architecture et tourisme
Transcription
architecture et tourisme
Architecture et tourisme Une nouvelle image pour la Cité des Colonies d’Igea Marina Énoncé théorique du projet de master Fatima-Zohra Kerkadi Slasli Michèle Jemini Janvier 2012 Groupe de suivi : Directeur pédagogique : prof. Andrea Bassi Directeur énoncé théorique : prof. Elena Cogato Lanza EPFL / ENAC / SAR Maître de diplôme : Yves Dreier 2 «Anni fa lo slogan Igea è un’idea preannunciava ancora un’utopia da realizzare, una sfida rivolta all’immaginazione e alla costruzione del nostro futuro. Un percosrso in cui i valori della salute e della natura, della cultura e dello sport si traducevano, fra gli altri, negli ambiziosi progetti del Parco urbano, che oggi è realizzato, e del Centro Europa Giovani.»1 Gianni Scenna Syndique de Bellaria - Igea Marina 1 «Il y a encore quelques années, le slogan Igea est une idée, préannonçait encore une utopie à réaliser, un défi pour l’imagination et à la construction de notre futur. Un parcours dans lequel les valeurs de la santé et de la nature, de la culture et du sport se traduisent, entre autre par les ambitieux projets du Parc urbain, aujourd’hui réalisé, et du Centre Europa Giovani.» 3 Table des matières 1. Introduction ..............................................................................................................................................9 2.Échelle européenne.................................................................................................15 3.Échelle adriatique.....................................................................................................41 4.Échelle de la ville.....................................................................................................57 5.Échelle du paysage choisi......................................................................................151 6.Hypothèse de travail...............................................................................................219 7. Conclusion.............................................................................................................................................225 8. Annexes.................................................................................................................................................229 9. Bibliographie et iconographie................................................................................................................251 4 Introduction 5 Introduction La possibilité offerte par l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne d’accomplir un travail de diplôme, en première partie théorique et ensuite projectuelle, nous a permis de prendre le temps de bien approfondir une thématique qui nous tient à coeur, à savoir le tourisme. Issues toutes deux de régions différentes, Tessin et Maroc, touchées et influencées par cette problématique, nous avons cherché à explorer, à travers notre mémoire de fin de cursus, ce sujet. Tous les pays présents sur le pourtour de la mer Méditerranée sont touchés, de près ou de loin, par ce thème. De manière intuitive, nous avons pris le parti de nous concentrer sur l’Italie qui, selon nous, devrait posséder une longue tradition touristique. En réalité, ce pays compte diverses typologies de tourismes. Après les avoir toutes abordées, nous avons choisi de cibler notre recherche sur la forme balnéaire. Ce choix nous a permis de nous confronter à une particularité de cette forme de tourisme, la donnée temporelle. A cet effet, nous avons dû restreindre notre recherche à un lieu possédant toutes les caractéristiques d’un tourisme balnéaire et saisonnier. C’est pourquoi, notre choix s’est porté sur la ville d’Igea Marina qui se trouve sur la côte adriatique italienne. Lors de notre voyage in situ, nous avons découvert une nouvelle forme de tourisme plus spécifique à laquelle nous ne nous attendions pas et qui nous a fortement interpellée. Celle-ci se refléte à travers la présence des colonies marines de vacances pour enfants. De ce fait, nous avons voulu intégrer ces observations à l’énoncé de notre travail. Afin de mieux comprendre les mécanismes qui régissent le tourisme dans ce territoire, nous avons décidé de l’étudier à travers plusieurs échelles. 6 Méthodologie Aujourd’hui encore, l’une des destinations les plus demandées à l’échelle mondiale auprès des agences de voyages demeure l’Italie. En effet, le secteur touristique occupe une part importante dans l’économie du pays. En 2010, le classement de l’Organisation Mondiale du Tourisme1 place l’Italie au 5ème rang par nombre des arrivées et des recettes du tourisme international et estime que la croissance de son tourisme continuera durant les dix prochaines années. Cependant, face au développement effréné de certains pays tels que la Chine, l’Italie perd une place au sein de ce classement. Afin de mieux étayer notre sujet sur la thématique du tourisme en Italie,il nous est paru lacunaire de l’aborder à la dimension du site choisi sans, toutefois, passer par une recherche plus large sur le sujet. De ce fait, nous avons mené notre étude à travers différentes échelles. De celle européenne pour terminer par celle du paysage choisi, en se basant autant sur des données officielles et objectives que sur des considérations subjectives et émotionnelles. 1http://media.unwto.org/fr/press-release/2011-05-11/tourisme-international-les-premiers-resultats-pour-l-annee-2011-confirmen-0 Le premier chapitre va nous permettre de mettre en place certaines notions du tourisme en Italie et ainsi développer une base théorique à la réflexion à l’échelle européenne. A travers le deuxième chapitre, nous aborderons l’échelle adriatique qui permettra de mettre en comparaison deux rives qui bordent une même mer. Malgré un rapprochement physique, elles évoluent cependant selon des stratégies touristiques totalement différentes. Le troisième chapitre va nous ancrer de manière plus profonde dans notre problématique choisie. Il retracera la naissance et le développement de la cité balnéaire d’Igea Marina en employant aussi bien des informations statistiques et historiques que des données subjectives comme notre ressenti lors de nos promenades in situ. Les recherches menées dans les trois premiers chapitres nous permettront d’aboutir au dernier, qui traite d’un tourisme balnéaire saisonnier plus ciblé, soit celui des colonies de vacances enfantines. Ceci nous permettra de préciser notre hypothèse de projet. 7 L’échelle européenne 8 2. L’échelle européenne L’Italie en Europe...................................................................................................................................19 Tourisme en Italie ....................................................................................................................................21 Histoire du tourisme en Italie.................................................................................................................23 Le voyage de la connaissance..............................................................................................................23 Le voyage d’agrément, le voyage romantique........................................................................................23 Le voyage organisé, les agents de voyages..........................................................................................25 Le voyage du bien-être........................................................................................................................26 Le voyage de divertissement................................................................................................................27 Le tourisme de masse..........................................................................................................................28 L’évolution du tourisme de nos jours......................................................................................................29 Les formes de tourisme importantes en Italie........................................................................................31 Le tourisme culturel...........................................................................................................................31 Le tourisme religieux.........................................................................................................................32 Le tourisme de montagne.................................................................................................................33 Le tourisme balnéaire........................................................................................................................34 Les touristes..........................................................................................................................................35 Les transports vers l’Italie......................................................................................................................37 Le réseau aérien...............................................................................................................................37 Le réseau maritime...........................................................................................................................38 Le réseau ferroviaire.........................................................................................................................39 9 L’Italie en Europe L’Italie a une place spéciale au sein du continent européen. Entourée par la chaîne des Alpes au Nord, elle avance dans le bassin méditerranéen à travers une étroite péninsule de 850 km de long. Ses côtes, représentant environ 7’600 km, sont baignées par les mers Liguriennes, Tyrrhénienne, Ionienne et Adriatique. Au fil du temps, ce pays est devenu une destination touristique méditerranéenne par excellence. Cependant, elle est passée et passe encore aujourd’hui par de grandes phases de conflits et de crises qui ont eu un impact certain tout au long du développement, de l’histoire et de l’origine de son tourisme. Aujourd’hui, elle possède une population d’un peu plus de 61 millions d’habitants, soit un peu moins de celle présente en France, son pays concurrent. Péninsule Italienne 10 Tourisme en Italie 11 Histoire du tourisme en Italie De tout temps, les hommes ont voyagé. De migrations des peuples, aux conquêtes militaires, en passant par les échanges commerciaux et les pèlerinages religieux, ces formes de voyages avaient une raison d’être sous-jacente. Ce n’est donc point la condition humaine qui a poussé les hommes à partir en voyage. Le voyage a pris définitivement l’appellation de voyage de la connaissance à travers de nombreux guides anglais qui parlaient du classic tour. Ces voyageurs, the travellers, étaient en particulier des scientifiques et des antiquaires tous issus de la haute aristocratie. L’histoire du tourisme italien est née très tôt à la différence de celle de l’Espagne. Elle a connu de nombreuses étapes qui ont suivi et marqué le développement de la culture mondiale. Le voyage d’agrément, le voyage romantique Le voyage de la connaissance La première phase du voyage moderne est née au 16ème siècle. A cette époque, le tourisme en tant que tel n’existait pas. Il prenait la forme de voyages et de séjours, ceux-ci se configuraient comme de vraies et propres explorations physiques systématiques et cognitives de l’espace euro-méditerranéen. Avec une approche scientifique, les premiers voyageurs ont cherché, classé, décrit et catalogué autant le monde rural que les témoignages de la culture de la société occidentale. Claude Lorrain, Lord Byron, William Blake Dès ce moment et jusqu’au début du 17ème siècle, le flux de voyageurs s’aventurait déjà jusque dans la péninsule italienne. Les premières personnes qui firent ce voyage étaient, pour la grande majorité, des artistes britanniques et européens tel que Claude Lorrain1. C’est à travers les œuvres des poètes romantiques comme Lord Byron2 et William Blake3 que les principales villes italiennes telles que Rome, Naples, ou encore Florence commençaient à être connues et reconnues dans toute l’Europe. 1 Claude Lorrain, de son vrai nom Claude Gellée, était un peintre lorrain du 17ème siècle. Il était une figure emblématique de la peinture classique. Il fit un séjour à Naples où il étudia chez Goffredo Wals. Il quitta l’Italie pour faire de nombreux longs voyages en Suisse, France et Bavière. 2 Lord Byron, poète britannique du 18ème siècle, représente l’une des plus grandes figures du mouvement romantique. 3 William Blake, artiste du 18ème siècle, était peintre et poète préromantique britannique. 12 Grâce au nouvel élan donné par le Romantisme, ces voyages prétouristiques prenaient désormais une autre signification. En effet, les contrées jadis observées d’un oeil scientifique étaient, au 18ème, contemplées de manière sensible et émotive. Même les raisons de ces voyages avaient évolué. On se déplaçait par amour, pour le travail, par politique mais aussi pour des raisons de santé. A cette époque, les localités climatiques représentaient la destination privilégiée pour passer le printemps. En Europe, ce modèle de voyage avait pour but la connaissance des villes, des habitudes et des richesses environnementales où se développaient les cultures spécifiques des nations, profitant de chaque occasion pour confronter les peuples, les cultures, la politique et les institutions. Le besoin de connaissance du passé se mélangeait au besoin d’identité et, de manière plus générale, à l’exigence de l’éducation. Grâce à l’évolution des moyens de transports dans les années 1840, les diligences et les carrosses étaient confrontés à l’apparition des premiers tracés des chemins de fer. La naissance des pyroscaphes et des bateaux à vapeur permettait de diminuer la durée des trajets et ainsi de rendre le voyage plus confortable. Le premier vrai phénomène des voyageurs est né seulement après les guerres napoléoniennes, soit en 1815, quand les anglais purent enfin revenir sur l’ancien continent. A cette date, le monde de l’aristocratie se voyait remplacer par une élite représentée par la classe moyenne capable d’assumer les grands frais qu’engendrait ce genre d’activité. Il s’agissait essentiellement d’hommes du gouvernement, de professionnels, de commerçants, d’écrivains, de veuves de la noblesse et de rentiers. L’itinerario italiano La naissance de l’archéologie, les nouvelles découvertes comme les villes de Pompéi ou d’Herculanum dont les fouilles avaient commencées en 1738, ainsi que la création d’espaces muséaux réalisés par les nobles, apportèrent la plus importante affluence de tourists en Italie et dans les capitales européennes, lieux regroupant des intérêts culturels et esthétiques. Cet essor de tourists anglais poussa à réaliser des guides qui avaient pour but de mettre en évidence des parcours de visites pertinentes dans la 13 péninsule et de donner des informations utiles à ces nouveaux voyageurs. Le premier de ces guides à présenter une véritable importance était le « Travels on the Continent :written for the use and particular information of Travellers » de Mariana Starke1 publiée en 1820. Ce même procédé existait aussi pour les italiens voyageant dans leur propre pays, à travers l’Itinerario Italiano. tion et l’introduction du mot touriste tel qu’il est utilisé de nos jours. Un deuxième changement, d’ordre plus pratique, était venu modifier la vision du tour. La grande notoriété de ce guide a poussé à la création de la deuxième grande référence de cette époque, soit « la Nuovissima guida dei viaggiatori in Italia »2. Ces éditions sont la preuve d’une naissante prise de conscience de l’Italie pour son potentiel touristique et de sa volonté d’aller à la rencontre du futur touriste. L’amélioration continue des moyens de transports ainsi que le développement des services à tous les niveaux provoquèrent la chute des prix dans le domaine du voyage. Ce changement contribuait à élargir le cercle des personnes potentiellement concernées par cette activité. Le voyage organisé, les agents de voyages Cette nouvelle typologie de voyage avait, à travers un changement d’ordre linguistique, permit l’appari1 Mariana Starke, auteur anglais du 18ème siècle, est connue pour ses guides de voyages de la France et de l’Italie qui étaient d’un grand secours pour les voyageurs anglais présents sur le continent au début du 19ème siècle. 2 le nouveau guide des voyageurs en Italie La nuovissima guida dei viaggiatori in Italia Dans les années 1850 – 1860, apparaissaient les premiers entrepreneurs dans les pays nord-européens. Ceux-ci allaient participer à la naissance d’une nouvelle activité liée au tourisme : les agents de voyages. La première agence de voyage a été créée par le britannique Thomas Cook en 1814. Mais ce n’est qu’en 1862, qu’il réussît à serrer d’étroites alliances avec les différents services de transports présents sur le continent. L’année suivante marquait l’expansion de son agence dans toute l’Europe. L’intention n’était plus celle de guider des groupes sur les Alpes, reproduisant ainsi certaines caractéristiques du voyage romantique, mais simplement de faciliter la visite des principales villes et pays. 14 La fin des années 1860 apportait de grands changements. A l’inverse de ce qui se déroulait dans ses pays voisins, en Italie, le monopole du voyages était aux mains de privés. Les grands travaux accomplis dans le domaine des transports, tel que le percement du tunnel de Fréjus, permirent à l’Angleterre de ce connecter à l’Italie et ensuite aux pays d’Asie. En 1872, la Thomas Cook and Son offrait le plus grand tour possible de l’époque, soit le Tour du Monde sur le paquebot Oceanic au départ de Liverpool. Il avait pour but de faire escale dans les colonies britanniques disséminées dans le monde. Ce nouveau départ, associé aux œuvres d’auteurs tels que Jules Verne avec son roman Tour du monde en 80 jours écrit en 1873, contribua à développer le thème du voyage à une échelle encore jamais vue auparavant. La compagnie internationale des Wagons-lits, créée en 1876, par le belge Georges Nagelmackers1, était la deuxième entreprise à avoir influencé le développement du tourisme. Il avait tiré son inspiration des wagons Pullman présents aux 1 Georges Nagelmackers, industriel belge du 19ème siècle. Il était le fondateur de la Wagon-lits et créa le l’Orient Express et le Transsibérien. Couverture du livre «Tour du monde en 80 jours» États-Unis. En 1883, il lançait le premier voyage de l’Orient Express, à bord d’un train de luxe, qui reliait Paris à Istanbul - Constantinople. Le voyage du bien-être Ces voyages organisés se développèrent au même moment d’une autre tendance tout aussi importante. Le 19ème siècle voyait se diffuser en Italie essentiellement, mais aussi dans les pays environnants, le voyage salutaire. A travers la forte industrialisation des villes, de nouvelles pathologies telles que la tuberculose, la pneumonie ou encore la phtisie étaient nées. Les médecins de cette époque, encore incapables de guérir ces maux, prodiguaient les seuls remèdes dont ils en avaient la connaissance, à savoir les voyages sanitaires. Ainsi, pour ralentir ces maladies, les praticiens tels que John Moore2 et James Clark3 promulguèrent des voyages sanitaires au printemps dans des villes au climat tempéré et, si 2 John Moore, médecin écossais du 18ème siècle, il aida à promouvoir les voyages salutaires. 3 Sir James Clarke, médecin du 19ème siècle, développa une pratique pour les soins des aristocrates européens venus en visite en Italie. Il est connu principalement pour ses recherches des effets du climat sur la santé. Durant son séjour dans la péninsule, il visita beaucoup de stations thermales. 15 possible, accessibles par voie maritime. La nature, la chaleur et la mer étaient considérées comme de bons soins apaisants contre ces maladies. Les centres de cures se répandaient partout en Italie. En 1880, les infrastructures des bains n’arrivaient plus à suivre le rythme imposé par les pays voisins avec l’essor de nouveaux sanatoriums. Les installations et la fréquentation commençaient à se tourner vers un autre mode de bains, celui du bord de mer. A cette période, il n’existait pas encore une réelle concurrence entre le littoral et les aménagements à l’intérieur du pays. Le voyage de divertissement Le grand développement des transports publiques avait rendu les côtes italiennes plus facilement accessibles, ce qui eut pour effet d’augmenter leur fréquentation. Deux directions, malgré tout parallèles, virent le jour avec ce nouvel attrait pour la mer. D’une part, on cherchait toujours la cure, le thermalisme, d’autre part, la balnéarisation allait offrir une nouvelle image de la plage, une image de mode et de divertissement. L’Italie était représentée par son excellente capacité d’accueil au même titre que le divertissement et la gastronomie Jeunes filles à la mer en 1890 reflétait la France, l’optimisation des transports la Grande-Bretagne et le secteur hôtelier la Suisse. Cet attrait ludique a été mis en évidence grâce à l’essor de la publicité et de la propagande que chaque station balnéaire réalisait pour charmer son touriste. Au début du 19ème siècle, le bain de mer devint un véritable moment ludique, la vie à la plage se détendait et le rapport avec les vagues évolua et se libéralisa. On osait enfin se baigner sans infrastructures spéciales et surtout la mer devint un lieu mixte. De cette attitude découlait une nouvelle vision du soleil. Il n’incarnait plus le mal devant être évité. Cette nouvelle image faisait surgir une approche inédite des vacances. Les gens commençaient à construire des villas près des centres balnéaires. S’ensuivit la construction de petits hôtels et pensions qui animaient la saison balnéaire sur le littoral. Les hospices marins qui étaient les établissements majoritairement présents sur ces côtes, se voyaient maintenant reprocher leur présence. On ne désirait plus mélanger les malades aux touristes venus en vacances. De ce fait, on chercha à les éloigner. 16 Cependant, la deuxième guerre mondiale allait plaçait le tourisme dans une situation encore jamais observée dans son histoire. Le conflit engendré par les pays impliqués provoqua l’anéantissement du tourisme. limitée, l’Italie devait revoir son offre et reconsidérer ses standards de qualité afin de rendre accessibles des séjours à une clientèle de classe moyenne. L’image renvoyée par les vacances dans toute l’Europe à cette période, était celle de séjours purificateurs, régénérateur et chassant tous les problèmes. Le tourisme de masse Sea, Sun, Sand, Sex and Spirit ! Ces cinq mots qualifiaient les vacances à la mer de l’après-guerre. Où la plage devenait l’image du paradis sur terre, lieu idéal, inspirant rapidement toutes les plages de la Méditerranée. Les éléments caractéristiques plus anciens tels que plantes exotiques, grands hôtels du 19ème, promenades, Kursaal, hospices, se combinaient avec de nouveaux symboles tels que parasols, chaises longues, glaces, pizza, bouées, planches de surf, sensualité de la peau nue et bronzée, donnant ainsi vie à un trait commun mais spécifique du style balnéaire méditerranéen inspiré des îles telles qu’Hawaï et les Caraïbes. La fin de la deuxième guerre mondiale voyait naître le tourisme de masse. Le retour des touristes commençait déjà en 1946 avec le déplacement en cars des soldats alliés postés en Allemagne. S’ensuivit la présence des familles des soldats disparus durant la guerre qui faisaient le voyage pour honorer leur fils. Finalement, les premiers vrais touristes à revenir en Italie pour le plaisir furent les Français et les Autrichiens. Toutefois, le flux principal était représenté par les Allemands et les Américains. Ces derniers, venus en période de guerre, et qui, rentrés au pays et voulant fuir la politique du président Hoover incapable de répondre à la crise montante, revenaient en force en Italie. Ces nouveaux touristes étaient la cause qui poussa l’Italie à mener de grands changements dans les infrastructures et aménagements da vacances. Encore parsemée d’hôtels de luxe visant une clientèle La plage de Rimini en 1956 Un autre développement d’importance aidait à promouvoir ce nouveau tourisme. Suite aux bombardements, les tracés de communications devaient être restaurés ou reconstruits. Dans ce contexte chaotique, naissaient les autoroutes tels que l’Autostrada del Sole qui va jusqu’au portes de 17 l’Adriatique. Cette nouveauté permettait ainsi aux familles plus démunies de se déplacer uniquement le week-end ou d’être rejointes par les maris, au bord de la mer, en fin de semaine. Ce grand développement du tourisme a été ralentie encore une fois dans son histoire dans les années 1970. Les chocs pétroliers et leur influence sur le monde en étaient la cause. Cette crise transformait les systèmes de productions ayant un impact sur les caractères de la société occidentale tels que la consommation, les goûts, et les styles de vie, engendrant des conséquences certaines sur le domaine touristique. Ce changement devint évident dans les années 1990. Jusqu’en 1970, l’Italie représentait la destination privilégiée des touristes, étant ainsi en tête des classements par le nombre de touristes étrangers. Mais, déjà en 1986, elle se voyait déclassée par l’Espagne. Ce changement était dû à différents motifs tels que la qualité décadente des services publiques et des axes de communications, une nature pas assez protégée et une politique du tourisme pas convaincante. De plus, les prix étaient considérés trop élevés par rapport au reste de l’Europe dans le domaine hôtelier du divertissement et de la restauration. Plage de Cesenatico en 2011, Emilie-Romagne L’évolution du tourisme de nos jours En dépit de toutes la richesses des atouts naturels, culturels, historiques et religieux, le tourisme italien est en perte de vitesse. Cela peut s’expliquer principalement par une stratégie touristique stagnante contrairement à d’autres destinations telles que l’Espagne, la Croatie et la Turquie, dont la concurrence devient de plus en plus importante, au risque de provoquer des graves problèmes économiques. En effet, ce secteur représente une part importante du PIB du pays. A moyen terme, l’Italie risque de perdre sa place parmi les meilleures destinations mondiales, si elle ne reconsidère pas sa politique en matière de tourisme. En effet, le pays doit innover et promouvoir son industrie pour continuer à attirer les touristes. Avec l’évolution de la notion du tourisme et l’intérêt croissant pour les vacances à thèmes, le tourisme de masse n’est plus d’actualité. Les voyageurs cherchent principalement la qualité des services ainsi que d’autres formes d’activités et offres touristiques telles que l’agritourisme, l’écotourisme et le tourisme vulcanologique. Toutefois, aujourd’hui, ces typologies de tourisme restent encore secondaires et non-soutenues par l’état. 18 Les différentes formes de tourisme Livigno Le tourisme en Italie est l’une des activités les plus rentable de tout le pays. En 2010, il se classait à la 5ème place des pays les plus visités dans le monde avec une arrivée de plus de 43 millions de touristes. Cortina d’Ampezzo Aosta Milano Torino Genova Moena Vicence Venezia Verona Bologna Pise L’Italie se démarque par la multitude, la beauté, et la richesse de son patrimoine naturel, historique, archéologique, culturel, paysager et artistique. Ainsi, on retrouve en Italie différentes formes et typologies de tourisme. Ravenne Cesenatico Bellaria-Igea Marina Rimini Firenze Ancona Sienne L’Aquila Pescara Roma Le tourisme culturel Grâce à la présence de ses villes-musées, l’Italie peut se vanter d’appartenir aux pays dont la charge historique est si vaste, qu’elle offre une considérable diversité de lieux à visiter. En effet, elle possède plus de 40 sites inscrits sur la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO. Napoli La région du Latium, qui se trouve être la région centrale d’Italie, est un territoire riche en monuments d’art et d’histoire. Sa capitale, la ville de Rome, qui concilie parfaitement son rôle de capitale politique Palermo Siracusa Localités de montagne Localités religieuses Localités balnéaires et son énorme patrimoine culturel, reste l’exemple par excellence de la ville-musée dont les différents monuments ponctuent son territoire. Ainsi, modernité et antiquité se mélangent de façon subtile et raffinée donnant ainsi au touriste la possibilité de découvrir l’histoire et le berceau de la culture occidentale. La ville de Rome est à elle seule un musée à ciel ouvert. Elle est la troisième destination touristique la plus visitée en Europe, derrière Londres et Paris. Elle compte de nombreux musées (le Musée National Romain, les musées du Capitole) et de nombreux monuments antiques (le Colisée, les forums, les palais, …). La ville de Turin, quant à elle, est mise en évidence par le 7ème art et ses musées d’art égyptien. Ferrare est le reflet de la Renaissance et Florence, offre un patrimoine architectural grandiose. A cette liste de cités culturelles, qui est loin d’être exhaustive, viennent s’ajouter des villes telles que Sienne, Venise, Milan, Vérone et Naples. Ainsi, l’Italie possède 50% du patrimoine artistique et culturel mondial. Elle compte près de 1’500 musées et galeries. Localités cultures et d’art Principaux musées 19 Le tourisme religieux Cette typologie de tourisme constitue une importante source de revenus pour l’économie italienne. En effet, elle représente une industrie dynamique de 300 millions de voyageurs à travers le monde soit 18 milliards de dollars de revenus annuels. Le tourisme religieux représente tout voyage accompli par un croyant vers une destination qui lui est sacrée en ayant la conviction que les prières et autres pratiques religieuses sont exceptionnellement efficaces dans des lieux bien précis. Après le travail accompli par l’Église pour relancer le Pèlerinage à Santiago de Compostelle durant les années 1980 et le pèlerinage à Rome en occasion du Grand Jubilé de l’an 2000, le tourisme religieux assume aujourd’hui une importance égale à celle qu’il a eu dans le passé. L’Italie possède plusieurs endroits désignés comme lieux de recueillement. Après Rome, Assise est citée comme la deuxième destination religieuse. Les fidèles s’y retrouvent pour se recueillir sur le tombeau de St-François et de Ste-Claire. Pour les mêmes raisons, on visite St-Antoine La place du Vatican à Padoue, Ste-Rita à Cascia en Ombrie, le sanctuaire de Ste-Marie à Sacri Monti, Ste-Catherine à Sienne et la Ste-Maison à Lorette. Toutefois, la plus connue des destinations reste le Vatican. Haut lieu du monde chrétien, il se classe parmi les premières destinations touristiques européennes. Ce petit État enclavé dans la ville de Rome accueille pèlerins et touristes. Les premiers pour suivre les pas de l’apôtre St-Pierre et les seconds pour profiter d’une formidable concentration d’objets d’art et d’histoire. La Cité du Vatican offre de nombreuses merveilleuses telles que la Basilique de St-Pierre érigée sur les lieux du martyr de l’apôtre Pierre s’ouvrant sur une grande place à double colonnade qui peut contenir 150’000 fidèles, tous les dimanches, lors de l’angélus pontifical. C’est le plus grand édifice chrétien au monde. Nombreux sont les artistes et architectes qui ont eu la chance de participer à sa construction et décoration tels que Bramante, Peruzzi, Michel-Ange et le Bernin. 20 Le tourisme de montagne Le tourisme de montagne en Italie a une longue histoire, mais ce n’est qu’à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale qu’il se transforme en un tourisme de masse. Cette forme est parvenue à séduire grâce aux localités qui se situent essentiellement dans les Alpes, les Apennins et les Dolomites. La zone alpine reste de loin la plus célèbre. Son caractère de frontière avec les autres pays européens et ses villes historiques devenues des centres de tourisme montagnards connues à l’échelle internationale, la rendent une destination très prisée par les touristes en tout genre ; qu’ils soient de simples visiteurs ou des sportifs d’élite. Le Piémont et le Val d’Aoste sont les régions les plus cotées essentiellement grâce à leurs montagnes dont les plus importantes sont le Mont Blanc, le Cervin et le Mont Rose. Station de Livigno en hiver Les Apennins constituent la chaîne de montagnes qui traverse l’Italie du nord au sud et forme une sorte d’épine dorsale pour la péninsule. On y recense de nombreuses stations de ski ainsi que le parc national des Abruzzes, premier parc national européen créé en 1922. Le massif des Dolomites qui se situe à l’extrême nord-est de l’Italie et partage la frontière avec l’Autriche est célèbre pour sa dizaine de sentiers de randonnées ainsi que ses voies d’alpinisme. Cet engouement pour cette typologie touristique s’explique par la présence de différentes infrastructures offrant une pratique du sport de montagne plus ludique tels que les skis courts et le snowboard, plus faciles à pratiquer que le ski traditionnel, et transformant ainsi la montagne en un terrain de jeu faisant presque oublier son côté hostile et dangereux. 21 Le tourisme balnéaire La position géographique, très particulière et avantageuse de l’Italie, avec ses deux bandes de littoral disposant de nombreuses plages, est la première caractéristique qui classe l’Italie en quatrième position mondiale pour le tourisme balnéaire. Cette double caractéristique ne se limite pas à la dimension de la ville. En effet, elle peut être observée à l’échelle de la région notamment avec la Toscane, où Florence représente le tourisme culturel et Viareggio celui balnéaire. Ce genre de tourisme est largement répandu avec des villes comme Gêne, la Spezia, Livourne ou encore Naples. En plus de ses côtes, l’Italie a su développer un tourisme insulaire essentiellement grâce à la Sicile, la Sardaigne et l’île d’Elbe. La côte adriatique avec ces plages envahies de touristes et de parasols bariolés n’a rien à envier aux autres. Effectivement, cette côte est surtout célèbre pour ses stations comme Bellaria-Igea Marina. L’Italie se démarque du reste des pays du bassin méditerranéen au moyen de ses nombreuses villes côtières qui combinent le tourisme balnéaire et le tourisme culturel. En effet, plusieurs cités sont à la fois stations balnéaires et classées à l’UNESCO. Notamment Naples, outre le fait d’être l’une des plus anciennes villes d’Europe, elle possède quelques centaines d’églises, châteaux, fontaines et son palais royal. De plus, son golfe est parmi les plus célèbre avec des villes comme Capri, Ischia et Procida. La Sicile et la Sardaigne sont les plus grandes îles italiennes. Elles jouissent d’une météo très favorable au tourisme balnéaire. Toutefois, la Sicile avec son littoral escarpé et rocheux à cause de ses criques caillouteuses et étroites, se laisse apprivoiser moins aisément. Pour cette raison, le tourisme de masse ne s’est pas fortement développé laissant ainsi de splendides eaux claires et transparentes aux plongeurs. Plage de Rimini en 2011 22 Les touristes Villes historiques et culturelles Touristes Italiens Localités de Montagne 23% 18% Localités Lacustres 4% 14% Localités Marines 3% Localités Thermales Autres 38% Touristes Étrangers Villes historiques et culturelles 15% Localités de Montagne 4% 32% Localités Lacustres En regardant de plus près les destinations privilégiées par typologie de touristes, il en ressort que les touristes italiens voyageant dans leur propre pays, sont principalement attirés par des localités à caractères marines et balnéaires. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les touristes italiens autochtones sont principalement motivés par la recherche de repos et détente ainsi que le soleil et la plage. Ils privilégient les destinations balnéaires italiennes proches.1 De plus, les villes culturelles et historiques sont encore relativement atteignables pour les italiens tout au long de l’année. Alors que, les touristes étrangers favorisent tout d’abord des localités qui mettent en avant leur atouts historiques et culturels. C’est pouquoi, ils se déplacent plus aisément dans des régions telles que La Vénétie ou le Latium. Localités Marines 26% 12% 11% Localités Thermales Autres 1 1 2 3 4 5 6 7 Var Tourisme, observatoire, Le marché italien en 2011 Atlante geografico, metodico De Agostini, 23 Les transports vers l’Italie Le réseau aérien Le transport aérien en Europe a connu une grande croissance depuis 1985. Mais ce n’est qu’en 2004 que le dispositif du «ciel unique» a été adopté, permettant ainsi le décongestionnement du trafic, une meilleure sécurité et une plus grande ponctualité des vols. En Italie, ce dispositif ainsi que la libération du marché aérien avec l’arrivée des compagnies à bas prix spécialisées dans les vols intra-européens ont largement participé à l’amélioration du réseau et à l’augmentation du nombre de passagers par an. Étant l’un des pays qui reçoit le plus de touristes tout au long de l’année, l’Italie doit pouvoir compter sur un réseau aérien fluide qui couvre tout son territoire. Ainsi, elle possède au total 29 aéroports internationaux dont les plus grands et les plus connus sont l’aéroport Leonardo da Vinci de Rome connu comme Fiumicino, qui concentre à lui seul 51% des vols nationaux, et l’aéroport de la Malpensa à Milan avec plus de 10 millions de passagers par an chacun. Étant considérées comme les carrefours de l’Italie, ces deux villes possèdent cha- cune un deuxième aéroport gérant principalement les vols intérieurs. D’autres villes comme Naples, Palerme, Venise, Turin et Cagliari possèdent un aéroport international. En comparaison avec la France, un pays européen dont le réseau aérien est parmi les plus denses et les plus performant, l’Italie possède : • 2 aéroports accueillant plus de 10 millions de passagers par an (2 en France) • Rome Fiumicino : 36 millions • Milan Malpensa : 19 millions • 5 aéroports accueillant entre 5 et 10 millions de passagers par an ( 4 en France) • 14 aéroports accueillant entre 1 et 5 millions de passagers par an (9 en France) • 10 aéroports accueillant entre 15’000 et 1 million de passagers par an (46 en France) Ainsi, la carte ci-contre regroupe tous les vols directs en direction de l’Italie permettant une couverture large de son territoire.1 1 Carte dessinée sur la base de la carte interrail 2011 et du site http://www.skyscanner.fr/ Lignes aériennes directes à destination de l’Italie 24 Le réseau maritime Le secteur portuaire italien est en pleine expansion. Sa valorisation a été accrue pour plusieurs raisons, parmi lesquelles peut énumérer le désengorgement du réseau routier et l’allégement d’une partie de son trafic. Ce genre de transport a depuis toujours été un bon allié pour le développement du tourisme en Italie. En effet, tout au long de son histoire, il va s’étoffer pour atteindre l’offre actuelle. Il peut être divisé en deux grandes catégories, soit les courtes traversées à bords de ferries et les croisières. Sur la carte ci-contre, nous nous sommes intéressées à mettre en évidence les différents ports et villes qui sont directement reliés à l’Italie à l’aide de ferries. En effet, il nous a semblé que ce moyen de communication peut être l’équivalent du transport ferroviaire ou aérien. Il permet le déplacement des passagers d’un port à l’autre. Quant aux croisières, ce sont des voyages d’agrément dont le but n’est plus le transport de passager d’un quai à un autre, mais elles offrent aux touristes la possibilité d’accomplir un voyage en mer composé d’une ou plusieurs escales dans les différents ports. Ceci leur permet de découvrir de nouvelles impressions, ambiances et cultures. L’Italie possède plusieurs connexions avec les villes européennes et les pays qui l’entourent. Ainsi, la voie maritime permettent l’accès aux ports italiens tels que Gênes, Venise, Livourne, Bari, Cagliari, Naples, Palerme et Ancône. Ceux-ci permettent en outre de relier la France, l’Espagne, la Tunisie et le Maroc. Les îles italiennes sont tout aussi accessibles depuis ces mêmes ports. Plusieurs compagnies maritimes réalisent des trajets quotidiens vers la Sardaigne et la Sicile. De plus, les petites îles sont elle aussi atteignables. 1 1 Carte dessinée sur la base de la carte interrail 2011 et du site http://www.aferry.fr/ Lignes des ferries principales rejoignant l’Italie 25 Le réseau ferroviaire Le chemin de fer a été, depuis le début, le moteur de la grande évolution de ce pays. Aujourd’hui, il n’est plus seul dans le domaine du transport, mais il représente encore un facteur important et déterminant dans les voyages en Europe. Le réseau ferroviaire italien, la FS, est composé de plus de 17’000 km de voies ferrées, parmi lesquelles, 16’000 km sont gérées par la Trenitalia1 . Le reste de ce réseau est aux mains d’autres concessionnaires, électrifiées pour environ le 60% d’entre elles et seulement peu de celles-ci sont à doubles voies. Les gares principales italiennes sont au nombre de treize. Elles sont essentiellement représentées au nord du pays avec Milan, Turin, Gênes P. et Gênes B., Florence, Bologne, Vérone, et Venise M, Venise S.L. Le sud est desservi par quatre gares : Rome, Naples, Bari et finalement Palerme. Toutefois, l’essentiel de ces gares n’est pas connecté au réseau européen. Les stations ferroviaires situées au sud de la péninsule ne sont pas directement reliées au trafic européen. En effet, seules celles au nord sont immédiatement associées au réseau ferroviaire européen. 1 (la société qui gère les activités de transports des passagers et la logistique de ce secteur) Réseaux principaux vers l’Italie Réseaux à grandes vitesses Les pays européens se relient à l’Italie principalement à travers les réseaux des trains à grande vitesse. La France, grâce aux lignes des Trains Artesia, Eurocity et Euronight au départ des gares de Paris, qui franchissent les Alpes à travers le viaduc de Ventimiglia rejoignent la ville de Milan. La compagnie Trenhotel Elipsos relie l’Italie à l’Espagne grâce à la ville de Barcelone. Le tunnel de Fréjus et celui du Simplon débouchant à Iselle dans le Piemont permettent à la Suisse et une nouvelle fois à la France de rejoindre la péninsule. En effet, les principales gares suisses comme Bâle, Genève, Zürich et Lucerne agissent comme intermédiaire pour relier les pays du nord tels que l’Allemagne. Le Tessin, seul canton a s’enfoncé quasi totalement dans le territoire italien, est fortement touché par ce transit européen nord-sud. La région des Balkans est, elle, beaucoup plus chaotique. Les seules connexions qui relient ces pays à l’Italie passent par Trieste et s’arrêtent à Venise. Le reste de la péninsule peut être reliée aisément mais demande un changement de transports. 2 2 Carte dessinée sur la base de la carte interrail 2011 Réseau ferroviaire normal 26 L’échelle adriatique 27 2. L’échelle adriatique Contextualisation...................................................................................................................................45 Historique................................................................................................................................................46 Deux rives, deux paysages....................................................................................................................48 La côte occidentale...........................................................................................................................49 La côte oreintale................................................................................................................................50 Le tourisme en Croatie......................................................................................................................51 Les transports autour de la mer Adriatique............................................................................................55 Le réseau maritime adriatique..........................................................................................................55 Le réseau ferroviaire adriatique........................................................................................................56 Le réseau autoroutier.........................................................................................................................57 28 Contextualisation L’Adriatique est une mer pratiquement fermée. Elle fait partie des mers composant la Méditerranée. Elle se développe en une sorte de golfe allongé et étroit, fermé au nord et bordé à l’ouest par la péninsule italienne et à l’est par les Balkans. La limite sud est généralement fixée au niveau du canal d’Otrante. Cette mer a été, de tout temps, une voie d’accès menant à l’Europe centrale. 29 Historique L’histoire de la mer Adriatique pourrait se résumer en deux mots : frontière et passerelle. Tout au long de son histoire, cette mer a endossé ses deux rôles, entre différents mondes et civilisations. D’abord, à dans l’antiquité, entre l’Empire Romain d’Occident et d’Orient, ensuite entre le Monde Germanique et Byzance, plus tard entre l’Empire Ottoman et le Monde Chrétien et, pour finir, entre l’Europe capitaliste et l’Europe communiste. Ainsi, la mer Adriatique est présente à toutes les étapes de l’Histoire européenne. Dès l’Antiquité, elle facilite l’expansion de la civilisation grecque vers l’Europe centrale. On retrouve sa trace d’abord dans les récits légendaires héroïques. Puis, dans les récits d’expéditions militaires, racontant la fondation de plusieurs colonies et comptoirs sur ses deux rives, tels que dans le delta du Pô, assumant le contrôle des échanges avec la péninsule balkanique. Au 3ème siècle avant J.-C., l’Empire romain est déjà établi sur toute la côte occidentale. Au cours de ce siècle, l’Adriatique devient une sorte de barrière qui protège l’Empire des invasions barbares. Ces derniers n’hésitent pas à ravager toute la côte orientale avant d’envahier Rome, provoquant le déclin de l’Empire romain d’occident, en 476, et assurant, ainsi, leur établissement, à Ravennes et ensuite, sur les deux rives. A partir du 6ème siècle, cette mer endosse le caractère de frontière entre deux mondes, illustré par l’invasion de l’Italie par les Lombards et les Balkans par les Slaves. Au cours du 9ème siècle, l’Adriatique se plie à l’autorité de Venise, et sera qualifiée de «lac vénitien». En 1024, Venise impose définitivement son autorité sur cette mer ce qui consolidant ainsi sa puissance dans la région. Toutefois, au cours du 13ème siècle, Venise tente, tant bien que mal, de garder sa domination face aux Hongrois de Croatie et face à l’État pontifical. Elle réussit ,tout de même, à empêcher la progression des Ottomans, débarquant à Otrante. Cette action ne sert qu’à les retarder, avant d’en être définitivement chassés en 1912. Au 17ème siècle, à cause de la pression subie de la part de Bonaparte, Venise entame progressivement son déclin et finit par être partagée entre 30 Napoléon et l’Autriche. Cette dernière garde le monopole sur la mer jusqu’à la première guerre mondiale. Les rives de l’Adriatique subissent encore de grands bouleversements dans la période de l’entre-deux guerres. Cette guerre provoque des combats violents sur les deux rives. Le côté occidental est marqué des , affrontements entre l’armée allemande et les forces alliées, alors que le côté oriental est envahi l’Allemagne annexant la Yougoslavie en 1940, puis la Grèce, et enfin l’Albanie en 1943. L’Autriche en est expulsée, abandonnant la rive orientale à l’État émergeant de la Yougoslavie. De nouvelles revendications, de la part de l’Italie, concernant l’Adriatique et l’annexion de l’Albanie, état indépendant depuis 1912, accélèrent l’éclatement de la deuxième guerre mondiale. La guerre se termine en 1945 avec l’établissement d’un régime communiste sur la côte orientale, d’où, le terme de «rideau de fer», employé, pour la première fois, par Churchill, appuyant le caractère de frontière de cette mer. A partir de 1989, l’éclatement de la Yougoslavie, en petits états, conduit la côte orientale dans une période de luttes terribles pour la Croatie, la Bosnie, la Serbie et le Kosovo. 31 Deux rives, deux paysages Le contraste présent entre les paysages qui bordent la mer Adriatique, est principalement dû à sa position géographique. En effet, son golfe allongé en latitude, avançant loin dans le nord, à l’intérieur des terres, lui permet d’avoir de multiples variations. Ainsi, la ville de Trieste, se situant à la même latitude que Lyon, ou le delta du Danube, a les mêmes caractéristiques climatiques que ces deux villes d’Europe centrale. Les régions au nord de la mer Adriatique, possèdent les mêmes climats et, par conséquent, les mêmes paysages que ceux de l’Europe centrale. Ainsi, on retrouve les épais nuages de brouillard autant à Venise qu’à Lyon ou a Milan. L’Adriatique et ses limites Le nord, où se trouve la plaine fertile du Pô, entretient lui aussi un contaste avec le sud, et la région des Pouilles, qui souffrent souvent de sécheresse durant les mois d’été et dont les températures approchent celles de la Sicile. La côte Italienne, se distingue par la densité de sa population, un haut degré de développement civil et une intense urbanisation industrielle et commerciale. Ses paysages naturels sont uniformes, à cause de la forme rectiligne de son littoral. Contrairement à la côte orientale, qui offre des paysages variés, dus à un relief accidenté, composé d’un millier d’îles. Cette région est riche sur le plan humain, historique culturel, géographique, car la région des Balkans est composée de plusieurs pays et donc de plusieurs cultures et mentalité. 32 La côte occidentale La côte Adriatique italienne peut être découpée en trois parties avec des caractères géographiques différentes. La première, au nord, s’étendant du Monfalcone à Rimini, sa côte basse, bordée de lagunes, est occupée par la plaine du Pô. Grâce à son fleuve qui se jette dans la mer Adriatique en grand delta, elle est une des régions les plus fertiles d’Italie. Autrefois, zone marécageuse, confrontée aux fièvres et à la malaria, elle a subi , surtout depuis 1980, des drainages et des assèchements, afin de contenir le fleuve et ses affluents. Ainsi, Venise, faisant partie de l’ancien delta du Pô, n’a pu devenir un important port de la région uniquement grâce aux efforts constants entrepris dans la construction de chenaux et dans le détournement des fleuves transportant des sédiments dans la lagune. La partie centrale, se déployant de Rimini à la racine occidentale du Gargano, est une limite rectiligne mais beaucoup plus accidentée. Grâce à l’érosion, cette partie est constituée de courtes vallées passant à travers des collines argileuses. Les abris et les rades naturelles y sont très rares. A Côte des Pouilles : Territoire d’Ostuni l’intérieur du pays, les montagnes escarpées remplacent les basses collines argileuses. La troisième partie, formée du mont Gargano et la région des Pouilles, est un territoire de plateaux calcaires. Le versant nord du massif montagneux du Gargano est couvert de forêts de chênes et de hêtres, alors que le versant sud est constitué de médiocres pâturages. Au sud, se développe la plaine du Tavoliere, longue de 100 km et large de 50 km. Actuellement, cette région joue un rôle très important dans la production agricole italienne. A partir de là, se développent les plateaux calcaires, chauds et secs des Pouilles. Les cours d’eau y sont rares de par le caractère perméable du calcaire rendant ainsi la circulation de l’eau souterraine. Recouverts d’une terre fertile, ces plateaux sont tout de même devenus une région agricole riche, plantée de vignobles et de champs de tomates. Les deux abris naturels les plus connus le long de la région des Pouilles, sont Bari et Brindisi. En effet, ces deux villes sont devenues des ports avec une rade naturellement profonde pouvant accueillir les différents bateaux. 33 La côte orientale De l’autre côté de la mer Adriatique, le paysage change radicalement et le contraste est frappant. Ainsi, tout le littoral, s’étendant de Trieste jusqu’à la frontière albanaise, est irrégulier et marqué par un considérable massif de calcaire blanc et karstique parsemé de rares buissons de végétation. La profondeur de la mer dépend directement de l’image de son littoral. Aussi, contrairement à la rive occidentale, généralement sablonneuse et basse, la côte orientale montagneuse et élevée, est, quant à elle, profonde. Il est aussi intéressant de noter la différence de couleur entre les côtes italiennes et les côtes balkaniques. Bien qu’une courte distance sépare les deux rives, celles du côté oriental sont plus claires et plus bleues que le côté occidental. L’image de la côte adriatique orientale change d’apparence avec le changement d’orientation qui s’opère à partir du territoire albanais. Les plateaux et les chaînes calcaires disparaissent complètement au profit de la molasse. Cependant, les altitudes montagneuses restent très élevées et sont qualifiées d’Alpes Albanaises. Les fleuves, tel que le Drin sont plus présents dans cette région que celle du Karst. Ayant un débit soutenu, ils transportent plus de matériel alluvial chargé de roches détritiques. C’est pourquoi, l’image de la côte albanaise est totalement différente de celle du Monténégro et de la Croatie. L’aspect de bord de mer est façonnée par des baies et des caps. Des plaines littorales, plus ou moins importantes viennent compléter ce paysage. Ces dernières représentent le meilleur territoire agricole de l’Albanie. La rive croate qui constitue les 75% du littoral oriental, est précédée par des îles parallèles au littoral et de forme allongée. Côte croate : Zadar 34 Le tourisme en Croatie Pour illustrer la stratégie touristique adoptée par la côte Adriatique orientale, nous avons pris, à titre de comparaison, l’exemple de la Croatie, dont les rives constituent les 75% du littoral balkanique. la Croatie propose des voyages et des séjours à bas coûts, en augmentant les agences en ligne, en introduisant les compagnies low-cost ou encore en offrant des vols charters depuis différentes villes européennes. Contrairement à ce que nous pensions, la Croatie a une ancienne tradition du tourisme. En effet, à partir du milieu du 19ème siècle, elle est considérée comme une destination privilégiée de la cour impériale de Vienne. Tous ces dispositifs ne sont, en réalité, que des compléments pour amplifier les atouts de la situation géographique déjà très favorable de la côte orientale. Néanmoins, l’éclatement de la Yougoslavie a grave- ment affecté ce secteur qui n’a, malgré tout, jamais cessé d’évoluer. La guerre a eu de graves conséquences sur les infrastructures et les bâtiments, dont on estime que les 25% n’ont jamais été reconstruits. Le retour à la paix s’est accompagné progressivement par le retour des touristes à partir de 1993, attirés principalement par des prix compétitifs en comparaison avec le reste des pays européens. Cette région se trouve à moins de deux heures d’avion de plusieurs capitales euro- péennes telles que Rome, Paris, Berlin, Vienne. En outre, elle possède un patrimoine culturel non négligeable. Contrairement à la côte occidentale rectiligne, son relief accidenté et quasi à l’état brut, est constitué d’îles formant les 30% de son territoire total. Sa nature, en fait une destination privilégiée des touristes de tous horizons. Afin de mieux promouvoir son tourisme, la Croatie s’est efforcée à faire oublier ses années de guerre et a misé sur des atouts attractifs, dans le but de faire du tourisme une composante essentielle de son économie. Aussi, pour attirer la clientèle jeune, La Croatie a aussi entrepris le développement de ses infrastructures de transports et s’applique, aujourd’hui, à les mettre aux normes par rapport aux standards inter nationaux. Iles de la croatie, Pakleni otoci 35 Quant à l’accèssibilité du pays par les airs, la Croatie a réaménagé ses aéroports et renforcé la fréquence des liaisons entre les villes intérieures et les villes extérieures. L’accès par voie maritime a, lui aussi, été intensifié, proposant une dizaine de lignes de ferries reliant les îles de l’Adriatique aux différents ports des pays et continents environnants. Les infrastructures routières et ferroviaires ont, elles aussi, subi des améliorations. Même si, de nos jours, ces deux réseaux ne sont pas aussi denses que dans le reste de l’Europe. En outre, sa position sur deux corridors paneuropéens, contribue à la croissance de l’Union européenne en assurant le lien entre des pays Européens et la Russie. Malgré les potentiels géographiques et culturels, cette dernière est principlament désavantagée par ses faibles capacités d’accueil, qui peinent à se calquer sur les standards internationaux. Jusqu’en 2007, la plupart des nuitées se passent encore chez l’habitant ou dans des appartements privés. Ce choix, fait par les touristes, est la conséquence d’un rapport qualité/prix très décevant des infrastructures hôtelières. En effet, la plupart des structures d’accueil, tels que les campings, sont Zagreb, place Ban-Jelacic en deçà des besoins et des standards de confort actuels. La principale raison de cette piètre qualité est le manque d’investissements, qui crée un déséquilibre certain entre le nombre grandissant de touristes et les structures d’hébergement, de masse ou de luxe, qui peinent à prendre leur essor. Néanmoins, le déferlement des touristes sur la côte orientale de l’Adriatique, n’est pas sans conséquence. Les répercussions, les plus directes sur la population, sont l’augmentation des prix, rendant ainsi la vie chère et les loyers innabordables, forçant, les habitants chercher d’autres destinations balnéaires meilleur marché en Turquie ou en Bulgarie. Sur le plan environnemental et écologique, les autorités ont adopté une réglementation très stricte afin d’éviter toute construction sauvage et le bétonnage de toute la côte qui abîmerait un littoral encore bien préservé. Tout comme la côte occidentale italienne, la Croatie promeut un tourisme qui allie culturel et balnéaire répondant ainsi, aux nouvelles tendances touristiques. 36 Quant au tourisme salutaire, la Croatie se donne les moyens de le développer. Thermes, spas, établissements de thalassothérapie apparaissent le long du littoral. A travers cette frénésie touristique, la Croatie doit adopter une stratégie de tourisme durable afin d’éviter les conséquences néfastes et dangereuses pour, ainsi, préserver sa nature et ses paysages. Finalement, la côte orientale se donne tous les moyens pour se rendre attrayante et rivaliser avec la côte occidentale et les plus importantes destinations européennes. Delta de Split 37 Les transports autour de la Mer Adriatique Le réseau maritime adriatique La mer Adriatique a toujours été une zone stratégique sur le plan des relations extérieures. Elle possède une position qui détient les caractères contradictoires de frontière et, en même temps, de trait d’union entre l’Europe et la région des Balkans. Ainsi, plusieurs programmes de développement entre les pays de l’Ex-Yougoslavie et l’Italie ont été élaborés afin de permettre une meilleure connexion entre les deux rives. Le renforcement de la connexion du réseau ferroviaires et autoroutier reliant les villes portuaires, aide à l’amélioration des ports. Les états limi- Connexions maritimes présentes sur la mer adriatique trophes encouragent une collaboration qui vise à renforcer et rendre plus efficace et moins coûteux le système des ferry-boats. Ainsi, des départs réguliers depuis les ports de Bari, de Brindisi ou encore d’Ancône sont organisés en direction de la Croatie, du Monténégro, de la Bosnie ou encore de l’Albanie. Sur cette lancée, des compagnies maritimes ont vu le jour et proposent une large palette de croisières ou de circuits reliant plusieurs pays ou nombreuses îles, favorisant ainsi la circulation et le déplacement des touristes. 38 Le réseau ferroviaire adriatique Le chemin de fer, tout comme à l’échelle européenne, a un impact prépondérant au niveau adriatique. Toutefois, cette importance est à relativiser. Malgré sa grande dimension et l’essor touristique favorisé par cette infrastructure, le réseau ferroviaire n’est pas aussi développé que l’on pourrait imaginer. L’Italie ne possède que deux axes principaux longeant les côtes de la botte d’où leur nom de réseau méditerranéen et adriatique. De ces deux voies principales se ramifient quelques liaisons permettant l’accès à l’intérieur du territoire italien. Le réseau ferroviaire présent dans les Blakans est en réalité la continuité de celui adriatique existant en Italie. Contrairement à cette dernière, les pays des Balkans ne développent pas un réseau bordant le littoral à cause de leur relief. En effet, les seules liaisons existantes se déploient toutes à partir de l’intérieur des pays et principalement à partir de la capitale croate, Zagreb. De cette manière, leurs grandes stations balnéaires ne sont que très difficilement rejoingnables par les transports ferroviaires. Sur ce même plan, mais à l’échelle plus ciblée, il faut noter que malgré ces deux axes principaux, la Ligne Méditerranéenne Ligne Adriatique mer Adriatique est essentiellement desservie par des lignes départementales voire, le plus souvent, provinciales, ce qui implique de forts dérangements dans les connexions ainsi que des durées de trajets plus longues, impliquées par les changements de rames et les haltes répétées. Ce problème nous a été visible à Igea Marina dont les connexions pour Rimini, capitale de la province, sont encore assez nombreuses, tandis que pour rejoindre les villes situées au nord, impliquant un changement de province, on assiste à une diminution drastique des connexions. En effet, cellesci n’ont pas d’horaires réguliers et peuvent même être séparées par plusieurs heures d’intervalle. Il ne faut pas oublier de soulever le facteur essentiel de la grève qui provoque de constants retards sur les lignes ferroviaires. Ces problèmes causent de véritables inconvénients dans ce type de transports. Il devient presque impossible de déterminer un horaire d’arrivée. C’est pourquoi, malgré des avantages certains dans la potentielle facilité d’accès, le train perd sa place de transport public idéal pour aller en vacances, au bénéfice de la voiture. Ligne principale intérieure 39 Le réseau autoroutier adriatique Le réseau autoroutier semble suivre le plan des transports publiques ferroviaires. En effet, autour de la Mer Adriatique, les autoroutes italiennes continuent de longer les bords de mer desservant ainsi les sites balnéaires et favorisant les déplacements des touristes. Milan représente le nœud principal de départ à partir duquel partent tous les axes principaux des autoroutes présentes autour de la mer Adriatique. différence existe toutefois. Partant de ces grandes villes, un axe autoroutier permet de rejoindre le littoral et les cités balnéaires. L’Autostrada del Sole, reliant Milan et Bologne se prolonge jusqu’au bord de la mer offrant l’accès à des villes telles que Rimini ou Cesena. Ce type de routes est aussi présent en Italie mais en plus faible quantité. En effet, elles sont moins représentées car, tout comme les transports en train, les routes sont aussi gérées par les départements et les provinces, ce qui implique des constructions moins homogènes. De plus, la plus forte présence d’autoroutes permet de mieux desservir l’entier du pays et plus spécifiquement le littoral adriatique. Partant de Venise, une deuxième autoroute permet de contourner la mer et ainsi rejoindre les pays des Balkans. Sur le même principe du transport ferroviaire, les autoroutes relient essentiellement les grandes villes telles que Zagreb et Ljubljana. Une Autoroutes autour de la Mer Adriatique Cependant, contrairement à l’Italie, ces pays ne sont que peu desservis en autoroutes. Les axes sont essentiellement constitués des routes principales qui offrent l’accès à toutes les grandes villes et tous les centres balnéaires. Routes principales autour de la Mer Adriatique 40 L’échelle de la ville 41 4. L’échelle de la ville Igea Marina.................................................................................................................................................63 Introduction...........................................................................................................................................65 Histoire de la ville...................................................................................................................................67 Contextualisation...............................................................................................................................67 Historique du tourisme d’Igea Marina...............................................................................................68 Première étape : arrivée du chemin de fer.......................................................................................69 Deuxième étape : l’apparition des petites villas...............................................................................70 La Création d’Igea Marina.....................................................................................................................71 Vittorio Belli........................................................................................................................................71 L’utopie et la naissance.....................................................................................................................73 Le plan de la ville..............................................................................................................................75 La pinède..........................................................................................................................................76 Son développement...............................................................................................................................77 Troisième étape : la vingtaine du développement du tourisme........................................................77 Quatrième étape : du tourisme à l’industrie......................................................................................79 La ville actuelle......................................................................................................................................82 Analyses urbaines.......................................................................................................................................83 La ville et ses quatre paysages........................................................................................................84 Les limites territoriales.......................................................................................................................86 La mer...........................................................................................................................................86 Le train...........................................................................................................................................86 La super strada, la SS 16................................................................................................................88 Les axes de circulation secondaires.................................................................................................88 42 La fragmentation urbaine..................................................................................................................92 L’analyse programmatique................................................................................................................94 Le rapport à l’eau............................................................................................................................100 Le rapport à la plage.......................................................................................................................104 La végétation...................................................................................................................................106 Analyses statistiques............................................................................................................................109 Le tourisme a Igea Marina..............................................................................................................111 Les moyens de transports des touristes.........................................................................................114 Analyses subjectives............................................................................................................................116 Promenade dans la ville touristique................................................................................................118 Promenade dans la ville permanente.............................................................................................128 Promenade dans la cité des colonies.............................................................................................136 Promenade dans la ville agricole....................................................................................................146 Synthèse.............................................................................................................................................150 43 Igea Marina 44 Igea Marina Introduction Venise Bologne Igea Marina Commune de Bellaria Igea Marina Florence Ancône Commune de RImini Rome Igea Marina est une petite ville moderne, couplée à Bellaria, sise tout au nord de la province de Rimini en Emilie-Romagne. Son emplacement stratégique au centre de la côte Adriatique et, plus précisément dans le centre méridionale de la vallée du Pô, permet de rejoindre aisément les grandes cités adjacentes telles que Rimini au sud ou Ravenne et Venise au nord. Dotée d’une grande infrastructure touristique, elle accueille aujourd’hui de nombreux touristes venant de toute l’Europe et du monde. Bari Naples Péninsule Italienne Emilie-Romagne Commune de Bellaria - Igea Marina Province de Rimini avec ses 27 communes 45 46 Bordonchio - Igea Marina - Catasto Calindri 1762 / 1774 46 Histoire de la ville Contextualisation Dans les années 1800, au nord de la commune de Rimini, s’était développée une série de petites agglomérations d’habitations formées par les hameaux de Borgo Osteria, Cagnone et Bordonchio, connus plus tard sous le nom de la ville de BellariaIgea Marina. A cette époque, ce vaste territoire n’était formé que de quelques petites cabanes faisant office de maisons pour les familles des pêcheurs et des paysans qui y travaillaient. Contrairement à Rimini, qui était, au même moment, un village peuplé et relativement urbanisé, la partie nord de la commune était encore à l’état rural. Ce territoire, de 18 km2, était découpé par trois limites principales. La première séparation était donnée par le fleuve Uso qui subdivise, encore aujourd’hui, les deux Carte de la région Bellaria - Igea Marina en 1774-1787 bourgades, partant de la mer et s’immisçant jusqu’à l’intérieur du territoire en Valmercchia. Cette limite, sans tenir compte de l’omniprésence du bord de mer, constituait la seule frontière à caractère naturel. La seconde était donnée par la rue principale, l’antique Via Romea appelée aussi Littorale, située à 1 km de la mer, et par laquelle transitait le flux routier menant à Rimini au sud d’une part, et à Cesenatico-Ravenne au nord d’autre part. Cette artère était alimentée par de fines ruelles qui permettaient d’accéder aux maigres hameaux disséminés dans tout le centre nord de la province ainsi que dans les villages situés dans la province voisine. Le dernier axe, construit plus tard dans les années 1880, était constitué par l’axe ferroviaire qui permettait de relier Ancône à Ravenne.. 47 Histoire du tourisme d’Igea Marina Comme pour la plupart des cités balnéaires, l’histoire du tourisme de la ville Bellaria-Igea Marina suit dans les grandes lignes l’évolution qui se déroule en Europe. • 1920 - 1940 Ces vingt années incarnèrent la véritable explosion du développement touristique dans la ville. Elle se construit cependant autour de cinq périodes totalement intrinsèques à sa situation géographique et à sa politique. • 1950 – 1970 Ces quelques années reflétèrent un énième tournant dans l’histoire du tourisme. Sa forte importance au niveau touristique fit naître une nouvelle notion économique : L’industrie du tourisme. • 1843 – 1885 La première phase est née avec l’impact de l’arrivée du chemin de fer dans la région et spécifiquement au le nord de la province de Rimini. • 1885 – 1920 Cette étape coïncidait avec l’apparition d’une nouvelle mode apportée par les touristes fortunés. Ces derniers, voulant bénéficier d’un confort répondant à leur statut social, promouvaient la construction des petites villas de vacances au bord de la mer Adriatique. Cette période comprenait aussi l’élément fondateur le plus marquant pour cette future cité : La réalisation de l’utopie de Vittorio Belli. Carte de la région Bellaria-Igea Marina en 1894 • 1970 – aujourd’hui La dernière étape de son évolution est marquée par la présence de nombreuses et diverses crises qui bousculèrent une industrie qui, en cet instant, était de grande ampleur. 48 Première étape : l’arrivée du chemin de fer A la fin du 19ème siècle, le village principal, Bellaria, comptait une centaine d’habitants et était muni d’une poste, d’un télégraphe et de quelques petits magasins. Tandis que Bordonchio n’était encore qu’un ensemble épars de cahutes de pêcheurs et paysans regroupées autour d’une église. Malgré cette différence, la future commune se présentait comme totalement assujettie au monde rural. Les premiers travaux de modernisation de ce territoire arrivèrent avec l’accomplissement du tronçon ferroviaire Ravenne–Ancône au dos des dunes du littoral. Le premier tracé qui devait permettre de relier Rimini à Ravenne commença en 1880. Le deuxième, arrivant jusqu’à Ferrara, se réalisa un peu plus tard, en 1889. Durant ce chantier, la possibilité de la conception d’une escale fut offerte à Bellaria. Celle-ci se réalisa en 1885, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités de communication entre le sud et la Vénétie. Ce nouvel aménagement provoqua de grands changements au sein de la communauté villageoise. Il représenta en effet, le premier grand tournant dans l’histoire du tourisme de cette future commune. Avant cette amélioration, les seules personnes qui se rendaient dans cette bourgade, cherchant les bienfaits de la plage et de la mer, étaient Chemin de fer de Bellaria début 1900 les habitants des villages jouxtant Bellaria. Grâce à cette halte, les distances se raccourcirent et offrirent aux familles plus éloignées la possibilité de jouir des mêmes bienfaits que ces plages mettaient à disposition. Ainsi, une centaine de familles de la petite et moyenne bourgeoisie, venant des villages de l’intérieur du pays, pouvait se permettre le voyage. A travers cette nouvelle tendance, les familles cherchèrent à parcourir des séjours de plus en plus longs, souhaitant ainsi demeurer plus longtemps au bord de la mer. Pour répondre à cette exigence, les villageois, pêcheurs pour la grande majorité, offraient aux baigneurs leurs humbles demeures, souvent constituées uniquement d’une chambre et d’une cuisine. Tandis que les premiers se voyaient dans l’obligation de déménager pour un laps de temps déterminé, prenant place dans le poulailler ou dans une autre petite maison en leur possession située à l’intérieur des terres. Toutefois, ces bâtisses étaient précaires par rapport à leur maison principale. Cette nouvelle pratique, démontre l’incapacité du village à assouvir les besoins des vacanciers. Elle marquait le début de la transformation de petites agglomérations en nouveau village balnéaire. 49 Deuxième étape : l’apparition des petites villas Malgré la nouvelle capacité de transport offerte par l’arrivée du train permettant de rompre l’isolement dans lequel se trouvait la cité, l’évolution touristique était encore extrêmement lente durant ces quarante premières années. Toutefois, il faut soulever que cette infrastructure provoquerait une forte augmentation de la démographie des centres urbains et des bords de mer. La seule information prouvant la mutation de cette bourgade est mise en évidence par la variation statistique des habitants présents dans le centre urbain du village de Bellaria. En effet, au début, le pourcentage de personnes y résidants était de 5%. Mais en dix ans, de 1881 à 1891, ce rapport passait de 5% à 45%. Ceci démontre l’intérêt grandissant que le centre, et par la même occasion, le tourisme avaient sur les villageois de ce lieu. L’ampleur du phénomène touristique est représenté par une nouvelle volonté de la part des touristes de la haute société. En effet, ces derniers souhaitaient pourvoir bénéficier des bienfaits de la mer et de la plage avec leurs familles, mais aussi avec tout le confort auquel ils avaient habituellement ac- Petits villas de vacances de Bellaria-Igea Marina en 1915 cès. C’est pourquoi, une nouvelle mode d’hébergement était née. Ces vacanciers, toujours issus de l’aristocratie, choisissaient de se faire construire une résidence secondaire au bord de la mer. Cette pratique marqua son temps comme celle de l’apparition de petites villas à deux pas de l’eau. Ces villas étaient toutes construites selon le même principe. Elles étaient généralement à un étage seul étage et surélevées par rapport au niveau du jardin. Ce n’est qu’à partir du moment où la petite bourgeoisie s’intéressa au tourisme que surgirent les premiers petits hôtels et pensions. Cette deuxième nouvelle tendance influença le rapport que les habitants de Bellaria entretenaient avec les vacanciers venus se prélasser au bord de la mer. Le premier hôtel conçu dans cette ville est l’hôtel Miramare, ouvert en 1903 et jusqu’à aujourd’hui. Pendant cette phase de transformation, le littoral de cette région, influencé par l’impact du tourisme, voyait la naissance d’une nouvelle ville : la cité balnéaire d’Igea Marina de Vittorio Belli. 50 La création d’Igea Marina Vittorio Belli Vittorio Belli, né le 6 janvier 1870 à Rimini, est issu d’une ancienne famille bourgeoise. Son grandpère, Vittorio Tisserand, était un important entrepreneur français, épousa une bourgeoise de Rimini. Troisième né d’une famille nombreuse, sa mère le nomma tout de même du prénom de son aïeul, symbole de son futur grand talent d’entrepreneur et fin politique. A la mort de sa mère, il fut placé une année en internat à Ferrara. Médiocre élève, il fut tout de même admis à la faculté de médecine de Bologne, où il brilla par ses résultats malgré son pauvre intérêt pour la branche. Malgré une carrière académique imposée par son père, il fut élève et ensuite assistant à la fin de son cursus du très célèbre médecin et chercheur Augusto Murri. Toutefois, son amour s’était depuis toujours porté sur l’archéologie et les beaux-arts. Pio et Luigi en Afrique, en Ouganda et en Erythrée. A ce moment là, il s’intéressait à la botanique tropicale. A son retour en Italie en 1904, il choisit de changer de voie, et d’accomplir son rêve de toujours : fonder une cité balnéaire basée sur les valeurs de la nature et de la culture, destinée à une élite de studieux. Il le réalisa grâce à la ville d’Igea Marina dans laquelle il conçut le projet d’un centre de villégiature, dédié à une élite de cultivés, muni d’une pinacothèque, d’un musée et d’une bibliothèque avec le portrait de Raffaël, et enfin sa pinède qui aura grande importance. Il poursuivit son expérience auprès de ses frères Vittorio Belli en 1910 51 0 1 2 Probablement construite sur l’ancien tracé de la Via Romea 500 3 La «Viòna» La «Ariazùl» La Super Strada SS 16 100 Réseau ferroviaire Fleuves et rivières 1 Rio Pedrero 2 Rio Pircio 3 Uso 52 L’Utopie et la naissance d’Igea Marina A 35 ans, Belli accomplit enfin le rêve de sa vie. Il projeta un lotissement composé de vastes parcelles au nord de Rimini vers Bellaria, proches de la mer. A cet endroit, la plage était encore libre d’interventions urbaines qui avaient déjà commencé à modeler le littoral dans la région de Rimini. vaient le blé, les patates et le chanvre. A cette époque, le territoire était principalement couvert de basse végétation. L’unique parcelle arborisée, était une pinède de 26’000 m2, propriétée des comtes Nadiani, située dans la future ville touristique en bord de mer proche du fleuve Uso. Belli choisit cette terre pour la qualité de sa plage. En effet, contrairement aux situations existantes dans les proches petites cités balnéaires soumises à l’érosion, la rive de Bordonchio possédait un terrain stable avec une plus large avancée vers la mer. Le 28 février 1906, Vittorio Belli acheta la propriété du comte Spina pour la somme de 10’000 lires. Le terrain était annoncé comme une terre située à Bordonchio dans la commune de Rimini, en zone marine et avec une plage de bonne qualité et délimitée latéralement par la ligne du chemin de fer Ferrara-Ravenne-Rimini. Juste avant la création de ce grand projet, le territoire de la ville balnéaire était divisé en deux bandes de terre le long de la mer. La première, la «Viòna», d’une dimension de 2,5 km par 300 m, deviendrait le berceau de la première ville balnéaire et la deuxième, la «Ariazùl», de 2 km par 300 m, où, plus tard, se bâtirait la cité des colonies. Avant les interventions de transformations, le site était composé de dunes sablonneuses et peu fertiles, utilisées comme pâturages. Ils s’étiraient à l’intérieur du pays, jusqu’aux champs, où ils culti- Les rives d’Igea Marina début 1900 Dans ce terrain, il concrétisa son rêve. Il put enfin créer un centre balnéaire permettant aux lettrés et aux studieux de se reposer, dans un cadre apportant d’une part, apaisement physique à travers les bains de mer, de soleil et les espaces sportifs, et d’autre part, détente intellectuelle par la présence d’un musée, d’une bibliothèque et d’une pinacothèque. Son idéal chercherait à compléter ce complexe par l’implantation d’un centre hydrothérapeutique. 53 En suivant donc la maxime «mens sana in corpore sano», il voulut honorer sa cité en la dédiant aux dieux. Il choisit comme premier nom Igea1, fille d’Asclépios, déesse de la santé, de la guérison et du bien public. Le terme «Marina» a été ajouté plus tard avec l’apparition des premières colonies marines. 1 Hygie en français 54 Le plan de la ville Le plan de Belli prévoyait une véritable urbanisation de ce terrain encore à l’état brut. Son aménagement était composé de manière régulière et suivait une disposition orthogonale. Le plan régulateur de la nouvelle cité balnéaire était premièrement constitué d’une route perpendiculaire à la mer plus large que les autres, mesurant peut-être une dizaine de mètres. Elle divisait le territoire qui s’étendait de la mer jusqu’au tracé du chemin de fer. De ces deux parties, il en découlait sept ou huit îlots rectangulaires, chacun d’eux fragmentés en huit parcelles. Près de la mer, les îlots étaient plus petits et ne possédaient que quatre parcelles. La dernière ligne du plan comprenait des îlots rectangulaires placés côte-à-côte le long du chemin de fer et comptait vingt-huit parcelles. Au totale, la ville comptait deux-cent parcelles aux dimensions standardisées de 25 x 25 m2 ou 25 x 20 m2. Les routes parallèle à l’axe principale étaient larges de 6 m et étaient dédicacées à différents poètes latins. L’axe principale du lotissement, prolongé par la rue du cimetière de Bordonchio, était dédié au poète Ennio. La route principale parallèle à la mer du côté du chemin de fer était au nom de Virgile, la deuxième parallèle à Tibullo. Plan d’Igea Marina de Belli, paru en 1906 Pour les rues secondaires, à gauche du grand axe perpendiculaire, en commençant les rues en direction de Bellaria, se trouvaient les rues Silvio Italico, Giovenale, Marziale, Propenzio, Terenzio, Catullo, Lucrezio, et à droite Lucilio, Apuleio, Fabio Quintiliano, Cornelio Tacito, aulo Gellio. Ce qui démontre la caractéristique d’une ville intellectuelle. Au départ, la route du littoral n’existant pas encore, l’accès à cette nouvelle cité se faisait par Bordonchio le long de la route longeant le cimetière. En 1919, cette route était enfin intégrée au système routier de la commune de Rimini avec le nom de Traversa Igea. Elle prenait ainsi une importance supérieure et était entretenue de la même manière que toutes celles appartenant au même réseau. Cette volonté urbanistique apparut, pour la première fois, dans le périodique «il gazzettino verde» durant l’été 1906. La légende vantait un plan régulateur de la localité divisée en deux-cent parcelles constructibles, en communication directe avec la mer et les larges vallées ombragées. Elle révélait la présence d’une source d’eau souterraine, abondante et précieuse. 55 La pinède Le village était disposé au sein d’une pinède, élément fondamental conçu par Belli, lui-même. Malheureusement, nous n’avons trouvé aucun plan représentant cette pinède. Aujourd’hui, il ne reste que des traces de sa volonté visibles à travers les quelques pins bordant les rues. En 1930, Belli définissait tout le lotissement selon les termes suivant : «Rimini–Igea Marina. La pinède suit le plan régulateur. Les vallées ombragées et les parcelles constructibles sont entourées de pins et de sousbois très variés et délimitées par des allées de conifères, dans la plus belle et salutaire localité Riminèse.»1 Au sein de sa pinède, il avait aussi fait creuser une vasque ronde contenant l’eau de source, de 10 m de diamètre. Ce vivier contenait des poissons rouges. Avec le sable récupéré de la cavité induite par l’excavation de la vasque, il choisit de bâtir une petite montagne sur laquelle trônaient deux bancs de pierre. Après sa mort,survenue en 1953, les héritiers vendirent leurs parcelles sans toutefois respecter les choix faits par Belli. Ceci pourrait donner une première explication au totalement changement d’aspect de la vile. Dans sa volonté originelle, chaque parcelle devait contenir une villa d’un étage maximum. Ainsi, sa cité n’aurait pas pu être envahie par des constructions hautes, du type hôtel ou immeuble locatif, ce qui est le cas aujourd’hui rendant l’espace de circulation restreint et très sombre. 1 Marina Citation tirée de : La realtà e il mito del fondatore di Igea La pinède de la ville d’Igea Marina de Belli Le lac de la pinède 56 Son développement Troisième étape : la vingtaine du développement du tourisme Cette ville s’implantait tout de même, malgré sa nature ex-nihilo, dans la continuité du développement touchant la région et essentiellement Bellaria. Réalisée en 1920 après les nombreuses tentatives de la part de Vittorio Belli, la halte du chemin de fer a marqué une étape décisive dans l’évolution de cette petite ville. Cette grande avancée ne fut cependant pas évidente. Ce n’est que grâce à la vive recommandation d’un notable de la région que cette petite cité balnéaire s’est vue enfin connectée au réseau ferroviaire. En effet, sans le savoir, Belli soigna le frère du secrétaire particulier du directeur général du département des chemins de fer italiens. Celui-ci lui octroya sa gare en remerciement. Précédemment, celle-ci ne lui avait jamais été cédée malgré les années de demandes inutiles adressées à l’administration ferroviaire qui n’avait jamais pu imaginer le développement fulgurant de cette localité. Toutefois, la gare n’était desservie qu’en été dans un premier temps. L’utilisation annuelle n’est arrivée qu’après 1932. Cette époque connaissait une importante mutation. De petit village de pêcheurs et paysans avec quelques villas de vacanciers, se développa un début de cité balnéaire de la valeur de Rimini. Igea Marina n’était Plan du cadastre d’Igea Marina, 1953 pas uniquement propriété de Belli. Les comtes Nadini possédaient une Villa et une pinède au dos du fleuve Uso dans la partie appelée «Viòna». Confrontés aux problèmes créés par les habitants de cette bourgade qui risquaient de perdre leur statut de pêcheurs et paysans avec le développement touristique, il devint difficile aux Nadini de protéger leur pinède des voleurs de bois, d’aiguilles et de pommes de pins. En 1923, ils décidèrent de parcelliser leur pinède et, en 1927, de vendre leur villa ainsi que les terrains à la société des chemins de fer nationale. Celle-ci y implanta une colonie de 300 lits pour les orphelins de cheminots. C’est le début des installations de grande envergure côtoyant les petites villas privées. En l’espace de 15 ans, le tourisme allait toutefois prendre de l’ampleur pouvant rivaliser au développement survenu à Rimini. Cette croissance évoluait à travers trois éléments moteurs : • L’augmentation exponentielle de la croissance des présences touristiques • La création des colonies marines pour les enfants • La tentative de création d’un tourisme de luxe à Igea Marina 57 Par le biais de la politique eugénistique du régime fasciste mais aussi en concordance avec les attentes de Belli, une Cité des colonies, située dans la partie de la ville à la frontière avec Torre Pedrera, avait été prévue. Les colonies, qui étaient en général des œuvres publiques, s’accompagnèrent de villas, pensions et hôtels. Une nouvelle communauté commençait à s’affirmer, stimulée par les activités de Belli et de la nouvelle gare. Dans le guide pratique, des lieux de séjour et de cures présents en Italie, édité à Milan en 1933, Igea Marina était présentée avec sa nouvelle identité de cité balnéaire désormais affirmée. «Petite bourgade composée de maisonnettes et de villas isolées, avec jardins et routes bordées d’arbres, proche de la plage longée par une route de bord de mer avec des dunes et une pinède. La plage, d’une largeur d’une quarantaine de mètre, plate, est composée de sable très fin et homogène, orienté E-N-E. Elle descend à la mer en pente douce, donnant au lieu un trait d’eau basse sur envi- La Colonie O.P.A.F.S., Igea Marina ron huitante à cent mètres. Des cabines en bois sont situées en file le long de la plage. Le prix de location comprenait villas ou logements, accès aux tentes à voiles et parasols. Services d’entretien de la plage, surveillance et sauvetage par le biais de personnel qualifié, est assumé par l’association autonome de Rimini.» La tournure de l’évolution d’Igea Marina ne plaisait pas à Belli, qui n’arrivait pas à s’accorder avec les patrons des hôtels et des pensions. Cette perspective de développement élitaire marginalisait les premiers habitants de ce territoire qui peinaient à comprendre la mentalité raffinée et bourgeoise des Nadiani et de Belli. Le deuxième après-guerre a vu le territoire d’Igea Marina se transformer rapidement pour accueillir des flux migratoires provenant des aires voisines et de l’entreterre. Des familles avant dévouées à l’agriculture et à la pêche arrivaient pour s’investir dans le tourisme. De cette manière, Igea Marina a, peu à peu, fini par surpasser en nombre les hôtels présents à Bellaria. La Colonia Pavese, Igea Marina 58 Quatrième étape : du tourisme à l’industrie Un nouveau début commença après la deuxième guerre mondiale. Le tourisme s’était développé à tel point qu’il finit par atteindre le statut de tourisme de masse. Ce changement provoqua la mutation des modèles. Dans le guide du Touring Club Italien, «Marina d’Italia», éditée à Milan en 1951, l’augmentation du nombres des pensions était une preuve de la transformation en cours du caractère de la localité. «Igea Marina est située à 3 km au sud-est de Bellaria, le long du littoral adriatique. Maisonnettes et villas isolées, alignées sur la voie ferroviaire menant à Rimini. En face : dunes et plage suffisamment large. Sable fin, cabines en bois. Au sud-est de Rimini et, plus loin, le promontoire de Gabicce. Au dos du chemin de fer, la tache foncée d’une petite pinède littorale, paradis des enfants. » Pendant cette grande avancée touristique, se démarquaient les vestiges du projet rêvé de Belli. La guerre avait détruit toute initiative et volonté. La pinède, un temps joyau de ce nouveau centre balnéaire de prestige, avait été presque entièrement déracinée par les soldats anglais troquant le bois Le bord de mer à Igea Marina, 1960-1970 de chauffe pour les villageois contre des bouteilles de vins. Durant les années 1960, la construction s’emballa sans réelles règles d’urbanisation et ne suivant plus totalement celles édictées par Belli. Les nouvelles infrastructures envahissaient les espaces restants ainsi que la plage. En effet, cette frénésie constructive se prolongeait même sur le rivage outrepassant ainsi la route du littoral. Dans les années 1980 à 1990, un autre problème chassa les touristes de cette cité. A la fin de l’été 1984, les eaux de la mer subirent leur première véritable pollution recensée. La mer se remplit de micro algues et se teinta ainsi de rouge. Survenant tard dans la saison, l’impact négatif ne fut que de moindre conséquence. Toutefois, ce même problème réapparut quelques années plus tard, en 1989, en début de saison, les touristes n’avaient plus que le choix de quitter Igea Marina, laissant derrière eux, cette mer remplie de mousse gélatineuse. Ce qui provoqua de grosse s pertes pour l’économie touristique locale. 59 Plan directeur d’Igea Marina de 1946 60 Confin de la ville touristique de Belli Limites des parcelles déjà présentes dans le plan initiale Plan d’Igea Marina - 1956 La ville actuelle Dans les années 1980, une nouvelle modification urbaine de la ville commença à s’opérer. En effet, avec le développement de nouvelles zones résidentielles au dos du chemin de fer, une progressive dépopulation de la zone touristique s’est déclenchée. L’habitat, qui avait initialement maintenu le double programme d’hébergement touristique en été et habitations privées, se voit exclusivement destiné au tourisme. La monopolisation de ce milieu par les programmes destinés au tourisme, a donné lieu à un phénomène urbain très particulier. En effet, hors saison, la ville d’Igea Marina est totalement désertée indépendamment du fait, qu’elle se situe dans un territoire densément urbanisé. Le bord de mer du début du 20ème siècle L’espace touristique est devenu une bande territoriale de cette région de bord de mer romagnole, sans début ni fin, mais seulement une succession de surfaces où, année après année, chaque profondeur historique, chaque persistance architecturale va se dissoudre dans les nouvelles agglomérations et édifications. Aujourd’hui, ce qui reste de la ville initiale d’Igea Marina est une véritable cité de touristes avec uniquement la présence d’hôtels, pensions et appartements à louer pour les vacances, séparée d’une cité de colonies fantôme, d’un espace strictement agricole et d’un village. 62 Analyses urbaines 63 La ville et ses quatre paysages Suite à notre visite in situ de la ville d’Igea Marina effectuée au mois de septembre 2011, une première hypothèse a été soulevée. Cette cité serait fragmentée en quatre parts qui, unifiées, créent la ville actuelle. 4 3 2 1 Ce premier constat subjectif va nous permettre de nous poser de nouvelles questions afin de nous apporter une meilleure connaissance de cet endroit. Le travail d’analyse objectif qui s’en suit, permettra de s’immiscer plus profondément dans cette ville et de découvrir les véritables caractères intrinsèques à l’urbanisation qui ont façonné ce lieu. Les quatre paysages : 1 – La ville touristique Elle se développe à partir du noyau historique de la ville de Belli tout en gardant les mêmes limites physique, soit le chemin de fer et la route cantonale. Elle est à caractère saisonnier. 2 – La ville permanente Elle se trouve au dos de la ville touristique, audelà du chemin de fer. Elle est habitée toute l’année. 3 – La Cité des Colonies Elle s’étend en continuité de la ville touristique, en restant, elle aussi, limitée par le chemin de fer. Elle se prolonge jusqu’à la prochaine ville au sud, Torre Pedrera. Elle se pratique principalement de manière saisonnière. 4 – La ville agricole Elle incarne le dernier paysage complétant l’entité de la ville. Elle est au dos de la Cité des colonies. Elle est utilisée de manière saisonnière Les quatre paysages de la ville d’Igea Maria 64 0 100 500 4 2 1 3 IGEA 1 La ville touristique 2 La ville permanente 3 La ville des Colonies 4 La ville Agricole 65 Les limites territoriales et axes de circulation Le territoire dans lequel s’implante la ville d’Igea Marina est subdivisé par un tracé de circulation principalement horizontal. Trois limites principales marquent cet espace : la mer, le train et la SS 16. La mer La mer représente la première limite physique territoriale. Elle délimite la ville sur toute sa longueur et se trouve en connexion directe avec les paysages à caractère touristique à savoir, la ville touristique et la Cité des colonies. Le train Le moyen le plus aisé pour accéder à la ville demeure encore aujourd’hui le train, dont le tracé a été planifié en 1880. L’objectif premier a, depuis toujours, été de relier les grandes villes présentes sur la côte adriatique. Grâce à ce tronçon, la ville d’Igea Marina est connectée à Rimini et à Cesenatico, premières villes d’ampleur, situées à proximité. La gare d’Igea Marina en 2011 Au départ, l’emplacement le long des rives du chemin de fer était motivé principalement pour des raisons fonctionnelles. En effet, cette contiguïté offrait un avantage certain pour les pêcheurs. La courte distance facilitait les transports de marchandises. Plus tard, elle aida au développement de son tourisme en rendant la ville plus accessible. Cette donnée initiale collabore à la création de l’image actuelle de ville qui deviendra, à partir des années 1906, une nouvelle cité balnéaire. Cet axe de circulation a une importance prépondérante dans l’image urbaine que renvoie la ville. Il devient une barrière entre le bord de l’eau et ses aménagements d’une part, et de la ville permanente d’autre part. Ceci implique la présence de deux villes indépendantes réunies en une seule entité. Cet axe représente aussi une limite qui empêche un développement libre de la ville touristique qui se trouve coincée dans la fine bande longeant le rivage et le chemin de fer. 66 0 1km 5km Rimini Igea Marina Cesenatico Réseau ferroviaire de la côte Adriatique Réseau routier communale Réseau autoroutier Réseau autoroutier Direction Ancône - Ravenne Axes perpendiculaires à la mer - SP Axe parallèle à la mer - Super Strada SS 16 Axe arallèle à la mer - A14 67 La super strada, SS 16 En raison du grand développement urbain de la côte adriatique ainsi que de l’essor de l’automobile au début du 20ème siècle, il est devenu nécessaire de développer un axe routier principal. La super strada adriatica, SS 16, est le deuxième axe plus important dans la région. En effet, elle longe la côte adriatique et permet de relier les villes italiennes majeures au bord de l’eau à l’autoroute, pour, plus tard, les relier au reste de l’Italie. Cette troisième limite, associée au chemin de fer, contient le développement des villes telles qu’Igea Marina. Les axes de circulation secondaires Outre les trois premières limites, viennent s’ajouter deux autres niveaux de circulation secondaires destinés principalement au trafic automobile. A l’intérieur de l’espace délimité par la mer et la SS 16, deux systèmes de réseau routier se côtoient. De plus, l’agglomération est desservie par un réUne rue de la ville touristique bordée d’hôtels d’Igea Marina seau interne. D’une part, par le réseau cantonal représenté par la Via Ravenna à l’ouest et, à l’est, par la Via Alfonso Pinzon et d’autre part, elle est parcourue par une grille de ruelles communales parmi lesquelles, il n’existe aucune hiérarchie. Vélos, voitures et piétons se côtoient indifféremment. Malgré leur même importance, les ruelles se ramifient de manière différente dans chaque paysage. En effet, quatre typologies peuvent être observées. Dans le premier paysage, les ruelles sont dessinées selon un quadrillage orthogonal qui découle du plan masse initial de Belli. Toutefois, une évolution se présente dans ce maillage, respectant toujours les principes de bases. Dans la ville permanente, le développement de ce réseau évolue en quartiers, créant ainsi des pôles d’activités. Le troisième paysage possède une rue principale à laquelle viennent se greffer les petites ruelles qui desservent l’une ou l’autre colonie. En dernier, la vie agricole demande un dessin particulier. C’est pourquoi, les rues suivent les besoins de l’emploi de la parcelle agricole. 68 0 Réseau ferroviaire de la côte Adriatique Réseau routier Sous-passages pour traverser les voies de Direction Ancône - Ravenne Axe parallèle à la mer - Super Strada SS 16 chemins de fer Il y en a 7 sur les 7km de longueurs de la ville 100 500 Ligne imaginaire de séparation des paysages 69 0 100 500 2 3 1 Réseau de routes cantonales 1 Via Alfonso Pinzon 2 Via Ravenna Réseau de routes communales 3 Via Tibullo 70 La fragmentation urbaine L’hypothèse initiale d’une ville morcelée en quatre entités distinctes incite à soulever un certain nombre de questionnements cruciaux à la compréhension de l’urbanisation de la ville d’Igea Marina. Ce chapitre traite plus spécifiquement de la notion de fragmentation urbaine à travers la non cohérence de la masse bâtie. La ville apparaît clairement fragmentée et éclatée, constituée par des paysages qui, au premier abord, n’ont aucune cohésion d’ensemble. Elle permet aussi d’appuyer notre recherche empirique, accomplie sur le site, et la mise en évidence du rapport existant entre la surface bâtie et le parcellaire. Cette analyse a permis de faire ressortir une palette de trois différents niveaux de densité : tique • La moyenne densité qui caractérise la Cité des Colonies ainsi que la ville permanente • La faible densité dans la ville agricole. Cependant, la ville permanente développe une caractéristique qui lui est propre. A l’échelle de son paysage, elle possède une moyenne densité, mais en regardant de plus près, trois zones d’habitations, disposées autour de l’unique parc urbain, apparaissent avec une forte densité similaire à celle de la ville touristique. Cette disposition pourrait trouver son origine dans le développement historique de la région. A savoir, au début du 20ème siècle encore, ce territoire était parsemé de petites maisons de pêcheurs à partir desquelles sont nés les hameaux qui constituent aujourd’hui les différents quartiers de la ville permanente. • La forte densité présente dans la ville touris- Vue de la ville touristique depuis la ville permanente en 2011 71 Réseau ferroviaire de la côte Adriatique Réseau routier communale Réseau autoroutier Réseau autoroutier Direction Ancône - Ravenne Axes perpendiculaires à la mer - SP Axe parallèle à la mer - Super Strada SS 16 Axe arallèle à la mer - A14 72 L’analyse programmatique Dans la ville d’Igea Marina, chaque paysage est définit par un programme particulier. Nous avons noté que la disposition des équipements correspond au besoin du paysage dans lequel il se trouve. C’est pour cette raison que les équipements dans le domaine du tourisme, qui sont de l’ordre de la détente et du bien-être, se trouvent tous réunis dans la ville touristique. Celle-ci est essentiellement constituée d’hébergements touristiques tels qu’hôtels, principalement des 3*, mais on retrouve aussi, dans une moindre mesure, les 2* et les 1*. les hôtels 4* et 5* sont extrêment rares. Ce qui conforte la caractéristique d’un tourisme de masse dans la région. Ainsi, la clientèle, constituée majoritairement de retraités et de familles avec enfants en bas âge, recherche avant tout des lieux offrant toutes les commodités nécessaires à des prix raisonnables. Quelques pensions et appartements à louer sont disséminés parmi les hôtels. Dans la ville permanente, prennent place les équipements publiques propres à chaque ville. En effet, sur l’axe menant de la gare à l’église de Bordonchio, se greffent le bâtiment de la commune, le centre sportif et le cimetière. L’utilisation tout au long de l’année est le point commun qui réunit ces programmes. Le troisième paysage, soit la cité des colonies, se rapproche de la ville touristique de par la saisonnalité de ces activités. En effet, au départ, elle contenait les colonies marines pour les enfants durant les vacances d’été se transformant en ville fantôme le reste de l’année. Actuellement, son programme n’est plus clairement défini. Les anciens bâtiments des colonies esrvent à accueillir des programmes tels que homes, cliniques, auberges et instituts pour les personnes handicapées. Le dernier paysager est organisé autour de la problématique de l’agriculture, les programmes qui lui sont liés sont les champs cultivés et les serres. Pour compléter l’offre touristique, de nombreux petits magasins et autres restaurants, gelateria et bars se positionnent le long de l’axe principal, la via Tibullo, La Cité des colonies Plage d’Igea Marina dans la ville touristique en 2011 73 0 Hébergements de vacances Hôtels Restaurations et bars Commerces Magasins vestimentaires Pensions Salons de coiffure Appartements à louer Kiosques Masse bâtie 100 500 74 0 100 500 1 2 3 4 5 7 6 IGEA Équipements publiques 1 Eglises de Bordonchio 4 Centre sportif - salle de gymnastique 2 Centre sportif - piscines 5 Centre communal 3 Cimetière de la ville 6 Terrain de foot communal 7 Gare Zone industrielle Carrosserie Magasins de gros Magasins de meubles Organisme de crédit Artisanat Masse bâtie 75 0 100 500 IGEA Bâtiments des colonies marines existantes Masse bâtie 76 0 100 500 IGEA Serres Masse bâtie 77 Le rapport a l’eau La région de Bellaria-Igea Marina et ses environs a depuis toujours été une territoire agricole et de pêche. Le rapport que les habitants entretenaient avec la nature qu’elle soit végétale ou marine à toujours été basé sur une relation de subsistance. Avec la fondation d’Igea Marina, en 1906, le bord de mer acquiert un nouveau statut. Il devient synonyme de santé, bien-être et de savoir. Cependant, la ville dans son ensemble entretient un rapport ambiguë avec l’eau. Effectivement, la ville touristique est entièrement tournée vers la mer. Cette particularité est représentée par les entrées des bâtiments tournées vers la mer. Malgré cette caractéristique, il suffit de dépasser la première rangée d’hôtels pour perdre tout contact visuel avec le bord de l’eau. Ainsi, lorsque nous nous trouvons au centre de la ville, les seuls échappées visuelles restantes sont celles offertes par les rues perpendiculaires. Mer de Rimini Bien que, dès le départ, la Cité des colonies chercha à se placer au bord de l’eau pour des raisons de santé et de bien-être des enfants, elle n’a toutefois pas tenu compte de ce facteur dans l’aménagement de son plan directeur. En effet, les entrées de tous les bâtiments des colonies sont dirigées vers la route du Littoral tandis que le côté cour, soit celui regroupant les principales activités, tourne le dos d’une part vers la mer et d’autre part vers le chemin de fer. Ce qui nous permet de dire que la disposition des colonies a été pensée en fonction de la rue et non en fonction du front de mer. Ces observations démontrent le fait que la ville touristique et la Cité des colonies agissent comme filtre imperméable séparant la ville permanente et celle agricole de la mer. La mer représente la limite est de ce territoire. Alors que les rivières de l’Uso et du Rio Pedrera représentent les limites nord et sud. 78 0 1 2 Fleuves et rivières 1 Rio Pedrero 2 Rio Pircio 3 Uso Mer Adriatique 100 500 3 79 Le rapport à l’eau présent de l’autre côté du chemin de fer est totalement différent. En effet, trois diverses formes d’utilisations sont à soulever : • L’eau, le lac urbaine • L’eau, les piscines • L’eau, l’irrigation et les lacs de drainages L’eau urbaine est représentée par le petit lac artificiel sis dans le Parc del Gelso. Il n’a d’autre fonction que celle d’agrément et de contemplation. La deuxième forme d’eau rassemble les piscines présentes dans le secteur des villas et celles de la Lac del Gelso, Igea Marina commune dans le centre sportif du Parc des Gelso. En effet, ce dernier est équipé de trois types de piscines dont une olympique et une pour l’enseignement de la plongée. La troisième forme d’eau est essentiellement présente dans la ville agricole. Elle se définie par l’aménagement d’arrosage et de drainage. Étant une région à forte concentration de serres et champs cultivés, la ville agricole a besoin d’un système d’irrigation adéquat. Celui-ci est composé des trois bassins desservant un réseau de canaux. Tout comme la position des différents programmes, l’eau participe à la définition de l’identité de chaque paysage. 80 0 100 500 3 1 Piscine 1 Piscines des colonies marines 2 Piscines des hébergements touristiques 3 Piscines des villas privées 2 Canaux Lac urbain Lago del Gelso Lacs de drainage 81 Le rapport à la plage Ce qui caractérise une cité balnéaire est non seulement son rapport à la mer, mais aussi celui à sa plage. Igea Marina possède une plage de sable fin qui se prolonge dans la mer avec une pente très douce. Comme sur toute la côte Adriatique, le rivage a toujours été sujet à une forte action de l’érosion. C’est pourquoi, Vittorio Belli a décidé l’édification de barrières rocheuses à environ 180 m de plage. Cette mesure, présente de Rimini à Cesenatico, brise les vagues et rend la plage plus calme et plus facilement accessible aux familles avec enfants en bas âge. Cet élément, pouvant se définir comme un espace unificateur entre les deux paysages touristiques, la ville touristique et la Cité des colonies, est toutefois morcelé et discontinu. La plage est fragmentée en petites zones privatisées appartenant chacune à un hôtel ou à une Plage privée d’un hôtel d’Igea Marina en 2011 colonie en particulier. Elle est envahie de toutes sortes d’équipements tels que parasols, chaises longues, cabines de plages, douches, stands de nourritures, différents terrains de sports comme le beach volley ou la pétanque, positionnés de manière aléatoire. Dans cette dynamique, se trouve le Becky Bay, bar discothèque, connu dans la région comme une attraction nocturne d’importance. Une autre particularité de la rive est illustrée par la construction de colonies directement sur la plage. Ceci la rend encore plus étroite et renforce l’ambiguïté du caractère de ce bord de mer. En effet, on ne sait plus si l’on se trouve dans un lieu public ou s’il est, au contraire, privé et interdit aux autres baigneurs. D’après nous, cette ville n’a pas pensé de manière globale et réfléchie l’aménagement de sa plage. 82 0 2 1 Plage 1 Plage touristiques des hôtes 2 Plage libre 3 Plage de la Foce Masse bâtie 100 500 3 83 La végétation Jusqu’au début du 20ème siècle, la région de Bellaria-Igea Marina était essentiellement un territoire agricole et champêtre, parsemé de quelques habitations construites en argile, pour la grande majorité. Au fur et à mesure de l’avancée de l’urbanisation, la végétation perd du terrain au profit de nouvelles constructions en maçonnerie. Toutefois, le plan Belli, comme il a été énoncé précédemment, prévoyait une cité insérée dans une pinède. La deuxième guerre mondiale fut fatale à ses aspirations. Une des premières conséquences de ce conflit était l’utilisation abusive, par les soldats, des pins pour le chauffage. De nos jours, la présence de la végétation ne semble toujours pas entièrement intégrée dans la réflexion urbaine. L’accroissement de l’urbanisation dans la ville permanente réduit progressivement les parcelles vertes pour n’en laisser que des fragments. Hormis la présence du parc urbain del Gelso qui se définit comme étant le poumon de verdure de la ville, il n’existe aucune concep- Parc del Gelso en 2011 tion paysagère. Les champs disparaissent selon la demande immobilier. L’urbanisation de la ville touristique est poussée à un tel point que la végétation perd totalement sa place au profit des constructions hôtelières. Toutefois, il existe encore quelques traces de la pinède initiale, visibles à travers les quelques allées de conifères et les parcelles avec jardin. Nos recherches n’ont pas permis de démontrer une logique urbaine à cette présence verte. Il serait plus juste de penser qu’elles représentent un geste du passé. A l’inverse de la ville touristique, la ville agricole, quant à elle, est composée d’une multitude de parcelles cultivables segmentées par le réseau de circulation et celui de drainage. A la fin de la deuxième guerre mondiale, pour faire face à la pénurie, la ville agricole, outrepassant la limite du chemin de fer, a envahi les terrains de la Cité des colonies, qui ont été transformés en parcelles constructibles ou agricoles. 84 0 100 500 1 2 Parc urbain 1 Parco del Gelso Champs agricoles Reste d’espaces verts non qualifiée 1 Plage touristiques des hôtes 85 Analyses statistiques 86 Bellaria Igea Marina Arrivées touristes italiens VAR % Arrivées VAR % touristes étrangers Le tourisme a Igea Marina Structures Mois Hôtel Janvier - Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre - Décembre ANNEE 27'763 20ʼ228 44'042 52'659 72'552 16'020 7'399 240'663 13,3% -30,6% -4,6% 9,6% -3,7% 11,1% 0,1% -1,8% 3'754 8'436 9'046 17'873 12'681 7'388 2'320 61'498 27,5% 28,1% -13,1% 5,2% 2,5% 4,6% -1,6% 4,7% Complémentaires Janvier- Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre - décembre ANNEE 1'326 1'252 4,257 4,906 5,124 970 149 17'984 1,3% -35,4% 4,1% 2,7% -16,2% -8,4% 44,7% -7,2% 252 430 558 930 844 541 218 3'773 22,3% 42,4% 10,3% -3,2% 5,1% 4,4% 4,8% 5,1% TOTAL Janvier - Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre – décembre ANNEE 29'089 21'480 48'299 57'565 77,676 16'990 7'548 258,647 12,7% -30,9% -3,9% 9,0% -4,6% 9,8% 0,7% -2,2% 4'006 8'866 9'604 18,803 13'525 7'929 2'538 65'271 27,1% 28,8% -12,0% 4,8% 2,0% 4,6% -1,1% 4,8% Nous avons voulu étayer nos recherches par des données statistiques afin d’avoir une vision tangible du phénomène touristique à Igea Marina, à travers des relevés établis sur les mois les plus significatifs et durant l’année 2010. Nous remarquons qu’Igea Marina est une localité qui accueille les touristes surtout pendant la saison estivale, les mois de juillet et août étant les plus fréquentés. En effet, ce dernier est celui de tous les congés pour les italiens. De plus, ferragosto, le 15 août, représente une des fêtes italiennes les plus importantes et, de ce fait, un moment privilégié pour les italiens de profiter de la mer. De plus, la comparaison des deux tableaux met en évidence le fait que la majorité des touristes à Igea Marina sont des Italiens. Nous expliquerons plus tard leur attrait pour cette région. En outre, les statistiques confirment le fait que la ville est principalement constituée d’hôtels. Comme nous l’avons vu à travers l’analyse programmatique, le pourcentage des structures d’hébergement complémentaires, tels que campings ou appartements, reste très faible. Graphiques tirés de : Provincia di Rimini Movimento turistico mensile nelle strutture ricettive complessive 1997-2011 87 District de Rimini / Capacité réceptive totale disponible au 31/12/2010 Typologie d’hébergement par zone, commune et typologie Hôtellerie Hôtel Complémentaire RTA Total B&B Camping + Aires d’arrêt Bâtiment Chambre Lit Bâtiment Chambre Lit Bâtiment Chambre Lit Bâtiment Chambre Lit Bâtiment Chambre Lit Bellaria Igea Marina 349 11'564 22'370 5 329 348 354 11’893 22’718 3 5 12 5 1’788 4’382 Cattolica 224 8’927 17'540 22 787 1'056 246 9'714 18'596 4 12 23 - - - Misano Adriatico 114 3'881 7'592 5 222 3229 119 4'103 9'921 7 19 40 2 2'560 2'720 Riccione 389 13'427 25'066 17 546 709 406 13'973 25'775 5 15 30 4 7'658 7'140 Rimini 1'022 35'195 65'764 95 3'169 3’567 1'117 38'364 69'331 18 45 86 3 3'090 2'970 TOTAL 2'098 72'994 138'332 144 5'053 6'009 2'242 78'047 144'341 37 96 191 15 15'096 17'222 Villages touristiques Agritourisme Auberges Bâtiments Chambres Lits Bâtiments Chambres Lits Bâtiments Bellaria Igea Marina - - - - - - 12 Cattolica - - - - - - Misano Adriatico - - - 1 - Riccione - - - - Rimini - - - TOTAL - - - Maisons de vacances Lits Bâtiments Chambres Lits Bâtiments 51 171 8 377 935 14 100 413 - - - 1 41 96 8 55 218 7 1 39 62 4 233 712 3 151 187 - - - - - 1 28 59 20 456 1'686 2 6 14 2 50 109 2 55 173 22 243 840 3 6 21 5 140 342 16 734 1'975 67 1’005 3’344 Chambres louées Autres privés Chambres Maisons de vacances Chambres Statistiques des diverses formes d’hébergement touristiques présentes sur la côte adriatique dans la province de Rimini Total Total Lits 88 Bellaria Igea Marina - - - - - - 12 51 171 8 377 935 14 100 413 Cattolica - - - - - - - - - 1 41 96 8 55 218 Misano Adriatico - - - 1 - 7 1 39 62 4 233 712 3 151 187 Riccione - - - - - - - - - 1 28 59 20 456 1'686 Rimini - - - 2 6 14 2 50 109 2 55 173 22 243 840 TOTAL - - - 3 6 21 5 140 342 16 734 1'975 67 1’005 3’344 Chambres louées Autres privés Bâtiments Chambres Lits Bâtiments Bellaria Igea Marina 4 21 30 1 Cattolica 34 94 346 Misano Adriatico 2 12 Riccione 3 Rimini TOTAL Chambres Total Lits Bâtiments - 30 37 1 - 48 30 4 15 16 29 1 33 160 274 76 303 709 Chambres Total Lits Bâtiments Chambres Lits 2'342 5’983 391 14'235 28’701 48 202 731 294 9'916 28'701 762 24 3’029 4’520 143 7'132 12'441 - 22 34 8’173 8’966 440 22'146 34'741 2 3 36 84 3'652 4'502 1'201 42'016 73’833 9 81 898 227 17'398 24'782 2'469 95'445 169'043 Statistiques des diverses formes d’hébergement touristiques présentes sur la côte adriatique dans la province de Rimini 89 Moyens de transports des vacanciers 72 15 0.1 1 8 1 4 0 km m 1% 1% Voitures 4% 8% Autobus 15% Les moyens de transports des touristes Moto Train 72% Autres Avion 1 2 3 4 5 6 7 Distances parcourues par les vacanciers Familles 3.00% 17.40% Groupes Seul 0.50% 1.30% 2.70% 7.40% Dans les 100 km 101 - 200 km m 16.30% m 16.20% 4.10% 201 - 300 km 5.40% 301 - 400 km 1.20% Total Familles 4.90% 3.00% 6.70% Seul Total 0.50% 1.30% 4.90% 2.70% 7.40% 27.50% 5.82 Couple Adulte avec enfants 4.10% 6.20% 26.60% 16.20% 5.40% 6.70% 28.30% Couples de personnes âgées Couples de personnes âgées avec petits-enfants 3.30% m 500 km 0.90% 401 - 0.30% 0.80% 3.30% 2.00% 1.20% 2.00% 6.40% Couple de jeunes m 1.80% 501 - 1.00% 600 km 1.60% 4.40% 0.90% 0.30% 0.80% 2.00% Couple de jeunes avec enfants 58.90% outre15.20% 600 km 25.90% 100.00% 1.80% 1.00% 1.60% 4.40% Monoparent avec enfants 58.90% 15.20% 25.90% 100.00% 6.62 Couple adultes avec personnes agées Couple adultes avec personnes âgées et enfants 16.30% 6.40% Couple Adulte avec enfants 4.9 Couple Adulte Couple adultes avec personnes agées 26.60% 28.30% Couple Adulte m TOTAL 2.00% Groupes 27.50% 17.40% 6.20% Durée moyenne, en jours, des vacances par typologie de famille Enfants adulte avec personne âgée Grand-père/mère avec petits-enfants qu’elle possède aussi des inconvénients tels que le manque de places de parc, les engorgements sur les différents routes provoquant une circulation perturbée, causée, entre autre, par la pluralité des véhicules, bus, voitures, vélos, présents sur les mêmes voies. Une deuxième explication au fort pourcentage de ce moyens de transports, pourrait s’interpréter par la provenance des vacanciers dans un rayon de maximum 400 km autour d’Igea Marina. Ceci nous permet de dire que la majorité des touristes sont 4.9 des italiens comme nous avons pu le constater une 5.82 fois sur place. Contrairement à la voiture, les trains et les bus sont spécialement touchés par le problème de flexibilité. Obligés de suivre un parcours, ils imposent des horaires de départ et d’arrivé. De plus, ceux-ci ne sont pas présents tout au long de l’année, circulant de fin juin à fin août. N’ayant pu voyager qu’en fin de saison, soit à miseptembre, nous avons pu constater la rigidité des horaires de ces transports publics. A l’aller déjà, notre durée de trajet en train est passée de 4h à 7h due la suppression des trains saisonniers directs. Quant à notre circulation sur place, le manque de correspondance en bus, nous a posé de forts problèmes, nous limitant dans nos durées de visites. 6.62 6.85 Une autre particularité 6.85 est la typologie des touCouple adultes avec personnes âgées et enfants 8.55 ristes. Selon le tableau ci-contre, nous pouvons Couples de personnes âgées 8.55 affirmer que la plupart des familles est constituée 9.89 d’enfants. C’est pourquoi, le moyen de déplaceCouples de personnes âgées 9.89 4.16 avec petits-enfants ment le plus aisé et le plus flexible reste la voiture. Couple de jeunes 7.08 Couple de jeunes avec 4.18 enfants 6.55 Monoparent avec enfants 7.3 Enfants adulte avec personne âgée Autres types de familles TOTAL Ces données statistiques appuient nos analyses sur les réseaux des transports aux échelles plus grandes. Comme nous avons pu le constater, le réseau routier étant suffisamment développé, il peut être la première raison poussant les touristes à circuler prioritairement en voiture. 4.16 7.08 Malgré, tous les avantages offerts par la voiture, nous avons pu nous rendre compte sur place 4.18 6.55 4.11 Grand-père/mère avec petits-enfants 5.13 7.3 Autres types de familles 4.11 TOTAL 5.13 90 Analyses subjectives 91 1 2 12 11 4 3 5 10 6 7 8 9 92 Promenade dans la ville touristique Le mercredi 7 septembre, à 13h30, nous sommes arrivées dans la ville d’Igea Marina par le train. La gare, quasi inexistante, est uniquement composée de deux quais le long des voies. Aucun bâtiment ne signale sa présence, seuls deux abris indiquent l’existence d’une halte de chemin de fer. A notre sortie de la gare, nous nous sommes retrouvées face à un grand parking totalement vide. Aucun élément caractéristique de station balnéaire n’est en vue, ce qui nous a permis de douter de l’exactitude de notre destination. Mais en réalité, la ville touristique et balnéaire tourne le dos à la gare et à la ville permanente. Même lorsque nous nous sommes retournées, nous n’avions devant les yeux que les façades arrières d’immeubles. En cet instant, nous ne savions pas encore que ce sont les hôtels. N’ayant trouvé aucune indication sur la direction à prendre, et comme il était l’heure de la sieste et les rues, par conséquent, étaient vides, nous avons dû longer les quais dans les deux directions avant de trouver le plus proche petit sous-passage permettant l’accès à la ville touristique. Après avoir emprunté le sous-passage nous nous sommes retrouvées dans une autre ambiance, celle de la ville balnéaire et touristique. La rue est bordée de par et d’autre d’hôtels qui viennent l’assombrirent. Contrairement à la ville permanente à la même heure, ce côté est peuplé de touristes qui se promènent ou rejoignent la plage. Voulant à tout prix y accéder, nous avons dû franchir plusieurs rangées d’hôtels. Déjà à ce moment, nous avons eu l’impression d’être entourées uniquement d’hébergements pour touristes . Pour un lieu qui se veut destiné prioritairement au tourisme balnéaire calme, nous avons été étonnée par l’omniprésence de véhicules motorisés tels que les bus, les voitures et les motos côtoyant les vélos. D’ailleurs, l’axe le plus proche de la plage est une route à valeur cantonale à trafic relativement constant et que nous avons jugée inadéquate. Depuis celle-ci, la plage n’est toujours pas perceptible. En effet, il y a comme un écran visuel composés d’hôtels, de kiosques et petits magasins, de panneaux indiquant les noms des différentes plages privées et une végétation présente 93 par endroits. Il existe toutefois, de rares dégagements permettant d’apercevoir la mer. En continuant de longer la route du littoral en direction de Bellaria au nord, le paysage ne change pas. Toutefois, arrivées au niveau du fleuve Uso, nous avons ressenti une frontière. Malgré le fait qu’Igea Marina a été annexée à Bellaria en 1956, pour en créer une commune indépendante, nous avons toujours l’impression de se trouver face à deux entités totalement distinctes. 94 1 2 3 4 5 6 97 7 8 98 9 10 99 11 12 100 7 8 1 6 9 3 2 5 11 12 10 4 101 Promenade dans la ville permanente Nous avons voulu consacrer notre deuxième promenade à l’autre côté du train, soit la ville permanente. Elle nous a emmené dans un paysage totalement différent. Pendant notre promenade, nous sommes passées par des quartiers urbanisés constitués de petites maisons moins hautes. Le territoire en résulte moins dense et nous nous sommes senties moins oppressées que lors de notre balade dans la ville touristique. nuant notre parcours, nous avons longé la route cantonale et nous somme arrivées sur l’axe principal de la ville contenant toutes les infrastructures publiques. En effet, le premier bâtiment à caractère publique se trouvant au croisement des rues, est le noyau religieux avec ces deux églises, l’une toute récente et la deuxième datant de la construction de la bourgade de Bordonchio. En avançant toujours sur cette route, nous avons longé le cimetière et, non loin de lui, le centre sportif de la ville. Entre ces petits quartiers, nous avons côtoyé de grandes étendues de verdures composées de champs et d’un parc urbain. Ceci nous a permis de nous rendre compte que ce morceau de territoire n’a pas une structure continue. Elle nous a semblée morcelée, et constituées de pleins entourant des restes de vide. Dès cet instant, nous avons de nouveau ressenti la présence de la ville permanente. En effet, à la fin de cet axe, nous nous sommes retrouvées à notre point d’arrivée du premier jour : la gare. Mais ce n’est qu’à cet instant que nous nous sommes rendues compte que nous étions dans le quartier des activités administratives et communales de la ville. En traversant le Parc del Gelso, nous avons eu l’impression de quitter la ville. En effet, sa grande dimension et son changement constant d’atmosphères confirme son statut de poumon vert de la ville et de la région. Après avoir parcouru ce paysage, nous nous sommes rendues compte que cette partie de la ville, bien que faisant partie d’Igea Marina, considérée comme une ville balnéaire, ne possède aucune caractéristique de ville balnéaire. En effet, elle vient compléter la ville touristique en équipements divers et fonctionnels, car cette dernière n’en possède aucun. A la sortie du parc, nous nous sommes retrouvées dans un autre quartier de petites villas. En conti- 102 1 2 103 3 4 104 5 6 105 7 8 106 9 10 107 11 12 108 12 6 7 8 9 5 11 10 4 3 2 1 109 Promenade dans la Cité des colonies En se promenant le long de la plage, nous nous sommes avancées jusqu’à la limite sud de la ville balnéaire. La frontière nous est apparue clairement au moment où nous nous sommes retournées pour voir le chemin que nous avions à peine accompli. Nous ne nous attendions pas à nous trouver face à un mur composé de façades d’hôtel. De plus, cette limite marquait une deuxième démarcation visible dans la différence d’entretien du bord de mer. En effet, dans le paysage touristique et balnéaire, la plage est entretenue et agrémentée d’objets en tout genre. Dans le paysage des colonies, la plage prend un tout autre caractère. La surface n’est pas soignée et organisée. Une partie des bâtiments de ces colonies prennent place sur cette plage, envahissant le peu d’espace qui nous était mis à disposition pour nous promener. En avançant encore plus profondément dans ce paysage, l’environnement architectural se dégradait de plus en plus. Contrairement à ce que nous avons pu constater le long des plages organisées des hôtels, ce paysage est occupé par les fantômes des squelettes des colonies. Peu d’entre elles, étaient encore en fonction, ce qui avaient vraiment augmenté notre sentiment de solitude et de désolation. En continuant notre promenade, nous nous sommes aperçues que cette forme de réutilisation des colonies étaient monnaie courante. Les parcelles désaffectées sont employées autant comme parking pour les hôtels environnants que comme squats. La fin de ce milieu se terminait de la même manière qu’il commençait, soit par un deuxième mur composée d’hôtels venant de la ville balnéaire de Torre Pedrera. En ce lieu, nous nous sommes retrouvées face aux plus imposantes reliques des colonies marines. Mêmes les infrastructures routières se laissaient contaminer par cette ambiance d’abandon. Nous nous sommes permises de franchir le grillage délimitant la colonie FIAT, pour nous imprégner de son ambiance. Mais nous avons uniquement fait face à un parking sauvage. La grande majorité des ces édifices sont en mauvais état de conservation. Nous avons pu 110 observer peu d’établissement encore fonctionnels, mais ceux-ci avaient changé d’activités. Nous avons pu constaté qu’elles étaient reconverties en auberges, immeubles d’habitations, de homes, mais pour la grande partie il s’agit de foyers de vacances pour les personnes handicapées. Le payasage de la cité se présentant à nous était identique sur plus de 2 km. Seuls les couleurs des bâtiments changeaient. Cependant, les fenêtres de ces colonies offraient toutes le même spectacle. Tout était barricadé. Notre première impression de cet espace nous a renforcer dans notre volonté d’étudier plus à fond cette ville qui nous paraissait de plus en plus particulière. 111 1 2 112 3 4 113 5 6 114 7 8 115 9 10 116 11 12 117 4 3 2 1 118 Promenade dans la ville agricole Nos promenades se sont terminées à travers la ville agricole. Ce paysage nous a permis de nous confronter avec une tout autre facette de la ville. En effet, dans cet environnement, nous nous sommes baladées à travers une entité composée de champs cultivés et de serres. En quittant, la Cité des colonies, le décor changea radicalement d’ambiance. Nous avions finalement laisser derrières nous les parcelles désolées, vides et fantomatiques des corps de bâtiments des an- ciennes colonies marines pour entrer dans un univers beaucoup plus vivant et rempli. Les équipements programmatiques se transformèrent en maisons d’agriculteurs et de villageois d’Igea Marina. Au départ, le secteur était essentiellement constitué de maisonnettes et parcelles remplies de serres. Mais plus on s’enfonçait dans cet univers, plus la densité du bâti et de serres s’inversa. Les parcelles grandissaient et se vidaient pour prendre la fonction de champs cultivés. 119 1 2 120 1 2 121 Synthèse 122 Synthèse de l’analyse de la ville A travers les analyses effectuées, nous nous sommes rendues compte de la complexité de ce territoire. En effet, l’hypothèse intuitive de départ de partager la ville en quatre paysages distincts se trouve validée. On comprend rapidement que les quatre parties se sont développées de manière indépendantes et continuent encore de le faire de nos jours. Ainsi, la ville touristique s’est densifiée au cours de son histoire à partir du plan de Vittorio Belli, tout en gardant sa fonction de départ de ville balnéaire à caractère saisonnier. Néanmoins, la ville est totalement dépourvue de zones piétonnes et de promenades le long des rives. Les plages depuis la route Alfonso Pinzon jusqu’à la mer sont envahies par des parasols multicolores ainsi que des cabines de plage. La ville permanente, quant à elle, s’étend au dos de la ville touristique, sans toutefois entretenir de réel contact. En effet, ce paysage ne possède aucune caractéristique de ville au bord de la mer, tout en sachant que celle-ci n’en est qu’à 300 m. Cette sensation de départ est amplifiée par la présence de la limite physique incarnée par le chemin de fer, franchissable uniquement grâce à la présence de quelques sporadiques petits sous-passages. Ce paysage, contrairement aux trois autres, fonctionne tout au long de l’année. La ville agricole, ne possède aucune organisation urbaine bien définie. Fermes et maisonnettes se disposent généralement le long des axes de circulation tandis que les serres se positionnent librement dans les parcelles. 123 La Cité des colonies, bien qu’elle possédait, au départ, un plan directeur clair, aujourd’hui, elle est totalement envahie par d’autres nouvelles fonctions telles que les habitations, les hôtels et les champs cultivables. Cette particularité en fait le seul paysage à ne pas avoir maintenu son essence initiale. Ajouté à cela, les édifices des colonies se vident à partir des années 1980, en laissant actuellement des bâtiments fantômes ou mal réhabilités au bord de la mer. site, situé au sud d’Igea Marina, est un vide urbain qui sépare deux localités balnéaires à forte connotation touristique, Bellaria et Torre Pedrera, d’autre part, son programme initial basé sur les vacances des enfants à la mer fait de lui un lieu potentiel pour une étude plus approfondie. Ce territoire nous paraissant abandonné depuis des années a, selon nous, besoin de se refoger une nouvelle identité. C’est pourquoi, nous avons fait le choix de l’analyser plus en profondeur. Pour toutes ces raisons, il nous paraît pertinent de nous focaliser sur ce dernier paysage. Celuici présente le plus de problèmes. D’une part, ce 124 L’échelle du paysage choisi 125 Échelle du site choisi Analyses de la Cité des colonies...............................................................................................................158 La Cité des colonies............................................................................................................................160 Position dans le contexte urbain.....................................................................................................160 La cité des colonies dans les années 1980...................................................................................162 La Cité des colonies aujourd’hui.....................................................................................................165 Les colonies marines.................................................................................................................................172 Contexte historico-politique.................................................................................................................174 L’évolution du concept d’assistance...............................................................................................174 Le paternalisme du 19ème siècle......................................................................................................175 La phase d’industrialisation (1900-1930)........................................................................................176 La modèle d’usine-totale (1930-1940)............................................................................................176 Des Hospices aux colonies..................................................................................................................180 La naissance des colonies.............................................................................................................180 Les colonies en l’époque fasciste..................................................................................................182 La gestion des colonies..................................................................................................................185 L’architecture des colonies..................................................................................................................186 La géographie des colonies...........................................................................................................186 Les cinq sites des colonies........................................................................................................188 La typologie des colonies...............................................................................................................192 La vie au sein des colonies..................................................................................................................198 Une jour type dans les colonies......................................................................................................203 126 Etude de cas : La colonie Agip à Cesenatico............................................................................................204 Histoire...........................................................................................................................................206 Giuseppe Vaccaro..........................................................................................................................207 L’architecture de la colonie Agip...................................................................................................208 Synthèse...................................................................................................................................................218 127 Analyse de la Cité des colonies 128 La Cité des colonies Position dans le contexte urbain Dans notre première lecture découlant de l’analyse effectuée à l’échelle de la ville, la Cité des colonies paraît s’insérer dans l’entité de la ville d’Igea Marina. Elle constitue l’un des quatre paysages. Sa surface représente approximativement l’équivalent de celle de la ville touristique. Elle s’étend en effet sur une même distance, aussi, elle devrait posséder les mêmes caractéristiques géographiques. Ceci se lit aisément par la longueur de leur littoral. Toutefois, comme nous l’avons découvert à travers nos promenades et nos recherches, la Cité ne correspond en aucune façon à sa voisine. Elle est totalement séparée et oubliée du reste de l’entité par le découpage des routes et du chemin de fer. Sa composition en est le complet opposé que ce soit autant dans son rapport à la plage que dans la masse bâtie. Avant de se plonger trop profondément dans cet univers, il faut prendre du recul pour comprendre l’empreinte de la Cité des colonies dans son territoire. Grâce à une analyse plus large, la cité confirme son contraste avec les deux villes touristiques qui la délimitent. D’un côté, Igea Marina dont la frontière abrupte d’hôtels accentue cette limite et, de même, de l’autre côté avec Torre Pedrera. Cette constatation soulève la question du vide urbain. Au départ, lors de la construction des colonies, elles représentaient des objets au sein d’un territoire encore principalement peu urbanisé. Ceci permettait la totale liberté formelle offerte à l’architecture. Aujourd’hui, le déclin et l’abandon massif des colonies, ainsi que l’urbanisation intensive des rives, due à l’impact de tourisme de masse, provoquent une lecture inversée de ce territoire. Ce qui étaient auparavant des espaces inoccupés, deviennent maintenant une agglomération à forte densité entourant une ville fantôme, constituée de programmes parasites disposés autour des bâtiments des colonies désaffectées. 129 Torre Pedrera Cité des colonies La Cité des colonies Igea Marina 130 La cité des colonies dans les années 1980 L’image de ce paysage a commencé à se dessiner à la fin des années 1920. Au départ, rien ne prévoyait le développement futur en une cité des colonies marines de cette région. En effet, la construction de la première colonie, La Colonia Pavese, à l’extrémité de la ville fondée par Belli, et le dessin de l’axe principal ont donné l’impulsion à la création d’une nouvelle cité à côté de la ville. Initialement, ses institutions s’inséraient dans des parcelles allant de la route du littoral jusqu’à la limite donnée par le chemin de fer. Après la deuxième guerre mondiale et le manque de matières premières, la ville d’Igea Marina réquisitionne les espaces verts des colonies et les transformait en parcelles agricoles. Aujourd’hui, cette parcellisation peut encore se lire à travers la fragmentation des parcelles et la présence de petits maisons et édifices à caractère agricole à l’arrière des bâtiments des colonies et proche du chemin de fer. Dans les années 1970, ce paysage a vu la construction des derniers édifices des colonies marines. L’image de la cité a ainsi atteint son apogée. L’entrée dans la Cité des colonie en 1980 A partir des années 1980, la Cité des colonies entame son déclin. En effet, six d’entre elles sont déjà désaffectées. La colonie Lecchese, anciennement colonie du régime fasciste, est la première à être démolie. A cette époque, la réflexion sur la démolition touche énormément ces bâtiments à Igea Marina comme sur le reste de la côte. En 1984, les colonies Pavese et Trento sont rasées au sol et elles sont vite suivies par les colonies Solatia, Sole sul Mare et La Serena. Afin de mieux comprendre l’image actuelle de la Cité des colonies, nous avons dû faire un retour dans le temps en partant de la situation actuelle chaotique et en supprimant toutes les constructions non destinées initialement cette citée tels que villas, bâtiments agricoles et serres. Nous nous sommes ainsi rendues compte de l’existence d’un plan directeur comprenant l’axe principal en continuité avec la route du littoral de la ville touristique auquel viennent se greffer perpendiculairement des allées principalement sans issue. En outre, de part et d’autre de cet axe viennent s’aligner les bâtiments des colonies marines. 131 0 50 100 4 3 6 4 1 5 2 Bâtiments des colonies marines déjà vides en 1980 1 Colonia Sole sul Mare Colonies actives dans les années 1980 2 Colonia Solatia 3 Colonia Lecchese 4 Colonia La Serena 5 Colonia Pavese 6 Colonia Trento 132 0 50 Bâtiments des colonies marines détruites 1 Colonia Sole sul Mare 2 Colonia Solatia Bâtiments des colonies marines vides en 2011 100 Bâtiments des anciennes colonies marines réaffectés en 2011 3 Colonia Lecchese 4 Colonia La Serena 5 Colonia Pavese 6 Colonia Trento 133 La cité des colonies aujourd’hui Lors de nos promenades à travers les rues de ce paysage, nous avons été frappées par le nombre d’édifices abandonnés, présents le long de l’axe principal. Voyant que tous ces bâtiments possèdent des caractéristiques architecturales semblables, nous avons déduit qu’ils devaient initialement contenir un programme commun. Toutefois, la grande majorité a perdu sa fonction de base au profit d’autres activités. Aujourd’hui, la nature des programmes de ces institutions marines est très hétéroclite. En effet, école et colonies cohabitent avec des cliniques, des homes et des centres de réhabilitation pour personnes âgées et personnes handicapées . Après une étude plus approfondie, nous avons découvert que ce lieu était La Cité des colonies. Outre ces constructions, le territoire est envahi par une multitude de programmes variés disséminés dans les vides interstitiels laissés par les colonies marines tels que habitations, station essence, bâtisses agricoles et serres. Seuls trois de ces édifices maintiennent encore le programme de colonie de vacances. C’est pourquoi, l’image actuelle que nous renvoie la cité n’a plus rien à voir avec celle présente à son origine. En poussant plus loin l’analyse, nous avons cherché à savoir si toutes les colonies sont réellement délaissées. Il est apparu qu’il existe encore quelques unes en fonction. L’entrée dans la Cité des colonies en 2011 134 0 50 100 Bâtiments des colonies marines détruites à Igea Marina Bâtiments des colonies marines vides à Igea Marina en 2011 Masse bâtie présente dans la Cité des colonies Entrepôts et bâitsses agricoles présents dans la Cité des colonies Percellaire 135 0 50 100 Bâtiments des colonies marines vides à Igea Marina en 2011 Bâtiments des colonies marines à fonction éducative en 2011 Bâtiments des colonies marines à fonction médicale et salutaire en 2011 Bâtiments des colonies marines à fonction d’hébergement en 2011 Autres programmes 4 1 3 2 0 50 100 Bâtiments des colonies marines réaffectées en école primaire 1 Ecole enfantine et primaire Ternana Bâtiments des colonies marines toujours actives en 2011 avec leur programme initial de colonie 2 Colonie de vacances San Giuseppe 3 Colonia Santa Dorotea 4 Colonia Fiordaliso 137 6 2 4 1 3 0 50 4 100 Bâtiments des colonies marines réaffectées en clinique médicale Bâtiments des colonies marines réaffectées homes Bâtiments des colonies marines réaffectées en centres de réhabilitation pour personnes âgées et personnes handicapées 1 Centre Santa Marina del Mare 3 Home La Marina 5 Centre Luce sul Mare 2 Clinique médicale 4 Home pour personnes âgées 6 Villa Marina : maison de vacances pour personnes handicapées Autres bâtiments des colonies marines 138 6 4 3 5 2 1 0 50 100 Bâtiments des colonies marines réaffectées en maison de vacances pour touristes Bâtiments des colonies marines réaffectées en auberge 1 Maison de vacances Mare e Verde 3 Auberge Fiumicella 2 Maison de vacances Lumezzane 4 Auberge La Perla 5 Auberge La Marinella Bâtiments des colonies marines réaffectées en appartements Masse bâtie autour des colonies marines 6 Immeuble d’appartements 139 Les colonies marines 140 Contexte historico-politique L’évolution du concept d’assistance Les colonies pour les enfants des employés représentent seulement une des expressions de l’action de l’assistantialisme industriel qui, spécialement dans les années 20-30, peut être placé dans une phase de paternalisme autoritaire de la part de l’État. Pour mieux comprendre le contexte dans lequel se développe cette typologie de bâtiments pour enfants, il faut chercher à comprendre la situation politique présente à cette époque précise et, de manière plus ciblée, la logique du paternalisme qui a soutenu l’organisation de la vie industrielle et les relations entre État et Industries. Il existe de nombreuses explications de ce concept développées au cours du siècle dernier. Ce mémoire va se concentrer sur la vision la plus récente qui est celle étudiée dans la thèse d’Augusto Ciuffetti réalisée en 2004. Celle-ci fait resurgir trois phases du paternalisme : • La première se déroule entre 1860–1900. Durant cette période naît, à travers les objectifs économiques du système industriel, cette idéologie, • La deuxième phase, de 1900 à 1930, est celle du déclin, et, est à connecter en partie au déve- loppement de la cité industrielle. Nonobstant, quelques grands projets se réalisent encore durant cette période. • La troisième phase s’étale des années 1930 à 1940. Cette période est celle où ce régime est définitivement surpassé, grâce à une nouvelle modalité d’intervention de la part des entreprises, autant dans le contexte sociale qu’urbain. Durant ces années, à côté des interventions providentielles, se placent les loisirs, les activités sportives et culturelles. Les entreprises se font promoteurs de manifestations sportives, de cérémonies, de spectacles théâtraux, de projections cinématographiques, de voyages et de séjours en colonies marines et alpines. Ces activités étaient capables d’occuper intégralement le temps libre des employés, constamment encadrés à l’intérieur de l’organisme des entreprises et de l’idéologie fasciste. Se détermine ainsi le modèle d’usine totalitaire, capable d’embrasser, de manière globale et absolue, le contrôle des communautés d’ouvriers. L’État et l’industrie contribuent de manière décisive à la définition du modèle d’usine total. 141 Le paternalisme du 19ème siècle Le paternalisme est l’expression d’une mentalité typique des entrepreneurs du 19ème siècle, qui, dans une dimension d’exploitation, associe le pouvoir à l’autorité, et le commandement à une idée de supériorité vouée à l’annulation de toute forme de conflits, à annihiler toute revendication syndicale et à gérer la socialité ouvrière. L’objectif est de défendre la continuité de la production, qui peut être interrompue par l’absentéisme et les grèves. Il s’agit donc de discipliner la vie sociale, en imposant à tous les ouvriers une idéologie précise ; celle de l’entrepreneur capable de les guider à tout moment de la journée. Dans cette perspective, jouent un rôle fondamental aussi bien les valeurs morales, les normes éducatives que l’instruction transmise par les enseignants et les prêtres. Le village ouvrier avec les maisons, les bâtiments publiques et les infrastructures vouées au temps libre représentent seulement les éléments visibles et concrets du paternalisme, dont les différentes initiatives, en référence au contexte européen, évoluent aussi dans le cadre de l’assistance, de la prévention, de l’éducation et de la formation, des activités créatives et sportives, jusqu’à prévoir dans certains cas, une participation aux bénéfices de l’entreprise de la part des employés. Toutes ces possibles interventions ont un dénominateur commun représenté par la vision de l’entreprise comme d’une grande famille guidée avec force et responsabilité par un père toujours attentif aux exigences de ses fils, qui s’identifient à travers l’image de l’entrepreneur. 142 La phase de l’industrialisation (1900-1930) Le modèle d’usine totale (1930-1940) Dans la phase d’industrialisation qui va de 1900 à 1930, l’identification de nouvelles sources d’énergie, comme l’électricité, la réalisation de réseaux ferroviaires et routiers, la construction de canaux et ports, ainsi que l’engagement direct de l’État dans la fondation de nouvelles industries, surtout dans les secteurs stratégiques comme celui de la métallurgie et la mécanique, favorisent l’essor de l’Italie. Le bien-être au sein de l’entreprise, comme instrument pour augmenter la productivité et pour contrer la conflictualité ouvrière, s’affirme seulement au début des années 20, quand les industriels se font promoteurs d’un néo-paternalisme devenant un système de contrôle plus ample, complexe et surtout de nature politique. Un tel processus arrive à maturité avec le fascisme, grâce aux étroits liens qui unissent les entrepreneurs au régime politique. En réalité, l’activité politique est considérée comme un instrument, un moyen pour maintenir le gouvernement sur la lignée économique et sociale. Les entrepreneurs se joignent au fascisme sans préjugés idéologiques mais grâce à l’aide du pouvoir comme la monarchie, l’église, l’armée et l’État qui permet de maintenir le système social avec le moins de changements possibles. Mêmes les entrepreneurs cherchent crédibilité en se servant des programmes d’assistance sociale du régime tout en essayant de limiter les coûts. Initialement, ils se sont opposés aux programmes de prévoyance car ils craignent que la croissance de l’engagement social du régime puisse conduire à redimensionner les prérogatives du patronat. Autant dans sa phase du 19ème siècle, que dans celle liée à la période fasciste des années 30, le paternalisme a toujours été lié à des exigences de renouveau et de restructuration des industries. Au début, il se configure comme l’instrument politique et social capable de créer, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur de la fabrique, le consensus nécessaire à réaliser des processus d’expansion ou de rationalisation des grands complexes de fabrication. Au cours du 20ème siècle, les politiques paternalistes commencent à organiser les temps libres de leurs employés. Le point commune entre le 19ème et le 20ème siècle, est la volonté de contrôle des ouvriers, soutenue par la logique de la domination et de l’exploitation des travailleurs. Ces actions sociales sont totalement conçues de manière à soutenir des rythmes de travail toujours plus intenses. Image de propagande, Colonie Varese, composition APP 2, 2004 Avec l’aide de Mussolini, les industriels prévoient d’exercer une influence sur tout le monde ouvrier. 143 Mais en même temps, les fascistes poussent les industriels vers le néo-paternalisme pour s’assurer le consentement de la population et supprimer toute forme d’opposition au parti en utilisant l’Opera Nazionale Dopolavoro (OND), qui avait pour but d’organiser le temps libre des masses populaires. Le fascisme, d’une part, et le développement des grandes industries de l’autre, nécessitent de nouvelles méthodes pour contrôler les ouvriers. Outre la recherche du consentement, le fascisme a comme objectif l’élimination du conflit social et du mécontentement des masses populaires, dans le contexte d’une efficacité productive et de nouvelles politiques de la gestion des travailleurs. Cependant, le consentement recherché par les industries concerne leur politique d’entreprise de rationalisation des processus de travail. La paix sociale devient un élément fondamental pour augmenter la productivité des ouvriers dans un climat sans revendications et affrontements. En définitif, le fascisme propose aux industries un nouveau modèle de bien-être au sein de l’entreprise, soit une façon de côtoyer et soutenir, en même temps, la construction de l’état social du régime d’une part et la croissance économique d’autre part. Le bord de mer à Igea Marina, 1960-1970 L’importance de l’individu se renfonce au sein de l’usine et l’organisation du travail s’étend dans le temps libre des ouvriers. L’investissement dans les œuvres sociales n’a pas un caractère inutile mais comporte des avantages significatifs. Les cercles de l’après travail de l’OND , nés officiellement en 1925, ont pour objectif de promouvoir l’utilisation saine et profitable de l’emploi du temps libre des travailleurs, intellectuels et manuels, avec des institutions dont le but est de développer leurs capacités physique, intellectuelle et morale. Ils se diffusent essentiellement dans les années 1930, quand le régime, en échange des politiques protectrices en faveur des industries, leur demande de s’engager plus profondément dans le social. Le développement majeur se s’enregistre dès la moitié des années 30, grâce aux dispositions du gouvernement fasciste qui, pour augmenter les adhésions, permet aux entreprises d’y inscrire tous leurs employés en déduisant leurs cotisations directement à leurs salaires. L’ouvrier et sa famille sont ainsi impliqués dans la vie de l’entreprise sans aucune distinction entre le travail et la vie privée. La responsabilité et le rôle social que l’on cherche à attribuer au monde industriel, s’affirment en effet 144 grâce aux activités sportives et aux interventions hygiénistes et sanitaires visant essentiellement les femmes et les enfants des travailleurs. L’OND participe aussi aux campagnes contre la tuberculose, l’alcoolisme, la malaria et organise des colonies marines et alpines pour les familles pauvres. Ceci ne peut que contribuer au développement de la population et à l’amélioration de la « race italienne ». Cette opportunité, déjà existante dans le passé, se voit valoriser au cours des années 30 grâce à la propagande et à la publicité. A travers la presse d’entreprise, les travailleurs sont toujours informés des nouveautés réalisées au sein de l’usine, mais aussi, concernant leur vie privée telle que la construction de maisons. En effet, les images présentent toujours des lieux parfaitement conçus du point de vue hygiénique, architectural et sanitaire. Ce procédé, englobant aussi les colonies marines et alpines, permet le contrôle de la formation. De cette manière, l’éducation fasciste est aussi imposée aux tous petits. Cet autoritarisme moderne ne cherche pas à se limiter à la transformation des citoyens mais à opérer systématiquement pour former leurs convictions. En 1934, l’Italie fasciste, s’est déjà construite un empire. Un empire estival, composé de plus de 300 colonies réparties sur les rives du « Mare Nostrum», garantissant une place au soleil à quelques 200’000 petits italiens qui doivent grandir sains et forts, car c’est ainsi que les veut le Duce et la nation. 145 Des hospices aux colonies La naissance des colonies L’institution des colonies climatiques marines et alpines n’est pas une création du fascisme, mais en réalité, une continuité répondant aux propres objectifs politiques et sociaux d’un mouvement culturel et opérationnel qui, en Europe, a eu origine dans les années 1800. Malgré le fait que les soins maritimes pour la tuberculose infantile soit une pratique thérapeutique née en Angleterre, la contribution de l’Italie au développement et à l’expérimentation de la thalassothérapie a été importante. En Italie, tout commerce avec le médecin Giuseppe Barellai, promoteur et fondateur de beaucoup d’hospices marins destinés au soin de jeunes pauvres et scrofuleux. C’est pourquoi, il est aujourd’hui considéré comme le précurseur de la médecine moderne sociale préventive pour l’enfance. En 1856, Barellai amène à Viareggio trois enfants atteints de scrofule, aidé par un prêtre et aux ordres des Serviti di Maria. Il est ensuite à la recherche de mécènes telles que nobles veuves et dames de la haute société, désireuses de faire du bénévolat. Il les convint à créer des comités pour envoyer en vacances thérapeutiques les nombreux enfants pauvres de leurs villes. Listes des hospices marins italiens, 1885 Dès cet instant, les hospices marins italiens ont une rapide diffusion et, en 1866, ce médecin rédige le premier règlement disciplinaire. Les premiers hospices sont établis à Viareggio. Deux autres viennent ensuite réalisés en Toscane, précisément sur le littoral de Livourne qui, à l’époque, est le centre le plus important de la région après Florence. Le même procédé est aussi visible en Ligurie et en Emilie-Romagne, en particulier à Rimini, où les colonies et les soins thalassothérapeutiques sont fortement soutenus par l’anthropologue et médecin Paolo Mantegazza. Ces établissements sont au nombre de 10 en 1869, passent à 14 en 1876, et en 1885, on en dénombre 19, dont 8 sur l’Adriatique et 11 en Thyrrène. Par la suite, seuls quelques hospices sont mis aux services des communes ou des provinces. La plupart reste soutenue par le bénévolat privé et n’est pas à but lucratif. Ils s’installent initialement dans des édifices préexistants, achetés, loués ou offert et ensuite réadaptés au nouveau programme. Souvent, des terrains à proximité de la plage sont achetés pour implanter de nouvelles constructions spécialement conçues et équipées. 146 Ceci leur donne un caractère moins médical que ceux présents en Angleterre ou en France. En effet, ils ne sont pas constitués d’un grand hôpital central mais par différents établissements disposés le long des littoraux tyrrhénien et adriatique. Avec la découverte du bacille de Koch provocatrice de la tuberculose, à la fin du 19ème siècle, se diffusent les colonies alpines et marines destinées aux enfants pauvres et fragiles. La première motivation de ces établissements est d’inspiration assistantielle et philanthropique. Pendant que les premières maintiennent une connotation médicothérapeutique, les deuxièmes s’affirment plutôt comme lieu de résidence d’été pour enfants nonaffectés par de graves et spécifiques maladies. Sous le patronat de la Reine Margherita, le pasteur zurichois Bion, a l’idée , en 1876, d’emmener en vacances, à la montagne, un groupe de frêles écoliers parmi les plus pauvres. A leur retour, ils sont tellement transformés, qu’il décide de réitérer l’expérience. Ainsi, depuis la Suisse, la mode des Ferienkolonien envahie les autres pays et, de cette manière, prend naissance le terme de Colonie qui conserve toujours sa connotation originelle de «réalité sociale créée par initiative de l’état ou Hospices Vittorio Emanuele II à Viareggio, 1885 de l’autorité constituée, dans un endroit séparé et différent de celui d’origine, et gouvernée par des normes rigoureuses». Contrairement à Barellai, la motivation de Bion n’est pas de soigner les enfants d’une quelconque maladie, mais plutôt d’améliorer leur état physique général à travers le bon air et la pratique de l’exercice physique. A la fin du 19ème siècle, les colonies alpines florentines sont parmi les plus prospères d’Italie. Leur développement continue au début du 20ème siècle, avec l’élargissement de l’offre de leurs activités à la mer, ouvrant la première colonie marine à Diano Marina en 1903. Dans les années 1920, le contexte économique et social est en rapide transformation, avec la fin d’une époque, pendant laquelle prévalait le bénévolat privé et la charité publique, et s’ouvre une autre, pendant laquelle s’affirment de nouvelles formes d’assistance sous la tutelle de l’État ou des entreprises. Dès le début, les industries, avec leurs offres, se réservent quelques places pour les enfants de leurs propres employés. Mais leur incidence prend de l’ampleur et vit son apogée à l’époque fasciste. 147 Les colonies a l’époque fasciste Pour le fascisme, la sécurité sociale et le bien-être sont la garantie d’une justice sociale, de santé et d’intégrité de la race italienne. De cette idéologie, découlant de la vision de l’hygiénisme thérapeutique du 19ème siècle, la colonie saisonnière s’apprête à devenir un modèle inédit de formation de masse. La santé physique de la race est obtenue ou améliorée grâce à l’activité sportive. Mais elle est principalement atteinte en prévenant les maladies dès le plus jeune âge, grâce à l’entretien du corps à travers une vie essentiellement vécue à l’extérieur. Avec l’institution et l’organisation des colonies climatiques d’été (marines, alpines et héliothérapeutiques), le régime cherche à garantir les soins et le l’amélioration de la santé des enfants, futur de la nation. Cette forme de villégiature intensive pour les enfants provenant de la plus basse classe sociale a pour but d’assurer des vacances aux enfants des travailleurs et, en même temps, de promouvoir un changement dans les habitudes mêmes de leur vie. Le régime a conscience du potentiel de propagande de ces organisations. Et, avec la création de colonies, il unit à l’idée de défense de la race une concrète possibilité d’intervention avec une «Nel nome del Duce...», image de propagande, 1938 précoce empreinte militaire et fasciste dans l’éducation de la jeunesse et de l’enfance. L’idéologie fasciste est une vision totalitaire : l’État doit intervenir dans tous les aspects de la vie de ses membres, les dirigeant ainsi dans un but commun. Aussi, il prend sous son aile les citoyens dès leur naissance et ce, jusqu’à la mort. En 1928, Mussolini émet une législation concernant la famille et la maternité, des initiatives d’assistance et de bénévolat et une organisation de jeunesse, l’Opera Nazionale Balilla, ONB. D’une part, celle-ci vise essentiellement les très jeunes enfants en les poussant à l’activité physique qui est basée sur trois points fondamentaux : l’éducation morale, l’éducation physique et la discipline. D’autre part, elle leurs inculque le culte du régime et du chef. De cette manière, il peut les soustraire à l’influence de l’éducation des associations catholiques. Les inscriptions à l’ONB ne sont pas obligatoires, mais seuls ses membres peuvent bénéficier des nombreux services offerts tels que les activités sportives, les camps et les séjours en colonies marines et alpines. L’intervention de l’État évince ainsi le bénévolat et la philanthropie privée, jugés par le régime, 148 insuffisants et archaïques, incompatibles avec les exigences d’une moderne société de masse. A cette période et sur initiative du P.N.F, Partito Nazionale Fascista, des grandes industries de la Fédération fasciste locaux ou de l’Opera Nazionale Balilla édifient d’énormes structures pouvant accueillir plus de 1’000 enfants. Parmi les plus renommées, on compte en 1934, à Rimini, la colonie marine Bolognese avec 2’000 lits et la Colonia Novarese avec 900 lits et à Cattolica, la colonia Le Navi. En 1928, à Igea Marina, se construit la colonie Pavese avec 800 lits. Les enfants hébergés vont ainsi faire partie de citadelles dédiées à l’enfance, à l’intérieur desquelles, ils se réunissent pour pratiquer des activités physiques et sportives, des jeux, des bains de soleil et de mer. Ces colonies sont un moteur qui véhiculent la propagande à travers un modèle éducatif centré sur la hiérarchie et le geste répétitif. Mais elles défendent aussi la maternité et l’enfance dans le but d’améliorer la race et multiplier les individus. L’action est encore plus présente après la proclamation de Colonie Agip en 1939 et colonie Regiana à Cesenatico en 1941 l’empire et l’isolement politique et économique du régime. Au finale, ces bâtiments, à première vue, à caractère sociaux, ne sont que des outils de propagande pour la promotion du régime. Ces critères définissent l’importance du rôle que les colonies endossent dans l’organisation sociale de cette époque, par rapport à laquelle l’architecture est appelée à s’exprimer. Ainsi, elles deviennent un objet d’expérimentation du langage architectural, autant à travers la rigueur fonctionnaliste et hygiéniste du rationalisme, comme dans les colonies Agip ou Redaelli, qu’à travers les allégories formalistes avec références néo-futuristes comme la colonie Le Navi de Cattolica. A ce moment, il n’existe pas encore une organisation, ni une véritable planification centralisée des emplacements. C’est pourquoi, on dénombre différents promoteurs : • PNF et ses sous-dépendants • Les industriels • Les communes • Les oeuvres religieuses 149 A la fin des années 1930, la construction des colonies diminue. Durant la guerre, les colonies ne sont pratiquement utilisées que de jour comme outil de propagande et d’éducation hygiéniste à faible coût. Les autres colonies vont se transformer tantôt en hospices pour enfants des italiens immigrés à l’étrangers comme en Libye, tantôt en hôpitaux, en logements pour soldats alliés ou en réserves. Après la guerre, le rôle social qui est né durant la période fasciste disparaît. Les colonies perdent ainsi leur fonction d’endoctrinement et de cure, pour se voir considérées plus comme un espace de divertissement pour les enfants durant leur vacances d’été. Ainsi, la notion de vacances communautaires reprend et les anciennes colonies, non détruites, regagnent leurs activités. Suite à cette forte demande, la construction d’édifices destinés aux colonies marines affranchies de la tutelle de l’état, et obéissant à la spéculation financière des privés, augmente. C’est pourquoi, les bâtiments, ne possèdent plus une recherche architecturale aussi poussée que lors des constructions fascistes. Les colonies Colonie XXVIII Ottobre, appelée «Le Navi», 1934 d’après-guerre, généralement plus contenues dans leur volume reflétant ainsi les mutations qui s’opèrent. Leur aspect est sommaire, et ne se distingue plus tellement des pensions ou des hôtels, en gardant, toutefois, quelques éléments de l’architecture des édifices communautaires. Les différences présentes parmi les deux périodes d’édification des colonies marines sont nombreuses. Toutefois, l’élément le plus pertinent est leur point commun, soit leur fonction initiale de préparatrice, au niveau symbolique et réel du futur de leurs petits hôtes. Un futur qui sera divisé par sexes, mais avec deux directions communes : la centralité du travail et de l’acceptation d’une fragmentation hiérarchique. A partir de la fin des années soixante, l’évolution des modes de vie et l’augmentation du revenu par habitant provoquent la réduction progressive des colonies et l’arrêt ultérieur de la construction de nouveaux édifices. Dès 1980, les autorités marquent un nouveau tournant dans l’histoire des colonies. Une parties d’entre elles sera détruite. 150 La gestion des colonies A partir de la deuxième moitié des années 1920, l’organisation et le contrôle des colonies sont progressivement concentrés dans les mains des fascistes. Entre 1926 et 1928, la gestion des colonies fascistes revient à l’ONMI, Opera Nazionale per la Protezione della Maternità e dell’Infanzia, assisté par les fasci féminins de l’ONB. Dès 1928, l’ONMI s’occupe principalement des colonies permanentes combattant la tuberculose, tandis que les fasci et l’ONB organisent celles saisonnières. A partir de 1931, les fonctions de coordination sont unifiées dans le EOA, Ente Opere Assistenziali, du PNF sous la direction du secrétaire fédéral, comprenant, dans chaque province, les représentants de l’ONMI et de l’ONB. Panneau indicateur des zones des colonies Dès 1933, à l’aide d’une publication, le PNF affirme résolument que, lors de la prochaine saison d’été, seront définitivement abolies les initiatives bénévoles qui, jusqu’à cet instant, ont organisé, à l’aide de moyens insuffisants, quelques pseudo-colonies qui ne répandent plus à leur objectifs ni au soin du décor et au style fasciste. Avec la lutte entre le régime et l’Azione Cattolica, à propos de l’éducation de la jeunesse, le parti fasciste déploie un effort maximal pour obtenir un contrôle unitaire et uniforme sur les colonies. Enfin, en 1938, l’ONB est absorbé par la GIL, Gioventù italiana del Littorale, nouvel organisme du PNF, qui assume la supervision et le contrôle sur toutes les colonies indépendamment de qui les a fondées ou gérées. 151 L’architecture des colonies La géographie des colonies Il n’existe aucun véritable plan national pour décider de l’emplacement des colonies. Le plan de tutelle paysager développé en 1922 et approuvé en 1940, se limite à indiquer comme unique règle la position parallèle à la côte comme ligne d’expansion du bâti pour éviter de dangereuses concentrations urbaines. Le Plan Belli de 1934, se borne à classer les centres balnéaires d’après leurs dimensions tout en gardant le tourisme des colonies à l’écart des plages populaires. Le seul règlement des colonies d’été est celui émit par la GIL en 1937 qui concerne la gestion de ces établissements et se contente, en pratique, à leur classement. Le choix des emplacements des colonies ne répond à aucune stratégie unitaire mais coïncide plutôt avec la présence d’une autorité locale, ou la facilité d’accès depuis les principales villes du Nord, ou encore du réseau de transports. Les motivations des deux plus grandes concentrations de colonies sur l’Adriatique et sur la mer tyrrhéenienne est peut-être due à la préexistence des hospices marins de Rimini et Viareggio. Un autre élément qui pourrait avoir de l’importance est l’œil complaisant du régime pour les plages préférées du Duce. Carte des hospices marins présents en Italie, 1885 Le rapprochement et la grande disponibilité en infrastructures de transports vers les grandes villes d’Italie du nord, sièges des grandes industries et promoteurs de la réalisation des colonies climatiques, influencent le choix des sites. Au départ, la mer est principalement fréquentée par les patients des hospices marins. A partir de 1907 environ, le phénomène des hospices continue à progresser et dépasse ses propres limites. La vue déplaisante des enfants malades sont des motifs de désagréments pour les aristocrates et bourgeois propriétaires de villas, qui demandent des mesures restrictives pour le choix du site. Avec le temps, et grâce à la monté du fascisme, les nouveaux touristes ne souhaitent plus partager leurs plages avec les enfants des colonies. Par conséquent, les colonies bâties dans le premier après-guerre sont placées aux marges des villes touristiques, soit dans espaces déjà investis par la présence de anciennes colonies, soit inintéressants du point de vue touristique. 152 D’autres raisons de leur confinement aux marges des villes existent telle que la peur. En effet, les propriétaires d’hôtels craignent que la présence de colonies marines puisse constituer un frein à la construction des villas et des pensions et ainsi dévaloriser leurs plages, tout comme les constructions existantes. Une autre raison, plutôt favorable à l’emplacement des colonies en marge des villes, est celle de l’implantation, dans de grands espaces, afin d’avoir une plus grande liberté dans le choix des activités. Le besoin de surveillance des enfants hospitalisés et les raisons hygiénistes contribuent eux aussi à cette décision. De plus, la particulière position géographique de l’Italie pousse les médecins et les hygiénistes à souligner la fonction antituberculaire du climat marin et à motiver la création de ces instituts sur les côtes italiennes qui s’élèvent au nombre de 42 en 1913. 153 Les cinq sites des colonies En Emilie-Romagne, les positions géographiques des colonies de vacances sont essentiellement regroupées dans cinq villes toutes positionnées le long de la côte adriatique. Elles se trouvent réunies dans deux provinces, celle de Rimini et celle de Forlì-Cesena. Contrairement aux colonies présentes en Toscane, dont l’emplacement est favorisé par la présence de grandes industries, infrastructures, ainsi que par la facilité d’accès, la côte adriatique est, quant à elle, un choix personnel du Duce. Milan Marittima Cervia Cesenatico Bellaria Igea Marina Rimini Mirramare Riccione Cattolica En effet, grâce à la présence d’hospices marins destinés aux soins de maladies à la fin du 19ème siècle, à la montée au pouvoir du fascisme , plus précisément selon les volontés de Mussolini, la côte de l’Emilie-Romagne prit énormément d’importance. Les plages de Rimini sont considérées comme les rives de prédilection du Duce et de sa famille. Cette préférence favorise considérablement toute la région de Rimini qui peut ainsi rivaliser avec la Toscane et la Ligurie. Carte de la province de l’Emilie-Romagne avec sites des colonies Les sites romagnoles des colonies marines se développent de Milano Marittima au Nord, jusqu’à Cattolica au Sud. Le plus grand regroupement d’établissements se trouve à Cesenatico Nord qui en compte 73 dont la grande majorité fut bâtie après 1945. La deuxième ville contenant le plus grand rassemblement est Igea Marina avec 45 colonies. Elle représente toutefois la plus grande concentration dans la province de Rimini. Les trois autres villes restantes comportent, elles aussi, des colonies, mais ne contenant pas autant d’édifices, leur impact géographique est considéré de moindre intérêt. Toutefois, elles accueillent quelques colonies jugées de véritables oeuvres architecturales de grand intérêt. 154 Données du recensement par commune PROVINCE DE FORLI TOTAL FO+RA PROV. DE RAVENNE R iccione Rimini Bellaria Igea Marina S. Mauro Pascoli Gatteo Mare 4 10 24 15 41 94 4 6 73 177 71,9 67 2 69 28,1 246 100 Avant 1915 - - 1 2 - 3 - - - 3 1,2 - - - - 3 1,2 Entre 1915 et 1945 3 1 6 10 3 23 - 1 7 31 12,6 4 1 5 2,0 36 14,6 Après 1 945 1 9 17 3 38 68 4 5 66 143 58,1 63 1 64 26,0 207 84,2 2 - 2 9 1 14 - 1 5 20 8,1 3 1 4 1,6 24 9,8 Communes - - 2 2 1 5 - 1 13 19 7,7 15 1 16 6,5 35 14,2 Provinces - - - 1 3 4 - - 5 9 3,7 1 - 1 0,4 10 4,1 2 - 1 3 2 8 - - 1 9 3,7 1 - 1 0,4 10 4,1 - - 1 - - 1 - - 1 2 0,8 - 1 1 0,4 3 1,2 - 1 2 1 2 6 - - 2 8 3,2 2 - 2 0,8 10 4,1 - - - - 3 3 - - - 3 1,2 - - - - 3 1,2 2 1 6 7 11 27 - 1 22 50 20,3 19 2 21 8,5 71 28,9 Année de constru ctio n Propriété publique LIES L. 1087/39 Emilia Ro magna Propriété de l Etat Org. paraétatiques Org. municipales T OTAL % Cervia Tot. Ravenne Misano A. Tot. EDIFICES AVEC DESTINATION ORIGINAIRE A COLONIE Cesenatico Cattolica District de Rimini Tot. % V.A. % Recensement des colonies présentes dans la côte adriatique 155 Propriété privée Etat de conservatio Org. religieuses Personnes physiques Sociétés immobilières Entreprises et coopératives Sociétés et fondations - 7 3 5 5 20 - - 20 40 16,2 12 - 12 4,9 52 21,1 1 1 8 1 13 24 2 3 21 50 20,3 26 - 26 10,6 76 30,9 1 1 7 2 11 22 1 1 5 29 11,8 7 - 7 2,9 36 14,7 - - - - 1 1 - 1 4 6 2,4 2 - 2 0,8 8 3,2 - - - - - - 1 - 1 2 0,8 1 - 1 0,4 3 1,2 TOTAL 2 9 18 7 30 67 4 5 51 127 51,6 48 - 48 19,5 175 71,1 Bon 2 9 23 12 33 79 3 5 68 155 63, 0 63 1 64 26,0 219 89,0 Médiocre 2 - 1 1 8 12 1 1 5 19 7,7 4 1 5 2,0 24 9,8 Mauvais - 1 - 2 - 3 - - - 3 1,2 - - - - 3 1,2 - 1 2 - 3 6 - - - 6 2,6 - - - - 6 2,4 3 1 4 6 10 24 3 5 12 44 17,9 11 - 11 4,5 55 22,4 En fonction - 8 15 6 27 56 - - 55 111 45,1 51 1 52 21,1 16,3 66,2 Transformées 1 1 5 3 4 14 1 1 6 22 8,9 5 1 6 2,4 28 11,3 Conditions d utilisation Démolies dans les années 1980 Non utilisées ou abandonnées Recensement des colonies présentes dans la côte adriatique / suite 156 Données planivolumétriques et lits disponibles des colonies recensées, subdivisées par commune Surface parcelle Surface couverte Volume Valeurs relatives à la construction du littoral entre la plage et le chemin de fer en 1948 et 1985 IGM 1948 Lits disponibles Localité Aires édificables Aires libres Aires édificables Aires libres 180 64% 36% 78% 22% Misano Adriatico 140 13% 87% 45% 55% Riccione 230 58% 42% 72% 28% Rimini 480 70% 30% 85% 15% Bellaria – Igea Marina 160 51% 49% 82% 18% S. Mauro Mare 20 5% 95% 68% 32% - Savignano Mare 8 - 100% 12% 88% - - Gatteo Mare 40 7% 93% 100 % - 28.9 10838 37.7 Cesenatico 520 28% 72% 85% 15% 1764267 72.0 21307 73.3 Cervia 1230 21% 79% 49% 51% 24.9 634856 25.9 7440 25.6 Total 3008 36% 64% 67% 33% 3.470 1.3 52732 2.1 320 1.1 25.6 67863 26.2 687588 28.0 7760 26.7 100 258741 100 2451855 100 29067 100 mq % mq % mc N. % Cattolica 78 701 5.2 11 459 4.4 79 057 3.2 450 1.5 Cattoli ca Misano Adriatico 4 3 546 2.9 9 116 3.5 99 209 4.0 1 734 5.9 Riccione 140 247 9.4 20 113 7.8 185 225 7.6 3 262 11.2 Rimini 150 889 10.1 22 903 8.9 269 270 11.0 380 1.3 Bellaria – Igea Marina 244 526 16.3 42 691 16.5 376 230 15.3 4 643 - Tot. District de Rimini 657 909 43.9 106 282 41.1 1008 99 1 41.1 10 469 36.0 S. Mauro Mare 10594 0.7 2454 0.9 21623 0.9 - Gatteo Mare 10159 0.7 2990 1.1 25279 1.1 Cesenatico 435264 29.1 79152 30.6 708374 Tot. Prov. Forlì 1113926 74.4 190878 73.8 Cervia 339653 22.7 64393 Ravenne 43875 2.9 383528 1497454 Tot. Prov. Ravenne TOTAL Total Ha 1985 % Les données relatives aux lits disponibles se réfèrent 134 à colonies sur les 163 en fonction Données planivomuétriques et lits disponibles des colonies recensées, subdivisées par commune Valeurs relatives à la construction du littoral entre la plage etle chemin de fer en 1948 et 1985 157 La typologie des colonies Sur le plan fonctionnel et typologique, le nouveau rôle attribué par le régime aux instituts climatiques (la formation physique et spirituelle des « colons ») nécessitant des espaces particuliers tels que salles de sport, salles de réunion, classes et chapelles, rendent plus complexe l’articulation distributive et structurelle du bâti et par conséquent, contribue à sa croissance dimensionnelle. Ainsi, s’opère le passage du monobloc à la création d’un complexe constitué de plusieurs éléments La colonie préfasciste, direct héritage des hospices climatique du 19ème siècle, se développe comme un sanatorium pour enfants, empruntant forme et fonction à la typologie expérimentale présente dans les hôpitaux de l’époque : grandes chambres, réfectoire et locaux pour des activités ambulatoires et thérapeutiques spécifiques. Elle possède la simplicité fonctionnelle, structurelle et formelle donnée par un corps unique de bâtiment de proportions compactes, avec façades répondant à une rigueur néoclassique et avec une couverture à pans. Typologe : Le village Colonie XXVIII Ottobre, appelée aussi «Le Navi» La nouvelle complexité fonctionnelle des colonies est le laboratoire d’expérimentation idéale pour le mouvement rationaliste favorisé concrètement par la disponibilité de matériaux de construction comme l’acier et le verre, encore jamais autant utilisés, ainsi que le béton armé fondamental dans la réalisation de grands espaces, offrant un meilleur apport de lumière et un plus grand résistance structurelle pour les tours et les portiques. A travers son livre « Caratteri degli edifici », Armando Melis a recueilli avec précision les nouvelles exigences des espaces des colonies. Ceuxci font essentiellement référence à l’organisation militaire, en prévoyant que les hôtes des colonies soient divisés en équipes de 25 à 30 enfants avec leur surveillant. Deux services sanitaires sont prévus par équipes, et deux équipes par chambrés. On attribue énormément d’importance aux activités physiques et gymniques collectives qui se trouvent soit à l’intérieur, soit à l’extérieur, devant le drapeau solennellement levé chaque matin. 158 En réalité, toutes ces transformations du thème des colonies se manifestent entre 1925 et 1940. A partir des années 30, avec le développement des colonies fascistes, les modifications introduites par les nouveaux objectifs fonctionnels, réinterrogent les systèmes distributifs et la morphologie des bâtiments. Les colonies groupent ainsi les fonctions fondamentales des espaces scolaires, sanitaires, sportifs et paramilitaires, tout en n’étant ni une école, ni un hôpital, ni une salle de sport, ni une caserne. Mais, étant un produit inédit du point de vue fonctionnel, il devient très difficile de le cataloguer selon les paramètres distributifs, formels et structurels existants. Au début, un classement les distingue selon les emplacements (colonies alpines, marines, fluviales, lacustres) mais aussi par rapport à leurs périodes d’occupation. Les colonies permanentes, fonctionnant toute l’années, ont un caractère curatif contre les maladies chroniques telle que la tuberculose, ce qui les rend plus semblables aux hôpitaux, avec de longues périodes de séjours, qu’à un lieu transitoire de récréation. Les colonies temporaires, fonctionnant quelques mois par an, se distinguent par leur action de prévention et de divertissement. Les Typologie : La tour la colonie FIAT à Marina di Massa colonies diurnes héliothérapiques, quant à elles, ouvertes uniquement en période de vacances scolaires, ne prévoient pas de séjour. Distribuées aux alentours des villes, elles permettent aux jeunes hôtes un retour à la maison le soir. Ce système garantit de grandes économiques de gestion. Ce sont essentiellement ces deux dernières typologies qui se développent. La seule tentative, à l’époque fasciste, de classement systématique du patrimoine des bâtiments est réalisée en 1940 par Mario Labò qui a réparti les colonies en quatre typologies. • Le village : Il est formée d’un ensemble de plusieurs bâtiments disposés séparément dans la parcelle et articulés pour recevoir diverses fonctions. Colonie XXVIII Ottobre de Busiri Vici à Cattolica, Villaggio Marino dell’Opera Balilla de Milan et Turin de Mansutti et Miozzo à Marina di Carrara, la Colonie XXVIII Ottobre de Sotsas et Guaitoli à Marina di Massa, la Colonie Marina della Federazione dei Fasci di Torino prévue sur le littoral de Riccione toujours de Sotsas e Guaitoli, et la Colonie Firenze à Calambrone. 159 • La tour Cette forme est constituée d’un corps à fort développement vertical où sont logés les dortoirs. Celui-ci se détache généralement d’un corps horizontal où se trouvent les services collectifs. C’est le modèle privilégié pour les colonies de montagne, car ces territoires ne sont pas de grandes dimensions et ne possèdent pas non plus de grandes surfaces horizontales permettant la typologie à village. Ce modèle est représenté par la Tour Balilla de Bonadè Bottino à Marina di Massa et par la Colonie de la Fédération des Fasci de Combat de Gênes réalisée à Chiavari selon le projet de Nardi Greco. • Le plan ouvert Ce type est formé de juxtapositions et de contrastes avec des volumes asymétriques comme dans la colonie féminine des Fasci Italiens à l’Étranger de Paniconi et Pediconi à Tirrenia. • Le monobloc Cette typologie est composée d’un unique corps de bâtiment isolé et développé horizon- Typologie : Les contaminationes Colonia Montecatini, Cervia talement dans sa longueur. Il peut être uni à quelques autres bâtiments de dimensions sensiblement plus modestes. Elle incarne le modèle le plus diffusé dans notre site. Cette forme est appliquée dans les colonies Lino Radaelli et Sandro Mussolini à Cesenatico, selon le projet de Fratino-Griffini et Vaccaro, ou la Colonie marine Rosa Maltoni, érigée en 1930 à Calambrone selon le projet de Mazzoni. • Les contaminationes Elles sont issue du type monobloc comprennant des bâtiments ayant un élément vertical dans un volume dominant horizontal. La colonie marina Montecatini à Cervia illustre ce genre. En réalité, le manque d’une typologie consolidée et de règles établies semble avoir libéré les architectes du poids excessifs des exigences et avoir ainsi stimulé une recherche libérée qui a souvent amené à des résultats de grand intérêt. La liberté de solutions compositionnelles, distributives et fonctionnelles de certaines colonies a un caractère révolutionnaire. 160 2 Dans ces constructions se reflète la pureté des volumes et se diffuse l’utilisation de toitures plates au lieu des toits à pans. Ces caractéristiques en font des volumes géométriques et architecturaux dignes d’une modernité inédite. L’ameublement et les décors deviennent, eux aussi, des signes graphiques, des nouveaux styles de composition de grand impact formel. Un des principaux buts de ces projets modernes est de frapper l’imaginaire des enfants et en éduquer leur sens de l’esthétique. Tout dans les colonies, des lignes abstraites et des volumes, aux développements des plants qui tracent les itinéraires de la vie communautaire, de l’ampleur du type d’ouvertures au dessin des balustrades, des crépis aux revêtements de sol, couleurs, matières, réfectoire et locaux de nettoyages, dortoirs et salles de sports, participent à composer la forme plastique, l’image visuelle par laquelle s’identifiera pour toujours, dans la mémoire des enfants, le souvenir du séjour en colonie. Ce souvenir est aussi possible grâce à la symbolique des formes qui rendent souvent hommage à la militarisation des colonies. Deux exemples sont essentiellement emblématiques : 1 3 Formes types des colonies : le fagot, l’enfant à bras ouvert, le M la colonie marine XXVIII Ottobre pour les enfants des italiens à l’Etrangers, à Cattolica, projetée en 1934 par Busiri Vici, avec l’image et la ressemblance d’une flotte en béton armée en formation autour du navire amiral, et la colonie marine Principi di Piemonte, à Cattolica, réalisée selon le projet de Baldi et Papini, avec une planimétrie qui rappelle un avion de guerre et huit colonnes monolithiques qui symbolisent le gouvernement, le grand conseil du fascisme, le consortium national des corporations, les forces armées, la milice, et la jeunesse fasciste. L’allégorie matérialisée dans les formes planimétriques est un motif récurrent dans les colonies réalisées pendant l’entre-deux guerres. On retrouve l’image d’un enfant à bras ouverts, figure 2, en référence au logo de la campagne antituberculaire, dans la colonie marine Vittorio Emmanuele II, réalisée à Calambrone en 1934 selon le projet de Steffanon. On peut aussi retrouver l’image d’un énorme fagot, «fascio», illustré dans la colonie marine Regina Elena de 1932, à Calambrone de Venturi, figure 1. Et souvent, comme dans la colonie O.P.A.F.S. à Igea Marina, se développe des corps de bâtiments à forme de M, figure 3. 161 Plage de bord de mer Indépendamment de la typologie du corps du bâtiment des colonies, elles répondent toutes à une règle intransigeante quant à leur implantation. Axe de circulation Corps de bâtiment de la colonies Limite périmétrale Chacune d’elle prend place dans une parcelle de verdure d’amples dimensions. Celle-ci se place, dans la grande majorité des cas, le long de l’axe de circulation étant ainsi immédiatement en contact avec le bord de mer et sa plage. Cette règle de disposition est fortement illustrée à Igea Marina. Pour délimiter l’espace privatif de chacune des colonies de manière explicite et être certain de ne pas perdre les petits colons, les parcelles sont circonscrites par une frontière périmétrale en maçonnerie ou en grillage. Cette particularité est encore visible aujourd’hui dans les colonies abandonnées tout comme dans celles gardant leur fonction initiale. Pour augmenter encore plus le caractère privatif de chaque institutions, la typologie imposait un corps de bâtiment avancé vers l’axe de circulation offrant ainsi un arrière cours libre et protégé. Espace vert de la colonie Principe d’implantation d’une colonie 162 La vie au sein des colonies La vie au sein des colonies est totalement centrée autour d’un élément fondamental, est la célébration quotidienne de l’horaire. En effet, toutes les activités, le réveil, le repos, les activités hygiéniques, les exercices physiques, les repas, les soins héliothérapiques, sont réglés selon des programmes rigides et précis auxquels l’enfant doit se soumettre. Chaque jour commence avec le lever du drapeau et fini par son salut. Entre ces deux moments phares, les activités, vues presque comme des rituels, sont définies de manière précise, que se soit du point de vu spatial que temporel. Cette organisation stricte commence dés l’arrivée des enfants aux colonies. En effet, l’entrée dans l’enceinte de la colonie est marquée par une séquence de pratiques qui accompagnent les petits hôtes du moment de leur départ de la maison et jusqu’à leur retour. Les départs pour les colonies de vacances, sont, pour la plupart, célébrés par une fête avec une cérémonie riche en chants et hymnes. L’objectif de ces rituels est la création d’un climat d’exaltation collective qui implique la réunion de grandes masses de personnes. Sortie collective à la plage, colonie Agip, Cesenatico Les enfants, arrivés à la colonie, passent immédiatement une visite médicale. Ceux qui sont porteurs de maladies sont conduits en isolement, tandis que ceux en bonne santé sont amenés aux vestiaires. Il sont ensuite lavés et habillés avec des uniformes qu’ils devront porter durant toute la durée de leur séjour. Ils se retrouvent donc tous affublés d’un habit commun, éliminant ainsi les traits de personnalité de tout un chacun. Ce moment représente le début de l’endoctrinement qui suivra l’enfant tout au long de son séjour. C’est un moment crucial dans le passage du monde extérieur à celui intérieur à la colonie. Un moment qui décrète l’appartenance de l’enfant à la communauté dans laquelle il est inséré. Les enfants sont ensuite classés dans des groupes dans des groupes de 25 à 30 colons. La division en équipe ou groupe, est réalisée selon les critères de l’âge ou au développement physique des filles et des garçons, créant aussi des regroupements d’enfants de même lieu de provenance. 163 Au sein des colonies, il n’existe aucune discrimination sociale. Toutefois, l’individu et la personnalité de chaque enfant est annihilée, une fois de plus, à cause de la très forte présence de l’endoctrinement. Celle-ci est renforcée à travers chaque action accomplie de la part des éducatrices et des assistantes. Ces dernière doivent suivre des formations intensives avant de pouvoir pratiquer en tant qu’éducatrices dans les colonies fascistes. A la série d’action qui se déroulent selon une cadence rythmée et un timing spécifique, correspond une série d’espaces qui se succèdent d’après leurs fonctions, introduisant ainsi doucement l’enfant dans la colonie. Le schéma ci-contre illustre les relations spatiales existantes entre les différents espaces de la colonie. Nous remarquons une certaine rationalisation dans les déplacements ainsi qu’un soin particulier dans l’élaboration des différents chemins. Le personnel de surveillance, considéré appartenant à la catégorie des hôtes, suit aussi le même parcours que les enfants. Toutefois, un autre cheminement, celui des membres du personnel de service en est nettement séparé et ne se superpose à aucun moment à celui de la vie au sein de la colonie. . Schéma des relations des espaces de la colonie L’Administration se trouve généralement dans un pavillon totalement séparé par rapport aux parcours des enfants. C’est dans cet espace que les parents, venus rendre visites ,à leurs petits attendent, n’interférant ainsi en aucune manière avec la vie de la colonie. Outre la grande importance des espaces ouverts, il est fondamental de souligner la présence évidente des lieux destinés à la vie collective et la préoccupation des architectes envers la facilité du travail des surveillantes. Les espaces communs occupent des positions privilégiées. Ils ont des dimensions considérables et font l’objet d’un soin particulier en ce qui concerne les problèmes d’aération et de lumière. Ils constituent finalement un lieu où doit prévaloir un fort caractère festif. Le plus souvent, ces espaces sont conçus de manière symétrique représentant ainsi la nette séparation entre filles et garçons, allant même jusqu’à doubler la proportion des services par rapport à ceux présent dans les lieux pour la vie communautaire. 164 Ces bâtiments des colonies traduisent ainsi les modèles éducatifs dominants présents à l’époque fasciste. Outre la rigide séparation des sexes dans les dortoirs, lors des activités tout au long de la journée, et dans les espaces communautaires, le bâtiment n’est pas conçu à son échelle mais à celle des adultes. L’enfant se retrouve ainsi confronté à une dimension immense pour lui, qui ne correspond pas à sa taille et dans laquelle il ne trouve pas de point de référence qui lui sont destinés. Même la totale absence de dispositifs spatiaux se référant à la dimension individuelle reflète un système dans lequel l’aspect communautaire a une prédominance absolue. A l’intérieur même des dortoirs, l’espace est collectif, il n’existe au- Colons en exercice physique à la plage cune recherche de privacité pour l’enfant. La totale ouverture détermine une visibilité constante et presque totale des petits et permet une surveillance continue de la part du personnel. Dans la colonie, le rapport avec le lieu, la nature revêt une grande importance, non seulement en ce qui concerne les conditions d’isolement par rapport à son contexte, mais l’environnement naturel est le décor de la plus grande majorité des activités diurnes. A travers une vie essentiellement parcourue à l’extérieur dans laquelle l’exercice physique assume un rôle fondamental, la race devient toujours plus perfectionnée créant ainsi des jeunes forts et sains. 165 166 167 Un jour type au sein des colonies La journée des petits colons commence invariablement par le salut au drapeau. Toutes les équipes se rendent ensemble, au pas de marche, sur la plage où a lieu le lever du fameux drapeau. Avant Ensuite, la journée peut réellement commencer. Les enfants se séparent pour participer à leur demi-heure d’exercice physique. Suite à cet effort, les enfants ont enfin droit à leur petit déjeuner pris dans le réfectoire commun. Celui-ci est ensuite suivi par une petite heure de temps libre, consacrée ,en réalité, à un cours durant lequel les superviseurs enseignent la doctrine politique. Vient ensuite le temps de la plage. Les groupes y reçoivent les cures alternant les bains d’air, les bains de soleil, et les bains d’eau. Ils restent souvent sous des tentes pour s’acclimater gentiment au climat balnéaire. • Les bains de soleil durent en moyenne une heure. L’exposition est progressive, évitant ainsi les éventuels coups de soleil. 30 jours après • Les bains d’eau se déroulent avec des immersions de vingt minutes sans effort physique. A 13h00, un repas copieux est servi aux enfants. Ce choix vise à faire augmenter le poids de ces enfants ainsi que leur musculature. • La diète imposée est d’environ 2’000 KCal pour les bambins de 5 à 9 ans. Les enfants âgés de 9 à 12 ans ont droit à 2’400 KCal. Cette étape est suivie par une petite sieste. Vient ensuite l’endoctrinement et une nouvelle marche à la plage. Avant le repas, les enfants doivent participer à un entraînement de gymnastique, généralement constitué d’exercices paramilitaires, d’exercices d’imitations et de jeux d’équipes. La journée se termine par le repas et la salut au drapeau réunissant pour une dernière fois les enfants avant le retour dans les dortoirs et l’extinction des feux à 21h00. Le jour suivant suivra, minute par minute, le même déroulement que le précédent. 168 Étude de cas : La colonie Agip 169 La colonie agip Histoire La colonie AGIP est construite en pleine période fasciste, soit entre 1937 et 1938 selon le projet de l’architecte bolonais Giuseppe Vaccaro. La société Agip Petroli, encore aujourd’hui propriétaire du bâtiment, représente, dans les années 30, en Italie la première entreprise d’État pour la recherche et la distribution de carburant. En 1937, elle décide la construction d’une colonie pour héberger les enfants de ses employés durant les mois d’été. Mussolini intervient dans les décisions de l’entreprise et ordonne qu’elle soit construite en Emilie Romagne, c’est pour cette raison que la ville de Cesenatico a été choisie et a dédicacé cette colonie à Sandro Mussolini, neveu du Duce. Le président de la Société, l’ingénieur Puppini, aussi le président de la Faculté d’Ingénierie de l’Université de Bologne, donne le mandat à Giuseppe Vaccaro, lui aussi bolonais et auteur d’importants édifices réalisés autant à Bologne que dans d’autres villes d’Italie. Il est l’un des principaux interprètes du rationalisme de Le Corbusier. Le programme de colonie pour enfants s’arrête avec la guerre. Après quelques travaux de restauration, elle retrouve sa fonction civile comme colonie d’été pour les enfants. En 1950, la colonie Agip a hébergé les survivants de l’inondation de Polesine. Actuellement, elle est le siège des séjours d’été pour les enfants de employé de l’E.N.I. La colonie Agip a ses début 170 Giuseppe Vaccaro Giuseppe Vaccaro est né en 1886. Il n’est pas beaucoup plus âgé que les architectes à l’origine du mouvement moderne. Malgré cela, ces quelques années lui suffisent pour marquer un détachement et déterminer une différence de convictions et de comportements. Vaccaro peut être considéré comme l’un des grands architectes de la période d’entre-deux guerres. Toutefois, à la différence de tant d’autres, ses œuvres ont été marginalisées, peut-être à cause de son choix de renoncer à produire des manifestes, des essais et des polémiques. Il développait ses théorises exclusivement à travers ses projets et ses réalisations. Giuseppe Vaccaro dans son bureau en 1934 171 L’architecture de la colonie agip Grâce au projet de la colonie Agip, Vaccaro peut donner vie à ses réflexions sur les thèmes du mouvement moderne. Ceci a été possible par son emplacement dans une aire totalement vierge, caractérisé seulement par la plage et la mer, symbole de ligne horizontale. C’est de cette seule ligne que naît la composition architecturale de cette colonie. La métaphore du projet, dans son entier, semble se résumer dans la fenêtre en longueur qui coupe horizontalement l’enceinte du bâtiment et cadre, en même temps, terre, mer, ciel et soleil. La citation d’Aristote : « l’air du ciel, l’eau de la mer, la terre et le feu du soleil » n’est pas une fin en soi : ils représentent les éléments naturels, artificiels du bien-être des enfants. Le rapport visuel entre les quatre éléments de la nature prend forme dans l’architecture à travers les loggias du premier étage, totalement transparentes et perméables, de cette manière ciel, mer, terre et soleil apparaissent toujours en étroite et harmonieuse interdépendance. Les volumes, simples et essentiels, créent la composition. L’unique élément qui se démarque est le corps central, formé par Façade arrière de la colonie Agip une barre de cinq étages, parallèle à la ligne de la mer, dans lesquels sont placé les dortoirs. Les bureaux et les locaux du personnel sont placés dans les extrémités orthogonales de la structure. Au rezde-chaussée, se trouvent aussi le réfectoire, les cuisines et les services. Dans ce corps principale, malgré son importante élévation par rapport au niveau du sol, la ligne horizontale qui souligne toute la composition du complexe est l’élément le plus important : chaque étage est pourvu de fenêtres sur toute la hauteur, procédé possible grâce à la position en retrait des poteaux disparaissant visuellement en façade. Deux autres corps de bâtiments font partie du complexe. Ils contiennent les services administratifs, le parloir, les chambres pour le personnel et les salles d’études pour les enfants. Ces deux éléments, à la différence du premier, possèdent un seul étage et sont disposés orthogonalement et en retrait vers l’arrière et vers l’intérieur de la ville. 172 Plan masse Plan du rez-de-chaussée : réfectoire et services Plan des étages 3 et 4 : dortoirs Plan d’un des pavillons annexes Coupe transversale 173 Plan niveau semi-enterré Plan niveau 2 : dortoir 174 Plan niveau relevé Le portique avec sa totale transparence permet de rendre le corps central plus léger. Malgré son aspect imposant et massif, il semble voler dans les airs. Le portique est l’élément qui connecte les différents bâtiments qui créent tout le complexe. Il naît sous le corps du bâtiment principal pour s’étirer dans les corps secondaires. Il semble pénétrer à l’intérieur des corps pour se retourner vers les grands jardins extérieurs, presque en invitant à entrer dans la colonie et participer à la vie de la communauté. Il offre immédiatement un spectacle incroyable pour ces enfants qui n’ont jamais vu la mer ! En effet, disposé parallèlement à la ligne de l’horizon et sans vitrage, il met l’enfant en contact direct avec la plage et la mer. Le rez-de-chaussée est un grand espace libre dans lequel, en cas de mauvais temps, peuvent se dérouler de nombreuses activités variées. Le jeu de lumière et d’ombre résultant du parcours du soleil est souligné par l’ombre portée des arcades sur le sol. A travers lesquelles, les équipes d’enfants, participant au levé de drapeau, avant le Salut au drapeau dans la colonie Agip cours de gymnastique quotidien, peuvent admirer le levé du soleil. La forme en C de l’entier du complexe semble accueillir à bras ouverts les enfants en les invitant à entrer. Le volume central possède des caractéristiques spéciales dues à son exposition au soleil. La façade sud-ouest se protège de la chaleur et de la lumière par des brise-soleil fixes, tandis que la façade nord-est possède des fenêtres ouvrantes. La volonté de maintenir une relation entre le milieu marin et celui de la montagne reste importante. Le bâtiment du réfectoire, d’un seul étage, formé de façades totalement vitrées, se rattache au corps principal. Vaccaro suit parfaitement les exigences du régime, qui veut, pour les colonies, une connotation architectonique différente des hospices marins. Elles doivent posséder plus le caractère maternel que celui d’un hôpital. 175 178 179 Dans cette structure, obéissant à la pensée rationaliste, de vastes surfaces vitrées ont été prévues afin de garantir autant une splendide vue sur la mer que sur la campagne et une circulation optimale de l’air et de la lumière. Le projet continue sa réflexion moderne à travers l’emploi des matériaux de construction en choisissant la maçonnerie pour les bâtiments annexes et le béton armé pour le corps principal. Les protections solaires extérieures sont en bois. La fonction de colonie de vacances pour les enfants est interrompue durant la deuxième guerre La colonie Agip à Cesenatico en 2011 mondiale, quand l’édifice est, d’abord, transformé en hôpital militaire, ensuite occupé par les troupes retirées des champs de batailles, et finalement par les troupes des premières lignes de combats. C’est seulement à la fin de la guerre, après des travaux de restructuration, que la colonie Agip reprend son rôle initial de fonction civile comme colonie de vacances pour enfants. Actuellement, la colonie est encore propriété de l’Agip et est un des rares cas dans lesquels la structure, parfaitement conservée, a maintenu sa fonction d’origine. 180 Synthèse 181 Synthèse A la fin de notre visite in situ, nous avions une vision très chaotique de cette région. Mais l’idée intuitive d’un territoire à l’abandon, ayant un très grand potentiel de renouveau, nous a frappé. totalement son caractère propre. Il n’est qu’un patchwork de volontés privées. Grâce à nos analyses, nous avons réussi comprendre le site et ainsi, découvrir un territoire qui a eu, pendant un temps, une forte identité grâce à un tourisme bien spécifique. Bien que l’État et les institutions privées mettent en oeuvre toutes sortes de programmes pour moderniser les infrastructures balnéaires de ce littoral, le tourisme des enfants est totalement délaissé, malgré le fait qu’il représente une partie intégrante de son identité touristique. Tout au long de l’analyse à l’échelle du paysage choisi, nous nous sommes efforcées à comprendre les mécanismes qui ont participé au façonnage de l’image actuelle de la Cité des colonies. Partant, initialement, d’une problématique unique qui prend possession de tout un territoire jusqu’à l’état actuel d’un site complètement fragmenté et sans aucune vision d’ensemble. De ce fait, ce paysage perd Pour la suite de notre travail et comme préambule à la partie projectuelle du diplôme, nous nous sommes efforcées de mieux comprendre le thème de la colonie pour enfants à l’époque actuelle. Nous nous sommes confrontées à des interrogations sur les possibles raisons du déclin de ce thème, ainsi que sur la pertinence de l’actualité de ce sujet. 182 Hypothèse de travail 183 5. Hypothèse de travail Le déclin des colonies marines...........................................................................................................224 Le thème de la colonie de vacances..................................................................................................225 Pertinence de la réutilisation du thème...........................................................................................225 Notre vision des colonies de vacances d’aujourd’hui....................................................................226 Le programme.................................................................................................................................227 184 Le déclin des colonies marines Avant d’aborder les hypothèses de travail, il est impératif d’essayer de comprendre quelles sont les raisons qui ont poussé au déclin des colonies marines et pourquoi, actuellement, elles véhiculent une image négative. Dans cette même optique, l’idée de sécurité a, elle aussi, évolué. Il n’est plus toléré de voir un groupe composé d’une trentaine d’enfants sous la responsabilité d’un seul surveillant. Ce qui fait chuter drastiquement le nombre d’enfants par surveillants. Ce déclin peut être expliqué par de nombreuses raisons. Sur le plan idéologique, la chute des premières colonies a été provoquée par la fin du régime fasciste. En effet, elles ont perdu leur rôle formateur d’hommes et femmes de demain, capables de perpétuer la doctrine fasciste. Le statut du moniteur a, lui aussi, beaucoup changé. Passant d’une personne dévouée, par choix ou par obligation, à son pays et à son régime, à une personne spécialisée avec un statut réclamant un horaire de travail défini et un salaire plus conséquent. Ceci entraîne une augmentation du tarif de séjour. Cet effondrement du régime provoque aussi des modifications dans le monde du travail. On aperçoit une évolution de la situation économique de la famille et de la notion des vacances. Elles sont maintenant vécues en famille. En outre, ces bâtiments qu’ils aient été construits dans les années 1930 ou, comme pour les derniers, au début des années 1970, sont soumis aux perpétuelles mises en conformité imposées par les normes constructives actuelles. Les frais de rénovation étant très élevés par rapport à la valeur du bâtiment, la tendance serait plus à l’abandon ou à la démolition. Aujourd’hui, il existe encore d’autres causes à ces abandons. Une de celles-ci est donnée par l’évolution de la notion de confort. Un dortoir composé de 30 lits alignés ne correspond plus au mode de vie des enfants d’aujourd’hui. Ajouté à cela, les services communs tels que les douches publiques ne sont plus acceptés sous leurs formes initiales. Tous ces changements ont une influence sur la durée et le prix du séjour. Ainsi, ce qui était à la base prévu pour les enfants des classes moyennes, est aujourd’hui fortement mis en péril. 185 Le thème de la colonie de vacances Pertinence de la réutilisation du thème Au milieu du 20ème siècle, le statut et le rôle des colonies de vacances a totalement changé. Leur objectif n’est plus purement sanitaire comme dans les premières colonies ou éducatif comme dans celles des années 1930. Ce n’est plus seulement un lieu destiné aux enfants défavorisés ou aux fils d’employés de grandes entreprises tels qu’Agip, mais elles visent à améliorer le bien-être des enfants à travers la promotion des sports et des loisirs sains comme la pratique du ski, les séjours à la mer et la découverte de la nature. Aujourd’hui, en plus de ces changements, la cellule familiale a subi de grandes mutations. En effet, la noyau traditionnel composé du père qui travaille et de la mère qui s’occupe des enfants n’est plus l’unique modèle. Elle se décline sous différentes formes ayant chacune des besoins différents. Aussi, par le fait que les deux parents travaillent, par choix ou par obligation, le temps de présence auprès des enfants a largement diminué. De nos jours, il est difficile de concilier mission parentale et horaires de travail ainsi que choix de carrière. Par conséquent, les vacances scolaires constituent un grand défi pour l’organisation familiale. Les vacances d’été représentent la période la plus problématique pour ces familles. Cette problématique se voit beaucoup plus amplifiée, lorsque la famille se compose d’un seul parent, père ou mère, avec enfants. C’est pourquoi, nous pensons que remettre le thème de la colonie de vacances marine au goût du jour, pourrait être une des solutions contemporaines pour palier à ce manque de disponibilité. 186 Notre vision des colonies de vacances d’aujourd’hui Suite à nos recherches, nous pouvons, sans aucun doute, affirmer que la forme de fréquentation des colonies dans les années ‘30 à ‘70 a fondamentalement changé. Toutefois, de nos jours, cette forme de vacances attire encore parents et enfants. C’est pourquoi, nous sommes sûres que, si les conditions nécessaires, dont un prix raisonnable, se réunissent, la fréquentation de ces établissements pourrait augmenter. Nous avons donc essayé d’imaginer quelle pourrait être, pour nous, la formule idéale de la colonie marine pour enfants d’aujourd’hui. Une des principales difficultés que nous avons rencontré est celle de trouver une réponse unique à des visions hétéroclites. En effet, au départ, le déroulement de la vie au sein de la colonie était imposé par l’État et par le modèle unique, contrairement à aujourd’hui, où l’enfant fait part de ses désirs et de ses envies. La nouvelle institution devrait pouvoir répondre à la demande, mais aussi l’inscrire dans un projet pédagogique. Des vacances sans contraintes, sans doute, mais organisant un temps pour l’éducation de façon ludique. Les séjours ne se limitent plus à des emplois du temps stricts et surveillés, mais cherchent à offrir à l’enfant la possibilité de développer un projet éducatif qu’il souhaite, dans un cadre autre que celui de l’école. C’est pour cette raison que nous pensons que la colonie devrait se dérouler autour d’un ou plusieurs thèmes ne se limitant ainsi plus uniquement aux promenades et à la plage. Nous trouvant au bord de la mer, les thèmes relatifs à cette dernière seraient les plus pertinents tels que la plongée sous-marine, l’océanographie, l’école de voile, initiation à l’hôtellerie ou encore l’initiation à la gastronomie locale. En outre, la colonie de vacances est l’occasion de faire l’expérience de la vie en communauté tout en préservant la personnalité de chaque petit colon. Elle lui permet de côtoyer d’autres cultures et modes de vie en dehors de son cercle familial et scolaire restreint, développant, ainsi, son esprit critique face au monde. Envoyer son enfant en colonie, pour un séjour temporaire, permet une rupture bénéfique avec le noyau familial. Ce court laps de temps offre à l’enfant la possibilité de se responsabiliser et aux parents une pause salutaire. 187 La programme Dans la deuxième partie de ce travail de diplôme, il s’agira de concevoir et de proposer une nouvelle image pour la Cité de colonies. Toutefois, il ne serait pas question de recréer un bâtiment à l’image de ceux préexistants ou de s’insérer dans l’un de ceuxci. Nous intéressant à la problématique et, à travers elle, réinterprétant ce thème avec notre propre vision et pouvant ainsi apporter une deuxième vie à ce territoire autrefois, ville des enfants. Contrairement aux typologies développées jusqu’à maintenant, où l’enfant évoluait dans un espace projeté à la taille de l’adulte, notre volonté serait de développer la plus petite unité spatiale et constructive adaptée et pensée aux dimensions de l’enfant. Ainsi, nous souhaitons créer des petites «familles» organisées par tranche d’âge et de thèmes afin de faciliter la sociabilisation et l’intégration des enfants. Sur le plan architectural, nous voyons l’espace du projet comme un «village» ouvert et en relation étroite avec son milieu et non plus comme une caserne renfermée sur elle-même délimitée par une enceinte. Des espaces publics et de références seront développés au sein de celui-ci permettant une meilleure cohésion de l’ensemble. L’accent sera mis sur une mobilité douce à l’intérieur du paysage en développant, en lien avec les deux villes voisines, Igea Marina et Torre Pedreira, une promenade piétonne le long du littoral, ainsi que des pistes cyclables. Élaborant ainsi, une hiérarchisation claire dans les axes de circulation. De plus, cette nouvelle contrainte permettra de rendre le paysage plus sûr pour les enfants tout comme pour les centre dédiés aux personnes handicapées. Actuellement, cet axe est un danger pour ces personnes qui doivent la traverser chaque jour pour se rendre à la plage. Comme nous avons pris le parti de développer une colonie à thème, l’organisation du plan sera influencé par le choix de la thématique secondaire. 188 Conclusion 189 Conclusion Ce semestre, dédié à la recherche et à l’analyse, nous a permis de prendre connaissance de l’histoire, des caractéristiques, des mécanismes ainsi que des enjeux de la thématique du tourisme dans un contexte particulier. Grâce à la documentation que nous avons pu rassembler et aux analyses effectuées lors des premières échelles européenne et adriatique, nous pouvons maintenant mieux appréhender le concept de tourisme balnéaire. De par ses caractéristiques propres, nous pouvons affirmer son statut de programme saisonnier. Les premiers chapitres, nous ont fourni les connaissance nécessaires pour ensuite analyser la ville d’Igea Marina. Comme nous avons pu le constater tout au long de notre mémoire, il s’agit d’une ville qui a, depuis toujours, essayé de tisser un lien avec sa mer et, à travers elle, son tourisme. Comme les autres villes balnéaires présentes sur la côte adriatique, elle a tenté de tirer parti de cette donnée, à l’aide des différentes étapes de son évolution. Cependant, même si elle continue à tout mettre en oeuvre pour promouvoir son tourisme, la ville ignore volontairement et complètement une part importante et intégrante de son image et de son passé. Sa Cité des colonies est aujourd’hui entièrement découpée et oubliée du reste de la ville. Même l’urbanisation actuelle lui tourne le dos à travers l’instauration de la route du littoral divisant ainsi le monde touristique d’Igea Marina en deux entités et augmentant toujours plus ce sentiment d’abandon. Aujourd’hui, elle s’est transformée en une ville pour moitié fantôme et moitié programmes reniés par le tourisme de masse. Cette politique de total abandon d’un patrimoine culturel unique, se constate sur toute la côte de l’Emilie-Romagne. L’Italie semble vouloir oublier son histoire des colonies qui est pourtant un des fondements de son tourisme balnéaire. Ce mémoire constitue la phase préparatoire à la conception du projet d’architecture et nous fournis les connaissances sur lesquelles nous pourrons nous appuyer pour entamer le deuxième semestre. 190 Annexes 191 192 193 194 195 Répertoire des Colonies Marines d’Igea 196 27 15 9 16 30 29 34 11 28 23 1 24 18 19 42 41 40 38 39 36 35 37 32 13 12 8 25 31 26 22 21 20 17 14 10 3 6 2 7 5 4 33 1 Colonia Trento 12 Colonia A.T.C. Bologna 23 Istituto Luce sul Mare 34 Colonia C.C.R. 2 Colonia A.N.I.E.P. 13 Colonia La Marinella 24 Colonia Lumezzane 35 Colonia Santa Maria del Mare 3 Colonia Assunta 14 Colonia San Giuseppe 25 Colonia Alga Marina 36 Colonia Savina Petrelli 4 Colonia Sacra Famiglia 15 Colonia Lecchese 26 Colonia Luce sul Mare 37 Colonia A.T.M. Torino 16 Colonia XXV Aprile 27 Colonia Primavera 38 Colonia Leonessa I 6 Colonia Ternana 17 Colonia Padre Beccaro 28 Colonia Franco Tosi 39 Colonia Leonessa II 7 Colonia Assunta (dépendance) 18 Colonia Stella 29 Colonia Fiordalisp 40 Colonia F.I.A.T. 8 Colonia La Serena 19 Colonia Ridente 30 Colonia La Perla 41 Colonia Solatia 9 Colonia Adriatica 20 Colonia A. Vighi 31 Colonia Santa Dorotea 42 Colonia Sole sul Mare 10 Colonia Ticino 21 Colonia Padiglione prima Infanzia 32 Colonia Fiumicella 11 Colonia Neri Enrico 22 Colonia Nives 33 Colonia A.E.M. 5 Colonia Pavese 197 A Colonia Ferrovieri Propriétaire : O.P.A.F.S. Année de construction : 1930 Places lits : 300 État actuel : abandonné 2 B Surface du bâtis : 3’402 m2 Volume : 34’691 m3 Étages : 4 Densité : inconnu Colonia A.N.I.E.P. Propriétaire : Croix Rouge it- laienne Année de construction : 1940 Places lits : 130 État actuel : centre pour personne handicapées Propriétaire : Société Immobilière Année de construction : années ‘50 Places lits : inconnu État actuel : démolie 3 Surface du bâtis : 963 m2 Volume : 10’771 m3 Étages : 2 Densité : 0.3 Colonia Sorriso C Surface du bâtis : 600 m2 Volume : 4’200 m3 Étages : 2 Densité : inconnu Colonia Assunta Propriétaire : Privé Année de construction : 1951 Places lits : 85 État actuel : abandonnée Propriétaire : Société privée Année de construction : années ‘50 Places lits : 221 État actuel : abandonné 4 Surface du bâtis : 756 m2 Volume : 5’444 m3 Étages : 2 Densité : 0.2 Colonia Villa del Sole 1 Surface du bâtis : 2’142 m2 Volume : 14’994 m3 Étages : 2 Densité : inconnu Colonia Sacra Famiglia Propriétaire : propriété Région Emilie Romagne Année de construction : 1949 Places lits : inconnu État actuel :démolie en 1984, actuelle- Propriétaire : Colonies climatiques de la province de Pavie, propriétaire actuel Région Emilia Romagna Année de construction : 1939 Places lits : inconnu 5 ment utilisée comme plage Surface du bâtis : 1’096 m2 Volume : 6’125 m3 Étages : 1 Densité : inconnu Colonia Trento État actuel : démolie Surface du bâtis : 1’452 m2 Volume : 14’490 m3 Étages : 4 Densité : inconnu Colonia Pavese Propriétaire : Colonies climatiques de la province de Pavie, propriétaire actuel Région Emilie Romagne Année de construction : 1928 -1934 Places lits : inconnu État actuel : démolie en 1984 Surface du bâtis : 3’830 m2 Volume : 38’571 m3 Étages : 3 Densité : inconnu 6 Colonia Ternana Propriétaire : Déjà colonie de la fédération du Fascisme de Terni, propriété actuelle Région Emilie Romagne Année de construction : 1932 Places lits : inconnu État actuel : utilisée comme école 10 7 enfantine et primaire Surface du bâtis : 794 m2 Volume : 7’860 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 Colonia Ticino Propriétaire : Chambre du travail de Lugano Année de construction : 1953 Places lits : 130 État actuel : utilisée Propriétaire : Privé Année de construction : années ‘60 Places lits : 100 État actuel : abandonnée 11 Surface du bâtis : 990 m2 Volume : 6’079 m Étages : 2 Densité : 32,2 % 3 Colonia Assunta (dépendance) Surface du bâtis : 320 m2 Volume : 3’656 m3 Étages : 4 Densité : 0.2 Colonia Neri Enrico Propriétaire : Privé Année de construction : 1948 Démolie et reconstruite en 1955 Places lits : 100 État actuel : abandonnée 8 Propriétaire : Société privée Année de construction : 1959 Places lits : 165 État actuel : abandonnée 12 Surface du bâtis : 762 m2 Volume : 1’075 m3 Étages : 2 Densité : 0.2 Colonia La Serena 9 Surface du bâtis : 794 m2 Volume : 7’234 m3 Étages : 2 Densité : inconnu Colonia Bologna Propriétaire : A.T.C. de Bologne Année de construction : 1961 - 62 Places lits : 145 État actuel : abandonnée Propriétaire : Privé Année de construction : 1959 Places lits : 160 État actuel : abandonnée 13 Surface du bâtis : 962 m2 Volume : 9’633 m3 Étages : 3 Densité : inconnu Colonia Adriatica Surface du bâtis : 604 m2 Volume : 4’487 m3 Étages : 3 Densité : 0.2 Colonia La Marinella Propriétaire : Privé Année de construction : 19561 Places lits : 160 État actuel : auberge de jeunesse (2*) Surface du bâtis : 948 m2 Volume : 8’095 m3 Étages : 3 Densité : 0.2 14 Colonia San Giuseppe Propriétaire : Religieux Année de construction : 1961 Places lits : 160 État actuel : utilisé 18 15 Surface du bâtis : 948 m2 Volume : 8’095 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 Colonia Stella Propriétaire : Société Immobilière Année de construction : 1950 Places lits : 130 État actuel : centre pour personnes handicapées Propriétaire : Déjà propriété de Giuseppe Aldè des Fascistes du Combat de Lecco, propriété actuelle de la région Emilie-Ramagne Année de construction : fin des années ‘20 19 Surface du bâtis : 1’560 m2 Volume : 10’500 m3 Étages : 2 Densité : 0.3 Colonia Lecchese 16 Places lits : inconnue État actuel : démolie Surface du bâtis : 1’100 m2 Volume : 12’000 m3 Étages : 2 Densité : inconnu Colonia Ridente Propriétaire : Province de Bologne Année de construction : 1953 Places lits : 60 État actuel : centre pour personnes handicapées Propriétaire : Privée Année de construction : 1948 Places lits : inconnu État actuel : abandonnée depuis 1983 20 Surface du bâtis : 443 m2 Volume : 4’758 m3 Étages : 2 Densité : 0.1 Colonia XXV Aprile 17 Surface du bâtis : 950 m2 Volume : 9’975 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 Colonia A. Vighi Propriétaire : Province de Bologne Année de construction : 1961 Places lits : 150 État actuel : centre pour personnes handicapées Propriétaire : Religieux Année de construction : 1951 Places lits : 90 État actuel : abandonnée 21 Surface du bâtis : 738 m2 Volume : 8’856 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 Colonia Padre Beccaro Surface du bâtis : 387 m2 Volume : 4’207 m3 Étages : 3 Densité : 0.2 Colonia Padiglione prima infanzia Propriétaire : Province de Bologne Année de construction : années ‘50 Places lits : 75 État actuel : centre pour personnes handicapées Surface du bâtis : 842 m2 Volume : 7’800 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 22 Colonia Nives Propriétaire : Privé Année de construction : 1957 Places lits : inconnu État actuel : maison de repos pour personnes âgées 26 23 Surface du bâtis : 480 m2 Volume : 7’823 m3 Étages : 3 Densité : 0.4 Colonia Luce sul Mare Propriétaire : Société Privée Année de construction : 1952 Places lits : inconnu État actuel : abandonné Propriétaire : inconnu Année de construction : 1954 / 56 Places lits : inconnu État actuel : abandonnée 27 Surface du bâtis : 618 m2 Volume : 6’245 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 Istituto Luce sul Mare 24 Surface du bâtis : 1’074 m2 Volume : 7’322 m3 Étages : 3 Densité : 0.1 Colonia Primavera Propriétaire : Privé Année de construction : année ‘60 Places lits : 220 État actuel : abandonné Propriétaire : Religieux Année de construction : 1950 Places lits : 60 État actuel : maison de vacances pour familles et groupes 28 Surface du bâtis : 720 m2 Volume : 7’050 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 Colonia Lumezzane 25 Surface du bâtis : 350 m2 Volume : 2’783 m3 Étages : 2 Densité : 0.2 Colonia Franco Tosi Propriétaire : Société Immobilière Année de construction : 1952 Places lits : 150 État actuel : utilisée, colonie de vacances Propriétaire : Religieux Année de construction : 1950 Restauré : de 1975 - 1984 Places lits : 140 État actuel : utilisée comme clinique 29 Surface du bâtis : 820 m2 Volume : 7’878 m3 Étages : 3 Densité : 0.3 Colonia Alga Marina Surface du bâtis : 616 m2 Volume : 3’891 m3 Étages : 2 Densité : 0.2 Colonia Fiordaliso Propriétaire : Religieux Année de construction : 1972 Places lits : 140 État actuel : utilisée, colonie de vacances Surface du bâtis : 440 m2 Volume : 4’576 m3 Étages : 3 Densité : 0.2 30 Colonia La Perla Propriétaire : Privé Année de construction : années ‘60 Places lits : 82 État actuel : possible encore colo- nie de vacances 34 31 Surface du bâtis : 616 m2 Volume : 6’468 m3 Étages : 3 Densité : 0.2 Colonia C.C.R. Propriétaire : Consortium Communes Reggianti Année de construction : 1962 Places lits : 300 État actuel : Abandonnée Propriétaire : Religieux Année de construction : 1970 Places lits : 165 État actuel : abandonnée 35 Surface du bâtis : 1’020 m2 Volume : 7’430 m3 Étages : 2 Densité : 0.2 Colonia Santa Dorotea 32 Surface du bâtis : 1’351 m2 Volume : 8’568 m3 Étages : 2 Densité : 0.3 Colonia Santa Maria del Mare Propriétaire : Société immobilière Année de construction : 1963 Places lits : 220 État actuel : clinique privée Propriétaire : Privé Année de construction : 1956 Places lits : 70 État actuel : Auberge de jeunesse 36 Surface du bâtis : 1’800 m2 Volume : 15’000 m3 Étages : 4 Densité : 0.2 Colonia Fiumicella 33 Surface du bâtis : 592 m2 Volume : 5’044 m3 Étages : 2 Densité : 0.3 Colonia Savina Petrelli Propriétaire : Société privée Année de construction : 1970 Places lits : inconnu État actuel : Abandonnée Propriétaire : Agence Électrique Municipale de Milan Année de construction : 1957 Places lits : 230 État actuel : maison de vacances 37 Surface du bâtis : 1’244 m2 Volume : 12’914 m3 Étages : 4 Densité : 0.2 Colonia A.E.M. Surface du bâtis : 1’563 m2 Volume : 10’922 m3 Étages : 2 Densité : 0.3 Colonia A.T.M. Torino Propriétaire : Consortium Trans- ports Turinois Année de construction : 1960 Places lits : 160 État actuel : Abandonnée mais sur- veillée par gardien Surface du bâtis : 1’980 m2 Volume : 17’000 m3 Étages : 5 Densité : 0.2 38 Colonia Leonessa I Propriétaire : Société privée Projeteur : ing. F.G. Nanni Année de construction : 1951 Places lits : inconnu État actuel : Abandonnée 41 39 Surface du bâtis : 772 m2 Volume : 7’445 m3 Étages : 3 Densité : 0.1 Colonia Solatia Propriétaire : Privé Année de construction : 1952 État actuel : détruite Date de démolition : inconnue Propriétaire : Société privée Projeteur : ing. F.G. Nanni Année de construction : 1953 Places lits : 165 État actuel : Abandonnée 42 Surface du bâtis : 970 m2 Volume : 7’930 m3 Étages : 3 Densité : inconnu Colonia Leonessa II 40 Surface du bâtis : 962 m2 Volume : 9’768 m3 Étages : 4 Densité : 0.2 Colonia Sole sul Mare Propriétaire : Privé Année de construction : 1953 État actuel : détruite Date de démolition : inconnue Surface du bâtis : 900 m2 Volume : 5’837 m3 Étages : 3 Densité : inconnu Colonia F.I.A.T. Propriétaire : F.I.A.T. S.p.A. Année de construction : 1949 - 51 Extension : 1968 Places lits : 600 État actuel : Abandonnée depuis 1983 Surface du bâtis : 4’892 m2 Volume : 44’790 m3 Densité : 0.1 Étages : 3 Bibliographie et iconographie 205 Remerciements Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidé à réaliser ce mémoire de travail de diplôme. Nous voulons tout d’abord citer notre groupe de suivi, Mme Elena Cogato-Lanza et Yves Dreier, qui nous a suivi, dès nos premiers pas, dans cette recherche théorique et qui nous a apporté son soutien. Merci aussi à toutes les personnes qui nous ont aidé à trouver les informations nécessaires au bon déroulement de l’analyse, les Archives de la ville de Rimini, les Archives d’État de Rimini, et les responsables des bureaux de la commune de Bellaria - Igea Marina, Parmi eux nous remercions spécialement M. Masini et M. Gori qui ont pris le temps de nous recevoir pour nous guider dans nos recherches initiales. Nous voulons enfin terminer en remerciant nos familles qui nous ont soutenus durant ce semestre et nous ont apporté leur aide pour la relecture de notre mémoire. 206 Bibliographie Échelle Européenne Source bibliographique Source internet Annuziata Berrin, Storia del turismo in Italia, éditeur Sociéta del Mulino, Bologna, 2011, 322 p. http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/italie/presentation-de-l-italie/article/geographie-et-his- J.-P. Lozato-Giotart, Géographie du tourisme, Masson géographie, quatrième édition, Paris, 1993, 312 p. toire-8673, consulté le 20 novembre Laurent Tissot, Construction d’une Industrie touristique, au 19e et 20e siècles, perspectives internationales, http://geotourweb.com/nouvelle_page_133.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Tourisme_religieux, consulté le 7 éditions Alphil, Collection Histoire, Neuchâtel, septembre 2003, 410 p. novembre Le tourisme en Italie, dossier de diplôme http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/italie_213/presentation- italie_1372/geographie_8673. Lorenzo Bagnoli, Manuale di geografia del turismo, dal grand tour ai sistemi turistici, éditeur UTET univer- html, consulté le 7 novembre sità, De Agostini Scuola SpA, Novara, 2010, 178 p. http://www.touristie.com/italie/Sea-sex-sun-138, consulté le 7 novembre Stefano Bordigoni, Atlante geografico, metodico De Agostini, direzione générale : Stefano Bordigoni, Instituto geografico de Agostini, Novara, 2010, 240 p. http://geotourweb.com/nouvelle_page_133.htm, consulté le 6 novembre Philippe Duhamel, Isabelle Sacareau, Le tourisme dans le monde, Armand Colin, Paris, 1998, 224 p. Piero Innocenti, Geografia del turismo, Carocci editore, Terza edizione aggiornata, Roma, 1992, 289 p. http://francais.interrailnet.com/enfr/planning/railway-map, consulté le 18 octobre http://www.aferry.fr/, consulté le 11 décembre http://www.skyscanner.fr/, consulté le 11 décembre http://www.trenitalia.com/cms/v/index.jsp?vgnextoid=4005d8f9f285a110VgnVCM10000080a3e90aRCRD, consulté le 16 novembre http://www.bahn.com/i/view/ITA/it/index.shtml http://www.sncf.com 207 Échelle Adriatique Source bibliographique Source internet Antonio di Campli, Adriatico : la città dopo la crisi, édition : LIST Lab Laboratorio, Internazionale Editoriale, Promotion et distribution : ACTAR D, juillet 2009, 175 p. http://francais.interrailnet.com/enfr/planning/railway-map, consulté le 18 octobre Pierre Cabanes, Histoire de l’Adriatique, sous la direction de Pierre Cabanes, Collection : L’univers historique, Seuil, Paris, septembre 2001, 671 p. http://www.autostrade.it/, consulté le 25 octobre http://www.autostrade.it/, consulté le 25 octobre http://www.adria.net/ http://www.senat.fr/rap/r08-049/r08-0495.html http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Croatie/115207 http://www.universalis.fr/ www.voyageforum.com http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/l_adriatique_entre_deux_mondes.asp http://ressources.ciheam.org/om/pdf/r33/CI010662.pdf www.iehei.org/bibliotheque/laMediterraneeplurielle.doc http://www.pap-thecoastcentre.org/pdfs/Directives%20accueil%20tourisme.pdf 208 Échelle de la ville Source bibliographique Source internet Andrea De Santi, Rimini nel secondo dopoguerra, transformazioni urbane e modelli di città, «Il Ponte Vecchio», Cesena, 2008, 207 p. http://www.balnea.net/biblioteca/79.html Giovanni Rimondini, Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina, Panozzo Editore, Rimini, 1999, 180 p. Gualtiero Gori, Quando il mare brucia, Bellaria e Igea Marina : cultura dell’accoglienza e costi sociali nella metamorfosi balneare in una comunità della romagna, La Mandragora Editrice, Imola, 1992, 196 p. Marco Zaoli, Piano particolareggiato di iniziativa pubblica di riqualificazione della zona della zona colonie, comune di bellaria igea marina, province de Rimini, novembre 2008 I dati che descrivono il territorio provincia di Rimini, Servizio SITUA, Piano Strategico – Statistica Ufficio Statistica http://www.comune.bellaria-igea-marina.rn.it/ http://www.adria.net/fra-22-localita-igea-marina.php http://www.comuni-italiani.it/099/001/ http://www.bellaria-igeamarina.com/ http://www.abcvacanze.it/riviera-adriatica/la-storia-di-bellaria-igea-marina.htm http://www.igeamarina.info/Storia.htm http://www.ilnuovo.rn.it/archivio/20050120/articolo07.html La maison rouge d’Alfredo Panzini, Commune de Bellaria Igea Marina, Août 2009, p.80 http://www.provincia.rimini.it/informa/statistiche/index_stat.html Movimenti naturali, migratori, saldi e popolazione all’1/1/2011 per i singoli comuni e per la provincia di Rimini, Anagrafi comunali, Ufficio Statistica - Provincia di Rimini http://www.istat.it/en/ Provincia di Rimini - Anno 2011 arrivi Italiani e stranieri, per periodo e comune, Strutture Ricettive, ufficio statistica - Provincia di Rimini Provincia di Rimini Movimento turistico mensile nelle strutture ricettive complessive 1997-2011 Strutture Ricettive Elaborazione: Provincia di Rimini - Ufficio Statistica Archives de la ville de Rimini Archives d’État de Rimini Entretiens Gualtiero Gori, professeur de socilogie à l’université de Bologne et responsable du bureau des activités culturelles et politique des jeunes de la ville de Bellaria - Igea Marina Paolo Masini, responsable bureau de la construction, urbanisme, de la ville de Bellaria - Igea Marina Monsieur Giudici, responsable bureau des cadastres, Agence du Territoire de Rimini 209 Échelle de paysage choisi Source bibliographique Source internet D. S. Piccoli , L’éducation fasciste de la jeunesse en Italie, Édition Societa Editrice di Novissima, Rome, 1936, 78 p. http://www.specialehotel.com/info-turistiche/rimini-storia-arte-e-curiosita/storia-delle-colonie-marine-in-ro- Blandine Ollivier, Jeunesse fasciste, Édition : Gallimard, Paris, 1934, 254 p. Gabriella Gallerani, Vincenza Maugeri, Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale, Istituto per i beni culturali della Ragione Emilia-Romagna, Grafis Edizioni, Bologne, octobre 1986, 259 p. Gaia Vivaldi, L’ex colonia FIAT «Edoardo Agnelli» a Marina di Massa, Università degli Studi di Firenze Facoltà di architettura, dipartimento di Storia dell’Architettura e della Città a.a. 2006-2007 Marco Mulazzani, Giuseppe Vaccaro, Electa, Milan, 2002, 276 p. Mariella Colin, «les enfants de Mussolini», litterature, livres, lectures d’enfance et de jeunesse sous le fascisme, de la grande guerre à la chute du régime, édition presse universitaire de Caen, 2010, 389 p. magna-e-in-italia.html http://www.geometriefluide.com/pagina.asp?cat=cesenatico&prod=agip-cesenatico http://www.exibart.com/blog/blogmsg.asp?idblog=5896 http://www.dddsrl.it/ricerca.php?ed=clear&id=59 http://www.architetturadelmoderno.it/scheda_nodo.php?id=68 http://briziop.interfree.it/costume/colonie.htm http://www.youtube.com/watch?v=I8QJ8_YGCaA http://www.domusweb.it/it/architecture/fascismo-abbandonato/ Mario Labò, Attilio Podestà, Colonie : marina, montane, elioterapiche, Editoriale Domus S. A., Milan, 1942, 79 p. Repossini Eleonora Pattano Antonella Paleari Francesca Gatti Marina, Colonie elioterapiche, il sole è calore, fuoco, vita, cioè la più grande espressione di energia, travail privé. Valter Balducci, Architettura per le colonie di vacanza, esperienze europee, Aliena editrice, Florence, février 2005, 127 p. 210 Iconographie Échelle Européenne F0, p.1 F1, p.19 F2, p.23 F3, p.23 F4, p.23 F5, p.24 F6, p.25 F7, p.26 F8, p.27 F9, p.28 F10, p.29 F11, p.31 F12, p.32 F13, p.33 F14, p.34 F15, p.25 Enfants en colonie de vacances, Milan, 1939 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale Péninsule italienne: http://francais.interrailnet.com/enfr/planning/railway-map Claude Lorain : http://www.galerie96.com/Classicisme_18e_et_19e_sieclesF654-AtelierCopie Lord Byron : http://oliaklodvenitiens.files.wordpress.com/2011/01/portrait-de-lord-byron.jpg William Blake : http://zegatt.files.wordpress.com/2011/06/william_blake_by_thomas_phillips.jpg Itinerario Italiano : http://www.maremagnum.com/librerie/casa-del-collezionista/9 Nuovissima guida desi viaggiatori in Italie : http://www.maremagnum.com/libri-antichi/nuovissima-guida-dei-viaggiatori-in-italia-milano-spinaco/101947184 Couverture du livre «Tour du monde en 80 jours» : http://www.fourmilab.ch/etexts/www/tdm80j/ Jeunes filles à la mer en 1890 : http://d.repubblica.it/images/2011/08/05/14540556598800bb7-dfdf-4807-a784-d78f86acac36.jpg Plage de Rimini en 1956 : http://images-01.delcampe-static.net/img_large/auction/000/139/016/547_001.jpg Plage de Cesenaticone 2011, Image personnelle Les différentes formes du tourisme, Atlante geografico, metodico De Agostini La place du Vatican : http://www.baixaki.com.br/imagens/wpapers/BXK9360_basilica-s.pedro-vaticano-por-eliomar-ribeiro800.jpg Station de Livigno en hiver: http://2.bp.blogspot.com/_JeeoSAABtFQ/TUGuTVMVj_I/ AAAAAAAAAnM/lMPxyJt7GK0/s1600/Livigno%2BFondo.jpg Plage balnéaire de Rimini : http://www.hotelcentralemiramare.it/picts/spiaggia_mare_hotel_ miramare/aereo310_miramare.jpg Les touristes : Atlante geografico, metodico De Agostini F16, p37 F16, p.38 F17, p.29 F18, p.48 F19, p.49 F20, p.50 F21, p.51 F22, p.52 F23, p.53 F24, p.55 F25, p.56 F26, p.57 F27, p.65 F28, p.66 F29, p.67 F30, p.68 F31, p.69 F32, p.70 Ligne aérienne directes à destination de l’Italie : http://www.skyscanner.fr/ Lignes des ferries rejoignant l’Italie : http://www.aferry.fr/ Réseau ferroviaire européen : http://francais.interrailnet.com/enfr/planning/railway-map L’adriatique et ses limites : http://francais.interrailnet.com/enfr/planning/railway-map Côte des Pouilles, Territoire Ostuni : http://www.ambienteambienti.com/wp-content/ uploads/2010/07/ostuni-mare.jpg Côte croate, Zadar : www.flickr.com Iles de la Croatie, Pakleni Otooi : www.flick.com Zagreb, place Ban-Jelacic : www.wikipedia.fr Delta de Split : www.split.info Connexions maritimes présentes sur la mer Adriatique : http://www.aferry.fr/ Le réseau ferroviaire adriatique : http://francais.interrailnet.com/enfr/planning/railway-map Le réseau autoroutier adriatique : http://francais.interrailnet.com/enfr/planning/railway-map Péninsule italienne et commune de Bellaria-Igea Marina : http://francais.interrailnet.com/ enfr/planning/railway-map Bordonchio - Igea Marina : Catasto Calindri 1762 / 1774 Carte de la région Bellaria - Igea Marina en 1774-1789 Carte de la région Bellaria-Igea Marina en 1894, Quando il mare brucia, Bellaria e Igea Marina : cultura dell’accoglienza e costi sociali nella metamorfosi balneare in una comunità della romagna Chemin de fer de Bellaria début 1900, Quando il mare brucia, Bellaria e Igea Marina : cultura dell’accoglienza e costi sociali nella metamorfosi balneare in una comunità della romagna Petits villas de vacances de Bellaria-Igea Marina en 1915, Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina 211 F32, p70 F33, p.72 F34, p.73 F35, p.75 F36, p.76 F.37, p.77 F38, p. 78 F39, p.78 F40, p.79 F41, p.80 F42, p.81 F43, p.82 F44, p.84 F45, p.85 F46, p.86 Vittorio Belli en 1910 : Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina Plan du territoire d’Igea Marina : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Les rives d’Igea Marina, début 1900 : Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina Plan d’Igea Marina de Belli, paru en 1906 : Quando il mare brucia, Bellaria e Igea Marina : cultura dell’accoglienza e costi sociali nella metamorfosi balneare in una comunità della romagna La pinède de la ville d’Igea Marina de Belli : Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina Plan du cadastre d’Igea Marina, 1953 : Archives de l’Etat de Rimini La Colonie O.P.A.F.S., Igea Marina : Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina La Colonia Pavese, Igea Marina :Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina Le bord de mer à Igea Marina, 1960-1970 : Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina Plan directeur d’Igea Marina de 1946 : Rimini nel secondo dopoguerra, transformazioni urbane e modelli di città Plan d’Igea Marina - 1956 : Agenzia del Territorio di Rimini Le bord de mer du début du 20ème siècle : Vittorio Belli 1870-1953, La realta e il mito del fondatore di Igea Marina Photos personnelles des quatre paysages Carte des quatre paysages : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune La gare d’Igea Marina en 2011 : www.flickr.com ux axes F47, p.87 F48, p.89 F49, p.90 F50, p.92 F51, p.93 F52, p.94 F53, p.94 F54, p.95 F55, p.96 F56, p.97 F57, p.98 F58, p.100 F59, p.101 F60, p.102 F61, p.103 F62, p.104 F63, p.105 F64, p.106 F65, p.107 Plan des principaux axes de circulations : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Limites territoriales : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Les axes de circulation : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Vue de la ville touristique depuis la ville permanente en 2011 : photo personnelle Fragmentation urbaine : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune La Cité des colonies : photo personnelle Plage d’Igea Marina dans la ville touristique en 2011 : photo personnelle Analyse programmatique : tourisme : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Analyse programmatique : équipements publiques : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Analyse programmatique : colonies : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Analyse programmatique : serres : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Mer de Rimini : www.flickr.com Fleuve et rivières : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Lac del Gelso, Igea Marina : www.flickr.com Les eaux : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Plage privée d’un hôtel d’Igea Marina en 2011 : photo personnelle Rapport à la plage : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune Parc del Gelso en 2011 : photo personnelle La végétation : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune 212 F66, p.111 Graphiques : Provincia di Rimini Movimento turistico mensile nelle strutture ricettive complessive 1997-2011 F67, p.112 Statistiques des diverses formes d’hébergement touristiques présentes sur la côte adriatique dans la province de Rimini : Provincia di Rimini Movimento turistico mensile nelle strutture ricettive complessive 1997-2011 Strutture Ricettive Elaborazione: Provincia di Rimini - Ufficio Statistica F68, p.113 Statistiques des diverses formes d’hébergement touristiques présentes sur la côte adriatique dans la province de Rimini : Provincia di Rimini Movimento turistico mensile nelle strutture ricettive complessive 1997-2011 Strutture Ricettive Elaborazione: Provincia di Rimini - Ufficio Statistica F69, p.114 Statistique : Provincia di Rimini Movimento turistico mensile nelle strutture ricettive complessive 1997-2011 Strutture Ricettive Elaborazione: Provincia di Rimini - Ufficio Statistica F70, p.116 Promenade dans la ville touristique : www.flashearth.com F71, p.121 Photos personnelles F72, p.122 Photos personnelles F73, p.123 Photos personnelles F74, p.124 Photos personnelles F75, p.125 Photos personnelles F76, p.126 Photos personnelles F77, p.128 Promenade dans la ville permanente : www.flashearth.com F78, p.130 Photos personnelles F79, p.131 Photos personnelles F80, p.132 Photos personnelles F81, p.133 Photos personnelles F82, p.134 F83, p.135 F84, p.136 F85, p.139 F86, p.140 F87, p.141 F88, p.142 F89, p.143 F90, p.144 F91, p.146 F92, p.148 F93, p.149 F94, p.161 F95, p.162 Photos personnelles Photos personnelles Promenade dans la Cité des colonies : www.flashearth.com Photos personnelles Photos personnelles Photos personnelles Photos personnelles Photos personnelles Photos personnelles Promenade dans la ville agricole : www.flashearth.com Photos personnelles Photos personnelles La Cité des colonies : www.flashearth.com L’entrée dans la Cité des colonie en 1980 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F96, p.163 État des colonies en 1980 : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune F97, p.164 État des colonies en 2011 : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune F98, p.165 Photo personnelle F99, p.166 Situation actuelle de la Ctié des colonies : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune F100, p.167 Analyse programmatique générale : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune F101, p.168 Analyse programmatique, éducatif : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune F102, p.169 Analyse programmatique médical : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune 213 F103, p.170 Analyse programmatique, hébergement touristique : carte retravaillée sur base de fichier dwg de la commune F104, p.176 Image de propagande, Colonie Varese, composition APP 2, 2004 : Valter Balducci, Architettura per le colonie di vacanza, esperienze europee, F105, p.177 Le bord de mer à Igea Marina, 1960-1970 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F106, p.178 Listes des hospices marins italiens, 1885 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F107, p.179 Hospices Vittorio Emanuele II à Viareggio, 1885 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F108, p.180 Listes des hospices marins italiens, 1885 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F109, p.181 Hospices Vittorio Emanuele II à Viareggio, 1885 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F110, p.182 «Nel nome del Duce...», image de propagande : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F112, p.183 Colonie Agip en 1939 et colonie Regiana à Cesenatico en 1941 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F113, p.184 Colonie XXVIII Ottobre, appelée «Le Navi», 1934 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F114, p.185 Panneau indicateur des zones des colonies: Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F115, p.186 Carte des hospices marins présents en Italie : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F116, p.188 Carte de la province de l’Emilie-Romagne avec sites des colonies : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F117, p.189 Recensement des colonies présentes dans la côte adriatique : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F119, p.191 Données planivomuétriques et lits disponibles des colonies recensées, subdivisées par commune : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F120, p.191 Valeurs relatives à la construction du littoral entre la plage et le chemin de fer en 1948 et 1985 : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F121, p.192 Typologe : Le village, Colonie XXVIII Ottobre, appelée aussi «Le Navi» : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F122, p.193 Typologie : La tour, la colonie FIAT à Marina di Massa : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F123, p.194 Typologie : Les contaminationes, la Colonia Montecatini, Cervia : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F124, p.195 Formes types des colonies : le fagot, l’enfant à bras ouvert, le M : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F125, p.196 Principe d’implantation d’une colonie : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F126, p.198 Sortie collective à la plage, colonie Agip, Cesenatico : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale 214 F127, p.199 Schéma des relations des espaces de la colonie : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F128, p.200 La vie dans la colonie : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F129, p.201 La vie dans la colonie : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F130, p.202 La vie dans la colonie : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F131, p.203 La vie dans la colonie : Colonie a mare, il patrimonio delle colonie sulla costa romagnola quale risorsa urbana e ambientale F132, p.206 La colonie Agip a ses début : Colonie : marina, montane, elioterapiche, Editoriale Domus S. A., Milan F133, p.207 Giuseppe Vaccaro dans son bureau en 1934 : Architettura per le colonie di vacanza, esperienze europee F134, p.208 Façade arrière de la colonie Agip : Architettura per le colonie di vacanza, esperienze europee F135, p.209 Plans : Architettura per le colonie di vacanza, esperienze europee F136, p.210 Plans : Architettura per le colonie di vacanza, esperienze europee F137, p.211 Salut au drapeau dans la colonie Agip : Giuseppe Vaccaro F138, p.212 La colonie Agip : Giuseppe Vaccaro F138, p.213 La colonie Agip : Giuseppe Vaccaro F139, p.214 La colonie Agip : Giuseppe Vaccaro F140, p.215 La colonie Agip : Giuseppe Vaccaro F141, p.216 Photo personnelle 215