newsletter HF mai 13 - H/F Île-de

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newsletter HF mai 13 - H/F Île-de
Newsletter mai 2013
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Sommaire :
Page 2 - actualités H/F Ile-de-France et Mouvement H/F
Page 4 - des nouvelles de la galaxie féministe
Page 7 – sous les cieux culturels : Cannes, Claire Gibault, Dominique Bona, le CSA et la
télé…
Page 12 – Wikipédia : planète sexiste ?
Page 17 – sous les cieux républicains : binôme républicain, cumul des mandats, femmes
et plafond de verre, une femme au Panthéon ?...
Page 22 – entreprises non paritaires : les sanctions commencent à tomber ?...
Page 28 – la famille : planète paritaire ?... la transmission du nom du père, le magazine
Famili passé au crible de l’Acrimed, sans oublier les pleurs de bébé…
Page 37 – à lire :
Féministes : ce sont les hommes qu’on entend le mieux
Planète H/F
Prochaine réunion adhérents/es
Mercredi 22 mai de 19h30 à 22h
A la Maison des Associations du 18ème
15, passage Ramey - 75018
Accès métro : station Jules Joffrin ou Marcadet-Poissonniers - ligne 4
Accès bus : 60, 31 ou 85, arrêts Jules Joffrin ou Marcadet-Poissonniers
Une nouvelle adresse courriel pour H/F IdF :
[email protected]
Cette adresse remplace dorénavant l’ancienne adresse de l’association : [email protected]
Merci de la noter.
H/F Ile-de-France a recruté son administratrice
Elle s’appelle Lucile Dressaire, a été recrutée suite à notre appel à candidature de
mars, et aura pour mission d’assister le CA et le bureau de l’association sur
l’administration et les différents projets, notamment la mise en place de la Saison Egalité
en Ile-de-France.
Son poste est financé par les subventions reçues de la Région Ile-de-France et du FSE.
Lucile Dressaire est joignable à l’adresse de l’association : [email protected]
Culture de l’Egalité – le Tumblr du Mouvement H/F
Vous ne savez pas ce qu’est un tumblr ? H/F a créé le sien : « Culture de l’Egalité », vous
n’avez plus qu’à découvrir :
http://culturedelegalite.tumblr.com/
Source Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tumblr
Tumblr, parfois écrit tumblr., est une plate-forme de microblogging, via le principe du
reblogging principalement, créée en 2007, qui permet à l'utilisateur de poster du texte,
des images, des vidéos, des liens et des sons sur son tumblelog.
Saison Egalité 1 hommes/femmes en Ile-de-France
Conférence de presse : le 10 juin 2013
ATTENTION : La conférence de presse pour le lancement de la Saison Egalité 1 en
Ile-de-France initialement prévue le 27 mai a été reportée le 10 juin à 11h à la Maison
des Auteurs de la SACD – 7 bis rue Ballu Paris 9e
Liste des 25 lieux partenaires le site : http://www.hf-idf.org/
Actualité fédération et associations/collectifs en région :

13 mai 2013 : le Mouvement H/F est invité par le Ministère des Droits des
femmes à une réunion préparatoire à la rédaction d’un projet de loi sur les droits
des femmes. Ce texte sera présenté avant l’été en Conseil des Ministres. Il
abordera plusieurs thématiques, dont celles de la parité, dans le domaine politique
et sportif notamment, des médias et de la culture.

HF Normandie lance sa Saison Egalité 1 le 21/10/13 à la Foudre (Scène
nationale Petit Quevilly/Mont St Aignan
33 structures prêtes à s’engager sur la Basse et Haute Normandie
Liste complète et tous renseignements en s’adressant à HF Normandie :
[email protected]
H/F répond à Olivier Bellamy dans The Huffington Post
Suite à la parution de son article le 26 mars 2013 (cf
newsletter avril 2013 http://www.huffingtonpost.fr/olivier-bellamy/aurelie-filippetti-parite_b_2949274.html)
La discordante chansonnette de la... misogynie?
Publication: 15/04/2013
http://www.huffingtonpost.fr/blandine-pelissier/la-discordantechansonnet_b_3085192.html
Tribune de Blandine Pélissier, Eva Darlan et Cae Joseph Massena au nom du Mouvement
H/F (Fédération interrégionale qui milite pour l'égalité femmes/hommes dans l'art et la
culture), en réponse à la tribune d'Olivier Bellamy "Aurélie Filippetti fait chanter tous les
garçons et les filles"
Sur quelle planète privée d'accès à l'information vivent donc certaines personnes?
Lorsque il est fait état dans ce billet de mauvaise humeur d'une blague qui circule au
Conservatoire (de musique) dans laquelle "on se demande très sérieusement s'il ne faut
pas décréter la parité dans les classes de... ténor ou de basse", est passé sous silence ou ignoré - le fait qu'au concours d'entrée au Conservatoire national supérieur d'art
dramatique (CNSAD) ainsi qu'à celui du Théâtre national de Strasbourg (TNS), un
système de parité a été mis en place en faveur des... garçons, puisque les filles sont plus
nombreuses à s'y présenter.
Et c'est peu connaître la richesse de l'art vocal et les performances de la voix humaine
que d'affirmer que rôles masculins et féminins doivent être exclusivement interprétés par
l'un ou l'autre sexe. Aujourd'hui, il n'est pas rare, en effet, de voir des contre-ténors
chanter des parties habituellement dévolues à des voix féminines. L'humain, son corps et
ses capacités se transforment et transforment le monde. Les articulations entre rôles,
genres, sexes et métiers ne correspondent pas aux binarités passéistes dans lesquelles
d'aucuns souhaiteraient les confiner.
Lorsque y sont fustigés "ceux qui, le doigt sur la couture du pantalon, suivront cette
obsession égalitaire du gouvernement appliquée pieusement par "la" ministre de la
Culture", il est admis implicitement que les directeurs ont rarement le doigt sur la
couture de la jupe... Mais où a-t-on vu que soigner "l'accès à la culture pour tous"
empêchait de considérer l'urgence démocratique d'une culture PAR tous et toutes ?
Il y est trouvé "respectable" le combat, que nous trouvons, nous, nécessaire et
courageux, mené par la chef de chœur et chef d'orchestre Laurence Equilbey "qui a
occupé deux stagiaires à comptabiliser la proportion homme-femme dans les institutions
culturelles" parce que l'institution ne s'occupait pas de ces questions. Mais le billet laisse
planer un doute sur ces chiffres et la phallocratie du monde du spectacle.
Nous recommandons donc vivement à tous ceux et toutes celles qui en doutent la lecture
des rapports commandés à Reine Prat par le Ministère de la Culture et de la
Communication en 2006 et 2009 : "Pour l'égal accès des hommes et des femmes aux
postes de responsabilités, aux lieux de décision, à la maîtrise de la représentation dans le
secteur du spectacle vivant" et "De l'interdit à l'empêchement" qui ont mis au jour des
discriminations dont on ne soupçonnait pas l'ampleur, et provoqué l'émergence du
Mouvement H/F issu de la société civile.
À lire également la résolution du Parlement européen du 10 mars 2009 sur l'égalité de
traitement et d'accès entre les hommes et les femmes dans les arts du spectacle qui
invite les États membres "à envisager une première étape réaliste dans la lutte contre les
inégalités dans les arts du spectacle, consistant à assurer la présence d'au moins un tiers
de personnes du sexe minoritaire dans toutes les branches du secteur" et dont la
rapporteurE était la chef d'orchestre Claire Gibault.
Pour des chiffres plus récents, voire pires, on peut se procurer le premier rapport (1 mars
2013) de l'Observatoire de l'égalité du Ministère de la Culture.
À lire encore les travaux de Hyacinthe Ravet, chercheuse et maîtresse de conférences à
la Sorbonne en sociologie des arts et de la musique, pour découvrir que les femmes
instrumentistes, si elles sont un peu plus nombreuses à réussir à se professionnaliser
dans le classique aujourd'hui (39%), ne sont que 8% dans les musiques dites populaires,
alors que l'on sait que les élèves des écoles de musique sont majoritairement des filles.
Intéressant phénomène d'évaporation.
Et c'est bien par la loi, ainsi que le préconisent depuis fort longtemps la juriste Francine
Demichel ou la philosophe Geneviève Fraisse avec son fameux : "l'égalité ne pousse pas
comme l'herbe verte !", que la question de l'égalité f/h a pu faire quelques progrès en
entreprise, politique etc.
"Qu'on engage des femmes parce qu'elles ont du talent, mais pas parce qu'elles sont des
femmes !" s'exclame l'auteur du billet, semblant ignorer la valence différentielle des
sexes, les travaux de l'anthropologue Françoise Héritier et toutes les études qui ont
prouvé que les hommes sont "engagés", inconsciemment ou pas, parce qu'ils sont des
hommes justement, et qu'il a fallu, par exemple, le système des auditions derrière
paravent pour que des femmes (voire même des femmes "juives, arabes, noires et à
lunettes") puissent enfin intégrer les orchestres en proportion plus équitable.
Peut-être, d'ailleurs, faudrait-il en finir une bonne fois pour toutes avec ce mythe du
prescripteur objectif et sans faille, l'homme blanc de plus de cinquante ans, dans la
grande majorité des cas, distinguant les "meilleurs" films, spectacles, œuvres et autres
projets, en toute indépendance et sans schéma sexiste. Comme le notait la féministe
étasunienne Valerie Solanas en 1967, "nous savons que le 'Grand Art' est grand parce
que de mâles autorités nous l'ont affirmé".
Oui, nous l'avons bien compris, l'art n'a pas de (deux ?) sexe. Mais cette fameuse liberté
de programmation que l'on s'acharne à nous opposer ne serait-elle pas, en fait, la liberté
pour un système de se reproduire lui-même en toute tranquillité, sans être questionné ni
devoir rendre de comptes, même s'il s'agit d'argent et de domaine public ?
Nous voulons en profiter pour rappeler ici que le collectif La Barbe n'intervient jamais "de
façon musclée" pour pointer du doigt le déficit démocratique que constitue une sousreprésentation des femmes à tous les niveaux, mais que ce sont bien plutôt ces activistes
pacifistes qui se font recevoir de façon musclée.
Pour conclure sur l'attaque ad hominem d'Olivier Bellamy : "Françoise Giroud avait dit
autrefois que l'égalité serait atteinte le jour où une femme incompétente serait engagée
à la place traditionnellement réservée à un homme. Réjouissons-nous, car, au moins sur
ce point, la rue de Valois montre l'exemple", faut-il aussi nous réjouir qu'un journaliste
aussi compétent que lui puisse encore écrire ce genre de sornettes alliant, dans un même
élan, misogynie et populisme ?
Galaxie paritaire
Soirée « Miss REPRESENTATION »
Présentée par European Professional Women’s Network (EPWN-Paris), sous le marrainage
de Brigitte Grésy, en partenariat avec le Laboratoire de l’Egalité, et suivie d’une table
ronde « les femmes dans les médias » - Lundi 13 mai à 19H30 - Théâtre Adyar, 4 Square
Rapp, 75007 Paris
Invités : Christine Leiritz (directrice de la Rédaction de Marie Claire), Elizabeth Tchoungui
(écrivaine et présentatrice sur France Télévision), Olga Trostiansky (au Laboratoire de
l’Egalité) et Eric Fassin (sociologue)
« Miss Representation » a été réalisé par l’américaine Jennifer Siebel Newsom, avec des
témoignages de personnalités des mondes politiques, économiques et culturels
(Condaleeza Rice, Katie Couric, Nancy Pelosi, Jane Fonda et bien d’autres). Le film
aborde la sous-représentation et l’image souvent négative des femmes leaders dans le
paysage médiatique américain. La première du film a eu lieu au célèbre festival de
Sundance en 2012, et Oprah Winfrey en a même acquis les droits de diffusion. Le film a
été
projeté
dans
50
pays
et
vu
par
des
millions
de
personnes.
Bande-annonce : https://vimeo.com/42433365
Le site du film : www.missrepresentation.org
Réservation
Billets membres et non-membres : http://epwn.etheryl.net/events/4481
Billets étudiant-es : http://www.parismissrep.eventbrite.com
:
Genre et création dans l'histoire des arts vivants (XVIeXXIe siècle) – séminaire et cycle de rencontres
http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2012/ue/750/
Prochains rendez-vous :
22 mai : Maria Ines Aliverti (Université de Pise) « L’iconographie des actrices dell’Arte
dans une perspective de genre » et Stefano Lorenzetti (Conservatoire de Vicence)  «
Female musical performance and the construction of beauty in the Renaissance »
7
juin : Hélène Marquié (Université Paris VIII)  « Genre et création chorégraphique au
XIXe siècle » et Karim Hammou (Centre Norbert Elias)  « Les rappeuses et l'activité
d'auteure-interprètes dans la France des années 1990 »
Sous les cieux culturels
Le Festival de Cannes en a-t-il après les femmes ?
Par Brigitte Rollet, Enseignant-chercheur
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/554172-le-festival-de-cannes-en-a-t-il-apresles-femmes.html
LE PLUS. "Les hommes aiment la profondeur chez les femmes, mais seulement
dans leur décolleté": c’est la teneur d’une tribune féministe parue dans "Le
Monde", s’indignant de l’absence de femmes dans la sélection officielle du
Festival de Cannes. Faut-il y voir là du sexisme ? Éléments de réponse avec
Brigitte Rollet, enseignante-chercheuse spécialiste du genre et du cinéma.
Édité et parrainé par Amandine Schmitt
Le Festival de Cannes n’a jamais fait preuve d’un féminisme échevelé en ce qui concerne
les créatrices (le cas des actrices est fort différent) et une comparaison avec d'autres
festivals généralistes européens (Berlin ou Venise) permet de souligner la spécificité de la
Croisette dans ce domaine.
Les femmes cinéastes n’ont jamais été surreprésentées à Cannes et les primées se
comptent sur les doigts d’une seule main. En sélection officielle, d'après le site du festival
on ne trouve qu’une dizaine de Françaises sélectionnées : seules Agnès Jaoui pour
"Comme une image" et Marjane Satrapi pour "Persépolis", reçoivent un prix
(respectivement du jury et du scénario) qu'elles partagent avec leur co-scénariste ou coauteur. De même, la seule femme lauréate de la Palme d’or, Jane Campion en 1993 pour
"La leçon de piano", partage son prix avec un autre lauréat.
Si les femmes ont l’opportunité de montrer leur travail à Cannes, elles se retrouvent
souvent dans des sections parallèles, moins prestigieuses puisqu’elles n’aboutissent pas
toujours à un prix. Ainsi, une dizaine de françaises seulement ont-elles été sélectionnées
dans la Semaine de la critique, ce qui reste modeste depuis cinquante ans que cette
catégorie existe !
Une nouvelle réception médiatique
Les organisateurs du Festival de Cannes ont beau se justifier, il me paraît difficile de
croire qu’il n’y a pas un seul film de femmes sur toute l’année dans le monde entier, qui
ne soit pas de qualité équivalente à l’un de ceux sélectionnés. Serait-ce à dire qu'en
2012, aucune femme ne mériterait d’être là ? Ce message implicite que fait passer le
Festival est regrettable, surtout quand on connaît l'importance symbolique de la
transmission de modèle.
Mais ce n'est pas la première fois que Cannes se distingue et la même chose s’est
produite il y a deux ans : aucune femme ne figurait dans la sélection officielle du festival.
C’est alors passé inaperçu dans les médias. Comment expliquer cette différence de
réception à deux ans d’intervalle ? Peut-être par le renouveau militant qui s’est opéré
dans les milieux féministes après l’affaire DSK. Ce scandale a en effet donné une visibilité
à un activisme qu’on ne voyait pas auparavant mais surtout a rendu insupportable pour
bon nombre de femmes, dont beaucoup ne se définissent pas nécessairement comme
féministes, de multiples situations subies par elles ou leurs semblables.
Pourquoi ce manque de visibilité
Les causes du manque de visibilité des femmes réalisatrices sont multiples et l'argent y
joue un rôle majeur. Nombreuses sont les réalisatrices optant pour un cinéma "pauvre"
pour reprendre la distinction de Pascale Ferran, par choix ou par nécessité, mais les
conséquences de ce cinéma sans argent se retrouvent dans la distribution (nombre de
copies et de salles limité).
Certes leurs confères connaissent également cette situation : elles sont néanmoins plus
nombreuses dans ce cas compte tenu des réticentes encore très fortes à leur confier de
gros budgets. Céline Sciamma a montré qu’on pouvait réaliser un film de qualité avec un
budget réduit avec son film "Tomboy" et qu'il soit visible... mais n'oublions pas qu'elle
bénéficiait de la médiatisation de son premier long métrage (sélection à Cannes et aux
César).
A la fin des années 1990, quelques réalisatrices – Coline Serreau , Diane Kurys ou Véra
Belmont – ont accédé à des budgets élevés mais ils sont toutefois toujours inférieurs à
ceux qu'avaient les hommes dans les mêmes catégories du film à costumes.
Les réalisatrices françaises sont parfois récompensées pour leur travail de réalisatrice
mais le plus souvent au tout début de leur carrière : César du meilleur premier film
(quatre films faits par des femmes en 2008 sur les sélectionnés !) ou la Caméra d’Or qui,
depuis 1978, récompense à Cannes le meilleur premier film et que trois Françaises ont
obtenu. Primer une première œuvre est certes une forme de reconnaissance, mais il est
dommage que cela ne se renouvelle pas par la suite.
Un milieu qui reproduit – inconsciemment ? – les automatismes
En fait, tout le milieu est concerné. De la production à la distribution, les films réalisés
par des femmes ont du mal à passer les étapes. Cela laisse à penser que les femmes ne
sont pas victimes d’une censure consciente, d’un sexisme flagrant, mais plutôt d’un
archaïsme intériorisé selon lequel leur cinéma serait "moins" ceci ou "plus"/ "pas assez"
cela.
D'aucuns et d'aucunes prétendent que "l’art n’a pas de sexe" et nient l'impact de l'un sur
l'autre. C’est un leurre : l’égalité n’existe pas plus au cinéma qu'ailleurs. Aujourd’hui
encore, on trouve peu de femmes dans les métiers qui touchent à l’argent (production)
ou à la technique (10 directrices de la photographie dans l'annuaire de l'AFC en 2011).
S'il est difficile d'évaluer objectivement le talent, un décalage n'en existe pas moins entre
les sexes dans ce domaine comme tous les autres (le cinéma n'est pas un cas à part !).
Festival de Cannes : pourquoi les femmes n’atteignent
pas le Panthéon des cinéastes
http://www.youphil.com/fr/article/05271-pourquoi-les-femmes-n-atteignent-pas-lepantheon-des-cineastes?ypcli=ano
Une seule réalisatrice, Valeria Tedeschi Bruni, sera présente dans la sélection
officielle du Festival de Cannes 2013. Enquête sur une absence chronique.
Dix-neuf films en compétition, et une seule réalisatrice présente. Valeria Tedeschi Bruni
sera donc la seule réalisatrice sélectionnée pour la 66e édition du Festival de Cannes.
Consolons-nous: c'est mieux qu'en 2012 (aucune n'était présente). Mais toujours moins
bien qu’en 2011: quatre femmes avaient été sélectionnées.
“Aux femmes les bobines à coudre, aux hommes celles des frères Lumière!”, s'indigne le
groupe féministe La Barbe, à l’origine d’une tribune publiée dans le Monde le 11 mai
2012. Un document signé notamment par les réalisatrices Coline Serreau, Virginie
Despentes, Zabou Breitman, la comédienne Fanny Cottençon et près de 1500 autres
acteurs, féministes, chercheurs et cinéastes.
En réponse à cette attaque, le délégué général du festival Thierry Frémeaux affirme que
“la cause des femmes doit être défendue bien en amont de Cannes, qui est une
conséquence et une illustration de ce qu’est le cinéma.” Quelle réalité révèle cette
absence de femmes en compétition? Cette situation est-elle vraiment le reflet de la place
des femmes dans l’industrie du cinéma?
“Il y a des réalisatrices!”
Pour Brigitte Rollet, enseignante-chercheuse spécialiste du cinéma et en particulier des
réalisatrices, “Cette sélection en dit beaucoup sur la perception des oeuvres des femmes
dans le monde masculin du cinéma.” En réalité, il y a des réalisatrices! En France, on
peut dire qu’elles représentent entre 15 % et 20% des films diffusés. Et il y a quasiment
autant de femmes que d’hommes dans les filières de formation de cinéma.
Regardons de plus près les chiffres des écoles de cinéma les plus reconnues: la FEMIS,
par exemple, accueillait 48 élèves dont 26 hommes (56%) et 22 femmes (44%), en
2011.
D’un point de vue international, certaines organisations tentent de dresser un tableau de
la place des femmes dans le monde du cinéma et de les aider à y évoluer. C’est le cas de
l’ONG Women in film qui publie un rapport sur l’emploi des femmes dans les métiers du
cinéma (hors actrices). Cette étude se base sur les 250 films les plus populaires de 2011.
Les femmes y représentaient 5% des réalisateurs seulement, et 18% de l’ensemble
comprenant réalisateurs, producteurs exécutifs, scénaristes et autres directeurs de la
photographie.
Le plafond de verre du cinéma
Mais quels sont les obstacles qui empêchent les femmes d’entrer dans la cour des
grands? Women in film évoque le fameux “plafond de verre” décrivant l’obstacle invisible
qui entrave l’évolution des femmes dans leur vie professionnelle, vers des postes
hiérarchiques importants.
Souvent, et cela est vrai dans le reste de la société, les femmes témoignent d’une
discrimination pernicieuse, implicite, voire inconsciente, dans leur travail. Des injustices
basées sur des préjugés ancrés profondément sur leurs capacités.
Dans le cinéma, cela peut se manifester par l’idée qu’un film réalisé par une femme a
moins de chances d’être récompensé. Vérité statistique. Combien de femmes ont gagné
la Palme d’or? Une. Jane Campion, en 1993, avec “La leçon de piano”. “Dans tous les
cas, le problème commence en amont, quand le distributeur doit choisir quel film il va
soumettre à la sélection d’un festival. (...) S’il veut que son film gagne, il gardera en tête
le fait que les réalisatrices ne sont presque jamais primées à Cannes ou ailleurs”, analyse
Roy Grundmann un professeur de cinéma à Boston, dans les colonnes de The Huffington
Post.
Mais c’est bien parce que les femmes sont peu présentes dans les grandes compétitions
qu’elles gagnent moins de récompenses. Un vrai cercle vicieux.
Faut-il mettre en place des quotas?
Face à cette situation, “accuser le Festival de Cannes ne sert strictement à rien”,
rétorque Thierry Frémeaux au collectif féministe qui l’a interpelé. Selon lui, il faut
remonter à la source du problème. Pour Brigitte Rollet, on doit entre autres porter un
regard critique sur les instances dirigeantes comme le Centre national du cinéma et de
l'image animée (CNC). Elle s’est notamment aperçue de la petite part des femmes
bénéficiant de l’avance sur recette accordée par cette instance. Selon elle, cette
subvention représente pourtant un vrai levier pour les réalisateurs...
“Dès qu’il y a financement public, il faudrait qu’il y ait parité”, défend-t-elle sans détour.
Faudrait-il donc des quotas de réalisatrices dans les subventions allouées? Pour cette
chercheuse, qui a habité en Angleterre, ce mot n’est pas tabou: “ je crois à la politique
de quotas. Je sais que c’est un gros mot en France, mais si on attend les bonnes
volontés, cela ne se produira jamais”. Pas question d'appliquer cette politique à Cannes,
pour le délégué du festival: “Nous ne serons jamais d’accord pour sélectionner un film
qui ne le mérite pas, simplement parce qu’il est réalisé par une femme”.
Bien que récurrent, ce débat n’a toujours pas fait avancer la place des femmes au
Panthéon des cinéastes. Et il n’est pas certain que cette polémique sera au coeur des
préoccupations des acteurs et actrices qui monteront les marches à partir du 15 mai.
Claire Gibault : un chef d’orchestre est un DRH
Par David Abiker15 avril 2013
Chaque semaine, David Abiker parle « entretien d’embauche » avec une
personnalité. Claire Gibault, l’une des rares femmes à avoir accédé au poste de
chef d’orchestre, fait le parallèle entre le monde de la musique classique et celui
de l’entreprise.
Visionner la vidéo : http://www.cadremploi.fr/editorial/actualites/cadremploi-tv/onrevient-vers-vous/detail/article/claire-gibault-un-chef-dorchestre-est-un-drh.html
Si vous ne connaissez pas Claire Gibault, son CV long comme le bras est ici. Je l’ai
rencontré à la journée Elle Active il y a 15 jours. Elle a été l’une des toutes premières
femmes à être chef d’orchestre en France. Malheureusement, être chef ne l’a pas
empêchée d’être confrontée au plafond de verre et pour cause : le milieu de la musique
classique est l’un des plus machistes qui existe. Ecoutez Claire Gibault expliquer
comment, après avoir eu une carrière internationale à Rome, à Washington et ailleurs,
elle a été écartée quand elle a candidaté pour diriger un orchestre français de province.
Ecoutez-là expliquer comment elle a été parfois insultée en allant jusqu’à son pupitre lors
de certains de ses concerts. Découvrez également comment la profession, tellement
discriminante envers les femmes, a fini par adopter un paravent pour les auditions de
solistes histoire d’éviter aux femmes d’être disqualifiées. Il semble qu’il aura été plus
simple pour Claire Gibault d’être élue député européen plutôt que de diriger son propre
orchestre. Lasse, cette femme douce, en quête de reconnaissance et pleine d’ambition
(bien qu’ayant l’âge de partir en retraite) a créé sa propre formation, le Paris Mozart
Orchestra. Elle explique d’ailleurs très bien que pour y arriver, les femmes doivent créer
leur propre entreprise.
La sienne est paritaire et égalitaire, elle y touche le même salaire que les musiciens et
surtout va jouer en banlieue pour aider les jeunes, garçons et filles, à crever leur plafond
de verre. Claire Gibault se produira le vendredi 19 avril avec le Paris Mozart Orchestra au
Musée du quai Branly à Paris.
David Abiker
L'écrivaine Dominique Bona élue à l'Académie française
Le Monde.fr | 18.04.2013 à 17h49
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/04/18/l-ecrivaine-dominique-bona-elue-a-lacademie-francaise_3162500_3246.html
Dominique Bona, 59 ans, est devenue jeudi la huitième femme de l'histoire élue
à l'Académie française, la sixième siègeant actuellement sur 40 membres. Elle a
été élue au fauteuil de Michel Mohrt.
Née en 1953 à Perpignan, dans une famille catalane, agrégée de lettres modernes, elle
fut d'abord critique littéraire. En 1992, elle obtient le prix Interallié (qui récompense des
romans écrits par des journalistes) pour Malika, puis le prix Renaudot en 1998 pour Le
Manuscrit de Port-Ebène. Auteure de plusieurs romans (Argentina, La Ville d'hiver), elle
a également écrit des biographies, notamment de Romain Gary, Stefan Zweig et Clara
Malraux.
Dominique Bona a obtenu 15 voix au premier tour de scrutin, contre 8 à Philippe Meyer
(29 votants), a précisé dans un communiqué l'Académie, fondée en 1635 par Richelieu,
chargée de veiller au respect de la langue française et d'en élaborer le dictionnaire. Dix
candidats briguaient le fauteuil de l'historien et romancier, décédé le 17 août 2011 à
l'âge de 97 ans, et qui avait été élu au fauteuil 33 le 18 avril 1985.
Représentation des femmes à la télévision :
le CSA présente aux chaînes de télévision les résultats
préoccupants du « Baromètre 2012 » et les engage à faire des
progrès dès cette année
Communiqué du vendredi 26 avril 2013
http://www.csa.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/Representation-des-femmesa-la-television-le-CSA-presente-aux-chaines-de-television-les-resultats-preoccupants-duBarometre-2012-et-les-engage-a-faire-des-progres-des-cette-annee
Le groupe de travail « Droits des femmes », présidé par Sylvie Pierre-Brossolette
et dont la vice-présidente est Françoise Laborde, a réuni le jeudi 25 avril l’ensemble
des chaînes de télévision afin de leur exposer les différents travaux en cours du groupe
pour l’année 2013/2014.
Au cours de cette réunion, les chaînes ont fait l’état des lieux de leur politique en matière
de représentation des femmes à l’antenne mais aussi de leur politique interne
d’entreprise pour améliorer la parité et l’égalité des carrières entre hommes et femmes.
Elles se sont engagées à communiquer au Conseil par écrit cet état des lieux
ainsi que les axes prioritaires qu’il conviendrait de mettre en valeur dans
chacune de leur politique.
Les chaînes ont globalement manifesté leur adhésion à la démarche entreprise par le
groupe de travail du CSA et leur volonté d’œuvrer sur ce dossier.
Cette réunion a été l’occasion de leur présenter les chiffres préoccupants concernant
la parité de la dernière vague du baromètre « diversité » 2012 et de rappeler
que de nouvelles dispositions législatives allaient bientôt être adoptées,
conférant au CSA une mission spécifique concernant le droit des femmes.
Les résultats généraux font apparaître l’absence d’évolution concernant le
nombre de femmes à l’antenne sur les 6 vagues de baromètre : 35 % de femmes à
l’antenne tous programmes confondus et seulement 14 % dans le sport. Ces
chiffres sont à mettre en regard avec la place des femmes dans la société française :
elles représentent 52 % de la population (INSEE), 56 % de l’audience TV, 50 % des
usagers d’internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur
(INSEE).
En outre, les résultats du baromètre pour cette nouvelle vague montrent également les
difficultés récurrentes des femmes à se voir confier un rôle majeur à l’antenne : entre
34 à 39 % de femmes sont des personnages principaux dans les programmes.
Wikipédia, planète sexiste ?
Wikipédia, une encyclopédie sexiste ?
Après la découverte par une romancière américaine d'une sous-catégorie de
Wikipédia réservée aux femmes écrivains, la polémique a enflé aux États-Unis
sur les pratiques supposées sexistes de l'encyclopédie en ligne.
Par Stéphanie TROUILLARD (texte)
C’est dans les pages du New York Times que la romancière Amanda Filipacchi a lancé le
24 avril la polémique. Dans un billet intitulé "le sexisme de Wikipédia", elle s’est étonnée
de plusieurs changements effectués sur le site de la célèbre encyclopédie en ligne : "Il
semble que progressivement, au cours du temps, les éditeurs ont commencé à déplacer
les femmes, une par une et alphabétiquement, de la catégorie "Écrivains américains"
vers la sous-catégorie "Femmes écrivains américaines". Ces modifications auraient été
opérées car la liste des "Écrivains américains", qui compte 3 837 noms, était devenue
trop longue.
Ce déplacement virtuel peut paraître au premier abord anecdotique, mais pour Amanda
Filipacchi, il est le reflet du peu de reconnaissance accordée aux femmes dans le monde
des lettres. "Ce sont peut-être des petites choses comme celles-ci qui rendent encore
plus difficile et long le fait que les femmes obtiennent l’égalité dans le milieu littéraire",
note-t-elle.
"Un pas en arrière"
Après la publication de ce billet accusateur, les réactions n’ont pas tardé. Comme le
rapporte la romancière dans un autre article, plusieurs rédacteurs mécontents se sont
défoulés sur sa propre page Wikipédia : "Ils ont commencé à faire des rectifications, à
effacer le plus possible de choses, enlever des liens vers des sources extérieures comme
des interviews ou des critiques de mes livres".
Malgré ces petites vengeances, Amanda Filipacchi peut se féliciter d'avoir lancé le débat.
Plusieurs autres femmes écrivains américaines se sont émues de ce manque de
considération. Sur son compte twitter, la célèbre poète Joyce Carol Oates a résumé
l’affaire en expliquant que sur Wikipédia "tous les hommes écrivains sont des écrivains,
tandis qu’une femme écrivain est une femme écrivain". Également choquée, la critique
littéraire Elaine Showalter a déclaré pour sa part qu’il "s’agissait d’un nouveau pas en
arrière".
Pour tenter d’expliquer cette situation, il faut regarder de plus près la composition des
membres actifs de Wikipédia. Comme le décrit Melville House, une maison d’édition
indépendante sur l’un de ses blogs, "au sein de la communauté Wikipédia, les femmes ne
représentent que 15% des contributeurs et seulement 9% des éditeurs". Aux États-Unis,
les femmes écrivains reçoivent aussi clairement beaucoup moins d’attention que leurs
homologues masculins. Pour exemple, en 2012, le New York Review of Books a fait la
critique d’ouvrages de 40 femmes auteurs, contre 215 hommes.
De nombreux contributeurs
Face à cette avalanche de critiques, Wikipédia s’est finalement défendu par un
communiqué publié le 1er mai et écrit par Sue Gardner, journaliste et directrice générale
de la Wikimédia Foundation (l’organisme qui possède les serveurs hébergeant Wikipédia).
Cette dernière y affirme qu’elle comprend "totalement pourquoi Filipacchi s’est sentie
outragée", mais que de "nombreux points n’ont pas été abordés par les médias". Selon
Sue Gardner, Wikipédia a adopté depuis 2011 une politique pour décourager la création
de sous-catégories basées sur les genres. Elle insiste également sur le fait que les
contributeurs du site sont très nombreux. Un contrôle absolu serait impossible: "Sachant
qu’il y a environ 80 000 membres actifs, il serait absurde de dire que Wikipédia échappe
à la misogynie".
Pour la directrice de Wikimédia, la solution est finalement entre les mains de tous les
Internautes. En signalant immédiatement des manquements aux règles, les membres
permettront d’éviter d’autres dérives sexistes : "Wikipédia appartient à ses lecteurs. Il
est du devoir de tout le monde de le rendre aussi parfait que possible".
Suite à cette polémique, les noms des femmes écrivains ont retrouvé leur place dans la
catégorie "Écrivains américains. La sous-catégorie "Femmes écrivains américaines" est
quant à elle toujours en ligne, mais comme l'indique un message d'avertissement, son
nom est encore soumis à approbation et est susceptible d'être modifié".
Pour Wikipedia, les femmes ne sont pas des écrivains
comme les autres
Par Charlotte Pudlowski | publié le 26/04/2013
http://www.slate.fr/culture/71683/wikipedia-femmes-ecrivains
Il y a les écrivains, et il y a les écrivains femmes. A ne pas confondre, selon Wikipédia,
puisque, comme le fait remarquer la romancière Amanda Filipacchi dans le New York
Times, «il semble que progressivement, au cours du temps, les éditeurs [de Wikipédia],
ont commencé à déplacer les femmes, une par une, par ordre alphabétique, de la
catégorie "Ecrivains américains" à celle d’'"Ecrivains américains de sexe féminin", souscatégorie de la première».
La raison de ce
américains ne soit
trier par période,
femmes pour faire
changement? Le manque de place. Pour que la liste d’écrivains
pas trop longue, il fallait choisir des critères. Les éditeurs auraient pu
par genre, par maisons d’édition… Mais ils ont préféré enlever les
davantage de place aux hommes.
Cela peut être dû au prisme des éditeurs de Wikipédia. «Au sein de la communauté
Wikipédia, les femmes ne représentent que 15% des contributeurs et seulement 9% des
éditeurs», rappelle Abigail Grace Murdy sur le blog de Melville House, maison d’édition
indépendante. Mais surtout, ajoute-t-elle, cela reflète un traitement constant des
écrivains en général, les femmes recevant beaucoup moins d’attention de la part du
milieu littéraire que les hommes. En 2012, la New York Review of Books a par exemple
critiqué seulement 40 écrivains femmes, pour 215 auteurs hommes. «La sous-catégorie
“écrivains américains de sexe féminin” ne fait que réfléter une perception répandue et
dénigrante des auteurs femmes qui existe déjà».
Perpétuer les inégalités
Faire de la catégorie écrivains américains une catégorie excluant les femmes, n’est pas
seulement profondément inepte (Nicole Krauss, Siri Hustvedt, Jennifer Egan ou Toni
Morisson sont-elles moins américaines parce que dépourvues de pénis?). Cette exclusion
des femmes de la catégorie «écrivains américains» a des conséquences pratiques. Si
vous cherchez sur Google des écrivains américains, c’est cette liste, prétenduement
généraliste mais de fait très masculine, qui apparaît en premier.
Amanda Filipacchi:
«Les gens qui vont sur Wikipédia pour puiser des idées de personnes à embaucher,
honorer, lire, et consultent cette liste d’“Ecrivains américains” pour avoir de l’inspiration,
pourraient bien ne même pas remarquer que la première page comprend bien plus
d’hommes que de femmes. Ils pourraient peut-être bien utiliser cette liste sans y penser
à deux fois.»
L’habitude de l’omniprésence des hommes est telle que les listes dépourvues de noms
féminins ne se remarquent même pas. Lors de l’annonce des films en compétition à
Cannes par exemple, alors que tous les noms des réalisateurs venaient d’être égrenés
par Thierry Frémaux, je me tourne vers mon voisin pour lui demander s’il a remarqué
quelque chose sur la liste. «Non?» «Il n’y a qu’une seule femme.» «Tu es sûre?» Il
n’avait pas remarqué, il a dû vérifier la liste pour acquiescer à mon constat.
Constat international
La relégation des femmes à des sous-catégories n’est pas propre au Wikipédia américain.
Filipacchi explique:
«J’ai aussi remarqué qu’Edwige Danticat avait été retirée des "écrivains haïtiens" et
déchargée dans la catégorie "écrivains haïtiens de sexe féminin". Il semble donc, au
moins, que les femmes de tous les pays sont traitées de la même manière. C’est
simplement dommage qu’elles ne soient pas traitées de la même manière que les
hommes».
En France, le problème se pose autrement: la catégorie «liste d'écrivains de langue
française» semble à vue d'oeil équilibrée. En revanche la catégorie «écrivain français»
comporte également une sous-catégorie femmes de lettres, mais pas de sous-catégorie
hommes de lettres. Mais enfin cette catégorie «écrivain français» ne comprend pas
même dix noms... Et à la lettre B, un seul: Richard Bohringer...
Pour ce qui est du reste du monde, avec un peu de chance, l’article de Filipacchi
travaillera à une égalité de traitement. La sous-catégorie «écrivains américains de sexe
masculin» n’existait pas au moment où l’écrivain a publié son article. Elle vient d’être
créée. Certes elle est encore vide, mais elle existe.
C.P.
Wikipédia : l'encyclopédie en ligne sexiste malgré elle ?
Par Laure Gamaury - Publié le 29 novembre 2012
http://www.terrafemina.com/culture/culture-web/articles/20059-wikipedialencyclopedie-en-ligne-sexiste-malgre-elle-.html
La Royal Society de Londres a constaté que la représentation des femmes sur
Wikipédia était bien inférieure à celle des hommes, tant au niveau des
contributeurs que dans les sujets traités. Pour remédier à ce déséquilibre, elle a
lancé un appel à contributions, particulièrement dans le domaine des sciences
afin d'enrichir l'encyclopédie en ligne.
« Il est honteux que lorsque vous demandez aux gens, y compris à des scientifiques, de
citer des femmes scientifiques et ingénieures, ils peuvent difficilement aller au-delà
de Marie Curie », s’insurge Uta Frith, physiologiste experte dans les domaines de
l’autisme et de la dyslexie, qui ajoute « elles (les femmes scientifiques, ndlr) ne sont pas
dans notre conscience ou que l’on n’a pas assez rendu compte de leurs travaux.
Wikipédia est l'un des premiers endroits où les gens vont pour obtenir des informations,
or si ces informations n’y figurent pas comment feront-ils pour connaître enfin nos
héroïnes de la science ? »
Cette spécialiste londonienne soutient avec ardeur l’initiative de la Royal Society de
Londres, soit l’Académie des sciences anglaise, qui a lancé le 19 octobre 2012 un appel
à contributions, ouvrant ses bibliothèques et ses archives, pour gommer les
déséquilibres paritaires de l’encyclopédie en ligne : actuellement, les thèmes à
connotation féminine et sur l’histoire des femmes sont clairement sous-exploités. Des
chercheurs sont appelés à enrichir les biographies de femmes voire à créer celles qui
n’existent pas encore sur Wikipédia. Actuellement, environ 90% des contributeurs,
anglophones comme francophones, sont des hommes, et près de 80% des donateurs
sont masculins. Du côté des utilisateurs, les proportions sont moins déséquilibrées : en
France, 68% des utilisateurs sont des hommes. Pourtant, le rapport homme/femme chez
les internautes en général est de 51/49%.
Les Wiki Women’s collaborative
Pour pallier à ces déséquilibres, un groupe de collaboratrices s’est créé sur Facebook,
sous le nom de Wiki Women’s collaborative et dont la devise est « rassembler et
célébrer les femmes qui éditent, et qui veulent apprendre à éditer au sein de Wikipédia.
Femmes du monde entier, apportons notre savoir à Wikipedia ! ». Mais la responsable
de Wikimédia France, Adrienne Alix, émet des réserves sur ce mode de fonctionnement :
« Nous trouvions que leurs attaques étaient parfois de mauvaise foi, qu'elles surjouaient
le machisme de Wikipédia pour expliquer le retrait de certains de leurs articles par
exemple, qu'elles étaient trop dans le registre de la plainte. Je me suis toujours sentie
peu à l’aise dans des réunions, des ateliers réservés aux femmes, avec des actions
spécifiques envers elles. C’est tout de même paradoxal qu'au nom de l’égalité, on
finisse par exclure l’un des deux sexes… »
Quoiqu'il en soit le projet de la Royal Society a dans l’ensemble était bien accueilli au sein
de la marque Wikipédia, Jon Davies, le directeur de Wikimédia au Royaume-Uni affirmant
qu'il est tout à fait normal « de souligner les efforts et les percées des femmes dans la
science, la technologie, les mathématiques et l'ingénierie ». Il a particulièrement souligné
la personnalité d'Ada Lovelace, une mathématicienne du XIXe siècle, inventrice d’un
ancêtre de l’ordinateur, et l’importance de son héritage à faire valoir. L’opération de la
Royal Society s’achève jeudi 29 novembre et il faudra attendre quelques semaines avant
de pouvoir analyser les résultats.
Sous les cieux républicains
Elections départementales : le binôme paritaire entériné
pour 2015
par Xavier Brivet
http://www.courrierdesmaires.fr/15072/elections-departementales-le-binome-paritaireenterine-pour-2015/
L'Assemblée nationale a définitivement adopté, le 17 avril 2013, la réforme du mode de
scrutin pour les élections départementales destinée à garantir la parité : en mars 2015,
les conseillers départementaux seront élus au scrutin majoritaire binominal mixte. Rejeté
en vain par le Sénat, ce nouveau mode de scrutin nécessite un redécoupage des cantons
dont le nombre sera divisé par deux.
L’instauration du scrutin majoritaire binominal mixte à deux tours pour le renouvellement
intégral, en mars 2015, des conseillers départementaux (un binôme homme-femme) a
été définitivement adopté par les députés, le 17 avril 2013. Les conseillers généraux,
rebaptisés « conseillers départementaux », seront élus pour six ans et rééligibles.
L’élection du binôme paritaire
Les électeurs de chaque canton du département éliront au conseil départemental « deux
membres de sexe différent, qui se présentent en binôme de candidats dont les noms sont
ordonnés dans l’ordre alphabétique sur tout bulletin de vote imprimé à l’occasion de
l’élection», prévoit le texte.
Les candidats présentés en binôme devront souscrire, avant chaque tour de scrutin, une
déclaration conjointe de candidature « dans les conditions prévues par décret en Conseil
d’Etat ».
Pour garantir la parité au sein des assemblées départementales, le candidat et son
remplaçant devront être de même sexe. Les candidats du binôme devront déclarer un
même mandataire financier et disposer d’un compte de campagne unique.
« Nul binôme ne peut être candidat au second tour s’il ne s’est présenté au premier tour
et s’il n’a obtenu un nombre de suffrages égal au moins à 12,5 % du nombre des
électeurs inscrits. Dans le cas où un seul binôme de candidats remplirait ces conditions, «
le binôme ayant obtenu après celui-ci le plus grand nombre de suffrages au premier tour
peut se maintenir au second. »
Dans le cas où aucun binôme de candidats ne remplirait ces conditions, « les deux
binômes ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages au premier tour peuvent se
maintenir au second. » Dans le cas où plusieurs binômes de candidats obtiendraient le
même nombre de suffrages, l’élection sera acquise « au binôme qui comporte le candidat
le plus âgé ».
Une fois l’élection acquise, les deux candidats du binôme exerceront leurs mandats de
façon individuelle.
Redécoupage des cantons
Pour conserver un nombre identique de conseillers départementaux, le nombre de
cantons sera divisé par deux (de 4 000 à 2 000), ce qui implique un redécoupage. « Le
nombre de cantons dans lesquels sont élus les conseillers départementaux est égal, pour
chaque département, à la moitié du nombre de cantons existant au 1er janvier 2013,
arrondi à l’unité impaire supérieure si ce nombre n’est pas entier impair », prévoit le
texte. « Le nombre de cantons dans chaque département comptant plus de 500 000
habitants ne peut être inférieur à 17. Il ne peut être inférieur à 13 dans chaque
département comptant entre 150 000 et 500 000 habitants. »
Plusieurs dispositions encadreront le redécoupage des cantons.
• L’Assemblée nationale a, sur proposition du gouvernement, supprimé l’écart maximal
de plus ou moins 30 % par rapport à la moyenne de la population des cantons d’un
même département, qui devait être respecté pour procéder à la nouvelle délimitation de
la carte cantonale. Celle-ci s’effectuera finalement sans un tel critère arithmétique,
l’article 23 du projet de loi se bornant à rappeler l’exigence constitutionnelle selon
laquelle « le territoire de chaque canton est défini sur des bases essentiellement
démographiques » et « continu ». Toute commune de moins de 3 500 habitants » est
entièrement comprise dans le même canton ».
• Des exceptions de portée limitée sont prévues « spécialement justifiées au cas par cas
par des considérations géographiques, d’ordre topographique, comme l’insularité, le
relief, l’hydrographie ; d’ordre démographique, comme la répartition de la population sur
le territoire départemental ; d’équilibre d’aménagement du territoire, comme
l’enclavement, la superficie, le nombre de communes par canton ; ou par d’autres
impératifs d’intérêt général ».
La qualité de chef-lieu de canton sera maintenue aux communes qui la perdent dans le
cadre d’une modification des limites territoriales des cantons, « jusqu’au prochain
renouvellement général des conseils départementaux ».
Cumul des mandats: les atermoiements juridiques ne
sont plus de mise
Régine Saint-Criq et Fadila Mehal
Publication: 21/04/2013
http://www.huffingtonpost.fr/regine-saintcriq/non-cumul-des-mandats_b_3114473.html
Liste complète des signataires de cette tribune: Régine saint Criq, Présidente Parite
; Fadila Mehal, présidente Marianne de la diversité ; Olga Trostiansky, Coordination
française du Lobby européen des femmes ; Annie Sugier, Droit International des Femmes
; Nadine Bouteilly-Dupont, Libres Mariannes ; Bouchera Azzouz, Ateliers du Féminisme
Populaire.
La pétition sur la limitation du cumul des mandats a été lancée à l'initiative conjointe des
associations Parité et Les Marianne de la diversité, avant que ne soient révélées les
accusations pesant sur le comportement délictueux d'un ministre de notre République.
Leurs conséquences sur la vie démocratique de notre pays sont d'ores et déjà
dramatiques. La défiance voire l'hostilité des citoyens vis à vis de la classe politique
atteint des sommets inégalés et préoccupants. Alors que notre pays, confronté à une
crise sans précédent a besoin d'apaisement et de rassemblement, il lui est donné le
spectacle de la corruption dont nous voyons les ondes de choc désastreuses se propager.
Un tel délabrement de l'opinion publique vis à vis des politiques, confirmé par une
récente enquête IPSOS*, nécessite des mesures urgentes et courageuses sans lesquelles
les appâts du populisme risquent de séduire de nombreux concitoyens.
La pétition pour la limitation du cumul des mandats, s'inscrit dans cette démarche de
renouvellement de la vie politique et de ses représentants. A ce jour 60.000 citoyens ont
signé le texte le texte qui suit.
"Malgré l'engagement du Président de la République, malgré la proposition de la
Commission Jospin, malgré l'opinion française favorable à la limitation du cumul des
mandats, les plus lourdes menaces pèsent sur l'adoption du futur projet de loi.
La levée de boucliers de certains parlementaires qui n'hésitent pas à manifester
vigoureusement leur opposition à cette réforme, nous fait craindre que la France continue
à détenir le record des pays les plus cumulards d'Europe.
En effet, de nombreux sénateurs plaident pour que des règles spécifiques s'appliquent au
Sénat. Les députés quant à eux invoquent le sacro‐saint ancrage local comme si un
mandat local non exécutif ne suffisait pas à l'assurer.
Combien de temps encore continuerons-nous d'ignorer que les lois de décentralisation,
en élargissant le champ d'action des collectivités territoriales ont augmenté
considérablement les contraintes de gestion, exigeant des président-e-s, vices président‐e‐s des conseils régionaux et généraux, maires et maires adjoint‐e de devenir
enfin des élus‐e‐s à temps plein?
Par ailleurs, chacun le sait, la France connaît aujourd'hui une grave crise de la
représentation politique et ce n'est pas un hasard si l'abstentionnisme est en train de
devenir le plus grand parti de France.
Nos concitoyens veulent désormais des dirigeants politiques qui leur ressemblent et qui
soient disponibles. Nous devons prendre toute la mesure de cette attente populaire, car
déjà le doute et la défiance se sont installés.
Le renouvellement de la classe politique est devenu aujourd'hui une exigence pour que
l'exercice de notre démocratie puisse s'ouvrir à tous dans le respect de la parité, de
l'égalité entre les femmes et les hommes et dans la diversité des origines, des
générations et des classes sociales. C'est un enjeu démocratique, d'une société moderne
qui avance et qui gagne.
Une nouvelle fois, ne laissons pas passer cette chance, limitons les mandats pour faire
toute leur place aux femmes et aux diversités."
Nous n'attendons pas l'émergence d'un homme providentiel comme certains l'ont évoqué
récemment. Par contre comment ne pas être inquiets devant certaines dérives
médiatiques aux accents inquisitoriaux, devant l'exigence de transparence érigée en
dictature, la recherche de la pureté absolue ?
Il est grand temps d'agir.
Monsieur le Président de la République, les atermoiements juridiques ne sont plus de
mise.
L'avis du Conseil d'Etat préconisant l'entrée en vigueur de la loi sur la limitation du cumul
après le 31 mars 2017 n'est plus soutenable.
Nous demandons que cette réforme essentielle au bon fonctionnement de nos institutions
fasse l'objet d'un référendum et soit applicable dès 2014.
*Enquête IPSOS réalisée pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le CEVIPOF. Janvier
2013 *Pétition en ligne : change.org
16 conventions pour mettre les femmes aux commandes
http://femmes.gouv.fr/16-conventions-pour-mettre-les-femmes-aux-commandes/
Ce mardi 9 avril, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a donc
réuni 16 dirigeants de grands groupes français et 600 actrices et acteurs de l’Egalité
professionnelle au Palais Brongniart, à Paris pour une conférence et des engagements
contre le Plafond de verre.
Le premier sous cette forme, ce moment privilégié a permis aux intervenants de partager
leurs expériences, discuter des meilleures pratiques, des écueils à éviter, pour leurs
entreprises comme pour les femmes et surtout de prendre des engagements. La ministre
des Droits des femmes a ainsi signé 16 conventions avec les dirigeants réunis des
sociétés Accenture, Accor, Air France, Areva, BNP Paribas, Carrefour, Coca-Cola, EADS,
EDF, GDF, La Poste,
Microsoft, Schneider Electric, SNCF, TOTAL, Véolia.
Ainsi elles et ils s’engagent sur des objectifs chiffrés, ambitieux et réalistes.
Outre les engagements sur la féminisation des postes de direction, notamment des
Comités exécutifs (COMEX) et de direction (CODIR), les groupes s’engagent à
accompagner les TPE et PME, pour lesquelles il est parfois difficile d’organiser une
démarche cohérente en matière d’égalité. Cet accompagnement se fera par exemple en
mettant des outils à leur disposition.
Au cours de son discours de clôture, la ministre a affirmé sa volonté d’assurer un suivi de
cette démarche de progrès : « Je publierai, une fois par an, un classement des
entreprises du SBF 120 qui donnera, globalement et pour chacune d’entre elles, la part
des femmes dans les COMEX et CODIRS. Tout autre entreprise pourra, si elle le souhaite,
y figurer. »
Enfin, la ministre a souhaité mettre l’accent sur l’importance des réseaux féminins dans
les entreprises, en leur conférant un nouveau statut : « Je le dis simplement aux femmes
qui sont ici : adhérez à un réseau et s’il n’y en a pas dans votre entreprise, créez-le !
Nous avons besoin que vous vous organisiez. Ces réseaux, quand ils sont actifs, jouent
un rôle précieux pour accompagner les femmes dans leurs parcours, pour leur proposer
du coaching, du mentoring, des conseils. Nous sommes prêts à leur reconnaître une
véritable place dans l’entreprise, y compris pour vérifier si elle respecte ses obligations
légales en matière d’égalité des rémunérations et d’accès des femmes aux
responsabilités. Les réseaux de femmes doivent devenir la tête de pont de
l’égalité dans les entreprises. »
Les entreprises ne changeront leurs habitudes que par la mise œuvre de politiques de
ressources humaines volontaristes et pragmatiques, qui laissent toutes possibilités de
carrière aux hommes comme aux femmes, dans l’intérêt de toutes et de tous.
Une étude sur les femmes et le plafond de verre
A l’occasion de la conférence « Plafond de verre » organisée mardi 9 avril par Najat
Vallaud-Belkacem, une étude réalisée par le cabinet Plein Sens pour le Centre d’Analyse
Stratégique a été publiée sur les déterminants de l’avancement de carrière des cadres
féminins. Cette étude montre qu’il existe en France deux grands parcours pour parvenir
aux plus hauts postes d’encadrement du secteur privé : d’un côté, des parcours bien
balisés, dans lesquels le titre scolaire assure une certaine égalité de traitement ; de
l’autre, des trajectoires alternatives, pour les femmes dont les diplômes ne suffisent pas
à garantir une ascension rapide. En résumé, certaines femmes brisent le plafond de verre
alors que d’autres le contournent, mais toutes l’ont intériorisé. L’étude conclut en notant
que si l’accès des femmes aux postes de direction est un enjeu en soi, il a également un
effet d’entraînement potentiel pour l’égalité professionnelle dans son ensemble, afin de
parvenir à des organisations du travail plus neutres par rapport au genre.
Consultez la synthèse de l’étude réalisée par le Centre d’Analyse Stratégique.
Un binôme paritaire au Panthéon ?
Mis en ligne le 26/04/13 I Rédaction par La Rédaction
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/revue-de-presse/lu-sur-la-toile/2782-un-binomeparitaire-au-pantheon-
L'Elysée pourrait prochainement faire entrer un homme et une femme dans le
temple de la République. Olympe de Gouges fait figure de favorite.
Un grand homme... et une grande femme ? Selon Le Canard Enchaîné, l'Elysée s'apprête
à faire entrer de nouvelles figures au Panthéon. Mais de qui s'agira-t-il ? « Diderot,
Michelet, Genevoix ou bien, audace suprême, une femme ? », s'interroge le palmipède,
qui estime que François Hollande choisira à la fois un homme et une femme. C'est Le
Monde qui, le 19 avril relançait les spéculations en rappelant que François Hollande, le 8
mars, avait annoncé qu'il était temps « d'accueillir des femmes au Panthéon ».
Elle ne sont que deux, pour soixante-dix hommes, à avoir aujourd'hui cette
reconnaissance de la patrie : Marie Curie et Sophie Berthelot - cette dernière uniquement
en tant que « femme de »...
Mais pour les accompagner, ce ne sont pas les noms qui manquent. Le Canard Enchaîné
cite pas moins de quatre « favorites » de l'Elysée : Louise Michel, George Sand, Olympe
de Gouges, Emilie du Châtelet. Le 8 mars dernier, la candidate à la mairie de Paris Anne
Hidalgo plaidait pour honorer Olympe de Gouges, femme de Lettres, pionnière du
féminisme, et figure de la Révolution française. Ce que faisait aussi, par exemple, la
philosophe Geneviève Fraisse en 2009.
Et on notera la conclusion du Monde : « A quand la parité au Panthéon ? Avec l'entrée
d'une femme, parions déjà que certains militeront pour modifier la devise inscrite sur le
fronton : "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante". Et que ce sera l'occasion d'une
belle polémique à la française. »
notre planète voisine : l’entreprise
"Sans sanction, peu de chances d'arriver à l'égalité
salariale"
Le Monde.fr | 25.04.2013 à 11h02 • Mis à jour le 26.04.2013 à 08h59
Par François Béguin
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/04/25/parite-non-respectee-les-premieresentreprises-sanctionnees_3166101_3224.html
Deux entreprises ont été sanctionnées pour n'avoir pas respecté l'égalité
salariale entre hommes et femmes, a annoncé jeudi 25 avril Najat VallaudBelkacem, la ministre des droits des femmes, dans les colonnes du
Parisien/Aujourd'hui en France. C'est la première fois que des sanctions
administratives sont prises en application de la loi votée en novembre 2010. Ce
dispositif, entré en application le 1er janvier 2012, contraint les sociétés de plus
de 50 salariés à se doter d'un plan ou d'un accord d'entreprise visant à
empêcher la différenciation entre hommes et femmes en matière de
rémunération et de carrière.
Seules deux mises en demeure avaient été prononcées au cours des derniers mois du
gouvernement Fillon. Najat Vallaud-Belkacem a pour sa part annoncé que 135 mise en
demeure avaient été prononcé en quatre mois. "C'est un début, se félicite Emmanuelle
Boussard-Verrecchia, avocate à Paris, spécialiste en droit du travail et de la
discrimination. Ces mises en demeure et ces sanctions marquent une volonté forte du
gouvernement de ne pas laisser dans l'ombre ce sujet."
"Avec ces sanctions, on franchit une étape, confirme Hélène Périvier, économiste seniore
au Département des études de l'OFCE. Car sans sanction, peu de chance qu'on arrive à
l'égalité salariale. " Pour la ministre des droits des femmes, "la sanction, c'est le dernier
recours, mais pour être efficace elle doit être dissuasive. Et surtout plausible !"
"UN ENGAGEMENT DANS UN PROCESSUS, PAS UN RÉSULTAT"
Sans donner leur nom, Najat Vallaud-Belkacem a détaillé ce qui était reproché aux
entreprises. L'une, située en Ile-de-France, est une structure de 150 salariés affichant
500 euros d'écart de salaire moyen entre hommes et femmes. "Elle nous a présenté un
plan qui ne prévoit rien pour y remédier", a indiqué la ministre. La société devra verser
une pénalité de 5 000 euros par mois (1 % de sa masse salariale) jusqu'à ce qu'elle se
mette en conformité avec la loi.
L'autre entreprise, en Aquitaine, compte 180 salariés et "n'a jamais remis de document,
malgré les avertissements. Elle devra payer 8 500 euros d'amende en une fois, parce
qu'elle vient juste de revendre son activité, précise Najat Vallaud-Belkacem. Charge au
nouveau propriétaire de corriger le tir."
La loi du 9 novembre 2010 demande à l'entreprise "un engagement dans un processus,
pas un résultat, souligne Hélène Périvier. C'est une première étape pas très
contraignante. Il faut donc sanctionner les entreprises qui ne font pas au minimum ce
petit pas là." Mettre en place ces accords, ce n'est quand même pas la mer à boire",
assène Emmanuelle Boussard-Verrecchia.
"Depuis le début de l'année, 1 500 plans ou accords d'entreprise nous ont été déposés,
souligne la ministre des droits des femmes. Dans certaines régions, plus de la moitié des
entreprises se sont déjà conformées à leurs obligations. Mais certaines traînent des
pieds."
"SIMPLES DÉCLARATIONS D'INTENTION"
"Que les accords soient bons ou non, volontaristes ou pas, il faut au moins qu'il y ait un
début de résolution du problème, analyse maitre Emmanuelle Boussard-Verrecchia.
Même si dans beaucoup de cas, les accords signés sont souvent une politique d'affichage,
de simples déclarations d'intention." Pour l'avocate, les noms des entreprises fautives
vont "finir par sortir". "Najat Vallaud-Belkacem est bien gentille de ne pas avoir donné de
nom, estime-t-elle. Ce qui fait bouger les entreprises, c'est la peur des condamnations
mais aussi, pour les grands groupes, la question de leur image."
Pour Marie Mercat-Bruns, maître de conférences en droit privé à la chaire de droit social
(CNAM) et à Sciences Po, auteure de "Discriminations en droit du travail" (Dalloz), "ces
sanctions sont justifiées" car "les lois se succèdent souvent sans réel effet à part des
déclarations d'intention dans les accords et les plans, même si certains contentieux
individuels sur l'égalité salariale réussissent". "C'est sans doute dommage de passer par
un mécanisme répressif, ajoute-t-elle. Mais ce peut être une première étape de
sensibilisation à l'importance de la question qui doit être complétée par d'autres
instruments".
François Béguin
Entorses à l’égalité salariale femmes/hommes
sanctions historiques mais beaucoup reste à faire
:
http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/entorses-l-galit-salariale-femmeshommessanctions-historiques-beaucoup-reste-faire-371
Deux entreprises françaises ont, pour la première fois, été sanctionnées pour non respect
de l’égalité de salaire hommes/femmes. Des pénalités financières qui interviennent après
de nombreux rappels à la loi. Un pas en avant, mais l’égalité professionnelle est loin
d’être gagnée.
C’est une première en France : deux entreprises ont été sanctionnées pour ne pas avoir
respecté l’égalité salariale entre femmes et hommes. Mises en demeure par le ministère
des Droits des femmes, elles ne s’étaient pas conformées à la loi et écopent donc
d’amendes. Pour la première, basée en Ile-de-France et employant 150 personnes, c’est
une pénalité de 5000 euros par mois jusqu’à ce qu’elle régularise sa situation. Pour la
seconde, située en Aquitaine (180 salariés), une amende unique de 8500 euros – elle
vient de revendre son activité.
Najat Vallaud-Belkacem l’a annoncé dans une interview au Parisien, ce jeudi, à l’occasion
de la Journée internationale pour l’égalité des salaires. « La sanction, c’est le dernier
recours, explique la ministre, mais pour être efficace, elle doit être dissuasive. Et surtout
plausible ! Jusque-là, les entreprises se disaient « c’est trop énorme, on ne risque rien ».
Eh bien, ce n’est pas que de l’incantation. On sanctionne. Une fois qu’on a expliqué,
accompagné, alerté, il est normal de demander des comptes ». « Et la peur du
gendarme, ça fonctionne », poursuit-elle.
« Pas un couperet qui tombe l’air de rien »
Ces sanctions tombent en application de la loi du 9 novembre 2010, votée sous Nicolas
Sarkozy. Elle oblige les structures de plus de 50 salariés à se doter d’un plan ou d’un
accord d’entreprise visant à empêcher les différences de salaires et d’opportunités de
carrière entre les hommes et les femmes. Les contrevenants encourent des sanctions
civiles et pénales. « Depuis le début de l’année, 1500 plans ou accords d’entreprise nous
ont été déposés, précise Najat Vallaud-Belkacem. Dans certaines régions, plus de la
moitié des entreprises se sont déjà conformées à leurs obligations. Mais certaines
traînent des pieds ». Un décret publié en décembre permet de sanctionner plus fortement
ces entreprises récalcitrantes : il prévoit des pénalités allant jusqu’à 1% de la masse
salariale, soit ce qui est infligé à l’entreprise située en Ile-de-France aujourd’hui épinglée.
« Cette sanction n’est pas un couperet qui tombe l’air de rien », rappelle Brigitte Grésy,
du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Le volet répressif ne
s’applique qu’après l’échec de l’accompagnement et de la pédagogie. « Un site web
accompagne les entreprises dans le diagnostic qu’elles doivent faire avant de signer un
accord ou de mettre en œuvre un plan pour l’égalité, précise-t-elle. On analyse les efforts
et défaillances éventuelles des entreprises, on cherche de possibles circonstances
atténuantes. S’il n’y en a pas, on émet une mise en demeure. Et si au bout de six mois
rien n’est fait, alors il y a sanction ».
« La mixité est un facteur de croissance »
Globalement, « l’égalité professionnelle est très peu respectée, rappelle-t-elle. L’écart
salarial est d’environ 27% », et moins de 10% des entreprises ayant désigné un délégué
syndical – qui sont donc en capacité de négocier – ont passé un accord d’égalité
professionnelle. « C’est chez les très grandes entreprises qu’on trouve le plus d’accords :
elles ont les ressources en personnel pour réaliser les diagnostics. Mais dans l’ensemble,
le tissu des entreprises ne s’est pas beaucoup mobilisé ». Les entreprises de moins de
300 salariés doivent conclure des accords comprenant au moins 3 des 8 objectifs
d’égalité (rémunération, embauche, qualification, classification, etc.). Au-delà de 300
employés, 4 objectifs doivent être compris.
« L’égalité ne doit pas être considérée comme une contrainte externe, plaide Brigitte
Grésy. C’est un agent de transformation interne et de modernisation de l’entreprise. De
nombreuses études montrent que la mixité est un facteur de croissance. On recherche le
gagnant-gagnant, en encourageant les entreprises à s’engager en faveur de l’égalité au
sens large ». Outre la question de la rémunération, l’égalité femmes/hommes dans le
monde du travail est en effet loin d’être atteinte. Selon les chiffres du gouvernement, les
postes à responsabilités restent majoritairement confiés aux hommes – notamment dans
les conseils d’administration du Cac 40 ; plus de 80% des salariés à temps partiel sont
des femmes ; les femmes sont davantage cantonnées à certains types
d’emplois (assistants maternels et secrétaires en particulier) et perçoivent, en moyenne,
62% de la retraite des hommes.
Quotas de femmes dans
hésitation d’Angela Merkel
les
entreprises :
la
valse
http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-25061-Quotas-defemmes-dans-les-entreprises-la-valse-hesitation-de-Angela-Merkel.htm
Le jeudi 18 avril, à 15h38 GMT, les Allemandes pouvaient s’attrister d’avoir perdu une
bataille : le Bundestag, la chambre basse du Parlement, rejetait l'introduction de quotas
de femmes dans les conseils de surveillance des entreprises (40% à l’horizon 2020),
présenté par le SPD et les Verts. Quelques heures plus tard, elles gagnaient une semi
victoire, en dépit des résistances affichées d’une femme, et pas n’importe laquelle,
Angela Merkel.
Ursula von den Leyden, ministre du Travail et Angela Merkel, chancelière, puissantes
femmes de l'Allemagne d'aujourd'hui, à la Une de la Süddeutsche Zeitung
19.04.2013Par Sylvie BraibantMalgré ses préventions affichées contre les combats
féministes, la chancelière a fini par céder à la colère de sa très populaire ministre de
l’emploi, Ursula von der Leyen : la Cdu (Union des Chrétiens démocrates), parti de la
dame de fer qui dirige l’Allemagne décidait de se soumettre à des de 30% quotas de
femmes dans les conseils d’administration des entreprises à l’horizon 2020, et même
d’en faire un thème de campagne affiché pour les élections générales de septembre
2013. Amère compensation : Angela Merkel a seulement obtenu que le seuil reste 10%
en dessous de celui proposé par les sociaux-démocrates et les verte...
Comme le Royaume Uni de David Cameron, l’Allemagne a refusé farouchement de se
plier aux directives européennes édictées par Viviane Reding, Commissaire européenne
chargée entre autres de défendre la citoyenneté et les droits fondamentaux sur le vieux
continent. La plupart des autres membres de l’Union se sont en revanche volontiers
conformés à cette initiative même si son application reste hasardeuse et à géométrie très
variable.
Les femmes qui n'aimaient pas les femmes
Margaret Thatcher, la dame de fer britannique détestait, entre autres, les féministes.
Angela Merkel, surnommée aussi dame de fer pour ses intransigeances économiques. ne
les porte pas beaucoup mieux dans son cœur. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que
dans ces deux pays qui virent naître les mouvements féministes, autour de la philosophe
Mary Wollstonecraft en Angleterre et de l’enseignante Clara Zetkin en Allemagne on
trouve les résistances les plus fortes au mouvement des femmes, portées par … des
femmes.
Sur sa route inflexible, Angela Merkel se heurte donc à une autre politicienne,
l’aristocrate chrétienne démocrate Ursula von den Leyden, médecin de profession, mère
de quatre enfants, blonde et élégante, modèle de réussite féminine outre Rhin… La
Süddeutsche Zeitung, l’un des quotidiens de référence en Allemagne, publié à Munich, ne
s’y trompe pas : ce sont bien les femmes conservatrices, unies derrière leur cheftaine
ministre de l’Emploi, qui ont fait front contre les dirigeants de la CDU, qui en ont presque
avaler de travers après ce revirement.
Michael Fuchs, vice-président de la CDU, a estimé que "l'Etat n'a pas son mot à dire"
dans la composition des conseils de surveillance, dans un entretien au quotidien
économique Handelsblatt. Le revirement du parti est "incompréhensible", a renchéri
Bertram Brossardt, président de la fédération de l'économie bavaroise, et représentant
de la clientèle-type du parti. "Nous n'avons pas besoin de quota", a-t-il ronchonné...
"La CDU affiche un projet de quotas pour les femmes dans les entreprises , mais vote
contre" Une sorte de "chercher l'erreur" à la Une du quotidien conservateur Die Welt,
proche des chrétiens démocrates...
Ni oui ni non, bien au contraire
Dans un éditorial cinglant, Robert Rossmann constate : « cette semaine, nous aurons
vécu une confrontation entre les deux femmes les plus puissantes d’Allemagne. (…/…) Et
une chose est certaine : Merkel a perdu la bataille. Von der Leyen, la ministre, a lutté
avec dureté, finesse tout en prenant des risques. Jamais un membre du gouvernement
n’était montée aussi effrontément à l’assaut de la chancelière – jusqu’à la faire céder. Et
même si pour la CDU (le parti de Angela Merkel) l’introduction des quotas est avant tout
un gadget d’écriture du programme électorale, pour l'Union européenne le changement
de cap est un tournant énorme. »
C’est qu’en effet, le travail des Allemandes reste entaché d’une mauvaise image. Dans
l’imaginaire collectif, les trois K sont encore prégnants : Kinder, Kirche, Küche (Enfants,
Eglise, Cuisine). Une bonne mère ne saurait abandonner ses bambins et son foyer pour
aller gagner sa vie. Du coup, celles qui se lancent dans une carrière n'enfantent pas.
L'Allemagne est confrontée à l'un des plus faibles taux de natalité au monde avec huit
naissances pour mille habitants...
Conformément à cette tendance, durant sa longue carrière politique d’Est en Ouest,
Angela Merkel, mariée mais sans enfant, ne s’est jamais prévalue d’être une femme,
comme le remarque Melissa Eddy,dans un très beau portrait de la chancelière pour le
New York Times. « En dépit de la composition de son gouvernement, un tiers de femmes,
elle n'a jamais ouvertement fait campagne pour l'égalité des sexes et n’a jamais mis sa
position unique en modèle. Et elle a à plusieurs reprises rejeté les appels, y compris de
l'Union européenne, exigeant des entreprises qu'elles admettent plus de femmes aux
plus hauts niveaux de gestion. »
Si elle a plié, en partie, pour la première fois, c’est sans doute qu’elle sent, à l’approche
du scrutin déterminant pour son avenir, que même en Allemagne, le vent tourne, et que
les femmes aspirent à autre chose qu’aux trois K.
Carole Couvert prend la tête de la CFE-CGC
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20130418trib000760184/carolecouvert-prend-la-tete-de-la-cfe-cgc.html
Carole Couvert, tout juste 40 ans, est devenue mercredi la première femme élue à la
présidence de la CFE-CGC, mais son élection s'est déroulée dans une ambiance houleuse
et elle va devoir panser les plaies d'une longue crise interne.
Carole Couvert a obtenu 59,7% des voix des 460 délégués habilités à voter, réunis en
Congrès à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Elle devient ainsi la première femme élue à la
présidence de la CFE-CGC. Numéro deux sortante, ex-salariée de GDF/Suez, elle était
soutenue par 13 fédérations sur 16.
Elle se présentait avec Marie-Françoise Leflon, négociatrice emploi, pour le poste de
secrétaire générale et Frank Zid (Air France) pour le poste de trésorier. Son opposant,
François Hommeril, 51 ans, ingénieur géologue (ex-Pechiney), soutenu notamment par la
puissante fédération de la métallurgie et la chimie, a lui recueilli 40,2%.
"Rassemblement"
Carole Couvert devient ainsi le neuvième leader de la CFE-CGC créée en 1944 et succède
à Bernard Van Craeynest, qui a été aux commandes depuis 2005. Le syndicat des cadres
revendique 143.000 adhérents.
"Quoi qu'il se passe, nous trouverons moyen de travailler ensemble au rassemblement"
du syndicat "et non à sa scission", a affirmé la nouvelle numéro un rappelant que le
camp adverse avait opposé une "fin de non recevoir" à sa proposition de liste unitaire.
Toutefois parmi ses candidats pour le bureau confédéral (direction resserrée) qui sera élu
jeudi, ne figure aucun militant des fédérations adverses.
Changer de nom ?
La nouvelle dirigeante a égrainé ses propositions pour rénover la centrale dont la plus
innovante - qui a suscité des huées mais aussi des applaudissements - est de "changer le
nom" de la confédération "imprononçable par les journalistes et les militants", selon elle.
Il ne s'agit "pas de renier nos valeurs, ni de changer notre syndicat catégoriel" mais
"trouver un nom qui fédère les adhérents du privé et du public". Elle n'a pas proposé de
nouveau nom mais suggère d'y travailler.
Fidèle à son expérience du marketing, son programme, qui a pour thème "reprendre
l'initiative" comprend la mise en place de baromètres et d 'enquêtes auprès des
adhérents. Carole Couvert entend développer aussi des actions en direction des jeunes
(bourse de stages), le développement de la communication, la création d'un "fonds
d'investissement éthique" éventuellement paritaire, et enfin un "accompagnement des
salariés de l'encadrement qui peuvent reprendre une entreprise. L'enjeu est de
"réconcilier le syndicalisme et l'entreprise", selon elle.
Notre planète à tous : la famille
État civil : la transmission du nom du père va-t-elle
disparaître ?
Marion Roucheux
http://www.terrafemina.com/vie-privee/famille/articles/22289-etat-civil-la-transmissiondu-nom-du-pere-va-t-elle-disparaitre-.html
C'est une « révolution » patronymique qui fait débat à l'Assemblée : une
disposition du projet de loi sur le mariage homosexuel prévoit la possibilité
d'accoler les deux noms de famille des parents, et non uniquement du père,
aux enfants. Une mesure qui serait applicable par défaut à tous les couples.
En plein débat sur le mariage pour tous à l’Assemblée nationale, une disposition
inscrite dans l’article 2 du projet de loi a soulevé les tensions lundi. En cause : la
dévolution du nom de famille. Cet amendement, pointé du doigt par les députés de
l’opposition, prévoit en effet qu’en cas de désaccord ou d’absence de choix du couple, les
enfants auront pour patronyme les deux noms de famille accolés dans l’ordre
alphabétique de leurs parents. Finie donc la transmission automatique du nom du père
: les couples auront le choix. Car si depuis mars 2002, un enfant peut porter le nom de
sa mère, de son père ou des deux, c’est toujours le nom du père qui s’impose
automatiquement dans le cas d’absence de manifestation contraire des parents. Cette
règle serait donc en passe d’être modifiée et devrait concerner tous les parents,
homosexuels ou non. Une « révolution » qui n’est pas du goût des élus de droite : «
Vous proposez une révolution mais cette révolution avance masquée », a ainsi dénoncé
l’UMP Hervé Mariton.
« Là où aujourd'hui un enfant s'appelle Durand, il s'appellera demain DurandMartin »
« Là où aujourd'hui un enfant s'appelle Durand, il s'appellera demain Durand-Martin sauf
si les parents demandent explicitement qu'il s'appelle Durand », a-t-il résumé, avant que
son collègue Marc Le Fur ne s’inquiète que soit engagée « une réforme majeure qui va
engager le nom de famille » et qui aura pour conséquence « l'effacement du père ». Un
argument que n’entend pas la majorité, qui assume cette « révolution » et la revendique.
« Oui, c'est une révolution, nous l'assumons. Nous assumons que le père ne soit
plus le seul à donner le nom », a ainsi lancé Christophe Bouillon, député de la 5 e
circonscription de Seine Maritime, appuyé par le rapporteur socialiste du projet Erwann
Binet. « Ce n'est pas l'effacement du père. Ce que vous attendez c'est l'effacement du
nom de la mère ! On est en 2013 ! », s’est-il exclamé. Reste que cette délicate question
du nom de famille a été entendue par la garde des Sceaux Christiane Taubira, qui a
souligné que « le sujet méritait encore d'être discuté ». Même son de cloche du côté de
la ministre déléguée à la Famille Dominique Bertinotti, qui a assuré que « les choses ne
sont pas figées » et que le gouvernement allait tenter de trouver une alternative «
satisfaisante ».
Transmission du patronyme : ce que la loi sur le mariage
pour tous changerait
Le Monde.fr | 04.02.2013 à 13h56
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/04/transmission-du-patronyme-ce-quela-loi-changerait_1826703_3224.html
Le député UMP Hervé Mariton, fer de lance de l'opposition au mariage pour tous,
est revenu, lundi 4 février, sur l'une des dispositions de la loi concernant le nom
patronymique des enfants. Cette disposition, inscrite dans l'article 2 du projet,
concerne la dévolution du nom de famille : en cas de désaccord ou d'absence de
choix des parents, les noms de chacun d'eux, accolés dans l'ordre alphabétique,
seront donnés à l'enfant, alors qu'actuellement c'est le nom du père qui est
attribué.
Pour M. Mariton, il s'agit d'une "révolution" qui "avance masquée". "Là où aujourd'hui un
enfant s'appelle Durand, il s'appellera demain Durand-Martin, sauf si les parents
demandent explicitement qu'il s'appelle Durand", a-t-il expliqué, précisant que cet
accolement automatique des deux noms des parents concernera tous les couples,
homosexuels comme hétérosexuels.
Jusqu'à présent, selon l'article 357 du code civil en vigueur depuis le 1er janvier 2005, en
cas d'adoption de l'enfant du conjoint ou d'adoption d'un enfant par deux époux,
l'adoptant et son conjoint ou les adoptants "choisissent le nom de famille qui lui est
dévolu : soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit leurs deux noms accolés dans
l'ordre choisi par eux dans la limite d'un nom de famille pour chacun d'eux. En l'absence
de déclaration conjointe à l'officier de l'état civil mentionnant le choix du nom de l'enfant,
celui-ci prend le nom de celui de ses parents à l'égard duquel sa filiation est établie en
premier lieu et le nom de son père si sa filiation est établie simultanément à l'égard de
l'un et de l'autre"'.
Il est donc déjà possible aujourd'hui de donner le nom de la mère, du père ou des deux
parents. La principale modification du projet de loi sur le mariage pour tous concerne
l'éventualité d'un désaccord des parents sur le nom à donner. L'article 357 modifié
stipule qu'"en l'absence de déclaration conjointe mentionnant le choix de nom de
l'enfant, celui-ci prend le nom de l'adoptant et de son conjoint ou de chacun des deux
adoptants, dans la limite du premier nom de famille pour chacun d'eux, accolés selon
l'ordre alphabétique." Une disposition rédigée pour les cas de filiation adoptive qui
viendra s'appliquer à l'article 311-21 qui réglemente la transmission du nom des parents.
Ce ne sera donc plus le nom du père qui sera transmis automatiquement mais les noms
des deux parents. Si le député UMP Marc Le Fur a estimé que disposition était synonyme
de "l'effacement du père", il faut noter qu'il sera toujours possible, à la demande des
parents, de donner soit le nom du père, soit celui de la mère à son enfant.
Les parents reconnaissent bien les pleurs de leur bébé
Yves Miserey - le 16/04/2013
Une étude montre que le père est aussi performant que la mère pour
identifier les cris de son enfant au milieu d'autres.
Contrairement à une idée reçue, le père reconnaît aussi bien les pleurs de son bébé que la mère.
La reconnaissance n'est pas liée à un quelconque instinct maternel mais au temps passé auprès du
nourrisson.
S'ils sont à ses côtés plus de quatre heures par jour, le père et la mère identifient ses pleurs sans
peine et leurs «performances» sont parfaitement identiques. En revanche, si l'un ou l'autre passe
moins de quatre heures par jour auprès de lui, le mécanisme se dérègle et ils ont du mal à les
distinguer des pleurs d'autres enfants.
C'est ce que démontre une série d'expériences pilotées par Nicolas Mathevon, de l'université de
Lyon/Saint-Étienne ( Nature Communications , en ligne le 16 avril 2013).
«C'est amusant de voir à quel point on a des a priori énormes sur des tas de choses», s'étonne le
chercheur. Lors d'une enquête conduite à l'université de Saint-Étienne auprès de 500 personnes, la
moitié des gens interrogés estimaient que les parents sont incapables de reconnaître les pleurs de
leur bébé parmi d'autres. Et ceux qui pensaient que c'était possible affirmaient que seule la mère
en serait capable.
Les pères exclus des études jusqu'à présent
C'est la première fois qu'un bio-acousticien étudie les signaux sonores des tout petits bébés
humains d'aussi près. Nicolas Mathevon avait travaillé auparavant sur les hyènes, les otaries, les
morses, plusieurs espèces d'oiseaux tropicaux et marins dont les manchots, les crocodiles, les
chimpanzés, les poissons. À ce jour, les seules recherches sur les pleurs des bébés avaient une
orientation médicale. Elles portaient sur leurs variations en fonction de la douleur exprimée par le
nourrisson et leur perception par la mère, les pères étant exclus dans ces études comme s'ils
n'étaient pas concernés.
En tout, 29 parents et leurs bébés âgés de 3 mois ont participé à l'expérience: 15 dans la région de
Saint-Étienne et 14 au Congo, pour s'assurer qu'il n'y a pas de biais culturel. Après avoir subi les
tests d'écoute, nombre de parents avaient l'impression de ne pas avoir reconnu leur enfant, se
souvient Nicolas Mathevon. En effet, l'exercice qui comportait deux sessions avait de quoi donner le
tournis. La bande-son était composée de trois séquences provenant de cinq enfants différents,
deux filles et deux garçons avec en plus leur propre bébé.
«L'être humain est très doué dans le domaine sonore», souligne le chercheur, même si la
prédominance de l'image dans le monde actuel pourrait nous en faire douter. En effet,
contrairement aux appréhensions des parents, leurs scores sont très élevés et cela, sans distinction
de sexe. Le petit nombre à commettre des erreurs est représenté par ceux qui sont peu à la
maison dans la journée. La reconnaissance sonore nécessite une imprégnation.
L'autre apport de cette étude concerne les pleurs des bébés. «C'est un signal complexe, une
signature sonore à part entière», souligne Nicolas Mathevon. Certes, ils varient en fonction des
circonstances, selon l'intensité de la demande de l'enfant, mais ils restent néanmoins bien
caractéristiques de chaque bébé. À l'oreille on peut les reconnaître mais l'analyse du
spectrogramme permet de visualiser dans le détail comment ils se différencient. L'énergie n'est pas
la même, certains enfants pleurent dans des fréquences aiguës alors que d'autres, au contraire,
sont dans les dominantes graves. La fréquence des pleurs peut être très modulée ou très «plate».
» Quatre échantillons de pleurs de bébé utilisés dans l'étude:
Dans ce domaine, les humains ne se distinguent pas des autres espèces animales. «Il y a
évidemment de l'information quant au “degré de mal-être” ou au besoin du bébé d'avoir de l'aide,
souligne Nicolas Mathevon, qui se réjouit d'avoir ouvert un nouveau champ de recherche. Mais
pour l'instant, on ne sait pas précisément ni comment cette information est codée, ni avec quelle
précision elle peut être comprise par les récepteurs.»
Famili, magazine familial, familier des stéréotypes sexistes
par Thibault Roques, Vincent Bollenot, le 23 avril 2013
http://www.acrimed.org/article4050.html
Magazine du groupe « Marie Claire », Famili se présente – c’est du moins ce qu’indique
son nom – comme un magazine à destination des futurs et nouveaux parents en général.
On pourrait donc attendre qu’il s’adresse autant ou presque aux hommes/pères qu’aux
femmes/mères. Or tant dans la version papier que sur le site internet, ce titre de presse
relaie, plus ou moins ouvertement, les visions les plus traditionnelles de la répartition des
rôles entre les sexes : une répartition socialement construite et dominante dans la réalité
que le magazine, plutôt que de la remettre en cause, contribue, par voie médiatique, à
diffuser, voire à renforcer auprès de ses lecteurs.
Contrairement à ce que laisserait penser son titre même, Famili non seulement ne
concerne que les couples hétérosexuels et leurs enfants, mais a en réalité tout du
« magazine féminin », conçu d’abord et avant tout « pour les femmes » et « pour les
mamans ». C’est dire, d’une certaine façon, que la famille, c’est d’abord et avant tout la
maman et les enfants, le père étant essentiellement chargé de se substituer
provisoirement à la mère quand les circonstances (exceptionnelles) l’exigent. Famili est
donc dédié aux mamans d’abord (1) qui sont… mamans d’abord (2) et assignées aux
tâches domestiques (3) !
1. Les mamans d’abord…
Les femmes sont en effet l’objet, explicite ou non, de la très grande majorité des sujets,
articles et autres rubriques, comme en témoignent les titres des dossiers en unes des
numéros de décembre-janvier 2012-2013 ou d’avril-mai 2013 : « Future maman : mon
bébé, mon homme, mon job… » (voir plus loin) et « Mission survie après bébé : à la
maternité, à la maison avec son mec, secret de supermams »…
… sans savoir au juste qui sont ces « supermams », aucune trace jusqu’ici, en une ou
dans les pages intérieures, de « superpaps »…
Autre exemple d’adresse aux mamans, ce passage (numéro d’août-septembre 2012,
p.106), à propos de l’enfant qui quitte ses parents pour la première fois : « Il risque de
passer de l’excitation à la crainte, d’osciller entre fanfaronnade […] et repli dans vos bras
(“Maman, je ne veux pas te quitter”). » Et plus loin (dans le même numéro, p.108), à
propos des mères forcément en charge de tout ce qui concerne l’alimentation : « Les
glaces j’en donne, ou pas ? […] Tous les étés, c’est la même chose, on s’interroge : je
cède ou pas ? Toutes les réponses à vos questions de maman. »
Ces adresses aux mamans qui se posent des questions sont confortées par un usage des
pronoms personnels qui en dit long sur le vrai « cœur de cible » de la rédaction. Le papa,
lui, par définition, ne se pose pas de question, n’étant pas concerné ou n’ayant pas voix
au chapitre. Alors qu’à chaque fois, le je, le on ou le vous pourrait être indéterminé,
renvoyant a priori indifféremment au père ou à la mère, il ressort clairement que c’est
surtout - voire exclusivement - aux mères que Famili s’adresse. Il y a bien ici ou là des
petits encarts « Pour les papas » ou « Allez les papas » pour les inciter à participer ou à
prêter main forte. Mais jamais aucune rubrique complémentaire en miroir « Pour les
mamans » qui semblerait probablement incongrue tellement il va de soi qu’elles ne
peuvent qu’être les seules vraiment concernées, à tous les sens du terme.
Au-delà du stéréotype entretenu dans certains articles consistant à considérer comme
allant de soi l’omniprésence féminine (et partant l’invisibilité masculine) dès lors qu’il
s’agit du foyer ou des enfants, d’autres clichés ont la vie dure dans Famili. Ici comme
ailleurs, la maman (comme toute femme dans la plupart des « féminins »…) est réduite à
son apparence, son look et sa beauté : « N’hésitez pas à dire à votre compagne que son
rôle de maman lui va bien. C’est bon à entendre quand on est fatiguée, que les seins
sont douloureux et que la cicatrice de l’épisio tiraille… Et si, pour lui faire plaisir, vous lui
rapportiez ce T-shirt sympa qui vous tend les bras dans la vitrine ? Nouveau vêtement,
nouvelle femme ! » (avril-mai 2013, p.77)
C’est bien connu, c’est la tenue et le style qui redonneront le moral à une femme qui
vient d’accoucher. Sous des dehors sympas, ces slogans enjoués « Nouveau vêtement,
nouvelle femme » ou plus loin « tenues petit mec et maman branchée » en disent long
sur la valeur et les valeurs associées aux femmes. Ici comme ailleurs, pour les femmes,
le superficiel prime : le bien-être est toujours d’abord un bien-paraître (les innombrables
pages de publicité vantant les mérites de telle crème ou de tel article de prêt-à-porter en
attestent).
Quant à son fameux « rôle de maman » (qui « lui va bien », cela va sans dire !), il
renferme toutes les fonctions les plus traditionnellement « féminines » : ainsi, le souci
premier de la mère, ce sont forcément ses enfants.
2. … Qui sont mamans d’abord
En une du numéro de fin d’année, ce titre : « Mon bébé, mon homme, mon job »
Un ordre d’occupation et de préoccupation qui n’a rien d’anodin.
Dans le meilleur des cas, les « mamans d’abord » sont invitées à jongler avec des
emplois qui conviennent à leur premier rôle : des emplois que célèbre l’éditorial du
numéro de février mars 2013 intitulé « Vive les crises ! » :
« Lorsqu’on devient parent, maman en particulier, on est prêt(e) à tout pour ses enfants.
À se réinventer de nouveaux espoirs, à changer de vie. Et, entre autres, à travailler
autrement. Même en temps de crise, les mamans ont des idées. Elles font preuve d’une
imagination et d’une énergie incroyable, comme ces mampreneurs qui ont quitté le
confort du salariat pour créer leur propre entreprise. Et profiter de leurs enfants à
100 %. Une aventure pas toujours de tout repos mais tellement stimulante ! En tout cas,
une belle leçon de vie pour chacun(e) d’entre nous. Alors, cette année, promis, on profite
des crises pour grandir ! »
L’exploit ultime, pour les femmes, c’est de continuer à faire ce que la plupart d’entre elles
font déjà : toujours d’arriver à faire des choses, d’autres choses, sans jamais perdre de
vue que leur premier rôle est de s’occuper et profiter des enfants à plein.
3. … et assignées au travail domestique
Du reste, certains encarts publicitaires dans le magazine (avril-mai 2012, p.41-42)
renforcent cette vision de la division du travail au sein du couple : la mère est par
essence maternante et tournée vers ses enfants tandis que le père est ce chef
responsable, parfois héroïsé, qui regarde la route… ou regarde ailleurs. Dans la publicité
pour le nouveau Toyota Verso, naturellement, seul le père est évoqué et visible : « mon
père est un héros, sa voiture est un Verso », tandis que dans la publicité sur la page
suivante pour le siège auto de la marque Bébé Confort, papa est au volant (normal,
direz-vous…) alors que c’est évidemment maman qui est retournée pour s’occuper de
bébé et de son doudou.
Le stéréotype le plus fréquemment véhiculé reste quand même celui de la mère aux
fourneaux (décembre-janvier 2012-2013, p.114) : « il ne mange rien à la cantine, je fais
quoi à dîner ? » Question a priori universelle et universellement partagée. Mais qui est je,
au juste ? Réponse immédiate de la journaliste pour qui les enfants « doivent apprendre
à […] accepter une alimentation différente de celle que maman leur prépare à la
maison. » Dans la continuité, et avec la même évidence, « Nombreuses sont les cantines
qui font des efforts pour proposer des repas variés et de qualité. Le problème des mères
de famille, c’est davantage le soir. » Car oui, les pères de famille, eux, n’ont par
définition, qu’à se mettre les pieds sous la table…
Ici encore, la publicité - pour les biberons Dodie - ne peut qu’accentuer ce sentiment d’un
ordre du monde immuable : on nous dit que cette marque de biberons est « n° 1 dans le
cœur des mamans ». C’est renvoyer la mère à la fois à sa fonction nourricière, une fois
de plus, mais aussi souligner sa fibre affective (comme on peut le vérifier sur le site de
Famili, brièvement analysé en complément de cet article). Les papas, quant à eux, soit
n’ont pas de cœur soit ne s’occupent pas des biberons, c’est entendu.
Plus généralement, dans Famili, il est rappelé, plus ou moins indirectement, que le
domestique ne peut être le domaine privilégié que de la femme, comme le souligne
parfaitement le passage qui suit (avril-mai 2013, p.77) : « Rappelez-lui qu’il faut qu’elle
se repose. Ce qu’elle a de mieux à faire, c’est se caler sur le rythme du bébé et de laisser
les autres – mari, famille – s’agiter autour d’elle. Agissez ! Par exemple, interdisez-lui
l’aspirateur et peu importe si le ménage laisse à désirer. Prenez les courses en main et la
préparation des repas si possible… Ou invitez (belle-)maman à venir passer quelques
jours… »
Interdire l’aspirateur à sa femme : quelle audace ! Ne pas se formaliser si elle n’a pas pu
astiquer la maison : l’homme est décidément trop bon ! Ou, solution ultime, inviter les
membres de la famille – féminins de préférence - à la suppléer. Tout ceci serait
simplement cocasse si ça ne mettait pas au jour un impensé récurrent dans ce type de
magazines : il va de soi que femme et (entretien du) foyer sont intimement liés et que
cet ordre des choses ne peut être bouleversé que dans quelques rares situations
exceptionnelles, nécessairement vouées à ne pas (trop) durer.
De la même façon, dans la rubrique « À la mater, j’en profite un max » (avril-mai 2013,
p.70), les femmes sont invitées à « Profite[r] de [leur] séjour à la maternité pour faire
connaissance avec [leur] enfant […] puisqu’[elles sont] temporairement débarrassées des
contingences matérielles de la maison. » En d’autres termes, qui dit retour à la maison
dit de facto retour de la femme au foyer, en tous les sens du terme.
Et quand les journalistes osent promouvoir telle position plus progressiste (« le partage
des tâches, tu reverras »), voilà leur conseil adressé aux femmes : « Faites preuve de
diplomatie. Il y a façon et façon de faire vos demandes “Qu’est-ce que tu aimerais le
mieux prendre en charge, mon chéri ?”, ça marche mieux que : “À partir de maintenant,
je ne m’occupe plus des courses. Si tu veux manger, tu remplis le frigo !” » (numéro
d’avril-mai 2013, p.79). Il suffit d’imaginer un instant la situation inverse dans laquelle
c’est l’homme qui viendrait s’enquérir en ces termes très diplomatiques des désirs de sa
compagne concernant le partage des tâches pour se rendre compte à quel point la
domination masculine a été intériorisée.
Et si relais il y a, c’est à une femme que l’on songe en priorité. Ainsi Malinka Dauverné,
psychothérapeute pour Famili, propose-t-elle une solution dans son article « Être parent :
pas facile, mais exaltant ! » (décembre-janvier 2012-2013, p.77) : « “Que dois-je faire si
je n’y arrive pas ? Chercher de l’aide tout simplement !”. C’est ainsi qu’elle se décidera à
appeler sa mère, une amie ou une baby-sitter. »
C’est le tiercé gagnant : mère, amie ou une baby-sitter. Les hommes, de leur côté, sont
une fois de plus aux abonnés absents. Quant à la rubrique intitulée « Le meilleur conseil
de ma (belle-)mère », elle n’a pas, à ce jour, d’équivalent du côté des (beaux-)pères. Or
à force d’envisager les femmes de la famille ou de l’entourage comme seules alternatives
possibles, elles finissent par devenir les seules alternatives pensables.
Alors même que Famili espère que « l’Éducation nationale s’attaquera aussi au
“dépoussiérage” des manuels scolaires, qui véhiculent encore trop de stéréotypes du type
“papa lit le journal, maman est aux fourneaux” » et que la formation dispensée aux
enseignants les aidera à prendre conscience des « petites discriminations qu’ils
pratiquent malgré eux » (février-mars 2013), le magazine n’est pas le dernier, dans
certains de ses articles, à reproduire tout ou partie de ces mêmes stéréotypes.
Il serait sans doute déraisonnable d’attendre de Famili qu’il soit systématiquement à
l’avant-garde du combat pour une vraie égalité hommes/femmes tant les inégalités
subsistent, ne serait-ce que dans la vie domestique réelle. On pourrait néanmoins
attendre de ses journalistes un peu plus de vigilance, par exemple quand ils évoquent
« le bavardage incessant des copines pipelettes ravies de se retrouver à votre chevet ».
Vivement le Famili nouvelle formule dans lequel on nous promet « + de chroniques un
brin déjantées » ; et un brin moins caricaturales ?
Vincent Bollenot et Thibault Roques
Complément : Sur Internet, aussi
La version internet du magazine est censée être plus interactive. En principe, n’importe
quel inscrit sur le site peut rédiger un article en plus de l’équipe de journalistes. Mais une
équipe de modérateurs veille au grain et les articles restent largement déterminés par les
contenus de la version papier puisque le même type de présupposés s’y colporte.
L’article de la journaliste Katrin Acou-Bouaziz intitulé « Le langage de bébé à éviter au
boulot » commence par un incipit annonçant la couleur des 332 mots à suivre : « À force
de parler avec des enfants, il arrive que le niveau de langage des mères dégringole de
quelques étages. Short-list des expressions qui dénotent au bureau. »
Ainsi la femme (puisque c’est elle qui parle « le langage de bébé », et non son
compagnon) parait incapable de raison et de mise à distance. Toute entière prise dans
ses préoccupations privées et dans son lien uniquement affectif avec le bébé, elle ne
pourrait penser à autre chose qu’à son enfant et certainement pas parler d’un autre
sujet. Mais, bien plus, elle ne pourrait parler autrement que comme un enfant. Par
conséquent, la femme, et plus particulièrement la jeune mère, se trouve radicalement
infantilisée. Or Famili se présente comme un magazine non seulement à destination de la
« future maman », mais aussi du « futur papa », des « jeunes parents ».
À quand, par conséquent, un article sur les gazouillis du jeune papa retournant à son
métier après un congé paternité ? Et s’il dispose d’une rubrique consacrée à « être mère
et travailler », le site de Famili n’en propose pas d’équivalente pour les jeunes pères. Une
telle inégalité de traitement médiatique, si elle reflète des représentations largement
diffusées, contribue aussi à les entretenir.
Par ailleurs, on apprend dans le court corps de l’article que « les pires ennemis des
mamans qui reprennent le chemin du travail » sont les onomatopées : « "Oups" ("j’ai
perdu un dossier"), "zut" ("il n’y a plus d’encre dans l’imprimante"), "hop hop hop" ("faut
que j’y aille moi"), "zou" ("c’est bouclé"), "t-t-t" (pour dire non), viiiii (pour dire oui),
boum (quand l’agrafeuse tombe par terre). Très pro. »
Là encore, ces quelques mots entretiennent sans aucun recul une certaine vision de la
femme dans son milieu professionnel. Selon ce cliché, celle-ci travaille bien sûr dans un
bureau, et il semble qu’il s’agisse d’un emploi répétitif et peu stimulant, qui ne requiert
pas trop de dextérité intellectuelle mais plutôt des gestes incorporés, du moins est-ce cet
aspect qui est exclusivement évoqué dans l’article de Famili : on « boucle [un] dossier »
visiblement envisagé comme une corvée, on change la cartouche d’ « encre [de]
l’imprimante », on agrafe des pages. Pourquoi ne pas prendre l’exemple d’un dialogue de
haute volée entre une avocate et un(e) client(e) ? Car cela ne correspond pas à la
représentation la plus diffusée, en tous cas apparemment à la rédaction du magazine.
Dans un autre article typique, rédigé cette foi par Famili, c’est-à-dire de façon
participative et/ou par l’équipe du magazine, et intitulé « Dur dur de reprendre le travail
après bébé… », il est question du malaise que non pas certains parents mais seulement
certaines femmes pourraient ressentir en reprenant le travail après la naissance d’un
bébé. Certes les hommes ne connaissent pas de congé dû à la grossesse, mais eux aussi
pourraient éventuellement être traversés d’affects dans ces périodes…
On lit dans cet article que « C’est normal, au retour d’un congé de maternité, d’être
submergée d’émotions ». Plus loin, « Le malaise persiste ? […] Est-ce le besoin
irrépressible de sentir votre bébé contre vous ? L’angoisse que la personne qui le garde
ne s’occupe pas de lui aussi bien que vous ? La culpabilité de ne pas remplir votre
mission de mère ? »
Le sens constamment sous-jacent est l’ultra émotivité de la mère. Certes, celle-ci est
habitée de sentiments et a sa sensibilité propre, mais pourquoi toutes les préoccupations
ici évoquées le sont sur le plan de l’affectif ? La jeune mère est ainsi constamment
« submergée d’émotions » et traversée de sentiments « irrépressibles ». La femme n’est
donc pas capable d’un minimum de mise à distance de ses préoccupations, elle envisage
la garde de son enfant seulement comme une séparation. De plus, il existerait la
« mission de mère » consistant à garder soi-même le bébé et par conséquent,
« culpabiliser » de reprendre le travail serait légitime. Que le père se rassure, sa mission
de patriarche ne consiste qu’à nourrir un foyer qui l’accueille les soirs et les fins de
semaine.
Conclusion de ce bref article : « Enfin, si vous avez perdu tout intérêt pour votre travail,
il est temps de songer à une évolution de carrière. Il y a fort à parier que l’attrait de la
nouveauté vous redynamisera ! » CQFD, assujettie par ses émotions, la mère manquerait
de motivation et d’ambition professionnelle, donc d’investissement et de dynamisme
dans l’entreprise.
Enfin, « Comment réussir à travailler en opens space ? », article rédigé à nouveau par
Famili, complète l’analyse puisque sont évoquées les femmes en général et plus
uniquement les mères. Le début de l’article a pourtant une sonorité plus « sociale » et
reconnait même la capacité des femmes de réfléchir ! « Travailler sur un plateau n’est
pas une mince affaire. Surtout si votre job demande de la réflexion ».
Mais quelles solutions face à des conditions de travail difficiles ? Se syndiquer pour
gagner un poids dans l’organisation du travail ? Négocier avec la direction ? Mobiliser le
collectif par une campagne de tract ? Que nenni !
« Au lieu de subir votre environnement, obligez-vous à réfléchir à l’usage que vous
voulez faire de votre bureau. S’agit-il d’un lieu purement utilitaire que vous occupez en
pro ? Ou bien d’un endroit dans lequel vous passez une partie de votre vie et que vous
aimeriez retrouver avec plaisir ? Dans ce cas, il va falloir faire un effort pour l’investir.
Délimitez votre espace et personnalisez-le. Orientez votre table de travail de façon à ne
pas avoir votre voisin sous le nez, servez-vous de votre ordinateur et de vos dossiers
pour créer une zone d’intimité, ajoutez une lampe, des fleurs, des photos, des coupures
de presse… bref, tout ce qui apporte une petite touche personnelle. »
C’est donc essentiellement une solution émotionnelle qui est à nouveau proposée :
quelques photos de famille, et les dures conditions de travail seront vite oubliées !
Ce n’est pourtant pas l’unique solution avancée par Famili : « Dites-vous bien aussi que
la vie en groupe, ça s’organise. Édictez ensemble des règles de bonne conduite : par
exemple, mettre les téléphones portables sur vibreur. Sortir de la pièce quand on a des
conversations personnelles. Communiquer par mail plutôt que par téléphone. Cela
limitera la gêne… mais ne l’évitera pas.
Vous ne parvenez pas à vous concentrer tellement vos collègues font du bruit ? N’hésitez
pas à réclamer le silence. Mais sans agressivité. N’oubliez pas qu’il y a deux heures, la
"chieuse" qui racontait son week-end, c’était vous ! Vous pouvez aussi vous isoler en
mettant un casque ou des boules Quies. Le tout étant de prévenir que vous le faites par
souci d’efficacité et non par rejet du groupe. »
Ainsi le groupe est vu comme le problème. Ce n’est plus l’open space qui est considéré
comme la cause de mauvaises conditions de travail mais les « collègues » qui « font du
bruit », le « groupe ». Pour Famili, il ne faut donc pas changer les choses mais changer
les gens. L’open space est une mauvaise condition pour travailler ? Le travailleur doit
néanmoins s’y soumettre, s’y accoutumer et le supporter grâce à des bricolages, et
certainement pas remettre en cause le système et y proposer des alternatives. Et les
« copines pipelettes » qui jacassaient tout à l’heure n’ont d’égal que « la chieuse qui
racont[e] son week-end » que vous êtes. Ou l’art de présenter la femme sous son
meilleur jour, avec finesse et subtilité.
A lire
Féminisme : ce sont les hommes qu’on entend le mieux
Mis en ligne le 13/04/13 I Rédaction par Yves Deloison
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/chroniques-articles-section/chroniques/2744feminisme-ce-sont-les-hommes-quon-entend-le-mieux
« Pourquoi les femmes se font toujours avoir ? » c’est le titre du livre qu’Yves
Deloison vient de publier aux éditions First. Peut-être parce qu’elles ne peuvent
pas s'affirmer féministes sans susciter l’ironie. Les hommes n’ont pas ce
problème, alors l’auteur les invite à le suivre.
Peu d’hommes se bousculent au portillon lorsqu’il s’agit de s’engager en faveur des droits
des femmes. Sont-ils intimidés par la gent féminine ou se sentent-ils illégitimes à porter
ce combat ? Craignent-ils de perdre par ricochet leur statut de mâle dominant ? Allez
savoir… Cette cause a pourtant besoin de mobiliser toutes les énergies afin de porter
haut et fort les couleurs de l’égalité. L’action des hommes contribue à faire évoluer les
mentalités. Et si les femmes ont tout à gagner d’un engagement massif, eux aussi. En
outre, lorsque la poignée d’hommes impliqués s’exprime sur ce thème, elle est audible,
souvent plus d’ailleurs que les rares femmes sollicitées par les médias. On considère trop
souvent que les associations féministes se démènent pour une minorité. Oubliant que les
femmes représentent 52 % de la population. Pour être réellement vues et entendues, les
féministes doivent par conséquent se déshabiller et montrer leurs seins ou bien parler de
sexe.
C’est aujourd’hui le meilleur moyen de voir ses messages relayés. Le terme "féministe"
est en effet devenu un tel repoussoir que les femmes hésitent à l’employer. Trop
péjoratif ou ringard. Si un homme se revendique féministe, lui en revanche n’a pas
besoin de démarrer sa phrase en s’excusant d’un désespérant « Je ne suis pas féministe,
mais... ». Sans ce bémol, une femme passe d’office pour une « harpie », une enragée qui
rêve d’en découdre avec les hommes. Et si sur les plateaux de télévision, elle n’adopte
pas l’attitude qu’on attend d’une féministe, si le ton employé reste calme et posé,
l’animateur déçu ne la réinvite plus. Un homme qui critique le sexisme passe encore alors
qu’une femme apparaît tout de suite comme excessive ou caricaturale. Est-ce parce
qu’on considère que la question ne concerne pas directement les hommes et qu’en
conséquence ils ont le recul pour s’exprimer objectivement ? Est-ce la voix grave qui
crédibilise ? Le masculin résonnerait-il mieux dans les oreilles de l’auditoire ?
Nul doute qu’on va les entendre
Tout n’est pourtant pas négatif. De profonds changements vont s’opérer à terme.
Confrontés au dilemme de la conciliation des temps, des pères montent à présent au
créneau afin d’obtenir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle,
aspirant à être plus disponibles et à s’investir mieux dans l’éducation des enfants. Pas à
pas, la conception de la paternité semble évoluer. Des hommes constatent à leur tour
que les réunions tard le soir ou que les temps de transport ne sont pas compatibles avec
l’implication à la maison. Jusque-là, personne ne s’étonnait que les femmes, archidébordées, continuent à jongler tant bien que mal entre responsabilités familiales et
travail. Des mères témoignaient dans leur entreprise des difficultés rencontrées pour tout
concilier, mais qui s’en souciait ? Ou alors, on leur conseillait de mieux s’organiser.
Qu’aujourd’hui des pères commencent eux aussi à se plaindre, on ne peut que s’en
réjouir. Nul doute qu’on va les entendre. Mais ceci m’incite à poser une nouvelle fois la
question de l’attention accordée aux problèmes que rencontrent les femmes. Amusant ou
désespérant – c’est selon – de constater par exemple que le chômage qui touche plus
fortement les femmes ne choque personne. En revanche, quand la situation s’est tendue
pendant quelques mois pour les hommes, les médias l’ont pointé, s’inquiétant même des
douloureuses conséquences pour eux. Depuis que le chômage des femmes est repassé
en tête, ils ont lâché l’affaire. Je fais donc le pari que les revendications portées par les
hommes pour un meilleur équilibre entre les temps de vie risquent de porter leurs fruits
plus rapidement. On peut à juste titre se désoler de cet état de fait. On peut aussi
préférer inciter les hommes à mêler plus encore leurs voix à celles des femmes qui
s’engagent pour que ça change !

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