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Le bulletin de l’ANDEVa Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante N° 33 Août 2010 L’AMIANTE ABRÈGE NOS VIES Un numéro spécial « actions judiciaires » Les actions en Justice ont toujours été un formidable levier pour la cause des victimes de l’amiante. L’actualité judiciaire de ces derniers mois a été si chargée qu’elle a fait de ce bulletin un véritable numéro spécial : Prud’hommes : le préjudice d’anxiété est reconnu par la Cour de cassation. Pénal : le projet de suppression du juge d’instruction est retiré, mais les pressions sur l’instruction du procès de l’amiante s’accentuent. Faute inexcusable : Péchiney, Renault, Kaefer Wanner... sont condamnées pour avoir exposé leurs salariés à l’amiante. D’autres les ont exposés au bitume, aux poussières de bois, aux rayonnement ionisants… Elles peuvent, elles aussi, être condamnées. Conseil constitutionnel : des préjudices, non indemnisés jusqu’ici par les tribunaux des affaires de la Sécurité sociale, pourront l’être désormais. LA PRÉ-RETRAITE n’est pas un privilège International : Le procès pénal de Turin contre Eternit a commencé il y a plusieurs mois. L’association des victimes de Casale Monferrato témoigne. C’EST UN DROIT 9 OCTOBRE : Manifestation nationale à Paris ANDEVA Tél : 01 41 93 73 87 19 OCTOBRE : 200 veuves et victimes à l’Assemblée Nationale 22, rue des Vignerons 94686 VINCENNES Cedex Fax : 01 43 74 48 12 E-Mail : [email protected] Site Internet : andeva.fr SOMMAIRE 02 : Témoignage Courrier, témoignages 03 : Editorial 04 : Retraites, pénibilité, cessation anticipée d’activité, Aubert et Duval 06 : Acaata : arrêt de la cour de cassation 08 : Pénal, pressions sur la Justice, 19 octobre, loi Fauchon 10 : Faute inexcusable de l’employeur Conseil constitutionnel, Renault Le Mans, Kaefer Wanner 12 : José : 7 ans de combat contre Péchiney, 14 : Lou se bat contre l’injustice 16 : Mobilisations : cour d’appel d’Aix, Mont-de-Marsan, Bordeaux 17 : Fiva, 600 dossiers prescrits 18 : Prévention : Groupe de travail, Caen, Rosny, CMMP, déchets, Tripode 20 : Suivi médical 22 : Les conseils du Dr Privet : comment agir au TCI ? 28 : L’Andeva en chiffres, nouvelles associations 29 : Nouvelle Calédonie 30 : Bitume = cancer, faute inexcusable et cancérogènes 32 : Le procès de Turin a commencé 34 : Canada : non à une nouvelle mine d’amiante ! 36 : Le commerce mondial de l’amiante, Europe, Espagne, Londres 37 : Adresses des associations 40 : Souscription 2 UNE AUDIENCE À LA COUR NATIONALE DE L’INCAPACITÉ « Le parti pris des experts et le comportement méprisant de la caisse primaire de Charente maritime » Monsieur You, un ancien des chantiers navals de la Pallice, est mort de l’amiante. Madame Dubois, sa fille, est allée à Amiens, avec son mari et quatre membres de l’Addeva 17, pour demander à la cour nationale de l’incapacité (la Cnitaat) le relèvement du taux d’IPP attribué du vivant de son père. L’audience fut éprouvante. Jacques Sourie témoigne. « La maladie de Monsieur You a été reconnue en 2005 par la CPAM de Charente maritime : « plaques pleurales sans retentissement respiratoire (tableau 30 B) ». Elle a fixé le taux d’incapacité permanente partielle (IPP) à 5% : un taux très sousestimé, au vu de sa situation médicale. Il était atteint de plaques pleurales calcifiées très éten- Madame Dubois dues formant une gangue autour du poumon. Il avait aussi des épaississements diffus de la plèvre viscérale, avec des répercussions importantes sur le poumon. Il contesta ce taux de 5%. La CPAM lui proposa de le porter à 20%. Mais on était encore bien en dessous du barème Sécurité Sociale ! La gravité de son état était confirmée par ses explorations fonctionnelles respiratoires (EFR). Sa capacité pulmonaire totale (CPT) était réduite à 31% de la valeur théori- SI L’ANDEVA PEUT VIVRE, C’est grâce aux cotisations et aux dons de ses adhérents et de ses amis. COTISATION 2010 Individuelle : 38 euros Membre associé : 120 euros Prenez contact avec l’Andeva ou avec une association locale que et son volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) à 46%. Or le barème précise qu’une CPT de 31% (insuffisance respiratoire chronique sévère) doit déterminer un taux d’IPP de 100% ! Après son décès, sa fille a continué la contestation des 20% devant la Cour nationale de l’incapacité. A l’audience, l’avocat de la CPAM était absent. Le médecin expert ignora la CPT (essentielle pour fixer le taux d’IPP), et s’attarda sur des pathologies sans Le directeur de publication est Alain GUERIF Ce bulletin a été réalisé par Alain BOBBIO avec la participation de bénévoles de l’Andeva, de Patrice RAVENEAU photographe amateur, du docteur Lucien PRIVET, et de Léa VEINBERG journaliste professionnelle. lien avec l’amiante et sans incidence sur la CPT. En l’absence de la Cpam, le Président laissa Madame Dubois choisir entre deux solutions : - soit la CPAM est condamnée à fixer un taux de 20%. - soit le taux reste à 5% et la procédure médicale reprend à zéro, avec le risque d’obtenir moins de 20%. Il lui laissa 10 minutes de réflexion. J’ai voulu expliquer pourquoi le taux de 20% était trop bas, en reprenant le mémoire du docteur Privet. On m’a coupé la parole... Madame Dubois a choisi la première solution. Elle a eu le sentiment d’avoir été trahie par la caisse de Charente Maritime, qui ne s’est pas déplacée. Son père a perdu la vie par la faute d’un employeur qui lui a menti sur les risques. À son décès s’ajoute l’humiliation de ses ayants droit par le parti pris des experts médicaux et le comportement méprisant de la caisse primaire. Les victimes sent : stop ! » di- Jacques Sourie (Addeva 17) Editorial AMIANTE Une rentrée chargée La rentrée de l’Andeva s’annonce chargée : Pour la première fois en France la cour de cassation a reconnu le 11 mai l’existence d’un préjudice d’anxiété pour les personnes exposées à ce poison. - La discussion sur la réforme de l’Acaata aura lieu lors du débat parlementaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui s’ouvrira à l’automne . Il est difficile de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en sachant qu’on a inhalé des fibres qui peuvent provoquer des maladies mortelles, difficile d’accompagner des collègues atteints d’un cancer sans se poser la question : qui sera le prochain ? - Le procès pénal de l’amiante est menacé. La chancellerie fait pression sur la juge d’instruction : elle s’oppose à la saisine globale, seule procédure permettant de prendre en compte l’ensemble des victimes, et veut exclure des dossiers considérés à tort comme prescrits. Ce préjudice est enfin pris en compte par la justice. Le principe est acquis. La mise en œuvre, fera sans doute débat. L’amiante abrège la vie. C’est ce constat qui fonda la création de l’allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante (Acaata), votée à l’assemblée il y a 12 ans. « Chacun connaît le drame qui frappe les victimes de l’amiante » disait alors la Ministre de l’Emploi et de la Solidarité aux députés. « Le bénéfice de la retraite s'épuisera plus vite pour eux que pour toutes les autres catégories de la population ». L’amiante venait d’être interdit. Le pays découvrait l’ampleur de la catastrophe sanitaire. L’amendement du gouvernement créant l’Acaata fut voté à l’unanimité. Aucun député n’osa s’y opposer. Douze années ont passé. La réforme des retraites sera au cœur des préoccupations de la rentrée. La question de l’avenir de la cessation anticipée amiante sera posée.Après avoir lu le projet de loi sur les retraites et entendu les déclarations de Nicolas Sarkozy sur l’Acaata à Saint-Nazaire, nous avons toute les raisons d’être inquiets. Inquiets parce que cette réforme des retraites risque une fois de plus d’être payée au prix fort par les plus démunis. Inquiets parce qu’en matière de pénibilité elle ne prend en compte que les salariés reconnus en accident du travail ou en maladie professionnelle, ayant un taux d’incapacité d’au moins 20%. Elle ignore ceux qui ont été exposés à des cancérogènes et exclut la grande majorité des victimes du travail. Inquiets parce que la réforme de l’Allocation de cessation anticipée amiante risque non seulement de ne pas corriger des injustices du système, comme le réclamaient l’Andeva, la Fnath et toutes les organisations syndicales, mais encore d’en remettre en cause les fondements, en limitant son accès aux malades. L’Andeva a soutenu les manifestations unitaires du 24 juin et du 7 septembre sur les retraites. Pour défendre et améliorer la « pré-retraite amiante » et pour marquer sa solidarité avec tous les salariés dont le travail risque d’abréger la vie. - Les recommandations sur le suivi post-professionnel des personnes exposées à l’amiante, élaborées sous l’égide de la Haute Autorité de Santé, préconisent le scanner comme examen de référence, l’envoi d’un questionnaire d’exposition à tout nouveau retraité et une visite médicale de départ avant la retraite. Les pouvoirs publics et la Caisse nationale d’assurance maladie les ont réclamées mais ne souhaitent pas les appliquer. Au Fiva un délai de prescription inadapté aboutit à rejeter 600 dossiers, privant les personnes concernées de tout droit à indemnisation. Les raisons d’agir ne manquent pas. Le 9 octobre, à l’appel de l’Andeva, aura lieu la manifestation nationale des victimes de l’amiante à Paris. Le 19 octobre, 200 veuves et victimes de l’amiante seront reçues à l’Assemblée nationale par des députés de toutes obédiences. Alain BOBBIO Alain GUERIF 3 ACAATA RÉFORME OU DÉMOLITION ? Pour être juste, une réforme des retraites doit respecter deux principes : - Ceux que leur travail fera mourir plus tôt doivent cesser de travailler plus tôt. - Si deux salariés ont eu la même exposition professionnelle, ils doivent avoir les mêmes droits. Ces principes, la Fnath, l’Andeva et toutes les organisations syndicales les ont défendus ensemble, lors de la mission Le Garrec chargée de travailler sur une réforme de l’Acaata. Elles ont proposé la création d’un sys- tème complémentaire au dispositif existant géré par un organisme public, pour ouvrir une voie d’accès individuelle et collective, sur des critères d’exposition. Le gouvernement a demandé à l’Igas d’étudier la faisabilité d’une voie d’accès individuelle. Mais, au même moment, il envisage une remise en cause du système existant. En 2005, la Cour des comptes proposa de réformer l’Acaata au lanceflammes : en virant les personnes exposées pour ne garder que les malades. C’est sur cette proposition, rejetée jusqu’ici par toutes les missions parlementaires, que Nicolas Sarkozy a dit « s’interroger »... 4 CESSATION ANTICIPÉE D’ACTIVITÉ AMIANTE Une inquiétante déclaration de Nicolas Sarkozy Lors de sa visite des chantiers navals de Saint-Nazaire, le 23 juillet dernier, le président de la République a dit que « pour tous ceux qui sont touchés par l’amiante, il n’y aura aucun changement » avec la réforme des retraites. Mais il a aussitôt ajouté : "on va avoir des discussions pour tous ceux qui ont été exposés à l'amiante mais n'ont pas été touchés", indiquant avoir "demandé une expertise sur le sujet". Ces propos ont provoqué une vive inquiétude parmi les salariés exposés à ce matériau cancérogène et qui attendent de pouvoir partir avec l’allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante (Acaata). « Limiter l’accès aux seuls malades, c’est exclure 90% des salariés éligibles à l’Acaata » Alain Guérif a écrit au Président de la République : « …Si nous avons bien saisi le sens de votre intervention, vous vous interrogez sur l’intérêt d’établir une distinction entre les « personnes touchées par l’amiante » et les personnes qui ont été simplement « exposées », pour être éligibles à la préretraite amiante ». Une telle mesure viderait le dispositif de sa substance « Opérer une telle distinction reviendrait à remettre en cause le fondement même de l’Acaata. En effet, cette préretraite a été créée pour compenser la perte d’espérance de vie des salariés qui ont été exposés à l’amiante (…) Une telle mesure viderait totalement le dispositif de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante de sa substance, puisque 90 % environ des allocataires y entrent par la voie de l’exposition et 10 % seulement en raison de leur pathologie professionnelle (…) » « L’exposition à l’amiante, comme à l’en- PROFITER DE SA RETRAITE Le cancer broncho-pulmonaire est le plus fréquent des cancers de l’amiante. Il a souvent un pronostic sombre et une évolution rapide. L’âge moyen du diagnostic est de 63 ans. Combien de victimes atteintes de cette pathologie profiteront de leur retraite, si on les fait travailler jusqu’à 62 ans avant qu’elles ne tombent malades ? semble des substances cancérogènes, provoque des pathologies qui surviennent longtemps après l’exposition, souvent après l’âge de la retraite. Un système de préretraite basé uniquement sur la reconnaissance d’une pathologie professionnelle serait donc inopérant. (…) » « Ajoutons qu’un tel dispositif, assorti d’un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) de 20 %, comme le prévoit votre gouvernement, est encore plus inepte : à ce niveau-là d’IPP, les malades de l’amiante, comme d’ailleurs la plupart des personnes reconnues en maladie professionnelle, ne sont plus au travail, mais en invalidité ou en inaptitude médicale. » « (…) A maintes reprises, vous avez déclaré que la réforme des retraites se devait d’être juste. Pour mériter un tel qualificatif, il nous semble que le schéma proposé doit absolument respecter un principe fondamental : ceux qui vont mourir plus tôt à cause de leurs expositions professionnelles passées doivent cesser de travailler plus tôt. Il est incontestable qu’au premier rang de cette catégorie figurent les personnes exposées à l’amiante (...) » « Le lobbying des industriels et le laisser-faire des autorités sanitaires sont responsables de l’ampleur du drame. Il est donc parfaitement légitime que les uns et les autres en assument les conséquences, y compris celle de permettre à ceux qui doivent vivre le restant de leurs jours avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête, de pouvoir bénéficier d’un minimum de retraite ». Malgré plus de 250 victimes Au mépris de 3 décisions de justice LE MINISTÈRE REFUSE D’INSCRIRE L’ACIÉRIE AUBERT ET DUVAL Chez Aubert et Duval aux Ancizes, l’amiante a fait de véritables ravages : DES PROPOSITIONS POUR RENDRE LA « PRÉ-RETRAITE » AMIANTE PLUS ÉQUITABLE « L’amiante représente l’exposition professionnelle la mieux renseignée. Techniquement, il est donc parfaitement possible de bâtir un dispositif complémentaire au dispositif actuel, trop grossier, pour permettre à l’ensemble des personnes exposées de façon significative à l’amiante, de bénéficier d’une cessation anticipée d’activité. C’est le sens de la réforme que nous réclamons avec la Fnath et l’ensemble des organisations syndicales », écrit Alain Guérif, dans sa lettre au président de la République. Cette proposition commune de ré- forme a pour objectif de bâtir un système juste et pérenne géré par un organisme public, avec une voie d’accès individuelle et collective basée sur les expositions à l’amiante. Il s’agit de compléter le système existant et non de le remplacer ni de réduire l’accès aux malades.. Les propositions communes Cfdt, Cftc, Cfe-Cgc, Cgt, Fo, Fnath, Andeva sont en ligne sur le site de l’Andeva : http://andeva.fr/?DOCUMENT,1397 RÉFORME DES RETRAITES La Fnath et l’Andeva se demandent où est la Justice « Injuste, inéquitable et de mauvaise foi » sont les mots de la Fnath et l’Andeva pour caractériser ce projet. « Première injustice, ce dispositif est uniquement un dispositif d’incapacité physique de travail. Il écarte les salariés qui ont été exposés à des produits cancérogènes et qui ont de ce fait une espérance de vie réduite, mais pas de traces physiques de cette atteinte. » « Seconde injustice, le dispositif n’est en fait ouvert qu’aux salariés reconnus atteints d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail ayant entraîné un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) d’au moins 20 %. En pratique, cela exclut une majorité de victimes du travail ». « Troisième injustice, le dispositif ne fonctionnera que de manière individuelle et exclut les listes de métiers ou de classifications professionnelles réputés pénibles. » « La Fnath et l’Andeva demandent au gouvernement et aux parlementaires de corriger ces injustices criantes, qui font que non seulement, les ouvriers exposés à des toxiques meurent plus tôt que les autres salariés, qu’ils profitent donc moins de leur retraite, mais que ce faisant, leur mort prématurée permet de financer la retraite des autres catégories sociales déjà favorisées par leur espérance de vie ». « En 2004, avec l’aide du syndicat CGT, certains salariés ont passé un scanner. explique Franck Barse, le secrétaire du Caper des Ancizes, Sur les 200 premiers examens, 76 ont révélé une maladie due à l’amiante ! A ce jour l’association compte 250 victimes ». Un chiffre énorme mais provisoire et bien inférieur à la réalité. Au vu d’un tel nombre de maladies, l’inscription sur les listes Acaata aurait dû être une évidence. Le Ministère l’a pourtant refusée. Le Tribunal administratif de Clermont, la Cour d’appel de Lyon et pour finir le Conseil d’État l’ont enjoint de réexaminer l’inscription. Des mois ont passé. Le ministère a fait le mort. Il joue sur les mots en expliquant que la Justice lui a demandé de « réexaminer » l’inscription et non « d’inscrire ». En réponse à une question posée à l’Assemblée par André Chasseigne, député PCF, Fadela Amara a d’abord convenu que les décisions de Justice devraient « conduire l'État à inscrire cette entreprise dans la liste », mais elle a ajouté aussitôt « qu’une telle décision serait lourde de conséquences pour l'organisation de cette entreprise, fournisseur de l'industrie aéronautique, qui fait partie des fleurons de notre industrie ». La santé de l’in- dustrie passe avant celle des salariés et le respect des décision de Justice ! « L’argument ne tient pas debout », dit Georges Renoux, vice-président du Caper, qui rappelle que l’usine a connu du chômage technique. En fait ils craignent surtout que l’inscription d’une aciérie fasse boule de neige pour d’autres. » Les salariés ont manifesté. Ils ont rencontré le préfet et Brice Hortefeux, exministre du travail, qui s’est défilé. La bataille pour l’inscription sur les listes continue. Une plainte au pénal a été déposée par trois juges d’instruction. Les gendarmes ont interrogé une centaine de victimes. Une action s’engage aux prud’hommes pour la réparation du préjudice d’anxiété. Aubert et Duval est dans le collimateur... 5 CESSATION ANTICIPÉE D’ACTIVITÉ Pour la première fois en France la cour de cassation reconnaît l’existence d’un préjudice d’anxiété Dans un arrêt rendu le 11 mai 2010, la Cour de cassation confirme l’existence d’un préjudice d’anxiété pour les anciens salariés de l’Ahlstrom à Bergerac (que la cour d’appel de Bordeaux avait indemnisé à hauteur de 7 500 euros pour chacun des plaignants). Mais, elle casse partiellement les arrêts des cours d’appel de Paris et de Pau en ce qu’elles avaient indemnisé le préjudice économique des anciens salariés de l’Ahlstrom et de ZF Masson à Sens. L’affaire sera rejugée devant des cours d’appel de renvoi. Des arrêts favorables avaient été rendus par les conseils de prud’hommes de Bergerac, Sens, Forbach, Albi, Macon, Cherbourg, Marseille et Valenciennes ainsi que par les cours d’appel de Bordeaux de Paris. La décision de la Cour de cassation était donc attendue avec impatience. « Une situation d’inquiétude permanente face au risque » La cour d’appel de Bordeaux avait relevé que les salariés d’Ahlstrom « se trouvaient par le fait de l’employeur dans une situation d’inquiétude permanente face au risque de déclaration à tout moment d’une maladie liée à l’amiante ». La cour de cassation lui a donné raison. L’Andeva a salué cet arrêt qui « confirme le préjudice d’anxiété pour des salariés exposés à l’amiante, qui doivent vivre avec une épée de Damoclès au dessus de la tête en sachant qu’ils ont dans les poumons des fibres qui peuvent causer des maladies mortelles. C’est une décision très importante : pour la première fois en France, est reconnu par la plus haute juridiction le droit à indemnisation pour des personnes ayant été exposées à un cancérogène et qui risquent de ce fait de développer un jour une pathologie sans que celle-ci soit déjà présente. » 6 Devant le tribunal des prud’hommes de Sens Un arrêt d’une portée considérable Il est sans doute trop tôt pour évaluer toutes les conséquences de cette reconnaissance. Deux aspects essentiels méritent d’être soulignés 1) On n’a pas besoin d’attendre d’être malade (20 ou 30 ans après avoir été exposé) pour engager une procédure prud’homale. Ce n’est pas la réalisation du dommage mais la possibilité ou la probabilité de survenue de ce dommage suite à une faute de l’employeur qui permet à la personne contaminée de faire valoir son droit à indemnisation. Cela permet, comme les actions pour mise en danger d’autrui au pénal, d’avoir un retour plus rapide et plus efficace en matière de prévention du risque amiante. 2) Le préjudice d’anxiété concerne un public plus large que les anciens salariés partis en cessation anticipée d’activité amiante. L’anxiété est présente chez leurs collègues qui ont respiré les mêmes fibres, mais n’ont pas pu partir, parce qu’une famille ne peut vivre décemment avec 65% du Smic. L’anxiété est aussi présente chez des maçons fumistes, des ouvriers de fonderie ou de l’industrie verrière, dont l’établissement n’est pas inscrit sur les listes mais qui ont accompagné leurs collègues malades de l’amiante jusqu’à leur dernière demeure. D’autres salariés exposés à des produits cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques peuvent, eux aussi, ressentir une anxiété justifiée. La Cour refuse le préjudice économique En passant d’un salaire plein à une allocation égale à 65% du brut, les salariés de ZF Masson et d’Ahlstrom ont subi une perte non négligeable de revenu. La cour d’appel de Paris avait estimé que l’employeur devait payer au centime près la différence. La Cour d’appel de Bordeaux avait jugé que c’était plutôt la perte de chance de mener une carrière professionnelle à terme, qui devait être indemnisée. La Cour de cassation a reconnu que cette perte de chance était un préjudice « effectivement caractérisé » et que l’employeur avait manqué à son « obligation de sécurité de résultat ». Elle a cependant estimé que la cause de cette perte de revenu résultait de la volonté du législateur qui avait créé ce dispositif et non de la faute de l’employeur. Des conditions de vie bouleversées par la contamination La cour de cassation a statué. Elle n’était pas unanime. Ses arrêts ont ignoré plusieurs aspects de la réalité vécue par des salariés qui se savent contaminés : pour eux, le départ en Acaata n’est pas un libre choix, c’est un choix contraint. Il prend la forme d’une démission, mais la démission n’est pas un élément essentiel du dispositif puisqu’il est ouvert aux chômeurs. Et la loi n’interdit pas à l’employeur de verser un complément. À la réflexion, ces arrêts posent une question fondamentale : l’origine des préjudices subis par les allocataires est-elle l’entrée dans le dispositif Acaata ? Ne faut-il pas plutôt la rechercher en amont, dans la contamination elle-même ? L’anxiété n’est en fait qu’une composante de tous les bouleversements introduits dans les conditions d’existence par la contamination. Ils devraient être pris en compte. Les arrêts de la cour de cassation ne mettent pas fin au combat engagé il y a cinq ans. Il continuera sous d’autres formes, avec d’autres échéances. LE PRÉJUDICE ÉCONOMIQUE DES VICTIMES DE L’AMIANTE QUI PARTENT EN ACAATA La quasi-totalité des actions aux prud’hommes concernaient des ex-salariés non malades dont l’établissement était inscrit sur les listes Acaata. Or 10% des départs en Acaata concernent une maladie professionnelle due à l’amiante. Dans ce cas la compétence des prud’hommes peut être contestée par les employeurs. Il faut donc s’adresser au Fiva. Le 18 mai 2010 la cour d’appel de Metz a condamné le Fiva à indemniser le préjudice économique d’un salarié suite à son départ en Acaata. Les attendus soulignent que le départ en Acaata n’était pas un libre choix, mais un choix par défaut. LES RÉACTIONS Patrick THOURIGNY (président de l’Addeva Yonne) René VINCENT (président du Cerader 24) Jean Paul TEISSONNIERE (avocat des plaignants) La lutte des salariés de ZF Masson sur le complément Acaata dure depuis 5 ans. Nous sommes sortis de la cour de cassation sans avoir ni le préjudice économique ni le préjudice d’anxiété (que nous n’avions pas demandé). Mais la bataille continuera devant la cour d’appel de renvoi où nous ajouterons à nos demandes la réparation du préjudice d’anxiété et des bouleversements de la vie courante causés par la contamination. Le 2 juin une assemblée générale avec Jean-Paul Teissonnière et Alain Bobbio a réuni 130 personnes à Sens. Toutes veulent continuer le combat... La cour a validé le préjudice d’anxiété des salariés de l’Ahlstrom reconnu par les prud’hommes de Bergerac et la cour d’appel de Bordeaux (7.500 euros). Le combat mené depuis 4 ans par le Cerader 24 et la Cgt a payé. Mais le refus du préjudice économique déresponsabilise les employeurs fautifs : leur cotisation spéciale au Fcaata a été supprimée. Grâce à des vices de procédure ils échappent aux conséquences financières de leur condamnation pour faute inexcusable. Aucun n’a encore été jugé au pénal. C’est inacceptable. Les empoisonneurs doivent être les payeurs ! La contamination est une atteinte corporelle qui peut conduire à l’apparition d’une maladie professionnelle. La cour a reconnu le droit des salariés contaminés de voir ce préjudice réparé par les prud’hommes. Mais elle déresponsabilise l’employeur fautif en considérant qu’il n’a pas à réparer la perte de revenu des salariés contaminés. L’employeur a manqué à l’obligation de sécurité de résultat. Sa faute est cause d’une contamination qui a bouleversé les conditions d’existence des salariés. Ce préjudice doit être indemnisé en plus du préjudice d’anxiété. 7 PRESSIONS SUR LA JUSTICE En Italie le procès pénal de l’amiante a débuté. Le jugement sera rendu en mai 2011. En France, les victimes l’attendent toujours. Leur mobilisation a eu des résultats : les dossiers sont regroupés au pôle de Santé publique. Des employeurs, des médecins ont été mis en examen. Le gouvernement renonce pour le moment à supprimer le juge d’instruction. Mais des nuages se profilent à l’horizon : tout est fait pour retarder ce procès et réduire sa portée. La ministre de la Justice avait promis de donner des moyens accrus à l’instruction. Ils restent insuffisants. Elle avait dit n’intervenir dans aucun dossier. La voilà prise en flagrant délit d’ingérence : la juge d’instruction avait demandé une saisine globale, pour évaluer l’ampleur des dégâts humains au-delà du cercle des plaignants. La chancellerie intervient auprès du Parquet pour s’y opposer et défendre des critères de prescription excluant nombre de plaignants... L’opacité progresse, notre méfiance aussi. Les victimes de l’amiante n’acceptent pas ces pressions sur la Justice. Elles ne laisseront pas voler le procès qu’elles attendent depuis si longtemps. 8 PROCÈS PÉNAL DE L’AMIANTE La chancellerie met des bâtons dans les roues de l’instruction Elle fait pression sur le Parquet pour refuser une saisine globale demandée par la juge qui instruit le dossier pour mesurer l’ampleur des dégâts humains causés par les personnes mises en cause. Elle veut imposer une conception restrictive de la prescription qui exclurait de nombreuses victimes de l’action judiciaire engagée. Selon le souhait des victimes, Marie-Odile BertellaGeoffroy, juge d’instruction en charge du dossier , avait demandé au Parquet de Paris une saisine globale. Cette démarche permet de prendre en compte l’ensemble des victimes sans circonscrire ses investigations aux seuls plaignants. Elle est importante pour apprécier la responsabilité éventuelle des personnes mises en cause. En effet, depuis le dépôt des premières plaintes (il y a 14 ans) et le réquisitoire introductif, de nombreuses victimes ont Mme Bertella-Geoffroy déclaré et fait reconnaître une maladie professionnelle, sans s’être constituées partie civile. Or, à l’occasion d’une rencontre avec le Parquet et l’Andeva, une partie d’un document émanant de la Chancellerie a été lue à la délégation de l’Andeva. Ce document, aussi surprenant sur la forme que sur le fond, est une dépêche adressée par la chancellerie au Parquet précisant que le magistrat instructeur devrait limiter ses investigations aux seuls plaignants et même faire le tri parmi eux, car il jugeait que certains étaient prescrits. Cette position restrictive, infondée en droit, porte atteinte aux droits des victimes. L’ANDEVA A LA MINISTRE DE LA JUSTICE « Les motivations de la chancellerie semblent pour le moins suspectes » Le président de l’Andeva a adressé une lettre ouverte à Madame Alliot-Marie : « Vous avez affirmé qu’en aucun cas vous n’interveniez directement dans un dossier. » Pourtant « la Chancellerie est intervenue directement sous forme d’une dépêche adressée au parquet afin que celui-ci prenne une position restrictive, en réponse à la demande de saisine globale formée par le magistrat instructeur ». Cette position de la chancellerie conduit à la prescription de nombreux dossiers. Elle est « discutable sur le fond et erronée juridiquement ». Et ses motivations sont « pour le moins suspectes ». Alain Guérif a demandé communication de ce document resté confidentiel : « s’il s’agit d’un élément de politique pénale, alors, il devrait être rendu public, afin que la volonté du gouvernement dans ce domaine puisse être appréciée et discutée. S’il s’agit d’une instruction particulière, sa cotation à la procédure est essentielle au débat contradictoire. » La Ministre de la Justice a refusé, prétextant qu’il s’agissait d’une simple « note d’analyse juridique ». « La moindre des choses que vous devez aux victimes de l’amiante, c’est la transparence », a répondu Alain Guérif dans une seconde lettre ouverte. MARDI 19 OCTOBRE : CODE PÉNAL 200 veuves et victimes seront reçues à l’Assemblée nationale A la demande des veuves de Dunkerque et de l’Ardeva 59-62, une rencontre est prévue le mardi 19 octobre à l’Assemblée nationale, avec des députés et sénateurs de la majorité et de l’opposition. « Inquiets des risques de blocage de l’instruction du procès pénal, nous avons décidé de reprendre les marches tous les mois autour du Palais de Justice, explique Pierre Pluta, le président de l’Ardeva. A chaque fois une veuve de l’amiante a adressé une lettre au Président de la République. Elles ont reçu un simple accusé de réception passe-partout. Aucune n’a reçu de réponse personnelle. Nous avions lancé il y a déjà plusieurs mois l’idée d’une rencontre avec les parlementaires (députés Manifestation de l’Andeva à Paris et sénateurs) de toutes obédiences. Cette rencontre aura lieu à la rentrée. Le conseil d’administration de l’Andeva a décidé d’élargir cette initiative à toutes les associations locales de l’Andeva qui souhaitent y participer. Il faut que les représentants de la na- tion puissent entendre la voix des veuves et des victimes, qu’ils écoutent leurs doléances et leurs demandes et s’en fassent l’écho à l’Assemblée nationale. » La salle compte 200 places. Une action est envisagée à l’issue de cette réunion. SUPPRESSION DU JUGE D’INSTRUCTION Le gouvernement a reculé mais il n’a pas renoncé à son projet Nicolas Sarkozy voulait supprimer le Juge d’instruction et le remplacer par un magistrat dépendant directement du pouvoir politique. L’Andeva a organisé deux manifestations contre ce projet menaçant l’indépendance de la Justice : à Dunkerque le 20 juin et à Paris le 10 octobre. L’Union syndicale des magistrats était aux côtés des victimes. Des actions furent organisées dans plusieurs régions. 18 associations représentant plus d’un demi-million d’ad- hérents demandèrent au Président de la République de renoncer à ce projet. Après les régionales, il annonça que la discussion sur cette mesure (que Michèle Alliot-Marie avait présentée comme « non négociable ») était reportée à la prochaine législature… Ne boudons pas notre joie. Ce recul est une belle victoire. Mais restons vigilants. Non seulement le gouvernement n’a pas renoncé à son projet, mais il marque aujourd’hui sa volonté de réduire et corseter l’action des juges d’instruction. Un juge ne peut en effet pas se saisir lui-même d’une affaire. Il est saisi soit par une victime (plainte avec constitution de partie civile) soit par le procureur de la République, si ce dernier estime qu’il s’agit d’une affaire grave et complexe. A défaut de changer la loi pour supprimer les juges d’instruction, il y a encore des moyens pour squeezer ceux qui existent... L’ARTICLE 575 EST SUPPRIMÉ Cet article précisait que seul le procureur de la République pouvait saisir la Cour de cassation, la partie civile ne pouvant le faire que dans des cas très particuliers. A Dunkerque, en 2003, après 7 années d’instruction, le juge rendit un non lieu confirmé par la cour d’appel de Douai. Cet arrêt souleva une indignation générale : 140 veuves lancèrent un appel. Des marches s’organisèrent. Mais la Cour de cassation jugea le pourvoi des victimes irrecevable en vertu de l’article 575 du Code pénal... Sa suppression par la Conseil constitutionnel devrait empêcher que l’inertie du Parquet ne prive les plaignants d’une voie de recours. LOI FAUCHON Jean-Pierre Decool, député UMP du Nord, a déposé le 11 mai 2010 une proposition d’amendement à la loi Fauchon. Considérant qu’elle « constitue un obstacle dans le règlement de l’affaire de l’amiante », il propose l’ajout d’une phrase disant qu’en cas d’accident ou de maladie professionnelle la faute pénale peut être reconnue, « même en cas d’absence de violation manifestement délibérée à une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement. » 9 FAUTE INEXCUSABLE DE L’EMPLOYEUR Une importante décision du Conseil constitutionnel sur les préjudices des victimes du travail Il considère comme conforme à la constitution la prise en compte par les tribunaux des affaires de Sécurité sociale de certains préjudices qui n’étaient indemnisés jusqu’ici que par le Fiva. refusé d’indemniser les frais d’aménagement de son appartement occasionnés par son handicap. S’il s’agissait d’un accident de la route, elle aurait été indemnisée, conformément au principe de réparation intégrale des préjudices qui régit le droit commun. Face à cette injustice, elle a saisi le conseil constitutionnel d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) : cette différence est-elle conforme au principe d’égalité devant la loi qui figure dans le préambule de la Constitution ? Lorsque la faute inexcusable de l’employeur est reconnue par un Tribunal des affaires de la Sécurité sociale (Tass), une victime du travail voit sa rente majorée et une partie de ses préjudices indemnisée. Une liste limitative de préjudices indemnisables Jusqu’alors, seuls les préjudices énumérés dans le Code de la Sécurité sociale pouvaient être pris en compte par les Tass : - « préjudice causé par les souffrances physiques et morales », - « préjudices esthétiques et d’agrément », - « préjudice résultant de la perte ou de la diminution de possibilités de promotion professionnelle » (Livre IV, L.452) . Cette liste étant limitative, les préjudices qui n’y figuraient pas ne pouvaient être indemnisés par cette juridiction. C’était notamment le cas de certains frais dus à la maladie professionnelle ou à l’accident du travail : - aménagement d’une maison (ou d’une voiture) pour la rendre plus accessible à une personne handicapée, - frais médicaux non remboursés par la Sécurité sociale - assistance non rétribuée apportée par une tierce personne à une victime ne pouvant plus effectuer seule les gestes élémentaires de la vie courante. 10 Les frais d’aménagement d’un véhicule ou d’un logement pour un salarié handicapé n’étaient jusqu’ici pas pris en compte. La situation n’était pas la même pour toutes les victimes du travail : Les victimes de l’amiante qui avaient obtenu la reconnaissance d’une faute inexcusable de l’employeur pouvaient demander une indemnisation complémentaire au Fiva pour les préjudices non pris en compte par le Tass Les autres victimes du travail n’avaient aucun recours pour être indemnisées de ces préjudices. La décision rendue le 18 juin par le conseil constitutionnel pourrait bien changer la donne. La question posée par une salariée tétraplégique Une salariée rendue tétraplégique par un accident du travail avait fait reconnaître la faute inexcusable de son employeur, mais le Tass avait La réponse du Conseil Le conseil constitutionnel lui a fait une réponse en deux temps : 1) Il estime que la réparation forfaitaire prévue par la loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles est conforme à la constitution. 2) Il considère qu’on ne peut s’opposer à ce que les victimes du travail « puissent demander à l’em- ployeur réparation de l’ensemble des dommages non couverts par le livre IV du code de la sécurité sociale », sous peine de porter « une atteinte disproportionnée aux droits des victimes d’actes fautifs ». L’Andeva salue cette décision et demande que les principes énoncés par le conseil constitutionnel soient rapidement inscrits dans la Loi. Elle invite les victimes et les familles concernées à demander devant le Tass la réparation de tous leurs préjudices, y compris ceux qui ne figurent pas dans la liste du Code de la Sécurité sociale. Depuis le 1er mars 2010, tout justiciable qui estime qu’une loi est contraire à la Constitution peut saisir le conseil constitutionnel au moyen d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Cette question est transmise par le juge du fond à la Cour de cassation, puis au Conseil constitutionnel, si un certain nombre de conditions soient remplies. LE MANS (Sarthe) La faute inexcusable de Renault reconnue pour la cinquième fois Photo Ouest France QU’EST-CE QU’UNE Q.P.C. ? Vers la réparation intégrale des préjudices ? En élargissant la liste des préjudices indemnisables pour les victimes du travail, le conseil constitutionnel a fait un pas vers la réparation intégrale. Un petit pas seulement, car une différence importante demeure entre une victime de la route qui relève du droit commun et une victime du travail dont l’indemnisation est régie par le Code de la Sécurité sociale : - La première n’aura pas besoin de prouver l’existence d’une faute pour être indemnisée de tous ses préjudices. - La seconde ne sera indemnisée de ses préjudices que si elle démontre l’existence d’une faute inexcusable de son employeur, ce qui n’est pas toujours possible. Quant au montant de son indemnisation, il sera laissé à l’appréciation souveraine des juges du fond. Le Conseil constitutionnel Il comprend neuf membres dont le mandat dure neuf ans et n'est pas renouvelable. Le Conseil constitutionnel se renouvelle par tiers tous les trois ans. Trois des membres sont nommés par le Président de la République, trois par le président de l'Assemblée nationale, trois par le président du Sénat. En plus de ces neuf membres les anciens Présidents de la République en font partie à vie. Christian Potier était électromécanicien à l’usine Renault du Mans. Il a été emporté à 53 ans par un cancer broncho-pulmonaire reconnu en maladie professionnelle. Quatre ans après son décès, le Tass du Mans a reconnu la faute inexcusable de l’employeur. « Renault a empoisonné des salariés en connaissance de cause, le danger était connu », explique André Pousse, président de l’Advarm 72, dont les deux frères sont décédés de l’amiante. « L’audience a été éprouvante pour sa femme et sa fille, ajoute Michel Bouvet, vice-président de l’association. Cela n’a pas empêché la direction de Renault, pourtant déjà quatre fois condamnée, de faire appel, imposant ainsi une nouvelle épreuve à la famille. Elle sait qu’elle prend le risque que la faute inexcusable soit confirmée en appel, mais elle espère surtout obtenir une baisse du montant des indemnisations. » AUBERVILLIERS (Seine-Saint-Denis) Kaefer Wanner (ex Wanner Isofi) condamné 20 ans après Lucien Marache avait travaillé comme projeteur d’amiante chez Kaefer Wanner (ex-Wanner Isofi) à Aubervilliers. Il est mort d’un cancer le 1er janvier 1980. Son épouse, contaminée en lavant ses bleus, avait des plaques pleurales. Leur fille, Aline Fabre, en a aussi. Les projeteurs travaillaient dans un nuage de poussières d’amiante. Ils floquaient des plafonds ou des structures métalliques avec un mélange de colle et d’amiante en poudre projeté. Ils avaient des amas de fibres d’amiante dans le nez, la gorge, les yeux… Ils n’étaient ni informés ni protégés. En 1977 Lucien, reconnu en maladie professionnelle avec un taux d’incapacité de 50%, avait envoyé une lettre à Simone Weil, ministre de la Santé. « Ma santé est irrémédiablement compromise », écrivait-il. Il mettait en cause la direction et le médecin du travail : « res- ponsables de la mort de plusieurs de mes compagnons de travail ». Il en donnait la liste. Une véritable hécatombe industrielle sévit chez Kaefer Wanner (qui prospère aujourd’hui dans les activités de retrait d’amiante !). Aline et son frère ont eu le courage d’engager une action en faute inexcusable. Le Tass de Cergy leur a donné raison en condamnant l’employeur. 11 LE TÉMOIGNAGE DE JOSÉ BACHIR Sept ans de combat pour faire condamner Aluminium Péchiney Au nom de son père et en mémoire de toutes les victimes de l’amiante, José Bachir s’est battu pendant sept ans contre Aluminium Pechiney, pour faire reconnaître la faute inexcusable de l’employeur : d’abord devant le Tass puis la cour d’ap- pel de Pau, puis la cour de cassation et enfin la cour d’appel de Toulouse. Un long et douloureux combat qu’il a fini par gagner. Léa Veinberg a recueilli son témoignage. Il tire un bilan de ces sept années de bataille judiciaire. « J’ai toujours pensé que la Vérité finirait par triompher » « Mon père, Jean-François Bachir, est mort à 73 ans d’un cancer broncho-pulmonaire dû à l’amiante. « Dans chaque cuve, 200 kilos d’amiante » Durant 17 ans, il a travaillé comme ouvrier chez Aluminium Péchiney dans des conditions très difficiles. Il devait nettoyer au marteau-piqueur 146 cuves d’électrolyse qui contenaient 200 kilos d’amiante chacune. Jamais il n’a été informé de la dangerosité de son travail. Ses collègues et lui ne savaient d’ailleurs pas qu’ils manipulaient des plaques d’amiante (Ils parlaient de « laine de verre »). Les masques qui leur étaient donnés étaient inefficaces. Dans les locaux de travail, la ventilation était défaillante. En 1987 mon père a pris sa préretraite. L’usine a fermé en 1991. « C’était son travail qui l’avait rendu malade » En 2002 mon père est tombé malade. Il était essoufflé. On lui a diagnostiqué un cancer du poumon. Un long combat contre la maladie a commencé. Il a subi une ablation du poumon gauche, puis des chimios et des radiothérapies. Je l’ai accompagné à chaque examen. Il a beaucoup maigri, mais il a réussi à se rétablir. 12 Sa maladie était due à l’amiante. Je lui ai expliqué que c’était son travail qui l’avait rendu malade. Comme moi, il voulait que Justice soit rendue, mais à ce moment nous avons donné la priorité au combat contre la maladie. Puis il a eu des troubles de l’équilibre dus à une métastase cérébrale. Il a été opéré. Avec ma mère, mes frères et mes sœurs, nous avons fêté le réveillon à l’hôpital. Il est mort le 17 mars 2003. « Nous avons choisi d’aller en Justice » Au nom de mon père, en accord avec toute la famille, ma mère et mes frères et sœurs, j’ai décidé d’intenter une action en justice contre Aluminium Pechiney. J’ai commencé à lire, à me renseigner sur l’amiante. Dès les années 60 on savait que ce matériau était dangereux, et pourtant les industriels avaient continué à l’utiliser. Comment était-ce possible ? En me documentant sur Internet, en lisant la presse, j’ai compris que je devais choisir entre le FIVA et une action judiciaire en faute inexcusable de l’employeur. J’ai choisi l’action en Justice. Lors d’une Assemblée Générale de L’Andeva, j’ai rencontré toute l’équipe de Vincennes. Hélène m’a conseillé de m’adresser au cabinet de Michel Ledoux. C’est alors que les choses ont vraiment avancé. J’ai travaillé avec Maïtena, une des associées du cabinet. J’ai mené ma propre enquête, en cherché à récupérer les dossiers de mon père partout : à l’inspection du Travail, à la CGT, à la médecine du Travail… J’ai lu des pages et des pages sur le site de Legifrance. Je me suis documenté sur Pechiney. J’ai même établi une chronologie de l’amiante mise en parallèle avec la vie professionnelle de mon père. « Le Tass et la cour d’appel de Pau avaient blanchi Aluminium Péchiney » Le 22 mai 2006, le Tribunal des affaires de Sécurité Sociale de Pau m’a débouté, estimant qu’Aluminium Péchiney ignorait que l’amiante était dangereux ! Leur avocate a nié tous les faits. Nous avons fait appel. Le jour de l’audience, j’ai organisé un rassemblement devant le palais de Justice de Pau. Plusieurs centaines de personnes sont venues me soutenir. Des membres de la famille, des collègues de travail de mon père étaient là. Le 29 novembre 2007, malgré toutes les preuves apportées, la Cour d’appel de Pau confirma l’arrêt rendu par le TASS : Aluminium Pechiney était blanchi. Ce fut un coup très CONNAÎTRE SES DROITS Indemnités d’inaptitude temporaire Quand le médecin du travail délivre un avis d'inaptitude en lien avec un accident du travail ou une maladie professionnelle, il informe le salarié qu’il peut adresser une demande d'indemnités temporaire d'inaptitude à sa caisse primaire (art. D 433-3 du Code de la Sécurité sociale). Ce dispositif devrait permettre une prise en charge par la branche AT/MP (financée par les employeurs) d'un arrêt maladie généralement assumé par la Branche maladie. Congé de solidarité familiale Avec une légitime fierté, José présente les deux arrêts de la Cour de cassation et de la Cour d’appel de Toulouse reconnaissant la faute inexcusable d’Aluminium Péchiney dur. Après discussion avec mon avocate, nous avons décidé de nous pourvoir en cassation. « La cour de cassation nous a donné gain de cause » Après deux échecs, nous avons finalement obtenu gain de cause : la cour a cassé le jugement de la cour d’appel de Pau et renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Toulouse. Le 25 juin 2010, la cour d’appel de Toulouse a condamné Aluminium Pechiney pour faute inexcusable. Cela fut pour moi un immense soulagement : enfin la vérité éclatait, au nom de mon père et en mémoire de toutes les autres victimes de l’amiante et de leur famille. Je dois beaucoup au soutien des membres de l’Andeva qui m’ont aidé et conseillé tout au long de mon combat. J’ai commencé à aider l’association et je voudrais faire davantage, peut être créer une antenne près de chez moi. Aujourd’hui je sais que la reconnaissance du statut des victimes est capitale dans le travail de deuil. Sept années de combat pour faire triompher la vérité, cela peut paraître très long, mais à la recherche de la vérité, je ne les ai pas vues passer. « Au nom de mon père et en mémoire de toutes les victimes de l’amiante » Tout salarié peut s’absenter pour assister un proche souffrant d’une pathologie mettant en jeu le pronostic vital : père ou mère, enfants, époux ou épouse, concubin(e), pacsé(e). La loi du 10 mars 2010 élargit ce congé à d’autres proches : frère ou sœur, personne de confiance désignée par le malade). Les décrets d’application sont attendus. Le salarié doit produire un justificatif médical et informer l’employeur 15 jours avant. Ce congé, d’une durée de 3 mois renouvelable une fois, ne peut être ni reporté ni refusé par l’employeur. Allocation journalière d’accompagnement Elle peut être versée à une personne qui a suspendu ou réduit son activité professionnelle pour accompagner une personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable. Le montant de l’allocation journalière est de 48,92 euros. Le nombre maximum d’allocations est limité à 21. Elles sont versées par l’assurance maladie. 13 EN FINIR AVEC LES DISCRIMINATIONS On présente souvent les salariés affiliés à des régimes spéciaux de Sécurité sociale comme des privilégiés. Pour les victimes du travail, ce n’est pas le cas. Quand un salarié vivant en couple meurt d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail, la personne qui partageait sa vie n’a pas les mêmes droits dans le public que dans le privé. Dans le privé, le Code de la Sécurité sociale a pris en compte l’évolution des mœurs : Il ne considérait à l’origine comme ayant droit que le conjoint survivant, sous réserve d’une durée de mariage de deux ans ou de la naissance d’au moins un enfant. Mais en décembre 2001, la loi a étendu la notion d’ayant droit aux concubin(e)s et aux pacsé(e)s. Dans la Fonction publique, les conditions sont bien plus restrictives : non seulement la durée de mariage exigée est de 4 ans, mais - 9 ans après la loi de 2001 - les concubins et les pacsés ne sont toujours pas considérés comme des ayants droit. Le cas d’Hervé Lefèbvre (Ionas) et de Lou son épouse est une frappante illustration de cette injustice. Ionas est décédé d’une maladie dont l’origine professionnelle est reconnue. S’il avait travaillé dans le privé, Lou aurait eu droit à une rente de conjoint survivant égale à 40% du salaire de référence de son mari Cette rente serait passée à 60% à partir de ses 55 ans. Mais Ionas était professeur dans l’Éducation nationale. L’administration a dit à Lou qu’elle n’a droit à rien... Il est urgent de corriger cette insupportable discrimination. 14 APRÈS LE DÉCÈS DE SON MARI Lou est résolue à se battre contre l’injustice Elle n’accepte pas que les salariés de l’Éducation Nationale victimes du travail et leurs familles n’aient ni les mêmes droits ni le même suivi médical que ceux du privé. « Ionas était peintre, explique Lou. Il était prof d’arts plastiques au collège Joseph Vallot de Lodève (34). En 1997, il apprit que le collège allait être détruit et reconstruit. Il savait qu’il y avait de l’amiante dans les murs et les plafonds, très abîmés, dont les trous laissaient voir les tuyauteries. Des analyses avaient confirmé la présence d’amiante chrysotile . Ionas siégeait au CHS. Il demanda le respect des décrets sur l’amiante parus l’année précédente : pas de démolition au bulldozer, un désamiantage sous confinement avec des sas d’accès. Le proviseur du collège minimisa le danger et répondit que cela coûterait trop cher. Ionas fit signer une pétition et alerta le président du Conseil général. Il obtint que le collège soit désamianté et démoli dans les règles. » Harcelé pour avoir fait respecter la loi « Il a eu gain de cause, mais il s’est fait saquer, poursuit Lou. L’inspecteur pédagogique régional lui a collé des notes inférieures à la moyenne nationale. Le proviseur du collège lui a refusé des congés sans solde pour ses expositions de peinture. Il a été victime d’un véritable harcèlement professionnel. Il en a beaucoup souffert. Il se sentait humilié, victime d’une injustice. Il faisait bien son métier. Ses élèves l’appréciaient. Il avait simplement demandé que la loi soit appliquée... » Le cas n’est malheureusement pas isolé. « J’ai discuté avec une veuve du lycée de Gérardmer, où se déroula l’une des premières luttes sur l’amiante. Son mari avait été, lui aussi, victime de harcèlement et pour les mêmes raisons. » Reconnu le jour de son décès Le risque amiante au collège de Lodève était malheureusement bien réel : en 2009 - douze ans après la démolition du collège - Ionas apprit qu’il était atteint d’un mésothéliome, maladie spécifique de l’amiante. « Il fit aussitôt une déclaration en maladie professionnelle et déposa un dossier au Fiva, raconte Lou. Le professeur Pujol lui avait fait un certificat médical initial. L’Andeva nous aida à constituer le dossier. Le syndicat FSU lui apporta son soutien. » UN ENSEIGNANT PEUT FAIRE TOUTE SA CARRIÈRE SANS PASSER UNE SEULE VISITE MÉDICALE « Ionas n’a jamais vu un médecin du travail, explique Lou. Pour un métier au contact du public, l’absence de suivi médical est une aberration. Il n’y a ni visite médicale ni de dossier médical où noter les expositions. Les enseignants qui doivent prouver l’origine professionnelle de leur maladie sont pénalisés » Il y a quelques années Claude Aufort, professeur d’Anglais retraitée, atteinte d’un mésothéliome avait accroché publiquement Xavier Bertrand, le ministre du travail, lors d’une émission télévisée, sur l’absence de suivi médical des enseignants. Il avait promis de s’occuper du problème. On attend toujours... POUR HONORER SA MÉMOIRE Ionas avait créé un site Internet pour présenter ses oeuvres. L’association La Louve et son épouse vont désormais prendre la relève pour promouvoir son travail et honorer sa mémoire. Ses tableaux sont superbes, ses photos d’Afrique d’une beauté à couper le souffle. On peut les voir sur ce site, à l’adresse suivante : http://www.ionas.org/ « J’aurais tant aimé que nous puissions vivre encore ensemble au moins une quinzaine d’années » Apprendre qu’on a une maladie grave causée par l’amiante, quand on a été humilié par ceux qui niaient le danger, est insupportable : « Le premier réflexe de mon mari fut d’aller à la police pour porter plainte contre le principal et l’inspecteur. Mais nous avons réalisé que ce type d’action judiciaire avait peu de chances d’aboutir. » Sept mois après le diagnostic, le 27 novembre 2009, Ionas reçut la notification de prise en charge de sa maladie contractée en service : son origine professionnelle était reconnue. Il signa l’accusé de réception à midi. Cinq heures plus tard, il avait cessé de vivre. « Vous n’avez pas été mariés depuis assez longtemps » Ionas et Lou avaient vécu ensemble durant des années. Fin 2008 ils décidèrent de se marier. Le mariage eut lieu en juillet 2009. Ionas devait décéder cinq mois plus tard. Après le décès, Lou prit contact avec le rectorat. « Je m’attendais à percevoir une rente de conjoint survivant, comme cela se passe dans le privé ». Le rectorat lui répondit qu’elle ne remplissait pas les conditions pour bénéficier d’une pension de réversion : « Conformément à l’article L.39 du code des pensions civiles et militaires de retraite, le droit à pension de réversion est reconnu, à condition que le mariage ait duré au moins quatre années ». Lou s’adressa au ministère, qui confirma qu’une épouse sans enfant mariée depuis moins de quatre ans n’a droit ni à la réversion de la pension vieillesse ni à la réversion de la rente d’invalidité de son mari. Malgré plusieurs années de vie commune, d’abord comme compagne puis comme épouse, elle ne percevra rien pour la maladie contractée en service par son mari au cours de ses années d’enseignement. S’il avait travaillé dans le privé, elle aurait perçu une rente. Décidée à se battre pour elle et pour les autres Lou n’accepte pas cette injustice. Elle ne peut admettre que les victimes du travail de l’Éducation nationale et leurs familles n’aient pas les mêmes droits que les victimes du privé, pour une maladie professionnelle ou un suivi médical. Elle a pris un avocat et étudie toutes les possibilités de recours contre la discrimination dont elle et tant d’autres sont victimes. Des interventions auprès de la Halde, du médiateur de la République, de la Cour européenne de Justice sont envisagées. Si la loi est mauvaise, c’est la loi qu’il faudra changer. 15 PROVENCE - ALPES - CÔTE D’AZUR Rien ne va plus à la Cour d’appel d’Aix MONT-DE-MARSAN 400 personnes en soutien aux victimes de Mimizan Le 28 juin, 21 dossiers d’ex-salariés de la Papeterie de Gascogne Paper à Mimizan passaient devant le Tass de Mont-de-Marsan. Ils étaient défendus par Maïténa Lavelle, du cabinet Ledoux. Le Collectif des amiantés de Mimizan avait reçu l’appui du Collectif de Défense des victimes de l’amiante du grand Sud Ouest auquel il participe avec les CMCAS (Agen, Pau, Périgueux, La Rochelle, Gironde), des associations (Cerader 24, Allo Amiante) et diverses structures CGT. Après la manifestation, une délégation fut reçue en préfecture. Une rencontre est prévue avec le directeur de l’Agence régionale de la Santé. Le Tass rendra arrêt le 11 octobre. CAPER ETERNIT CARONTE 10 années de combats « Pour les 10 ans du Caper, nous avons fait une cérémonie devant la stèle aux victimes d’Eternit », explique Nicolas Cristofis, son président. « Sur 150 actions judiciaires menées depuis 10 ans avec maître Lounis, ajoute Michel Salard, toutes ont été gagnées. ». BORDEAUX Les dockers ont gagné Mardi 11 Mai les dockers de La Rochelle Pallice manifestaient à Bordeaux, à l’appel de l’Addeva 17 et du Collectif CGT. Déboutés par le tribunal administratif de Poitiers, ils étaient défendus par Maître Quinquis, du cabinet Ledoux, devant la cour d’appel administrative de Bordeaux. Elle a enjoint l’administration d’étendre la période jusqu’à 1999. 16 Malgré des trombes d’eau, 300 personnes ont participé à un rassemblement régional unitaire le 15 juin devant le Palais de Justice. Le même jour deux actions ont eu lieu à Aix : l’une devant la chambre sociale, avec le Centaure et la Mutuelle de la Méditerranée, l’autre devant le Palais de justice d’Aix. 300 per s onne s étaient là avec tracts et banderoles, sous des trombes d’eau, à l’appel d’une myriade d’organisations : Adevimap, Adeva du Golfe de Fos, Avapa, Ardeva Sud Est, Asava, Capers Nord Isère, Ardèche et Haute Provence... Plusieurs mutuelles étaient présentes. Une mobilisation à la mesure de la gravité de la situation : « La Cour d’appel d’Aix était favorable aux victimes, explique Maurice Huc, président de l’Adevimap. Elle a fait un brutal revirement de jurisprudence. Elle réduit les indemni- sations fixées par les Tass. Des victimes doivent rembourser une partie des sommes reçues. C’est une négation de leurs souffrances. » La raison de ce revirement ? « Il y a une pénurie d’effectifs à la Cour d’appel. Elle veut réduire sa charge de travail, en dissuadant les victimes d’aller en faute inexcusable et les orienter vers le Fiva. ». Une rencontre a eu lieu au tribunal avec le directeur de cabinet du procureur de la République. Les associations demandèrent des indemnisations décentes, un regroupement des dossiers dispersés, une salle d’audience digne de ce nom. « Les points de vue sont restés éloignés, note Jean Herquin, de l’Asava, mais il y a eu un point positif : nos interlocuteurs ont proposé une rencontre avec la direction de la cour d’appel d’Aix sur les moyens de réduire les délais d’attente et de regrouper les dossiers. Plusieurs semaines ont passé. La rencontre n’a pas eu lieu. Une lettre recommandée de rappel est restée sans réponse. » Ce rassemblement a eu un large écho dans les médias. Malheureusement la Cour d’appel s’obstine. Les délibérés sur la prescription Fiva sont défavorables. « La cour n’a même pas pris la peine de répondre à l’ensemble de nos arguments », dit Sylvie Topaloff, avocate des victimes. Une nouvelle action est envisagée à la rentrée. FIVA 600 DOSSIERS FRAPPÉS PAR LA PRESCRIPTION QUADRIENNALE Les victimes et les familles risquent de n’avoir aucune indemnisation de leurs préjudices. Le conseil d’administration du Fiva a émis un voeu pour un délai de prescription de 10 ans. En mars 2003 le conseil d’administration du Fiva avait voté une prescription quadriennale : - 4 ans après la première constatation médicale pour les fibroses et la pleurésie - 9 ans après la première constatation médicale pour les cancers (qui sont considérés comme consolidés après 5 ans) - 4 ans après le décès pour les ayants droit Passé ce délai, une victime ou un ayant droit n’est plus indemnisé. Une situation inacceptable Aujourd’hui, près de 600 dossiers sont considérés comme prescrits ! Les deux tiers concernent des victimes sans contact avec une association qui ne connaissaient pas leurs droits. Les autres concernent des indemnisations complémentaires après une faute inexcusable de l’employeur. Les représentants de l’Andeva, de la FNATH et des organisations syndicales ont demandé que le Fiva adopte un délai de prescription de 10 ans en application de l’article 2226 du Code civil. L’ARTICLE 2226 DU CODE CIVIL « L'action en responsabilité née à raison d'un événement ayant entraîné un dommage corporel, engagée par la victime directe ou indirecte des préjudices qui en résultent, se prescrit par dix ans à compter de la date de la consolidation du dommage initial ou aggravé. » Un avis de la Cour de Cassation problématique Sollicitée par la direction du Fiva, la cour de cassation a rendu un avis le 18 janvier 2010 : - Elle a confirmé le délai de prescription de 4 ans. - Il court à partir de la constatation de la consolidation de la maladie. - L’instruction d’un dossier de maladie professionnelle ou de faute inexcusable ne l’interrompt pas. Cet avis pose problème : dire à la fois que la prescription est quadriennale et que ce délai n’est interrompu ni par l’instruction d’une maladie professionnelle ni par celle d’une faute inexcusable de l’employeur, c’est placer certaines victimes dans l’impossibilité pratique de faire valoir leurs droits. Vu la longueur des procédures, le dossier risque d’être prescrit, lorsqu’une maladie professionnelle est reconnue par le système complémentaire ou après un contentieux. C’est aussi le cas après la reconnaissance d’une faute inexcusable en appel. A l’inverse fixer comme point de départ la cons- tatation de la consolidation au lieu de la première constatation médicale de la maladie permettrait de rattraper certains dossiers considérés comme prescrits par le Fiva. La Cour de Cassation n’a pas précisé quel document établissait le constat de la consolidation. Les cours d’Appel de Riom et de Douai, considèrent à juste titre que c’est la notification de la rente par la caisse primaire. Pour un délai de prescription de 10 ans ! Le 15 juin, le conseil d’administration du Fiva a pris les positions suivantes : - Il adresse un voeu au législateur pour qu'il inscrive la prescription décennale dans la loi. - Le délai de prescription pour les plaques pleurales, les épaississements pleuraux et l'asbestose doit courir à compter de la date du constat de la consolidation du dommage initial ou aggravé. - Après reconnaissance d’une faute inexcusable de l’employeur, si une indemnisation complémentaire peut être accordée par le Fiva, le point de départ est la date de la décision de justice définitive. Les autorités de tutelle ont fait opposition aux deux votes. Il est urgent de trouver une solution équitable qui permette à la fois de débloquer l’indemnisation de ces 600 dossiers et d’éviter une multiplication des contentieux, prévisible si la situation restait en l’état. 17 UN GROUPE DE TRAVAIL DE L’ANDEVA SUR LA PRÉVENTION DU RISQUE AMIANTE Un groupe de travail prévention de l’Andeva a été constitué. Il a tenu trois réunions. Les premiers thèmes abordés ont été la collecte des déchets non friables pour les particuliers, le repérage de l’amiante dans tous les bâtiments et la consultation facilitée du DTA (dossier technique amiante). La collecte des déchets amiante par les professionnels est encadrée par une législation conséquente. Mais les particuliers qui doivent se débarrasser d’une toiture en fibrociment sont en général très démunis. Hormis certaines déchetteries gratuites, comme celles du Havre ou de la Creuse, les participations aux frais demandées pour les dépôts d’amiante non friable s’avèrent souvent exorbitantes. De plus, on ignore généralement si les conditions requises pour éviter la dispersion des fibres dans l’air ambiant y sont efficaces. CHU DE CAEN Un agent mis à la retraite d’office pour la deuxième fois, à 58 ans Il avait alerté la direction de l’hôpital sur le risque amiante et le non respect des règles de sécurité. Serge Vautier avait à maintes reprises dénoncé l’insuffisance des mesures de prévention contre le risque amiante au CHU. Il s’était porté partie civile dans une action judiciaire au pénal pour mise en danger de la vie d’autrui ouverte en juillet 2009 contre la direction de l’hôpital. En avril 2010, elle le met en retraite anticipée d’office, à 58 ans, avec une diminution d’un tiers de ses revenus. Motif : « perturbation du fonctionnement normal du service » . Poussé à bout, soigné pour dépression, il conteste cette décision et engage une procédure judiciaire en référé. Le 3 juin, le tribunal administratif rend un arrêt enjoignant la direction de l’hôpital de le réintégrer. Il reprend le travail. Trois jours plus tard, il est mis de nouveau à la retraite d’office par la direction de l’hôpital... Il prépare une saisine du juge des référés avec son avocate. ROSNY-SOUS-BOIS Des plaques d’amiante-ciment abandonnées sur le trottoir Il est devenu urgent d’informer efficacement les particuliers afin de réduire les risques. d’empoisonnement à terme. Un dépliant d’information élaboré par Allo Amiante intitulé « Amiante : tous concernés » a été présenté au groupe. La réflexion s’est aussi portée sur les différentes techniques d’élimination des déchets : l’enfouissement qui doit rester une technique transitoire, et la vitrification après fusion dans un four équipé d’une torche à plasma, qui transforme l’amiante en matériau inerte par vitrification. Le groupe de travail prévention s’est fixé plusieurs objectifs : élaborer une plaquette d’information à diffusion nationale, éditer un diaporama mis en ligne sur le site de l’Andeva, alerter par courrier les ministères de l’écologie et de la santé. 18 A deux pas de chez lui, en pleine ville, Serge tombe sur une pile de plaques de toiture en Fibrociment, laissées sur le trottoir. Ancien projeteur chez Wanner Isofi, il connaît bien l’amiante. Ces plaques sont dangereuses. Il faut les enlever. Il contacte le chef du chantier voisin.. qui répond : « Ce n’est pas moi, pas question de payer pour les éliminer ! » Il saisit l’inspection du travail. Les plaques sont alors entourées d’une petite barrière... que les enfants du quartier n’ont aucun mal à sauter. Serge se rend au commissariat... qui refuse d’enregistrer sa plainte. Il contacte enfin une journaliste du « Parisien », qui rédige un article. Le jour même de sa parution, les tôles de Fibrociment disparaissent, comme par enchantement. CMMP (AULNAY-SOUS-BOIS) DÉCHETS UN TERRIBLE BILAN Des chiffres impressionnants Le cimetière L’USINE D’AMIANTE Les maisons Les maisons L’école L’usine qui broyait l’amiante était mitoyenne de l’école maternelle, du cimetière, et de plusieurs pavillons qui ont reçu ses poussières pendant des décennies (vue aérienne de Google Earth) Cette usine a broyé de l’amiante, du mica du zircon radioactif. Les associations recensent à ce jour 93 malades dont 54 sont décédés. 45 ont été contaminés par l’environnement, 26 en travaillant au CMMP, 14 par un membre de la famille qui travaillait dans l’usine, 8 par plusieurs sources. On compte 9 cancers du poumon, 18 asbestoses, 40 plaques pleurales, un cancer des ovaires et surtout 23 mésothéliomes (maladie rare, spécifique l’amiante). Une famille cumule à elle seule 13 victimes. 11 pathologies sont dues aux radiations nucléaires des poussières de zircon. 2 silicoses et 5 fibro- ses d’origine non précisée sont attribuables au broyage du mica, du quartz et/ ou de l’amiante. Ces maladies (dont la liste est incomplète) ont été recensées par les associations. Les autorités n’ont rien fait. Combien faudra-t-il encore de malades et de morts pour qu’elles se décident enfin à assumer leurs responsabilités ? A l’initiative de la mairie d’Aulnay, un comité local réunissant médecins, professionnels de santé, élus, associations a été créé, avec 3 objectifs : rechercher et aider les victimes à faire valoir leurs droits, mettre en place un suivi médical pour les person- nes qui ont été exposées, engager un travail de mémoire. Les bâtiments ont été décontaminés et déconstruits sous bulle pour protéger les riverains, mais le chantier se heurte aujourd’hui à une difficulté : on a retrouvé de l’amiante en quantité dans le sous-sol jusqu’à 1,40 mètre de profondeur. La question du mode opératoire pour la poursuite des travaux est posée. Les associations (Collectif des riverains, Parents d’élèves, Addeva 93, Ban Asbestos, Aulnay Environnement) demandent que soit étudiée la possibilité d’un sarcophage de béton sur l’ensemble du sol, assorti d’un arrêté préfectoral interdisant toute excavation à l’avenir. Le stock de déchets potentiels d’amiante provenant des flocages et de calorifugeages s’élève à 200 000 tonnes (10 kg/m2) Le stock de déchets potentiels d’amiante-ciment à 20 millions de tonnes (pour un rythme de dépose d’environ 400 000 tonnes par an). En 2002, les stocks de matériaux en place contenant de l’amianteciment ont été estimés à : - 13 millions de tonnes ondulées et plaques profilés diverses, - 1,5 millions de tonnes de plaques de support de tuiles - 1,5 millions de tonnes d’ardoises - 2 millions de tonnes de plaques planes - 4 millions de tonnes de tuyaux enterrés et gaines (chiffres tirés du guide des déchets du bâtiment « ADEME 1998 ») TRIPODE Un documentaire sur les amiantés de Nantes Le Tripode a été détruit en 2005. Cette énorme tour contenait 350 tonnes d’amiante. 800 fonctionnaires (agents de l’Insee, du Trésor public et du Ministère des Affaires étrangères) y ont travaillé de 1972 à 1992. Beaucoup d’entre eux ont été contaminés. Les victimes sont nombreuses dans le personnel technique. Catherine de Grissac, une réalisatrice nantaise a tourné un film (« Une tour, de l'amiante, un combat... »), qui relate la longue lutte de l’Intersyndicale, qui se poursuit aujourd’hui. 19 VAINCRE L’INERTIE Le suivi médical par scanner des personnes exposées à l’amiante aurait dû être mis en place au lendemain de la conférence de consensus de 1999. Toutes les conditions étaient réunies, sauf une : la volonté politique. Les expérience régionales prouvent l’utilité du suivi post-professionnel. Le gouvernement aurait dû les généraliser au plan national. Il a pensé qu’il était urgent d’attendre les recommandations de la Haute Autorité de Santé. Aujourd’hui ces recommandations sont là : le scanner comme examen de référence, le questionnaire diffusé par la caisse primaire à tous les retraités, la visite médicale de départ, le relevé des expositions professionnelles, ... Les pouvoirs publics n’ont plus aucune excuse pour tergiverser plus longtemps. Et pourtant, aux premières nouvelles, ces recommandations auraient été froidement accueillies en haut lieu. La Direction de la Sécurité sociale semble décidée à ne pas les appliquer. Il faudra se mobiliser pour vaincre l’inertie. 20 SUIVI MÉDICAL POST PROFESSIONNEL LE SCANNER EST RECOMMANDÉ COMME EXAMEN DE RÉFÉRENCE Sur demande du Ministère de la Santé, la Haute Autorité de Santé (HAS) a organisé une audition publique d’experts le 19 janvier. Puis un rapport et 33 recomQuels sont les objectifs du suivi ? Le rapport les résume : - « informer les personnes concernées sur leurs expositions professionnelles passées, les conséquences possibles de celles-ci sur leur état de santé et le dispositif de surveillance ; - leur proposer un suivi médical adapté leur permettant de connaître leur état de santé ; - faciliter la reconnaissance des maladies professionnelles et l’accès aux dispositifs de réparation existants, - contribuer à l’amélioration des connaissances épidémiologiques sur les expositions à l’amiante et leurs conséquences sanitaires. » Qui doit être suivi ? L’arrêté du 28 février 1995 ne concerne que les ex-salariés du régime général de Sécurité sociale (retraités, chômeurs). Le rapport préconise d’étendre le SPP à tous « quel que soit leur régime de protection sociale (salariés, travailleurs indépendants, fonction publique) ». Comment la loi estelle appliquée ? Le droit au SPP existe depuis un décret de 1993, mais le nombre de personnes qui l’exercent est dix fois inférieur au nombre de bénéficiaires mandations ont été élaborés par une commission d’audition à laquelle participait l’Andeva. Nous en résumons ici les points essentiels. potentiels. Le faible nombre d’attestations d’exposition délivrées, l’absence de traçabilité des expositions et d’information des salariés expliquent cela. Des actions régionales (Espaces, Spirale, Espri, Aquitaine, Rhône Alpes, Normandie) ont prouvé qu’un suivi par scanner permettait « le repérage d’un nombre significatif de pathologies dues à l’amiante et leur déclaration en maladie professionnelle ». Mais elles n’ont pas eu de prolongement national. Comment redresser la situation ? La commission préconise « deux approches complémentaires » : - Le médecin du travail devrait faire une vi- site médicale de fin de carrière avec un relevé des expositions professionnelles transmis à la Sécurité sociale, - La Sécurité sociale devrait « informer tous les nouveaux retraités » et « leur envoyer un questionnaire de repérage des expositions professionnelles. » Le traitement informatique du questionnaire et l’évaluation des expositions lors d’une consultation spécialisée devraient permettre de cibler les personnes concernées. Comment organiser le SPP ? La commission recommande que « ce dispositif soit coordonné à l’échelon régional par les organismes de protection sociale, en collaboration Audition publique et recommandations Le 19 janvier eut lieu une audition publique d’experts (présentation orale et contributions écrites). Elle fut préparée par un comité d’organisation auquel participa Marie-José Voisin pour l’Andeva. L’élaboration des recommandations fut confiée à une commission d’audition de 15 membres, avec des représentants du monde médical (Société française de Médecine du travail, Société de pneumologie de langue française, Société française de radiologie, Regroupement des sociétés scientifiques de Médecine générale, Société française de santé publique), mais aussi une épidémiologiste, un sociologue et des représentants des victimes (Michel Parigot et Alain Bobbio pour l’Andeva). La commission était présidée par Christophe Paris, Michel Parigot était vice-président. avec les différents acteurs (notamment centres de consultations de pathologies professionnelles [CCPP], centres d’examens de santé [CES], associations de défense des victimes de l’amiante, représentants des différentes spécialités médicales concernées ». La conférence de consensus de 1999 préconisait un scanner tous les 6 ans pour les expositions fortes et un scanner tous les 10 ans pour les expositions intermédiaires, avec dans l’intervalle une radiographie tous les deux ans. Le Petscan ne peut être utilisé en routine pour du dépistage mais c’est un outil précieux comme examen de deuxième intention s’il y a soupçon de cancer. La commission demande que la caisse primaire prenne l’initiative de Comment informer ? Une information préalable complète des personnes concernées est indispensable pour qu’elles puissent choisir librement en connaissance de cause de réaliser ou non les examens proposés. Que peut-on attendre de ce suivi médical ? Dans l’état actuel des connaissances, si l’on prend les critères de l’OMS (morbidité, mortalité) il n’y a pas de bénéfice médical démontré à un dépistage généralisé des maladies dues à l’amiante, mais les personnes exposées à l’amiante ont des droits : le premier est « le droit de connaître leur état de santé » et de bénéficier du suivi médical prévu par loi. Le second est le droit d’obtenir en cas de maladie une réparation de leurs préjudices (reconnaissance, indemnisation, cessation anticipée d’activité). Quelles modalités pratiques ? Le scanner est plus sensible et plus spécifique que la radio. Le rapport précise que « l’examen de référence recommandé pour le diagnostic des pathologies pleuropulmonaires non malignes associées à une exposition à l’amiante est l’examen TDM thoracique [=le scanner] ». Un protocole limitant les doses d’irradiation délivrées et une double lecture par des radiologues formés sont nécessaires. Le scanner est plus sensible et plus spécifique que la radio pour le repérage des fibroses dues à l’amiante La commission recommande : - le premier scanner après un délai de latence de 20 ans pour les expositions fortes et de 30 ans pour les expositions intermédiaires. - une périodicité de 5 ans pour les expositions fortes et 10 ans pour les intermédiaires (définies comme expositions actives à l’amiante sur une durée cumulée d’au moins un an). - la suppression des radios entre 2 scanners. « Une visite médicale entre deux examens TDM thoracique peut être demandée par le patient en cas d’apparition de signes cliniques respiratoires intercurrents, avec une prise en charge au titre du SPP ». (L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) n’est pas recommandée). Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) sont un outil d’évaluation du déficit respiratoire. recontacter la personne qui a déjà passé un scanner aux dates prévues par la périodicité. Quel est le statut des recommandations élaborées par la commission d’audition ? Il est prévu de les réévaluer dans les cinq ans maximum, notamment pour tenir compte des résultats des études randomisées en cours portant sur le dépistage du cancer chez les fumeurs. Il s’agira aussi de tirer les leçons de l’expérience acquise dans la mise en œuvre de ces recommandations. Le rapport, les recommandations et les contributions des experts sont en ligne sur le site Internet de La Haute autorité de Santé : http://www.has-sante.fr/ portail/jcms/c_935546/ suivi-post-professionnelapres-exposition-a-lamiante LES NODULES Plus sensible que la radio, le scanner détecte davantage de nodules pulmonaires. Plus de 90% d’entre eux sont bénins. La proportion de nodules cancéreux varie avec leur taille : moins de 1% pour les nodules inférieurs à 4 mm, plus de 30% pour les nodules supérieurs à 10 mm. Ces nodules doivent être surveillés en limitant la réalisation d’examens irradiants ou invasifs au strict minimum nécessaire. L’IRRADIATION Certains médecins s’opposent au suivi médical par scanner en invoquant le risque d’irradiation. Ce risque existe. Des scanners trop rapprochés ne sont pas souhaitables. Mais l’imagerie médicale a progressé : l’irradiation délivrée par un scanner a baissé. Avec une fréquence raisonnable et un protocole contrôlé, on peut utiliser le scanner, dont la sensibilité et la spécificité sont sans commune mesure avec la radio. LA RECHERCHE La commission préconise plusieurs axes de recherche : évaluation des expositions, connaissance des pathologies et de leur évolution, marqueurs biologiques, prise en charge thérapeutique... 21 Les conseils du docteur Privet TRIBUNAL DU CONTENTIEUX DE L’INCAPACITÉ L’indemnisation des accidents du travail et des maladies professionnelles, régie par le Code de la Sécurité sociale, passe par la fixation d’un taux d’incapacité permanente partielle (IPP). Ce taux doit être fixé en tenant compte de deux barèmes complémentaires : l’un pour les accidents du travail (AT), l’autre pour les maladies professionnelles (MP). Ils sont sur le site internet : www.ucanss.fr [Les maladies liées à l’amiante sont au chapitre 6 du barème MP sur les affections respiratoires.] Les médecins conseils qui fixent le taux d’IPP ont souvent une vision restrictive du barème. Certains n’hésitent pas à le bafouer en fixant par exemple un taux de 30% pour un mésothéliome, quand le barème prévoit 100%. Les contentieux devant le Tribunal du contentieux de l’incapacité (TCI) ne manquent pas. Avec un dossier bien argumenté, on peut obtenir le relèvement d’un taux d’IPP insuffisant. Dr Lucien Privet 22 Comment argumenter pour relever un taux d’IPP insuffisant ? Quand le taux d’incapacité permanente partielle (IPP) est trop bas, il faut le contester devant le Tribunal du contentieux de l’incapacité (TCI). Voici quelques cas d’actions réussies. PLAQUES PLEURALES PLAQUES PÉRICARDIQUES Monsieur C. a des plaques pleurales nombreuses et calcifiées. Il a un taux d’IPP de 1%. Devant le TCI, il obtient un taux de 10 % après avis de l’expert. Monsieur S. a des plaques pleurales pour lesquelles il a eu un taux d’IPP de 5%. Il a aussi des plaques sur le péricarde (enveloppe du cœur), qui ne sont pas indemnisées. Devant le TCI, il obtient un taux de 30 %, sans avis d’expert. Les plaques pleurales sont une fibrose de la plèvre pariétale (enveloppe du poumon au contact des côtes). Le barème prévoit un taux d’IPP de 1 à 5 % (paragraphe 6.7.4), mais il existe un consensus assez large pour un taux minimum de 5 %, même lorsqu’il n’y a aucune altération mesurable de la fonction respiratoire. Le barème est indicatif. On peut demander 10% quand les plaques sont assez importantes et même 15% quand elles sont très importantes. On peut aussi demander une majoration du taux d’IPP si les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) montrent une diminution significative de la capacité pulmonaire totale (CPT), en application du paragraphe 6.9 sur la déficience fonctionnelle. C’est le cas lorsque la CPT est égale ou inférieure à 80 % de la valeur moyenne théorique. Le tableau de maladies professionnelles n° 30 évoque des « plaques pleurales ou péricardiques ». Certains experts au TCI font la confusion. L’un d’eux écrit : « il n’y a pas lieu de dissocier sur le plan de l’indemnisation les plaques péricardiques des autres plaques, ces lésions représentant la même pathologie ». Il s’agit en fait de deux pathologies nettement différentes : l’une atteint l’enveloppe du poumon, l’autre l’enveloppe du cœur. L’une peut avoir des conséquences sur la fonction respiratoire, l’autre sur le fonctionnement du coeur. Dans le barème maladies professionnelles les plaques péricardiques sont dans le chapitre concernant les affections cardio-vasculaires (paragraphe 1.5 sur les atteintes péricardiques). ÉPAISSISSEMENTS DE LA PLÈVRE VISCÉRALE Monsieur M. a des épaississements de la plèvre viscérale. Sa capacité pulmonaire totale (CPT) est de 62 % de la valeur théorique. Il a des douleurs thoraciques permanentes. La caisse lui donne un taux d’IPP de 5 %. Devant le TCI il obtient un taux de 50% sur avis de l’expert. La plèvre viscérale est l’enveloppe qui est au contact du poumon. En épaississant, elle entraîne des répercussions sur le poumon. Les radiologues nomment ces images « bandes parenchymateuses » ou bien « atélectasies par enroulement ». Le barème médical propose un taux de 1 à 10% (paragraphe 6.7.5), mais pour évaluer son taux d’IPP, il faut aussi tenir compte de sa CPT à 62% (insuffisance respiratoire chronique justifiant un taux 40 %), et de ses douleurs thoraciques (qui justifient une majoration du taux de 8%). Nous avons donc demandé un taux d’IPP de 48% (40% + 8%) Le TCI a finalement fixé le taux d’IPP à 50 %, sur avis de l’expert. ASBESTOSE Monsieur R., a des plaques pleurales avec un taux de 5 %. Il a aussi une asbestose (fibrose du poumon), pour laquelle le médecin conseil lui accorde 0 % ! Il obtient 5 % au TCI sur avis de l’expert. Au scanner, les plaques de Monsieur R. sont bien visibles sur la plèvre. Sur le parenchyme (= le poumon proprement dit), on voit des deux côtés une sorte de liseré blanc, parallèle à la plèvre. Il s’agit de « lignes courbes souspleurales », caractéristiques d’une asbestose. Le médecin conseil avait justifié le taux de 0% « compte tenu de l’indemnisation déjà attribuée pour la MP 30 B et de l’absence de retentissement fonctionnel des lésions parenchymateuses ». Il avait tort. Même si la victime bénéficie déjà d’un taux d’IPP pour des lésions pleurales, elle doit bénéficier d’un autre taux d’IPP pour l’asbestose, au minimum 5 % voire davantage en fonction de l’importance des images, même en l’absence d’un déficit fonctionnel respiratoire. En effet, l’asbestose n’est pas une aggravation des lésions pleurales mais une maladie différente qui évolue pour son propre compte. S’il ya, en plus des images, un déficit fonctionnel associé, le taux d’IPP lié à ce déficit est évalué en prenant en compte la diminution de la capacité pulmonaire totale et/ou de la baisse du taux d’oxygène dans le sang (hypoxémie) définie par la PaO2 (paragraphe 6.9 du barème). CANCER BRONCHOPULMONAIRE Monsieur M. a été opéré d’un cancer du poumon. Il a reçu un taux d’IPP de 20 %. Il obtient au TCI un taux de 70 %, sur proposition de l’expert. La capacité pulmonaire totale de Monsieur M. est à 75 % de la valeur moyenne théorique. Pour justifier le taux de 20%, le médecin conseil s’appuie sur ce chiffre qui mesure le « retentissement [de cette maladie] sur la fonction respiratoire » . Il fait une erreur grossière, impardonnable, en ignorant que le taux d’IPP n’est pas basé, dans ce cas, sur les séquelles respiratoires, (logiques après une intervention chirurgicale), mais sur la nature évolutive même de la maladie. Le plancher est à 67 % pour un cancer en rémission complète sans autre séquelle qu’une diminution de la CPT. La fourchette va de 67 à 100 % « en fonction du code TNM et des suites thérapeutiques ». (Le code TNM est la classification du cancer selon la taille de la tumeur, l’existence de ganglions envahis localement et de métastases à distance) Nous avons demandé le taux minimum de 67 % (prévu par le barème au paragraphe 6.6.) Ce cas n’est pas isolé. Des médecins conseils agissent ainsi sciemment pour réduire l’indemnisation des victimes. CONCLUSION Dans ces dossiers nous avons obtenu gain de cause devant le TCI, car l’expert a suivi notre demande. Ce n’est pas toujours le cas… Ce qu’on voit au scanner Plaques pleurales Plaque Plaque Plaques Plaque La plèvre est tapissée à 5 endroits de plaques pour la plupart calcifiées. Épaississements de la plèvre viscérale Bandes parenchymateuses Atélectasies par enroulement A droite (à gauche sur l’image) la plèvre est épaissie et s’en détachent 3 bandes parenchymateuses. A gauche la plèvre est très épaissie avec deux masses qui se détachent (= atélectasies par enroulement). Plaques pleurales + Asbestose Asbestose Plaque Ligne courbe sous-pleurale Plaque Plaques Aux plaques pleurales nettement visibles s’associe, dans le poumon des deux côtés, une sorte de liseré blanc, parallèle à la plèvre. Il s’agit de lignes courbes sous-pleurales, caractéristiques d’une asbestose. 23 L’ANDEVA EN CHIFFRES TROIS NOUVELLES ASSOCIATIONS A L’ANDEVA HAUTE VIENNE (Limousin) Le Cerader 87 a tenu sa première assemblée générale Adhérents Associations L’Andeva compte aujourd’hui 22.000 adhérents et regroupe une soixantaine d’associations locales. Téléphone Le siège de l’Andeva à Vincennes a reçu plus de 3000 appels téléphoniques de juin 2009 à mai 2010. Courrier, Mails Le total des courriers et des mails reçus dans la même période s’élève à 5896 (3435 courriers et 2461 mails). Bulletin Le Bulletin de l’Andeva est tiré à 25 000 exemplaires. Communiqués Sur les douze derniers mois, l’Andeva a publié 22 communiqués de presse. Formations L’Andeva a organisé trois formations de base sur la gestion des dossiers, trois sur le Fiva et deux formations médicales (maladies respiratoires et TCI) Site internet Le nombre total de visites sur le site internet de l’Andeva s’est élevé à 170 289 de juin 2009 à mai 2010. Il y a eu 455 289 visites depuis février 2007. Leur nombre mensuel moyen était inférieur à 9000 en 2007. Il dépasse 14.000 sur les 12 derniers mois. andeva.fr 24 25 personnes ont participé à l’assemblée générale constitutive de la nouvelle association. René Vincent a présenté les combats menés par Andeva (pénal, réparation intégrale, prévention) et l’aide que peut apporter une association locale aux victimes pour constituer des dossiers. François Lafforgue, avocat des victimes, a fait le point sur les actions judiciaires. Une responsable de la FNATH a souhaité une coopération avec l'association naissante. 20 personnes ont adhéré, un bureau a été élu, des statuts approuvés. Serge Caratori présidera la nouvelle association. Cette assemblée a été bien relayée par France 3 Limousin, France bleu Limousin et l'Echo du centre. HAUTE MARNE (Champagne-Ardennes) L’Addeva 52 s’est créée à Saint-Dizier La création de l’Addeva 52 prolonge la longue lutte des anciens salariés de Case IH à St-Dizier (devenue McCormick et FBMA) pour inscrire leur usine sur la liste ouvrant droit à la cessation anticipée d’activité. Un dossier est monté avec la liste des machines utilisant de l’amiante. Le CHSCT recense 29 décès liés à l’amiante. En janvier 2007, le ministère refusa l’inscription. Le recours fut plaidé par maître Lafforgue devant le tribunal administratif, puis en appel. En janvier 2010 la cour d’appel administrative de Nancy ordonna l’inscription. L’arrêté parut au J.O. le 30 avril. Cette victoire, après six années de lutte, fut dédiée à tous les collègues morts de l’amiante. Pour monter les « dossiers Acaata » et aider les victimes à être indemnisées, une association reliée à l’Andeva a été crée. Elle a déposé ses statuts. La réunion constitutive s’est tenue le 24 juin, avec maître Lafforgue et Bernard Leclerc. Pascal Vaglio présidera l’Addeva 52, qui compte déjà plus d’une soixantaine d’adhérents. HAUTES PYRÉNÉES (Midi-Pyrénées) L’Addeva 65 aide les victimes et les familles L’Addeva 65 s’est créée à partir d’un collectif de cheminots. « Nous avons eu des décès, dont celui d’un camarade de la CGT, mort d’un mésothéliome, explique André Duhaut, son président. Il fallait aider les victimes et les familles. En octobre 2008, nous avons déposé des statuts. Georges Arnaudeau d’Allo Amiante et Jean-Louis Barthès nous ont aidé à démarrer. Des articles sont parus dans la presse locale et les journaux syndicaux. » Avec l’aide de la Mutuelle des Travailleurs des Pyrénées, l’Addeva 65 a organisé deux forums, avec la participation d’Annie Prud’homme, chef du service de pneumologie à l’hôpital de Tarbes, et de maître Michel Ledoux. Une réunion d’information est prévue en septembre à la Bourse du travail. Créée par des cheminots, l’association est ouverte à toutes les activités et tous les métiers. Elle apporte ainsi son aide aux victimes de GIAT, usine d’armement aujourd’hui fermée, qui a compté jusqu’à 3500 salariés. En un an et demi elle est passée à 30, puis 50, puis 65 adhérents. NOUVELLE CALEDONIE MALGRÉ L’ORDONNANCE PARUE IL Y A PLUS D’UN AN Les victimes calédoniennes ne sont toujours pas indemnisées par le Fiva Une mine de nickel VERS UNE MEILLEURE PROTECTION DES SALARIÉS EXPOSÉS AUX TERRES AMIANTIFÈRES ? En Nouvelle Calédonie, comme en Corse, l’amiante affleure à l’état naturel sur une grande part du territoire. Tout salarié qui creuse sans précaution une terre chargée d’amiante peut mettre en suspension et inhaler de grandes quantités de fibres cancérogènes. En métropole, sous l’impulsion de Patricia Burdy, inspectrice du travail en Corse, le décret du 30 juin 2006 a élargi la réglementation aux travaux de génie civil sur des terrains amiantifères. Malgré des demandes répétées de l’Adeva NC, ce n’était pas le cas jusqu’ici en Nouvelle Calédonie. En adoptant le 8 juillet un projet de délibération sur « la protection des travailleurs contre les poussières issues de terrains amiantifères », le gouvernement calédonien comble un vide. Le texte s’applique aux activités du bâtiment, des travaux publics et des industries extractives dans des zones amiantifères (hors Nouméa et la Loyauté). Les mines de nickel sont concernées. Les obligations des employeurs sont précisées : rechercher si la zone est amiantifère, évaluer les risques, limiter le nombre de salariés concernés, réaliser un plan de prévention, informer le CHSCT, gérer les remblais, fournir des équipements de protection aux salariés, transmettre les résultats des analyses d’air au médecin du travail et au CHSCT, former et informer le personnel, tenir à jour une liste de salariés exposés, leur assurer un suivi médical (avec conservation du dossier médical 40 ans après la fin de l’exposition). Cette délibération corrige une lacune. Mais, pour que les choses avancent réellement, il faudra que le gouvernement calédonien ait la volonté de faire appliquer la loi et s’en donne les moyens. C’est loin d’être acquis. L'Adeva-NC, souligne que ce projet de délibération ne concerne que la protection des travailleurs, lesquels, sont déjà pris en compte par la CAFAT (la Sécurité sociale calédonienne) pour les maladies professionnelles. Le risque s'étend, malheureusement, à toute la population et particulièrement aux mélanésiens qui vivent, pour la plupart, en symbiose avec un environnement naturel chargé d’amiante. A ce jour, aucun texte ne traite des mesures de prévention à prendre pour les protéger. En mai 2007 l’Adeva NC et l’Andeva ont demandé à l’Afsset (Agence française pour la sécurité sanitaire de l’environnement et du travail) une expertise sur le traitement du risque lié à l’amiante environnemental, en particulier en Corse et en Nouvelle Calédonie. L’Agence devrait rendre son rapport à l’automne. Il est très attendu. Alerté par l’Adeva NC et l’Andeva, le médiateur de la République est intervenu auprès du gouvernement calédonien, du Président du conseil d’administration du Fiva et de la ministre de l’Outre-Mer. Le 14 mai 2009 était publiée une ordonnance du gouvernement français permettant aux victimes calédoniennes d’être indemnisées par le Fiva. Il ne restait plus qu’à signer une convention pour régler les modalités pratiques. L’Adeva NC et l’Andeva avaient demandé aux autorités calédoniennes de faire vite et de garantir l’égalité de droits entre citoyens de métropole et d’outre-mer. Un an plus tard, le gouvernement calédonien n’a rien fait. André Fabre, président de l’Adeva NC, a saisi Jean-Paul Delevoye, le médiateur de la République, qui lui a répondu le 16 juin 2010 : « Vous avez souhaité m’alerter sur les difficultés persistantes que rencontrent les malades de l’amiante résidant en Nouvelle Calédonie pour être pris en charge par le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante. Si la question de la compétence géographique du Fiva a bien été résolue par l’article 18 de l’ordonnance N°2009537 du 14 mai 2009, il s’avère que la convention prévue par ce texte, qui conditionne la mise en œuvre effective du dispositif d’indemnisation, n’a toujours pas été conclue (…) Je vous informe que je viens de saisir par courrier le Président du gouvernement de la Nouvelle Calédonie ainsi que Madame la Ministre en charge de l’Outre-Mer, afin que ladite convention puisse être présentée et signée par les autorités compétentes dans les meilleurs délais ». 25 BITUME = CANCER José épandait le goudron sur les routes. Il est mort d’un cancer à 56 ans. Le 10 mai, le Tass de Bourg-en-Bresse a reconnu la faute inexcusable d’Eurovia. Léa Veinberg a recueilli les explications de l’avocat de sa famille et le témoignage de son fils. Rencontre avec maître Jean-Jacques Rinck Qu’est-il arrivé à Monsieur JoséFrancisco Serrano Andrade ? Il était ouvrier épandeur pour la société Eurovia, filiale du groupe Vinci, un géant du BTP en matière de route et d’autoroute. À l’arrière d’énormes machines qui répandent le goudron, il régulait le flux du liquide et des graviers. En 2006, il a eu un bouton suintant sur le nez. Le dermatologue qu’il a consulté a diagnostiqué un cancer de la peau. Ce cancer a été reconnu en maladie professionnelle par le CRRMP le 20 mars 2007. Il est décédé des suites de ce cancer, le 3 juillet 2008. Son épouse s’était arrêtée de travailler pour s’occuper de lui ; ses trois enfants ont assisté à l’agonie de leur père dans d’affreuses souffrances. Tous lui avaient promis de faire en sorte que la responsabilité de l’entreprise soit avérée dans la maladie professionnelle qu’il avait contractée. Il leur a fallu du courage pour venir me voir, raconter et revivre encore une fois la mort de leur père et mari. Cette affaire du bitume ne ressemblet-elle pas beaucoup à celle de l’amiante ? Effectivement, comme pour l’amiante, nous avons engagé une procédure pour faute inexcusable : l’employeur avait manqué à des règles élémentaires de sécurité et de vigilance. Je me suis appuyé sur deux arrêts rendus le 11 avril 2002 et le 3 avril 2003, obtenus grâce à l’affaire de l’amiante qui imposent aux employeurs une obligation de résultats. Nous avons saisi le Tribunal des affaires sociales (Tass) de Bourg en Bresse. Monsieur José-Francisco Serrano Andrade étant décédé, c’était à la 26 Des conditions de travail dramatiques famille de prouver la faute de l’employeur. C’était une difficulté, car elle n’avait pas de liens avec l’entreprise. Nous avons eu la chance que le médecin traitant de la victime soit le professeur Luc Thomas, une sommité internationale en matière de dermatologie. Il a attesté que la maladie et la mort de mon client étaient dues à l’inhalation des fumées cancérigènes issues du bitume. Comment l’entreprise a-t-elle réagi ? Elle n’a pas reconnu les faits. Elle a soutenu que le cancer de JoséFrancisco Serrano Andrade était dû à son exposition au soleil. Mais le tribunal a établi que sa maladie était bien due au bitume, le soleil n’étant qu’un facteur aggravant. Il a reconnu la faute inexcusable d’Eurovia le 10 mai dernier. Aujourd’hui encore, les seules mesures de protection que l’on propose aux ouvriers sont une casquette et une paire de gants… Pourquoi l’entreprise n’a-t–elle pas protégé ses salariés ? En 2003 la CRAM de Bretagne avait fait un rapport sur la dangerosité du bitume. Ce produit, fabriqué avec les fonds de cuves de raffinage de pétrole, est extrêmement toxique. Il était difficile d’ignorer sa dangerosité. Or, au lieu d’être détruit, il est revendu, avec des mises en garde, pour fabriquer des routes. Lorsqu’il rentrait chez lui, JoséFrancisco Serrano Andrade était noir comme un charbonnier. Il devait utiliser du pétrole pour pouvoir se nettoyer. Personne ne prête attention aux ouvriers qui font nos routes. Nous les croisons, installés au volant de nos voitures climatisées. Mais au bout de ces routes, au nom du profit, une frange de la population, la plus déshéritée, la plus vulnérable, la plus anonyme, travaille dans des conditions dramatiques. Comment expliquer que personne d’autre n’ait entamé d’action en justice ? Ces métiers touchent des ouvriers du bâtiment, souvent originaires du Maghreb ou d’Afrique. Ils sont isolés socialement et culturellement. Ce sont souvent des travailleurs en CDD ou même des saisonniers. Ils n’ont pas les moyens de se plaindre et le plus souvent rentrent mourir chez eux. On ne dispose d’aucune statistique. Mais, déjà le combat de mon client et de sa famille a porté ses fruits et plusieurs dizaines de familles m’ont contacté. En France, les « class action », les recours collectifs, sont interdits. Ce sera donc à chaque fois des actions individuelles. Aujourd’hui, L’entreprise va faire appel, mais ce sera l’occasion de remettre l’affaire sur la place publique. Qu’en est-il ailleurs dans le monde ? Aux États-Unis, en Allemagne le bitume a été classé dans la catégorie des produits hautement toxiques. Ces pays fabriquent les routes avec du ciment ou des agrégats. CANCEROGENES : FAUTE INEXCUSABLE RECONNUE Les victimes de l’amiante ont ouvert la voie : des employeurs sont condamnés pour des maladies professionnelles causées par d’autres cancérogènes. Voici quelques cas communiqués par maîtres François Lafforgue et Michel Ledoux. ALSTHOM Un produit hautement cancérogène condamnée le 9 septembre 2008 par le TASS de Gironde, suite à l’action engagée par les ayants droit d’un mécanicien victime d’un cancer bronchique dû à l’exposition aux rayonnement ionisants (tableau de maladie professionnelle N°6 ) ACERGY ANGOLA LUIS SERRANO ANDRADE (fils de José) « Notre avocat a tout de suite fait le parallèle avec l’affaire de l’amiante » « Lorsqu’il a su que sa maladie était liée à son travail et au produit qu’il manipulait, le bitume, mon papa nous a demandé que l’Entreprise qui l’avait employé reconnaisse ses torts. Pour lui, mais aussi pour tous les autres qui avaient pu ou étaient encore exposés aux mêmes produits toxiques. Pour nous, cela a été affreux, les premiers temps, quand nous avons dû raconter l’histoire de mon père, mais c’était pour la bonne cause. Notre avocat a fait tout de suite le parallèle avec l’affaire de l’amiante et nous avons attaqué l’entreprise pour faute inexcusable. Un taux de mortalité énorme avant 65 ans Mon père était directement exposé aux fumées de bitume. Il régulait le débit du bitume et des graviers, ensuite, l’opération a été automatisée. Étrangement d’ailleurs, à partir du moment où la maladie de mon père a été reconnue en maladie professionnelle, son poste de travail a été supprimé. Les délégués syndicaux de l’entreprise où travaillait mon père nous ont soutenus. Eux aussi se battaient depuis des années pour que les salariés soient mieux protégés. Il y a un taux de mortalité énorme des gens qui ont travaillé en contact avec le bitume, souvent avant 65 ans. Même si c’est révoltant, nous nous doutions que l’entreprise ferait appel. L’enjeu, comme pour l’amiante, est énorme. Nous continuons le combat pour sa mémoire Je sais ce que mon père a vécu. Il a connu plus d’un an de souffrances atroces. Il a travaillé plus de 22 ans dans cette entreprise, personne n’a pris de ses nouvelles. Il est mort, il venait d’avoir 56 ans. Il n’a pas eu droit à sa retraite. Nous continuons le combat, pour lui, en sa mémoire ; même si nous n’avons pas les mêmes moyens financiers que la partie adverse. Nous n’avons plus rien à perdre, ce qu’il y avait à perdre, nous l’avons déjà perdu. » condamnée le 26 janvier 2009 par la Cour d’appel de Limoges, suite à l’action d’un salarié atteint d’une leucémie due à l’exposition aux rayonnement ionisants dans les centrales nucléaires d’EDF et lors des essais nucléaires à Mururoa (Tableau N°4) NAPHTACHIMIE et INEOS FRANCES condamnées le 23 mars 2010 par le TASS des Bouches-du-Rhône, suite à l’action des ayants droit d’un chimiste victime d’un myélome dû à l’exposition au benzène dans un laboratoire de contrôle, sur le site pétrochimique de Lavéra (Tableau N°4) DDE DU FINISTERE condamnée le 7 avril 2008 par le Tass de Brest, suite à l’action des ayants droit d’un peintre victime d’une leucémie due à des solvants contenant du benzène (Tableau N°4) SOLLAC MEDITERRANEE condamnée le 3 mai 2010 par la cour d’appel d’Aix, suite à l’action des ayants droit d’un électricien atteint d’un syndrome myélo-displasique dû au benzène (Tableau N°4) SOCOBRA RECHERCHES condamnée le 14 janvier 2010 par le Tass des Yvelines, suite à l’action d’une aide de laboratoire atteinte d’un cancer du sein dû à des pesticides organochlorés (CRRMP) 27 LE PROCES DE TURIN CONTRE ETERNIT UN PROCES EXEMPLAIRE Les victimes italiennes ont obtenu le procès pénal que les victimes françaises réclament depuis quatorze ans. Les audiences ont débuté en décembre 2009. Le verdict est attendu pour mai 2011. Un procès gigantesque : par le nombre des plaignants (2900), celui des témoins cités par les parties (9841) et par l’importance des sommes demandées en réparation des préjudices subis (5 milliards d’euros) . Ce gigantisme est à la mesure d’une tragédie qui a fait 1600 décès d’origine professionnelle et environnementale. Pour une fois, les prévenus ne sont pas des lampistes, mais les principaux dirigeants du groupe Eternit : le suisse Schmidheiny et le baron belge de Cartier de Marchienne. En application de la loi italienne ils risquent des peines de prison. Dans le monde entier, les victimes de l’amiante suivent avec attention le procès de Turin. 28 Nicola Pondrano est entré chez Eternit à 24 ans. Il a travaillé sur le site de Casale de 1974 à 1980. Militant syndical à la CGIL, cofondateur de l’association des victimes de l’amiante de Casale, il a été le premier à témoigner le 12 avril. Sa déposition dura 4 heures. Il explique ici comment les ouvriers d’Eternit ont peu à peu pris conscience de l’ampleur de la contamination, puis de la nécessité de fermer l’usine, comment ils en sont arrivés à revendiquer le droit à la cessation anticipée d’activité pour tous les salariés de l’amiante-ciment et la tenue d’un procès pénal pour juger les plus hauts responsables de la multinationale. « Notre bataille judiciaire aura un impact dans le monde entier » Comment a commencé ton action militante à l’usine Eternit de Casale ? J’y ai travaillé de 1964 à 1979. J’étais chargé pour le syndicat CGIL de m’occuper des maladies professionnelles . Dans les années 70 nous avons pris conscience que nos revendications ne devaient pas se limiter aux salaires et à l’emploi ; il fallait aussi préserver notre santé au travail. Il ne fallait plus accepter de monnayer l’altération de notre santé contre des compensations financières. Cette prise de conscience débouchait sur une remise en question de toute l’organisation du travail. Ainsi sont nées les premières luttes ouvrières pour la défense de la santé et de l’environnement. Comment s’est approfondie cette prise de conscience à partir des premières luttes jusqu’à la fermeture de l’usine ? Dans les années 80-90, nous sommes entrés dans une deuxième phase, avec plus de 800 maladies professionnelles et une multiplication des actions judiciaires contre la direction de l’établissement. Les ouvriers de l’usine ont commencé à prendre conscience de l’ampleur des dégâts humains en voyant se multiplier des maladies graves, dont certaines, comme le mésothéliome, étaient spécifiques de l’amiante. La multiplication d’actions judiciaires victorieuses a finalement contraint Eternit à fermer l’établissement de Casale. Elles ont contribué à faire naître une conscience nouvelle : habituellement, les travailleurs qui défendent leur emploi luttent pour empêcher leur usine de fermer. A Casale, au contraire, c’est nous qui avons réclamé la fermeture de l’usine, et les travailleurs ont été à nos côtés, pour défendre leur santé et celles des habitants de Casale. Quelles ont été les conséquences de cette fermeture ? Elle a posé un problème social de grande ampleur à Casale : en 1980 il y avait un millier de travailleurs dans l’usine. Au moment de la fermeture ils étaient encore 300. Des familles entières décimées A la Bourse du travail de Casale, Renato Peluso explique à la délégation de l’Andeva qu’il avait quatre frères. L’amiante d’Eternit les a tous tués. Aujourd’hui Renato a une asbestose avec une incapacité de 60%. A Casale nombre de familles ont été décimées par l’amiante : les hommes en travaillant, les femmes en lavant les bleus ramenés à la maison ou en respirant l’air chargé de poussières d’amiante autour de l’usine. Turin, 12 avril 2010 : Nicola Pondrano apporte son témoignage devant une salle attentive et émue. Les pouvoirs publics ont utilisé l’amortisseur social de la « cassa integrazione » [dispositif de compensation du revenu pendant les période chômage] Mais les ouvriers de l’usine avaient été pressés comme des citrons. Ils n’étaient pas en état de retrouver un travail. C’est pourquoi nous avons ressorti une vieille loi des années 70, qui accordait une cessation anticipée d’activité de cinq ans pour les mineurs. Nous avons demandé qu’une disposition analogue soit appliquée pour les travailleurs de l’amiante-ciment. Nous revendiquions le vote d’une loi. Luciano Lama, le secrétaire de la CGIL, est venu deux fois à Casale nous soutenir avec des parlementaires. La loi a finalement vu le jour en 1992, six ans après la fermeture. C’était une victoire très importante : elle a permis à la quasi-totalité des ouvriers de l’usine d’avoir une cessation anticipée d’activité. Malheureusement certains n’ont pas pu en profiter longtemps. C’est le cas de mon très cher ami Franco Ottone, mort d’un mésothéliome huit mois après sa cessation anticipée d’activité. Quand avez-vous créé l’association des victimes et des familles de Casale et pourquoi ? Nous l’avons fondée en 1988, deux ans après la fermeture, pour disposer d’un outil capable de représenter les victimes, de façon plus large que le syndicat. de 550 citadins. Chaque année, il y a une cinquantaine de nouveaux cas de mésothéliomes pleuraux et péritonéaux. Des chiffres énormes... Oui, c’est une catastrophe sanitaire gigantes- « Ils étaient mes amis » « Albert avait 47 ans, Mario en avait 53, Franca 58, comme Evasio. On l’appelait le « plongeur », parce qu’il se promenait recouvert de sacs plastique en disant : « j’ai une femme jeune et belle et un petit garçon, je ne veux pas mourir. » Il s’en est allé, lui aussi. C’était mes camarades, ils travaillaient avec moi. Avec eux, jour après jour, j’ai partagé le pain, mais aussi les moments de gaîté. Ils mouraient, mes amis, ils mouraient les uns après les autres. Jour après jour, nous leur disions : adieu. C’était insupportable ». Nous avons voulu que soient poursuivis non seulement les directions des établissements, mais aussi et surtout les hauts dirigeants de la multinationale Eternit : Ernest Schmidheiny et De Cartier de Marchienne. Les enjeux de notre combat judiciaire dépassent le cadre de l’Italie. Ils ont une portée internationale. La sentence qui sera rendue sera un message fort envoyé à tous les pays : le Profit ne doit pas passer avant la Santé. italien] N’oublions pas que le Canada continue à exporter l’amiante. N’oublions pas que de grands pays comme la Russie, la Chine ou l’Inde continuent à l’utiliser, sans parler de ce qui se passe en Amérique latine ou en Afrique. Cette tragédie s’est d’abord heurtée à l’indifférence. Comme celle de Bhopal en Inde, où il n’y a eu au début que quel- Notre bataille n’est donc pas limitée à l’Italie. Le jugement de Turin aura un impact à l’échelle du monde entier. Extrait de la déposition de Nicola Pondrano au procès Comment avez-vous décidé d’engager la bataille pour un procès pénal ? Nous avons connu une véritable avalanche de décès. Cela a provoqué une nouvelle prise de conscience : il fallait que les responsabilités de toutes ces morts soient établies. Nous avions l’obligation morale d’engager des poursuites judiciaires au pénal. A Casale, nous comptons à ce jour 1600 morts de l’amiante, dont plus de 1000 travailleurs et plus ques lignes dans les journaux, alors qu’elle a fait 20.000 morts. que. Nous avons dit qu’il s’agissait d’un véritable massacre [« strage » en POUR SUIVRE LE PROCES EN DIRECT Nos amis italiens ont un site spécifique en anglais. http://asbestosinthedock.ning.com/ Sur le site de l’Andeva : les audiences, les actions, les photos,mises à jour par Patrice Raveneau : http://andeva.fr/?LE-PROCES-DE-TURIN-en-Dates-et-en 29 LES PARTIES EN PRÉSENCE Le procès de Turin oppose 2900 parties civiles issues des villes de Casale Monferrato, Cavagnolo, Bagnoli et Rubiera au baron belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier de Marchienne qui dirigea la firme de 1966 à 1973 et à l’industriel suisse Stephan Schmidheiny propriétaire du groupe entre 1973 et 1992. Au début de la procédure, entre 700 et 900 personnes ont accepté de la main de Schmidheiny des sommes allant de 10 000 à 30 000 euros, renonçant ainsi aux poursuites envers l’industriel. Certaines sont néanmoins parties civiles contre De Cartier, ces deux procédures étant indépendantes . CE QU’ILS RISQUENT Les prévenus encourent une peine de 10 à 13 ans de prison. Le total des sommes demandées par les parties civiles se monte à 5 milliards d’euros : - 1 milliard d’euros pour l’ INAIL (qui est l’équivalent de la branche AT-MP de la Sécurité sociale), - 2 milliards pour les victimes, - 2 milliards pour les villes, la région, la province et l’État, en remboursement des sommes considérables investies dans la réahabilitation des zones polluées par l’amiante. 30 Les audiences au jour le jour L’audition de Romana Blasotti Pavesi, présidente d’honneur de l’association 10 décembre 2009 Ouverture du procès. Janvier - février 2010 Tirs de barrage des avocats d’Eternit : Ils soutiennent que la procédure est contraire à la constitution et veulent mettre hors de cause les sociétés du groupe poursuivies pour « désastre environnemental intentionnel ». « Comment croire que les deux accusés aient agi par eux-mêmes, sans le soutien et l’accord des groupes dont ils étaient issus ? » dit Sergio Bonetto, l’avocat des victimes. Les avocats d’Eternit prétendent que le nombre élevé de plaignants rend toute vérification impossible et exerce sur le juge Casalbore une « pression psychologique » nuisible à la bonne tenue du procès. « Si les plaignants sont si nombreux, c’est que la tragédie est immense, expliquera Davide Petrini, l’une des victimes. Mars 2010 Le juge tranche : l’action des plaignants est légitime et constitutionnelle. Il limite la liste aux associations et institutions qui ont eu un rôle actif dans les régions frappées par la catastrophe et dans la lutte anti-amiante. Le juge admet l’INAIL (équivalent de la branche AT-MP) et l’INVS (équivalent de la Sécurité sociale), qui demandent d’importantes compensations financières. Il légitime l’action des citoyens de Casale Monferrato et de Cavagnolo au titre du préjudice moral et psychologique ainsi que celle des syndicats CGIL, CISL, UIL et ALCA. Il maintient dans la procédure les sociétés belges et suisses du groupe. « C’est une première victoire ! », déclare Bruno Pesce, responsable de l’association des victimes. Les avocats des industriels tentent alors une ultime manœuvre en demandant que le procès soit plaidé à Gênes (où se trouve le quartier général d’Eternit) et non à Turin. Le juge refuse. LES TÉMOINS Le nombre total des témoins de toutes les parties s’élève à 9841. Impossible de tous les entendre dans des délais acceptables. Le juge a limité à deux le nombre d’experts et de témoins pour chaque aspect particulier du débat. L’INFORMATION Les premières dépositions avaient été retransmises en direct sur Internet. L’avocat du baron de Avril 2010 Après sept audiences et quatre mois de procédure, le débat commence enfin. Elena Fizzotti, expert indépendant, présente les plans du site de Casale. L’amiante arrivait par camions et par trains. On comprend pourquoi l’épidémie a gagné toute la ville. Nicola Pondrano, ancien d’Eternit, militant de la CGIL et cofondateur de l’association des victimes, évoque la situation à Casale dans les années 70 : Les salariés n’avaient pas conscience du danger. L’employeur ne leur disait rien. La poussière était partout, mais personne ne se doutait qu’elle pouvait causer des cancers. Il n’y avait pas de service de nettoyage : Les ouvriers ramenaient leurs bleus à la Cartier a obtenu l’arrêt des retransmissions, au motif qu’un témoin ne doit pas connaître les propos de celui qui l’a précédé... CONTRE L’AMIANTE, BUVEZ DU LAIT ! L’ingénieur Benetti, témoigne : Eternit conseillait aux ouvriers de boire un litre de lait par jour pour se purifier de la pollution par l’amiante. « J’ai toujours considéré cela comme une blague, même à l’époque... » , maison. Nicola raconte avec émotion comment il laissait sa fille de trois ans lui secouer les cheveux pour en faire tomber la poussière, quand il rentrait du travail. Il salue l’action d’un prêtre ouvrier, le père Bernardino Zanella, à l’origine de la première enquête épidémiologique en 1976. « A partir de 1979, nous avons fait les premières grèves. La poussière était le problème principal. “Je tousse tout le temps, je ne peux plus respirer”, nous disaient les ouvriers ». Répondant au procureur Gariniello, il confirme les liens du directeur du site avec le quartier général d’Eternit en Suisse. Bruno Pesce, second grand témoin, brosse le tableau de la tragédie sociale causée par Eternit. Il décrit ses efforts de syndicaliste pour stopper cette production et obtenir la décontamination du site et l’action de l’association. Dans les années 80 la direction engagea un consultant pour espionner l’association et le syndicat. Elle était au courant de tout. Elle savait que des citoyens de Casale mourraient de mésothéliomes, mais continuait à minimiser les risques. En 1979, un cadre d’Eternit affirma au Rotary Club de Casale que l’amiante bleu n’était pas cancérigène ! Ezio Buffa, atteint d’une asbestose, a 75% d’incapacité. Sa voix ressemble à un sifflement. Entré chez Eternit à 19 ans il en sort, malade, en 1978. Le procureur lui demande s’il était au courant des risques. « Bien sur que non ! Je n’avais jamais entendu dire que l’amiante causait le mésothéliome. Sinon, je leur aurais dit au revoir et je serais allé travailler en campagne !». Mai 2010 Giorgio Demezzi, maire de Casale rappelle que dans sa ville de 35000 20 tonnes de déchets déversés chaque semaine dans le fleuve Mai 2010 : Laura Turconi, expert géologue, explique à l’aide de vues aériennes les changements du Pô entre 1966 et 1986. Le lit du fleuve a reçu 20 tonnes de débris d’amiante et de déchets divers par semaine. Les crassiers accumulés sur la berge ont dessiné une nouvelle carte du fleuve, avec une série de célèbres mini- plages (« spiaggette »). Un endroit dont tous les citoyens de Casale ont fait un lieu de loisir, de pique nique, de pêche et de détente. Tous les enfants venaient nager ici car c’était le seul endroit où il y avait des berges planes et accessibles. En un demi-siècle près de 30.000 tonnes de déchets ont été jetés dans le fleuve. Il n’a été nettoyé qu’à la fin des années 90. habitants 50 personnes par an meurent d’un mésothéliome. Après la fermeture « des tas de sacs d’amiante et des tonnes de matériel contaminé étaient à l’air libre. Une zone à la fois dangereuse et facile d’accès. » La municipalité a dû acquérir le site, pour le débarrasser de ses déchets. Une décontamination d’une telle ampleur était une première mondiale. Elle coûta le double du budget prévu, dix millions d’euros. Ni Schmidheiny ni de Cartier n’y participèrent. Franco Sampo, maire de Cavagnolo, a vu mourir son père en 1998 avec les poumons remplis d’amiante. Sa mère, femme au foyer, est morte d’un mésothéliome. Son seul crime fut de laver les bleus de son mari. Il évoque la poussière omniprésente dans ce village de 2500 habitants. Il dit sa difficulté à gérer la peur de la maladie qui hante ses administrés. Pendant 70 ans, Eternit a distribué ses déchets d’amiante aux habitants pour leur usage domestique. Ils en ont fait des enclos, des toitures, des abris de jardins... François Iselin, de l’association suisse Caova, dévoile la stratégie préméditée par Eternit pour cacher et minimiser les risques : « Il était de notoriété publi- que depuis 1962 que l’amiante causait le cancer. Son abandon était donc préconisé, sauf pour Eternit qui a continué à l’utiliser deux fois plus qu’auparavant, jusqu’en 1990. » Une lettre prouve les liens entre Eternit Schweiz et Eternit Italian SA. Pour Sergio Bonetto, c’est un « fait essentiel pour établir la vérité ». Juin 2010 Mauro Patrucco, dit comment il a été licencié par représailles pour avoir fait arrêter le travail à des ouvriers qui suffoquaient. Romana Blasotti Pavesi, présidente de l’association, a vu son mari, sa sœur, son cousin et sa fille mourir de l’amiante : « je n’ai ni rancœur ni désir de vengeance. Je voudrais simplement que les prévenus aient l’occasion d’accompagner un seul malade de mésothéliome du début à la fin ». Les audiences continuent. Le rendu du verdict est annoncé pour mai 2011. 31 PARIS - CASALE MONFERRATO Solidarité internationale des victimes de l’amiante 6 avril 2009 Des délégations venues d’Italie, de France, de Belgique, de Suisse, se rassemblent devant le Palais de Justice de Turin. Le 20 juin 2009 Des victimes italiennes de Casale Monferrato et belges de l’Abeva manifestent avec l’Andeva à Dunkerque. 1er décembre 2009 Une délégation de l’Andeva assiste à l’assemblée des associations italiennes à Casale Monferrato, puis à la retraite aux flambeaux des veuves de Casale qui déposent des roses blanches devant l’usine Eternit. TURIN : réunion dans la salle rouge du Conseil communal. Romana Blasotti Pavesi et Bruno Pesce, Alain Guérif, Alain Bobbio et Georges Arnaudeau du bureau de l’Andeva. Images de la journée mondiale Des victimes de l’amiante 10 décembre 2009 Le jour de l’ouverture officielle du procès une délégation de l’Andeva et de ses associations locales (300 personnes) se rend à Turin. 7 et 8 janvier 2010 Une formation sur le Fiva est organisée à Paris par l’Andeva pour nos amis Italiens (les victimes environnementales ne sont pas indemnisées en Italie). Le 28 avril 2010 Une délégation de l’Andeva participe aux initiatives organisées pour la journée mondiale des victimes de l’amiante à Turin et à Casale Monferrato. 32 CASALE : rassemblement des victimes et des familles devant l’usine Eternit. Accrochés aux grilles de l’usine, des bouquets de fleurs, hommage aux disparus, et un drapeau italien avec ces simples mots : Eternit : Justice ! Alain Guérif, président de l’Andeva, apporte la solidarité des victimes françaises. Une délégation du Caper NordIsère est également présente. CASALE (Bourse du travail) : Nicola Pondrano répond aux questions d’une journaliste Devant les grilles d’Eternit, Romana Blasotti Pavesi lit un poème poignant, écrit pour le 8 mars par Daniela Di Giovanni, cancérologue, qui a suivi des centaines de victimes à Casale. Elle rêve à la colline du souvenir, qui naîtra un jour sur les vestiges de l’usine maudite. La colline des femmes Ici surgira près du fleuve Une colline toute neuve Où les enfants viendront jouer Et les anciens se souvenir. L’appel à la journée mondiale des victimes de l’amiante signé par l’association des familles des victimes de l’amiante de Casale , trois organisations syndicales (CGIL, CISL et UIL) et l’Andeva. Ici surgira une nouvelle colline Et sur cette colline une pierre Froide, comme toutes les pierres. On y lira des mots de souvenir et de douleur Pas de noms. Il y en a trop… une colline entière ne suffirait pas. Elle surgira sur les vestiges de l’Enfer, Là où, en toute impunité, des hommes criminels Jetèrent au feu les espoirs, les cœurs, les vies D’autres hommes, innocents de tout crime. L’Enfer, où la vie de Mario, Giovanni, Michel, Lucia Valait moins que les sacs d’amiante Qu’ils vidaient, jour après jour, Moins que la muraille de poussière A travers laquelle leurs yeux peinaient à se reconnaître. Ici surgira une colline toute neuve. Il faudra lui donner un nom Parce que les noms demeurent, Vivants échos des idées et des émotions vécues. LA COLLINE DES FEMMES C’est ainsi que je l’appellerai : La colline des ouvrières qui ne sont plus, Celle des femmes qui n’oublient pas, Des mères, des épouses, des filles et des sœurs, De toutes les compagnes de vie, Qui, le cœur déchiré, le poing serré, Jamais ne cessèrent de percer le silence De ce cri de douleur qui n’a pas de fin. CASALE : réunion publique au théâtre. 33 CANADA Non au financement de l’ouverture d’une nouvelle mine d’amiante au Québec ! UN INTOLERABLE CYNISME POLITIQUE L’amiante cause 100 000 morts par an dans le monde. Plus de 40 pays en ont interdit la vente et l’usage. Le Canada n’en utilise presque plus. Il désamiante à grands frais le Parlement d’Otawa, mais continue à exporter ce matériau cancérogène en Asie et en Amérique du Sud. Contre vents et marées, il persiste à défendre l’indéfendable. Le projet d’ouverture d’une nouvelle mine d’amiante souterraine avec une subvention de 58 millions de dollars du gouvernement québécois est une véritable provocation. Moralement indéfendable, financièrement aberrant, ce projet doit être abandonné . Il est temps que le Canada cesse d’exporter sciemment la mort vers des pays pauvres. Il est temps que le Canada cesse de mentir, de corrompre et de mépriser la science. Il est temps que le Canada écoute les voix de l’Association médicale Canadienne et de la Société canadienne du cancer qui ont pris fermement position pour l’interdiction de l’amiante au Canada. Il est temps que le Canada s’occupe de ses travailleurs de l’amiante et de leur nécessaire reconversion. Il est temps que le Canada se comporte dignement. Le lobby minier de l’amiante demande au gouvernement québécois une subvention sous forme de garantie de prêt de 58 millions de dollars pour continuer à exporter la mort dans les pays pauvres. Les ressources de la mine d’amiante à ciel ouvert de Jeffrey (près de la ville d’Asbestos) sont pratiquement épuisées. La société minière entend maintenant poursuivre son activité en ouvrant une nouvelle mine d’amiante souterraine sur le même site, près de la ville d’Asbestos. Le Ministère des ressources naturelles du Québec et le Ministère du développement économique font la promotion de ce projet fou, censé permettre d’assurer une production de 200.000 tonnes d’amiante par an pour les 25 prochaines années. Cette subvention serait un cadeau royal - aux frais des contribuables canadiens - à une industrie meurtrière et moribonde (la mine Jeffrey s’est placée depuis 2003 sous la loi canadienne de protection contre la faillite) Le gouvernement québécois en a déjà accepté le principe, mais il a posé deux conditions : - La première, parfaitement sor- 34 dide, est que les employés de la mine versent 10% de leur (maigre) salaire sur un fond de garantie destiné à renflouer les caisses de l’Etat au cas où l’opération s’avérerait infructueuse. - La seconde condition, qui vaut son pesant d’hypocrisie, est l’exigence d’un engagement des « clients » à « respecter les nor- mes en vigueur au Québec ». Quand on sait que le Québec, qui se flatte de maîtriser « l’usage sécuritaire de l’amiante », a un des plus fort taux de mortalité par mésothéliome au monde, cette condition prend l’allure d’une mascarade cynique . L'« usage sécuritaire» à l’export est une pantalonnade : les industriels québécois et le gouvernement à leur botte se contentent de vérifier que les sacs d'amiante partant pour l'Inde, l'Indonésie, la Thaïlande ou le Mexique sont bien fermés. La suite ne les concerne plus : les décès à venir dans 30 ans ne sont pas leur affaire... « No more $ for Asbestos ! » CANADA DES MÉDECINS ET DES SCIENTIFIQUES PRENNENT POSITION Dans de nombreux pays les actions de protestations contre la politique criminelle du gouvernement canadien se sont multipliées : Plusieurs associations ont demandé au premier ministre québécois, Jean Charest, d’arrêter l’exploitation et les exportations d’amiante et de refuser le financement de 58 millions de dollars à la mine Jeffrey : - le 24 juin, jour de la fête nationale du Quebec (à Bruxelles, New York, Washington, Seoul, Hong Kong) - le premier juillet, jour de la fête nationale du Canada (à Paris et à Londres). - L'Association canadienne de santé publique (ACSP), qui compte 68 000 membres), - La Société nationale des spécialistes pour la médecine communautaire (SNSMC), - L'Association médicale québécoise (AMQ), qui compte plus de 9500 généralistes, spécialistes, et étudiants en médecine) Paris Bruxelles Londres Washington New York New Dehli Hong Kong Séoul - La Société canadienne du cancer (SCC) Alain Poirier, directeur national de la santé publique, , a alerté publiquement son patron, le ministre de la Santé Yves Bolduc, sur les risques liés à la relance de la mine d'amiante. PARIS DEVANT L’AMBASSADE Amiante + Canada = Honte Le 1er juillet un tract françaisanglais de l’Andeva et du Comité anti-amiante Jussieu a été distribué devant l’ambassade : « Canadiens ! Laissez votre amiante sous terre ! ». Sur les pancartes on pouvait lire : « Amiante + Canada : Honte ! », « Canada, cesser d’exporter la Mort ! ». Dans un communiqué les deux associations « expriment solennelle- ment leur indignation devant le cynisme éhonté des industriels miniers canadiens et de leurs complices, les gouvernements canadiens et québécois. » Le tract, le communiqué et une lettre ouverte à l’ambassadeur canadien sont en ligne sur le site Internet : Andeva.fr Paris Un compte rendu détaillé de ces actions est disponible sur le site de l’association canadienne de défense des droits de l’homme (Right on Canada) : http://www.rightoncanada.ca/ 35 EUROPE L’amiante principale cause des cancers reconnus Eurogip a mené une enquête sur les cancers professionnels dans 12 pays européens. La sous-déclaration des cancers en maladie professionnelle est générale. C’est en France, en Belgique et en Allemagne que les cancers reconnus sont les plus nombreux. Les plus fréquents sont les cancers du poumon (86%), de la vessie (4%), des sinus (3%), du sang (2%) et de la peau (1%). 80,7% des cancers reconnus sont dus à l’amiante. Avec des différences : l’amiante représente 95,2% des cancers reconnus en Finlande, 60% au Danemark, moins de 50% en Espagne et en République tchèque. ESPAGNE L’usine de Fibrociment indemnisera des riverains Un tribunal de Madrid a condamné le groupe Uralita à verser un total de 3,9 millions d’euros à 45 riverains d’une usine de Barcelone, qui a utilisé de l'amiante jusqu’en 2001 pour fabriquer du Fibrociment. Ils ont été contaminés par les poussières qu’a déversé l’usine sur le voisinage. Les indemnités seront versées aux victimes et aux familles.. C’est la première fois en Espagne qu’un employeur est condamné à indemniser les victimes environnementales d’une pollution industrielle. Uralita a annoncé qu’elle ferait appel. LONDRES 240 ouvriers renvoyés chez eux après la découverte d’amiante Des traces d’amiante ont été retrouvées après l’incendie qui a ravagé l’unité de distillation de pétrole brut de la raffinerie Lindsey, causant la mort d’un ouvrier. Suite à cette découverte le groupe Total SA, propriétaire de cette raffinerie a annoncé que 240 salariés seraient tenus à l’écart du site pendant les opérations de nettoyage. 36 UNE ENQUETE DE L’ICIJ ET DE LA BBC SUR LE COMMERCE MONDIAL DE L’AMIANTE Sacs d’amiante transportés à dos d’homme dans une ville chinoise Le Consortium international des journalistes d’investigation et BBC international News Services ont enquêté pendant six mois sur les exportations d’amiante dans le monde. Les faits sont accablants. Une cinquantaine de pays ont interdit ou restreint l’utilisation d’amiante. On sait depuis un siècle qu’il cause des maladies mortelles. Pourtant le commerce se porte bien, avec 2 millions de tonnes exportées chaque année. Inde : + 30% par an Le marché européen s’étant fermé, les pays producteurs (Russie, Khazakstan Canada, Brésil, ) ont orienté leurs exportations vers les pays émergents. En Inde la consommation d’amiante augmente de 30% par an. Publicité meurtrière Le documentaire « exporting an epidemic» démonte le lobbying mené par des Instituts et des associations ad hoc à Montréal, Mexico, New Dehli : 100 millions de dollars pour promouvoir par tous les moyens ce matériau cancérogène. Une épidémie prévisible Cette « exportation de l’épidémie » provoquera une explosion de cancers dans les pays consommateurs. Selon Jukka Takala, de l’Agence euro- péenne pour la santé au travail, il y aura 15 000 décès dus à l’amiante par an en Chine en 2035. Le film a été diffusé par BBC World service (radio) et par BBC World News (télévision et web). Il est en ligne sur le site « Dangers in the (dangers Dust » dans la poussière) LE « TOP 5 » DE L’AMIANTE Le site « Dangers in the Dust » donne beaucoup d’informations (en anglais) sur le commerce international de l’amiante : - Articles et statistiques par pays : Inde, Brésil, USA, Russie, Mexique, Chine. - Le film : « Exporting an epidemic » - 4 cartes du monde avec le « Top 5 » des pays producteurs, exportateurs, consommateurs et de ceux qui ont interdit ou sévèrement restreint l’usage de l’amiante : http://www.publicintegrity.org/ investigations/asbestos/ On trouve des informations complémentaires sur le site de la BBC : http://www.bbc.co.uk/news/world10623725 AMIANTE : LA CARTE DE FRANCE DES ASSOCIATIONS DU RÉSEAU (août 2010) NORD PAS-DE-CALAIS ARDEVA 59-62 (Nord - Pas-de-Calais) Pierre PLUTA, 19, rue du Jeu de Paume, BP 78 59942 DUNKERQUE Cedex 2 Tél / Fax : 03 28 68 27 19 Mail : [email protected] Secrétariat : Tél-Fax : 03 28 51 16 87 Lundi, mardi, jeudi, vendredi 9h-12h30 et 14h-17h (17h45 jeudi) Mail : [email protected] Permanences : - Auberchicourt : 03 27 90 31 52 - Calais : Maison des associations, rue Hagueneau : 2e samedi du mois : 9h-12h - Dunkerque : 19, rue du Jeu de Paume : tous les jeudis et le dernier samedi du mois : 9h -11h - Gravelines : Maison des associations : 1er samedi du mois : 9h-11h - Mazingarbe : ancienne mairie, rue Lefèbvre : dernier samedi : 10h-12h - Grand Fort Philippe : CCAS, salle de la Vannerie, rue des Alouettes : 1er mardi du mois : 13h30-17h30. - Oye Plage : sur rendez-vous au 03 28 51 16 87. - Hazebrouck : maison des associations, 21 rue Donckèle, dernier mercredi du mois 14h-17h - Arques : 2, rue Emile Zola, le samedi 10h-12h (03 21 98 35 53) CAPER Thiant Jean-Michel DESPRÉS, 12, rue Anatole France 59224 THIANT Tél. : 03 27 24 61 43 Fax : 03 27 34 52 91 Mail : [email protected] Permanences : - bureau : lundi à jeudi : 9h-11h30 ; perm. tél. lundi à jeudi 14h-17h ALDEVA SA (Sambre Avesnois) Ancienne Mairie de Leval, rue Marcel Ringeval 59620 LEVAL / SAMBRE Tel / Fax : 03 27 65 10 55 Portable : 06 68 85 06 96 Permanences : Mercredi 9h-12h Vendredi 9h-12h ADEVA 59 Alain CLINCKEMAILLIE, Maison des services publics 5, rue Henri Barbusse BP 103 59580 ANICHE Tél : 06 67 45 70 84 Fax : 03 27 90 91 07 Mail : [email protected] Permanence. : le vendredi 14h1516h45, et sur rendez-vous. NORMANDIE PICARDIE PAYS DE LOIRE ADEVA 76 (Seine maritime) ARDEVA Picardie Gaston MORISSE, 119, cours de la République 76600 LE HAVRE Tél (accueil) : 02 35 25 02 02 Tél/Fax (administratif) : 02 35 25 47 68 Mail : [email protected] Site : http://adeva.76.free.fr Permanences : un seul numéro : 02 35 25 02 02 pour Fécamp, Montivilliers, Le Havre, Dieppe, Sotteville-les-Rouen, Grand Quevilly, Le Trait, St-Etienne du Rouvray, Grand Couronne, Lillebonne, Tourville la Rivière. Toutes les permanences sur rendez-vous. Marcel LAGANT, 33, rue Marcel Poulin 60400 CRISOLLES Tél/Fax : 03 44 93 08 24 Départements : 60, 02, 80 Permanences : Beauvais : Espace Pré Martinet, 17, rue du Pré Martinet,4e jeudi du mois sur rendez-vous, 14h-16h - Pont-l’Evêque, 1er vendredi du mois, 14h-16h30, maison des générations, place des Tilleuls, 06 10 41 21 09, (heures de perm) - Chauny, 3e vendredi du mois (14h-16h), salle Bettine Ternynck, tél 06 10 41 21 09 ADDEVA 44 ADEVA Cherbourg (50) ADVASUM (Sollac, Usinor, Arcelor Mittal Montataire) (Loire Atlantique ) Roland HOTTELARD 6, rue Louis Bourdaloue 44600 SAINT-NAZAIRE Couvre les dépts : 44, 85, 49, 35 Permanences : Châteaubriand 1er jeudi, 14h-17h, salle Ernest Bréant, près de l’Hôtel de Ville. Renseignements : du lundi au vendredi : 06 47 39 30 64 Derval 3e mercredi, 14h-17h, Pôle social, 14 rue de la Garlais, 44590 DERVAL. Renseignements du lundi au vendredi : 06 47 39 30 64 La Chapelle des Marais 1er et 3e mardi, 14h-17h, mairie (salle de l'assistance sociale). Renseignements et RDV du lundi au vendredi 06 78 60 72 01. Le Croisic 1er-3e 5e mardi : 9h-12h, 2e et 4e mardi : 14h-17h, 4 bis rue du Lin. Renseignements et rendez-vous du lundi au vendredi : 06 77 37 93 51. Pendant les permanences : 02 40 01 67 74. St Herblain 1er-3e jeudi, 14h-17h, Centre socioculturel de la Bernardière, 11 rue de Dijon. Renseignements du lundi au vendredi 18h-19h : 06 75 45 07 31 St-Nazaire chaque lundi et vendre- Didier SAYAVERA, 12, rue Pasteur 50130 CHERBOURG-OCTEVILLE Tél : 02 33 54 12 20 Fax : 02 33 54 12 66 [email protected] Secrétariat : du lundi au jeudi 10h-12h et 14h30-17h30. Samedi : 10h-12h. Permanence Acaata lundi de 14h à 17h. Contact au secrétariat. ALDEVA Condé-Flers (14-61) François MARTIN, BP 27 14110 CONDÉ-SUR-NOIREAU Tél : 02 31 84 68 28 06 80 43 44 71 Fax : 02 31 83 00 92 ADEVA 27 (Eure) Guy NOURY, Maison des syndicats, 11 rue Pierre Mendès France 27400 LOUVIERS Tél 02 32 62 77 30 ou 02 32 67 43 10 E-mail : [email protected] Permanences : - Evreux : Hall des espositions, avenue Foch : les 11 mars, 8 avril, 13 mai, 10 juin, 8 juillet, 9 septembre, 14 octobre, 18 novembre, 9 décembre. RDV : 02 32 62 77 30. - Bernay : Maison des associations (derrière la gare ) : de janvier à novembre, dernier vendredi du mois et le 19 décembre. Rendez-vous au 02 32 62 77 30. - Louviers : Maison des syndicats, 11 rue Pierre Mendès France : de janvier à octobre, le 3ème mardi du mois, 19 novembre, 16 décembre. Rendez-vous au 02 32 62 77 30 - Alizay : Salle des associations (face au cimetière) : 1er mardi de chaque mois. RDV : 02 32 62 77 30 Jean-Claude BOULANGER, Mairie de Montataire 60160 MONTATAIRE Tél. 06 79 82 38 31. [email protected] Permanences : 2e et 4e lundi du mois, 9h30-11h30, ss-sol Eglise BRETAGNE ADDEVA 29 (Finistère et Côtes d’Armor) Etienne LE GUILCHER 6, rue Traverse / BP 71019 29210 BREST Cedex Tél : 02 98 46 91 51 Fax : 02 98 80 45 18 mail : [email protected] Permanence : téléphonique, du mardi au vendredi ; sur place, le lundi et le jeudi de 14h à 17h. Correspondant Quimper : M. Gloagen : 02 98 52 33 00 Permanence 2e mercredi du mois Maison des associations, 53, impasse de l’Odet. Corresp. Audierne et Cap Sizun : M. Chené 02 98 75 09 79 (TélFax) Côtes d'Armor ( 22) : dernier vendredi du mois, locaux de la Ligue contre le Cancer, 3 rue Gourien 22000 St Brieuc, 9h-10h, 14h-17h. ADDEVA 56 (Morbihan) Julien LE CALVAR, Centre Alpha 2e étage, 44 avenue Billoux 56600 LANESTER Tél. 02 97 81 64 41 Mail : [email protected] Permanence : lundi 14 h -17 h di 14h-17h, Maison des associations, 2 bis av. Albert de Mun. Renseigne- ments et rendez-vous du lundi au vendredi : 06 76 57 75 07. St Nicolas de Redon 2e et 4e jeudi, 14h-17h, bureau des permanences,15 rue d’Ahaut. Renseignements du lundi au vendredi : 06 81 60 86 54. St-Viaud 1er , 2e et 3e mardi, 14h-17h, salle annexe mairie, rue Aimé Bigeard. Renseignements et rendez-vous du lundi au vendredi : 02 40 39 16 43. Trignac Permanence tous les jours sur rendez-vous au 1, rue de la Paix à Trignac, et sans rendez vous 2e-4e jeudi, 8h30-11h30. Renseignements et RDV du lundi au vendredi 14h-17h : 02 40 91 33 46 Mail : [email protected] ADVARM 72 (Renault Le Mans et Sarthe) André POUSSE, 15 rue de Contrexeville 72100 Le Mans Tél. 06 70 02 10 03 Suite en page 38 37 >>> RÉGION CENTRE ADEVA Centre : Cher (et dépts 45, 58, 36, 03) Serge MOULINNEUF 50, avenue de l’Europe 18150 LA GUERCHE SUR L’AUBOIS 02 48 74 02 62 ou 06 81 60 30 73 Permanences : - La Guerche sur l’Aubois : Serge MOULINNEUF, Salle des fêtes, parc Maurice Fuselier, 2ème et dernier mardi du mois de 10 h à 12 h et sur rendez-vous. - Eure et Loir : Christian COUTURIER, 6, rue de l’Eglise, 28160 Dampierre sous Brou Tél. 02 37 97 21 08 - Loir et Cher : Michel DAMAS, 5 rue du Périgord, 41100 Vendôme Tél. 02 54 77 88 72 - AASED (amicale des anciens salariés d’Everite Descartes) : Gustave BRION, correspondant Adeva Centre (37), 9, place Bérégovoy, 37160 DESCARTES TélFax 02 47 95 71 38 Permanence : 2e mardi et sur RDV ILE-DE-FRANCE ADEVA R.A.T.P. Jean-Marc NIBERT, 1, rue du Puits le Plessis 28240 VAUPILLON 06.08.28.99.54 COMITE ANTI-AMIANTE JUSSIEU (association co-fondatrice de l’Andeva) Michel PARIGOT Case 7023 Université Paris 7, 75205 PARIS cedex 13 Tél : 01 44 27 83 28 Fax : 01 44 27 83 29 Mail : [email protected] Permanence : jeudi après-midi ADDEVA 75 (Paris) Marc HINDRY, Suzanne DIANOUX 45 bd Magenta 75010 PARIS Mail : [email protected] Permanence : le 1er mercredi 17h30-19h, à la Mairie du 10ème arrondissement ADDEVA 93 (Seine St-Denis) Alain BOBBIO, Henri BOUMANDIL Bourse du Travail, 26, avenue Gabriel Péri 93120 LA COURNEUVE Tél 01 48 37 34 64 Fax 01 48 36 01 56 Mail : [email protected] Permanence 1er et 3e mercredi (17h-19h) et sur rendez-vous. ARDEVA 77 (Dammarie-les-Lys) Madeleine SAVARIS 133, rue Charles de Gaulle 77190 DAMMARIE-LES-LYS Tél. 01 64 39 86 90 Permanences : - Lundi et vendredi 9h-12 h - Jeudi après-midi sur rendez-vous, 1er, 3e et 5e samedi du mois 9h-12h et sur38 RDV (06 13 77 63 31) Autre Permanence : Saint-Pierre les Nemours : 1er et 3e jeudis du mois 10h-12h et 15h-18h, 7 rue Fleuret Charpentier 77140 Saint-Pierre les Nemours tel/fax : 01 64 28 76 25 Courrier : Mairie de Saint Pierre les Nemours 7 chemin de la messe LORRAINE ADDEVA 54 (Meurthe-etMoselle, Meuse, Vosges, Haute Marne, Alsace, Moselle) Bernard LECLERC, 9, avenue de la Libération 54300 LUNEVILLE Tél : 03 83 76 47 36 Fax : 03 83 76 46 57 Mail : [email protected] Permanence : mardi 14 h-17h Samedi 9-12h ADEVA M-E (Moselle Est) Marcel NICOLAUS 7, rue des Anges 57 500 Saint-Avold ADDEVA 88 (Vosges) Jean-Paul SALZARD, 190 route de Domèvre 88390 FOMEREY 03 29 38 32 63 ou 06 03 92 35 34 [email protected] Permanences maladies professionnelles (syndicats sidérurgie et mines de Lorraine) François DOSSO, 13 rue de la Rosselle, BP 40116, 57803 FREYMING MERLEBACH Cedex Tél. 03 87 04 71 75 Fax. 03 87 81 54 27 [email protected] - Mines : Merlebach : 03 87 04 71 75, lundi - Sidérurgie : Hagondange 03 87 71 43 30, 1er et 3e jeudi AQUITAINE ALLO AMIANTE (cheminots et tous régimes Bordeaux) George ARNAUDEAU, 132 bis, rue Amédée St-Germain, 33800 BORDEAUX Tél /Fax : 05 56 91 60 69 Mail : [email protected] ou [email protected] Blog : allo-amiante.over-blog.fr Permanence : le mardi matin sur rendez-vous 9h15-11h45 et l’aprèsmidi 13h30– 16h30. CERADER 24 (Bergerac et Dordogne) René VINCENT, 17rue des primevères 24100 BERGERAC Tél. 06 88 46 55 33 Mail : [email protected] Site : http://www.cerader24.fr.st Permanences : - Bergerac : 1er jeudi après-midi - Lalinde : 3e jeudi matin - Périgueux : 3e jeudi après-midi CERADER Albret (47) Patrick ZALIO, Saint Julien 47700 FARGUES sur OURBISE 06 70 83 67 02 [email protected] CERADER Fumelois (47) ADPA EDF (Loire-sur-Rhône) Christian GALVEZ, CMCAS, 25 rue Denfert Rochereau 38200 VIENNE Tél. : 04 74 53 18 58 Permanence : 1er lundi du mois (non férié), de 13h30 à 16h30 Patrick DOMITILE, Siège de l’Union locale CGT, 86 rue Léon Jouhaux 47500 FUMEL Tél. 05.53.40.99.49 Permanence : le lundi à 17h CAPER Haute Savoie Mont Blanc Section MP CMCAS (EDF) de Pau CAPER du Giffre Jean-Louis BARTHES, 80, avenue Jean Mermoz, 64000 PAU Tél. 05 59 72 88 00 Fax 05 59 72 88 24 [email protected] Section MP de la CMCAS (EDF) Gironde Pierre NOZERES, Domaine Jacquotte, 8 rue Aristide Verges BP 34 33270 FLOUARAC Tél. 05 57 01 89 41 Permanence : lundi matin Tél. 05 57 01 89 74 LIMOUSIN CERADER 87 (Haute Vienne) Serge CARATORI Excideuil 87240 AMBAZAC 06 50 15 65 92 RHÔNE-ALPES ALDEVA Drôme Ardèche Michel DOREL, Mairie d’Andancette 26140 ANDANCETTE Tél 04 75 03 10 27 Mail : [email protected] Permanence : lundi de 9h à 12h CAPER 07 (Ardèche) Jean François MAURIN, 17 boulevard Stalingrad 07400 LE TEIL TélFax : 04 75 49 59 65 Permanence : jeudi 9-12h et 14-18h Mail : [email protected] CAPER Nord-Isère Pierre RINALDUZZI, Foyer C. Grumbach, 2e Avenue Les Cités 38150 ROUSSILLON Tél. : 04 74 86 43 74 09 75 56 74 32 Fax : 04 74 29 41 47 Mail : [email protected] Permanences membres du bureau : 1er et 3e vendredi du mois : 9h12h Permanences secrétariat : mercredi-jeudi-vendredi 9h30 -12h et l’après-midi sur rendez-vous CAPER Sud-Isère Patrick CASILLAS; Centre de Santé mutualiste, 10, cours Saint André 38800 PONT-DE-CLAIX Tél. : 04 76 98 89 73 Fax : 04 76 98 89 81 Mail : [email protected] Permanence : mercredi 16h30-19h Marcel MAZZETINO, 489 Grande Rue Salvador Allende 74190 PASSY Tél. : 04 50 93 52 70 Roland GLIERE, 71 chemin du Martinet 74130 VOUGY Mail : [email protected] Association Prévenir et Réparer (APER) (Renault RVI / Irisbus) Georges THEVENARD, 15 rue Marcel Pagnol 69200 VENISSIEUX 06 32 17 94 05 Tél : 04 78 77 17 08 Fax : 04 78 76 58 33 [email protected] CAPER 42 (Loire) 12 rue Nicolas Chaize 42030 SAINT-ETIENNE Cedex 2 04 77 59 59 17 Permanence : le jeudi 15h-18h BOURGOGNE CAPER Bourgogne Jean-François BORDE, 8, rue Denis Papin 71600 PARAY-LE-MONIAL Tél : 06 86 21 06 50 Fax : 03 85 81 60 19 Mail : [email protected] [email protected] Permanences : Paray-le-Monial : lundi 9h-12h et 14h-17h30, mardi 9h-12h, mercredi 14h-17h30, 8, rue Denis Papin Tél : 03 85 81 54 42 Fax : 03 85 81 54 53 Chalon sur Saône : 1er-3e mardi du mois, 9h-12h, Mutuelles Santé Plus, 3 bis, rue P. Sabatier. M Leroy (06 88 95 48 52) Nevers : Mme Cachoir et M. Large, 3e jeudi du mois, 14h-16h, 10, 12, 14 avenue du général De Gaulle Le Creusot : (voir presse locale), M Tetard 19, rue Jules Guesde (06 33 68 30 22) Gueugnon : M. Depinet, 2è mardi du mois, 10h-11h30, 21 rue des Potiers (près des bureaux des transports RSL) Dijon : sur RDV. Tél à M. Paul Gueth, (06 83 49 98 20) Autun : (voir presse locale) M. Janiaud et M. Tetard, 2è mardi du mois 9h-12h, Fonderie d’Autun., 11 bd de l’Industrie (06 33 68 30 22) Macon : sur rendez-vous à prendre au 03 85 81 54 42 Mutuelles Santé Plus, 278 rue Carnot ADDEVA 89 (Yonne) Patrick THOURIGNY Ezzine KHALFAOUI , 22, rue de Sainte Colombe 89100 SAINT-DENIS-LES-SENS Tél. / Fax : 03.86.83 27 96 Portable : 06 48 13 39 84 (P.T.) 06 16 58 74 07 (E.K.) Permanence : 2e mercredi de 17h à18h30, mairie St-Denis-lesSens ; 1er mercredi de chaque mois 14h-17h à St-Florentin AUVERGNE CAPER Auvergne Puy-de-Dôme Josette ROUDAIRE et Brigitte PESCHARD, Maison du Peuple, Place de la Liberté 63000 CLERMONT-FERRAND Tél : 04 73 19 06 75 Fax : 04 73 19 10 70 Permanence : mardi 10h-17h (sur rendez-vous : 04 73 87 92 48) CAPER Auvergne Section des Combrailles Bernard GRAND , 39, route de Montjoie 63700 YOUX Tél : 06 07 42 12 56 Fax : 04 73 83 45 41 CAPER Auvergne Section Issoire Marie-Reine CHALVIGNAC, 4 rue Raymond Chabrier 63500 ISSOIRE Tél : 04 73 89 17 65 Bagnols : 1er mardi du mois 14-17h Centre culturel Léo Lagrange, salle B Tél 06 24 37 63 77 ou 06 83 56 03 00 Laudun : 3e mardi de chaque mois 14-17h, Centre communal d’action sociale 135 rue Jean Moulin Tél 06 24 37 63 77 ou 06 83 56 03 00 ANDEVA-FT (Fonctionnaires territoriaux Montpellier) 10, rue des bleuets 34070 Montpellier 06 03 57 28 34 [email protected] Site : http://andevaft.free.fr/ PROVENCE, ALPES CÔTE D’AZUR ADEVA du Golfe de Fos Françoise BRUNEL, Maison des associations, chemin de Tartugues 13800 ISTRES Tél. 04 42 11 80 76 [email protected] Permanence : mercredi 14h30-17h30 à la Maison des associations d'Istres et sur rendez-vous. SOS Amiante cheminots Claude TRESSAUD, UMCPG-SNCF 10 boulevard d’Athènes 13001 MARSEILLE Tél. 04 91 50 71 92 Mail : [email protected] et site Internet : http://sos.amiante.free.fr/ Permanence : jeudi 14 h - 17 h ADEVIMAP (Martigues) Gérard SEMME, Maison des Jeunes, Mairie des Ancizes 63770 LES ANCIZES 06 76 44 56 49 04 73 85 40 19 Maurice HUC, 14 cours Aristide Briand 13500 MARTIGUES Tél. 06 30 33 74 93 (si urgence) Mail : [email protected] [email protected] Site : http://www.adevimap.net Permanence : 1er-3e mardi 14h-16h30, Maison de la Justice, place Paradis St-Roch (Sur rendez-vous : 04 42 41 32 20) CAPER 43 (Haute Loire) AVAPA (Pays d’Arles) CAPER Auvergne Section Les Ancizes Nicolas BERNARD, Place Clément Jannequin 43700 COUBON Tél : 04 71 08 87 27 Permanence : dernier vendredi du mois, de 14h30 à 17h30. Jacques Fray, Mas Saint-Antoine, route de Port Saint-Louis, 13200 ARLES Tél 04 90 96 85 60 LANGUEDOCROUSSILLON Jean HERQUIN, « Le Drakkar A », avenue du Port de plaisance 83000 TOULON TélFax : 04 94 22 26 09 Mail : [email protected] Permanence : mardi 9h-12h 14h-17h ADEVA Gard rhodanien (30) Jean-Louis COMBERNOUS Centre Pépin 30130 PONT SAINT ESPRIT 04 66 38 46 93 ou 06.10.92.07.51 [email protected] et [email protected] Permanence : 2e samedi du mois 9h30-11h30 ASAVA (salariés de l’arsenal de Toulon) CAPER Eternit CaronteMartigues Nicolas CHRISTOFIS, Bourse du Travail, 22, rue de la République BP 16, 13521 PORT-DE-BOUC Cedex TélFax 04 42 43 18 02 Mail : [email protected] Permanence : mercredi 17h-19h CAPER 04 (Alpes de Haute Provence) René VILLARD, Immeuble Communal 04160 CHÂTEAU-ARNOUX Tél : 04 92 64 07 47 Permanence : mercredi 16h-18h ARDEVA Sud-Est (Var, Alpes maritimes, Corse) Monique NOWAK, 449 rue Edouard Herriot, L’Escaillon 83000 TOULON Mail : [email protected] Permanences : Jeudi : 10h à 12h et 14h à 17h Toulon – 04 94 15 16 83 Mardi : 10h à 12h et 14h à 17h La Garde – 04 94 14 07 95 Accueil téléphonique : Lundi – vendredi (mêmes heures) TélFax : 04 94 14 07 95 POITOU CHARENTE ADDEVA 17 (Charente maritime) Claude FABIEN, 6, rue Albert Premier 17000 LA ROCHELLE Tél : 05 46 45 00 72 Mail : [email protected] Permanence : mardi 14h-17h au 05 46 41 85 34 AMPLEC (Energie Poitou-Charentes) Jacques SOURIE CMCAS la Rochelle, section MP 16, rue Marius Lacroix - BP 99 17004 LA ROCHELLE Cedex 1 Tél : 06 10 97 34 19 Mail : [email protected] CERADER 16 (Charente) Josiane VALLANTIN 75,route de Paris 16 160 GOND PONTOUVRE Tél: 06 89 03 48 84 [email protected] 2e et 4e mardi du mois 14h-17h salle associative de la mairie, place de l’Hôtel de Ville. ADDEVA 65 (Hautes Pyrénées) André DUHAU 25, avenue du Maréchal Joffre 65000 TARBES Permanence : bibliothèque du CE SNCF, le mardi 14h-16h Tél : 05 62 51 99 93 [email protected] CHAMPAGNEARDENNES ADDEVA 08 (Ardennes) Claude HUET, Courrier : 46 Boulevard Pierquin 08000 WARCQ Tél : 06 14 46 75 53 [email protected] [email protected] Permanence : lundi et vendredi 14h-16h30, parking place de l’église Saint-Paul ADDEVA 52 (Haute Marne) Pascal VAGLIO, Espace Brossolette, 4 rue de l’Ecole 52100 SAIT-DIZIER Tél : 03.26.72.36.00 TélFax : 03.25.07.64.41 Mail : [email protected] NOUVELLECALÉDONIE ADEVA NC André FABRE, 128, rue Georges Lèques, Tina-sur-Mer - BP 1681 98845 NOUMEA Cedex NOUVELLE CALEDONIE Tél / Fax : 00 687 41 98 38 Site internet : http://adevanc.lagoon.nc E-mail : [email protected] MARTINIQUE AMDEVA Lydia CASI, Résidence Karamel Ravine Bouillie rue du Pont Démosthène 97 200 FORT-DE-FRANCE Tél. 06 96 21 05 61 MIDI-PYRÉNÉES ADDEVA 81 Jean-Marie BIRBES, Les Taillades 81150 FLORENTIN Tél/Fax : 05 63 53 92 37 Mail : [email protected] Permanence tél. : mardi 9h-12h Rencontre : sur rendez-vous uniquement. Là où il n’existe pas d’association, les dossiers sont gérés par : ANDEVA 22, rue des Vignerons 94686 VINCENNES Cedex 39 UN LOCAL POUR L’ANDEVA Souscription Quatorze ans ont passé depuis la création de l’Andeva en 1996. Quatorze ans de mobilisations et de batailles judiciaires. Et quel chemin parcouru : - le regroupement des plaintes pénales et la mise en examen de Cuvelier, dirigeant d’Eternit ou du médecin du travail de Condé-surNoireau, - 15.000 actions en faute inexcusable de l’employeur et une révolution dans la jurisprudence ; - la création du Fiva qui, pour la première fois en France, assure une réparation intégrale de toutes les victimes de l’amiante, professionnelles et environnementales ; - la législation travail et bâtiment sur la prévention du risque amiante, - la cessation anticipée d’activité amiante (l’Acaata) qui permet à ceux dont l’amiante abrége la vie de partir plus tôt, - les recommandations sur le suivi médical validées par la Haute Autorité de Santé, avec le scanner comme examen de référence, En 14 ans, les victimes de l’amiante et leur association nationale ont obtenu des avancées dont certaines bénéficient à l’ensemble des victimes du travail. A ses débuts, l’Andeva n’avait que quelques centaines d’adhérents. Elle en a aujourd’hui 22.000 et fédère une soixantaine d’associations locales. Le premier local de l’Andeva à Paris était à peine plus grand qu’un placard. Quand trois personnes s’y retrouvaient, l’une d’elles devait rester dans le couloir… En 1999 la Mutuelle des collectivités territoriales (MNFCT) a accepté d’héberger l’Andeva dans ses propres locaux, au 22 rue des Vignerons, à Vincennes. Nous ne la remercierons jamais assez. 40 Avec le renfort de bénévoles, les salariés de l’association nationale ont pu y faire un bon travail : accueillir les victimes, recevoir les appels téléphoniques, gérer les dossiers d’indemnisation, aider les associations locales, organiser des réunions et des formations... Aujourd’hui nous devons franchir une nouvelle étape. La MNFCT est à l’étroit. Elle a besoin d’étendre les surfaces de travail pour ses salariés. Soucieuse de ne pas nous mettre en difficulté, elle nous en a informés il y a plusieurs mois, en précisant qu’elle était prête à chercher avec nous un nouveau local pour l’Andeva et à contribuer financièrement à son acquisition. Nous comprenons les besoins de cette mutuelle amie, et nous avons apprécié sa démarche. Un nouveau local pour l’Andeva avant Noël, c’est l’objectif que nous nous fixons. Nous en avons trouvé un près du château de Vincennes, à quelques minutes du métro. La promesse de vente est signée. Il y aura de nouvelles victimes de l’amiante encore pendant plusieurs décennies. C’est pourquoi nous avons fait le choix d’un achat de préférence à une location, afin de diminuer les frais de fonctionnement de l’Andeva dans l’avenir. Nous lançons un appel à tous les adhérents et sympathisants de notre association : à ceux qu’elle a soutenus face aux épreuves de la maladie ou du deuil, à ceux qui ont inhalé des fibres d’amiante et s’inquiètent pour leur avenir, à ceux qui refusent qu’aujourd’hui encore des salariés soient exposés sans être informés ni protégés, à ceux qui savent tout ce qu’a fait l’Andeva pour améliorer les lois et faire évoluer la jurisprudence, à ceux qui n’acceptent pas de voir les multinationales exporter la mort dans les pays pauvres. à ceux qui pensent que la route est encore longue et qu’il ne faut pas baisser la garde. Nous faisons appel à votre générosité. Aidez l’association nationale à acquérir un nouveau local pour mieux défendre les victimes. Chèques à l’ordre de : Andeva avec au dos la mention : « un local pour l’Andeva » Les envoyer à : Andeva, 22 rue des Vignerons 94686 VINCENNES Cedex