L`or flambe, cambriolages et braquages se multiplient

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L`or flambe, cambriolages et braquages se multiplient
L’or flambe, cambriolages et braquages se
multiplient
La flambée du cours de l'or donne des idées aux voleurs. En 2005, le prix du
métal précieux oscillait entre 400 et 500 dollars l'once (31,10 grammes). Avec la
crise économique, il a retrouvé son rôle de valeur refuge : l'once atteignait, jeudi
9 juin, 1 537 dollars (1 060 euros).
Les Français fouillent leurs fonds de tiroir à la recherche de bijoux de famille à
revendre. Flairant le filon, officines et sites Internet de rachat d'or se sont
multipliés. Des prix au sommet et des facilités de revente discrète ont eu une
conséquence inattendue : braquages de bijouterie, vols à l'arraché et
cambriolages de résidence ont augmenté.
Selon l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales
(ONDRP), les vols à la tire (vols avec violence) ont augmenté de 7,9 % en 2010.
Pour les policiers sur le terrain, la flambée des cours de l'or explique en partie
cette augmentation des délits. "Les policiers constatent que les voleurs
délaissent les sacs à main et visent de plus en plus les bijoux dorés",
explique Pierre Azema, délégué national province du syndicat Alliance.
Même tendance pour les cambriolages de résidence principale, qui ont progressé
de 11,2 % sur un an. "Il n'existe pas de données policières nationales, mais la
hausse du prix de l'or peut inciter les cambrioleurs à le rechercher davantage",
analyse Christophe Soullez, chef du département ONDRP de l'Institut national
des hautes études de la sécurité et de la justice.
Martial Ponçot, responsable du pôle technique sinistre de la GMF, affirme que
"les cambrioleurs trient les bijoux pour prendre ceux en or. Il y a une forte
augmentation des vols de ces derniers".
Les braquages de bijouterie se sont aussi multipliés. A tel point que la profession
s'est rassemblée au sein d'un Observatoire de sûreté, chargé de collecter les
données recueillies auprès des services de police et des professionnels du
secteur, mais aussi de proposer aux autorités des idées pour améliorer la sécurité
des bijoutiers.
"La multiplication des officines et sites Internet de rachat d'or aux particuliers
explique aussi en partie la hausse des braquages", affirme Jean-Baptiste Donnet,
de l'Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des
perles.
Depuis quelques mois, des publicités pour les sites de rachat d'or sur le Web
sont diffusées à la télévision. Le principe est simple : après que le particulier a
commandé un kit d'envoi sur le site, les bijoux sont envoyés par courrier
sécurisé à l'entreprise, qui expertise la valeur des pièces avant de proposer un
prix.
En cas de refus du particulier, les bijoux sont renvoyés gratuitement. Prévoyant
la gêne de certains à vendre des bijoux hérités, ces entreprises proposent, en
accord avec la législation française, une transaction discrète et quasi anonyme.
Seule la photocopie d'une pièce d'identité est exigée.
Mais ces sites et les comptoirs de rachat de bijoux en or n'ont aucun moyen de
vérifier la véracité de ce document. Le règlement de la vente peut aussi se faire
en espèces jusqu'à 500 euros. "Il suffit de se présenter dans une officine de
rachat d'or ou d'aller sur Internet pour vendre et dégager rapidement et de
manière quasi anonyme une centaine d'euros", résume M. Azema. Une
aubaine pour les receleurs.
Afin de diminuer les risques, plusieurs entreprises de rachat d'or exigent
désormais des particuliers un justificatif de domicile et ne paient qu'en chèque
ou par virement bancaire. Une initiative, encouragée par les bijoutiers et les
services de police, qui reste insuffisante. "Ces entreprises se sont multipliées
trop vite, la loi n'est plus adaptée, il y a des failles qui encouragent le recel d'or.
Le ministère de l'intérieur et la profession réfléchissent à des solutions", indique
Jean-Baptiste Donnet.
Facilité de recel ou non, l'expérience montre que les cambrioleurs suivent de
près les fluctuations des cours des métaux précieux. "Ils sont opportunistes et
ils ont un raisonnement économique : ils s'adaptent et volent ce qui est cher,
facile à dérober et revendable. Ça a été le cuivre à un moment, et
maintenant c'est l'or", résume M. Azema.
Cette attitude risque de se confirmer dans les prochains mois. Certains experts
estiment, en effet, que le prix de l'once d'or pourrait grimper jusqu'à 1 800 euros
d'ici à la fin de 2011.