Progrès réalisés vers la prévention du cancer du col utérin

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Progrès réalisés vers la prévention du cancer du col utérin
Progrès réalisés vers la prévention du cancer
du col utérin : Bilan de la CCA
D EC E M B R E 2 012
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
1
SON EXCELLENCE MADAME ZUMA
PREMIÈRE DAME D’AFRIQUE DU SUD
PROFESSEUR HARALD ZUR HAUSEN
PRIX NOBEL 2008
PHYSIOLOGIE OU MÉDECINE
AVA N T- P R O P O S
Une nouvelle ère pour la prévention du cancer
du col utérin
N
ous vivons une époque extraordinaire, où notre
soif humaine de générer la connaissance, de
mettre en œuvre des solutions créatives et d’assurer le suivi
d’engagements sincères nous donne aujourd’hui une occasion unique d’éliminer ou presque l’une des plus grandes
causes de souffrance et de perte pour les familles et les communautés du monde.
La prévention et le traitement du cancer du col utérin
requièrent des solutions efficaces peu coûteuses dans les
pays moins développés où la maladie représente la cause
principale de décès imputables au cancer chez les femmes
et où les taux de mortalité annuels liés à ce cancer sont
largement supérieurs à ceux des pays plus développés. À
l’appui de ces solutions, des initiatives d’information et de
plaidoyer doivent sensibiliser l’opinion à la maladie et à son
impact sur les femmes, leurs proches et leurs pays.
Scientifiques, chercheurs, cliniciens, agents sanitaires de
première ligne, dirigeants communautaires et activistes plus
dévoués les uns que les autres n’ont épargné aucun effort,
ces 10 dernières années, pour porter le fléau du cancer du
col utérin à l’attention du monde et pour développer et
appliquer la connaissance nécessaire à sa prévention dans
les pays en développement. De Mumbai à Mexico et de
Kampala à Katmandou, des programmes innovants ont
montré comment apporter, en toute efficacité, prévention
et traitement aux femmes et aux filles qui en ont le plus
besoin.
Comme le souligne ce rapport, les pays adoptent des
approches audacieuses pour améliorer le dépistage et le
traitement du cancer du col utérin chez les femmes adultes
et pour vacciner les filles contre le virus du papillomavirus
humain (HPV) qui en est responsable.
Voici peu, la communauté internationale a aussi commencé
à se mobiliser. Les engagements pris par l’Alliance GAVI
pour offrir la vaccination anti-HPV à tarifs subventionnés
aux pays les plus pauvres du monde représentent à ce jour
l’effort de leadership et de soutien international le plus
encourageant.
Pour sauver des vies aujourd’hui, il faut une promesse
égale, si pas supérieure, d’élargissement des programmes
de prévention. Sans l’appui d’une approche de prévention
globale — couvrant dépistage, traitement et vaccination —,
les pays les plus affectés par le fardeau seront probablement
les derniers à offrir ces services vitaux à l’échelle nationale.
De puissantes solutions sont aujourd’hui à la portée de
tous les pays et il nous incombe de changer le cours de la
maladie. Aussi lançons-nous cet appel à la communauté
internationale pour qu’elle reconnaisse le besoin, l’occasion
et l’engagement documentés dans ce bilan et qu’elle agisse
rapidement pour assurer le leadership et libérer les ressources nécessaires à la promotion de programmes plus
vastes aptes à sauver les mères de nos nations et les familles
dont elles s’occupent et qu’elles préservent.
En couverture : Photo de John-Michael Maas/Darby Communications
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
2
Introduction
C
omme en témoignent les travaux de laboratoire du
professeur zur Hausen et coll. et les études épidémiologiques critiques du docteur Nubia Muñoz et coll., la
recherche de ces dernières décennies révèle l’infection à
certains types oncogènes du papillomavirus humain (HPV)
comme la cause nécessaire mais non suffisante du cancer
du col utérin. Cette connaissance s’est avérée fondamentale à l’établissement d’un moment sans précédent pour la
prévention de ce cancer, en ce que de nouvelles technologies localement appropriées de dépistage et de traitement
précoce peuvent porter un coup terrassant à la maladie dans
les communautés qu’elle continue sinon de ravager. Dans
le même temps, l’avènement de la vaccination anti-HPV
et sa promesse d’une prévention à ce jour inédite pour la
génération à venir, n’a pas manqué de susciter un intérêt
mondial renouvelé. Cette confluence de la connaissance, de
la science et de la possibilité a catalysé le changement dans
beaucoup de pays à revenu élevé et dans un nombre étonnant de pays à faible revenu où, malgré le manque presque
total de ressources, les gouvernements et la société civile se
sont ralliés en faveur de l’action.
Six ans après l’introduction de la vaccination anti-HPV
et 13 ans après la fondation de l’Alliance pour la prévention
du cancer du col utérin (ACCP) — premier partenariat
mondial de lutte contre ce cancer dans les pays lourdement
affectés —, la coalition CCA (Cervical Cancer Action)
présente ce bilan des efforts collectifs déployés par la
communauté internationale pour améliorer la prévention
de la maladie, en particulier dans les pays à revenu faible
et intermédiaire où elle continue d’imposer un fardeau
inacceptable.
Les programmes nationaux couronnés de succès ont mis
en place les éléments d’une stratégie intégrée de lutte contre
l’incidence et la mortalité tant actuelle que future de la
maladie. Avalisée par l’OMS et par d’autres organismes
importants, une approche globale efficace de la prévention
du cancer du col utérin doit :
•informer les femmes, les prestataires et les communautés
sur la maladie, y compris sa cause et sa prévention ;
•prévenir l’infection à HPV, autant que possible, par la
vaccination des adolescentes ;
•assurer l’accès des femmes au dépistage pour la détection
des changements précancéreux et le traitement précoce,
avant l’évolution vers un cancer invasif ;
•encourager l’élaboration de plans nationaux pour renforcer
la coordination et mobiliser les ressources humaines et
financières adéquates au soutien des efforts de prévention ;
•renforcer les systèmes d’information sanitaire essentielle
pour assurer le suivi d’impact du programme.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
3
Ce rapport documente les efforts entrepris par les pays,
les communautés et leurs partenaires internationaux pour
combattre la maladie, en particulier dans les pays à revenu
faible et intermédiaire où les initiatives antérieures n’ont pas
atteint les objectifs espérés. Ces premières étapes ont été difficiles. Faute de soutien international, beaucoup de pays en
développement ont du mal à gérer le coût élevé de l’inaction
et le défi du rassemblement des ressources indispensables au
succès. Notre espoir est que ce bilan aidera la communauté
internationale à mieux comprendre l’échelle et l’engagement
de l’effort en cours dans les pays à revenu faible et intermédiaire, de même que l’importance de son propre engagement
pour assurer un meilleur avenir aux femmes, aux familles et
aux communautés.
« FAUTE DE SOUTIEN INTERNATIONAL, LES PAYS EN
DÉVELOPPEMENT ONT DU MAL À GÉRER LE COÛT
ÉLEVÉ DE L’INACTION… »
Photo: PATH/Wendy Stone
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
4
CHAPITRE 1
La charge mondiale du cancer du col utérin
À
l’échelle mondiale, la mortalité du cancer du col
utérin met en évidence les inégalités de notre
temps : inégalités de richesse, des sexes et d’accès aux
services de santé. Partout dans le monde, les femmes sont
1.1
exposées au virus HPV, mais ce sont principalement celles
du monde en développement qui — au fil des décennies —
n’ont guère ou pas accès au dépistage et au traitement précoces et qui meurent de ses conséquences. Le cancer du col
TAUX DE MORTALITÉ ACTUELS DU CANCER DU COL UTÉRIN
ESTIMATION DES TAUX NORMALISÉS EN FONCTION DE L’ÂGE, POUR 100 MILLE (COLS UTÉRINS)
17,6 ET PLUS
10,8–17,6
5,8–10,8
2,7–5,8
0–2,7
SOURCES
• Ferlay J, Shin HR, Bray F, Forman D, Mathers C, Parkin DM. GLOBOCAN 2008, Cancer Incidence and Mortality Worldwide: IARC CancerBase No. 10. Lyon, France: International Agency for Research on Cancer; 2010. globocan.iarc.fr. Site consulté le 5 octobre 2010.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
5
« D’ICI 2030, LE CANCER DU COL UTÉRIN COÛTERA
PROBABLEMENT LA VIE À PLUS DE 474 MILLE
FEMMES PAR AN ET PLUS DE 95% DES DÉCÈS
SONT ATTENDUS DANS LES PAYS À REVENU
Photo: PATH/Nga Le
utérin représente aujourd’hui le deuxième cancer féminin
le plus répandu dans le monde en développement et le
premier cancer tueur de femmes dans la plupart des pays en
développement. Chaque année, plus de 500 mille femmes
développent ce cancer et quelque 275 mille en meurent1.
Ces décès inutiles surviennent en grande majorité dans les
pays en développement, ou dans les communautés défavorisées des pays riches.
Depuis quelques dizaines d’années, on observe une baisse
régulière de l’incidence du cancer du col utérin et des taux
de mortalité qui y sont associés dans les pays à revenu
élevé. Les raisons en sont l’avènement des technologies de
dépistage et traitement efficaces précoces, grâce auxquelles
les cliniciens peuvent détecter et éliminer les anomalies
cervicales avant qu’elles n’évoluent vers un cancer invasif.
Dans de nombreux pays, ces efforts se sont accompagnés
d’initiatives de sensibilisation du public, de formation des
cliniciens, d’amélioration du traitement et de renforcement
de systèmes d’information sanitaire conçus pour mieux
saisir les données et évaluer l’impact des programmes et des
politiques. Malgré la difficulté continue d’accès aux communautés marginalisées, ces efforts ont porté leurs fruits.
Par exemple, entre 1955 et 1992, la mortalité imputable au
cancer du col utérin aux États-Unis a diminué de près de
70% et les taux continuent de baisser d’environ 3% par an 2.
De même, au Royaume-Uni, les taux avaient baissé de 70%
en 2008, par rapport à 30 ans plus tôt3.
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le succès
n’a pas atteint ces niveaux. Après plusieurs décennies de
tentative de mise en œuvre des stratégies adoptées dans les
pays à revenu élevé, ceux moins développés restent en mal
de solution efficace. La maladie continue entre-temps de
FAIBLE ET INTERMÉDIAIRE. »
s’étendre, attisée par les gains d’espérance de vie et la croissance démographique. D’ici 2030, le cancer du col utérin
coûtera probablement la vie à plus de 474 mille femmes par
an et plus de 95% des décès sont attendus dans les pays à
revenu faible et intermédiaire. En Afrique subsaharienne
seulement, les taux d’incidence devraient doubler4.
La perte de ces femmes — mères, filles, sœurs, épouses,
partenaires et amies — est pourtant presque totalement
évitable. Les chapitres qui suivent décrivent les efforts
entrepris pour changer le cours de la maladie dans les pays à
revenu faible et intermédiaire.
1. Ferlay J, Shin HR, Bray F, Forman D, Mathers C, Parkin DM. GLOBOCAN
2008, Cancer Incidence and Mortality Worldwide: IARC CancerBase No.
10. Lyon, France: International Agency for Research on Cancer; 2010.
globocan.iarc.fr. Site consulté le 5 octobre 2010.
2. Detailed Guide: What are the key statistics about cervical cancer? Site
web de American Cancer Society. www.cancer.org/Cancer/CervicalCancer/Detailedguide/cervical-cancer-key-statistics. Révisé le 16 décembre 2010. Site consulté le 31 janvier 2011.
3. Cervical Cancer UK Mortality Statistics. Site web de Cancer Research
UK. info.cancerresearchuk.org/cancerstats/types/cervix/mortality/. Site
consulté le 23 novembre 2010.
4. Projections of mortality and burden of disease, 2004-2030. Site web de
l’Organisation mondiale de la Santé. www.who.int/healthinfo/global_burden_disease/projections/en/index.html. Site consulté le 23 novembre
2010.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
6
CHAPITRE 2
Dépistage et traitement précoce
C
es 10 dernières années, notre connaissance, nos
outils et notre capacité de dépistage et de traitement des lésions précancéreuses du col utérin ont changé
du tout au tout. Le test de Papanicolaou, souvent appelé
frottis ou frottis vaginal, était jusque-là, partout dans le
monde, l’étalon du dépistage du cancer du col utérin. La
stratégie s’est révélée efficace dans les contextes à revenu
élevé, en dépit de sa capacité sous-optimale d’identification
correcte des femmes présentant des lésions précancéreuses.
La fréquence du test, de solides systèmes de rappel des
femmes dont les résultats sont anormaux et de hauts taux de
suivi parmi les femmes appelées à revenir à la clinique pour
traitement compensent cette faiblesse.
Dans les contextes à revenu faible et intermédiaire
toutefois, le test de Papanicolaou s’est avéré moins idéal
encore, en ce que la confluence de son faible taux de performance, de systèmes de rappel limités, de son coût et de
la difficulté que pose pour beaucoup la nécessité de visites
répétées entrave le dépistage depuis des décennies. De
nouvelles approches ouvrent aujourd’hui une percée pour la
prévention du cancer du col utérin dans tous les contextes,
indépendamment des ressources. Pendant plusieurs années
encore, l’introduction de nouvelles méthodes efficaces de
dépistage et de traitement précoce restera la condition principale d’une moindre souffrance et mortalité, car l’impact
de la vaccination anti-HPV ne sera pas immédiat.
PROFIL DE CHAMPION
ERICK ALVAREZ-RODAS, MD
DIRECTEUR, PROGRAMME NATIONAL DE PRÉVENTION
DU CANCER DU COL UTÉRIN, GUATEMALA
Véritable inspiration pour tous ceux et
celles qui le côtoient, le docteur Erick Alvarez-Rodas a voué sa carrière à l’amélioration
de la santé des femmes de son Guatemala
natal. Obstétricien/gynécologue oncologue,
chirurgien et activiste engagé, M. AlvarezRodas travaille sans relâche à l’amélioration
de la qualité et de la portée du programme de prévention du
cancer du col utérin de son pays. Directeur médical du Centre
de prévention et soins du cancer de Guatemala ville, il est aussi
directeur du programme national de prévention du cancer du col
utérin au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux. À
la tête de l’effort de prévention du Guatemala, le docteur Alvarez
a cherché à atteindre par des méthodes non conventionnelles les
femmes des communautés indigènes isolées où les taux de cancer
du col sont extraordinairement élevés. Il a à son crédit la portée
du cancer du col utérin au rang de priorité nationale, l’introduction
de l’inspection visuelle avec acide acétique (IVA) et l’expansion
de la cryothérapie, ainsi que l’amélioration de la formation de la
prochaine génération de cliniciens par le biais de programmes
pédagogiques innovants et l’agrégation de colposcopistes à tous
les niveaux du système de santé national du Guatemala.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
7
Comme indiqué aux figures 2.1 et 2.2, d’importantes
nouvelles méthodes et approches du dépistage font leur
apparition dans les pays à revenu élevé, intermédiaire et
faible. Le test de Papanicolaou sera vraisemblablement
complété ou même remplacé à mesure de la disponibilité
de deux nouvelles méthodes : l’une tenant compte des
difficultés techniques et logistiques mentionnées plus haut
et l’autre, un test hautement sensible et objectif de détection
du virus HPV, permettant un moindre délai d’identification
et de traitement des lésions précancéreuses. Toutes deux
offrent un potentiel d’amélioration significative de la portée
et du succès des programmes de prévention.
« PLUS DE 50 PAYS À REVENU FAIBLE ONT À CE
JOUR INTRODUIT L’IVA À L’ÉCHELLE NATIONALE
OU D’UN ESSAI PILOTE. »
APPROCHE IVA ET « DÉPISTAGE-TR AITEMENT »
La recherche internationale, les programmes pilotes et
d’intéressants partenariats entre le secteur public et privé
dans les contextes à faible revenu ont établi une solide base
factuelle et de nouveaux outils qui changent désormais le
paradigme du dépistage. Guidées principalement par les
efforts de recherche de l’ACCP, de nouvelles approches ont
été mises au point pour relever les défis programmatiques
souvent rencontrés dans les pays en développement, tout en
apportant aux femmes des soins de haute qualité. L’ACCP
et d’autres partenaires ont démontré que l’inspection
visuelle du col après application d’acide acétique (IVA)
ou de soluté de Lugol (IVL) présente une efficacité
égale ou supérieure à celle du test de Papanicolaou dans
l’identification des femmes atteintes de lésions précancéreuses. Cette méthode technologiquement simple peut
être pratiquée par un personnel sanitaire de niveau intermédiaire. La cryothérapie peut être offerte pour le traitement
des lésions précancéreuses le même jour ou très peu de
temps après le dépistage, sans exiger d’étape de confirmation diagnostique complémentaire. L’innocuité, l’efficacité
et la pertinence de cette approche ont été établies dans les
communautés les plus difficiles d’accès, en ce qu’elle allège
en particulier considérablement la charge de visites répétées
pour les femmes éloignées des services de santé. En comprimant la prévention du cancer du col utérin en un nombre
de visites aussi réduit que possible, on renforce l’impact du
programme par amoindrissement de la probabilité de perte
des femmes au suivi.
Plusieurs ONG internationales ont joué un rôle capital
dans l’établissement de programmes pilotes et l’apport
d’assistance technique aux gouvernements, qui incluent de
plus en plus l’approche de l’IVA et du dépistage-traitement
dans leurs normes et programmes nationaux. Plus de 50
pays à revenu faible ont à ce jour introduit l’IVA à l’échelle
nationale ou d’un essai pilote. La Thaïlande est le premier
État à avoir adopté l’IVA dans tout le pays. Vingt-trois pays
ont ajouté l’IVA à leurs normes nationales et introduit la
méthode dans les régions où les services de dépistage étaient
auparavant absents. Vingt-neuf ont entrepris des programmes d’IVA pilotes. Dans les pays tels que le Vietnam,
où l’IVA n’est pas encore incluse dans les normes nationales,
elle est cependant proposée par des ONG partenaires
dans de nombreuses régions. Dans beaucoup des pays
mis en évidence à la figure 2.1, l’introduction initiale des
méthodes de dépistage s’est accompagnée d’efforts cruciaux
de sensibilisation des communautés au cancer du col utérin
et d’amélioration des mécanismes de suivi et d’orientation
Photo: PATH/Wendy Stone
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8
2.1
INTRODUCTION DE L’INSPECTION VISUELLE (IVA) POUR LE DÉPISTAGE DU CANCER DU COL UTÉRIN
STATUS: OCTOBRE 2012
PROGRAMMES NATIONAUX : INSPECTION VISUELLE INCLUSE DANS ES NORMES DE DÉPISTAGE
NATIONALES ET DISPONIBLE SUR BASE LIMITÉE OU UNIVERSELLE DANS LE SECTEUR PUBLIC.
PROGRAMMES PILOTES : INSPECTION VISUELLE DISPONIBLE DANS LE ADRE DE PROJETS PILOTES
OU DE DÉMONSTRATION ORGANISÉS PAR LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ OU LES ONG PARTENAIRES.
PAS DE PROGRAMME IVA.
L’information présentée ici est le produit
d’entretiens avec des personnes et des
organisations impliquées dans les pays
représentés, sans vérification auprès des ministères
de la Santé individuels. Toute omission ou
imprécision serait involontaire.
PROGRAMMES NATIONAUX
PROGRAMMES PILOTES
Bangladesh
Mozambique
Afrique du Sud
Madagascar
Bolivie
Nicaragua
Angola
Mali
Cambodge
Ouganda
Bangladesh
Myanmar
Chine
Panama
Botswana
Namibie
Colombie
Paraguay
Burkina Faso
Népal
El Salvador
Pérou
Cameroun
Nigeria
Guatemala Philippines
Côte d’Ivoire
Rép. du Congo
Guyana
Rwanda
Éthiopie
Rwanda
Indonésie
Suriname
Ghana
Sainte-Lucie
Kenya
Tanzanie
Grenade
Soudan (Nord)
Malawi Thaïlande
Guinée
Tanzanie
Maroc
Vietnam
Haïti
Turquie
Honduras
Vanuatu
Inde
Zambie
SOURCES
Lesotho
• Communication de Cervical Cancer Action avec PATH (septembre 2012), Jhpiego (septembre 2012), Australian Cervical Cancer Foundation (novembre 2010), Grounds for
Health (octobre 2010), Basic Health International (octobre 2010) et Pan American Health Organization (septembre 2012).
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
9
« CES 10 PROCHAINES ANNÉES, L’INTRODUCTION
DE NOUVELLES MÉTHODES EFFICACES DE
DÉPISTAGE ET DE TRAITEMENT PRÉCOCE
RESTERA LA CONDITION PRINCIPALE D’UNE
MOINDRE SOUFFRANCE ET MORTALITÉ. »
des femmes qui nécessitent des soins de cancer plus
avancés. Facteurs de changement, les stratégies basées sur
l’inspection visuelle offrent une solution viable aux communautés qui ne proposaient jusque-là aucune option.
Photo: PATH/Mike Wang
TEST ADN HPV
Le test ADN HPV offre une nouvelle approche moléculaire de dépistage qui détecte la présence des types HPV
oncogènes. Cette approche convient le mieux aux femmes
âgées de plus de 30 ans, lorsqu’une infection persistante
constitue un facteur de risque important de précancer ou
cancer du col. De plus en plus répandues dans les contextes
à revenu élevé, les plateformes ADN HPV actuelles
conviennent aux régions dotées d’une infrastructure de
laboratoire développée. À l’image du test de Papanicolaou,
un échantillon cervical est prélevé lors d’un examen
clinique (ou par autoprélèvement) et soumis au traitement d’un laboratoire. Dans les contextes qui peuvent se
permettre l’introduction du test ADN HPV, cette puissante
méthode de dépistage s’est avérée significativement plus
apte à identifier les cas positifs que le test de Papanicolaou
ou l’inspection visuelle. Elle permet un traitement plus
précoce et plus efficace et donne lieu, par conséquent, à de
moindres taux de cancer et de mortalité1. Cela sans compter
la possibilité de réduire aussi le nombre d’interventions de
dépistage requises durant la vie de la femme.
Comme indiqué à la figure 2.2, les États-Unis et le
Mexique ont inclus le test ADN HPV dans leurs normes
nationales et le rendent largement disponible. Les ÉtatsUnis sont le premier pays à avoir introduit le test comme
protocole de dépistage primaire, en combinaison avec le
EN VEDETTE
CAREHPV™ ET L’AUTOPRÉLÈVEMENT :
RUPTURE DE PARADIGME
Dans certains contextes à faibles ressources, les longs délais
d’attente dans les cliniques ou la gêne des patientes face à
des prestataires de sexe masculin peuvent mettre les femmes
mal à l’aise et limiter leur observance du régime de dépistage
recommandé. Les études de terrain actuelles relatives à
l’introduction du test careHPV cherchent à établir l’efficacité
de l’autoprélèvement associé au test ADN HPV. Les études
comparatives d’échantillons prélevés par des médecins
par rapport à ceux prélevés par les femmes elles-mêmes
n’observent qu’une faible baisse de performance du côté des
autoprélèvements. Si la réponse des femmes et des prestataires
reste positive, la solution de l’autoprélèvement pourrait s’avérer
efficace et rentable pour l’avenir, en ce qu’elle encourage plus de
femmes à se soumettre au dépistage et qu’elle réduit la pression
de ce dépistage sur des systèmes de santé déjà surchargés.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
10
2.2
INTRODUCTION DU TEST ADN HPV POUR LE DÉPISTAGE DU CANCER DU COL UTÉRIN
STATUS: OCTOBRE 2012
PROGRAMMES NATIONAUX : ADN HPV INCLUS DANS LES NORMES DE DÉPISTAGE
NATIONALES ET DISPONIBLE SUR BASE LIMITÉE OU UNIVERSELLE DANS LE SECTEUR PUBLIC.
PROGRAMMES PILOTES : ADN HPV DISPONIBLE DANS LE CADRE DE PROJETS PILOTES OU DE
DÉMONSTRATION ORGANISÉS PAR LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ OU LES ONG PARTENAIRES.
PAS DE PROGRAMME DE TEST ADN HPV.
L’information présentée ici est le produit
d’entretiens avec des personnes et des
organisations impliquées dans les pays
représentés, sans vérification auprès des ministères
de la Santé individuels. Toute omission ou
imprécision serait involontaire.
PROGRAMMES NATIONAUX
Mexique
États-Unis
PROGRAMMES PILOTES
Allemagne
Nicaragua
Chine
Ouganda
Colombie
Paraguay
El Salvador
Pérou
Espagne
Rép. de Géorgie
Inde
Rwanda
Italie
« LE MEXIQUE EST LE PREMIER PAYS D’AMÉRIQUE
LATINE À AVOIR INTRODUIT LE TEST ADN HPV DANS
SOURCES
SON PROGRAMME DE DÉPISTAGE NATIONAL. »
• Communication de Cervical Cancer Action avec PATH
(septembre 2012), Pan American Health Organization
(septembre 2012), et QIAGEN (septembre 2012).
Photo: PATH/Mike Wang
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
11
2.3
RICHESSE, COUVERTURE DU DÉPISTAGE ET MORTALITÉ
ÉCHANTILLON DE PAYS À RAPPORTS DE DÉPISTAGE SUR 3 ANS
Les pays à revenu élevé présentent les plus
hauts taux de dépistage et les plus faibles
TAUX DE DÉPISTAGE (%)
80
taux de mortalité imputable au cancer du col
70
utérin, tandis que les pays à revenu faible à
60
taux de dépistage significativement inférieurs et
intermédiaire se caractérisent toujours par des
de hauts taux de mortalité.
50
REVENU NATIONAL BRUT PAR HABITANT
$12,196 ET PLUS
$3,946–$12,195
$996–$3,945
$996 ET MOINS
40
30
20
10
4
8
12
16
20
24
28
32
36
40
TAUX DE MORTALITÉ NORMALISÉ EN FONCTION DE L’ÂGE
SOURCES
• Information Centre on HPV and Cervical Cancer. Geneva: Organisation mondiale de la Santé/Institut Català d’Oncologia; 2007. apps.who.int/hpvcentre/statistics/dynamic/
ico/SummaryReportsSelect.cfm. Site consulté le 16 octobre 2010.
• GNI per capita, PPP (current international $). Site web de la Banque Mondiale. data.worldbank.org/indicator/NY.GNP.PCAP.PP.CD. Site consulté le 4 décembre 2010.
• Ferlay J, Shin HR, Bray F, Forman D, Mathers C, Parkin DM. GLOBOCAN 2008, Cancer Incidence and Mortality Worldwide: IARC CancerBase No. 10. Lyon, France: International Agency for Research on Cancer; 2010. globocan.iarc.fr. Site consulté le 5 octobre 2010.
test de Papanicolaou. L’Italie et l’Espagne l’ont aussi ajouté
à leurs normes nationales, le rendant disponible à titre
d’essai dans certaines communautés et provinces cibles.
Plus d’une douzaine d’autres pays européens ont du reste
entrepris l’analyse de coût et d’impact opérationnel d’un
passage intégral au test ADN HPV dans leur programme
de dépistage national. Plusieurs proposeront vraisemblablement la méthode en tant que test de dépistage primaire
dans les prochaines années.
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, l’adoption
du test ADN HPV s’est révélée plus lente et plus complexe. Le coût des tests actuels, outre les investissements
d’infrastructure nécessaires à l’amélioration des systèmes
de traitement et de rapport, est prohibitif. Sachant
toutefois que l’effort finira par porter ses fruits, en termes
d’économies financières et de réduction de la souffrance,
le Mexique est le premier pays d’Amérique latine à avoir
introduit le test ADN HPV dans son programme de
dépistage national.
L’intérêt et l’enthousiasme sont considérables aussi
parmi les gouvernements d’autres pays à revenu faible et
intermédiaire. Beaucoup attendent cependant l’arrivée
d’une nouvelle plateforme prometteuse, qui devrait rendre
la technologie viable jusque dans les contextes à faibles
ressources. Développé sur la base du test ADN HPV
existant mais adapté aux régions limitées à une infrastructure de laboratoire minimale, le test careHPV est né d’un
partenariat public-privé entre l’organisation PATH et l’un
des principaux fabricants du test ADN HPV. Actuellement
en dernière phase de recherche opérationnelle, careHPV
offre le potentiel d’un dépistage et traitement du même jour
adaptés aux contextes à faibles ressources. Dans l’attente de
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
12
sa prochaine introduction sur le marché, il existe un besoin
grandissant de guidance et d’assistance technique aux pays
intéressés par l’introduction de cette technologie au niveau
national.
DISPONIBILITÉ DE TR AITEMENT
Indépendamment de la méthode de dépistage, aucun programme de prévention du cancer du col utérin ne peut être
efficace en l’absence d’une offre de traitement aux femmes
atteintes de lésions précancéreuses et d’orientation vers un
traitement de plus haut niveau pour celles dont le cancer
est plus avancé. Aujourd’hui encore, l’accès au traitement
précoce demeure le tendon d’Achille des programmes de
prévention. Heureusement pourtant, certains pays à revenu
faible et intermédiaire commencent à faire appel à une
assistance internationale en vue d’améliorer leur approche.
Depuis quelques années, les États et leurs partenaires non
gouvernementaux cherchent à améliorer leurs équipements
de cryothérapie, former leurs prestataires à la technique et
mettre en place des systèmes durables.
Le traitement du cancer dans le cadre des systèmes de
santé des pays en développement demeure tragiquement
faible. Rares sont les pays à revenu intermédiaire et plus
rares encore ceux à revenu faible qui disposent des ressources nécessaires au traitement des femmes atteintes d’un
cancer du col utérin invasif ou à la gestion de la terrible
douleur dont souffrent ses victimes.
Un investissement beaucoup plus intense est requis de
toute urgence dans les systèmes de dépistage et de traitement. À l’heure actuelle, l’élargissement des programmes ne
bénéficie de l’appui financier d’aucun donateur international
dans les pays les plus démunis. Le défi de l’infrastructure,
de la formation des prestataires et de l’acquisition des
équipements nécessaires continuent d’opprimer les gouvernements qui ne connaissent déjà que trop bien les ravages de
la maladie.
1. Sankaranarayanan R, Nene BM, Shastri SS, et al. HPV Screening for
Cervical Cancer in Rural India. N Engl J Med. Apr 2 2009;360(14):
1385-1394.
EN VEDETTE
LES DONNÉES APPUIENT LE RECOURS À LA CRYOTHÉRAPIE
Il est crucial d’assurer aux femmes qui présentent des résultats de dépistage anormaux un accès à un traitement précoce efficace,
abordable et sans risques si l’on veut sauver des vies et produire un impact sur les taux de cancer du col utérin. Le manque de médecins
qualifiés et l’accès insuffisant à des installations chirurgicales adéquates restent les obstacles fondamentaux au traitement dans les pays
à revenu faible et intermédiaire. La méthode de la cryothérapie, dans laquelle un gaz comprimé détruit les cellules cervicales anormales
par le froid, offre une solution qui a fait ses preuves. Pratiquée en consultation externe sans hospitalisation, la procédure ne requiert
ni électricité, ni infrastructure médicale sophistiquée. Elle peut être pratiquée en toute innocuité par des prestataires formés mais non
médecins.
En Asie et en Afrique, la recherche a démontré la faisabilité et l’efficacité de la cryothérapie pour la prévention et le traitement du
cancer du col utérin dans les contextes à faibles ressources, en combinaison notamment avec l’IVA ou IVL selon l’approche de «
dépistage-traitement ». Pour introduire la méthode avec succès dans leur système de santé, de nombreux pays devront résoudre,
notamment, le problème logistique d’un approvisionnement en gaz local fiable. Ils devront aussi réviser leurs directives de pratique de
manière à faire passer les tâches de traitement aux prestataires non-médecins et à former ces prestataires conformément aux directives
normalisées pour assurer des soins de qualité. L’OMS et ses partenaires ont entrepris l’élaboration d’un nouveau guide de spécifications
techniques et recommandations cliniques.
SOURCES
• JHPIEGO. Glossary of Cervical Cancer Terms. Site web de Reading Room. www.reproline.jhu.edu/english/6read/6gloss/glosscc.htm. Site consulté le 29 novembre 2010.
• Jacob M, Broekhuizen FF, Castro W, Sellors J. Experience using cryotherapy for treatment of cervical precancerous lesions in low-resource settings. Int J Gynaecol Obstet.
May 2005;89(suppl 2):S13-20.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
13
CHAPITRE 3
Prévention de l’infection à HPV
L
e dépistage et le traitement précoce servent à identifier
et traiter les lésions précancéreuses après une infection
persistante. Récemment mise au point, la vaccination antiHPV permet cependant de prévenir l’infection aux deux
génotypes HPV oncogènes les plus courants. Le vaccin
offre une efficacité optimale si la fille le reçoit avant toute
infection HPV, la première infection survenant souvent peu
après le début de l’activité sexuelle.
Depuis 2006, l’offre de la vaccination anti-HPV se
répand dans de nombreux pays, à travers les programmes
d’immunisation organisés par l’État ou, pour celles qui
peuvent se le permettre, dans le secteur privé. Par son
ciblage efficace des deux génotypes HPV oncogènes les plus
courants (16 et 18), la vaccination anti-HPV offre (pourvu
qu’elle soit introduite avec succès) un potentiel d’allègement
spectaculaire de la charge future du cancer du col utérin.
Étant donné la lente évolution cancéreuse de l’infection, il
faudra attendre de nombreuses années pour que deviennent
apparentes les réductions de la maladie évitable par la vaccination. En Australie, toutefois, une récente réduction des
verrues génitales chez les femmes donne un premier indice
du succès du vaccin quadrivalent (qui protège aussi contre
les génotypes HPV 6 et 11, responsables de ces verrues)
contre l’infection à HPV1. Le suivi post-introduction a
démontré l’excellent profil d’innocuité de la vaccination
anti-HPV2.
L’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le RoyaumeUni et les États-Unis comptent au nombre des premiers
pays à avoir introduit la vaccination anti-HPV en 2007
et début 2008. Reconnaissant le potentiel du vaccin
à alléger la charge de santé publique et financière des
programmes nationaux de prévention et de traitement du
cancer, beaucoup d’autres pays à revenu élevé n’ont pas
tardé à l’adopter aussi. Dans certains, dont l’Australie, le
Canada, le Danemark, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas
et le Royaume-Uni, les premières initiatives de vaccination
se sont accompagnées d’un effort de rattrapage dans le
but d’atteindre le nombre maximum de filles et de jeunes
femmes susceptibles d’en bénéficier. Malgré leurs solides
programmes de dépistage et de traitement précoce, unis à
une mortalité relativement faible du cancer du col utérin, le
nombre de pays à revenu élevé qui choisissent d’établir un
programme de vaccination anti-HPV continue de croître.
Par la vaccination, ces pays espèrent réduire davantage la
mortalité et minimiser la morbidité et les coûts associés
au traitement. En septembre 2012, on dénombrait ainsi à
l’échelle mondiale 51 programmes nationaux de vaccination
anti-HPV organisés par le secteur public et 26 programmes
pilotes.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
14
Le plus grand impact de santé publique de la vaccination
anti-HPV se fera sentir dans les pays à revenu faible et
intermédiaire où de grandes parties de la population n’ont
guère ou pas accès au dépistage précoce et au traitement des
lésions précancéreuses, et où le traitement du cancer et les
soins palliatifs restent insuffisants. Parmi les pays à revenu
intermédiaire, le Mexique est l’un des premiers à avoir
introduit un programme public de vaccination anti-HPV.
En 2008, le pays a entrepris un programme pilote ciblant
les filles des 125 municipalités (représentant 10% des
municipalités mexicaines) aux indices de développement
humain les plus faibles. En 2008 aussi, le Panama est
devenu le premier pays à revenu intermédiaire à offrir
l’accès universel à la vaccination anti-HPV. Le Pérou
entend en faire autant en 2011. La récente disponibilité
de vaccins anti-HPV à travers le Fonds renouvelable PIE
de l’Organisation panaméricaine de la santé donnera aux
gouvernements participants d’Amérique latine et des
Caraïbes un accès à la vaccination à prix significativement
réduits. Le coût des vaccins dans les pays à revenu élevé
est en effet largement inabordable pour les pays à revenu
faible et intermédiaire. Cette baisse de prix devrait accélérer
l’allure à laquelle les gouvernements des Amériques pourront introduire la vaccination et favoriser par conséquent de
nouvelles réductions de prix pour l’avenir.
EN VEDETTE
L’ALLIANCE GAVI AU SOUTIEN DE LA VACCINATION
ANTI-HPV DANS LES PAYS À REVENU FAIBLE
Plus de la moitié de la charge mondiale du cancer du col utérin
En collaboration avec les fabricants de vaccins, GAVI cherche
affecte les pays admis à bénéficier de l’assistance de l’Alliance
à définir des stratégies de réduction du prix de la vaccination
GAVI, laquelle commencera à offrir la vaccination anti- HPV en
anti-HPV, pour la rendre abordable et durable dans les pays
2013. Visant l’objectif de 10 millions de filles vaccinées d’ici 2025,
plus démunis. En 2011, un fabricant a proposé pour les pays
GAVI travaille en collaboration étroite avec les gouvernements et
soutenus par GAVI un prix indicatif de USD 5 par dose. GAVI et
avec la société civile pour introduire la vaccination anti-HPV dans
ses partenaires s’efforcent d’obtenir une nouvelle réduction dans
tous les pays du monde en développement.
le contexte de la soumission. Un prix sera annoncé vers la fin de
cette année. Selon la politique de cofinancement de l’Alliance
Deux filières d’assistance GAVI à la vaccination anti-HPV sont
GAVI, les pays à revenu faible admis pour l’introduction nationale
proposées. Les pays qui atteignent le seuil d’admissibilité de
ne paieront qu’une quote-part de 20 cents la dose, soit une
GAVI (revenu faible et couverture DTP3 de 70%) et qui ont
fraction du prix réel du vaccin.
démontré leur capacité d’atteindre les adolescentes pour les
vaccins anti-HPV et autres vaccins multidoses, peuvent soumettre
La décision prise par GAVI de s’attaquer au fardeau du cancer du
une demande d’introduction nationale subventionnée par GAVI.
col utérin dans les pays qui en ont le plus besoin accélérera l’accès
Les pays admis dont l’expérience est encore insuffisante pour
à la vaccination anti-HPV et aidera à protéger les générations
atteindre ces filles peuvent introduire une demande de vaccins
féminines à venir d’un cancer évitable.
et d’assistance à la conduite d’un projet de démonstration à
moindre échelle. Ce programme de démonstration donne à ces
pays l’occasion d’« apprendre par la pratique » et d’acquérir
ainsi l’expérience requise pour la soumission d’une demande de
déploiement national du vaccin.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
15
3.1
INTRODUCTION DE LA VACCINATION ANTI-HPV
STATUS: OCTOBRE 2012
PROGRAMMES NATIONAUX : VACCINATION ANTI-HPV INCLUSE DANS LES NORMES
NATIONALES ET DISPONIBLE SUR BASE LIMITÉE OU UNIVERSELLE DANS LE SECTEUR PUBLIC.
PROGRAMMES PILOTES : VACCINATION ANTI-HPV DISPONIBLE DANS LE CADRE DE PROJETS PILOTES
OU DE DÉMONSTRATION ORGANISÉS PAR LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ OU LES ONG PARTENAIRES.
PAS DE PROGRAMME DE VACCINATION ANTI-HPV.
PROGRAMMES NATIONAUX
L’information présentée ici est le produit
d’entretiens avec des personnes et des
organisations impliquées dans les pays
représentés, sans vérification auprès des
ministères de la Santé individuels. Toute omission
ou imprécision serait involontaire.
PROGRAMMES PILOTES
Allemagne
Guam
Panama
Bolivie
Ouganda
Argentine
Îles Caïmans
Pays-Bas
Brésil
Ouzbékistan
Australie
Îles Cook
Pérou
Cambodge
Papouasie-Nouvelle-
Autriche
Îles Marshall
Polynésie française
Cameroun
Guinée
Belgique
Irlande
Portugal
Costa Rica
Philippines
Bermudes
Italie
Rép. de Macédoine
Ghana
Rép. de Géorgie
Bhoutan
Japon
Roumanie
Guyana
Tanzanie
Brunei
Lesotho
Royaume-Uni
Haïti
Thaïlande
Canada
Lettonie
Rwanda
Honduras
Vietnam
Colombie
Luxembourg
Saint-Marin
Inde
Commonwealth des
Malaisie
Samoa américaines
Kenya
Îles Mariannes du Nord Mexique
Singapour
Kiribati
Danemark
Micronésie
Slovénie
Mali
Espagne
Niue
Suède
Maroc
États-Unis
Norvège
Suisse
Moldavie
Fiji
Nouvelle-Calédonie
Suriname
Mongolie
France
Nouvelle-Zélande
Népal
Grèce
Palaos
Nigeria
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
16
« LES LEÇONS QUI ÉMERGENT DE CES PREMIERS
PROJETS ÉTABLISSENT UNE SOLIDE BASE
FACTUELLE EN FAVEUR DE L’INTRODUCTION
GÉNÉRALISÉE DE LA VACCINATION ANTI-HPV,
MÊME DANS LES CONTEXTES LES PLUS DIFFICILES. »
Ces six dernières années, les ministères de la Santé, la société
civile et les organisations internationales se sont efforcés de
jeter des bases propices à l’introduction future de la vaccination
anti-HPV dans les contextes à revenu faible et intermédiaire. Par
exemple, dès 2006, l’ONG internationale PATH établissait des
projets de démonstration en Inde, au Pérou, en Ouganda et au
Vietnam, afin d’évaluer l’acceptabilité de la vaccination anti-HPV
et de comparer les stratégies de prestation. Encouragés par de
premiers résultats positifs, d’autres pays en développement ont
également organisé des projets pilotes — et d’autres encore en
lanceront sous peu avec l’aide de l’Alliance GAVI.
Photo: PATH/Amynah Janmohamed
PROFIL DE PAYS
FROM EVIDENCE TO IMPACT: HPV VACCINES AND PERU
L’introduction de tout nouveau service peut poser une gageure
De 2008 à 2009, plus de 10 mille filles du Pérou ont été vaccinées
aux systèmes sanitaires. Cela en particulier dans les communautés
dans le cadre du projet, mis en œuvre sous la direction du
non encore sensibilisées au fait que le cancer du col utérin est
programme national de vaccination étendu (ESNI) du ministère
évitable. Produit d’une collaboration entre PATH et le ministère
de la Santé. Les études d’évaluation de l’essai ont permis de tirer
péruvien de la Santé (MINSA), le projet HPV Vaccines: Evidence
des leçons critiques quant à la manière d’apporter la vaccination
for Impact / Vacunas contra el VHP : Evidencias par Impacto a
anti-HPV à chaque fille, fût-ce en milieu urbain, rural ou périurbain,
entrepris de générer l’information dont les décideurs politiques
et de parler aux communautés du cancer du col utérin, de la
et les communautés doivent disposer pour opérer des choix
vaccination anti-HPV et du dépistage et traitement des femmes
éclairés concernant les stratégies de vaccination anti-HPV les
adultes. Le succès de cet effort de collaboration a donné au
plus efficaces et les plus rentables dans leurs communautés. Par
gouvernement du Pérou les données dont il avait besoin pour
exemple, vaut-il mieux vacciner dans les écoles — où les équipes
entreprendre la vaccination à l’échelle nationale en 2011 : une
sanitaires peuvent atteindre de nombreuses filles en un même
victoire pour la prévention du cancer du col utérin dans l’un des
endroit — ou inviter les parents à amener leurs filles dans une
pays d’Amérique latine les plus touchés par la maladie.
clinique où elles recevront les trois doses du vaccin ?
Un résumé [en anglais] des leçons tirées des quatre projets PATH menés sur la
question est proposé sur www.rho.org/HPV-practical-experience.htm.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
17
Ces programmes continuent à dissiper les inquiétudes
concernant l’inacceptabilité potentielle de la vaccination
aux yeux des familles ou la difficulté excessive de la prestation dans les contextes plus démunis. Bien au contraire,
la demande de la vaccination s’est avérée extraordinaire
au niveau des filles, des parents, des médecins et des
ministères de la Santé. Grâce à une bonne planification et à
d’excellents efforts de communication et de mobilisation des
communautés, les taux de couverture de la vaccination sont
élevés, atteignant généralement non moins de 80%. Mieux
encore, les initiatives d’introduction de la vaccination
anti-HPV ont pour avantage secondaire qu’elles accroissent la sensibilisation de l’opinion au cancer du col utérin
en général et la demande de dépistage parmi les femmes
adultes.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres
organismes sanitaires préconisent désormais l’introduction
de la vaccination anti-HPV dans le cadre d’une stratégie
nationale de lutte contre le cancer du col utérin dans les pays
où l’approche est faisable et rentable et où le vaccin peut être
délivré efficacement aux adolescentes.
1. Fairley CK, Hocking JS, Gurrin LC, Chen MY, Donovan B, Bradshaw CS.
Rapid decline in presentations of genital warts after the implementation
of a national quadrivalent human papillomavirus vaccination programme
for young women. Sex Transm Infect. Dec 2009;85(7):499-502.
2. Cervical Cancer Action. Issue Brief: HPV Vaccine Safety. 2010;1-5. cervicalcanceraction.org/pubs/CCA_HPV_vaccine_safety.pdf. Site consulté le
19 janvier 2011.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
18
SOURCES DE LA FIGURE 3.1
• Communication de Cervical Cancer Action avec l’OMS (octobre 2010), Axios International (octobre 2010), PATH (octobre 2010), le Australian Cervical Cancer Foundation
(novembre 2010) et communication directe avec les ministrés de la santé de Australie, Nouvelle Zélande, Danemark, Canada, le Royaume-Uni, Suède, Suisse, Allemagne, le
Pays-Bas, Slovénie, et les Etats-Unis (novembre 2010).
• Vaccine preventable diseases monitoring system. Geneva: Organisation mondiale de la Santé; 2010. apps.who.int/immunization_monitoring/en/globalsummary/ScheduleSelect.cfm. Site consulté le 19 octobre 2010.
• Organisation mondiale de la Santé. Countries Using HPV Vaccines in 2010 PowerPoint slide. En: CCA Webinars, HPV vaccination in developing countries. 21 octobre 2010.
• European Cervical Cancer Association. Vaccination Across Europe. Bruxelles; 2009: 1-16.
• Human Papillomavirus. Site web de Immunise Australia Program. www.immunise.health.gov.au/internet/immunise/publishing.nsf/Content/immunise-hpv. Site consulté le 15
décembre 2010.
• King LA, Lévy-Bruhl D, O’Flanagan D, et al. Introduction of Human Papillomavirus (HPV) Vaccination into National Immunisation Schedules in Europe: Results of the Venice
2007 Survey. Euro Surveill. 2008;13(33). ww.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=18954. Site consulté le 15 décembre 2010.
• Simoens C, Sabbe M, Van Damme P, Beutels P, Arbyn M. Introduction of Human Papillomavirus (HPV) Vaccination in Belgium, 2007-2008. Euro Surveill. 2009;14(46):1-4.
www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=19407. Site consulté le 15 décembre 2010.
• Arbyn M, Simoens C, Van Damme P, et al. Introduction of Human Papillomavirus Vaccination in Belgium, Luxembourg and the Netherlands. Gynecol Obstet Invest.
2010;70(4):224-232. content.karger.com/produktedb/produkte.asp?doi=314010. Site consulté le 15 décembre 2010.
• The FACTS on the Safety and Effectiveness of HPV Vaccine. Site web de l’Agence de santé publique du Canada. www.phac-aspc.gc.ca/std-mts/hpv-vph/fact-faits-vacc-eng.
php. Site consulté le 15 décembre 2010.
• Two More European Countries Recommend Free Human Papillomavirus Vaccination for Pre-adolescent Girls to Prevent Cervical Cancer. Site web de Medical News Today.
www.medicalnewstoday.com/articles/85624.php. Site consulté le 15 décembre 2010.
• 8000 take HPV vaccine. Site web de Fiji Times Online. www.fijitimes.com/story.aspx?id=131093. Site consulté le 15 décembre 2010.
• Opening Ceremony for the Human Papillomavirus (HPV) Vaccine Symposium. Site web du bureau du président des Îles Mariannes du Nord. www.rmigovernment.org/news_
detail.jsp?docid=244. Site consulté le 15 décembre 2010.
• Kosrae HPV Campaign. Site web de Centers for Disease Control and Prevention. www.cdc.gov/cancer/ncccp/kosrae.htm. Site consulté le 15 décembre 2010.
• New Zealand Prime Minister Announces Funding for New HPV Vaccine Program. Site web de Medical News Today. www.medicalnewstoday.com/articles/106370.php. Site
consulté le 15 décembre 2010.
• It takes Three: Huki puipui mae kenesa he halafanau. Site web du ministère de la santé de Nouvelle-Zélande: vaccin contre le cancer du col utérin. www.cervicalcancervaccine.govt.nz/webfm_send/9. Site consulté le 15 décembre 2010.
• U.S. to Fund HPV Vaccination Campaign in Micronesia Region. Site web de Medical News Today. www.medicalnewstoday.com/articles/134875.php. Site consulté le 15
décembre 2010.
• HPV Vaccines. Site web de Cancer Research UK. www.cancerhelp.org.uk/about-cancer/cancer-questions/cervical-cancer-vaccine. Site consulté le 16 décembre 2010.
• The HPV Vaccination: What Have We Learned? Site web de MD Anderson Cancer Center. www.mdanderson.org/publications/focused-on-health/issues/2010-january/hpvvaccination.html. Site consulté le 16 décembre 2010.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
19
CHAPITRE 4
Pour une réponse intégrale au cancer du col
utérin : Planifier et investir
D
e plus en plus, les gouvernements et les dirigeants
sanitaires des pays en développement reconnaissent
la charge que fait peser le cancer sur leurs communautés.
De tous les cancers, celui du col utérin demeure l’un des
plus mortels, concernant lequel on dispose pourtant des
outils qui permettraient de l’éliminer ou presque. Comme
nous l’avons souligné dans les pages qui précèdent, les
programmes efficaces sont ceux qui mettent en œuvre
un effort concerté d’amélioration de la connaissance et
d’élargissement de l’accès à des services de prévention de
haute qualité. La planification, le développement de politique et la mise en œuvre doivent être soutenus si l’on veut
renforcer ces efforts.
PROFIL DE CHAMPIONNE
JACQUELINE FIGUEROA, MD, MPH
DIRECTRICE, REGISTRE NATIONAL
DES CANCERS, HONDURAS
Médecin accomplie et championne
du registre et de la santé publique, le
docteur Jacqueline Figueroa a voué sa
PL A N I F I C AT I O N
Le cancer du col utérin est une maladie qui affecte
plusieurs aspects du système de santé. Pour mobiliser ces
éléments disparates, il faut disposer d’un plan coordonné au
niveau du pays. Il faut aussi reconnaître et établir clairement
que ce cancer doit être géré au rang de priorité nationale.
L’intégration du cancer du col utérin dans un plan national
de lutte contre le cancer, ou bien la mise au point d’une
stratégie d’approche nationale, représente une étape
importante à l’établissement d’une plateforme d’action et
d’assistance financière. Autre avantage de la planification,
elle permet de sensibiliser de nombreux intervenants à
la charge locale imposée par le cancer du col utérin, qui
peuvent ainsi établir les priorités de prévention et de lutte
en fonction de stratégies qui ont fait leurs preuves et affecter
des ressources suffisantes pour atteindre les objectifs ciblés.
carrière à l’amélioration de l’efficacité des
programmes de prévention du cancer
du col utérin et des registres locaux et
nationaux des cancers au Honduras. Outre
sa collaboration étroite avec les communautés défavorisées,
Mme Figueroa a établi avec succès le registre d’hôpital du Centro
de Cáncer Emma Romero de Callejas à Tegucigalpa et, à force
de passion et de persévérance, le Registre national des cancers
du Honduras, dont elle assume actuellement la direction. Son
immense effort a aidé à tracer un tableau plus précis de la portée
des soins du cancer du col utérin au Honduras, qui permettra aux
autorités sanitaires de planifier des interventions efficaces tirant
optimalement parti des ressources limitées du pays.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
20
Les plans programmatiques peuvent aussi définir un cadre
d’évaluation de l’efficacité des approches courantes et
encourager la réflexion sur d’autres affectations possibles
des ressources limitées.
À ce jour, peu de pays confrontés à de lourdes charges
ont défini un tel plan de lutte nationale contre le cancer ou
une stratégie d’approche nationale du cancer du col utérin.
Certains, comme la Bolivie, la Tanzanie et l’Ouganda, ont
ébauché des stratégies ciblées qui permettent le déploiement
d’efforts de lutte concentrée contre le cancer du col utérin
faute de plan national plus large contre le cancer ou de plan
d’approche des maladies non transmissibles. À mesure que
les pays adoptent la planification, l’important est qu’ils
bénéficient du soutien nécessaire à la mise au point de
stratégies réalistes qui leur permettent de réduire la charge
du cancer du col utérin de manière abordable, équitable et
rapide.
I N FO R M AT I O N SA N I TA I R E E T R E G I S T R E S D E S
C A N CE R S
La capacité du secteur public à mettre en œuvre des
stratégies d’approche efficace du cancer du col utérin est
entravée par le manque de sensibilisation à la maladie dans
les pays concernés. Les registres des cancers sont essentiels
à la compréhension de la charge représentée par la maladie,
mais ils varient largement en termes de qualité et de portée.
Bien que le plus lourd fardeau du cancer du col utérin pèse
sur l’Afrique orientale et l’Asie du Sud, ces régions ne
disposent généralement pas des ressources et des systèmes
d’information nécessaires à l’inscription des cancers dans
des registres de population. De même, rares sont les pays
qui documentent le nombre de femmes soumises aux
dépistages recommandés, et plus rares encore ceux qui
dénombrent les femmes à résultats de dépistage anormaux
4.1
qui reçoivent effectivement leurs résultats et les services de
suivi appropriés.
En l’absence d’indicateurs sanitaires et de rapports
systématiques, les planificateurs de la santé et les décideurs
politiques doivent se fier aux estimations de la charge de la
maladie et aux rapports qualitatifs des initiatives de prévention du cancer du col utérin entreprises dans le secteur
public. Comme les femmes qui meurent de ce cancer sont
souvent marginalisées, aucun effort ne doit être épargné
pour identifier celles à soigner avant que n’apparaisse le
cancer, mais il faut aussi dénombrer celles qui n’ont pas
été protégées. La collecte d’information sur le cancer du
col utérin et la conduite des programmes actuels laissent
beaucoup à désirer. L’inclusion d’indicateurs relatifs à ce
cancer dans les initiatives de recherche multinationale sur
la santé — l’enquête World Health Survey, par exemple —
pourrait avoir un impact considérable sur notre connaissance
de la maladie et notre aptitude à mesurer le succès.
CO Û T S D ’ U N E R É P O N S E I N T ÉG R A LE
À ce jour, seuls les pays riches ont réussi, dans une large
mesure, à endiguer le cancer du col utérin. Dans le passé,
le coût des systèmes de dépistage et de traitement précoce
basés sur le test de Papanicolaou mettait la prévention hors
de portée de nombreux pays. La plupart des pays à revenu
faible et intermédiaire qui ont investi dans de modestes
systèmes de dépistage de ce type n’ont pas vu leurs efforts
récompensés. L’introduction d’approches plus abordables et
plus efficaces, l’accroissement du dépistage et du traitement
précoces et la réduction des coûts de la vaccination sont
essentiels à l’élargissement de la portée et de l’impact des
investissements nationaux.
Les conclusions d’études de modélisation sophistiquées
voient dans les nouveaux outils de prévention du cancer tels
% DE LA POPULATION COUVERTE PAR LES REGISTRES DES CANCERS EN POPULATION GÉNÉRALE, PAR RÉGION
AMÉRIQUE DU NORD
EUROPE
AMÉRIQUE CENTRALE
ET DU SUD
ASIE
AFRIQUE
SOURCES
• Curado, MP. Cancer Incidence in Five Continents. Volume IX. Lyon, France: International Agency for Research on Cancer; 2008.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
21
que la vaccination anti-HPV et l’IVA de « bonnes valeurs
» pour la santé publique, en ce qu’ils apportent aux pays de
nouvelles options potentiellement rentables de conception
de stratégies de lutte localement appropriées. Ces nouveaux
outils et approches du dépistage pourraient rendre la lutte
contre le cancer du col utérin nettement plus abordable et
faire de la prévention une option enfin réaliste.
Le coût total de la mise en œuvre d’une stratégie intégrale
contre le cancer du col utérin est cependant inconnu. Pour
de nombreux pays à revenu faible, l’allocation de fonds
à la lutte contre ce cancer représente un nouveau coût à
mesurer aux besoins de santé concurrents. Faute de données concernant les coûts opérationnels de mise en œuvre,
les pays risquent de renoncer aux nouvelles approches, de
peur qu’elles ne s’avèrent guère abordables ou durables. La
communauté internationale peut aider les pays à évaluer
le coût et l’impact de leurs efforts actuels. La réorientation des ressources engagées dans les efforts vains du test
de Papanicolaou pourrait permettre la mise en œuvre de
meilleures mesures de prévention et de lutte, de manière
réaliste, abordable et durable.
BAISSE RAPIDE DES PRIX DE LA
4.2
VACCINATION ANTI-HPV
80
TR AITEMENT
32.00
60
5.00
18.95
40
20
2008
2009
2010
2011
ANNÉE
SOURCES
• 2008: Vaccines and Immunizations: CDC Vaccine Price List. Site web de Centers
for Disease Control and Prevention. www.cdc.gov/vaccines/programs/vfc/downloads/archived-pricelists/2010/11192010.htm. Site consulté le 15 décembre 2010.
• 2009-2011: PAHO EPI Revolving Fund. Communication de Cervical Cancer Action
avec Pan American Health Organization Immunization Unit (janvier 2011).
• 2011: Communiqué de presse de GAVI Alliance. GAVI welcomes lower prices for
life-saving vaccines (juin 2011).
En dépit de la démonstration factuelle de l’impact considérable que promet la vaccination anti-HPV sur la maladie
dans les pays à revenu faible et intermédiaire, son adoption
reste lente. Les questions de financement revêtent une
grande importance, digne d’attention. Ces dernières années,
les pays intéressés par l’introduction de la vaccination antiHPV ont négocié directement avec les fabricants. Or le prix
des vaccins commence à peine à baisser, cinq ans après leur
commercialisation. Une réduction de 30% a été annoncée
récemment au Canada, signe que les prix sont bel et bien
négociables1. En 2012, l’OPS a négocié, respectivement, un
prix de USD 13,48 et de USD 14,25 par dose pour le vaccin
bivalent et pour la formule quadrivalente, pour le compte
de ses États membres qui s’approvisionnent par le biais du
Fonds renouvelable PIE de l’organisation. Comme indiqué
plus haut, GAVI paiera pour sa part USD 5 ou moins par
dose.
Lorsque GAVI commencera à déployer le vaccin, 57 des
pays les plus pauvres du monde gagneront un accès abordable et durable à un outil de prévention hautement efficace.
Pour les pays à revenu intermédiaire exclus des subventions
de GAVI, toutefois, le coût risque de rester prohibitif.
Dans ces pays en particulier, des analyses économiques
de rentabilité, notamment, peuvent apporter des données
importantes à l’engagement de ressources nationales dans la
vaccination anti-HPV.
F I N A N CE M E N T D U D É PI S TAG E E T
100.59
PRIX EN USD PAR DOSE
100
F I N A N CE M E N T D E L A VACC I N AT I O N A N T I - H P V
Il ne faudrait surtout pas abandonner les programmes
nationaux de dépistage au profit du financement de la
vaccination anti-HPV. La protection des vaccins ne couvre
pas tous les génotypes HPV oncogènes et les femmes déjà
exposées au virus ne bénéficient guère de la vaccination.
Même sous haute couverture de la vaccination, le dépistage
du cancer du col utérin restera nécessaire pendant plusieurs
décennies encore. Bien que le dépistage ait été identifié
comme une « excellente valeur » de santé publique mondiale, l’élargissement de l’accès aux méthodes de dépistage
et la fourniture d’outils de traitement précoce peu onéreux
ne bénéficient guère de l’assistance des donateurs.
Même si les approches telles que l’IVA sont moins
intensives en ressources, l’apport de services de dépistage
et de traitement efficaces exige de la part de chaque pays
un investissement au soutien du personnel, de la formation
et d’un processus d’orientation bien agencé. PEDFAR fait
exception, par son engagement à apporter au cours des cinq
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
22
prochaines années USD 30 millions à la prévention du
cancer du col utérin chez les femmes séropositives à VIH,
à travers l’initiative Pink Ribbon Red Ribbon (PRRR).
Ce partenariat public-privé associe le Département d’État
américain, le George W. Bush Institute, l’organisation
Susan G. Komen for the Cure et le Programme commun
des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA/
UNAIDS). L’initiative PRRR vise les cancers du sein et du
col utérin en Afrique subsaharienne et en Amérique latine.
I N V E S T I SS E M E N T M O N D I A L P O U R L A
PR É V E N T I O N D U C A N C E R D U CO L U T É R I N
Dans les pays à revenu élevé, les soins de santé ordinaires
des femmes incluent la prévention du cancer du col utérin.
Dans les pays en développement, les services de santé
féminine existent rarement au-delà de la planification
familiale et des soins de maternité. À travers leurs initiatives pilotes et d’introduction nationale ciblée, les pays
en développement manifestent leur intérêt à l’égard des
nouveaux outils de prévention du cancer du col utérin.
L’engagement de la communauté mondiale au soutien d’une
mise en œuvre en population générale se fait cependant
attendre. L’investissement des donateurs et l’assistance
technique doivent s’intensifier pour porter les efforts actuels
au-delà de l’échelle pilote et assurer l’accessibilité dans les
zones lourdement affligées.
Le cancer du col utérin porte aux femmes, aux familles
et aux communautés une atteinte sociale et économique
tragique et injustifiable — et qui s’aggravera, faute d’action
concertée, durant les décennies à venir. Le développement
d’un axe de prévention abordable et qui a fait ses preuves
présente à la communauté mondiale de la santé une occasion
unique de réduire spectaculairement le fardeau et de tenir sa
promesse de protection de la santé des femmes tout au long
de leur vie.
PROFIL DE PAYS
PLANIFICATION DU SUCCÈS AU BANGLADESH
Les plans cancer nationaux définissent d’importants cadres qui
Il vise à améliorer l’accès aux services de prévention, de
permettent aux pays de clarifier leurs priorités et de mobiliser les
traitement et de soins, tout en encourageant la coordination
ressources humaines, politiques et financières qui leur permettent
de la planification et l’intégration des ressources destinées aux
d’atteindre leurs objectifs. Même dans le monde développé,
activités de lutte contre le cancer. Parmi les principaux objectifs
étonnamment peu de pays disposent de plans cancer nationaux
du plan : assurer le diagnostic clinique et le traitement précoce du
opérationnels dotés des fonds nécessaires.
cancer du col utérin, à travers l’amélioration des programmes de
dépistage, le renforcement des capacités de laboratoire et des
Le Bangladesh fait depuis peu exception à la règle. Né d’un
services de traitement précoce de qualité au niveau du district.
processus consultatif ayant engagé d’importantes parties
prenantes au développement de priorités et de stratégies
La mise en œuvre d’un plan composé d’interventions basées
nationales contre le cancer, son « National Cancer Control
sur les faits, avec des objectifs bien définis et un solide système
Strategy and Plan of Action, 2009-2015 » remonte à 2008. Ce
de suivi, permettra au gouvernement bangladais d’atteindre de
plan définit les efforts actuels du ministère de la Santé et de
meilleurs résultats, au profit du plus grand nombre, dans sa lutte
ses partenaires pour réduire l’impact du cancer du col utérin,
contre le cancer du col utérin.
dont on estime le nombre annuel de victimes à plus de 10 mille
Bangladaises.
SOURCES
• Organisation mondiale de la Santé. National Cancer Control Programmes: Policies and Managerial Guidelines. 2nd ed. Geneva: Organisation mondiale de la Santé; 2002.
• WHO/ICO Information Centre on HPV and Cervical Cancer. Human Papillomavirus and Related Cancers in Bangladesh. Summary Report 2010. Geneva: Organisation
mondiale de la Santé; 2010. www.who.int/hpvcentre. Site consulté le 31 janvier 2011.
• Line Director, Non Communicable Diseases and Other Public Health Interventions. National Cancer Control Strategy Plan of Action, 2009-2015. Dhaka, Bangladesh:
Directorate General of Health Services, Ministry of Health and Family Welfare; 2008.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
23
4.3
CHARGE DE LA MALADIE ET INVESTISSEMENT : CANCER DU COL UTÉRIN ET
COMPLICATIONS DE LA GROSSESSE (MORTALITÉ MATERNELLE)
COMPLICATIONS DE LA GROSSESSE
CANCER DU COL
(MORTALITÉ MATERNELLE)
M O R TA L I T É A N N U E L L E
273.500
femmes
275.000
femmes
MEURENT CHAQUE ANNÉE
T E N DA N C E S D E L A M O R TA L I T É
P R I O R I T É D ’O B J E C T I F D U M I L L É N A I R E
P O U R L E D É V E L O P P E M E N T ( O M D) ?
MEURENT CHAQUE ANNÉE
34%
45%
MORTALITÉ EN BAISSE
IMORTALITÉ EN HAUSSE
1990-2008
1990-2008
OUI
NON
(OMD 5 — AMÉLIORER LA SANTÉ MATERNELLE EN RÉDUISANT LES COMPLICATIONS
LIÉES À LA GROSSESSE)
I N V E S T I S S E M E N T A N N U E L AC T U E L
DA N S L E M O N D E E N D É V E LO P P E M E N T
USD 12
milliards
???
CHIFFRE EXACT INCONNU
VULNÉRABILITÉ DES FEMMES À DIFFÉRENTS MOMENTS DE LEUR VIE
Ces dernières années, d’impressionnants progrès ont été réalisés dans la
Le succès remporté dans la lutte contre la
lutte contre la mortalité liée aux complications de la grossesse (mortalité
mortalité maternelle laisse espérer que, sous
maternelle) dans les pays en développement. Il s’agit là du résultat d’un
investissement comparable, ces mêmes mères
investissement significatif dans les pratiques optimales basées sur les faits
sauvées durant la grossesse seront aussi protégées
et dans un suivi d’impact rigoureux, produit, notamment, d’une volonté de
10 ou 20 plus tard face à la menace du cancer du
réalisation du cinquième Objectif du millénaire pour le développement.
col utérin.
SOURCES
• Maternal deaths worldwide drop by third. Site web de l’Organisation mondiale de la Santé centre des médias. www.who.int/mediacentre/news/releases/2010/maternal_
mortality_20100915/en/index.html. septembre 15, 2010. Site consulté le 20 décembre 2010.
• Ferlay J, Shin HR, Bray F, Forman D, Mathers C, Parkin DM. GLOBOCAN 2008, Cancer Incidence and Mortality Worldwide: IARC CancerBase No. 10. Lyon, France: International Agency for Research on Cancer; 2010. globocan.iarc.fr. Site consulté le 5 octobre 2010.
• Pistani P, Parkin DM, Bray F, Ferlay J. Estimates of the worldwide mortality from 25 cancers in 1990. Int J Cancer. Sept 1999;83(1):18-29.
• Singh S, Darroch JE, Ashford LS, Vlassoff M. Adding It Up: The Costs and Benefits of Investing in Family Planning and Maternal and Newborn Health. New York, NY: Guttmacher Institute and United Nations Population Fund; 2009.
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
24
Conclusion
C
omme l’illustre ce rapport, ces 10 dernières années
ont été le témoin d’un changement extraordinaire
sur le plan de la prévention du cancer du col utérin. Voici
10 ans, la connaissance et les outils d’une approche efficace
dans les contextes à faibles ressources n’étaient encore ni
développés, ni validés. Les médecins, les planificateurs et
les décideurs politiques des pays en développement étaient
bien conscients des ravages causés par la maladie, mais le
seul instrument de prévention à leur disposition — le test
de Papanicolaou — leur était, sauf dans certains contextes,
pratiquement inutile. Grâce à de remarquables percées de la
science, à la recherche stratégique de terrain et aux efforts
inlassables des gouvernements et de leurs partenaires, une
nouvelle réalité émerge aujourd’hui.
De nouvelles approches plus efficaces de la prévention et
du traitement font leurs débuts en de nombreux endroits.
Dans les contextes à ressources faibles aussi bien qu’élevées,
les femmes, les filles et les communautés sont sensibilisées
davantage au cancer du col utérin et, par conséquent, plus
susceptibles de recourir aux services de prévention. Grâce
à ces premiers résultats positifs, nous avons atteint un
important tournant. Nous avons désormais la connaissance,
les outils et la vision de concrétiser le changement. Mais
il nous manque toujours les ressources et le leadership
adéquats pour faire du cancer du col utérin une maladie
du passé. Malgré les appels des ministères de la Santé, des
premières dames et des leaders mondiaux de la santé passés
et présents, et en dépit des efforts considérables déployés
par les coalitions et leurs partenaires, le cancer du col utérin
n’a toujours pas atteint le rang de « priorité » aux yeux de
nombreux organismes et donateurs internationaux. La
prévention de la mort inutile et inopportune de 275 mille
femmes par an — en même temps que la progression sur les
plans liés de la pauvreté et de l’inégalité — reste une cause à
embrasser.
Le moment est venu pour les organismes internationaux,
les gouvernements et les donateurs d’intensifier leurs efforts
au soutien des initiatives nationales de prévention du cancer
du col utérin. L’engagement de la communauté internationale pourrait conduire à l’une des victoires les plus « faciles
à gagner » aujourd’hui sur le plan de la santé publique
mondiale. En améliorant les programmes de prévention
existants, une occasion unique s’offre à nous de renforcer
les systèmes de santé, de promouvoir l’égalité et l’accès aux
populations sous-desservies des jeunes adolescentes et des
femmes d’âge mûr, ainsi que d’établir d’importants liens
entre les questions de santé traditionnelles des femmes : la
santé sexuelle et génésique, la santé maternelle et infantile et
les cancers féminins.
« L’ENGAGEMENT DE LA COMMUNAUTÉ
INTERNATIONALE POURRAIT CONDUIRE À L’UNE DES
VICTOIRES LES PLUS FACILES À GAGNER AUJOURD’HUI
SUR LE PLAN DE LA SANTÉ PUBLIQUE MONDIALE. »
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
25
Le monde doit se fixer d’ambitieux objectifs pour les cinq
prochaines années. Cervical Cancer Action appelle les
gouvernements, les organismes internationaux, les donateurs, les ONG, les activistes et les prestataires de soins de
santé du monde à œuvrer ensemble vers la réalisation de ces
objectifs aujourd’hui accessibles :
•Porter le cancer du col utérin au rang de priorité qu’il
mérite dans les cercles mondiaux de la santé publique.
Ces trois dernières années, les efforts de plaidoyer mondiaux et régionaux ont réussi à documenter la demande
des pays à revenu faible et intermédiaire et à susciter un
plus grand intérêt à l’échelle mondiale. Pour l’avenir, il
nous faut élargir notre base d’appui en intégrant le cancer
du col utérin dans les créneaux de priorité émergents de
la santé mondiale. Une filière possible pourrait être le
mouvement mondial pour la prévention des maladies non
transmissibles. Suivant l’élan pris à la Réunion de haut
niveau de l’ONU sur les maladies non transmissibles
en septembre 2011, les États membres de l’Assemblée
mondiale de la Santé ont pris l’engagement d’une réduction, d’ici 2025, de 25% des décès prématurés imputables
aux maladies non transmissibles. La prévention du cancer
du col utérin doit désormais figurer au centre de ce
programme.
•Assurer une solide base de ressources internationale
au profit de la lutte contre le cancer du col utérin. Le
partenariat entre les donateurs internationaux et les
gouvernements des pays en développement est indispensable à la réalisation des prochaines étapes de réduction du
prix des vaccins anti-HPV et d’accroissement de l’accès à
la vaccination, au dépistage et au traitement précoce. Ces
prochaines années, un effort coordonné des donateurs sera
nécessaire pour faire face aux exigences financières du
subventionnement GAVI des vaccins anti-HPV et élargir
les efforts nationaux d’amélioration des programmes de
prévention pour les femmes non admises à la vaccination.
Un engagement de taille sera essentiel, de la part des
donateurs internationaux, au soutien des efforts de prévention intégrale du cancer du col utérin.
•Renforcer les politiques et la planification au niveau du
pays. L’élaboration de stratégies de lutte contre le cancer
du col utérin, idéalement soutenue par des plans nationaux
de lutte contre le cancer, sera nécessaire pour catalyser
les efforts nationaux et clarifier le besoin d’assistance
internationale technique, politique et financière à brève
échéance. Le renforcement des capacités de mesure des
registres nationaux des cancers constituera aussi une étape
essentielle.
EN VEDETTE
L’AFRIQUE À LA TÊTE DU PLAIDOYER POUR LA VACCINATION ANTI-HPV
Dès l’arrivée sur le marché du vaccin anti-HPV, les défenseurs
de la santé et les dirigeants politiques d’Afrique en ont reconnu
le potentiel à sauver des vies. Encouragé par les efforts
impressionnants de quelques femmes dévouées – la Princesse
Nikky Onyeri, militante nigériane contre les cancers des femmes ;
l’Honorable Sarah Nyombi, parlementaire ougandaise ; la
Première Dame d’Ouganda, Madame Museveni ; et la Première
Dame d’Afrique du Sud, Madame Zuma –, le plaidoyer africain
s’est révélé l’un des plus forts au monde. Six conférences
régionales intitulées « Stop Cervical Cancer in Africa » (Arrêter le
cancer du col utérin en Afrique) ont notamment été organisées
par la Première Dame de Zambie, Dr Christine Kaseba, en
collaboration avec le gouvernement du pays. Ces conférences,
entre autres manifestations régionales et nationales, ont inspiré
des milliers d’activistes locaux, de médecins, de parlementaires,
de journalistes et de leaders africains de la santé publique à
joindre leurs forces dans la lutte contre le cancer du col utérin.
De gauche à droite : Son Excellence Madame Tobeka Madiba-Zuma, Première Dame
de la République d’Afrique du Sud, Son Excellence la Princesse Nchegechege du
Swaziland, la Princesse Nikky Onyeri du Nigeria (Fondatrice et Directrice générale
de la Princess Nikky Breast Cancer Foundation et hôtesse de la conférence) et Son
Excellence Hon. Janet Museveni d’Ouganda à la 3e Conférence annuelle « Stop
Cervical Cancer in Africa » à Cape Town (Afrique du Sud) en 2009.
Photo : Princess Nikky Breast Cancer Foundation
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
26
•Élargir les programmes intégrés de dépistage et
traitement précoce de qualité. Durant les prochaines
décennies, les programmes efficaces de dépistage et de
traitement précoce resteront nos outils les plus puissants
pour sauver des vies. La communauté internationale doit
appuyer les efforts nationaux de couverture en population générale de toutes les femmes admises au dépistage
et assurer la mise en place de systèmes aptes à produire
un impact significatif sur la maladie. Ces programmes
doivent inclure la sensibilisation des communautés à la
prévention, l’apport d’un traitement précancer de qualité
et la création de registres des cancers qui aident à suivre
et mesurer l’efficacité des programmes. Des estimations
de coûts sont nécessaires à la planification des investissements financiers requis pour étendre les programmes
existants.
•Soutenir l’introduction de la vaccination anti-HPV
dans les 57 pays les plus pauvres du monde à travers
l’Alliance GAVI. L’engagement de GAVI au soutien
de l’introduction de la vaccination anti-HPV offre le
potentiel de changer le cours de la maladie dans le monde
en développement.
•Élargir les partenariats. Le rôle de catalyseur de la
prévention du cancer du col utérin n’est plus à établir :
elle rassemble les défenseurs et les activistes de la santé
sexuelle et génésique, de la lutte contre le cancer, pour
l’immunisation, contre le VIH/sida, pour l’égalité des
sexes et contre les maladies non transmissibles. Sur le
terrain changeant de la santé mondiale, notre espoir
est que plus d’organisations encore verront le potentiel
et l’importance d’un effort multidisciplinaire en faveur
de l’amélioration et de l’expansion des programmes de
prévention.
Ensemble, nous avons atteint un moment extraordinaire
de l’histoire de la santé mondiale. Pour la première fois, la
possibilité d’éliminer l’un des cancers les plus dévastateurs
au monde est à notre portée.
Cervical Cancer Action lance un appel à ses
partenaires pour qu’ils se joignent à elle et franchissent avec elle les prochaines étapes importantes qui feront du cancer du col utérin une
maladie du passé.
CERVICAL CANCER ACTION
RENSEIGNEMENTS
Cervical Cancer Action: A Global Coalition to Stop Cervical Cancer (CCA) a été
fondée en 2007 dans le but d’accélérer la disponibilité et l’accessibilité financière et
pratique des technologies de prévention du cancer du col utérin nouvelles et améliorées au profit des femmes du monde en développement.
Nous serons heureux de recevoir une information plus actuelle ou complémentaire
COMPLÉMENTAIRES :
Cervical Cancer Action
www.cervicalcanceraction.org
[en anglais ]
Email: [email protected]
à celle présentée dans ce rapport. Merci de soumettre vos commentaires ou suggestions par e-mail à [email protected].
RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES
Les pages web sont en anglais, mais les ressources sont disponibles en français.
•Cervical Cancer Action: www.cervicalcanceraction.org
•RHO Cervical Cancer Library: www.rho.org
•Alliance for Cervical Cancer Prevention: www.alliance-cxca.org
•GAVI Alliance: www.gavialliance.org/support/nvs/human-papillomavirus-vaccine-support
•Union for International Cancer Control: www.uicc.org/programmes/cervical-cancer-initiative-cci/issue
•WHO/ICO (Institut Català d’Oncologia) Information Center on HPV and Cervical Cancer: www.who.int/hpvcentre/en
•Organisation mondiale de la Santé—Cervical Cancer: www.who.int/reproductivehealth/topics/cancers/en/
•International Federation of Gynecology and Obstetrics (FIGO) Guidance on Cervical Cancer:
www.figo.org/publications/miscellaneous_publications/global_guidance
PROGRÈS RÉALISÉS VERS LA PRÉVENTION DU CANCER DU COL UTÉRIN : BILAN DE LA CCA
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RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES :
Cervical Cancer Action
www.cervicalcanceraction.org
[email protected]

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