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10 MONDE MARDI 24 MARS 2009 AFGHANISTAN Même si une « stratégie de sortie » est prévue, des renforts devraient bientôt débarquer LES ÉTATS-UNIS NE LAISSENT PAS KABOUL EN PLAN Barack Obama a estimé dimanche que Washington devait avoir une « stratégie de sortie » en Afghanistan. Même s’il s’apprête, selon l’AFP, à révéler un plan prévoyant d’étendre les efforts militaires, diplomatiques et économiques face à l’insurrection des talibans. Cette nouvelle stratégie, dévoilée dans les prochains jours, inclura d’importants renforts civils, une formation accrue de l’armée afghane, un dialogue avec les insurgés et une aide renforcée au Pakistan, jugé comme un facteur à part entière du problème afghan. 17 000 soldats supplémentaires Le Président, qui a fait du front afghan une priorité internationale, a déjà promis d’y envoyer 17 000 soldats supplémentaires, alors que les violences redoublent d’intensité depuis deux ans malgré la présence de plus de 75 000 mi- litaires étrangers. Interrogé dimanche dans l’émission « 60 Minutes » sur la chaîne américaine CBS, Obama a confié que cette décision avait été la plus difficile à prendre depuis son arrivée à la Maison Blanche. « Je pense que c’est la bonne chose à faire, a-t-il indiqué. Mais nous ne pouvons pas penser qu’une approche purement militaire va résoudre tous nos problèmes », en laissant entendre qu’il fallait créer les conditions d’un désengagement d’Afghanistan, où la guerre dure déjà depuis sept ans. La « priorité n° 1, a-t-il affirmé, est de s’assurer qu’Al-Qaida ne peut pas attaquer le territoire américain, nos intérêts et nos alliés ». Pour cela, il va falloir « renforcer les capacités économiques de l’Afghanistan et nos efforts diplomatiques vis-à-vis du Pakistan », et « avoir une approche plus régionale » du problème afghan. W La poignée de main est virile, la silhouette imposante et le regard, absent. Comme l’indique le titre de son livre, best-seller aux Etats-Unis aujourd’hui publié en France aux éditions Nimrod, Marcus Luttrell, colosse de 1,95 m élevé dans un ranch au Texas, est Le Survivant. Le survivant de l’embuscade la plus meurtrière qu’ait connue la Navy Seal, l’élite militaire américaine. C’était le 28 juin 2005, en Afghanistan. Ce jour-là, Marcus et son équipe sont dans la province de Kounar, à l’est du pays. Objectif : capturer un chef taliban. La mission, secrète, tourne au cauchemar. La troupe est attaquée par une centaine d’insurgés. Les soldats, pourtant surentraînés, tombent les uns après les autres. Les secours, venus par hélicoptère, sont abattus. Grièvement blessé, Marcus sera sauvé le lendemain par un groupe de paysans pachtouns. « C’est mon fardeau » De retour aux Etats-Unis, il reçoit une médaille du président Bush en personne. « Je m’en foutais un peu, se souvient-il. Mais j’étais honoré que mon pays reconnaisse le travail de mon équipe. » Arrivé en Afghanistan pour (publicité) S. ORTOLA / 20 MINUTES MARCUS LUTTRELL, SURVIVANT D’UNE DES PIRES EMBUSCADES TALIBANES Marcus Luttrell, ex-membre des Navy Seal, raconte son histoire dans un livre best-seller. « tuer Ben Laden et Al-Qaida pour ce qu’ils ont fait le 11 septembre 2001 », Marcus gardait sur lui une photo, découpée dans un magazine, d’une victime des attaques du World Trade Center. « Ça me rappelait qu’on était là pour tuer ceux qui lui avaient fait ça. » Il est rentré aux Etats-Unis avec une « haine intacte pour les terroristes », avant de rempiler pour l’Irak. Déglingué physiquement et, à le voir, psychologiquement. A-t-il développé, comme tant d’autres vétérans, un stress post-traumatique ? La réponse fuse : « Non. » Il reconnaît seule- ment ne pas réussir à oublier l’épisode afghan. « C’est mon fardeau. Ça ne veut pas sortir de ma tête. » Marcus a écrit son livre pour rendre hommage à ses amis morts ce jour-là et « ne plus avoir à en parler. Mais c’est le contraire qui se produit », soupire-t-il. Retraité de la Navy Seal, Marcus, 32 ans, partage aujourd’hui son temps entre son ranch, les traitements thérapeutiques et des études de médecine. « Pas marié, pas d’enfants, assène-t-il. L’armée n’est pas le meilleur moyen d’établir des relations de longue durée. » Pas de regret non plus : « Si c'était à refaire, je le referais. Ça sert à rien de se lamenter. » A la fin de l’entretien, il se lève, salue d’un signe de tête, le visage fermé. « Il encaisse, chuchote son éditeur. Il vous a dit ne pas avoir de stress post-traumatique, mais ce n’est pas vrai, il dort une nuit sur trois. » A quelques mètres de là, le barman du Cercle des armées, où s’est déroulée l’interview, le regarde partir, médusé. « J’en ai vu, des types comme lui, ici, mais touchés à ce point, jamais, glisse-t-il. Mais il est très gentil : il rapporte son plateau poliment. Le pauvre, il va être marqué à vie. » Le colosse, lui, FAUSTINE VINCENT a déjà disparu. W