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Mendoza, le 10 mars 2010
« Caminando »
Bonjour à toutes et à tous,
Il est venu le temps de donner quelques nouvelles. Vous devez tous savoir que je suis en
Argentine, mais je ne sais pas si vous savez ce que je fais ici alors voilà quelques éclaircissements : Les
deux logos que vous voyez en haut de cette lettre sont le logo des Jeunes Volontaires Internationauxi
(un service des jésuites français) qui est l’organisme qui m’a proposé le poste où je suis en ce
moment. L’autre logo est celui de la Délégation Catholique pour la Coopérationii (un service de
l’Eglise française agréé par l’Etat) qui est mon autre partenaire officiel.
Ici, je vis dans la maison de la
compagnie de Jésus à Mendoza. En réalité,
depuis mon arrivée le 6 janvier, je ne suis
resté à Mendoza que quelques jours.
L’Argentine étant dans l’hémisphère Sud et
donc en plein été en ce moment, durant le
mois de janvier et février ce sont les vacances
et les activités de Solidaridad Jesuita –
l’association pour laquelle je travaille – sont
au ralenti. J’en ai donc profité pour me
balader en participant aux activités
qu’organisent les jésuites l’été. Sur la carte, le
trait bleu représente le chemin que j’ai
parcouru depuis mon arrivée.
Le lendemain de mon arrivée à Mendoza,
je suis allé dans une autre maison de la compagnie
à une 40aine de km de la ville au milieu de la
vigne. De là, nous avons accueilli un groupe de
jeunes faisant les exercices spirituels. J’ai pour ma
part aidé l’équipe cuisine, ce qui m’a permis de
passer beaucoup de temps à parler en espagnol et
de découvrir un peu la manière de penser et de
vivre ici. Je me suis tout de suite senti à l’aise et
bienvenu. Une des premières grandes
découvertes que je veux vous faire partager est le
maté.
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El Mate : Le maté est LA boisson argentine. Héritage des Indiens guaranis
aux colons espagnols, cette boisson se boit à quasi toute heure de la journée
et en tout lieu. Il suffit de remplir le récipient d’herbe de maté à 70%, d’y
ajouter de l’eau chaude et de boire par la « bombilla ». Toute les deux ou trois
gorgées, il faut remettre de l’eau, ce qui est donc l’occasion de passer le maté à
son voisin. Un maté se boit en effet rarement seul, il a une fonction de
socialisation très importante et il y a toute un code à respecter dans la
préparation et le comportement à adopter en le buvant. Je me suis donc
rapidement procuré mon propre maté et me renseigne d’ores et déjà pour
savoir comment s’en procurer en France à mon retour !
Le 15 janvier, je suis parti pour Buenos Aires (12h de bus) où j’ai à mon tour fait une semaine
d’exercices spirituels (pas dans la cuisine mais bien en tant que retraitant). Ce moment fût un temps
de grâces pour moi et m’a bien lancé dans cette expérience que je débute ici en confiant pleinement
à Dieu tout ce que je vis. En effet, une des motivations de mon départ est un peu de trouver quelle
est ma place dans ce monde et à quoi je veux consacrer ma vie. Après cette retraite, je me suis
retrouvé avec une pêche d’enfer et comme m’avait prévenu une amie : « Dès qu'on est avec Jésus
ouaaaaaaa ça dépote tu vas voir ».
La Mission
Après cette semaine très intense, j’ai expérimenté une nouvelle dimension de la foi
chrétienne très présente en Amérique Latine que je ne connaissais pas du tout avant.
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Quand on m’a parlé de mission, j’ai écarquillé les yeux et n’étais pas du tout enthousiaste
quant à cette idée car pour moi mission signifiait prosélytisme religieux et donc mormons en
costume le dimanche matin à ta porte mais bon je me suis lancé. J’ai donc participé à deux missions
très variées l’une de l’autre. La première dans la banlieue du grand Buenos Aires (16 millions
d’habitants) dans un quartier qui s’appelle Trujui. Avec une 40aine d’adolescents (photo ci-dessus) de
Trujui de milieu relativement modeste, nous sommes allés installer une sorte de campement dans
une chapelle et une école du quartier pendant une semaine. C’était encore les grandes vacances à ce
moment là donc il y avait beaucoup de jeunes et d’enfants dans la rue. Notre objectif était avant tout
d’aller à la rencontre des habitants du quartier en organisant des activités (jeux, goûter et un peu de
catéchisme) pour les plus jeunes et en animant la vie de quartier à travers la paroisse pour les plus
grands. En discutant avec les habitants du quartier et en visitant leurs maisons, j’ai tout d’abord été
frappé par la pauvreté matérielle dans laquelle vivent ces personnes ; mais ce qui m’a encore plus
marqué ce fut la solitude dans laquelle un grand nombre d’entre eux vivent. Le fait que nous venions
faire la démarche de passer du temps avec eux, de les écouter et de découvrir ce qu’ils vivent les a
beaucoup touchés.
La 2nde mission que j’ai effectuée, s’est
déroulée dans un petit village très difficile
d’accès près de Tacuarembo en Uruguay (cf
carte). Paso del Cerro est un de ces villages qui
a été construit autour de la voie de chemin de
fer, principal moyen d’accès au village, et qui
depuis que Ferrocarril – unique compagnie
ferroviaire exploitant le réseau – a
interrompu son service dans le village, se
retrouve littéralement coupé du reste du pays.
Le cadre est vraiment pittoresque, le cheval
restant le moyen de transport et de travail
privilégié. La culture gaucho – ce cowboy
d’Amérique du Sud – y est très présente
comme sur cette photo où ce gaucho est en
train de rentrer ses bêtes.
Le véritable trésor que j’ai
trouvé ici fut dans le témoignage de
ces personnes qui se sont ouvertes à
nous et ont livré ce qu’il y a de plus
profond en elles. De notre côté, notre
mission était avant tout un désir de
partager notre joie dont seul le Christ
est la source. Sur cette photo :
Florencia (assise) et Pato (debout).
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Ces filles m’ont vraiment ébloui par la joie qu’elles portaient en elles et qu’elles transmettaient à leur
entourage
La seule image me venant à l’esprit
pour vous donner une idée de l’ambiance de
ce groupe et de la joie qui nous animait, est
ma petite sœur Estelle : Imaginez-vous une
équipe de 15 Estelles se pointant dans un bled
de 500 habitants avec une pêche d’enfer et
chacune un don particulier : une pour la
musique, une pour l’animation avec les petits,
une pour l’écoute de l’autre, une pour faire
rire les autres, etc. Appelez cela comme vous
voulez, pour nous voilà ce que c’est que la
mission : partager cette joie de vivre que Dieu
nous offre. En cela, souvent il n’y a pas besoin
de mots pour annoncer l’Evangile.
J’ai été très touché par l’accueil de la
population là-bas qui tous les jours venait
nous chercher pour que nous allions manger
chez eux, monter à cheval pour les plus
chanceux, etc. Le dernier jour, nous avons
partagé un grand repas dans la chapelle avec
le village et nous avons mangé un agneau
qu’un habitant nous a généreusement offert
(photo).
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Ci-dessuss, une photo de notre groupe (constitué de 3 Argentins, 9 Uruguayens, une
Brésilienne et moi) avec quelques habitants de Paso del Cerro. Il y avait également une diversité
précieuse des milieux d’où provenaient ces jeunes avec des enfants d’industriels prospères de la
région tout comme des jeunes de milieux modestes de la banlieue de Buenos Aires.
Ce que je vis ici c’est donc avant tout des
rencontres. Sur cette photo : Rafa, séminariste
jésuite qui depuis mon arrivée à Buenos Aires mijanvier a fait énormément pour moi. Je le
remercie donc (il lit bien le Français) de m’avoir
incité à participer à la mission en Uruguay mais
également de m’avoir invité dans sa famille à
Santa Fé (cf carte) quelques jours après la mission.
Il a une famille très chaleureuse qui m’a accueilli
comme un roi entre mes 5 autobus et mon bateau
pour rentrer à Mendoza !
Je vous parlerai un peu plus de Mendoza dans ma prochaine lettre. Apparemment la terre à
bien bougé ici lors du tremblement de terre au Chili sans qu’il y ait de gros dégâts matériels (on est à
175 km de Santiago de Chile ici). Ce matin il y a encore eu une réplique, je n’ai rien ressenti mais j’ai
vu les lampes du plafond de la salle où j’étais se balancer. Je débute cette semaine mes activités plus
régulières. Je travaille pour « Solidaridad Jesuita », une association de laïcs appliquant la doctrine
sociale de l’Egliseiii et plus particulièrement l’option préférentielle pour les pauvres et les exclus. Les
différents organes de Solidaridad Jesuita sont :
Ø Une coopérative de vêtement type Emmaüs largement approvisionnée par Emmaüs France
d’ailleurs.
Ø Une coopérative alimentaire importante (avec une pastorale importante de personnes allant dans
la rue partager des repas avec les sans abri)
Ø Une pastorale « familia » approvisionant par le biais de la coopérative de vêtements et de la
coopérative alimentaire quelques 64 familles chaque mois, dont des mères adolescentes et des
familles sans abris.
Ø Une pastorale « Salud » allant à l’hôpital s’occuper des malades et des personnes âgées.
Ø Une pastorale juridique d’avocats prenant en charge les démarches administratives et de
défendant les droits des nécessiteux.
Ø Une pastorale autour d’un Collège Lycée financé largement par Emmaüs France dans un quartier
très humble.
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Ø Beaucoup de donateurs plus ou moins réguliers permettant de faire vivre Solidaridad.
Ø Une secrétaire : Paola qui est un peu mon guide en ce moment dans tout ça
Ø Et enfin, une pastorale « Espiritualidad » pour ordonner ces activités autour du Christ.
En ce moment Solidaridad, est en train de vivre un processus important de réorganisation
afin que les différents organes de l’association soient mieux en relation les uns avec les autres et et
que l’on parvienne ainsi à dégager mieux les nécessités de chacun d’entre eux. Apparemment,
auparavant tous ces organes fonctionnaient un peu chacun de leur côté.
Pour ma part, je vais être chargé de faire le lien entre tous ces organes en participant le plus
possible à chacune de ces activités dans la mesure du possible tout en gérant ce qui concerne la
finance. Mon défi pour les prochaines semaines est donc de trouver ma place dans toutes ces
activités.
Je vous laisse avec cette dernière photo du groupe missionnaire en Uruguay et vous assure
de mes prières.
Bien à vous,
Simon
PS : N’hésitez pas à transmettre aux demandeurs et aux oubliés auprès de qui je m’excuse d’avance.
PPS : Si des personnes désirent s’ajouter à ma liste diffusion, qu’ils me transmettent leur adresse
email à [email protected]
i
Pour plus d’info sur les JVI : http://www.jeunesvolontairesinternationaux.com/
Et sur la DCC : http://www.ladcc.org/
iii
Pour ceux à qui Doctrine Sociale de l’Eglise ne dit rien, voir : Rerum Novarum de Leon XIII, Populorum
Progressio de,Paul VI ou encore Caritas in Veritate de Benoit XVI
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