux qui ne sont pas abattues rituellement (en invoquant le nom d’Allah) car selon l’Islam, seul le Créateur peut reprendre la vie dont il est la source. • « Vous ont été interdits : la bête morte, le sang, la viande de porc, ce qui a été égorgé au nom d’autre que Dieu, la victime d’un étranglement, d’un choc, d’une chute, d’un coup de corne, et tout ce dont a mangé une bête féroce, ce qui a été immolé sur l’autel des idoles. » Sourate V, verset 3 Les classifications alimentaires • Animaux licites qui n’ont pas besoin d’être abattus rituellement : poissons, mammifères marins. • Animaux licites qui doivent être abattus rituellement : bétail, volaille, mammifères herbivores. • Viandes d’animaux illicites : porc, âne, cheval et mulet, animaux carnivores munis de canines, rapaces, animaux qui se nourrissent d’ordures… • On devient ce que l’on mange (impur, féroce…) • Pas de contact avec l’impur (porc, sang d’animal mort…) • Problème à noter : la traçabilité de la viande Halal… et les graisses animales « anonymes » donc non halal contenues dans certains produits… Une nourriture en commun • Coran, V, 5 : • « Vous est permise la nourriture de ceux à qui le Livre a été donné et votre nourriture leur est permise » • Les religions du Livre selon le Coran : Islam, Judaïsme, Christianisme. L’hindouisme : la nourriture des castes • Il y a 4 classes étanches et hiérarchisées en castes, qui ne peuvent partager le même repas, utiliser les mêmes couverts, manger dans le même restaurant… • Les Brahmanes (végétariens, pas d’ail ou d’oignons, pas d’alcool), les Guerriers, les Commerçants, les Domestiques. • Hors castes, Les 250 millions d’Intouchables (impurs) mangent de tout, car ils ne sont soumis à aucune loi religieuse. L’hindouisme : à l’origine du végétarisme • Le végétarisme forme un lien profond entre nourriture, pureté et moralité. • Il aurait fait son apparition en Inde au VIème s. avant JC avec le principe de nonnuisance (ahimsä) ou refus de tuer. Principe adopté ensuite partiellement par le Bouddhisme. • En principe selon les lois de Manou, seule la chair des animaux rituellement sacrifiés serait mangeable pour les 3 premières castes, faute d’être dévoré dans un autre monde par les animaux en question… • L’occidentalisation de la société indienne perturbe cet ordre ancestral, même si la majorité des indiens (qui ne sont pas tous hindous !) restent végétariens. Le bouddhisme : entre jeûne, désir et réincarnation… • Bouddha a passé beaucoup de temps à méditer en jeûnant. Quand tout est souffrance et que le désir, source de souffrance, est refusé, la satisfaction gustative a-t-elle encore de la place…? • Dans le bouddhisme, le commun des mortels peut manger de tout, par contre il existe des interdits pour les moines (aïl et oignon pour une maîtrise de soi). • Bouddha, avec Pythagore est l’un des premiers ambassadeurs du végétarisme avec le principe de non nuisance et la croyance en la réincarnation : les animaux ont une âme… Le bouddhisme et la gourmandise • La gourmandise est punie à deux des 8 niveaux de l’enfer : Samjiva pour les carnivores dans une fosse pleine d’excréments et d’asticots, Raurava pour les critiques gastronomiques dans un fleuve où ils sont repêchés de temps en temps pour avaler du plomb fondu… Le taoïsme : « bien manger, c’est atteindre le ciel » • Ni mystique ni religieux, le taoïste essaie de vivre en accord avec les lois de l’univers. Tao, la voie, désigne le concept énergétique de l’équilibre universel. Principe à la racine de toute chose. • Le Yin et le Yang sont les aspects complémentaires de l’Unité. • Aliments : couleurs, saveurs, odeurs, textures, et modes de cuisson nourrissent l’énergie subtile des organes. Grille structurée autour des 5 éléments : bois, feu, terre, métal, eau. Le shintoïsme, religion de la vie • Au Japon, dans le shintoïsme, religion de la vie et de la fécondité, où la nature est le lieu de manifestation du divin, on a une préférence pour les aliments goûteux, crus et craquants, voire encore vivants… Le jaïnisme : le divin dans tous les êtres • Le jaïnisme ne connaît pas de dieu externe. Le divin est dans tous les êtres vivants : hommes, animaux, plantes, mais pas dans les matériaux inanimés. • La nourriture est donc végétarienne et basée sur la cuisine indienne. La cuisine indienne comprend la tradition ayurvédique qui admet l’influence de la nourriture et des épices sur le corps et la psyché. Pour les moines et nonnes de certains groupes, il y a interdiction de manger de la nourriture qui pousse sous la terre, pour éviter de tuer ou de blesser les êtres vivants qui vivent dans le sol. Ils portent également une protection sur la bouche afin de ne pas risquer d’avaler un insecte. 4. Valeur symbolique des aliments Une valeur pour chaque aliment • Certains produits reconnus comestibles dans une société, voire même excellents, peuvent être interdits ailleurs, soit à tous les fidèles et perpétuellement, soit à certains d’entre eux particulièrement, ou encore en certains temps seulement. • De fait on peut attribuer à bon nombre d’aliments des qualités et une valeur symbolique propre, d’une culture à l’autre. Tabou : Entre sacré et impur • Le tabou est un interdit posé à l’homme, avec une signification différente selon la religion. • Une nourriture taboue, selon les cultures ou les religions, peut l’être par sa nature sacrée, réservée au champ de la transcendance, du divin, ou par son caractère impur. • Le respect d’interdits alimentaires est un rite de purification censé rapprocher un fidèle de sa divinité. Pur ou impur ? • En regard de la Loi juive, divers aliments sont regardés comme impurs ou frappés d’interdits (Lv 11, Dt 14, 1-21). Pour le judaïsme, le caractère et le comportement dans la vie sont influencés par la nourriture qui doit être pure ou cachère. • Certains animaux sont purs : mammifères quadrupèdes ruminants, poissons à nageoires et écailles, d’autres sont impurs (porc, cheval, lièvre, anguille, crustacés…). Dt 14, 13-20 Nourriture cachère • Cachère : mot hébreu signifiant «apte» ou «conforme». Désigne ici les aliments jugés aptes, ou propres à la consommation, conformément aux lois de l’alimentation (cacherout). Ces lois ne concernent ni les fruits ni les légumes. • La Loi juive interdit la consommation de sang, considérée comme le siège de la vie ; or celleci n’appartient qu’à Dieu. La viande doit donc être préparée de manière appropriée (Lv 17). • La cachérisation de la viande se fait par trempage dans l’eau et salage pendant une heure, afin de lui faire dégorger ce qui lui reste de sang. Puis la viande est rincée ou grillée sur le feu. Halal • Mot arabe signifiant « permis, licite ». L’immolation de l’animal qui fournira la viande consommée par un musulman répond à des règles strictes. Ces règle respectées, la viande est « halal », conforme aux prescriptions coraniques. • Un animal licite (pas le porc) est égorgé la tête tournée vers la Mecque, « Au nom de Dieu le miséricordieux, Allah est grand », car Dieu seul peut donner ou reprendre la vie. • L’animal est vidé de son sang, puis débité. • Pas de contact avec viandes non halal sous peine de contamination de l’impureté. La vigne : un peuple, un homme, un Dieu • Liée à la fertilité et aux dieux antiques de l’agriculture, en Mésopotamie, ainsi qu’à Dionysos et Bacchus dans les mythologies grecque et romaine. • Dans la Bible, le peuple d’Israël est comparé à une vigne, plantée par Dieu sur une bonne terre. • Jésus s’approprie cette image : « Je suis la Vigne • véritable et vous êtes les sarments » Jn 15. Passage de l’ancienne alliance à la nouvelle alliance (Ancien et Nouveau Testament). Le vin qui réjouit le cœur de l’homme (psaume 104, 15) : chez les juifs, il est la boisson de la fête (noces de Cana) et dans la Bible, le symbole du festin, de la joie comme signe du bonheur attendu dans les temps messianiques (Is 25, 9. Jr 31, 12). Un signe « di-vin » • Au repas pascal des juifs, une coupe de vin circule rituellement entre les convives. • Jésus, avant de mourir, à son dernier repas (la Cène) pendant la Pâque juive, utilise cette coupe pour donner un sens à sa mort : une vie donnée pour les hommes (le sang versé), qui scelle une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes, et le vin nouveau du banquet éternel, signe du royaume de Dieu. Pain Un élément de la vie en communauté • Le pain, un élément si essentiel de la • Le pain est un élément de la vie en communauté : le recevoir de quelqu’un, nourriture qu’il est signe de dépendance, le partager avec devenu dans nos quelqu’un, signe d’amitié (racine de sociétés occidentales «compagnon, copain »). le symbole même de • Le partager avec l’affamé est un devoir religieux (Ez 18, 7). ce qui est nécessaire à la vie : « gagner son • Le pain, selon l’usage juif, n’est pas tranché au couteau mais rompu avec la pain… ». main, en signe de partage, comme le fait le père de famille. Pain azyme • Le pain azyme (du grec a-zumè, sans levain), est du pain sans levain, donc non fermenté. • Pour la célébration de leur grande fête annuelle, la Pâque, qui commémore leur libération de l’esclavage en Egypte, les juifs renouvellent le rite de leurs ancêtres en mangeant un agneau avec du pain azyme, et ce pendant une semaine après Pâque. • Le pain azyme est à la fois le rappel de la hâte du départ d’Egypte (on n’avait pas le temps de faire lever la pâte) et un symbole de la pureté du cœur, le ferment étant l’image du mal qui travaille et corrompt le cœur de l’homme. Il symbolise aussi l’humilité du croyant face à Dieu tout-puissant qui a sauvé son peuple de l’esclavage. Un signe divin : la manne • Le pain venu du ciel : la manne, de l’hébreu « mannou » (« qu’est-ce que c’est ? »), Ex 16. • Dieu pourvoit aux besoins du peuple hébreu dans le désert. La manne est un lichen mousseux qui pousse sur les parois rocheuses, emporté par le vent, que les Bédouins utilisent pour faire des gâteaux au gout de miel… • Jésus se réapproprie cette dimension en se présentant comme le pain de vie, donné par Dieu aux hommes, « Je suis le pain venu du ciel, le pain de vie » , après l’histoire de la multiplication des pains (Mt 14, Jn 6…). Hostie • Les chrétiens utilisent du pain dans le cadre de la célébration de la Sainte Cène, en mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples, avant sa mort. • La profession de boulanger n’était d’ailleurs réservée à une époque qu’aux plus fervents, première autorité morale du pays… • Chez les chrétiens catholiques, un biscuit sec et plat, en référence au pain azyme, sans levain et sans sel. • Chez les chrétiens orthodoxes, c’est l’inverse : une pâte levée et moelleuse, le levain et le sel signifiant la force vitale du Christ et l’esprit du messie. • Le pain, dans le cadre de la célébration de la Sainte Cène ou Eucharistie, devient ici signe du corps du Christ. Viandes pour l’Islam • Il faut noter la haute valeur de la viande car elle est obtenue par un acte rituel : on ne peut recevoir un hôte sans lui servir un plat de viande… Viandes pour le christianisme • Dans l’antiquité, la viande était rejetée par les chrétiens de l’antiquité malgré l’avis des autorités religieuses, car trop de viandes étaient liées à des sacrifices rituels et l’on voulait signifier l’abolition des sacrifices au profit du seul sacrifice de Jésus sur la Croix… • la viande était aussi associée dans la philosophie manichéenne à un élément lourd, qui tire vers le bas opposé au spirituel, vers le haut… Saignant ou à point ? • Le sang et la viande non saignée sont interdits aux juifs, aux musulmans ; ils l’ont été aux chrétiens occidentaux jusque vers le Xème siècle et le sont encore chez les orientaux. Cuit ou cru ? • Le rôti semble la marque des monothéismes : le mouton ou l’agneau rôti a une place fondamentale aux fêtes de Pessah, de l’Aïd el Kebir… • Au Japon, c’est le Cru qui règne : le moyen le plus approprié pour assimiler la vie à qui on voue un culte… L’idéal serait quand l’animal bouge encore dans l’assiette, au restaurant (crevette, poisson…)… Vache • Moyen de rétribution des Brahmanes (prêtres) dans l’Inde antique. En enrichissant les prêtres, elle devint aussi • Pour les hindous, la viande de vache est protégée que leurs maîtres : il interdite chez les Sikhs, n’y eut pire crime que de tuer quels qu’ils soient et en une vache ou un prêtre. tous temps. Car en • La vache est aussi sacralisée Inde, chaque vache en tant que productrice de lait incarne 330 millions de (les produits lactés sont à divinités différentes… l’origine de toute vie dans la La vache est la mythologie indienne), et dernière étape dispensatrice d’engrais et d’incarnation de l’âme d’écocarburant vital : la avant d’accéder à bouse… l’humanité. Porc • La viande de porc, chez les juifs et les musulmans, est interdite… parce qu’impure. Volaille • Avec le mouton et l’agneau, le poulet est une viande « œcuménique » qui fait l’unanimité entre musulmans, juifs, hindous… Agneau • Dans la société juive ancienne et les religions mésopotamiennes, L’agneau était l’objet de sacrifice en signe d’offrande et d’alliance avec Dieu. Le prêtre consommait une partie de l’offrande, et les meilleures parties, réservées à Dieu étaient brûlées sur l’autel. • Lors de la fête de la Pâque juive, on préparait à manger un agneau en mémoire de la dixième plaie d’Egypte et du sang de l’animal mis sur les montants et linteaux des portes, pour préserver les premiers nés. Ce repas fait aussi mémoire de l’évènement qui suivit : la libération d’Egypte du peuple hébreu, sous la conduite de Moïse. L’Agneau de Dieu… ou «Lämmele» • Dans le christianisme, Jésus est souvent présenté comme «l’agneau de Dieu», « offert en sacrifice pour la multitude » en référence à sa mort sur la croix, nouvel agneau pascal (de Pâques), signe de l’amour et du pardon de Dieu. D’où le « Lämmele » en Alsace, pour les fêtes de Pâques ! Poisson • Plébiscité par le christianisme, le vendredi, au Moyen-Age, pour éviter la viande… synonyme de festin à l’époque, déconseillé le jour où l’on veut faire mémoire de la mort de Jésus Christ. • Le poisson était aussi utilisé comme symbole de reconnaissance entre les premiers chrétiens à cause de son orthographe en grec : ICTUS = Ièsous : Jésus Christos : christ Theou : Dieu Uios : Fils Sôter : Sauveur Cheval • Interdit dans la société judéo-chrétienne jusqu’au XIXème s. • Toléré dans l’Islam, contrairement à l’âne… Quelques animaux pas nets… • Cigogne : Chair réputée venimeuse : puisqu’elle mange crapauds et serpents… • Corneille, choucas : mangeurs d’ordures… • Vautours : mangeurs de cadavres, donc impurs… • Castor : ambigu… terrestre ou poisson ? Pas net face une religion qui veut faire respecter un ordre établi par Dieu, où chaque chose et chaque animal a une place… et pas deux à la fois… Lièvre • Interdit par le clergé russe jusqu’au XIXème s. : un animal lubrique, paraît-il… • Dans les pays germaniques, du temps des celtes, il était l’emblème de la déesse Ostéra, fêtée au printemps. Les chrétiens de ces pays l’associèrent naturellement à leur fête de printemps : Pâques. Aujourd’hui, on offre des lièvres en chocolat ou sucreries, à Pâques. Le Mannale • Petit bonhomme brioché que l’on mange début décembre, en référence aux trois enfants que Saint Nicolas aurait sauvé du boucher ! Œuf • Symbole de la vie, offert par les chrétiens orthodoxes lors de la fête de Pâques, où l’on célèbre la résurrection du Christ, donc la victoire de la vie sur la mort… • Dans le culte grec de l’orphisme, l’œuf symbolisait l’espoir de la réincarnation. Lait • En Inde, les aliments cuisinés dans le beurre sont « pacca », conotation sacrée… • Dans la plupart des traditions, il est symbole de vie et de pureté : élément nécessaire à la vie, indissociable du symbole maternel de nourriture, de tendresse et de protection. Beurre • Dans l'Antiquité, le beurre fut utilisé dans les cérémonies religieuses et comme médicament, on s'en servait notamment comme cataplasme contre les infections de la peau et les brûlures. Les anciens Grecs et les Romains utilisaient très peu le beurre en cuisine ; ils s'en servaient surtout comme remède, particulièrement comme cicatrisant. • Le beurre n'apparut en Italie et en France qu'à partir du XVe siècle. • En offrande pour les dieux, dans le bouddhisme et l’hindouisme. Maïs • Vénéré par les indiens d’Amérique : ceux-ci pensaient que les premiers hommes en étaient issus. Miel • Autrefois considéré comme l’une des nourritures préférées des dieux, des héros, des prophètes et des poètes. • On lui attribuait des vertus médicinales et on l’utilisait pour les onctions et les embaumements. • Aujourd’hui, de nombreux produits d’hygiène (savon, crème, baume…) sont fabriqués avec du miel. • « Le pays où coule le lait et le miel » : symbole de fertilité et d’abondance pour la terre promise pour le peuple hébreu dans le désert. • Lié au culte du beau, au japon. Fèves et haricots • Les aliments à graines multiples (grenade, fèves, haricots…) étaient dans certaines cultures un symbole de fécondité. Ils évoquaient la sexualité masculine • Préparation par les chrétiens, le 2 novembre, de fèves parfumées à la sauge et plongées dans l’huile d’olives. • Chez les Bouddhistes, au Japon : on jette des haricots rouges sur le sol pour éloigner les mauvais esprits… Cacao • Vénéré par les indiens d’Amérique précolombienne, vers 1500 avant JC, issue de fèves de cacao, monnaie d’échange et boisson chocolatée bue par les victimes avant leur sacrifice… • Les premiers évêques d’Amérique du Sud furent empoisonnés pour en avoir refusé l’exploitation. Puis son commerce fut encouragé par les franciscains, introduit par les aristocrates au XVIIème s., en Europe. Amande Trésor bien protégé dans sa coque. Sert dans l’art chrétien. Sa forme enveloppe souvent la Vierge Marie et le Christ (mandorle). Symbole de vie en germe, offert aux baptêmes ou aux mariages. Pomme • Dans la société judéochrétienne, elle est assimilée au fruit défendu, celui qui amène au péché d’Adam et Eve. Pourtant nulle part dans la Bible il n’est question de pomme, mais du fruit de la connaissance du bien et du mal… Rendons à la pomme son innocence ! • Dans la tradition celtique : un aliment de l’au-delà qui donne l’immortalité… Saké • Dans le shintoïsme, au Japon, les prêtres se relaient tout au long de la fermentation du riz qui aboutit au saké. • La cuverie de saké est analogue au « saint des saints » (cœur du temple juif) : seuls les prêtres y accèdent… Thé • Cérémonie du thé (thé vert battu en émulsion) mise au point par des moines zen pour rester en éveil et méditer plus longtemps… • Selon la légende chinoise, l'utilisation du thé comme boisson • serait apparue en l'an 2737 avant notre ère, quand des feuilles se seraient détachées d'un arbre pour tomber dans l'eau chaude de l'Empereur Shennong. Il semble que la cérémonie du thé au Japon ait d’abord été la pratique des moines bouddhistes zen. • Cette cérémonie consistait à préparer le thé vert, produit alors à partir d’une poudre verte, laquelle était fort précieuse puisqu’elle servait également à des fins curatives. Les moines faisaient de ce moment particulier une sorte de rituel qui incitait au calme et à la méditation. Ce rite aboutit finalement à la cour de l’empereur où il fut raffiné à l’excès par un Maître du thé. La cérémonie atteignit dès lors des sommets de perfection et devint une tradition incontournable au cœur des coutumes japonaises. Le thé est lié au culte du beau au Japon. Sel • • • • • • Agent de conservation… Souvent considéré comme une substance quasi divine, il était sensé offrir la protection contre les démons à qui le jetait dans la cheminée… Le Lévitique fit du sel une offrande que devaient obligatoirement faire les Hébreux lorsqu’ils sacrifiaient les animaux, car ils étaient eux-mêmes le sel (c.à.d. le caractère pur et immuable) du pacte passé par Dieu avec son peuple. Symbole de ce qui donne goût à la vie. Jésus a dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. » Mt 5, 13 Dans le monde arabe, le sel était aussi un symbole de la bonne foi, et, dans les traditions grecque et romaine, un emblème de pureté. C’est ce qui explique pourquoi les pleureuses jetaient du sel dans les cercueils. Pomme de terre • Originaire des Andes ou on l’appelle papa, introduite en Espagne en 1534, elle est cultivée par des moines de Séville en 1573 pour nourrir des personnes malades. Les Espagnoles l’appelleront patata, par analogie avec la patate douce et pour éviter la confusion avec « pape ». Sa diffusion rapide en Italie vers 1570, est le fruit de la guérison miraculeuse du pape qui souffre de rhumatismes. Tomate • Ramenée d’Amérique du Sud par Christophe Colomb, « pomme d’amour » pour les Européens, « pomme du paradis » pour les hongrois, assimilée au fruit défendu du récit de la Genèse (comme la pomme) et associée à des rites de sorcellerie, vue sa ressemblance avec la mandragore. Basilic • Plante sacrée pour les hindous, née dans la mythologie des restes du bûcher funéraire d’une jeune veuve qui a sombré dans la folie… • On prête serment dans certains tribunaux indiens en posant la main sur un brin de basilic. Le plant de basilic familial est le lieu de la première prière de la journée. 4. Le jeûne Une pratique ancestrale • Toutes les civilisations anciennes connaissaient les vertus purifiantes du jeûne. • Une pratique éclairée par la croyance que nourriture et boisson pouvaient être infectées par des forces maléfiques… • Dans les cultes de la fécondité, le jeûne préparait les fêtes saisonnières des récoltes, et constituait une forme d’offrande à Dieu. • Il pouvait également marquer l’entrée dans chacune des nouvelles périodes de l’existence, devenant un rite d’initiation. • Un symbole pluriel - d’offrande à Dieu - de purification pour un passage - de désert, de vide, pour faire l’expérience du manque - de lutte de l’esprit contre le corps - de proximité aux plus pauvres - de don de soi, de sacrifice • à noter que tous les fondateurs de religions ont fait précéder l’accomplissement de leur tâche par une longue période de jeûne… Le christianisme : Valeur de l’ascèse dans l’Antiquité et au Moyen Age • Jésus jeûnait régulièrement et a recommandé de l’imiter. Les premiers chrétiens font mémoire de son jeûne de 40 jours dans le désert par la période d’abstinence et de pénitence qui précède les fêtes de Pâques : Carême. • On jeûne d’abord pour que l’esprit l’emporte sur le corps , dans des périodes liturgiques spécifiques (carême, avent, Vigiles de Pâques…). Une pratique qui divise • Ce système de jeûne obligatoire fut critiqué à partir du XVIème s. par les protestants : ces mortifications voulaient « acheter » la Grâce de Dieu, cette attitude n’étant pas biblique. • Luther fustige le jeûne obligatoire, en argumentant que « Dieu veut que nous vivions en tout temps de manière frugale et sobre, et ainsi que nous le montre l’expérience, des jours de jeûnes déterminés ne nous y aident pas. » • L’interdit de viandes non saignées du Lévitique fut longtemps suivie durant les premiers siècles et encore aujourd'hui dans bon nombre d’églises orientales (orthodoxes). Le christianisme : Quel sens pour le jeûne aujourd’hui ? • Permettre une ouverture plus grande à la dimension spirituelle en mettant un temps de côté ce qui amène à la satisfaction de ses plaisirs, de soi, pour se tourner vers un Autre, vers les autres. • Aujourd’hui l’Eglise catholique invite essentiellement au jeûne le mercredi des cendres, au début du carême et le vendredi saint. • On pourrait actuellement envisager d’autres types de jeûnes : télévision, téléphone portable, baladeur… pour se tourner vers l’autre ou l’Autre, quel qu’il soit… Judaïsme : en mémoire des ancêtres • Au même titre que les Hébreux ont souffert dans le désert pour gagner leur liberté, le plaisir du repas ne saurait arriver sans un effort lié au jeûne. • Les plus pieux jeûnent les lundi et jeudi de chaque semaine, en souvenir de Moïse qui est monté sur le Mont Sinaï un jeudi et en est redescendu 40 jours après, muni des tables de la Loi. Mais la majorité des juifs pratiquants ne jeûnent qu’un jour par an, au Yom Kippour. Pour le grand pardon : « Yom Kippour » • Fête liturgique : 10 jours après le nouvel an juif, jour qui apporte le pardon de Dieu (Yom Kippour : Jour du Grand Pardon) • Jeûne de 25 heures où le fidèle, réconcilié avec les autres, demande le pardon de Dieu. • Evènement : réflexion et expiation, pour recevoir le pardon de Dieu. • Rite alimentaire : de la veille avant le coucher du soleil au lendemain soir après le coucher du soleil. C’est un jeûne complet : ni manger, ni boire, ni fumer… • Nourriture légère pour casser le jeûne abattage d’autant de poulets qu’il y a de membres dans la famille, préparé de mille manières. Le sens du jeûne pour l’Islam • • Le jeûne qui est l’un des 5 piliers de l’Islam, entre dans le cadre du « Djihad majeur » : combat contre ses propres tentations. Temps de purification et de retour à Dieu, période d’aumône (solidarité, partage), de jeûne et de privations. En s’abstenant de toute nourriture, les jeûneurs se vident un peu d’eux-mêmes pour se préparer à accueillir la parole de Dieu. • • • • • Le jeûne se pratique durant le mois du RAMADAN. Neuvième mois du calendrier lunaire islamique, mois sacré par excellence, car c’est au cours de la 27 ème nuit de la période du Ramadan que le Coran a été révélé au Prophète… « la Nuit du destin ». Ce jeûne qui débute aux premières lueurs de l’aube (quand elle permet de distinguer le fil blanc du fil noir) et s’achève au coucher du soleil, consiste à s’abstenir de fumer, de manger, de boire, et d’avoir des rapports sexuels. La rupture du jeûne, chaque soir, est l’occasion de réunions familiales et amicales autour de mets cuisinés spécialement (soupes, sucreries…). La soirée se poursuit par des veilles, avec des prières et la lecture du Coran. Le premier jour du mois suivant, c’est la fête de rupture du jeûne : l’Aid al Fitr. Hindouïsme : des castes à la politique • Les brahmanes jeûnent à l’anniversaire des fondateurs de leur religion et aux éclipses de lune ou de soleil. Certains renoncent à s’alimenter pendant plusieurs semaines, pour pouvoir méditer et se concentrer sur leur Foi de manière plus efficace. • A l’image de Gandhi, les mêmes pratiques sont aussi souvent utilisées dans un but purificatoire ou politique. Gandhi s’en est servi avec détermination pour obliger hindous et musulmans à débattre, de l’avenir politique de l’Inde, ou pour défendre la cause des intouchables. Bouddhisme • Seuls les lamas jeûnent à quelques occasions, jamais les masses. 5. Repas dans le temps : Fêtes religieuses Carême • Période de 46 jours entre mardi gras et jour de Pâques, au cours de laquelle les fidèles devaient s’abstenir d’aliments trop riches (oeufs, lait, viande), à la suite de Jésus qui a passé 40 jours au désert : « l’homme ne vit pas que de pain… mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». • Carême est la contraction en latin de quadragesima : quarante. Jours maigres • Les Jours gras contrastent avec les jours maigres où l’on s’abstient de viandes. D’où l’expression « Faire maigre » : pas de viande, signe évident de festin… à une autre époque que la nôtre. • Pour assurer un repas maigre par semaine, le vendredi est devenu le jour du poisson, et on inventa de nombreux «mets de jeûne», tels que les bretzels de carêmes et les pâtés. Du gourmand au gourmet, n’a-t-on pas perdu, au passage, le sens du « jour maigre » ? Mardi gras • Dernier jour où l’on pouvait faire « ripaille » avant la période de jeûne du Carême ! • C’était aussi la période où l’on pouvait utiliser les derniers stocks de farine pour faire des gâteaux avant les nouveaux produits des récoltes à venir… La colombe • • • • • Les œufs, symboles de la résurrection, sont au cœur de la célébration de Pâques. Ceux qui sont pondus le vendredi saint porteraient bonheur. On les peint pour les rendre plus attirants. Une explication plausible serait celle selon laquelle, au temps où le carême était strictement appliqué, on n’avait pas le droit de manger d’œufs. Il fallait les consommer au plus vite, dès le dimanche de Pâques, sous peine de les perdre. Ainsi ont fleuri de nombreuses recettes à base d’œufs. Au Portugal est introduit un œuf dur au cœur du gâteau. Les Italiens ont une délicieuse pâtisserie à base d’œufs : la colombe. Mélangez 4 œufs battus, 100 g de sucre, 50 g de levure de boulanger dans un verre de lait tiède, avec un demi-verre d’huile, 150 g de beurre, un paquet de levure, le zeste d’un citron râpé et 1 cuillère à soupe de fleur d’oranger. Travaillez la pâte vingt minutes avec 400 g de farine. Laissez lever deux heures dans un endroit chaud jusqu’à ce que la pâte ait doublé de volume. Incorporez des fruits confits. Formez une colombe. Dorez à l’œuf et saupoudrez de sucre. Enfournez thermostat 160°, pendant environ 40 minutes. « Shabbat » • Le Shabbat, septième jour de la semaine, est la journée de repos, d'étude et de méditation. La cessation de toute activité évoque le 7ème jour de la création du monde et la libération d'Égypte. • Fête liturgique, du vendredi soir avant la tombée de la nuit au samedi soir, après la tombée de la nuit. Arrêt des activités matérielles pour se consacrer à l’activité spirituelle, la vie de l’âme… • Nom hébreu signifiant « repos », consacré au culte divin. L’un des fondement du judaïsme, apparaît dans la Bible comme l’apogée de la création du monde : « Dieu bénit le 7ème jour et le proclama saint, parce que ce jour-là il s’est reposé de tout l’ouvrage de la création ». Le repas du Shabbat • Obligation est faite, pendant le Shabbat, de prendre trois repas (tous avec du pain), dont un la nuit. Ces repas sont accompagnés de chants rituels et de louanges à Dieu. Ils se déroulent suivant les règles habituelles. La table est dressée le plus soigneusement possible, en général avec une nappe blanche. Au milieu se trouve le chandelier, avec au moins deux bougies, que la mère de famille allume le vendredi avant la tombée de la nuit tout en récitant une bénédiction, introduisant ainsi le Shabbat chez elle. Ces deux lumières sont de très forts symboles. D'une part ce sont les "Observe" et "Souviens-toi". D'autre part, elles rappellent que, selon la tradition, une âme supplémentaire, représentée par la 2ème bougie, nous est confiée, ce jour-là. Enfin, une bougie figure Israël, tandis que l'autre, les autres peuples, surtout les monothéistes (chrétiens et musulmans), préfigurant le monde à venir (dans l'au-delà), qui apportera sa propre lumière. C’est donc un message d'amour et de tolérance. • • Avant l'heure d'allumer les lumières du Shabbat il faudra avoir réglé les feux de la cuisinière (au besoin les recouvrir d'une tôle) pour que les plats soient conservés au chaud. Il ne sera plus possible de toucher à ces feux après le début du Shabbat, pas plus qu'il ne sera possible de cuire ou réchauffer. Le repas du Shabbat (suite) • Pour l'arrivée du Shabbat, il convient de se rendre à la synagogue où aura lieu le Kiddouch (sanctification) sur le vin, qui met en valeur les motifs du Shabbat, vin synonyme de joie, mais aussi de noces (entre Dieu et son peuple). La tradition veut qu'au retour, on soit accompagné par des anges, c'est pourquoi on récite, devant la table sabbatique, le Chalom Alékem leur souhaitant la bienvenue. • De retour au foyer familial, après l'ablution rituelle des mains (Nétilat Yadayim), vient à nouveau une bénédiction sur le vin, récitée par le père de famille, puis le Kiddouch sur le pain (en fait sur deux, rappelant ainsi la double manne reçue le sixième jour afin de compenser son absence, le septième). Les repas doivent être joyeux, les conversations (et pensées) non profanes. A la fin du repas est récité le Birkat Hamazone (actions de grâces), conformément au Deutéronome (VIII-10) : "Tu mangeras, tu te rassasieras et tu béniras ton Dieu". • • « Pourim » • Fête liturgique • Evènement commémoré : histoire de la reine Esther qui sauva les juifs du massacre. • Rite alimentaire : mets et boissons à gogo… desserts échangés entre amis par les enfants. « Roch Hachana » : nouvel an juif • • • Commencement de l’année Jour anniversaire de la Roch Hachanah (Nouvel An) : anniversaire de la création et jour du jugement ; l'homme fait le bilan de ses actions pendant l'année écoulée. Il cherche à réparer ses fautes et à obtenir le pardon de ceux qu'il a heurtés. Les nourritures sont symboliques de la douceur que l’on se souhaite pour l’année qui commence. Gefilte Fish de Rosh Ha-Shana • • • • • • Gefilte Fish de Rosh Ha – Shana (Judaïsme) De retour de la prière, le croyant trempe de la pomme dans du miel pour que l’année soit douce et il mange de la grenade, symbole de fécondité et de réunion du peuple élu. Les juifs originaires d’Europe de l’Est cuisinent le poisson selon les rites de la cuisine juive. Le poisson permet d’introduire des spécialités laitières dans le même repas, donc d’avoir pour les fêtes, plat principal, fromage et dessert. Prenez des filets d’un bon kilo de carpe, de lieu, d’aiglefin (voire de haddock), salez-les. Mettez-les une demi-heure au réfrigérateur. Passez-les au hachoir électrique et ajoutez-y 2 œufs, un grand verre d’eau froide, une cuillère à soupe de farine de matza, une cuillère à café de sucre, salez et poivrez puis mélangez. Formez des boulettes représentant chacune 2 cuillères du mélange. Dans une casserole, portez à ébullition 1 sachet de court-bouillon à poisson puis baissez le feu et immergez les boulettes trois quarts d’heure. Rajoutez ½ verre d’huile. Ajoutez 500 g de champignons, 4 petites carottes entières, 3 pincées de cannelle et enfin 4 oignons. Mettez de l’eau si nécessaire, laissez réduire trois quarts d’heure. Servez chaud avec du raifort, de la betterave ou des pommes de terre. Pâque juive « Pessah » • Le Seder de Pessah est la fête la plus importante pour le peuple juif. Elle est non seulement la plus importante de toutes les fêtes juives mais elle est chronologiquement la première des 7 fêtes de l'Eternel. Bibliquement la première et chronologiquement la première puisque elle débute l'année biblique dans le mois Nissan, premier mois de l'année. La vraie fête de l'année n'étant pas en septembre octobre selon les traditions juives (Roch Hashana) mais bien en avril (lire Exode et Lévitique). Table du Seder de Pessah Le repas pascal chez les juifs ou Séder : le repas de la liberté… • Séder : cérémonie de la Pâque juive au cours de laquelle les juifs commémorent la sortie des hébreux d’Egypte il y a près de 3700 ans, et la fin de l’esclavage. • Le rite du Séder est la mémoire, en gestes et en aliments, de ce récit. Il réactualise le passé pour permettre aux acteurs de s’identifier à ceux qui les ont précédés, de s’approprier l’expérience passée… pour mieux aborder le présent et l’avenir… Des aliments qui rappellent l’esclavage et la libération… • Un os grillé à la flamme : symbole de l’agneau sacrifié et mangé avant la sortie d’Egypte. • Un œuf dur : seul aliment qui durcit quand on le cuit, symbole d’un peuple qui ne faiblit pas avec les épreuves et tient bon… • Des herbes amères : pour rappeler l’amertume de l’esclavage • Une coupelle d’eau salée : pour rappeler les larmes de la période d’esclavage • Du Karpas : céleri, radis, ou pomme de terre • Du vin, pour la fête et en signe de bénédiction… • Une coupe de vin pour le prophète Elie, qui est sensé revenir un soir de Pâque… • • Des matsoth (pain azyme) : symbole de la sortie à la hâte d’Egypte (le pain n’a pas eu le temps de lever) et de la disposition du cœur (un cœur pur, qui n’est pas corrompu par le mal) comme le pain qui n’est pas « corrompu » par la levure, dont la fermentation rappelle la pourriture, donc la mort… Du Haroseth : (pommes râpées, vin doux, figues, noix, raisins secs)… pour rappeler les briques que les hébreux construisaient en esclavage… Soupe de ramadan • • • • • • • • Soupe de Ramadan (Islam) Le repas traditionnel du Ramadan est la soupe avec de multiples variantes dans tout le Maghreb. Faire cuire 250 g de lentilles rincées dans 2 litres d’eau salée. Egouttez et ajoutez un jus de citron. Mettez de côté. Mettez à cuire à petit feu dans 2 litres d’eau, 300 g de collier ou poitrine de mouton découpés en dés de 3x3 cm, 2 morceaux de jarret découpés avec l’os, 4 oignons, 3 bonnes pincées de poivre, 2 sachets de safran. Otez les oignons dès qu’ils sont cuits pour les garder entiers. Salez, poivrez. Après une heure, retirez du feu. Le bouillon : mettez 2 litres d’eau à bouillir avec 1 kg de tomates pelées et passées au pressoir. Ajoutez une noix de beurre. Laissez cuire un quart d’heure. Ajoutez le jus de la garniture en laissant au fond de la casserole viande et lentilles. Introduisez un verre de farine dans l’eau du bouillon. Ajoutez un bouquet de persil et un oignon haché et de la coriandre hachée. Incorporez le jus de deux citrons et un œuf battu. Portez à ébullition puis retirez du feu. Dans une soupière, mélangez garniture et bouillon. «Aïd el-kebîr » ou « Aïd al adha » (la fête du sacrifice, la fête du mouton) • Fête obligatoire pour l’ensemble du monde • islamisé, liée au pèlerinage dans les lieux saints (La • Mecque, Médine) • En mémoire d’Ibrahîm, ou Abraham, père des croyants, qui, en soumission à Dieu, était prêt à sacrifier son fils unique, Ismaël, mais sacrifia à la place… un mouton. • • Ou en mémoire du Premier animal offert à Dieu par Abel, le premier pasteur et fondateur du sacrifice pour l’Islam. Rite alimentaire : sacrifice d’un mouton mâle qui a été intégré dans la famille. Traditions : on met des habits neufs, et il est recommandé aux musulmans de manger un tiers du mouton, d’offrir les deux tiers aux pauvres et nécessiteux, aux invités. Les enfants reçoivent des cadeaux. En France où vivent 4 millions de Musulmans, plus de 100.000 moutons sont généralement sacrifiés au moment de l’Aïd el Kébir. Aïd el-Kebîr • Jour férié au Maghreb, l’Aïd el Kébir est la fête la plus importante du calendrier musulman. Ce sacrifice rituel a aussi un sens de partage et de charité : un tiers du produit du sacrifice doit revenir aux voisins ou amis, un autre tiers aux nécessiteux, en aumône. • C’est l’occasion d’une fête familiale ou entre amis. • De cette obligation est née une tradition de plats à base de mouton qui se conservent longtemps. Par respect pour l’animal sacrifié, et pour la Création en général, on ne doit rien avoir à jeter de la bête immolée. Hindouisme • Principales fêtes : • Makara Sankrânti, solstice d'hiver, fête des récoltes et du renouveau du soleil ; • Mahashivratri, Grande Nuit de Shiva lors de la nouvelle lune après l'hiver ; • Holi, festival de printemps ; • Rama Navami, naissance de rama, héros de l'épopée du Tamayana ; • Janmashtami, naissance de Krishna, inspirateur de la BagavadGîtâ. Hindouisme • Ganesha-Chaturthi, fête, au Sud de l'Inde, de Ganesha, divinité des commencements et du commerce ; • Navaratri / Durga Puja – Dussera, rappel du conflit de Rama avec le roi des Démons et de la victoire de la déesse Durga ; • Divâli, fête des lumières en automne, souvent associée à la prospérité. EXPO « repas sacré, sacré repas ! » réalisée par Eric Fischer et l’Aumônerie du lycée Alexandre Dumas de Strasbourg mars 2005 Adaptée par Patricia Goepfert et l’Aumônerie du lycée Mermoz de Saint-Louis sous le titre « MANGER C’EST SACRE ! » 2007