Édition Communes

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Spécial Élections
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AOÛT 2012
MAGAZINE POUR LES POUVOIRS PUBLICS, LES ORGANISATIONS DU SECTEUR SOCIAL PROFIT ET LES ENTREPRISES
Édition Communes
>> PIERRE HUART, VILLE DE NIVELLES
>> PierreHuart, Nivelles
La gestion de l’essor
démographique,
un enjeu de taille
Après avoir exercé deux mandats d’échevin, Pierre Huart
a obtenu le maïorat de Nivelles en 2006. Sa situation est
relativement confortable puisque la trésorerie de la Ville
dépasse les 25 millions d’euros. « Nous vivons toujours une
période de vaches grasses, mais il faut se prémunir contre
l’adversité », prévient le bourgmestre, qui voit de nombreux
défis poindre à l’entame de la nouvelle législature.
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>> PierreHuart, Nivelles
Lorsqu’on gagne l’Hôtel de Ville de
Nivelles, au pied de la Collégiale, on a le
sentiment de déambuler dans une petite
ville de province cossue. Une réalité qui
contraste avec la vision assez terne que
beaucoup en ont…
Pierre Huart : Nivelles a longtemps souffert d’une image de ville morte du fait de son
passé industriel. Pour rappel, c’est ici qu’était
implantée la Brugeoise et Nivelles, mondialement réputée pour son matériel ferroviaire.
La rénovation de la Grand-Place est, avec la
construction du nouveau commissariat, le plus
gros investissement consenti durant l’actuelle
législature puisque ce chantier se chiffre à
environ 6,5 millions d’euros. Nous avons aussi
travaillé sur cette problématique de l’image en
investissant les réseaux sociaux : Nivelles a été
la première ville wallonne à créer une page
officielle sur Facebook
et à utiliser activement Twitter. Il s’agit
d’investissements primordiaux, mais qui ne
coûtent rien : la page
pour la rénovation
Facebook, je la gère
de la Grand-Place
moi-même !
>> La population nivelloise atteint
aujourd’hui 26 800 personnes, soit une
croissance de 2 % par an, qui est supérieure
à la moyenne du Brabant wallon.
6,5
millions d’euros
Par goût ou parce que la ville est très
démunie ?
P. Huart : (sourire) Notre budget présente un
boni de près de 715 000 euros en 2012, le boni
cumulé atteignant 8,7 millions d’euros ! Ces
réserves doivent nous permettre de maintenir notre capacité d’investissement, malgré la
baisse probable de certaines aides régionales
dans les années qui viennent. Nivelles dispose
d’une trésorerie relativement confortable
puisqu’elle dépasse les 25 millions d’euros.
C’est une situation historique : en 1986, la Ville
a dû souscrire un emprunt d’assainissement de
près de 5 millions d’euros, avec la contrainte
de ne pas pouvoir engager de personnel supplémentaire pendant au moins dix ans, sauf
accord du ministre de tutelle. Cette situation
fait qu’aujourd’hui nos frais de personnel ne
représentent que 39 % du montant total des
dépenses, ce qui est inférieur à la moyenne
wallonne. En raison du boom démographique
que nous connaissons actuellement, nous
atteignons toutefois une taille qui nous oblige
à recruter des profils très qualifiés, dans les
domaines de l’énergie et de la mobilité notamment. Ceci explique partiellement pourquoi nos
dépenses de personnel sont en augmentation
(+ 5 % en 2012).
Ce boom démographique est-il le fruit
d’une stratégie particulière de la majorité communale au cours de la dernière
législature ?
P. Huart : Au cours des deux législatures
précédentes déjà, nous avions mis en œuvre
une politique d’urbanisme assez dynamique
visant à augmenter la population de l’entité de
Nivelles. Nous avons développé certains quartiers, comme le Petit Baulers, pour répondre
plus particulièrement à la demande de maisons
unifamiliales. Il faut savoir qu’à Nivelles, un
logement sur trois est un appartement, alors
que la moyenne wallonne est d’un sur sept.
La population nivelloise atteint aujourd’hui
26 800 personnes, soit une croissance de 2 %
par an, qui est supérieure à la moyenne du Brabant wallon. Je dois préciser que nous avons
un parc de logements sociaux assez important
puisqu’il représente 11,6 % de l’habitat total,
avec, par voie de conséquence, une population
importante émargeant au CPAS. L’enjeu est
donc clairement un meilleur équilibrage de la
population.
« Nivelles a été la première ville
wallonne à créer une page officielle
sur Facebook. »
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>> PierreHuart, Nivelles
Gagner des habitants, ce sont aussi des
contraintes en termes d’infrastructures
d’accueil notamment.
P. Huart : Effectivement. Nous avons réalisé
l’extension de la crèche communale, dont la
capacité est passée de 79 à 115 lits. L’hôpital a ouvert sa propre crèche l’an dernier et
compte étendre son nombre de lits de 20 à
40. Et au Petit Baulers, nous avons imposé au
promoteur, dans les charges d’urbanisme, la
construction d’une crèche. Enfin, sur le terrain
de l’ancienne Brugeoise et Nivelles, nous avons
un autre projet immobilier qui combinera du
logement, des activités commerciales et une
crèche. En ce qui concerne l’enseignement,
nous totalisons 10 écoles primaires et 7 écoles
secondaires, qui sont capables d’absorber le
flux de nouveaux écoliers.
Une autre particularité de la population nivelloise est qu’elle présente la moyenne d’âge
la plus élevée du Brabant wallon. Nous avons
donc considérablement développé aussi les
activités pour seniors et les infrastructures
d’accueil.
Avez-vous pu réaliser tous les investissements inscrits au programme de la
législature ?
P. Huart : Notre objectif a été de mettre en
œuvre le programme électoral de la majorité sans augmenter les taxes, ce qui imposait donc à la fois d’augmenter les rentrées
financières et d’éviter les gabegies. Au niveau
des recettes, l’augmentation de la population
locale va nous permettre d’accroître le revenu
moyen par habitant, mais il y a forcément
un décalage entre le moment de l’arrivée de
nouveaux habitants dans la commune et la
première perception de l’impôt. Du côté des
dépenses, le collège a décidé d’attribuer un
article budgétaire à certains membres du personnel – le plus souvent des chefs de service –,
afin de les responsabiliser. Nous avons également mis en place une réunion mensuelle des
chefs de service dans le but d’augmenter les
interactions, de réduire les doublons au niveau
des prestations et de mieux développer des
projets transversaux.
« Pour Nivelles, la problématique de la
sécurité est très importante, avec, d’un
côté, le palais de justice et la prison et,
de l’autre, les services d’incendie, qui
représentent des coûts très importants. »
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>> PierreHuart, Nivelles
La crise économique et financière
a-t-elle mis vos finances davantage
sous pression ?
P. Huart : C’est le CPAS qui subit la contrainte la
plus importante, avec une augmentation substantielle du nombre de bénéficiaires du revenu
d’intégration sociale. La contribution de la Ville
au CPAS est de l’ordre de 4 millions d’euros,
ce qui est supérieur au montant engagé par
d’autres villes wallonnes de taille plus ou moins
similaire. Notre autre charge importante n’est
pas liée à la crise mais… au nombre des églises
présentes sur notre sol. Il y en a 8 – dont la
Collégiale - et leur entretien coûte cher.
L’autre problématique est celle des services d’incendie. Nivelles dessert une zone
de 50 000 habitants incluant Genappe et
Villers-la-Ville, mais nos pompiers sont amenés de plus en plus souvent à
intervenir dans le Hainaut, et
plus uniquement de manière
limitrophe. Or, il n’existe aucun
accord entre provinces pour le
financement des services d’incendie. Nous souhaitons très
clairement un soutien financier
de contribution
pour faire face à ces nouvelles
au CPAS
responsabilités.
Avez-vous des attentes spécifiques visà-vis de la Région à ce niveau ?
P. Huart : Au niveau du programme triennal,
nous sommes au maximum de ce que l’on peut
obtenir en termes d’aides pour les travaux
subsidiés. Notre grande chance est d’avoir une
bonne écoute au niveau de la province, qui
nous a fortement soutenus au cours de cette
législature : elle a notamment dégagé 1 million
d’euros pour la rénovation de la piscine, qui
s’inscrit dans un projet très ambitieux de rénovation du parc de la Dodaine et des infrastructures sportives qui s’y trouvent.
Nous avons parfois le sentiment très désagréable d’être les cochons payeurs. À cela
s’ajoute le fait qu’au niveau de la Wallonie,
les deux grands bassins industriels sont des
gouffres financiers qui aspirent énormément
de moyens. Le Brabant wallon n’a pas assez
de poids en termes de lobbying politique si
bien qu’il ne bénéficie pas du pourcentage
d’investissement correspondant aux impôts
que les Brabançons paient. C’est une situation
regrettable.
Quelles sont les décisions émanant
d’autres niveaux de pouvoir qui vous
impactent déjà ou pourraient vous impacter encore plus au niveau financier ?
P. Huart : À mon niveau, la problématique la
plus importante est celle de la sécurité. Avec
deux volets distincts. Tout d’abord, Nivelles,
en tant que chef-lieu d’arrondissement judiciaire, abrite un palais de justice - doté d’une
Cour d’assises - et une prison. Cela génère
pour la Ville des coûts importants. Je vous
donne un exemple concret : le procès Habran
a coûté pas moins de 100 000 euros à notre
zone de police, alors que son budget avoisine
10 millions d’euros, ce n’est donc pas rien !
Et je n’évoque même pas ici le déplacement
nécessaire des agents de quartier, appelés en
renfort. Dans un autre registre, nos policiers
sont amenés à remplacer les gardiens de prison, en cas de grève notamment. Si le fédéral
instaurait le service minimum, ce problème-là
serait résolu !
4
millions d’euros
de la ville
>> Nous totalisons 10 écoles primaires et
7 écoles secondaires, qui sont capables
d’absorber le flux de nouveaux écoliers.
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Le prochain numéro de cette série spéciale donnera la parole
aux Ministres Régionaux en charge des pouvoirs locaux.
Nous ferons avec eux le point sur les partenariats passés et futurs entre pouvoirs
locaux et régions. Ils partageront également leur vision en matière de perspective
de financement des pouvoirs locaux dans un contexte marqué par la rigueur budgétaire au niveau régional.
Nous tenterons ainsi de dresser un aperçu des principaux enjeux qui marqueront
le début de la prochaine législature communale. En effet, sachant que la législature régionale se poursuit jusqu’en 2014, quels sont les dossiers ou les réformes
en cours avec lesquels les nouveaux mandataires communaux devront composer
lors de leur prise de fonction ?
Découvrez-le dans le n° 5 de cette série spéciale de Contact.
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