newsletter HF mai 13 - H/F Île-de
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Newsletter mai 2013 www.hf-idf.org Suivez-nous aussi sur Facebook : https://www.facebook.com/pages/HF-Ile-de-France/254868631133 et sur twitter : @HF_idf Sommaire : Page 2 - actualités H/F Ile-de-France et Mouvement H/F Page 4 - des nouvelles de la galaxie féministe Page 7 – sous les cieux culturels : Cannes, Claire Gibault, Dominique Bona, le CSA et la télé… Page 12 – Wikipédia : planète sexiste ? Page 17 – sous les cieux républicains : binôme républicain, cumul des mandats, femmes et plafond de verre, une femme au Panthéon ?... Page 22 – entreprises non paritaires : les sanctions commencent à tomber ?... Page 28 – la famille : planète paritaire ?... la transmission du nom du père, le magazine Famili passé au crible de l’Acrimed, sans oublier les pleurs de bébé… Page 37 – à lire : Féministes : ce sont les hommes qu’on entend le mieux Planète H/F Prochaine réunion adhérents/es Mercredi 22 mai de 19h30 à 22h A la Maison des Associations du 18ème 15, passage Ramey - 75018 Accès métro : station Jules Joffrin ou Marcadet-Poissonniers - ligne 4 Accès bus : 60, 31 ou 85, arrêts Jules Joffrin ou Marcadet-Poissonniers Une nouvelle adresse courriel pour H/F IdF : [email protected] Cette adresse remplace dorénavant l’ancienne adresse de l’association : [email protected] Merci de la noter. H/F Ile-de-France a recruté son administratrice Elle s’appelle Lucile Dressaire, a été recrutée suite à notre appel à candidature de mars, et aura pour mission d’assister le CA et le bureau de l’association sur l’administration et les différents projets, notamment la mise en place de la Saison Egalité en Ile-de-France. Son poste est financé par les subventions reçues de la Région Ile-de-France et du FSE. Lucile Dressaire est joignable à l’adresse de l’association : [email protected] Culture de l’Egalité – le Tumblr du Mouvement H/F Vous ne savez pas ce qu’est un tumblr ? H/F a créé le sien : « Culture de l’Egalité », vous n’avez plus qu’à découvrir : http://culturedelegalite.tumblr.com/ Source Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tumblr Tumblr, parfois écrit tumblr., est une plate-forme de microblogging, via le principe du reblogging principalement, créée en 2007, qui permet à l'utilisateur de poster du texte, des images, des vidéos, des liens et des sons sur son tumblelog. Saison Egalité 1 hommes/femmes en Ile-de-France Conférence de presse : le 10 juin 2013 ATTENTION : La conférence de presse pour le lancement de la Saison Egalité 1 en Ile-de-France initialement prévue le 27 mai a été reportée le 10 juin à 11h à la Maison des Auteurs de la SACD – 7 bis rue Ballu Paris 9e Liste des 25 lieux partenaires le site : http://www.hf-idf.org/ Actualité fédération et associations/collectifs en région : 13 mai 2013 : le Mouvement H/F est invité par le Ministère des Droits des femmes à une réunion préparatoire à la rédaction d’un projet de loi sur les droits des femmes. Ce texte sera présenté avant l’été en Conseil des Ministres. Il abordera plusieurs thématiques, dont celles de la parité, dans le domaine politique et sportif notamment, des médias et de la culture. HF Normandie lance sa Saison Egalité 1 le 21/10/13 à la Foudre (Scène nationale Petit Quevilly/Mont St Aignan 33 structures prêtes à s’engager sur la Basse et Haute Normandie Liste complète et tous renseignements en s’adressant à HF Normandie : [email protected] H/F répond à Olivier Bellamy dans The Huffington Post Suite à la parution de son article le 26 mars 2013 (cf newsletter avril 2013 http://www.huffingtonpost.fr/olivier-bellamy/aurelie-filippetti-parite_b_2949274.html) La discordante chansonnette de la... misogynie? Publication: 15/04/2013 http://www.huffingtonpost.fr/blandine-pelissier/la-discordantechansonnet_b_3085192.html Tribune de Blandine Pélissier, Eva Darlan et Cae Joseph Massena au nom du Mouvement H/F (Fédération interrégionale qui milite pour l'égalité femmes/hommes dans l'art et la culture), en réponse à la tribune d'Olivier Bellamy "Aurélie Filippetti fait chanter tous les garçons et les filles" Sur quelle planète privée d'accès à l'information vivent donc certaines personnes? Lorsque il est fait état dans ce billet de mauvaise humeur d'une blague qui circule au Conservatoire (de musique) dans laquelle "on se demande très sérieusement s'il ne faut pas décréter la parité dans les classes de... ténor ou de basse", est passé sous silence ou ignoré - le fait qu'au concours d'entrée au Conservatoire national supérieur d'art dramatique (CNSAD) ainsi qu'à celui du Théâtre national de Strasbourg (TNS), un système de parité a été mis en place en faveur des... garçons, puisque les filles sont plus nombreuses à s'y présenter. Et c'est peu connaître la richesse de l'art vocal et les performances de la voix humaine que d'affirmer que rôles masculins et féminins doivent être exclusivement interprétés par l'un ou l'autre sexe. Aujourd'hui, il n'est pas rare, en effet, de voir des contre-ténors chanter des parties habituellement dévolues à des voix féminines. L'humain, son corps et ses capacités se transforment et transforment le monde. Les articulations entre rôles, genres, sexes et métiers ne correspondent pas aux binarités passéistes dans lesquelles d'aucuns souhaiteraient les confiner. Lorsque y sont fustigés "ceux qui, le doigt sur la couture du pantalon, suivront cette obsession égalitaire du gouvernement appliquée pieusement par "la" ministre de la Culture", il est admis implicitement que les directeurs ont rarement le doigt sur la couture de la jupe... Mais où a-t-on vu que soigner "l'accès à la culture pour tous" empêchait de considérer l'urgence démocratique d'une culture PAR tous et toutes ? Il y est trouvé "respectable" le combat, que nous trouvons, nous, nécessaire et courageux, mené par la chef de chœur et chef d'orchestre Laurence Equilbey "qui a occupé deux stagiaires à comptabiliser la proportion homme-femme dans les institutions culturelles" parce que l'institution ne s'occupait pas de ces questions. Mais le billet laisse planer un doute sur ces chiffres et la phallocratie du monde du spectacle. Nous recommandons donc vivement à tous ceux et toutes celles qui en doutent la lecture des rapports commandés à Reine Prat par le Ministère de la Culture et de la Communication en 2006 et 2009 : "Pour l'égal accès des hommes et des femmes aux postes de responsabilités, aux lieux de décision, à la maîtrise de la représentation dans le secteur du spectacle vivant" et "De l'interdit à l'empêchement" qui ont mis au jour des discriminations dont on ne soupçonnait pas l'ampleur, et provoqué l'émergence du Mouvement H/F issu de la société civile. À lire également la résolution du Parlement européen du 10 mars 2009 sur l'égalité de traitement et d'accès entre les hommes et les femmes dans les arts du spectacle qui invite les États membres "à envisager une première étape réaliste dans la lutte contre les inégalités dans les arts du spectacle, consistant à assurer la présence d'au moins un tiers de personnes du sexe minoritaire dans toutes les branches du secteur" et dont la rapporteurE était la chef d'orchestre Claire Gibault. Pour des chiffres plus récents, voire pires, on peut se procurer le premier rapport (1 mars 2013) de l'Observatoire de l'égalité du Ministère de la Culture. À lire encore les travaux de Hyacinthe Ravet, chercheuse et maîtresse de conférences à la Sorbonne en sociologie des arts et de la musique, pour découvrir que les femmes instrumentistes, si elles sont un peu plus nombreuses à réussir à se professionnaliser dans le classique aujourd'hui (39%), ne sont que 8% dans les musiques dites populaires, alors que l'on sait que les élèves des écoles de musique sont majoritairement des filles. Intéressant phénomène d'évaporation. Et c'est bien par la loi, ainsi que le préconisent depuis fort longtemps la juriste Francine Demichel ou la philosophe Geneviève Fraisse avec son fameux : "l'égalité ne pousse pas comme l'herbe verte !", que la question de l'égalité f/h a pu faire quelques progrès en entreprise, politique etc. "Qu'on engage des femmes parce qu'elles ont du talent, mais pas parce qu'elles sont des femmes !" s'exclame l'auteur du billet, semblant ignorer la valence différentielle des sexes, les travaux de l'anthropologue Françoise Héritier et toutes les études qui ont prouvé que les hommes sont "engagés", inconsciemment ou pas, parce qu'ils sont des hommes justement, et qu'il a fallu, par exemple, le système des auditions derrière paravent pour que des femmes (voire même des femmes "juives, arabes, noires et à lunettes") puissent enfin intégrer les orchestres en proportion plus équitable. Peut-être, d'ailleurs, faudrait-il en finir une bonne fois pour toutes avec ce mythe du prescripteur objectif et sans faille, l'homme blanc de plus de cinquante ans, dans la grande majorité des cas, distinguant les "meilleurs" films, spectacles, œuvres et autres projets, en toute indépendance et sans schéma sexiste. Comme le notait la féministe étasunienne Valerie Solanas en 1967, "nous savons que le 'Grand Art' est grand parce que de mâles autorités nous l'ont affirmé". Oui, nous l'avons bien compris, l'art n'a pas de (deux ?) sexe. Mais cette fameuse liberté de programmation que l'on s'acharne à nous opposer ne serait-elle pas, en fait, la liberté pour un système de se reproduire lui-même en toute tranquillité, sans être questionné ni devoir rendre de comptes, même s'il s'agit d'argent et de domaine public ? Nous voulons en profiter pour rappeler ici que le collectif La Barbe n'intervient jamais "de façon musclée" pour pointer du doigt le déficit démocratique que constitue une sousreprésentation des femmes à tous les niveaux, mais que ce sont bien plutôt ces activistes pacifistes qui se font recevoir de façon musclée. Pour conclure sur l'attaque ad hominem d'Olivier Bellamy : "Françoise Giroud avait dit autrefois que l'égalité serait atteinte le jour où une femme incompétente serait engagée à la place traditionnellement réservée à un homme. Réjouissons-nous, car, au moins sur ce point, la rue de Valois montre l'exemple", faut-il aussi nous réjouir qu'un journaliste aussi compétent que lui puisse encore écrire ce genre de sornettes alliant, dans un même élan, misogynie et populisme ? Galaxie paritaire Soirée « Miss REPRESENTATION » Présentée par European Professional Women’s Network (EPWN-Paris), sous le marrainage de Brigitte Grésy, en partenariat avec le Laboratoire de l’Egalité, et suivie d’une table ronde « les femmes dans les médias » - Lundi 13 mai à 19H30 - Théâtre Adyar, 4 Square Rapp, 75007 Paris Invités : Christine Leiritz (directrice de la Rédaction de Marie Claire), Elizabeth Tchoungui (écrivaine et présentatrice sur France Télévision), Olga Trostiansky (au Laboratoire de l’Egalité) et Eric Fassin (sociologue) « Miss Representation » a été réalisé par l’américaine Jennifer Siebel Newsom, avec des témoignages de personnalités des mondes politiques, économiques et culturels (Condaleeza Rice, Katie Couric, Nancy Pelosi, Jane Fonda et bien d’autres). Le film aborde la sous-représentation et l’image souvent négative des femmes leaders dans le paysage médiatique américain. La première du film a eu lieu au célèbre festival de Sundance en 2012, et Oprah Winfrey en a même acquis les droits de diffusion. Le film a été projeté dans 50 pays et vu par des millions de personnes. Bande-annonce : https://vimeo.com/42433365 Le site du film : www.missrepresentation.org Réservation Billets membres et non-membres : http://epwn.etheryl.net/events/4481 Billets étudiant-es : http://www.parismissrep.eventbrite.com : Genre et création dans l'histoire des arts vivants (XVIeXXIe siècle) – séminaire et cycle de rencontres http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2012/ue/750/ Prochains rendez-vous : 22 mai : Maria Ines Aliverti (Université de Pise) « L’iconographie des actrices dell’Arte dans une perspective de genre » et Stefano Lorenzetti (Conservatoire de Vicence) « Female musical performance and the construction of beauty in the Renaissance » 7 juin : Hélène Marquié (Université Paris VIII) « Genre et création chorégraphique au XIXe siècle » et Karim Hammou (Centre Norbert Elias) « Les rappeuses et l'activité d'auteure-interprètes dans la France des années 1990 » Sous les cieux culturels Le Festival de Cannes en a-t-il après les femmes ? Par Brigitte Rollet, Enseignant-chercheur http://leplus.nouvelobs.com/contribution/554172-le-festival-de-cannes-en-a-t-il-apresles-femmes.html LE PLUS. "Les hommes aiment la profondeur chez les femmes, mais seulement dans leur décolleté": c’est la teneur d’une tribune féministe parue dans "Le Monde", s’indignant de l’absence de femmes dans la sélection officielle du Festival de Cannes. Faut-il y voir là du sexisme ? Éléments de réponse avec Brigitte Rollet, enseignante-chercheuse spécialiste du genre et du cinéma. Édité et parrainé par Amandine Schmitt Le Festival de Cannes n’a jamais fait preuve d’un féminisme échevelé en ce qui concerne les créatrices (le cas des actrices est fort différent) et une comparaison avec d'autres festivals généralistes européens (Berlin ou Venise) permet de souligner la spécificité de la Croisette dans ce domaine. Les femmes cinéastes n’ont jamais été surreprésentées à Cannes et les primées se comptent sur les doigts d’une seule main. En sélection officielle, d'après le site du festival on ne trouve qu’une dizaine de Françaises sélectionnées : seules Agnès Jaoui pour "Comme une image" et Marjane Satrapi pour "Persépolis", reçoivent un prix (respectivement du jury et du scénario) qu'elles partagent avec leur co-scénariste ou coauteur. De même, la seule femme lauréate de la Palme d’or, Jane Campion en 1993 pour "La leçon de piano", partage son prix avec un autre lauréat. Si les femmes ont l’opportunité de montrer leur travail à Cannes, elles se retrouvent souvent dans des sections parallèles, moins prestigieuses puisqu’elles n’aboutissent pas toujours à un prix. Ainsi, une dizaine de françaises seulement ont-elles été sélectionnées dans la Semaine de la critique, ce qui reste modeste depuis cinquante ans que cette catégorie existe ! Une nouvelle réception médiatique Les organisateurs du Festival de Cannes ont beau se justifier, il me paraît difficile de croire qu’il n’y a pas un seul film de femmes sur toute l’année dans le monde entier, qui ne soit pas de qualité équivalente à l’un de ceux sélectionnés. Serait-ce à dire qu'en 2012, aucune femme ne mériterait d’être là ? Ce message implicite que fait passer le Festival est regrettable, surtout quand on connaît l'importance symbolique de la transmission de modèle. Mais ce n'est pas la première fois que Cannes se distingue et la même chose s’est produite il y a deux ans : aucune femme ne figurait dans la sélection officielle du festival. C’est alors passé inaperçu dans les médias. Comment expliquer cette différence de réception à deux ans d’intervalle ? Peut-être par le renouveau militant qui s’est opéré dans les milieux féministes après l’affaire DSK. Ce scandale a en effet donné une visibilité à un activisme qu’on ne voyait pas auparavant mais surtout a rendu insupportable pour bon nombre de femmes, dont beaucoup ne se définissent pas nécessairement comme féministes, de multiples situations subies par elles ou leurs semblables. Pourquoi ce manque de visibilité Les causes du manque de visibilité des femmes réalisatrices sont multiples et l'argent y joue un rôle majeur. Nombreuses sont les réalisatrices optant pour un cinéma "pauvre" pour reprendre la distinction de Pascale Ferran, par choix ou par nécessité, mais les conséquences de ce cinéma sans argent se retrouvent dans la distribution (nombre de copies et de salles limité). Certes leurs confères connaissent également cette situation : elles sont néanmoins plus nombreuses dans ce cas compte tenu des réticentes encore très fortes à leur confier de gros budgets. Céline Sciamma a montré qu’on pouvait réaliser un film de qualité avec un budget réduit avec son film "Tomboy" et qu'il soit visible... mais n'oublions pas qu'elle bénéficiait de la médiatisation de son premier long métrage (sélection à Cannes et aux César). A la fin des années 1990, quelques réalisatrices – Coline Serreau , Diane Kurys ou Véra Belmont – ont accédé à des budgets élevés mais ils sont toutefois toujours inférieurs à ceux qu'avaient les hommes dans les mêmes catégories du film à costumes. Les réalisatrices françaises sont parfois récompensées pour leur travail de réalisatrice mais le plus souvent au tout début de leur carrière : César du meilleur premier film (quatre films faits par des femmes en 2008 sur les sélectionnés !) ou la Caméra d’Or qui, depuis 1978, récompense à Cannes le meilleur premier film et que trois Françaises ont obtenu. Primer une première œuvre est certes une forme de reconnaissance, mais il est dommage que cela ne se renouvelle pas par la suite. Un milieu qui reproduit – inconsciemment ? – les automatismes En fait, tout le milieu est concerné. De la production à la distribution, les films réalisés par des femmes ont du mal à passer les étapes. Cela laisse à penser que les femmes ne sont pas victimes d’une censure consciente, d’un sexisme flagrant, mais plutôt d’un archaïsme intériorisé selon lequel leur cinéma serait "moins" ceci ou "plus"/ "pas assez" cela. D'aucuns et d'aucunes prétendent que "l’art n’a pas de sexe" et nient l'impact de l'un sur l'autre. C’est un leurre : l’égalité n’existe pas plus au cinéma qu'ailleurs. Aujourd’hui encore, on trouve peu de femmes dans les métiers qui touchent à l’argent (production) ou à la technique (10 directrices de la photographie dans l'annuaire de l'AFC en 2011). S'il est difficile d'évaluer objectivement le talent, un décalage n'en existe pas moins entre les sexes dans ce domaine comme tous les autres (le cinéma n'est pas un cas à part !). Festival de Cannes : pourquoi les femmes n’atteignent pas le Panthéon des cinéastes http://www.youphil.com/fr/article/05271-pourquoi-les-femmes-n-atteignent-pas-lepantheon-des-cineastes?ypcli=ano Une seule réalisatrice, Valeria Tedeschi Bruni, sera présente dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2013. Enquête sur une absence chronique. Dix-neuf films en compétition, et une seule réalisatrice présente. Valeria Tedeschi Bruni sera donc la seule réalisatrice sélectionnée pour la 66e édition du Festival de Cannes. Consolons-nous: c'est mieux qu'en 2012 (aucune n'était présente). Mais toujours moins bien qu’en 2011: quatre femmes avaient été sélectionnées. “Aux femmes les bobines à coudre, aux hommes celles des frères Lumière!”, s'indigne le groupe féministe La Barbe, à l’origine d’une tribune publiée dans le Monde le 11 mai 2012. Un document signé notamment par les réalisatrices Coline Serreau, Virginie Despentes, Zabou Breitman, la comédienne Fanny Cottençon et près de 1500 autres acteurs, féministes, chercheurs et cinéastes. En réponse à cette attaque, le délégué général du festival Thierry Frémeaux affirme que “la cause des femmes doit être défendue bien en amont de Cannes, qui est une conséquence et une illustration de ce qu’est le cinéma.” Quelle réalité révèle cette absence de femmes en compétition? Cette situation est-elle vraiment le reflet de la place des femmes dans l’industrie du cinéma? “Il y a des réalisatrices!” Pour Brigitte Rollet, enseignante-chercheuse spécialiste du cinéma et en particulier des réalisatrices, “Cette sélection en dit beaucoup sur la perception des oeuvres des femmes dans le monde masculin du cinéma.” En réalité, il y a des réalisatrices! En France, on peut dire qu’elles représentent entre 15 % et 20% des films diffusés. Et il y a quasiment autant de femmes que d’hommes dans les filières de formation de cinéma. Regardons de plus près les chiffres des écoles de cinéma les plus reconnues: la FEMIS, par exemple, accueillait 48 élèves dont 26 hommes (56%) et 22 femmes (44%), en 2011. D’un point de vue international, certaines organisations tentent de dresser un tableau de la place des femmes dans le monde du cinéma et de les aider à y évoluer. C’est le cas de l’ONG Women in film qui publie un rapport sur l’emploi des femmes dans les métiers du cinéma (hors actrices). Cette étude se base sur les 250 films les plus populaires de 2011. Les femmes y représentaient 5% des réalisateurs seulement, et 18% de l’ensemble comprenant réalisateurs, producteurs exécutifs, scénaristes et autres directeurs de la photographie. Le plafond de verre du cinéma Mais quels sont les obstacles qui empêchent les femmes d’entrer dans la cour des grands? Women in film évoque le fameux “plafond de verre” décrivant l’obstacle invisible qui entrave l’évolution des femmes dans leur vie professionnelle, vers des postes hiérarchiques importants. Souvent, et cela est vrai dans le reste de la société, les femmes témoignent d’une discrimination pernicieuse, implicite, voire inconsciente, dans leur travail. Des injustices basées sur des préjugés ancrés profondément sur leurs capacités. Dans le cinéma, cela peut se manifester par l’idée qu’un film réalisé par une femme a moins de chances d’être récompensé. Vérité statistique. Combien de femmes ont gagné la Palme d’or? Une. Jane Campion, en 1993, avec “La leçon de piano”. “Dans tous les cas, le problème commence en amont, quand le distributeur doit choisir quel film il va soumettre à la sélection d’un festival. (...) S’il veut que son film gagne, il gardera en tête le fait que les réalisatrices ne sont presque jamais primées à Cannes ou ailleurs”, analyse Roy Grundmann un professeur de cinéma à Boston, dans les colonnes de The Huffington Post. Mais c’est bien parce que les femmes sont peu présentes dans les grandes compétitions qu’elles gagnent moins de récompenses. Un vrai cercle vicieux. Faut-il mettre en place des quotas? Face à cette situation, “accuser le Festival de Cannes ne sert strictement à rien”, rétorque Thierry Frémeaux au collectif féministe qui l’a interpelé. Selon lui, il faut remonter à la source du problème. Pour Brigitte Rollet, on doit entre autres porter un regard critique sur les instances dirigeantes comme le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Elle s’est notamment aperçue de la petite part des femmes bénéficiant de l’avance sur recette accordée par cette instance. Selon elle, cette subvention représente pourtant un vrai levier pour les réalisateurs... “Dès qu’il y a financement public, il faudrait qu’il y ait parité”, défend-t-elle sans détour. Faudrait-il donc des quotas de réalisatrices dans les subventions allouées? Pour cette chercheuse, qui a habité en Angleterre, ce mot n’est pas tabou: “ je crois à la politique de quotas. Je sais que c’est un gros mot en France, mais si on attend les bonnes volontés, cela ne se produira jamais”. Pas question d'appliquer cette politique à Cannes, pour le délégué du festival: “Nous ne serons jamais d’accord pour sélectionner un film qui ne le mérite pas, simplement parce qu’il est réalisé par une femme”. Bien que récurrent, ce débat n’a toujours pas fait avancer la place des femmes au Panthéon des cinéastes. Et il n’est pas certain que cette polémique sera au coeur des préoccupations des acteurs et actrices qui monteront les marches à partir du 15 mai. Claire Gibault : un chef d’orchestre est un DRH Par David Abiker15 avril 2013 Chaque semaine, David Abiker parle « entretien d’embauche » avec une personnalité. Claire Gibault, l’une des rares femmes à avoir accédé au poste de chef d’orchestre, fait le parallèle entre le monde de la musique classique et celui de l’entreprise. Visionner la vidéo : http://www.cadremploi.fr/editorial/actualites/cadremploi-tv/onrevient-vers-vous/detail/article/claire-gibault-un-chef-dorchestre-est-un-drh.html Si vous ne connaissez pas Claire Gibault, son CV long comme le bras est ici. Je l’ai rencontré à la journée Elle Active il y a 15 jours. Elle a été l’une des toutes premières femmes à être chef d’orchestre en France. Malheureusement, être chef ne l’a pas empêchée d’être confrontée au plafond de verre et pour cause : le milieu de la musique classique est l’un des plus machistes qui existe. Ecoutez Claire Gibault expliquer comment, après avoir eu une carrière internationale à Rome, à Washington et ailleurs, elle a été écartée quand elle a candidaté pour diriger un orchestre français de province. Ecoutez-là expliquer comment elle a été parfois insultée en allant jusqu’à son pupitre lors de certains de ses concerts. Découvrez également comment la profession, tellement discriminante envers les femmes, a fini par adopter un paravent pour les auditions de solistes histoire d’éviter aux femmes d’être disqualifiées. Il semble qu’il aura été plus simple pour Claire Gibault d’être élue député européen plutôt que de diriger son propre orchestre. Lasse, cette femme douce, en quête de reconnaissance et pleine d’ambition (bien qu’ayant l’âge de partir en retraite) a créé sa propre formation, le Paris Mozart Orchestra. Elle explique d’ailleurs très bien que pour y arriver, les femmes doivent créer leur propre entreprise. La sienne est paritaire et égalitaire, elle y touche le même salaire que les musiciens et surtout va jouer en banlieue pour aider les jeunes, garçons et filles, à crever leur plafond de verre. Claire Gibault se produira le vendredi 19 avril avec le Paris Mozart Orchestra au Musée du quai Branly à Paris. David Abiker L'écrivaine Dominique Bona élue à l'Académie française Le Monde.fr | 18.04.2013 à 17h49 http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/04/18/l-ecrivaine-dominique-bona-elue-a-lacademie-francaise_3162500_3246.html Dominique Bona, 59 ans, est devenue jeudi la huitième femme de l'histoire élue à l'Académie française, la sixième siègeant actuellement sur 40 membres. Elle a été élue au fauteuil de Michel Mohrt. Née en 1953 à Perpignan, dans une famille catalane, agrégée de lettres modernes, elle fut d'abord critique littéraire. En 1992, elle obtient le prix Interallié (qui récompense des romans écrits par des journalistes) pour Malika, puis le prix Renaudot en 1998 pour Le Manuscrit de Port-Ebène. Auteure de plusieurs romans (Argentina, La Ville d'hiver), elle a également écrit des biographies, notamment de Romain Gary, Stefan Zweig et Clara Malraux. Dominique Bona a obtenu 15 voix au premier tour de scrutin, contre 8 à Philippe Meyer (29 votants), a précisé dans un communiqué l'Académie, fondée en 1635 par Richelieu, chargée de veiller au respect de la langue française et d'en élaborer le dictionnaire. Dix candidats briguaient le fauteuil de l'historien et romancier, décédé le 17 août 2011 à l'âge de 97 ans, et qui avait été élu au fauteuil 33 le 18 avril 1985. Représentation des femmes à la télévision : le CSA présente aux chaînes de télévision les résultats préoccupants du « Baromètre 2012 » et les engage à faire des progrès dès cette année Communiqué du vendredi 26 avril 2013 http://www.csa.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/Representation-des-femmesa-la-television-le-CSA-presente-aux-chaines-de-television-les-resultats-preoccupants-duBarometre-2012-et-les-engage-a-faire-des-progres-des-cette-annee Le groupe de travail « Droits des femmes », présidé par Sylvie Pierre-Brossolette et dont la vice-présidente est Françoise Laborde, a réuni le jeudi 25 avril l’ensemble des chaînes de télévision afin de leur exposer les différents travaux en cours du groupe pour l’année 2013/2014. Au cours de cette réunion, les chaînes ont fait l’état des lieux de leur politique en matière de représentation des femmes à l’antenne mais aussi de leur politique interne d’entreprise pour améliorer la parité et l’égalité des carrières entre hommes et femmes. Elles se sont engagées à communiquer au Conseil par écrit cet état des lieux ainsi que les axes prioritaires qu’il conviendrait de mettre en valeur dans chacune de leur politique. Les chaînes ont globalement manifesté leur adhésion à la démarche entreprise par le groupe de travail du CSA et leur volonté d’œuvrer sur ce dossier. Cette réunion a été l’occasion de leur présenter les chiffres préoccupants concernant la parité de la dernière vague du baromètre « diversité » 2012 et de rappeler que de nouvelles dispositions législatives allaient bientôt être adoptées, conférant au CSA une mission spécifique concernant le droit des femmes. Les résultats généraux font apparaître l’absence d’évolution concernant le nombre de femmes à l’antenne sur les 6 vagues de baromètre : 35 % de femmes à l’antenne tous programmes confondus et seulement 14 % dans le sport. Ces chiffres sont à mettre en regard avec la place des femmes dans la société française : elles représentent 52 % de la population (INSEE), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (INSEE). En outre, les résultats du baromètre pour cette nouvelle vague montrent également les difficultés récurrentes des femmes à se voir confier un rôle majeur à l’antenne : entre 34 à 39 % de femmes sont des personnages principaux dans les programmes. Wikipédia, planète sexiste ? Wikipédia, une encyclopédie sexiste ? Après la découverte par une romancière américaine d'une sous-catégorie de Wikipédia réservée aux femmes écrivains, la polémique a enflé aux États-Unis sur les pratiques supposées sexistes de l'encyclopédie en ligne. Par Stéphanie TROUILLARD (texte) C’est dans les pages du New York Times que la romancière Amanda Filipacchi a lancé le 24 avril la polémique. Dans un billet intitulé "le sexisme de Wikipédia", elle s’est étonnée de plusieurs changements effectués sur le site de la célèbre encyclopédie en ligne : "Il semble que progressivement, au cours du temps, les éditeurs ont commencé à déplacer les femmes, une par une et alphabétiquement, de la catégorie "Écrivains américains" vers la sous-catégorie "Femmes écrivains américaines". Ces modifications auraient été opérées car la liste des "Écrivains américains", qui compte 3 837 noms, était devenue trop longue. Ce déplacement virtuel peut paraître au premier abord anecdotique, mais pour Amanda Filipacchi, il est le reflet du peu de reconnaissance accordée aux femmes dans le monde des lettres. "Ce sont peut-être des petites choses comme celles-ci qui rendent encore plus difficile et long le fait que les femmes obtiennent l’égalité dans le milieu littéraire", note-t-elle. "Un pas en arrière" Après la publication de ce billet accusateur, les réactions n’ont pas tardé. Comme le rapporte la romancière dans un autre article, plusieurs rédacteurs mécontents se sont défoulés sur sa propre page Wikipédia : "Ils ont commencé à faire des rectifications, à effacer le plus possible de choses, enlever des liens vers des sources extérieures comme des interviews ou des critiques de mes livres". Malgré ces petites vengeances, Amanda Filipacchi peut se féliciter d'avoir lancé le débat. Plusieurs autres femmes écrivains américaines se sont émues de ce manque de considération. Sur son compte twitter, la célèbre poète Joyce Carol Oates a résumé l’affaire en expliquant que sur Wikipédia "tous les hommes écrivains sont des écrivains, tandis qu’une femme écrivain est une femme écrivain". Également choquée, la critique littéraire Elaine Showalter a déclaré pour sa part qu’il "s’agissait d’un nouveau pas en arrière". Pour tenter d’expliquer cette situation, il faut regarder de plus près la composition des membres actifs de Wikipédia. Comme le décrit Melville House, une maison d’édition indépendante sur l’un de ses blogs, "au sein de la communauté Wikipédia, les femmes ne représentent que 15% des contributeurs et seulement 9% des éditeurs". Aux États-Unis, les femmes écrivains reçoivent aussi clairement beaucoup moins d’attention que leurs homologues masculins. Pour exemple, en 2012, le New York Review of Books a fait la critique d’ouvrages de 40 femmes auteurs, contre 215 hommes. De nombreux contributeurs Face à cette avalanche de critiques, Wikipédia s’est finalement défendu par un communiqué publié le 1er mai et écrit par Sue Gardner, journaliste et directrice générale de la Wikimédia Foundation (l’organisme qui possède les serveurs hébergeant Wikipédia). Cette dernière y affirme qu’elle comprend "totalement pourquoi Filipacchi s’est sentie outragée", mais que de "nombreux points n’ont pas été abordés par les médias". Selon Sue Gardner, Wikipédia a adopté depuis 2011 une politique pour décourager la création de sous-catégories basées sur les genres. Elle insiste également sur le fait que les contributeurs du site sont très nombreux. Un contrôle absolu serait impossible: "Sachant qu’il y a environ 80 000 membres actifs, il serait absurde de dire que Wikipédia échappe à la misogynie". Pour la directrice de Wikimédia, la solution est finalement entre les mains de tous les Internautes. En signalant immédiatement des manquements aux règles, les membres permettront d’éviter d’autres dérives sexistes : "Wikipédia appartient à ses lecteurs. Il est du devoir de tout le monde de le rendre aussi parfait que possible". Suite à cette polémique, les noms des femmes écrivains ont retrouvé leur place dans la catégorie "Écrivains américains. La sous-catégorie "Femmes écrivains américaines" est quant à elle toujours en ligne, mais comme l'indique un message d'avertissement, son nom est encore soumis à approbation et est susceptible d'être modifié". Pour Wikipedia, les femmes ne sont pas des écrivains comme les autres Par Charlotte Pudlowski | publié le 26/04/2013 http://www.slate.fr/culture/71683/wikipedia-femmes-ecrivains Il y a les écrivains, et il y a les écrivains femmes. A ne pas confondre, selon Wikipédia, puisque, comme le fait remarquer la romancière Amanda Filipacchi dans le New York Times, «il semble que progressivement, au cours du temps, les éditeurs [de Wikipédia], ont commencé à déplacer les femmes, une par une, par ordre alphabétique, de la catégorie "Ecrivains américains" à celle d’'"Ecrivains américains de sexe féminin", souscatégorie de la première». La raison de ce américains ne soit trier par période, femmes pour faire changement? Le manque de place. Pour que la liste d’écrivains pas trop longue, il fallait choisir des critères. Les éditeurs auraient pu par genre, par maisons d’édition… Mais ils ont préféré enlever les davantage de place aux hommes. Cela peut être dû au prisme des éditeurs de Wikipédia. «Au sein de la communauté Wikipédia, les femmes ne représentent que 15% des contributeurs et seulement 9% des éditeurs», rappelle Abigail Grace Murdy sur le blog de Melville House, maison d’édition indépendante. Mais surtout, ajoute-t-elle, cela reflète un traitement constant des écrivains en général, les femmes recevant beaucoup moins d’attention de la part du milieu littéraire que les hommes. En 2012, la New York Review of Books a par exemple critiqué seulement 40 écrivains femmes, pour 215 auteurs hommes. «La sous-catégorie “écrivains américains de sexe féminin” ne fait que réfléter une perception répandue et dénigrante des auteurs femmes qui existe déjà». Perpétuer les inégalités Faire de la catégorie écrivains américains une catégorie excluant les femmes, n’est pas seulement profondément inepte (Nicole Krauss, Siri Hustvedt, Jennifer Egan ou Toni Morisson sont-elles moins américaines parce que dépourvues de pénis?). Cette exclusion des femmes de la catégorie «écrivains américains» a des conséquences pratiques. Si vous cherchez sur Google des écrivains américains, c’est cette liste, prétenduement généraliste mais de fait très masculine, qui apparaît en premier. Amanda Filipacchi: «Les gens qui vont sur Wikipédia pour puiser des idées de personnes à embaucher, honorer, lire, et consultent cette liste d’“Ecrivains américains” pour avoir de l’inspiration, pourraient bien ne même pas remarquer que la première page comprend bien plus d’hommes que de femmes. Ils pourraient peut-être bien utiliser cette liste sans y penser à deux fois.» L’habitude de l’omniprésence des hommes est telle que les listes dépourvues de noms féminins ne se remarquent même pas. Lors de l’annonce des films en compétition à Cannes par exemple, alors que tous les noms des réalisateurs venaient d’être égrenés par Thierry Frémaux, je me tourne vers mon voisin pour lui demander s’il a remarqué quelque chose sur la liste. «Non?» «Il n’y a qu’une seule femme.» «Tu es sûre?» Il n’avait pas remarqué, il a dû vérifier la liste pour acquiescer à mon constat. Constat international La relégation des femmes à des sous-catégories n’est pas propre au Wikipédia américain. Filipacchi explique: «J’ai aussi remarqué qu’Edwige Danticat avait été retirée des "écrivains haïtiens" et déchargée dans la catégorie "écrivains haïtiens de sexe féminin". Il semble donc, au moins, que les femmes de tous les pays sont traitées de la même manière. C’est simplement dommage qu’elles ne soient pas traitées de la même manière que les hommes». En France, le problème se pose autrement: la catégorie «liste d'écrivains de langue française» semble à vue d'oeil équilibrée. En revanche la catégorie «écrivain français» comporte également une sous-catégorie femmes de lettres, mais pas de sous-catégorie hommes de lettres. Mais enfin cette catégorie «écrivain français» ne comprend pas même dix noms... Et à la lettre B, un seul: Richard Bohringer... Pour ce qui est du reste du monde, avec un peu de chance, l’article de Filipacchi travaillera à une égalité de traitement. La sous-catégorie «écrivains américains de sexe masculin» n’existait pas au moment où l’écrivain a publié son article. Elle vient d’être créée. Certes elle est encore vide, mais elle existe. C.P. Wikipédia : l'encyclopédie en ligne sexiste malgré elle ? Par Laure Gamaury - Publié le 29 novembre 2012 http://www.terrafemina.com/culture/culture-web/articles/20059-wikipedialencyclopedie-en-ligne-sexiste-malgre-elle-.html La Royal Society de Londres a constaté que la représentation des femmes sur Wikipédia était bien inférieure à celle des hommes, tant au niveau des contributeurs que dans les sujets traités. Pour remédier à ce déséquilibre, elle a lancé un appel à contributions, particulièrement dans le domaine des sciences afin d'enrichir l'encyclopédie en ligne. « Il est honteux que lorsque vous demandez aux gens, y compris à des scientifiques, de citer des femmes scientifiques et ingénieures, ils peuvent difficilement aller au-delà de Marie Curie », s’insurge Uta Frith, physiologiste experte dans les domaines de l’autisme et de la dyslexie, qui ajoute « elles (les femmes scientifiques, ndlr) ne sont pas dans notre conscience ou que l’on n’a pas assez rendu compte de leurs travaux. Wikipédia est l'un des premiers endroits où les gens vont pour obtenir des informations, or si ces informations n’y figurent pas comment feront-ils pour connaître enfin nos héroïnes de la science ? » Cette spécialiste londonienne soutient avec ardeur l’initiative de la Royal Society de Londres, soit l’Académie des sciences anglaise, qui a lancé le 19 octobre 2012 un appel à contributions, ouvrant ses bibliothèques et ses archives, pour gommer les déséquilibres paritaires de l’encyclopédie en ligne : actuellement, les thèmes à connotation féminine et sur l’histoire des femmes sont clairement sous-exploités. Des chercheurs sont appelés à enrichir les biographies de femmes voire à créer celles qui n’existent pas encore sur Wikipédia. Actuellement, environ 90% des contributeurs, anglophones comme francophones, sont des hommes, et près de 80% des donateurs sont masculins. Du côté des utilisateurs, les proportions sont moins déséquilibrées : en France, 68% des utilisateurs sont des hommes. Pourtant, le rapport homme/femme chez les internautes en général est de 51/49%. Les Wiki Women’s collaborative Pour pallier à ces déséquilibres, un groupe de collaboratrices s’est créé sur Facebook, sous le nom de Wiki Women’s collaborative et dont la devise est « rassembler et célébrer les femmes qui éditent, et qui veulent apprendre à éditer au sein de Wikipédia. Femmes du monde entier, apportons notre savoir à Wikipedia ! ». Mais la responsable de Wikimédia France, Adrienne Alix, émet des réserves sur ce mode de fonctionnement : « Nous trouvions que leurs attaques étaient parfois de mauvaise foi, qu'elles surjouaient le machisme de Wikipédia pour expliquer le retrait de certains de leurs articles par exemple, qu'elles étaient trop dans le registre de la plainte. Je me suis toujours sentie peu à l’aise dans des réunions, des ateliers réservés aux femmes, avec des actions spécifiques envers elles. C’est tout de même paradoxal qu'au nom de l’égalité, on finisse par exclure l’un des deux sexes… » Quoiqu'il en soit le projet de la Royal Society a dans l’ensemble était bien accueilli au sein de la marque Wikipédia, Jon Davies, le directeur de Wikimédia au Royaume-Uni affirmant qu'il est tout à fait normal « de souligner les efforts et les percées des femmes dans la science, la technologie, les mathématiques et l'ingénierie ». Il a particulièrement souligné la personnalité d'Ada Lovelace, une mathématicienne du XIXe siècle, inventrice d’un ancêtre de l’ordinateur, et l’importance de son héritage à faire valoir. L’opération de la Royal Society s’achève jeudi 29 novembre et il faudra attendre quelques semaines avant de pouvoir analyser les résultats. Sous les cieux républicains Elections départementales : le binôme paritaire entériné pour 2015 par Xavier Brivet http://www.courrierdesmaires.fr/15072/elections-departementales-le-binome-paritaireenterine-pour-2015/ L'Assemblée nationale a définitivement adopté, le 17 avril 2013, la réforme du mode de scrutin pour les élections départementales destinée à garantir la parité : en mars 2015, les conseillers départementaux seront élus au scrutin majoritaire binominal mixte. Rejeté en vain par le Sénat, ce nouveau mode de scrutin nécessite un redécoupage des cantons dont le nombre sera divisé par deux. L’instauration du scrutin majoritaire binominal mixte à deux tours pour le renouvellement intégral, en mars 2015, des conseillers départementaux (un binôme homme-femme) a été définitivement adopté par les députés, le 17 avril 2013. Les conseillers généraux, rebaptisés « conseillers départementaux », seront élus pour six ans et rééligibles. L’élection du binôme paritaire Les électeurs de chaque canton du département éliront au conseil départemental « deux membres de sexe différent, qui se présentent en binôme de candidats dont les noms sont ordonnés dans l’ordre alphabétique sur tout bulletin de vote imprimé à l’occasion de l’élection», prévoit le texte. Les candidats présentés en binôme devront souscrire, avant chaque tour de scrutin, une déclaration conjointe de candidature « dans les conditions prévues par décret en Conseil d’Etat ». Pour garantir la parité au sein des assemblées départementales, le candidat et son remplaçant devront être de même sexe. Les candidats du binôme devront déclarer un même mandataire financier et disposer d’un compte de campagne unique. « Nul binôme ne peut être candidat au second tour s’il ne s’est présenté au premier tour et s’il n’a obtenu un nombre de suffrages égal au moins à 12,5 % du nombre des électeurs inscrits. Dans le cas où un seul binôme de candidats remplirait ces conditions, « le binôme ayant obtenu après celui-ci le plus grand nombre de suffrages au premier tour peut se maintenir au second. » Dans le cas où aucun binôme de candidats ne remplirait ces conditions, « les deux binômes ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages au premier tour peuvent se maintenir au second. » Dans le cas où plusieurs binômes de candidats obtiendraient le même nombre de suffrages, l’élection sera acquise « au binôme qui comporte le candidat le plus âgé ». Une fois l’élection acquise, les deux candidats du binôme exerceront leurs mandats de façon individuelle. Redécoupage des cantons Pour conserver un nombre identique de conseillers départementaux, le nombre de cantons sera divisé par deux (de 4 000 à 2 000), ce qui implique un redécoupage. « Le nombre de cantons dans lesquels sont élus les conseillers départementaux est égal, pour chaque département, à la moitié du nombre de cantons existant au 1er janvier 2013, arrondi à l’unité impaire supérieure si ce nombre n’est pas entier impair », prévoit le texte. « Le nombre de cantons dans chaque département comptant plus de 500 000 habitants ne peut être inférieur à 17. Il ne peut être inférieur à 13 dans chaque département comptant entre 150 000 et 500 000 habitants. » Plusieurs dispositions encadreront le redécoupage des cantons. • L’Assemblée nationale a, sur proposition du gouvernement, supprimé l’écart maximal de plus ou moins 30 % par rapport à la moyenne de la population des cantons d’un même département, qui devait être respecté pour procéder à la nouvelle délimitation de la carte cantonale. Celle-ci s’effectuera finalement sans un tel critère arithmétique, l’article 23 du projet de loi se bornant à rappeler l’exigence constitutionnelle selon laquelle « le territoire de chaque canton est défini sur des bases essentiellement démographiques » et « continu ». Toute commune de moins de 3 500 habitants » est entièrement comprise dans le même canton ». • Des exceptions de portée limitée sont prévues « spécialement justifiées au cas par cas par des considérations géographiques, d’ordre topographique, comme l’insularité, le relief, l’hydrographie ; d’ordre démographique, comme la répartition de la population sur le territoire départemental ; d’équilibre d’aménagement du territoire, comme l’enclavement, la superficie, le nombre de communes par canton ; ou par d’autres impératifs d’intérêt général ». La qualité de chef-lieu de canton sera maintenue aux communes qui la perdent dans le cadre d’une modification des limites territoriales des cantons, « jusqu’au prochain renouvellement général des conseils départementaux ». Cumul des mandats: les atermoiements juridiques ne sont plus de mise Régine Saint-Criq et Fadila Mehal Publication: 21/04/2013 http://www.huffingtonpost.fr/regine-saintcriq/non-cumul-des-mandats_b_3114473.html Liste complète des signataires de cette tribune: Régine saint Criq, Présidente Parite ; Fadila Mehal, présidente Marianne de la diversité ; Olga Trostiansky, Coordination française du Lobby européen des femmes ; Annie Sugier, Droit International des Femmes ; Nadine Bouteilly-Dupont, Libres Mariannes ; Bouchera Azzouz, Ateliers du Féminisme Populaire. La pétition sur la limitation du cumul des mandats a été lancée à l'initiative conjointe des associations Parité et Les Marianne de la diversité, avant que ne soient révélées les accusations pesant sur le comportement délictueux d'un ministre de notre République. Leurs conséquences sur la vie démocratique de notre pays sont d'ores et déjà dramatiques. La défiance voire l'hostilité des citoyens vis à vis de la classe politique atteint des sommets inégalés et préoccupants. Alors que notre pays, confronté à une crise sans précédent a besoin d'apaisement et de rassemblement, il lui est donné le spectacle de la corruption dont nous voyons les ondes de choc désastreuses se propager. Un tel délabrement de l'opinion publique vis à vis des politiques, confirmé par une récente enquête IPSOS*, nécessite des mesures urgentes et courageuses sans lesquelles les appâts du populisme risquent de séduire de nombreux concitoyens. La pétition pour la limitation du cumul des mandats, s'inscrit dans cette démarche de renouvellement de la vie politique et de ses représentants. A ce jour 60.000 citoyens ont signé le texte le texte qui suit. "Malgré l'engagement du Président de la République, malgré la proposition de la Commission Jospin, malgré l'opinion française favorable à la limitation du cumul des mandats, les plus lourdes menaces pèsent sur l'adoption du futur projet de loi. La levée de boucliers de certains parlementaires qui n'hésitent pas à manifester vigoureusement leur opposition à cette réforme, nous fait craindre que la France continue à détenir le record des pays les plus cumulards d'Europe. En effet, de nombreux sénateurs plaident pour que des règles spécifiques s'appliquent au Sénat. Les députés quant à eux invoquent le sacro‐saint ancrage local comme si un mandat local non exécutif ne suffisait pas à l'assurer. Combien de temps encore continuerons-nous d'ignorer que les lois de décentralisation, en élargissant le champ d'action des collectivités territoriales ont augmenté considérablement les contraintes de gestion, exigeant des président-e-s, vices président‐e‐s des conseils régionaux et généraux, maires et maires adjoint‐e de devenir enfin des élus‐e‐s à temps plein? Par ailleurs, chacun le sait, la France connaît aujourd'hui une grave crise de la représentation politique et ce n'est pas un hasard si l'abstentionnisme est en train de devenir le plus grand parti de France. Nos concitoyens veulent désormais des dirigeants politiques qui leur ressemblent et qui soient disponibles. Nous devons prendre toute la mesure de cette attente populaire, car déjà le doute et la défiance se sont installés. Le renouvellement de la classe politique est devenu aujourd'hui une exigence pour que l'exercice de notre démocratie puisse s'ouvrir à tous dans le respect de la parité, de l'égalité entre les femmes et les hommes et dans la diversité des origines, des générations et des classes sociales. C'est un enjeu démocratique, d'une société moderne qui avance et qui gagne. Une nouvelle fois, ne laissons pas passer cette chance, limitons les mandats pour faire toute leur place aux femmes et aux diversités." Nous n'attendons pas l'émergence d'un homme providentiel comme certains l'ont évoqué récemment. Par contre comment ne pas être inquiets devant certaines dérives médiatiques aux accents inquisitoriaux, devant l'exigence de transparence érigée en dictature, la recherche de la pureté absolue ? Il est grand temps d'agir. Monsieur le Président de la République, les atermoiements juridiques ne sont plus de mise. L'avis du Conseil d'Etat préconisant l'entrée en vigueur de la loi sur la limitation du cumul après le 31 mars 2017 n'est plus soutenable. Nous demandons que cette réforme essentielle au bon fonctionnement de nos institutions fasse l'objet d'un référendum et soit applicable dès 2014. *Enquête IPSOS réalisée pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le CEVIPOF. Janvier 2013 *Pétition en ligne : change.org 16 conventions pour mettre les femmes aux commandes http://femmes.gouv.fr/16-conventions-pour-mettre-les-femmes-aux-commandes/ Ce mardi 9 avril, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a donc réuni 16 dirigeants de grands groupes français et 600 actrices et acteurs de l’Egalité professionnelle au Palais Brongniart, à Paris pour une conférence et des engagements contre le Plafond de verre. Le premier sous cette forme, ce moment privilégié a permis aux intervenants de partager leurs expériences, discuter des meilleures pratiques, des écueils à éviter, pour leurs entreprises comme pour les femmes et surtout de prendre des engagements. La ministre des Droits des femmes a ainsi signé 16 conventions avec les dirigeants réunis des sociétés Accenture, Accor, Air France, Areva, BNP Paribas, Carrefour, Coca-Cola, EADS, EDF, GDF, La Poste, Microsoft, Schneider Electric, SNCF, TOTAL, Véolia. Ainsi elles et ils s’engagent sur des objectifs chiffrés, ambitieux et réalistes. Outre les engagements sur la féminisation des postes de direction, notamment des Comités exécutifs (COMEX) et de direction (CODIR), les groupes s’engagent à accompagner les TPE et PME, pour lesquelles il est parfois difficile d’organiser une démarche cohérente en matière d’égalité. Cet accompagnement se fera par exemple en mettant des outils à leur disposition. Au cours de son discours de clôture, la ministre a affirmé sa volonté d’assurer un suivi de cette démarche de progrès : « Je publierai, une fois par an, un classement des entreprises du SBF 120 qui donnera, globalement et pour chacune d’entre elles, la part des femmes dans les COMEX et CODIRS. Tout autre entreprise pourra, si elle le souhaite, y figurer. » Enfin, la ministre a souhaité mettre l’accent sur l’importance des réseaux féminins dans les entreprises, en leur conférant un nouveau statut : « Je le dis simplement aux femmes qui sont ici : adhérez à un réseau et s’il n’y en a pas dans votre entreprise, créez-le ! Nous avons besoin que vous vous organisiez. Ces réseaux, quand ils sont actifs, jouent un rôle précieux pour accompagner les femmes dans leurs parcours, pour leur proposer du coaching, du mentoring, des conseils. Nous sommes prêts à leur reconnaître une véritable place dans l’entreprise, y compris pour vérifier si elle respecte ses obligations légales en matière d’égalité des rémunérations et d’accès des femmes aux responsabilités. Les réseaux de femmes doivent devenir la tête de pont de l’égalité dans les entreprises. » Les entreprises ne changeront leurs habitudes que par la mise œuvre de politiques de ressources humaines volontaristes et pragmatiques, qui laissent toutes possibilités de carrière aux hommes comme aux femmes, dans l’intérêt de toutes et de tous. Une étude sur les femmes et le plafond de verre A l’occasion de la conférence « Plafond de verre » organisée mardi 9 avril par Najat Vallaud-Belkacem, une étude réalisée par le cabinet Plein Sens pour le Centre d’Analyse Stratégique a été publiée sur les déterminants de l’avancement de carrière des cadres féminins. Cette étude montre qu’il existe en France deux grands parcours pour parvenir aux plus hauts postes d’encadrement du secteur privé : d’un côté, des parcours bien balisés, dans lesquels le titre scolaire assure une certaine égalité de traitement ; de l’autre, des trajectoires alternatives, pour les femmes dont les diplômes ne suffisent pas à garantir une ascension rapide. En résumé, certaines femmes brisent le plafond de verre alors que d’autres le contournent, mais toutes l’ont intériorisé. L’étude conclut en notant que si l’accès des femmes aux postes de direction est un enjeu en soi, il a également un effet d’entraînement potentiel pour l’égalité professionnelle dans son ensemble, afin de parvenir à des organisations du travail plus neutres par rapport au genre. Consultez la synthèse de l’étude réalisée par le Centre d’Analyse Stratégique. Un binôme paritaire au Panthéon ? Mis en ligne le 26/04/13 I Rédaction par La Rédaction http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/revue-de-presse/lu-sur-la-toile/2782-un-binomeparitaire-au-pantheon- L'Elysée pourrait prochainement faire entrer un homme et une femme dans le temple de la République. Olympe de Gouges fait figure de favorite. Un grand homme... et une grande femme ? Selon Le Canard Enchaîné, l'Elysée s'apprête à faire entrer de nouvelles figures au Panthéon. Mais de qui s'agira-t-il ? « Diderot, Michelet, Genevoix ou bien, audace suprême, une femme ? », s'interroge le palmipède, qui estime que François Hollande choisira à la fois un homme et une femme. C'est Le Monde qui, le 19 avril relançait les spéculations en rappelant que François Hollande, le 8 mars, avait annoncé qu'il était temps « d'accueillir des femmes au Panthéon ». Elle ne sont que deux, pour soixante-dix hommes, à avoir aujourd'hui cette reconnaissance de la patrie : Marie Curie et Sophie Berthelot - cette dernière uniquement en tant que « femme de »... Mais pour les accompagner, ce ne sont pas les noms qui manquent. Le Canard Enchaîné cite pas moins de quatre « favorites » de l'Elysée : Louise Michel, George Sand, Olympe de Gouges, Emilie du Châtelet. Le 8 mars dernier, la candidate à la mairie de Paris Anne Hidalgo plaidait pour honorer Olympe de Gouges, femme de Lettres, pionnière du féminisme, et figure de la Révolution française. Ce que faisait aussi, par exemple, la philosophe Geneviève Fraisse en 2009. Et on notera la conclusion du Monde : « A quand la parité au Panthéon ? Avec l'entrée d'une femme, parions déjà que certains militeront pour modifier la devise inscrite sur le fronton : "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante". Et que ce sera l'occasion d'une belle polémique à la française. » notre planète voisine : l’entreprise "Sans sanction, peu de chances d'arriver à l'égalité salariale" Le Monde.fr | 25.04.2013 à 11h02 • Mis à jour le 26.04.2013 à 08h59 Par François Béguin http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/04/25/parite-non-respectee-les-premieresentreprises-sanctionnees_3166101_3224.html Deux entreprises ont été sanctionnées pour n'avoir pas respecté l'égalité salariale entre hommes et femmes, a annoncé jeudi 25 avril Najat VallaudBelkacem, la ministre des droits des femmes, dans les colonnes du Parisien/Aujourd'hui en France. C'est la première fois que des sanctions administratives sont prises en application de la loi votée en novembre 2010. Ce dispositif, entré en application le 1er janvier 2012, contraint les sociétés de plus de 50 salariés à se doter d'un plan ou d'un accord d'entreprise visant à empêcher la différenciation entre hommes et femmes en matière de rémunération et de carrière. Seules deux mises en demeure avaient été prononcées au cours des derniers mois du gouvernement Fillon. Najat Vallaud-Belkacem a pour sa part annoncé que 135 mise en demeure avaient été prononcé en quatre mois. "C'est un début, se félicite Emmanuelle Boussard-Verrecchia, avocate à Paris, spécialiste en droit du travail et de la discrimination. Ces mises en demeure et ces sanctions marquent une volonté forte du gouvernement de ne pas laisser dans l'ombre ce sujet." "Avec ces sanctions, on franchit une étape, confirme Hélène Périvier, économiste seniore au Département des études de l'OFCE. Car sans sanction, peu de chance qu'on arrive à l'égalité salariale. " Pour la ministre des droits des femmes, "la sanction, c'est le dernier recours, mais pour être efficace elle doit être dissuasive. Et surtout plausible !" "UN ENGAGEMENT DANS UN PROCESSUS, PAS UN RÉSULTAT" Sans donner leur nom, Najat Vallaud-Belkacem a détaillé ce qui était reproché aux entreprises. L'une, située en Ile-de-France, est une structure de 150 salariés affichant 500 euros d'écart de salaire moyen entre hommes et femmes. "Elle nous a présenté un plan qui ne prévoit rien pour y remédier", a indiqué la ministre. La société devra verser une pénalité de 5 000 euros par mois (1 % de sa masse salariale) jusqu'à ce qu'elle se mette en conformité avec la loi. L'autre entreprise, en Aquitaine, compte 180 salariés et "n'a jamais remis de document, malgré les avertissements. Elle devra payer 8 500 euros d'amende en une fois, parce qu'elle vient juste de revendre son activité, précise Najat Vallaud-Belkacem. Charge au nouveau propriétaire de corriger le tir." La loi du 9 novembre 2010 demande à l'entreprise "un engagement dans un processus, pas un résultat, souligne Hélène Périvier. C'est une première étape pas très contraignante. Il faut donc sanctionner les entreprises qui ne font pas au minimum ce petit pas là." Mettre en place ces accords, ce n'est quand même pas la mer à boire", assène Emmanuelle Boussard-Verrecchia. "Depuis le début de l'année, 1 500 plans ou accords d'entreprise nous ont été déposés, souligne la ministre des droits des femmes. Dans certaines régions, plus de la moitié des entreprises se sont déjà conformées à leurs obligations. Mais certaines traînent des pieds." "SIMPLES DÉCLARATIONS D'INTENTION" "Que les accords soient bons ou non, volontaristes ou pas, il faut au moins qu'il y ait un début de résolution du problème, analyse maitre Emmanuelle Boussard-Verrecchia. Même si dans beaucoup de cas, les accords signés sont souvent une politique d'affichage, de simples déclarations d'intention." Pour l'avocate, les noms des entreprises fautives vont "finir par sortir". "Najat Vallaud-Belkacem est bien gentille de ne pas avoir donné de nom, estime-t-elle. Ce qui fait bouger les entreprises, c'est la peur des condamnations mais aussi, pour les grands groupes, la question de leur image." Pour Marie Mercat-Bruns, maître de conférences en droit privé à la chaire de droit social (CNAM) et à Sciences Po, auteure de "Discriminations en droit du travail" (Dalloz), "ces sanctions sont justifiées" car "les lois se succèdent souvent sans réel effet à part des déclarations d'intention dans les accords et les plans, même si certains contentieux individuels sur l'égalité salariale réussissent". "C'est sans doute dommage de passer par un mécanisme répressif, ajoute-t-elle. Mais ce peut être une première étape de sensibilisation à l'importance de la question qui doit être complétée par d'autres instruments". François Béguin Entorses à l’égalité salariale femmes/hommes sanctions historiques mais beaucoup reste à faire : http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/entorses-l-galit-salariale-femmeshommessanctions-historiques-beaucoup-reste-faire-371 Deux entreprises françaises ont, pour la première fois, été sanctionnées pour non respect de l’égalité de salaire hommes/femmes. Des pénalités financières qui interviennent après de nombreux rappels à la loi. Un pas en avant, mais l’égalité professionnelle est loin d’être gagnée. C’est une première en France : deux entreprises ont été sanctionnées pour ne pas avoir respecté l’égalité salariale entre femmes et hommes. Mises en demeure par le ministère des Droits des femmes, elles ne s’étaient pas conformées à la loi et écopent donc d’amendes. Pour la première, basée en Ile-de-France et employant 150 personnes, c’est une pénalité de 5000 euros par mois jusqu’à ce qu’elle régularise sa situation. Pour la seconde, située en Aquitaine (180 salariés), une amende unique de 8500 euros – elle vient de revendre son activité. Najat Vallaud-Belkacem l’a annoncé dans une interview au Parisien, ce jeudi, à l’occasion de la Journée internationale pour l’égalité des salaires. « La sanction, c’est le dernier recours, explique la ministre, mais pour être efficace, elle doit être dissuasive. Et surtout plausible ! Jusque-là, les entreprises se disaient « c’est trop énorme, on ne risque rien ». Eh bien, ce n’est pas que de l’incantation. On sanctionne. Une fois qu’on a expliqué, accompagné, alerté, il est normal de demander des comptes ». « Et la peur du gendarme, ça fonctionne », poursuit-elle. « Pas un couperet qui tombe l’air de rien » Ces sanctions tombent en application de la loi du 9 novembre 2010, votée sous Nicolas Sarkozy. Elle oblige les structures de plus de 50 salariés à se doter d’un plan ou d’un accord d’entreprise visant à empêcher les différences de salaires et d’opportunités de carrière entre les hommes et les femmes. Les contrevenants encourent des sanctions civiles et pénales. « Depuis le début de l’année, 1500 plans ou accords d’entreprise nous ont été déposés, précise Najat Vallaud-Belkacem. Dans certaines régions, plus de la moitié des entreprises se sont déjà conformées à leurs obligations. Mais certaines traînent des pieds ». Un décret publié en décembre permet de sanctionner plus fortement ces entreprises récalcitrantes : il prévoit des pénalités allant jusqu’à 1% de la masse salariale, soit ce qui est infligé à l’entreprise située en Ile-de-France aujourd’hui épinglée. « Cette sanction n’est pas un couperet qui tombe l’air de rien », rappelle Brigitte Grésy, du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Le volet répressif ne s’applique qu’après l’échec de l’accompagnement et de la pédagogie. « Un site web accompagne les entreprises dans le diagnostic qu’elles doivent faire avant de signer un accord ou de mettre en œuvre un plan pour l’égalité, précise-t-elle. On analyse les efforts et défaillances éventuelles des entreprises, on cherche de possibles circonstances atténuantes. S’il n’y en a pas, on émet une mise en demeure. Et si au bout de six mois rien n’est fait, alors il y a sanction ». « La mixité est un facteur de croissance » Globalement, « l’égalité professionnelle est très peu respectée, rappelle-t-elle. L’écart salarial est d’environ 27% », et moins de 10% des entreprises ayant désigné un délégué syndical – qui sont donc en capacité de négocier – ont passé un accord d’égalité professionnelle. « C’est chez les très grandes entreprises qu’on trouve le plus d’accords : elles ont les ressources en personnel pour réaliser les diagnostics. Mais dans l’ensemble, le tissu des entreprises ne s’est pas beaucoup mobilisé ». Les entreprises de moins de 300 salariés doivent conclure des accords comprenant au moins 3 des 8 objectifs d’égalité (rémunération, embauche, qualification, classification, etc.). Au-delà de 300 employés, 4 objectifs doivent être compris. « L’égalité ne doit pas être considérée comme une contrainte externe, plaide Brigitte Grésy. C’est un agent de transformation interne et de modernisation de l’entreprise. De nombreuses études montrent que la mixité est un facteur de croissance. On recherche le gagnant-gagnant, en encourageant les entreprises à s’engager en faveur de l’égalité au sens large ». Outre la question de la rémunération, l’égalité femmes/hommes dans le monde du travail est en effet loin d’être atteinte. Selon les chiffres du gouvernement, les postes à responsabilités restent majoritairement confiés aux hommes – notamment dans les conseils d’administration du Cac 40 ; plus de 80% des salariés à temps partiel sont des femmes ; les femmes sont davantage cantonnées à certains types d’emplois (assistants maternels et secrétaires en particulier) et perçoivent, en moyenne, 62% de la retraite des hommes. Quotas de femmes dans hésitation d’Angela Merkel les entreprises : la valse http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-25061-Quotas-defemmes-dans-les-entreprises-la-valse-hesitation-de-Angela-Merkel.htm Le jeudi 18 avril, à 15h38 GMT, les Allemandes pouvaient s’attrister d’avoir perdu une bataille : le Bundestag, la chambre basse du Parlement, rejetait l'introduction de quotas de femmes dans les conseils de surveillance des entreprises (40% à l’horizon 2020), présenté par le SPD et les Verts. Quelques heures plus tard, elles gagnaient une semi victoire, en dépit des résistances affichées d’une femme, et pas n’importe laquelle, Angela Merkel. Ursula von den Leyden, ministre du Travail et Angela Merkel, chancelière, puissantes femmes de l'Allemagne d'aujourd'hui, à la Une de la Süddeutsche Zeitung 19.04.2013Par Sylvie BraibantMalgré ses préventions affichées contre les combats féministes, la chancelière a fini par céder à la colère de sa très populaire ministre de l’emploi, Ursula von der Leyen : la Cdu (Union des Chrétiens démocrates), parti de la dame de fer qui dirige l’Allemagne décidait de se soumettre à des de 30% quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises à l’horizon 2020, et même d’en faire un thème de campagne affiché pour les élections générales de septembre 2013. Amère compensation : Angela Merkel a seulement obtenu que le seuil reste 10% en dessous de celui proposé par les sociaux-démocrates et les verte... Comme le Royaume Uni de David Cameron, l’Allemagne a refusé farouchement de se plier aux directives européennes édictées par Viviane Reding, Commissaire européenne chargée entre autres de défendre la citoyenneté et les droits fondamentaux sur le vieux continent. La plupart des autres membres de l’Union se sont en revanche volontiers conformés à cette initiative même si son application reste hasardeuse et à géométrie très variable. Les femmes qui n'aimaient pas les femmes Margaret Thatcher, la dame de fer britannique détestait, entre autres, les féministes. Angela Merkel, surnommée aussi dame de fer pour ses intransigeances économiques. ne les porte pas beaucoup mieux dans son cœur. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que dans ces deux pays qui virent naître les mouvements féministes, autour de la philosophe Mary Wollstonecraft en Angleterre et de l’enseignante Clara Zetkin en Allemagne on trouve les résistances les plus fortes au mouvement des femmes, portées par … des femmes. Sur sa route inflexible, Angela Merkel se heurte donc à une autre politicienne, l’aristocrate chrétienne démocrate Ursula von den Leyden, médecin de profession, mère de quatre enfants, blonde et élégante, modèle de réussite féminine outre Rhin… La Süddeutsche Zeitung, l’un des quotidiens de référence en Allemagne, publié à Munich, ne s’y trompe pas : ce sont bien les femmes conservatrices, unies derrière leur cheftaine ministre de l’Emploi, qui ont fait front contre les dirigeants de la CDU, qui en ont presque avaler de travers après ce revirement. Michael Fuchs, vice-président de la CDU, a estimé que "l'Etat n'a pas son mot à dire" dans la composition des conseils de surveillance, dans un entretien au quotidien économique Handelsblatt. Le revirement du parti est "incompréhensible", a renchéri Bertram Brossardt, président de la fédération de l'économie bavaroise, et représentant de la clientèle-type du parti. "Nous n'avons pas besoin de quota", a-t-il ronchonné... "La CDU affiche un projet de quotas pour les femmes dans les entreprises , mais vote contre" Une sorte de "chercher l'erreur" à la Une du quotidien conservateur Die Welt, proche des chrétiens démocrates... Ni oui ni non, bien au contraire Dans un éditorial cinglant, Robert Rossmann constate : « cette semaine, nous aurons vécu une confrontation entre les deux femmes les plus puissantes d’Allemagne. (…/…) Et une chose est certaine : Merkel a perdu la bataille. Von der Leyen, la ministre, a lutté avec dureté, finesse tout en prenant des risques. Jamais un membre du gouvernement n’était montée aussi effrontément à l’assaut de la chancelière – jusqu’à la faire céder. Et même si pour la CDU (le parti de Angela Merkel) l’introduction des quotas est avant tout un gadget d’écriture du programme électorale, pour l'Union européenne le changement de cap est un tournant énorme. » C’est qu’en effet, le travail des Allemandes reste entaché d’une mauvaise image. Dans l’imaginaire collectif, les trois K sont encore prégnants : Kinder, Kirche, Küche (Enfants, Eglise, Cuisine). Une bonne mère ne saurait abandonner ses bambins et son foyer pour aller gagner sa vie. Du coup, celles qui se lancent dans une carrière n'enfantent pas. L'Allemagne est confrontée à l'un des plus faibles taux de natalité au monde avec huit naissances pour mille habitants... Conformément à cette tendance, durant sa longue carrière politique d’Est en Ouest, Angela Merkel, mariée mais sans enfant, ne s’est jamais prévalue d’être une femme, comme le remarque Melissa Eddy,dans un très beau portrait de la chancelière pour le New York Times. « En dépit de la composition de son gouvernement, un tiers de femmes, elle n'a jamais ouvertement fait campagne pour l'égalité des sexes et n’a jamais mis sa position unique en modèle. Et elle a à plusieurs reprises rejeté les appels, y compris de l'Union européenne, exigeant des entreprises qu'elles admettent plus de femmes aux plus hauts niveaux de gestion. » Si elle a plié, en partie, pour la première fois, c’est sans doute qu’elle sent, à l’approche du scrutin déterminant pour son avenir, que même en Allemagne, le vent tourne, et que les femmes aspirent à autre chose qu’aux trois K. Carole Couvert prend la tête de la CFE-CGC http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20130418trib000760184/carolecouvert-prend-la-tete-de-la-cfe-cgc.html Carole Couvert, tout juste 40 ans, est devenue mercredi la première femme élue à la présidence de la CFE-CGC, mais son élection s'est déroulée dans une ambiance houleuse et elle va devoir panser les plaies d'une longue crise interne. Carole Couvert a obtenu 59,7% des voix des 460 délégués habilités à voter, réunis en Congrès à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Elle devient ainsi la première femme élue à la présidence de la CFE-CGC. Numéro deux sortante, ex-salariée de GDF/Suez, elle était soutenue par 13 fédérations sur 16. Elle se présentait avec Marie-Françoise Leflon, négociatrice emploi, pour le poste de secrétaire générale et Frank Zid (Air France) pour le poste de trésorier. Son opposant, François Hommeril, 51 ans, ingénieur géologue (ex-Pechiney), soutenu notamment par la puissante fédération de la métallurgie et la chimie, a lui recueilli 40,2%. "Rassemblement" Carole Couvert devient ainsi le neuvième leader de la CFE-CGC créée en 1944 et succède à Bernard Van Craeynest, qui a été aux commandes depuis 2005. Le syndicat des cadres revendique 143.000 adhérents. "Quoi qu'il se passe, nous trouverons moyen de travailler ensemble au rassemblement" du syndicat "et non à sa scission", a affirmé la nouvelle numéro un rappelant que le camp adverse avait opposé une "fin de non recevoir" à sa proposition de liste unitaire. Toutefois parmi ses candidats pour le bureau confédéral (direction resserrée) qui sera élu jeudi, ne figure aucun militant des fédérations adverses. Changer de nom ? La nouvelle dirigeante a égrainé ses propositions pour rénover la centrale dont la plus innovante - qui a suscité des huées mais aussi des applaudissements - est de "changer le nom" de la confédération "imprononçable par les journalistes et les militants", selon elle. Il ne s'agit "pas de renier nos valeurs, ni de changer notre syndicat catégoriel" mais "trouver un nom qui fédère les adhérents du privé et du public". Elle n'a pas proposé de nouveau nom mais suggère d'y travailler. Fidèle à son expérience du marketing, son programme, qui a pour thème "reprendre l'initiative" comprend la mise en place de baromètres et d 'enquêtes auprès des adhérents. Carole Couvert entend développer aussi des actions en direction des jeunes (bourse de stages), le développement de la communication, la création d'un "fonds d'investissement éthique" éventuellement paritaire, et enfin un "accompagnement des salariés de l'encadrement qui peuvent reprendre une entreprise. L'enjeu est de "réconcilier le syndicalisme et l'entreprise", selon elle. Notre planète à tous : la famille État civil : la transmission du nom du père va-t-elle disparaître ? Marion Roucheux http://www.terrafemina.com/vie-privee/famille/articles/22289-etat-civil-la-transmissiondu-nom-du-pere-va-t-elle-disparaitre-.html C'est une « révolution » patronymique qui fait débat à l'Assemblée : une disposition du projet de loi sur le mariage homosexuel prévoit la possibilité d'accoler les deux noms de famille des parents, et non uniquement du père, aux enfants. Une mesure qui serait applicable par défaut à tous les couples. En plein débat sur le mariage pour tous à l’Assemblée nationale, une disposition inscrite dans l’article 2 du projet de loi a soulevé les tensions lundi. En cause : la dévolution du nom de famille. Cet amendement, pointé du doigt par les députés de l’opposition, prévoit en effet qu’en cas de désaccord ou d’absence de choix du couple, les enfants auront pour patronyme les deux noms de famille accolés dans l’ordre alphabétique de leurs parents. Finie donc la transmission automatique du nom du père : les couples auront le choix. Car si depuis mars 2002, un enfant peut porter le nom de sa mère, de son père ou des deux, c’est toujours le nom du père qui s’impose automatiquement dans le cas d’absence de manifestation contraire des parents. Cette règle serait donc en passe d’être modifiée et devrait concerner tous les parents, homosexuels ou non. Une « révolution » qui n’est pas du goût des élus de droite : « Vous proposez une révolution mais cette révolution avance masquée », a ainsi dénoncé l’UMP Hervé Mariton. « Là où aujourd'hui un enfant s'appelle Durand, il s'appellera demain DurandMartin » « Là où aujourd'hui un enfant s'appelle Durand, il s'appellera demain Durand-Martin sauf si les parents demandent explicitement qu'il s'appelle Durand », a-t-il résumé, avant que son collègue Marc Le Fur ne s’inquiète que soit engagée « une réforme majeure qui va engager le nom de famille » et qui aura pour conséquence « l'effacement du père ». Un argument que n’entend pas la majorité, qui assume cette « révolution » et la revendique. « Oui, c'est une révolution, nous l'assumons. Nous assumons que le père ne soit plus le seul à donner le nom », a ainsi lancé Christophe Bouillon, député de la 5 e circonscription de Seine Maritime, appuyé par le rapporteur socialiste du projet Erwann Binet. « Ce n'est pas l'effacement du père. Ce que vous attendez c'est l'effacement du nom de la mère ! On est en 2013 ! », s’est-il exclamé. Reste que cette délicate question du nom de famille a été entendue par la garde des Sceaux Christiane Taubira, qui a souligné que « le sujet méritait encore d'être discuté ». Même son de cloche du côté de la ministre déléguée à la Famille Dominique Bertinotti, qui a assuré que « les choses ne sont pas figées » et que le gouvernement allait tenter de trouver une alternative « satisfaisante ». Transmission du patronyme : ce que la loi sur le mariage pour tous changerait Le Monde.fr | 04.02.2013 à 13h56 http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/04/transmission-du-patronyme-ce-quela-loi-changerait_1826703_3224.html Le député UMP Hervé Mariton, fer de lance de l'opposition au mariage pour tous, est revenu, lundi 4 février, sur l'une des dispositions de la loi concernant le nom patronymique des enfants. Cette disposition, inscrite dans l'article 2 du projet, concerne la dévolution du nom de famille : en cas de désaccord ou d'absence de choix des parents, les noms de chacun d'eux, accolés dans l'ordre alphabétique, seront donnés à l'enfant, alors qu'actuellement c'est le nom du père qui est attribué. Pour M. Mariton, il s'agit d'une "révolution" qui "avance masquée". "Là où aujourd'hui un enfant s'appelle Durand, il s'appellera demain Durand-Martin, sauf si les parents demandent explicitement qu'il s'appelle Durand", a-t-il expliqué, précisant que cet accolement automatique des deux noms des parents concernera tous les couples, homosexuels comme hétérosexuels. Jusqu'à présent, selon l'article 357 du code civil en vigueur depuis le 1er janvier 2005, en cas d'adoption de l'enfant du conjoint ou d'adoption d'un enfant par deux époux, l'adoptant et son conjoint ou les adoptants "choisissent le nom de famille qui lui est dévolu : soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit leurs deux noms accolés dans l'ordre choisi par eux dans la limite d'un nom de famille pour chacun d'eux. En l'absence de déclaration conjointe à l'officier de l'état civil mentionnant le choix du nom de l'enfant, celui-ci prend le nom de celui de ses parents à l'égard duquel sa filiation est établie en premier lieu et le nom de son père si sa filiation est établie simultanément à l'égard de l'un et de l'autre"'. Il est donc déjà possible aujourd'hui de donner le nom de la mère, du père ou des deux parents. La principale modification du projet de loi sur le mariage pour tous concerne l'éventualité d'un désaccord des parents sur le nom à donner. L'article 357 modifié stipule qu'"en l'absence de déclaration conjointe mentionnant le choix de nom de l'enfant, celui-ci prend le nom de l'adoptant et de son conjoint ou de chacun des deux adoptants, dans la limite du premier nom de famille pour chacun d'eux, accolés selon l'ordre alphabétique." Une disposition rédigée pour les cas de filiation adoptive qui viendra s'appliquer à l'article 311-21 qui réglemente la transmission du nom des parents. Ce ne sera donc plus le nom du père qui sera transmis automatiquement mais les noms des deux parents. Si le député UMP Marc Le Fur a estimé que disposition était synonyme de "l'effacement du père", il faut noter qu'il sera toujours possible, à la demande des parents, de donner soit le nom du père, soit celui de la mère à son enfant. Les parents reconnaissent bien les pleurs de leur bébé Yves Miserey - le 16/04/2013 Une étude montre que le père est aussi performant que la mère pour identifier les cris de son enfant au milieu d'autres. Contrairement à une idée reçue, le père reconnaît aussi bien les pleurs de son bébé que la mère. La reconnaissance n'est pas liée à un quelconque instinct maternel mais au temps passé auprès du nourrisson. S'ils sont à ses côtés plus de quatre heures par jour, le père et la mère identifient ses pleurs sans peine et leurs «performances» sont parfaitement identiques. En revanche, si l'un ou l'autre passe moins de quatre heures par jour auprès de lui, le mécanisme se dérègle et ils ont du mal à les distinguer des pleurs d'autres enfants. C'est ce que démontre une série d'expériences pilotées par Nicolas Mathevon, de l'université de Lyon/Saint-Étienne ( Nature Communications , en ligne le 16 avril 2013). «C'est amusant de voir à quel point on a des a priori énormes sur des tas de choses», s'étonne le chercheur. Lors d'une enquête conduite à l'université de Saint-Étienne auprès de 500 personnes, la moitié des gens interrogés estimaient que les parents sont incapables de reconnaître les pleurs de leur bébé parmi d'autres. Et ceux qui pensaient que c'était possible affirmaient que seule la mère en serait capable. Les pères exclus des études jusqu'à présent C'est la première fois qu'un bio-acousticien étudie les signaux sonores des tout petits bébés humains d'aussi près. Nicolas Mathevon avait travaillé auparavant sur les hyènes, les otaries, les morses, plusieurs espèces d'oiseaux tropicaux et marins dont les manchots, les crocodiles, les chimpanzés, les poissons. À ce jour, les seules recherches sur les pleurs des bébés avaient une orientation médicale. Elles portaient sur leurs variations en fonction de la douleur exprimée par le nourrisson et leur perception par la mère, les pères étant exclus dans ces études comme s'ils n'étaient pas concernés. En tout, 29 parents et leurs bébés âgés de 3 mois ont participé à l'expérience: 15 dans la région de Saint-Étienne et 14 au Congo, pour s'assurer qu'il n'y a pas de biais culturel. Après avoir subi les tests d'écoute, nombre de parents avaient l'impression de ne pas avoir reconnu leur enfant, se souvient Nicolas Mathevon. En effet, l'exercice qui comportait deux sessions avait de quoi donner le tournis. La bande-son était composée de trois séquences provenant de cinq enfants différents, deux filles et deux garçons avec en plus leur propre bébé. «L'être humain est très doué dans le domaine sonore», souligne le chercheur, même si la prédominance de l'image dans le monde actuel pourrait nous en faire douter. En effet, contrairement aux appréhensions des parents, leurs scores sont très élevés et cela, sans distinction de sexe. Le petit nombre à commettre des erreurs est représenté par ceux qui sont peu à la maison dans la journée. La reconnaissance sonore nécessite une imprégnation. L'autre apport de cette étude concerne les pleurs des bébés. «C'est un signal complexe, une signature sonore à part entière», souligne Nicolas Mathevon. Certes, ils varient en fonction des circonstances, selon l'intensité de la demande de l'enfant, mais ils restent néanmoins bien caractéristiques de chaque bébé. À l'oreille on peut les reconnaître mais l'analyse du spectrogramme permet de visualiser dans le détail comment ils se différencient. L'énergie n'est pas la même, certains enfants pleurent dans des fréquences aiguës alors que d'autres, au contraire, sont dans les dominantes graves. La fréquence des pleurs peut être très modulée ou très «plate». » Quatre échantillons de pleurs de bébé utilisés dans l'étude: Dans ce domaine, les humains ne se distinguent pas des autres espèces animales. «Il y a évidemment de l'information quant au “degré de mal-être” ou au besoin du bébé d'avoir de l'aide, souligne Nicolas Mathevon, qui se réjouit d'avoir ouvert un nouveau champ de recherche. Mais pour l'instant, on ne sait pas précisément ni comment cette information est codée, ni avec quelle précision elle peut être comprise par les récepteurs.» Famili, magazine familial, familier des stéréotypes sexistes par Thibault Roques, Vincent Bollenot, le 23 avril 2013 http://www.acrimed.org/article4050.html Magazine du groupe « Marie Claire », Famili se présente – c’est du moins ce qu’indique son nom – comme un magazine à destination des futurs et nouveaux parents en général. On pourrait donc attendre qu’il s’adresse autant ou presque aux hommes/pères qu’aux femmes/mères. Or tant dans la version papier que sur le site internet, ce titre de presse relaie, plus ou moins ouvertement, les visions les plus traditionnelles de la répartition des rôles entre les sexes : une répartition socialement construite et dominante dans la réalité que le magazine, plutôt que de la remettre en cause, contribue, par voie médiatique, à diffuser, voire à renforcer auprès de ses lecteurs. Contrairement à ce que laisserait penser son titre même, Famili non seulement ne concerne que les couples hétérosexuels et leurs enfants, mais a en réalité tout du « magazine féminin », conçu d’abord et avant tout « pour les femmes » et « pour les mamans ». C’est dire, d’une certaine façon, que la famille, c’est d’abord et avant tout la maman et les enfants, le père étant essentiellement chargé de se substituer provisoirement à la mère quand les circonstances (exceptionnelles) l’exigent. Famili est donc dédié aux mamans d’abord (1) qui sont… mamans d’abord (2) et assignées aux tâches domestiques (3) ! 1. Les mamans d’abord… Les femmes sont en effet l’objet, explicite ou non, de la très grande majorité des sujets, articles et autres rubriques, comme en témoignent les titres des dossiers en unes des numéros de décembre-janvier 2012-2013 ou d’avril-mai 2013 : « Future maman : mon bébé, mon homme, mon job… » (voir plus loin) et « Mission survie après bébé : à la maternité, à la maison avec son mec, secret de supermams »… … sans savoir au juste qui sont ces « supermams », aucune trace jusqu’ici, en une ou dans les pages intérieures, de « superpaps »… Autre exemple d’adresse aux mamans, ce passage (numéro d’août-septembre 2012, p.106), à propos de l’enfant qui quitte ses parents pour la première fois : « Il risque de passer de l’excitation à la crainte, d’osciller entre fanfaronnade […] et repli dans vos bras (“Maman, je ne veux pas te quitter”). » Et plus loin (dans le même numéro, p.108), à propos des mères forcément en charge de tout ce qui concerne l’alimentation : « Les glaces j’en donne, ou pas ? […] Tous les étés, c’est la même chose, on s’interroge : je cède ou pas ? Toutes les réponses à vos questions de maman. » Ces adresses aux mamans qui se posent des questions sont confortées par un usage des pronoms personnels qui en dit long sur le vrai « cœur de cible » de la rédaction. Le papa, lui, par définition, ne se pose pas de question, n’étant pas concerné ou n’ayant pas voix au chapitre. Alors qu’à chaque fois, le je, le on ou le vous pourrait être indéterminé, renvoyant a priori indifféremment au père ou à la mère, il ressort clairement que c’est surtout - voire exclusivement - aux mères que Famili s’adresse. Il y a bien ici ou là des petits encarts « Pour les papas » ou « Allez les papas » pour les inciter à participer ou à prêter main forte. Mais jamais aucune rubrique complémentaire en miroir « Pour les mamans » qui semblerait probablement incongrue tellement il va de soi qu’elles ne peuvent qu’être les seules vraiment concernées, à tous les sens du terme. Au-delà du stéréotype entretenu dans certains articles consistant à considérer comme allant de soi l’omniprésence féminine (et partant l’invisibilité masculine) dès lors qu’il s’agit du foyer ou des enfants, d’autres clichés ont la vie dure dans Famili. Ici comme ailleurs, la maman (comme toute femme dans la plupart des « féminins »…) est réduite à son apparence, son look et sa beauté : « N’hésitez pas à dire à votre compagne que son rôle de maman lui va bien. C’est bon à entendre quand on est fatiguée, que les seins sont douloureux et que la cicatrice de l’épisio tiraille… Et si, pour lui faire plaisir, vous lui rapportiez ce T-shirt sympa qui vous tend les bras dans la vitrine ? Nouveau vêtement, nouvelle femme ! » (avril-mai 2013, p.77) C’est bien connu, c’est la tenue et le style qui redonneront le moral à une femme qui vient d’accoucher. Sous des dehors sympas, ces slogans enjoués « Nouveau vêtement, nouvelle femme » ou plus loin « tenues petit mec et maman branchée » en disent long sur la valeur et les valeurs associées aux femmes. Ici comme ailleurs, pour les femmes, le superficiel prime : le bien-être est toujours d’abord un bien-paraître (les innombrables pages de publicité vantant les mérites de telle crème ou de tel article de prêt-à-porter en attestent). Quant à son fameux « rôle de maman » (qui « lui va bien », cela va sans dire !), il renferme toutes les fonctions les plus traditionnellement « féminines » : ainsi, le souci premier de la mère, ce sont forcément ses enfants. 2. … Qui sont mamans d’abord En une du numéro de fin d’année, ce titre : « Mon bébé, mon homme, mon job » Un ordre d’occupation et de préoccupation qui n’a rien d’anodin. Dans le meilleur des cas, les « mamans d’abord » sont invitées à jongler avec des emplois qui conviennent à leur premier rôle : des emplois que célèbre l’éditorial du numéro de février mars 2013 intitulé « Vive les crises ! » : « Lorsqu’on devient parent, maman en particulier, on est prêt(e) à tout pour ses enfants. À se réinventer de nouveaux espoirs, à changer de vie. Et, entre autres, à travailler autrement. Même en temps de crise, les mamans ont des idées. Elles font preuve d’une imagination et d’une énergie incroyable, comme ces mampreneurs qui ont quitté le confort du salariat pour créer leur propre entreprise. Et profiter de leurs enfants à 100 %. Une aventure pas toujours de tout repos mais tellement stimulante ! En tout cas, une belle leçon de vie pour chacun(e) d’entre nous. Alors, cette année, promis, on profite des crises pour grandir ! » L’exploit ultime, pour les femmes, c’est de continuer à faire ce que la plupart d’entre elles font déjà : toujours d’arriver à faire des choses, d’autres choses, sans jamais perdre de vue que leur premier rôle est de s’occuper et profiter des enfants à plein. 3. … et assignées au travail domestique Du reste, certains encarts publicitaires dans le magazine (avril-mai 2012, p.41-42) renforcent cette vision de la division du travail au sein du couple : la mère est par essence maternante et tournée vers ses enfants tandis que le père est ce chef responsable, parfois héroïsé, qui regarde la route… ou regarde ailleurs. Dans la publicité pour le nouveau Toyota Verso, naturellement, seul le père est évoqué et visible : « mon père est un héros, sa voiture est un Verso », tandis que dans la publicité sur la page suivante pour le siège auto de la marque Bébé Confort, papa est au volant (normal, direz-vous…) alors que c’est évidemment maman qui est retournée pour s’occuper de bébé et de son doudou. Le stéréotype le plus fréquemment véhiculé reste quand même celui de la mère aux fourneaux (décembre-janvier 2012-2013, p.114) : « il ne mange rien à la cantine, je fais quoi à dîner ? » Question a priori universelle et universellement partagée. Mais qui est je, au juste ? Réponse immédiate de la journaliste pour qui les enfants « doivent apprendre à […] accepter une alimentation différente de celle que maman leur prépare à la maison. » Dans la continuité, et avec la même évidence, « Nombreuses sont les cantines qui font des efforts pour proposer des repas variés et de qualité. Le problème des mères de famille, c’est davantage le soir. » Car oui, les pères de famille, eux, n’ont par définition, qu’à se mettre les pieds sous la table… Ici encore, la publicité - pour les biberons Dodie - ne peut qu’accentuer ce sentiment d’un ordre du monde immuable : on nous dit que cette marque de biberons est « n° 1 dans le cœur des mamans ». C’est renvoyer la mère à la fois à sa fonction nourricière, une fois de plus, mais aussi souligner sa fibre affective (comme on peut le vérifier sur le site de Famili, brièvement analysé en complément de cet article). Les papas, quant à eux, soit n’ont pas de cœur soit ne s’occupent pas des biberons, c’est entendu. Plus généralement, dans Famili, il est rappelé, plus ou moins indirectement, que le domestique ne peut être le domaine privilégié que de la femme, comme le souligne parfaitement le passage qui suit (avril-mai 2013, p.77) : « Rappelez-lui qu’il faut qu’elle se repose. Ce qu’elle a de mieux à faire, c’est se caler sur le rythme du bébé et de laisser les autres – mari, famille – s’agiter autour d’elle. Agissez ! Par exemple, interdisez-lui l’aspirateur et peu importe si le ménage laisse à désirer. Prenez les courses en main et la préparation des repas si possible… Ou invitez (belle-)maman à venir passer quelques jours… » Interdire l’aspirateur à sa femme : quelle audace ! Ne pas se formaliser si elle n’a pas pu astiquer la maison : l’homme est décidément trop bon ! Ou, solution ultime, inviter les membres de la famille – féminins de préférence - à la suppléer. Tout ceci serait simplement cocasse si ça ne mettait pas au jour un impensé récurrent dans ce type de magazines : il va de soi que femme et (entretien du) foyer sont intimement liés et que cet ordre des choses ne peut être bouleversé que dans quelques rares situations exceptionnelles, nécessairement vouées à ne pas (trop) durer. De la même façon, dans la rubrique « À la mater, j’en profite un max » (avril-mai 2013, p.70), les femmes sont invitées à « Profite[r] de [leur] séjour à la maternité pour faire connaissance avec [leur] enfant […] puisqu’[elles sont] temporairement débarrassées des contingences matérielles de la maison. » En d’autres termes, qui dit retour à la maison dit de facto retour de la femme au foyer, en tous les sens du terme. Et quand les journalistes osent promouvoir telle position plus progressiste (« le partage des tâches, tu reverras »), voilà leur conseil adressé aux femmes : « Faites preuve de diplomatie. Il y a façon et façon de faire vos demandes “Qu’est-ce que tu aimerais le mieux prendre en charge, mon chéri ?”, ça marche mieux que : “À partir de maintenant, je ne m’occupe plus des courses. Si tu veux manger, tu remplis le frigo !” » (numéro d’avril-mai 2013, p.79). Il suffit d’imaginer un instant la situation inverse dans laquelle c’est l’homme qui viendrait s’enquérir en ces termes très diplomatiques des désirs de sa compagne concernant le partage des tâches pour se rendre compte à quel point la domination masculine a été intériorisée. Et si relais il y a, c’est à une femme que l’on songe en priorité. Ainsi Malinka Dauverné, psychothérapeute pour Famili, propose-t-elle une solution dans son article « Être parent : pas facile, mais exaltant ! » (décembre-janvier 2012-2013, p.77) : « “Que dois-je faire si je n’y arrive pas ? Chercher de l’aide tout simplement !”. C’est ainsi qu’elle se décidera à appeler sa mère, une amie ou une baby-sitter. » C’est le tiercé gagnant : mère, amie ou une baby-sitter. Les hommes, de leur côté, sont une fois de plus aux abonnés absents. Quant à la rubrique intitulée « Le meilleur conseil de ma (belle-)mère », elle n’a pas, à ce jour, d’équivalent du côté des (beaux-)pères. Or à force d’envisager les femmes de la famille ou de l’entourage comme seules alternatives possibles, elles finissent par devenir les seules alternatives pensables. Alors même que Famili espère que « l’Éducation nationale s’attaquera aussi au “dépoussiérage” des manuels scolaires, qui véhiculent encore trop de stéréotypes du type “papa lit le journal, maman est aux fourneaux” » et que la formation dispensée aux enseignants les aidera à prendre conscience des « petites discriminations qu’ils pratiquent malgré eux » (février-mars 2013), le magazine n’est pas le dernier, dans certains de ses articles, à reproduire tout ou partie de ces mêmes stéréotypes. Il serait sans doute déraisonnable d’attendre de Famili qu’il soit systématiquement à l’avant-garde du combat pour une vraie égalité hommes/femmes tant les inégalités subsistent, ne serait-ce que dans la vie domestique réelle. On pourrait néanmoins attendre de ses journalistes un peu plus de vigilance, par exemple quand ils évoquent « le bavardage incessant des copines pipelettes ravies de se retrouver à votre chevet ». Vivement le Famili nouvelle formule dans lequel on nous promet « + de chroniques un brin déjantées » ; et un brin moins caricaturales ? Vincent Bollenot et Thibault Roques Complément : Sur Internet, aussi La version internet du magazine est censée être plus interactive. En principe, n’importe quel inscrit sur le site peut rédiger un article en plus de l’équipe de journalistes. Mais une équipe de modérateurs veille au grain et les articles restent largement déterminés par les contenus de la version papier puisque le même type de présupposés s’y colporte. L’article de la journaliste Katrin Acou-Bouaziz intitulé « Le langage de bébé à éviter au boulot » commence par un incipit annonçant la couleur des 332 mots à suivre : « À force de parler avec des enfants, il arrive que le niveau de langage des mères dégringole de quelques étages. Short-list des expressions qui dénotent au bureau. » Ainsi la femme (puisque c’est elle qui parle « le langage de bébé », et non son compagnon) parait incapable de raison et de mise à distance. Toute entière prise dans ses préoccupations privées et dans son lien uniquement affectif avec le bébé, elle ne pourrait penser à autre chose qu’à son enfant et certainement pas parler d’un autre sujet. Mais, bien plus, elle ne pourrait parler autrement que comme un enfant. Par conséquent, la femme, et plus particulièrement la jeune mère, se trouve radicalement infantilisée. Or Famili se présente comme un magazine non seulement à destination de la « future maman », mais aussi du « futur papa », des « jeunes parents ». À quand, par conséquent, un article sur les gazouillis du jeune papa retournant à son métier après un congé paternité ? Et s’il dispose d’une rubrique consacrée à « être mère et travailler », le site de Famili n’en propose pas d’équivalente pour les jeunes pères. Une telle inégalité de traitement médiatique, si elle reflète des représentations largement diffusées, contribue aussi à les entretenir. Par ailleurs, on apprend dans le court corps de l’article que « les pires ennemis des mamans qui reprennent le chemin du travail » sont les onomatopées : « "Oups" ("j’ai perdu un dossier"), "zut" ("il n’y a plus d’encre dans l’imprimante"), "hop hop hop" ("faut que j’y aille moi"), "zou" ("c’est bouclé"), "t-t-t" (pour dire non), viiiii (pour dire oui), boum (quand l’agrafeuse tombe par terre). Très pro. » Là encore, ces quelques mots entretiennent sans aucun recul une certaine vision de la femme dans son milieu professionnel. Selon ce cliché, celle-ci travaille bien sûr dans un bureau, et il semble qu’il s’agisse d’un emploi répétitif et peu stimulant, qui ne requiert pas trop de dextérité intellectuelle mais plutôt des gestes incorporés, du moins est-ce cet aspect qui est exclusivement évoqué dans l’article de Famili : on « boucle [un] dossier » visiblement envisagé comme une corvée, on change la cartouche d’ « encre [de] l’imprimante », on agrafe des pages. Pourquoi ne pas prendre l’exemple d’un dialogue de haute volée entre une avocate et un(e) client(e) ? Car cela ne correspond pas à la représentation la plus diffusée, en tous cas apparemment à la rédaction du magazine. Dans un autre article typique, rédigé cette foi par Famili, c’est-à-dire de façon participative et/ou par l’équipe du magazine, et intitulé « Dur dur de reprendre le travail après bébé… », il est question du malaise que non pas certains parents mais seulement certaines femmes pourraient ressentir en reprenant le travail après la naissance d’un bébé. Certes les hommes ne connaissent pas de congé dû à la grossesse, mais eux aussi pourraient éventuellement être traversés d’affects dans ces périodes… On lit dans cet article que « C’est normal, au retour d’un congé de maternité, d’être submergée d’émotions ». Plus loin, « Le malaise persiste ? […] Est-ce le besoin irrépressible de sentir votre bébé contre vous ? L’angoisse que la personne qui le garde ne s’occupe pas de lui aussi bien que vous ? La culpabilité de ne pas remplir votre mission de mère ? » Le sens constamment sous-jacent est l’ultra émotivité de la mère. Certes, celle-ci est habitée de sentiments et a sa sensibilité propre, mais pourquoi toutes les préoccupations ici évoquées le sont sur le plan de l’affectif ? La jeune mère est ainsi constamment « submergée d’émotions » et traversée de sentiments « irrépressibles ». La femme n’est donc pas capable d’un minimum de mise à distance de ses préoccupations, elle envisage la garde de son enfant seulement comme une séparation. De plus, il existerait la « mission de mère » consistant à garder soi-même le bébé et par conséquent, « culpabiliser » de reprendre le travail serait légitime. Que le père se rassure, sa mission de patriarche ne consiste qu’à nourrir un foyer qui l’accueille les soirs et les fins de semaine. Conclusion de ce bref article : « Enfin, si vous avez perdu tout intérêt pour votre travail, il est temps de songer à une évolution de carrière. Il y a fort à parier que l’attrait de la nouveauté vous redynamisera ! » CQFD, assujettie par ses émotions, la mère manquerait de motivation et d’ambition professionnelle, donc d’investissement et de dynamisme dans l’entreprise. Enfin, « Comment réussir à travailler en opens space ? », article rédigé à nouveau par Famili, complète l’analyse puisque sont évoquées les femmes en général et plus uniquement les mères. Le début de l’article a pourtant une sonorité plus « sociale » et reconnait même la capacité des femmes de réfléchir ! « Travailler sur un plateau n’est pas une mince affaire. Surtout si votre job demande de la réflexion ». Mais quelles solutions face à des conditions de travail difficiles ? Se syndiquer pour gagner un poids dans l’organisation du travail ? Négocier avec la direction ? Mobiliser le collectif par une campagne de tract ? Que nenni ! « Au lieu de subir votre environnement, obligez-vous à réfléchir à l’usage que vous voulez faire de votre bureau. S’agit-il d’un lieu purement utilitaire que vous occupez en pro ? Ou bien d’un endroit dans lequel vous passez une partie de votre vie et que vous aimeriez retrouver avec plaisir ? Dans ce cas, il va falloir faire un effort pour l’investir. Délimitez votre espace et personnalisez-le. Orientez votre table de travail de façon à ne pas avoir votre voisin sous le nez, servez-vous de votre ordinateur et de vos dossiers pour créer une zone d’intimité, ajoutez une lampe, des fleurs, des photos, des coupures de presse… bref, tout ce qui apporte une petite touche personnelle. » C’est donc essentiellement une solution émotionnelle qui est à nouveau proposée : quelques photos de famille, et les dures conditions de travail seront vite oubliées ! Ce n’est pourtant pas l’unique solution avancée par Famili : « Dites-vous bien aussi que la vie en groupe, ça s’organise. Édictez ensemble des règles de bonne conduite : par exemple, mettre les téléphones portables sur vibreur. Sortir de la pièce quand on a des conversations personnelles. Communiquer par mail plutôt que par téléphone. Cela limitera la gêne… mais ne l’évitera pas. Vous ne parvenez pas à vous concentrer tellement vos collègues font du bruit ? N’hésitez pas à réclamer le silence. Mais sans agressivité. N’oubliez pas qu’il y a deux heures, la "chieuse" qui racontait son week-end, c’était vous ! Vous pouvez aussi vous isoler en mettant un casque ou des boules Quies. Le tout étant de prévenir que vous le faites par souci d’efficacité et non par rejet du groupe. » Ainsi le groupe est vu comme le problème. Ce n’est plus l’open space qui est considéré comme la cause de mauvaises conditions de travail mais les « collègues » qui « font du bruit », le « groupe ». Pour Famili, il ne faut donc pas changer les choses mais changer les gens. L’open space est une mauvaise condition pour travailler ? Le travailleur doit néanmoins s’y soumettre, s’y accoutumer et le supporter grâce à des bricolages, et certainement pas remettre en cause le système et y proposer des alternatives. Et les « copines pipelettes » qui jacassaient tout à l’heure n’ont d’égal que « la chieuse qui racont[e] son week-end » que vous êtes. Ou l’art de présenter la femme sous son meilleur jour, avec finesse et subtilité. A lire Féminisme : ce sont les hommes qu’on entend le mieux Mis en ligne le 13/04/13 I Rédaction par Yves Deloison http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/chroniques-articles-section/chroniques/2744feminisme-ce-sont-les-hommes-quon-entend-le-mieux « Pourquoi les femmes se font toujours avoir ? » c’est le titre du livre qu’Yves Deloison vient de publier aux éditions First. Peut-être parce qu’elles ne peuvent pas s'affirmer féministes sans susciter l’ironie. Les hommes n’ont pas ce problème, alors l’auteur les invite à le suivre. Peu d’hommes se bousculent au portillon lorsqu’il s’agit de s’engager en faveur des droits des femmes. Sont-ils intimidés par la gent féminine ou se sentent-ils illégitimes à porter ce combat ? Craignent-ils de perdre par ricochet leur statut de mâle dominant ? Allez savoir… Cette cause a pourtant besoin de mobiliser toutes les énergies afin de porter haut et fort les couleurs de l’égalité. L’action des hommes contribue à faire évoluer les mentalités. Et si les femmes ont tout à gagner d’un engagement massif, eux aussi. En outre, lorsque la poignée d’hommes impliqués s’exprime sur ce thème, elle est audible, souvent plus d’ailleurs que les rares femmes sollicitées par les médias. On considère trop souvent que les associations féministes se démènent pour une minorité. Oubliant que les femmes représentent 52 % de la population. Pour être réellement vues et entendues, les féministes doivent par conséquent se déshabiller et montrer leurs seins ou bien parler de sexe. C’est aujourd’hui le meilleur moyen de voir ses messages relayés. Le terme "féministe" est en effet devenu un tel repoussoir que les femmes hésitent à l’employer. Trop péjoratif ou ringard. Si un homme se revendique féministe, lui en revanche n’a pas besoin de démarrer sa phrase en s’excusant d’un désespérant « Je ne suis pas féministe, mais... ». Sans ce bémol, une femme passe d’office pour une « harpie », une enragée qui rêve d’en découdre avec les hommes. Et si sur les plateaux de télévision, elle n’adopte pas l’attitude qu’on attend d’une féministe, si le ton employé reste calme et posé, l’animateur déçu ne la réinvite plus. Un homme qui critique le sexisme passe encore alors qu’une femme apparaît tout de suite comme excessive ou caricaturale. Est-ce parce qu’on considère que la question ne concerne pas directement les hommes et qu’en conséquence ils ont le recul pour s’exprimer objectivement ? Est-ce la voix grave qui crédibilise ? Le masculin résonnerait-il mieux dans les oreilles de l’auditoire ? Nul doute qu’on va les entendre Tout n’est pourtant pas négatif. De profonds changements vont s’opérer à terme. Confrontés au dilemme de la conciliation des temps, des pères montent à présent au créneau afin d’obtenir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, aspirant à être plus disponibles et à s’investir mieux dans l’éducation des enfants. Pas à pas, la conception de la paternité semble évoluer. Des hommes constatent à leur tour que les réunions tard le soir ou que les temps de transport ne sont pas compatibles avec l’implication à la maison. Jusque-là, personne ne s’étonnait que les femmes, archidébordées, continuent à jongler tant bien que mal entre responsabilités familiales et travail. Des mères témoignaient dans leur entreprise des difficultés rencontrées pour tout concilier, mais qui s’en souciait ? Ou alors, on leur conseillait de mieux s’organiser. Qu’aujourd’hui des pères commencent eux aussi à se plaindre, on ne peut que s’en réjouir. Nul doute qu’on va les entendre. Mais ceci m’incite à poser une nouvelle fois la question de l’attention accordée aux problèmes que rencontrent les femmes. Amusant ou désespérant – c’est selon – de constater par exemple que le chômage qui touche plus fortement les femmes ne choque personne. En revanche, quand la situation s’est tendue pendant quelques mois pour les hommes, les médias l’ont pointé, s’inquiétant même des douloureuses conséquences pour eux. Depuis que le chômage des femmes est repassé en tête, ils ont lâché l’affaire. Je fais donc le pari que les revendications portées par les hommes pour un meilleur équilibre entre les temps de vie risquent de porter leurs fruits plus rapidement. On peut à juste titre se désoler de cet état de fait. On peut aussi préférer inciter les hommes à mêler plus encore leurs voix à celles des femmes qui s’engagent pour que ça change !