PDF article Le Marché de l`art ne connaît pas la crise

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PDF article Le Marché de l`art ne connaît pas la crise
À LA UNE
LES CHINOIS INVESTISSENT
ET LES PRIX NE CESSENT DE GRIMPER
Le marché
de l’art ne
connaît pas
la crise
En ces temps incertains, les œuvres d’art
renommées semblent devenir
des investissements plus fiables que certains
produits financiers. Enquête dans un secteur
qui affiche une santé insolente et où Bruxelles
ne cesse de gagner en notoriété, notamment
par la grâce de ses riches exilés.
D
ans deux mois, il
inaugurera sa toute
nouvelle galerie à
Bruxelles, au n°43 de
la rue Ernest Allard,
juste à côté de la place
du Sablon et de ses antiquaires. Installé
à Paris depuis 25 ans, le Français
Antoine Laurentin a choisi un espace
de 250 m² aux murs imposants où il
pourra exposer les tableaux gigantesques — trois mètres sur quatre, tout
de même — de l’artiste hongroise Judit
Reigl. La date de l’inauguration belge
— le vendredi 19 avril — n’a pas été choisie au hasard: elle se fond idéalement
dans l’événement Art Brussels, la
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grande foire d’art contemporain qui se
déroulera du 18 au 21 avril prochain et
qui attirera, cette année encore, un
grand nombre d’esthètes français.
A quelques centaines de mètres de là,
un autre espace est, lui aussi, en pleine
effervescence. Situé au n°6 de la rue du
Grand Cerf, non loin du Petit Sablon, ce
bâtiment classé racheté par la célèbre
maison allemande Lempertz n’est autre
que l’ancienne Galerie Leroy Frères et
sera, à l’horizon 2014, la plus belle salle
de ventes bruxelloise, magnifiée par son
toit vitré de style Art nouveau.
A priori anecdotiques, ces deux événements liés au monde de l’art démontrent la nouvelle dynamique qui anime
≤
DOCUMENT CHRISTIE’S
FRÉDÉRIC BRÉBANT
RECORD POUR «LES JOURS
GIGANTESQUES» DE RENÉ
MAGRITTE
L’œuvre a été adjugée
11,3 millions de dollars en juin
dernier chez Christie’s à
Londres, alors qu’elle avait
été estimée entre 1,2 et 2,3
millions de dollars avant le
début de la vente aux enchères...
WWW.TRENDS.BE | 14 FÉVRIER 2013 27
Marché de l’art
aujourd’hui la capitale belge. Car Bruxelles
est «artistiquement à la mode», pour
reprendre les termes d’un grand collectionneur. Et si la maison de vente française Pierre Bergé & Associés a quitté,
l’année dernière, le plat pays pour des raisons d’ordre «logistique» (lire l’interview
de Pierre Bergé en pages 22 à 25), d’autres
acteurs français du monde de l’art sont
arrivés depuis et continuent encore à
s’installer en Belgique. Il y a d’abord les
grandes maisons de ventes parisiennes
qui ont planté récemment leurs antennes
chez nous comme Alexandre Millon,
Artcurialou encore Cornette de Saint Cyr,
toutes trois inaugurées l’année dernière.
Et puis les galeristes venus également
d’outre-Quiévrain comme Almine Rech
— installée à Bruxelles depuis six ans déjà
—, suivie en 2011 par la Maison Particulière de Myriam et Amaury de Solages et,
aujourd’hui, par Antoine Laurentin.
Merci les exilés !
En coulisses, on chuchote que l’emménagement massif d’exilés fiscaux à
Bruxelles n’est pas étranger au «phénomène» et que ces Français nantis
«doperaient» quelque peu le marché
belge de l’art. Si Deborah Quackelbeen,
general manager de Sotheby’s Belgique,
avoue «ne pas ressentir cette nouvelle
demande française», son collègue Roland
de Lathuy, directeur du bureau de représentation de Christie’s en Belgique, prend
le contrepied et confirme bel et bien cette
nouvelle dynamique nourrie par la présence de Français fortunés à Bruxelles
«qui viennent clairement avec des pièces
à vendre», confirme-t-il.
Même son de cloche chez Artcurial,
première maison de ventes aux enchères
française avec un chiffre d’affaires de
144 millions d’euros en 2012 (en progression de 13,5% par rapport à 2011) et
qui a ouvert son antenne bruxelloise il y
a moins d’un an dans un hôtel particulier de l’avenue Franklin Roosevelt.
«Nous considérons Bruxelles comme un
prolongement de Paris grâce à l’arrivée
de nombreux Français dans la capitale
de l’Europe et à l’intérêt des collections
belges, confie Vinciane de Traux, directrice de la représentation belge d’Artcurial.
La Belgique représente un réel potentiel et l’on sent aujourd’hui une vraie
énergie à Bruxelles. Les Français y par28 14 FÉVRIER 2013 | WWW.TRENDS.BE
EVENTATTITUDE / J STAPELS
À LA UNE
Un marché
de 50 milliards
i l’on en croit une estimation de
l’European Fine Art Foundation
à Maastricht, le marché mondial
de l’art aurait dépassé le barre des 50
milliards d’euros en 2012. En 2011, il
pesait déjà plus de 46 milliards d’euros, soit une progression de 7% par rapport à 2010. Eclectique, ce marché
englobe aussi bien les transactions enregistrées dans les ventes aux enchères
que les achats effectués dans les galeries d’art et les musées, sans oublier les
ventes chez les antiquaires, mais aussi
celles contractées entre collectionneurs.
Concernant uniquement le produit mondial des ventes aux enchères, la société
Artprice, leader mondial de l’information sur le marché de l’art, l’estime à 11,5
milliards en 2011, soit deux milliards de
plus qu’en 2010 qui était jusqu’alors la
meilleure performance de la décennie.
Cette progression serait principalement
due, selon Artprice, à la spectaculaire
percée du marché chinois en 2011, en
hausse de près de 50% par rapport à
2010. Omniprésente, la Chine occupe
d’ailleurs aujourd’hui le premier rang
mondial du marché de l’art.
S
LA BRUSSELS ANTIQUES
& FINE ARTS FAIR (BRAFA)
La Foire des Antiquaires de Belgique
a attiré plus de 48.000 visiteurs cette
année, démontrant l’attrait croissant
de Bruxelles pour les collectionneurs
étrangers.
ticipent, quoi qu’on en dise, et la présence
des exilés fiscaux nous donne d’ailleurs
accès à des collections. Je dirais même
qu’ils nous servent aussi d’ambassadeurs
parmi les Belges qui ne nous connaissent pas encore.»
Un bouillonnement qui est aussi perceptible au sein de la maison de ventes
allemande Lempertz (50 millions de
chiffre d’affaires en 2012), présente à
Bruxelles depuis 1985 mais aujourd’hui
un peu à l’étroit et qui disposera bientôt
de son énorme verrière à la rue du Grand
Cerf. «Nous ressentons un gros changement dans notre clientèle par rapport à
2011, affirme Christine de Schaetzen,
directrice de l’antenne belge de la maison centenaire. Il y a beaucoup plus de
Français qui sont venus voir et acheter
nos collections en 2012. On sent que l’argent est là, mais ce sont aussi bien des
Français qui se sont installés ici que d’autres qui viennent de Paris. Avec le Thalys
qui relie les deux capitales en 1h20, c’est
évidemment très pratique. Aujourd’hui,
Bruxelles devient un peu the place to be
pour les salles de ventes et les galeries.
EVENTATTITUDE / J STAPELS
Un marché en grande forme
Si, depuis la fin de l’année 2008, le
mot crise peine à sortir du vocabulaire
ambiant, force est de constater qu’il n’est
plus de mise dans la bouche des acheteurs et des vendeurs d’œuvres d’art. Si
l’on en croit une estimation de l’European
Fine Art Foundation (Maastricht), le marché mondial de l’art pesait plus de 46 milliards d’euros en 2011, soit une progres-
SPEELTDOORN STUDIO
On sent vraiment que la ville monte en
puissance depuis 10 ans.»
La dimension internationale de notre
capitale est d’ailleurs un élément majeur
pour la galeriste française Almine
Rech établie à Bruxelles depuis 2006:
«Aujourd’hui, l’Europe existe et les gens
bougent davantage d’une ville à l’autre,
constate-t-elle. Bruxelles est devenue
centrale, idéalement située entre Paris,
Londres, Amsterdam et Cologne, et surtout, les loyers y sont plus intéressants
par rapport à Paris qui reste très chère.»
Un facteur immobilier qui pousse évidemment les marchands d’art français
à venir installer une vitrine en Belgique:
«Je ne fuis pas la fiscalité de mon pays
car je garde ma galerie à Paris, taquine
Antoine Laurentin, mais il est vrai que
les espaces à Bruxelles sont plus grands
et moins chers, et cela m’a donc donné
l’envie d’ouvrir une galerie complémentaire ici, avec des murs plus hauts.
Je connais un certain nombre de collectionneurs belges depuis longtemps.
Je ne viens donc pas à Bruxelles pour les
Français qui y sont installés... mais je ne
vais évidemment pas les refuser!»
1.675
ŒUVRES D’ART
ont été adjugées aux enchères
pour plus d’un million
de dollars en 2011
selon Artprice.
quatre valeurs sûres en ces temps
financièrement tumultueux.
Dans son rapport décryptant les
tendances du marché de l’art en
2011, la société Artprice, leader mondial de l’information sur le marché
de l’art, affirme d’ailleurs que «la
crise de la dette, couplée à l’agitation des marchés financiers, a lassé
les investisseurs qui ont préféré se
replier sur l’art, jouant son rôle de
valeur refuge». Et cette tendance
est d’ailleurs perceptible tout autour
HAROLD T’KINT, ANTIQUAIRE
de la planète. En effet, le marché de
ET PRÉSIDENT DE LA BRAFA
l’art, encore majoritairement occi«Il est déjà trop tard pour investir dans
dental au 20e siècle, s’est internal’art asiatique. Il vaut mieux investir dans
e
tionalisé ces dernières années,
les beaux objets du 18 siècle qui sont
déplaçant ainsi le centre de gravité
moins recherchés aujourd’hui.»
des ventes traditionnellement figées sur
sion de 7% par rapport à 2010 et, surtout, l’axe atlantique vers les puissances émerune envolée de 63% par rapport à l’an- gentes du continent asiatique.
née 2009 qui, il est vrai, avait connu un
Toujours selon la société Artprice, la
net refroidissement. «Avec la crise finan- moitié des 40 meilleures places de marcière de la fin de l’année 2008, on a assisté ché dans le monde se trouverait désorà une chute des prix et on a ressenti une mais en Asie et la Chine serait aujourd’hui
certaine inquiétude dans le milieu, devenue, en termes de transactions,
confirme Deborah Quackelbeen, gene- la première puissance mondiale sur le
ral manager de Sotheby’s Belgique. L’an- marché de l’art. C’est d’ailleurs au cœur
née 2009 a été ensuite assez calme, sans de l’Empire du Milieu qu’a été adjugée
grands records de ventes, mais à partir près de la moitié des 1.675 œuvres d’art
de 2010, le marché s’est réinstallé et qui ont dépassé le seuil du million de
les prix ont commencé à remonter. dollars aux enchères en 2011...
Aujourd’hui, nous sommes arrivés aux
mêmes prix qu’avant la crise et on peut L’art asiatique
dire que le marché se porte bien.»
Nouvelle puissance de frappe sur le
Un marché de l’art qui devrait d’ail- marché de l’art, les riches acheteurs chileurs dépasser les 50 milliards d’euros nois ont d’ailleurs fait de l’art asiatique
en 2012, toujours selon l’European Fine une des valeurs montantes du marché
Art Foundation, qui ne dispose pas européen. Les directeurs des salles de
encore de tous les chiffres. Et un mar- ventes belges le confirment: de plus en
ché qui doit surtout sa bonne santé à la plus de Chinois se mettent en quête de
confiance que les investisseurs placent pièces de leur patrimoine rapportées
désormais dans les swag, un acronyme jadis en Europe et qu’ils entendent
anglais qui désigne les mots silver, aujourd’hui ramener sur la terre de leurs
wine, art et gold (argent, vin, art et or), ancêtres. Des sculptures en jade, de la
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≤
Marché de l’art
porcelaine impériale, mais aussi de très
vieux objets de la vie courante qui ont
une véritable valeur historique. «On a
tendance à l’oublier, mais nous, les Belges,
nous avons construit le chemin de fer en
Chine, rappelle Dominique de Villegas,
commissaire-priseur à l’hôtel de ventes
Horta à Bruxelles. Et ce sont des pièces
authentiques ramenées de cette période
qui intéressent aujourd’hui les Chinois
et non pas les objets formatés de la
Compagnie des Indes.»
«L’art asiatique flambe, enchaîne
Christine de Schaetzen de la maison
Lempertz. C’est la grosse valeur montante du moment et les Chinois sont
prêts à mettre des sommes folles pour
récupérer certaines pièces.» De là à
investir aujourd’hui, en tant que Belge,
dans ce segment de niche du marché de
l’art, il n’y a qu’un pas que certains spécialistes refusent toutefois de franchir.
«Il est déjà trop tard pour investir dans
l’art asiatique, tranche Harold t’Kint,
antiquaire et président de la Brussels
Antiques & Fine Arts Fair (Brafa). Les
acheteurs chinois disposent d’une puissance monétaire gigantesque et il vaut
donc mieux investir dans les beaux objets
du 18e siècle qui sont moins recherchés
aujourd’hui. D’un point de vue quantitatif et qualitatif, il y a un secteur du
marché qui souffre: celui du mobilier et
de l’objet décoratif. En revanche, les
artistes pointus restent très demandés.
La demande n’a pas fléchi.»
Avec son nouveau record d’affluence
de plus de 48.000 entrées cette année,
la Foire des Antiquaires de Belgique qui
s’est tenue en janvier dernier à Tour &
Taxis confirme cette tendance selon
laquelle les mouvements financiers se
déplacent davantage vers l’art moderne
et l’art contemporain. De plus en plus
appréciée à l’international, la Brafa a
également démontré la bonne santé du
marché de l’art en Belgique et, surtout,
l’attrait croissant de Bruxelles pour les
collectionneurs étrangers. Signe de
temps: sur les 128 exposants de la Foire
des Antiquaires de Belgique, il y avait
autant de Français que de Belges, chacun représentant en effet un tiers des
vendeurs, le dernier tiers étant dévolu
aux autres nations européennes.
Paul Delvaux, Félicien Rops, James
Ensor, Pierre Alechinsky, Jan Fabre, Wim
30 14 FÉVRIER 2013 | WWW.TRENDS.BE
Si l’investissement dans une œuvre
d’art exige une foule de précautions théoriques et pratiques (lire à ce propos l’article «Bien collectionner est tout un art»
en pages 118 et 119), il n’en reste pas moins
que la tendance est bel et bien palpable
chez les investisseurs de tout poil. «On
sent très clairement qu’il y a aujourd’hui
plus de gens qui investissent dans l’art
avec l’intention de retrouver leur argent
dans 10 ans en faisant si possible une
plus-value, confirme Dominique de
Villegas, commissaire-priseur à l’hôtel
de ventes Horta à Bruxelles. Ils viennent
demander conseil, c’est évident, avec
aussi la volonté de transmettre quelque
chose de concret, le cas échéant.»
Révélateur, le marché de l’assurance
des œuvres d’art connaît aussi un essor.
«En tant qu’assureur de niche, nous enregistrons effectivement une croissance
grâce aux solutions d’assurances que
nous proposons en matière d’œuvres
d’art, confirme Gwendolyn Grolig, head
art division à la compagnie Nationale
Suisse Belgium. Le contexte est favorable. La Belgique compte de nombreux
collectionneurs et l’offre en matière d’art
moderne est abondante. Investir dans
ce secteur présente un intérêt non négligeable. Par ailleurs, la réglementation
du secteur est souple. La plus-value réalisée sur l’achat d’une œuvre d’art n’est
pas taxée. Ce n’est donc pas qu’un investissement alternatif et sa progression en
tant qu’atout ou investissement a pour
effet d’augmenter l’intérêt pour les assurances et les solutions sur mesure qui y
sont liées.»
Le marché de l’art doit
sa bonne santé à la
confiance que les
investisseurs placent
désormais dans les
«swag», un acronyme
anglais qui désigne les
valeurs sûres «silver»,
«wine», «art» et «gold».
Delvoye... Les plus grands noms de l’art
belge y étaient représentés, mais c’est
une œuvre de René Magritte, La Belle
Lurette datée de 1965, qui a sans doute
été le tableau le plus remarqué de cette
édition 2013. Un Magritte toujours au
sommet des artistes belges les mieux cotés
sur la scène internationale puisqu’il a
affiché le record de vente de 11,3 millions
de dollars pour Les Jours Gigantesques
en juin dernier chez Christie’s à Londres,
alors que celle-ci avait été estimée entre
1,2 et 2,3 millions de dollars avant le début
de la vente aux enchères...
De l’art ou de l’action ?
En explosant à la hausse le montant
de son estimation initiale sur le marché,
Les Jours Gigantesques démontre la formidable plus-value que peut parfois offrir
une œuvre d’art à son propriétaire. De
là à considérer qu’un tableau connu
représente forcément un investissement
rentable pour tout acheteur potentiel, il
y a un fossé énorme difficile à combler.
«C’est un jeu dangereux que de poser la
question de l’art comme un placement,
juge Roland de Lathuy, directeur du
bureau de représentation de Christie’s
en Belgique. Car pour un bon placement,
combien d’autres se révèlent-ils médiocres?A mes yeux, l’art n’est pas une
valeur refuge. Je le vois plutôt comme
une valeur tangible, contrairement à une
action dans un coffre. C’est une défense
contre la volatilité.
C’est du concret. Car ce qui rassure,
c’est le côté physique de l’œuvre. Pour
les gens, l’art représente aujourd’hui un
investissement plaisir dont ils peuvent
jouir immédiatement.»
HOTEL DE VENTES HORTA
À LA UNE
DOMINIQUE DE VILLEGAS,
COMMISSAIRE-PRISEUR À L’HÔTEL
DE VENTES HORTA À BRUXELLES
«Il y a aujourd’hui plus de gens qui
investissent dans l’art avec l’intention
de retrouver leur argent dans 10 ans
en faisant si possible une plus-value.»
Diversifier et divertir
1,3 MILLION D’EUROS
C’est la somme qui a été déboursée
pour ce tableau «Tintin en
Amérique» le 2 juin dernier à Paris.
Soit une plus-value de 70% en
quatre ans à peine : cette œuvre
d’Hergé avait été adjugée en 2008
au prix de 764.000 euros.
PG
à peine! Ce qui fait dire aux spécialistes
qu’Hergé est aujourd’hui considéré
comme «le Van Gogh de la bande dessinée» et que le neuvième art peut désormais jouer sans complexe dans la cour
des grands. Car l’auteur belge n’est pas
un cas isolé dans le monde des enchères:
Enki Bilal, Franquin, Hugo Pratt et
Mœbius sont d’autres poids lourds de la
BD dont la cote ne cesse de grimper.
Bruxelles, le nouveau Berlin ?
Alexandre Millon, Artcurial ou encore
Cornette de Saint Cyr? «On ressent effectivement un intérêt pour Bruxelles,
tant sur le plan financier qu’artistique,
conclut Dominique de Villegas (Horta).
Alors, bien sûr, il y a toujours le risque
négatif de se faire piquer des clients.
Mais c’est compensé, je pense, par le côté
positif de créer une certaine émulation.
Cela génère une focalisation sur notre
pays et cela attire de nouveaux acheteurs
qui ne connaissent pas du tout notre marché. Finalement, ce bouillonnement rend
Bruxelles plus attractive aux yeux du
monde et il tend à placer notre capitale
comme le nouveau Berlin des années
z
1980.» Rien que ça.
Idéalement placée pour ressortir, ici
et là, l’une ou l’autre œuvre d’Hergé sur
le marché, Bruxelles renforce aujourd’hui
son nouveau statut de place artistique
montante qui ne cesse de séduire les
acteurs français,
tant du côté des
galeristes que des
salles de ventes
renommées. Au
risque de porter
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en ligne
Î Fiable
Contraception
Quelle méthode
Î Scientifique
Î Accessible
Faut-il s’inquiéter
des tics de l’enfant?
OB54945
Outre la tendance du recognizable chic
(dixit Christine de Schaetzen de la maison Lempertz) qui consiste à exhiber son
investissement en art avec un vrai capital plaisir, le fait de considérer aujourd’hui
une œuvre comme un placement tentant
repose aussi sur une réelle volonté de
mieux répartir son argent face à des taux
d’intérêt historiquement bas et à certains
produits financiers qui n’ont visiblement
plus la cote. «Je ne suis pas fan de l’expression ‘investissement en art’ car celleci garde une dimension spéculative, commente le président de la Brafa Harold
t’Kint. Or, l’art reste avant tout un produit plaisir, même si, de plus en plus, on
le considère comme un produit de diversification patrimoniale. Je l’entends d’ailleurs autour de moi: ‘Tout compte fait,
on aime l’art, donc autant se faire plaisir
plutôt que de miser sur des produits financiers dans un marché instable’. Et même
si Hergé n’a jamais réalisé un dessin pour
en faire un produit financier, celui qui a
acheté une planche originale de Tintin
il y a 10 ans a effectivement fait un excellent placement!»
L’air de rien, Harold t’Kint fait référence à l’une des ventes belges les plus
spectaculaires de l’année 2012: un petit
tableau de format carré, daté de 1932 et
destiné à orner la couverture de l’album
Tintin en Amérique. Acquise en 2008
pour la somme déjà spectaculaire de
764.000 euros, l’œuvre a été adjugée en
juin dernier au prix faramineux de 1,33
million d’euros chez Artcurial à Paris,
soit une plus-value de 70% en quatre ans
Un cerveau qui
vieillit bien,
c’est possible!
Î Positif
Î Pratique
NOUVEAU