Le Québec invisible
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Le Québec invisible
Le Québec invisible J ’étais à la National Insurance Conference of Canada au début du mois d’octobre pour y prendre le pouls de l’industrie nationale de l’assurance de dommage, établir des contacts et cerner les sujets de l’heure. Je m’attendais à une version anglophone du congrès annuel du RCCAQ, avec un peu de français. Une attente parfaitement naturelle : la conférence se déroulait à Ottawa et le programme affiché sur le site Web était bilingue. Dans ma naïveté, je ne m’étais pas rendu compte que j’avais franchi la frontière d’un « autre pays ». Loin de moi l’idée de faire de la politique, même si le seul conférencier québécois de cet événement de trois jours était… Jean Chrétien ! Non, plutôt un simple constat que le Québec est bien davantage qu’une région éloignée en matière d’assurance de dommage, de réglementation et de distribution. À un point tel que pas une seule fois au cours des ateliers auxquels j’ai assisté, le « modèle québécois » n’a été cité. Non par mauvaise volonté ou par ignorance de la part des conférenciers, mais simplement par méconnaissance. On sait que c’est différents « là-bas », mais comme l’on ne saurait trop dire en quoi, mieux vaut ne pas en parler de peur de s’enfarger dans le dédale des particularités des French Canadians. D’ailleurs, la mine souvent étonnée des quelques Québécois (dont plusieurs de Desjardins) assis près de moi était révélatrice des propos des conférenciers. Par exemple, à propos de l’impossibilité de certaines familles ontariennes ou albertaines d’assurer leur(s) véhicule(s) parce qu’à la suite d’une réclamation hors norme, elles présentent un trop grand risque. Dans un contexte économique difficile, c’est cyclique : les assureurs tentent de diminuer leurs coûts et les clients à risque sont écartés d’emblée. À un point tel que les gouvernements provinciaux aux prises avec ce genre de situations, et puisque l’assurance automobile est obligatoire, forcent les assureurs à former un consortium appelé « Facility Association » permettant aux consommateurs www.assurancededommages.ca Un voyage dans le Rest of Canada a permis de mieux cerner la différence entre le marché québécois de l’assurance de dommages et celui de nos compatriotes canadiens, mais surtout l’importance d’être bien informé sur l’industrie, chez nous. jugés non-rentables de s’assurer à des tarifs dits raisonnables (qui souvent sont le triple des primes moyennes au Québec). Les compagnies, d’ailleurs, considèrent que cette pratique est une forme de subvention aux jeunes ou aux mauvais conducteurs et ne veulent plus risquer leur capital dans ces solutions cataplasmes. Pourtant, le modèle québécois mis en place avec la Loi de l’assurance automobile en 1978 pourrait être envisagé par les gouvernements des autres provinces pour régler une fois pour toutes ces incessantes complaintes. Encore une fois, aucun participant n’a osé mentionner ce qui se fait au Québec. Normal : de prime abord, le modèle est loin d’être rentable pour les assureurs du Rest of Canada (ROC); il ne faudrait surtout pas donner des idées de centralisation aux autres juridictions… Au-delà de ces considérations, ce voyage à l’étranger a permis de mieux cerner la différence avec nos compatriotes canadiens, mais surtout l’importance d’être bien informé sur l’industrie, chez nous. La différence de culture et de façon de faire des affaires est telle avec le ROC, que s’alimenter à cette seule source donnerait un portrait bien fragmentaire. D’ailleurs, c’est ce qui ressort constamment de nos discussions avec les acteurs de l’industrie au Québec : à quel point tous apprécient lire notre cyberbulletin hebdomadaire et combien ils se sentent enfin représentés à travers le magazine Assurance, la seule publication dédiée exclusivement à l’assurance de dommages au Québec. De ces discussions avec des courtiers, des agents, des experts en sinistres, des représentants de compagnies, nous retenons la fierté d’avoir, enfin, un média spécialisé couvrant vos préoccupations et vos besoins d’information, mais aussi un allié qui n’hésitera pas à prendre faits et causes pour ses lecteurs. Depuis un an déjà, nous nous employons à la tâche et nous espérons être parmi vous encore longtemps. Pour cela, il faudra aussi davantage d’engagement de l’industrie. En effet, les grands assureurs, qui sont aussi de grands employeurs de cette industrie sont plutôt frileux à l’idée de soutenir une publication comme la nôtre. Votre contribution nous aidera à davantage bonifier notre contenu et nos services d’information visant tous les acteurs du réseau de distribution. En ce sens, je vous invite à ne pas hésiter à parler de nous à vos collègues, à les inciter à s’abonner et surtout à demander à votre entreprise de soutenir nos efforts à vous informer. Si vous ne voyez pas votre compagnie annoncer dans nos pages, demandez-leur pourquoi et dites-leur que vous appréciez le contenu qui s’y trouve, car aucune autre publication en français ne fait ce travail de terrain. En terminant, j’aimerais remercier les membres de notre comité consultatif : Karine Beaudoin, directrice générale, Assurancia; Andrée Lemay, directrice de la communication, RCCAQ; Anne Bélair, chargée de cours, Cégep du Vieux Montréal; Ginette Paquin, vice-présidente, optimisation des relations courtiers, Intact Assurance; Richard Taschereau, vice-président marketing, AXA Assurances; Jean-Marc Laurin, vice-président sénior, Cunningham & Lindsey Canada. Je tiens aussi à remercier personnellement Isabelle Perreault, directrice des communications et des Affaires publiques à la Chambre de l’assurance de dommages, pour son implication et ses commentaires constructifs dans le développement et l’amélioration du magazine, de même que Me Philippe Lelarge, Mario Pigeon, directeur de la segmentation à AIG, Jean-François Joubert, ingénieur expert, et Joey Dubois, expert en sinistres, de leur soutien et de leur dévouement lorsque nous avons lancé le magazine, il y a un an. Merci et bon congrès du RCCAQ. Yves Bonneau Rédacteur exécutif [email protected] Assurance•novembre 2009 5