Les politiques de développement dans les pays en développement
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Les politiques de développement dans les pays en développement
Les politiques de développement dans les pays en développement doivent-elles se limiter aux politiques de lutte contre la pauvreté ? Eléments de corrigé Introduction : Le sous-développement est aujourd’hui caractérisé par la prévalence de la pauvreté dans un certain nombre de pays. Les « objectifs du millénaire » pour le développement (PNUD) mettent en avant la réduction de la pauvreté, dans ses différentes dimensions. Et la conditionnalité des politiques macroéconomiques ou sectorielles est d’être « pro-poor » Pourtant, si l’objectif du développement a été dès le début la hausse du produit par tête, les politiques de développement se sont longtemps focalisées sur la promotion de changements structurels dans les économies concernées (industrialisation) qui devaient y conduire. Cette dimension de changement structurel des processus de développement doitelle totalement s’effacer des objectifs du développement ? Nous verrons tout d’abord que l’effacement de cette dimension peut être liée aux conséquences du processus de libéralisation et de globalisation qu’ont connu ces pays depuis 30 ans. Toutefois nous verrons ensuite qu’il n’est pas sûr que la conditionnalité pro-poor des politiques généralistes soit le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté et que la question du changement structurel des économies se pose toujours dans un monde globalisé. I – Du changement structurel aux politiques de lutte contre la pauvreté I-1 : Dans la période de fondation de l’économie du développement (années 40-60) le changement structurel des économie nationales, et en particulier l’industrialisation, est considéré comme fondant la définition du développement même si l’objectif reste la hausse du produit par tête (Définition de Perroux) Elle conduit à la mise en place de stratégies nationales de développement, souvent en rupture avec les incitations du marché mondial et à l’abri du protectionnisme I-2 : les crises de balance des paiements et l’ajustement structurel des années 1980 conduisent à une remise en cause de ces stratégies et à la « normalisation » des politiques macroéconomiques et sectorielles suivies dans les pays en développement qui privilégie la libéralisation et l’ouverture. Le processus de globalisation des années 90-2000, qui débouche sur l’intégration fonctionnelle des économies nationales, remet en cause la notion même d’une stratégie de développement appliquée à une économie nationale autonome. I-3 : Le seul critère du sous-développement devient alors l’importance de la pauvreté et les politiques suivies dans les pays en développement doivent contribuer à la résorber (politiques « pro-poor »). La réduction de la pauvreté doit donc être un « produit joint » de l’ensemble des politiques économiques suivies dans les pays concernés et elle constitue la nouvelle conditionnalité de l’aide au développement (PPTE, DRSP, …). II Des politiques « pro-poor » aux politiques structurelles II-1 : La pauvreté est susceptible de plusieurs approches, qui renvoient à ses différentes dimensions. Si on en reste à la dimension monétaire, la réduction de l’incidence de la pauvreté n’entraîne pas forcément celle de la profondeur et de l’intensité de la pauvreté. L’approche contemporaine de la « pauvreté de capacités », exige de prendre en considération toute une série d’indicateurs non monétaires (éducation, santé, culture, exclusion sociale, participation citoyenne, etc.), qui renvoie en partie à des caractéristiques structurelles des économies considérées. II-2 : La question du ciblage des politiques de lutte contre la pauvreté se pose avec une particulière acuité quand on tient compte des différentes dimensions et quand ces politiques sont en fait des politiques « pro-poor » où la réduction de la pauvreté est une externalité positive de politiques ayant en fait un objectif propre. Elles peuvent entraîner des effets de sélection entre les pauvres, voire même des effets pervers. Des politiques spécifiques de lutte contre la pauvreté, avec une conditionnalité sur la formation des capacités (Bolsa Familia au Brésil par exemple) semble donner de meilleurs résultats. II-3 : Dans un monde globalisé, la compétitivité des acteurs locaux joue un rôle essentiel et l’attractivité des territoires détermine notamment le niveau des IDE. Cette attractivité repose sur la construction d’actifs spécifiques qui renvoie à des politiques structurelles telles que par exemple les politiques d’éduction, l’appui à la recherche, la mise en place d’infrastructures ou d’un cadre juridique et institutionnel efficace. Ces objectifs doivent être ceux de politiques économiques structurelles de moyen ou de long terme, qui doivent être mises en place par les pays concernés pour assurer leur développement. Conclusion Si l’effet essentiel d’un développement réussi doit être de diminuer sensiblement la pauvreté, son contenu renvoie toujours à des changements structurels et comportementaux importants, même s’ils ne sont plus formulés dans les mêmes termes qu’il y a un demi-siècle.