Les enjeux du conflit de l`Azawad

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Les enjeux du conflit de l`Azawad
Compagnie Méditerranéenne d’Analyse
et d’Intelligence Stratégique
Monographie :
Les enjeux du conflit de l’Azawad
Propriété de la CMAIS—Compagnie Méditerranéenne d’Analyse et d’Intelligence Stratégique
Compagnie Méditerranéenne
d’Analyse et d’Intelligence Stratégique
14/01/2013
Les enjeux du conflit de
l’Azawad
Coordonnées
Le contexte
Le 6 Avril 2012, le Mouvement National pour la
Libération de l’Azawad (MNLA) proclame
l’indépendance de la région de l’Azawad.
Cette auto-proclamation a eu lieu suite au coup
d’Etat militaire du 22 mars 2012 qui renverse le
président
malien
Amadou
Toumani
Touré à Bamako. Ce coup d’Etat a provoqué une
désorganisation de l’armée malienne dont ont tiré
profit les mouvements indépendantistes.
Historique
L’Azawad est un territoire qui regroupe trois régions
du nord du Mali à savoir : la région de Kidal, la
région de Tombouctou et la région de Gao. Il est
situé dans le Sahel, une zone qui s’étend de
l’océan Atlantique à la mer Rouge (Cf. Annexe 1).
Les
revendications
pour
l’autonomie
de
ce territoire remontent à 1958. A cette époque, ce
territoire était sous administration française.
Après l’indépendance du Mali en 1960, les
revendications pour l’autonomie ont pris la forme
de « rébellions touarègues ».
Début 2012, une nouvelle insurrection est
déclenchée
par
le
MNLA
qui
réclame
l’indépendance de la zone. Cette insurrection est
menée tout d’abord conjointement puis séparément
avec le mouvement salafiste Ansar Dine (qui veut
imposer la charia) et l'organisation terroriste AlQaida au Maghreb islamique (AQMI).
Raison
sociale
Compagnie
Méditerranéenne
d’Analyse et d’Intelligence
Stratégique
Adresse
6, rue Dayet Aoua Agdal,
Rabat, 10000
Tél
+212 (6) 74 84 85 73
e-mail
[email protected]
Site web
www.cmais-strat.com
L’Azawad
Date de
création
6 Avril 2012.
Type
République
Capitale
Gao
Superficie 822 000 km²
Population
1 295 000
habitants en 2009
Densité
1,6 hab. / km²
Touareg
Arabe
Langues
Songhaï
Peul
Français
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Les enjeux du conflit de l’Azawad
En Avril 2012, le MNLA et Ansar Dine déclarent
conjointement l’indépendance de l’Etat islamique
de l’Azawad. Quelques jours plus tard, le MNLA
dénonce cet accord, et appelle à un Azawad laïc et
républicain.
Le 7 Juin 2012, le Conseil transitoire de l'État de
l'Azawad (CTEA) est formé par le MNLA. Ce
Conseil est composé de 28 membres et il est dirigé
par Bilal Ag Chérif (Chef du MNLA).
Les acteurs du conflit de l’Azawad
Le MNLA
Le MNLA, Mouvement National de Libération de
l’Azawad, est une organisation politique et militaire
qui « a pour objectif de sortir le peuple de l'Azawad
de l'occupation illégale du territoire « azawadien »
par le Mali ». Ce mouvement se présente comme
laïc.
Sa principale revendication est l’autodétermination
de l’Azawad.
Qui compose le MNLA?
Ce mouvement est né vers la fin de l’année 2011,
par
la
fusion
de
deux
mouvements
indépendantistes : le MNA (Mouvement National de
l’Azawad) et le MTNM (Mouvement Touareg du Nord
-Mali)
Le MNA est une organisation politique créée en
Novembre 2010 et dont l’objectif est l’indépendance
de la région de l’Azawad, située au Nord du Mali.
Elle se présente comme « une organisation politique
de l’Azawad qui défend et valorise la politique
pacifique pour atteindre les objectifs légitimes pour
recouvrer tous les droits historiques spoliés du
peuple de l’Azawad. »
Actualités
Le Ministre français de la
défense
souhaite
une
intervention rapide au Mali - Le
Figaro (25.12.2012)
Le Ministre de la République
française, a déclaré lors d’un
entretien
qu’il
souhaitait
une
intervention militaire au Mali au
premier semestre de l’année 2013.
Ces propos viennent contredire la
position de l'Élysée et du Quai
d’Orsay
qui
souhaitent
une
intervention au second semestre
2013.
Un
contingent
africain
de
3300 soldats
sera chargé de
l’intervention. La France sera en
charge de leur formation qui devra
débuter en Janvier 2013.
Une délégation du MNLA
reçue à Paris - RFI (26.11.2012)
Le chef du MNLA accompagné
d’autres membres ont été reçus, à
Paris, le 22 Novembre 2012. La
délégation
a
rencontré
des
responsables
des
ministères
français de la défense et des
affaires étrangères.
L’objectif de cette visite est que le
MNLA souhaite obtenir le soutien
diplomatique de la France mais
aussi militaire dans le but de
combattre les djihadistes du NordMali.
Des partis politiques rejettent
le
plan
d’autonomie
de
l’Azawad (6.12.2012)
ADPS (Alliance des démocrates
patriotes pour la sortie de crise)
regroupant des partis politiques
maliens et des acteurs de la société
civile malienne, ont rejeté la plateforme d'autonomie du MNLA. Pour
ADPS, il s’agit d’une déclaration
déguisée et à caractère raciste.
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Les enjeux du conflit de l’Azawad
Quant au MTNM, il s’agit d’un des mouvements
responsable des rébellions de 2006 à 2009.
Il compte plus de 3000 membres, dont la majorité
sont des Touaregs.
L’organisation militaire du MNLA
La branche militaire du MNLA est dirigée par son
chef d’état major Mohamed Ag Najem, un ancien
Colonel de l’armée du « Guide » libyen, Mouammar
Kadhafi.
Le Colonel Mohamed Ag Najem a pu s’emparé d’un
grand nombre d'armes y compris des missiles solair,…) lors de la récente guerre civile contre Kadhafi.
Il a été ouvertement soutenu par les forces armés
du Polisario qui l’ont aidé à faire passer les armes
par l’Algérie avec une complicité certaine de
militaires algériens
Les soldats de cette organisation sont d’ailleurs, en
majorité, issus de l’armée libyenne qu’ils ont fui suite
à la chute du régime libyen en 2011.
Ansar Dine
Ansar Dine est un groupe islamiste mené par Iyad
Ag Ghaly. Il fut créé en Mars 2012. Ce groupe est
l’un des principaux responsables des révoltes de
2012 au Mali. Le groupe est très actif dans
l’Azawad.
Son principal objectif est d’imposer la charia sur
l’ensemble du territoire malien. Contrairement au
MNLA, Ansar Dine ne réclame pas l’indépendance
de l’Azawad mais plutôt l’application de la charia
dans tout le pays.
Les grandes étapes d’Ansar Dine
Principal allié du MNLA après le coup d’état contre
Le MNLA reçu par le
Président du Nigéria - Jeune
Afrique (17.12.2012)
Le 14 Décembre 2012, le Président
nigérian Jonathan Goodluck a reçu
une délégation du MNLA. Cette
visite avait pour objectif la
demande d’un soutien du Nigéria
envers le MNLA dans sa lutte
contre les djihadistes du Nord-Mali.
D’après le porte-parole du MNLA,
« Le Président nigérian est un
médiateur de la CEDEAO, dans la
crise qui oppose le MNLA au
Mali. Il était donc important de le
rencontrer » afin de lui exposer le
point de vue du MNLA sur la
situation au Nord Mali.
Le Nigéria est lui aussi victime
d’une organisation terroriste : Boko
Haram liée à AQMI.
Le MNLA et Ansar Dine prêts
à négocier avec Bamako AFP (21.12.2012)
A Alger, le MNLA et Ansar Dine se
disent prêtes à cesser les hostilités
au Mali et à négocier avec les
autorités maliennes.
Ces déclarations surviennent « au
lendemain du feu vert du Conseil
de sécurité de l'ONU à l'envoi d'une
force internationale pour chasser
les islamistes du nord du pays. »
Néanmoins, Ansar Dine a annoncé
qu’il ne renoncerait pas à la charia.
Ansar
Dine
remet
une
« plateforme politique » au
président burkinabè
- AFP
(01.01.2013)
Ansar Dine a remis, le 1er Janvier
2013, une « plateforme politique »
au médiateur régional de la crise
malienne,
Blaise
Compaoré,
Président du Burkina-Faso. Aucune
information n’a filtré concernant le
contenu du document.
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Les enjeux du conflit de l’Azawad
le Président malien Amadou Toumani Touré, ces
deux groupes ont proclamé l’état islamique de
l’Azawad en signant un pacte pour sa création.
Peu de jours après, des affrontements éclatent entre
ces deux organisations causant le retrait du MNLA
de ce pacte.
Aujourd’hui, Ansar Dine contrôle le Nord-Est du Mali
et plus particulièrement les grandes villes de Kidal et
Tombouctou, dans lesquelles il commence à
instaurer la charia.
Son alliance avec AQMI lui permet d’étendre son
influence sur la région et de conserver le contrôle
sur certaines villes. Ces deux groupes ont pu
désarmer le MAA (Mouvement Arabe de l’Azawad)
et combattent ensemble le MNLA.
Qui compose Ansar Dine?
On estime à 10 000 hommes le nombre de
membres de l’organisation islamiste d’Ansar Dine.
Ses membres sont à majorité issus de la tribu d’Ifora
au sud des territoires Touaregs mais également de
Nigériens, de Maliens et d’Algériens.
MUJAO
Le groupe a annoncé sa première action armée
dans une vidéo le 12 décembre 2011. Il revendiquait
son désir de propager le djihad dans la totalité
l’Afrique de l’ouest.
Le MUJAO, d’obédience salafiste et d’influence
wahhabite, est né d’une scission avec AQMI datée
de la mi-2011.
Suite à la bataille de Gao, le groupe a annoncé qu’il
s’attaquerait à tout pays impliqué dans l’invasion de
la région de l’Azawad.
Ansar Dine renonce à arrêter
les hostilités - Le Parisien
(03.01.2013)
Alors qu’un accord a été signé
entre le MNLA et Ansar Dine à
Alger le 21 Décembre 2012, ce
dernier a annoncé, dans un
communiqué, qu’il décide de
« retirer l'offre de cessation des
hostilités. »
Ansar Dine accuse le Mali « de
mépriser cette offre à laquelle il n'a
jamais répondu positivement. » Il se
dit néanmoins ouvert à de
nouvelles négociations même s’il
n'a jamais décelé une volonté
réciproque chez l'autre partie »
La
MUJAO
revendique
l’enlèvement d’un français Le Monde (22.11.2012)
Le MUJAO a revendiqué le 22
Novembre 2012 l’enlèvement d’un
ressortissant français, dans la
région de Kayes, au Nord du Mali.
Aucune revendication n’a été faite
en échange d’une libération de
l’otage français.
La France gèle les fonds du
MUJAO (14.12.2012)
Un arrêté du Ministre de l’économie
et des Finances, daté du 14
Décembre 2012, stipule que le
Mouvement pour l'Unification et le
Jihad en Afrique de l'Ouest
(MUJAO), domicilié au Mali et en
Algérie, se voit geler ses fonds et
autres ressources financières en
France.
Cet arrêté porte sur l’application de
l’article L. 562-1 qui stipule que
« le Ministre de l’économie et des
finances peut décider le gel des
fonds ou instruments financiers qui
appartiennent à des personnes
physiques
ou
morales
qui
commettent,
ou
tentent
de
commettre,
des
actes
de
terrorisme. »
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Le MUJAO s’est distingué par plusieurs coups
d’éclats :
Le MUJAO nomme un nouveau
chef
Maghrebia.com
(02.01.2013)
•
Enlèvement le 22 Octobre 2011 de trois
occidentaux travaillant pour une ONG, dans
les camps de Tindouf. Ils furent libérés en
Juillet 2012 en échange de 18 millions de
dollars et de la libération de trois islamistes.
Un ressortissant béninois connu sous
le nom de « Abdoulah » a été nommé
chef du MUJAO. Cet ancien envoyé
de Boko Haram dans les camps d'AlQaïda
au
nord
du
Mali
« appartiendrait à l'ethnie Yoruba et
serait âgé d'une trentaine d'années. »
•
Attentat à la voiture piégée à Tamanrasset, le
3 mars 2012, faisant 11 blessés dont dix
militaires.
•
Enlèvement de sept diplomates algériens
durant la prise de Gao en 2012. Il en libèrent
trois en Juin 2012.
Suite à la capture de trois figures emblématiques
du terrorisme local par les autorités algériennes, le
MUJAO a demandé la libération de Necib Tayeb
(Abderrahmane Abou Ishak Essoufi) menaçant
l’Algérie de l’exécution des otages capturés. C’est
ainsi que le vice-consul algérien, Tahar Touati, fut
exécuté faute d’avancement dans les négociations.
La conquête du Nord par le MUJAO
Le 27 juin 2012, le MUJAO prend le contrôle du
palais du gouverneur et de la résidence du
Secrétaire Général du MNLA, Bilal Ag Cherif,
suite à une bataille menée contre le mouvement
dirigé par ce dernier. 40 soldats du MNLA sont fait
prisonniers. Le 1 er septembre 2012, le MUJAO a
pris la ville de Douentza au mouvement Ganda Iso
sans qu’aucun combat n’ait eu lieu. Le MUJAO a
également noué des liens avec le groupe terroriste
proche d’al Qaida, AQMI.
Depuis le 7 Décembre 2012, le MUJAO a été placé
dans la liste des organisations terroristes par
Washington.
Il remplace Hicham Bilal, qui s'est
rendu aux autorités dans son Niger
natal après avoir quitté le MUJAO
pour protester contre ses activités
criminelles, notamment le trafic de
drogue.
Un djihadiste français arrêté
par
la
Mauritanie
Maghrebia.com (23.11.2012)
Les autorités mauritaniennes ont
arrêté un français dans la ville de
Nema, à l'est du pays. L’homme,
dont l’identité n’a pas été révélée,
était sur le point de rejoindre le
groupe terroriste AQMI qui se trouve
à Tombouctou.
Il s’agit du troisième ressortissant
français à être arrêté alors qu’il
tentait de rejoindre les islamistes
dans le nord du Mali.
AQMI serait en possession
d’armes chimiques - The
Telegraph (10.12.2012)
Selon un haut responsable des
services
de
renseignements
espagnol, Monsieur Enrique Baron,
AQMI serait en possession d’armes
chimiques. L’organisation terroriste
se serait procurée ces armes de
Libye, lors du printemps arabe.
Ce nouvel arsenal s’ajoute aux
armes conventionnelles qu’utilise
déjà le groupe terroriste dans la
région désertique du Sahel.
Monsieur Baron a également rajouté
que « AQMI envisage des attaques
terroristes contre le Royaume
d’Espagne. »
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Des hommes d’AQMI arrêtés
en
Tunisie - Le Monde
(21.12.2012)
AQMI
AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique) est une
organisation islamiste armée d'origine algérienne,
issue du Groupe Salafiste pour la Prédication et le
Combat (GSPC). Elle compte quelques 900
combattants armés.
Son objectif est d’instaurer un État islamique dans
l'ensemble du Maghreb, du Maroc jusqu'à la Libye,
en étendant la guerre sainte (djihad) sur cette
même région.
Autrefois basée en Algérie et nommée Groupe
Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC),
l’organisation a adopté la dénomination AQMI
après avoir prêté allégeance à Oussama Ben
Laden le 25 janvier 2007.
AQMI et l’Azawad
De l'Algérie, AQMI a étendu sa zone d'intervention
dans toute la zone du Sahel, des régions semiarides du Sénégal jusqu'au Niger, en passant par
le Mali et la Mauritanie.
AQMI a réussi à rallier les Touaregs à son
mouvement, même s’ils ne sont pas de convictions
salafistes. Ils restent principalement attirés par
l’argent. AQMI s’est allié au MUJAO dans la région.
Les moyens de financement d’AQMI
Depuis quelques années, l’organisation multiplie
les enlèvements d’Occidentaux pour obtenir des
rançons et asseoir sa notoriété, mais également
toutes sorte de trafics.
Les trafics et les prises d’otages sont effectués par
des mercenaires, puisqu’AQMI ne peut se rendre
dans les zones urbaines, où ses membres seraient
facilement identifiés et repérés.
En plus du butin accumulé grâce aux rançons,
AQMI se financerait en assurant la protection des
trafiquants qui font transiter par l'Afrique la drogue
latino-américaine à destination de l'Europe.
16 personnes ont été arrêtées par
les
autorités
tunisiennes
aux
frontières entre l’Algérie et la
Tunisie. Le Ministre de l’intérieur
tunisien a déclaré à ce sujet, le 21
Décembre 2012 : « Nous avons
découvert un groupe terroriste lié à
AQMI dans un camp d'entraînement
dirigé par trois Algériens proches du
chef d'AQMI, Abou Moussab Abdel
Wadoud » Ces arrestations font
suite au meurtre d’un gendarme
tunisien par un groupe armé.
AQMI accuse Paris de bloquer
les négociations des 4 otages
au
Niger - Le Parisien
(25.12.2012)
Dans une vidéo publiée par une
agence de presse mauritanienne,
AQMI affirme que « l'arrêt des
négociations et leur blocage total
relèvent de la responsabilité de
la France. Quant à nous [AQMI],
nous sommes pour les négociations
[…] voici un an déjà.»
Une
cellule
de
AQMI
démantelée au Maroc - Le
Figaro (25.12.2012)
Les autorités marocaines ont
démantelé une cellule du réseau
terroriste AQMI dans la région de
Fès. Les autorités marocaines
affirment que « cette cellule avait
pour objectif l'enrôlement et le
recrutement de jeunes marocains
imprégnés de la pensée djihadiste
afin de les envoyer aux camps
d’AQMI en Algérie ».
Au mois de novembre 2012,
plusieurs « cellules terroristes » ont
été démantelées. L'une d’entre elles
visait à former des combattants pour
les groupes islamistes armés
contrôlant le nord du Mali, dont
AQMI.
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L’organisation du MNLA
Nom
Biographie
Fonction
Né en 1977.
Bilal Ag Cherif
Secrétaire général du
MNLA
Mahmoud Ag Ghali
Président du bureau
politique
Mohamed Ag Tahado
Président du conseil
consultatif du MNLA
Hamma Ag
Sid’Ahmed
Porte-parole chargé des
relations extérieures
Il est le président de l’état
autoproclamé de l’Azawad.
Ancien professeur et homme
d’affaires.
Il occupait le même poste au sein du
MTNM
Ancien colonel de l’armée libyenne. Il
fut chargé d’une unité d élite.
Mohamed Ag Najem
Chef d’état major du
MNLA
Moussa Ag Achar
Touman
Responsable des Droits
de l’Homme
Nina Walet Entalou
Chargé de l’éducation
Né vers la fin des années 50. Il
s’installe en Libye à l’âge de 20 ans et
s’engage dans l’armée libyenne dont il
possède la nationalité.
Née en 1963. Nina Walet Entalou est
une femme d'affaires et
politcienne malienne d'origine touareg.
En 1997, elle est élue Maire de Kidal.
Suite à des pressions islamistes, elle
quitte le pays pour s’exiler en
Mauritanie.
Elle est l’actuelle ministre de la femme
de l’état autoproclamé de l’Azawad.
Moussa ag Assarid
Porte-parole du MNLA
Ecrivain, journaliste, conteur et
comédien malien touareg.
Il possède la nationalité française.
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L’organisation de Ansar Dine
Nom
Iyad Ag Aghaly
Fonction
Cheikh d’Ansar Dine,
commandant idéologique
et militaire
Biographie
Iyad Ag Aghali a été un des leader de
la rébellion touareg dans les années
1990. Il a également été Conseiller à
la présidence du mali et Conseiller
consulaire en Arabie Saoudite où il
sera influencé par les idées
fondamentalistes. Début 2012, le
MNLA lui refuse le commandement
militaire du mouvement et par la suite,
il fonde Ansar dine.
Il est le cousin d’un cadre d’AQMI
Hamada Ag Hama.
Alghabass Ag
Intalah
Numéro 2 d’Ansar Dine
Homme discret et très influent dans le
nord Mali. Il est le fils d’Intalah Ag
Attaher, un chef traditionnel des Iforas
et de la région de Kidal. Il fut pressenti
pour succéder à son père. Il participa
brièvement à la rébellion de 1990.
Député-Maire de Kidal jusqu’à sa
défection en 2012.
On lui prête beaucoup de relations
avec des figures de la péninsule
arabique.
Ahmada Ag Bibi
Député a l’assemblée nationale. En
2006, il était porte-parole de
l’« alliance démocratique pour le
changement » d’Ibrahim Ag Bahanga.
Il est très proche de l’Algérie. Il vit à
Tamanrasset et s’occupe du
ravitaillement d’Ansar Dine.
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Nom
Cheikh Ag Awissa
Deity Ag Sidamou
Fonction
Conseiller de Iyad Ag
Aghaly
Chargé du ravitaillement
de l’organisation
Biographie
Totalement inconnu de l’opinion
national, il agit sous le surnom « le
guerrier ». C’est l’un des hommes de
confiance de Iyad Ag Aghaly.
Il a suivi une formation militaire en
Libye et a combattu au Liban dans les
années 1980. Il a participé à la
rébellion touareg de 1990.
Député URD ou PDES à l’Assemblée
nationale. Réputé être l’un des plus
grands trafiquants de drogue de la
région. Il était au départ au MNLA
avant de rejoindre Ansar Dine.
Il se trouverait en Algérie où il assure
le ravitaillement (en carburants et
autres) du mouvement par le biais de
son important réseau de trafiquants.
Nabil « JAZAÏRI »
Chef d’Ansar Dine dans la
région de Kidal et
Commandant des camps
d’entrainements de
l’organisation
Une des figures les plus influentes
d’Ansar Dine.
Ancien d’AQMI et Ancien militaire
algérien.
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L’organisation du MUJAO
Nom
Fonction
Biographie
Né en 1965 à Tombouctou. En 1984, il
obtient son baccalauréat dans un
lycée français avant de poursuivre ses
études dans une Madrasa en
Mauritanie.
Omar Ould Hamaha
Hamada Ould
Mohamed Kheirou
Chef militaire du MUJAO
En 2000, il rejoint AQMI où il devient le
bras droit de Belmokhtar. En 2012,
après avoir été le porte-parole d’Ansar
Dine, il rejoint le MUJAO dont il
devient le leader militaire. Il est connu
sous l’alias de barbe rousse pour sa
barbe teinte au henné.
Mauritanien, évadé de prison en 2006,
il est le porte-parole du MUJAO, dont
il est membre fondateur.
Porte-parole du MUJAO
Un mandat d’arrêt international a été
lancé à son encontre par la Mauritanie
le 28 décembre 2011.
Il est intervenu dans les négociations
de l’otage espagnol kidnappé par le
MUJAO à Tindouf.
Adnane Abou Walid
Négociateur du MUJAO
Sahroui
Présent dans tous les processus de
négociation de libération d’otages.
Certaines sources le reconnaissent
comme le représentant du Polisario
auprès du MUJAO.
Algérien, membre influent du MUJAO.
Ahmed Al-Talmasi
Chef des jeunes
combattants
Sultan Ould Badi
« Trésorier » du MUJAO
Il est considéré comme étant un des
principaux chefs des jeunes
combattants sur le terrain.
Malien, trafiquant de drogues selon les
autorités maliennes
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L’organisation d’AQMI
Nom
Fonction
Biographie
Né en 1970, à Meftah, en Algérie.
Ingénieur de formation, Abdelmalek
Droukdel était le leader du GSPC
depuis 2004. Il a auparavant combattu
en Afghanistan.
Abdelmalek
Droukdel
Numéro 1 d’AQMI
Influencé par l’Égyptien Ayman AlZawahiri et le Jordanien Abou
Moussab Al-Zarkaoui, il organise le
ralliement du GSPC au mouvement
d’Oussama Ben Laden. Le GSPC
devient, en 2007, AQMI dont il est
promu émir.
Surnommé Abou Moussab
Abdelwadoud, il est à l’origine de
violentes attaques, telles que celle
perpétrées le 11 décembre 2007
contre le siège de l’ONU, à Alger.
AQMI a divisé l’Afrique du Nord en
plusieurs entités militaires, dont
« l’émirat du Sahara » représente la
« 9eme zone ». Cet émirat couvre une
frange du Sahel qui s'étend sur le Mali,
le Niger, le Nigeria, la Libye, la
Mauritanie et le Tchad.
Yahia Djouadi
Leader de « l’émirat du
Sahara » et bras droit de
Abdelmalek Droukdel
Yahia Djouadi, alias Abou Amar, a
succédé à Mokhtar Belmokhtar au
poste d’émir du Sahara, qu’il occupe
depuis 2007.
Aujourd’hui âgé d’une quarantaine
d’années, sa « carrière », émaillée de
nombreux attentats et kidnappings, a
débuté dans l’entourage d’Abdemalek
Droukdel, dont il est désormais le bras
droit.
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Nom
Abdelhamid Abou
Zeïd
Fonction
Responsable de la katiba
« El Fatihine »
Biographie
Abdelhamid Abou Zeïd est devenu
chef au sein d’AQMI après l’éviction
de nombreux autres leaders. Il serait
néanmoins en lien direct avec le
commandement d’Al-Qaïda, et
notamment avec l’Égyptien Ayman AlZawahiri.
Sa katiba détient aujourd’hui les cinq
employés français d’Areva, enlevés le
16 septembre au Niger.
Agissant sous l’autorité d’Abou Zeïd, Il
dirige la katiba « El Forkane »,
implantée à l’ouest de Tombouctou.
Yahia Abou El
Hammam
Lieutenant d’Abdelhamid
Abou Zeïd et leader de la
katiba « El Forkane »
Ancien du GSPC, homme-clé d’AQMI,
il est impliqué dans la plupart des
enlèvements effectués au Sahel.
Selon Ennahar Online, il aurait été tué
le 21 septembre lors d’une offensive
menée par l’armée mauritanienne.
Leader de la katiba « El
Abdelkader Mokhtar
Moulathamoun » (Nord
Belmokhtar
Mali et Mauritanie)
Massoud Abdelkader Mokhtar
Belmokhtar, alias « le Borgne », est
actif depuis plus de 15 ans au Sahel. Il
est marié à une notable touarèg du
Mali. Né en 1972 à Ghardaïa, en
Algérie, il a combattu très jeune en
Afghanistan.
Il est également contrebandier.
Surnommé « Mister Marlboro », il
supervise des trafics de cigarettes, de
drogues, d’armes, de migrants. Il
dispose d’excellents réseaux et
protections au sein des populations
locales, ce qui facilite ses activités.
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Chronologie des principaux événements
Dates
Evènement
1962
Première rébellion Touareg au Mali qui prendra fin en
1963.
1990
Reprise des rebellions Touaregs au Mali et au Niger.
2007
Nouvelle rébellion Touaregs au Mali et au Niger. Cette
rébellion dure 3 ans et prendra fin par un cessez-le-feu
signé en octobre 2009
L’armée mauritanienne arrête 6 narcotrafiquants issus
7 Décembre 2010 du Polisario dans le désert mauritanien. Un vaste
réseau de trafic de drogue est découvert.
17 Janvier 2012
Mars 2012
22 Mars 2012
Le MNLA attaque des cantonnements militaires à
Menaka, Adaramboukare et Tessalit, au Nord du Mali.
Création d’Ansar Dine
Coup d’Etat militaire à Bamako conte le Président
malien, Amadou Toumani Touré. Les mutins sont
dirigés par le capitaine Amadou Sanogo.
6 Avril 2012
Le MNLA proclame l’Etat indépendant de l’Azawad.
8 Avril 2012
Le Président malien Amadou Toumani Touré
démissionne officiellement.
26 Mai 2012
Le MNLA et Ansar Dine signent un pacte pour la
création de l’état islamique de l’Azawad
7 Juin 2012
Le MNLA a mis en place un Conseil Transitoire de l’Etat
de l’AZAWAD qui « est chargé de la mise en œuvre de
la politique générale de l’Etat de l’AZAWAD en matière
de développement, de la défense, de la sécurité, de la
politique extérieure, de l’éducation, de la cohésion
sociale et de la gestion du territoire. »
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Page 15
Dates
Evènement
27 Juin 2012
Les groupes islamistes évincent le MNLA de la ville de
Gao et déclarent avoir le contrôle total du nord du Mali.
12 Octobre 2012
Le conseil de sécurité de l’ONU donne 45 jours aux
dirigeants africains pour faire des propositions en vue
d’une intervention militaire au Nord Mali
11 Novembre 2012
La CEDAO s’engage à envoyer 3 300 soldats au Nord
Mali
22 Novembre 2012 Le chef de MNLA est reçu au Quai d’Orsay
Début Décembre
2012
Un ancien leader d’AQMI crée un nouveau groupe
armé : « Signataires de sang »
4 Décembre 2012
Première rencontre entre le MNLA et les autorités
maliennes
7 Décembre 2012
Le département d’état américain déclare le MUJAO
comme organisation terroriste
Le Premier Ministre Cheikh Modibo Diarra présente sa
démission. Cette démission fait suite aux pressions
11 Décembre 2012
exercées par les officiers auteurs de la mutinerie de
Mars
12 Décembre 2012 Diango Cissoko est nommé Premier Ministre.
14 Décembre 2012
Une délégation du MNLA est reçue par le président de
la République Fédérale du Nigéria
15 Décembre 2012
Un rassemblement pour l’Azawad libre est organisé
devant l’Assemblée Nationale à Paris.
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Page 16
Dates
Evènement
Le Conseil de Sécurité de l’ONU adopte, à l’unanimité,
la résolution qui stipule que les autorités maliennes
20 Décembre 2012 doivent maintenir les élections législatives en Avril
2013. Cette résolution autorise également le
déploiement d'un contingent africain au Mali.
21 Décembre 2012
Signature à Alger d’un accord de partenariat entre le
MNLA et Ansar Eddine.
Le MUJAO désigne un ressortissant béninois, connu
sous le nom de « Abdoullah », comme nouveau chef.
2 Janvier 2013
Il remplace Hicham Bilal, qui s'est rendu aux autorités
dans son Niger natal après avoir quitté le MUJAO. Il
dénonce publiquement les activités criminelles,
notamment le trafic de drogue dans les territoires
contrôlés par le MUJAO.
10 Janvier 2013
Les groupes islamistes au Nord Mali se dirigent vers le
Sud.
11 Janvier 2013
La France lance une intervention militaire au le Mali,
sous mandat de l’ONU. Cette intervention fait suite, à
un appel à l’aide des autorités maliennes. Elle a pour
objectif de stopper la progression des islamistes vers le
sud.
14 Janvier 2013
Le Conseil de Sécurité de l’ONU se réunit. L’objet de la
réunion est l’accélération de la mise en œuvre de la
résolution 2085, autorisant le déploiement de la Force
internationale de soutien au Mali (Misma).
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Les enjeux du conflit de l’Azawad
Les mouvements islamistes rebelles
La situation au Nord Mali est complexe car il existe divers factions rebelles
qui revendiquent, chacune, le territoire de l’Azawad. Outre le MNLA, qui se
revendique comme mouvement indépendantiste laïc, il coexiste d’autres
mouvements, proches de l’islam radical et du salafisme qui font rage dans
cette région : Ansar Dine, MUJAO, AQMI.
L’Azawad aux mains des rebelles armés
Après avoir chassé l’armée malienne du Nord du Mali, les rebelles se sont
emparés des armes et munitions qu’ont laissé les militaires maliens, mais
également des équipements lourds : blindés, artillerie, batteries,... A cela
s’ajoute l’arsenal fournit par le défunt Colonel Kadhafi aux milices
sahéliennes pour le protéger des rebellions : kalachnikovs, mitraillettes, pickup, roquettes, missiles sol-air,...
Lourdement armés, la conquête du Nord par les rebelles fut rapide : un mois
de combats. Par la suite, les islamistes d’Ansar Dine, du MUJAO, et d’AQMI,
en désaccord avec les laïcs Touaregs sur l’instauration de la Charia au Nord
Mali et sur l’ensemble du territoire malien, ont pris la main sur l’Azawad en
mettant de côté le MNLA (principal allié d’Ansar Dine lors des soulèvements
de Mars 2012).
Ansar Dine, avec le soutien du MUJAO et d’AQMI, ont mis à mal le MNLA
et l’ont bouté hors des principales villes du Nord Mali.
Le processus de recrutement
D’après le centre de recherches sécuritaires Agwoold, dans une étude parue
en juillet 2012, le nombre de terroristes armés et équipés dans la région du
Sahel est passée de 500 en 2010 à plus de 6000 en 2012.
L'âge moyen de la recrue type n’excède pas les 16 ans. Le processus de
recrutement s’est intensifié dans le Nord du Mali au cours des derniers mois.
Ces recrues sont souvent plus attirés par l’opportunité financière que
représente leur enrôlement que par la souscription à la doctrine des
mouvances terroristes.
Les recrues viennent principalement du Mali , d’Algérie , de Somalie , de
Côte d’Ivoire , du Sénégal , de Gambie , du Ghana , de Mauritanie et de
Guinée.
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De même, selon un autre rapport du Centre International pour les Etudes
sur le Terrorisme, les camps de Tindouf représenterait une « cible de choix
pour les recruteurs des mouvements terroristes »
A Gao, le MUJAO se targue d’avoir pu recruter plus de 200 jeunes
combattants en l’espace de quelques mois. Toutefois la réserve principale
de combattants de ces mouvances reste le Niger qui fournirait 40% des
effectifs du MUJAO.
A cela s’ajoute une centaine de membres du groupe terroriste Boko Haram
qui est venue grossir les rangs du MUJAO. 40% des combattants du
MUJAO viennent donc du Niger, et de source locale environ 40% serait
originaire de la ville de Gao.
Les nouvelles recrues s’entrainent dans les anciennes bases et casernes
abandonnées par l’armée malienne.
Source de financement des organisations
Les divers mouvements salafistes présents dans l’Azawad profitent du vaste
espace démilitarisé que leur fournit le désert pour s’adonner à toutes sortes
de trafic : trafic de drogues, trafic de cigarettes, trafic d’armes, enlèvements,
escorte de trafiquants,… leur permettant ainsi de financer leurs opérations.
Ces trafics sont les principales sources de financement pour ces
mouvements qui ont tissé des liens avec les narcotrafiquants sud
américains et la Camorra (groupe mafieux européen). Ces activités sont
devenues indispensable après la chute du l’ancien régime libyen de
Mouammar Kadhafi qui était la source principale de financement des
factions indépendantistes et séparatistes.
Les salifistes font également office de transitaires vers les pays du Maghreb
et par la suite vers l’Europe, prélevant au passage un impôt sur le transit.
En Décembre 2010, les autorités mauritaniennes ont démantelé « un des
plus importants réseaux de trafiquants de drogue du Sahel. » Ce réseau
faisait transiter la drogue en provenance d’Amérique Latine vers l’Europe en
passant par le désert sahélien. Les narcotrafiquants Sud Américains utilisent
la « Highway 10 » qui correspond au 10ème parallèle pour accéder et
transporter la drogue par l'Afrique de l'Ouest.
A titre d’exemple, l’UNODC (Office des Nations-Unis contre la Drogue et le
Crime) estimait, en 2009, le trafic de drogue à 21 tonnes de cocaïne soit un
montant de 900 millions de dollars
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Les enjeux du conflit de l’Azawad
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L’opinion internationale
Depuis le début de crise au Nord Mali, la situation inquiète au plus haut
point la communauté internationale. Cette dernière a largement exprimé son
inquiétude quant à la dégénération de la situation et le risque de voir la
création d’un état islamiste terroriste ainsi que la transformation de la zone
en une base arrière d’AQMI.
Les Nations-Unies
Le 12 Octobre 2012, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni pour
discuter de la situation au Mali et de la possibilité d’intervenir militairement.
Le 20 Décembre 2012, la résolution 2085, autorisant le déploiement de la
MISMA (Mission internationale de soutien au Mali), « afin de rétablir la
souveraineté malienne sur l’ensemble du territoire », a été voté à
l’unanimité. Elle sera dirigée par une force africaine de la CEDAO composée
de 3300 soldats . La résolution précise que l’intervention doit avoir lieu au
second semestre 2013, afin de préparer les troupes africaines et d’éviter la
période de lourdes chaleurs.
Les nouveaux évènements (avancée des djihadistes vers le Sud Mali) ont
accéléré le déploiement de la force africaine de la CEDAO. Les premiers
éléments de la CEDAO se mettent en place, à Bamako, sous la direction
d'un général nigérian, Shehu Abdulkadir. Le Nigéria, le Niger, le Burkina
Faso, le Togo, et le Sénégal ont annoncé l'envoi chacun d'environ 500
soldats.
Les Etats-Unis
Pour le Président américain, Barack Obama, l’état malien « n’est plus un
partenaire privilégié des Etats-Unis », en raison de son instabilité politique et
la présence d’activistes terroristes. Par conséquent, les Etats-Unis ont mis
fin à toutes les aides en direction du Mali sauf les aides humanitaires.
Concernant l’intervention militaire au Nord Mali, les Etats-Unis y sont
favorables et partage le même objectif que Paris. Elle fournira aux forces
françaises et africaines une aide en matériel. Elle leur permettra, avec
l’appui de l’ONU, de frapper les positions d’AQMI qu’ils accusent d’être
responsable des attaques de Benghazi.
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La France
Au départ, la France ne souhaitait pas
intervenir au Mali. C’est dans le cadre de la
résolution 2085, que le rôle de la France a
été définit. Elle devait apporter un soutien
technique à la force de la CEDAO « dans la
constitution d’une force capable d’aider le
Mali à retrouver l’intégralité de son territoire.
Elle devait également envoyé un contingent
de 400 militaires en début d’année 2013
pour former l’armée malienne, sous l’égide
du Général François Lecointre.
Les récents évènements, qui ont vu le Sud
Mali victime d’attaques de la part des
mouvement djihadistes,
ont changé la
position de la France. Ainsi, l’état français a
décidé d’envoyer des troupes au Mali, « pour
apporter un soutien aux forces armées
maliennes » Il s’agit pour la France de
stopper l’avancée des djihadistes et de
détruire leurs bases arrières.
Général
François
Lecointre
Pressenti
pour
diriger la mission
EUTM au Mali, ce
haut fonctionnaire
de l’armée compte pour fait d’arme
majeur la prise du pont Vrbanja au
centre de Sarajevo
(manœuvre
militaire marquant le tournant du
conflit en 1995).
Saint-Cyrien, le général a servi au
3ème Rima (régiment d’infanterie de
marine) et au 5ème Riom (régiment
interarmes
d’outre-mer).
Son
expérience en Afrique (Djibouti 1991
-1993, Somalie 1992, Rwanda
1994) en font un candidat de choix
pour diriger l’opération au Mali.
Il commande aujourd’hui la 9ème
brigade légère blindée de marine
( BLBMa).
Le Burkina Faso
L’état burkinabais, à travers son président Blaise Compaoré, est le
médiateur de l’Afrique de l’Ouest dans la crise malienne. Ce dernier se disait
défavorable à toute intervention militaire. Les attaques des djihadistes ont
provoqué un retournement des positions du Burkina Faso qui a décidé
d’envoyer au Mali un contingent de 500 hommes.
L’Algérie
L’Algérie est très impliquée dans le dossier Nord malien. Au départ
défavorable à l’envoi de militaires au Nord Mali, car elle craint la fuite de
djihadistes vers le Sud algérien ainsi qu’un afflux massif de réfugiés maliens
son territoire, et privilégie le dialogue.
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Les enjeux du conflit de l’Azawad
Page 21
Elle a réussi à imposer Ansar Dine comme interlocuteur dans la crise
malienne, ramenant ce dernier à la table des négociations et à la signature
d’un accord de partenariat avec le MNLA et un cessez le feu avec les
autorités maliennes.
La signature du pacte avec le MNLA n’a pas empêché Ansar Dine de faire
machine arrière en rejetant le pacte et le cessez-le-feu. Cet acte a été suivi
par le rapprochement entre Ansar Dine et le groupe djihadiste AQMI.
L’attitude de l’Algérie reste très confuse car elle voudrait s’implanter dans la
région pour bénéficier d’un accès à des sources d’approvisionnement en
uranium.
La Mauritanie
Nouakchott a déployé une unité militaire aux frontières avec le Mali pour
renforcer ses positions. La raison de cette décision est motivée par les raids
aériens internationaux français sur les groupes armés qui contraindraient
ces derniers à se réfugier en Mauritanie.
Il est à rappeler que pour, son Président, la Mauritanie « se contentera d’un
rôle de surveillance et de sécurisation de ses frontières » et par conséquent
elle ne participera pas à l’intervention militaire qui a lieu au Mali. Mais elle
pourrait intervenir dans le cadre d’un appui aux forces de l’ONU.
Quel avenir pour Sahel ?
La multitude de groupes islamistes armés dans le désert sahélien
démilitarisé, constitue, pour l’opinion internationale, un foyer de terrorisme.
La région est devenue une poudrière. Toute intervention étrangère risque
d’attiser la haine et la violence de ces groupes. C’est l’une des raisons pour
laquelle les forces armées occidentales n’ont pas voulu intervenir
militairement dans le conflit malien.
De nouveaux groupes islamistes
Outre les groupes islamistes présents au Nord Mali, d’autres groupes font
entendre leur voix. Boko Haram au Nigéria, qui existe depuis plus de 10 ans
et auteur de plusieurs actes terroristes (attaques, attentat-suicide,…). Une
autre organisation islamiste a également vu le jour : Ansar Charia issu d’une
scission avec Ansar Dine.
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Quelles solutions ?
Une intervention américaine provoquerait, selon certaines autorités
africaines, une situation « à l’afghane ». Quant à la France, son intervention
serait interprété comme assise de son hégémonie sur l’Afrique.
Ainsi, la solution proposée par la CEDAO a été maintenue. Effectivement,
l’envoi de troupes africaines connaissant la région reste l’approche la moins
risquée pour éviter tout embrasement.
Néanmoins, l’avancée des groupes islamistes (MUJAO, Ansar Dine et
AQMI) vers le Sud du Mali a modifié la donne. L’armée malienne ayant déjà
subi de lourdes pertes et une défaite cuisante au nord, les autorités
maliennes n’ont pas souhaité revivre une deuxième débâcle. Ajoutant à cela
que la perte du sud Mali ouvrirait la porte à la création d’un nouvel état dans
la région du Sahel. Nouvel état appliquant la charia et dirigé par des
islamistes proches du mouvement d’Al Qaida.
Ces raisons ont poussé la France à intervenir, sous mandat de l’ONU, plus
tôt afin d'éviter toute déstabilisation de la région.
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Annexe 1 - Carte du Sahel (en brun)
Libye
Algérie
Egypte
Mauritanie
Mali
Niger
Tchad
Soudan
Burkina-Faso
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Annexe 2 - Maligraphie
Tombouctou : La "ville aux 333 saints", la
"perle du désert" est tombée entre les mains
des sépara&stes du MNLA le 1er avril 2012.
Elle est, depuis, sous le contrôle des groupes
islamistes radicaux Mujao, Ansar Dine et AQMI
Bamako : La capitale
du Mali a été le théâtre
d'un coup d'état le 22
mars 2012, qui a mis fin
à la mandature
d'Amadou Toumani
Touré. Des militaires
maliens (bérets verts),
en tête desquels
marchait le Capitaine
Sanogo, lui
reprochaient de ne pas
vouloir se ba$re face
au MNLA.
Pourtant, leur coup
d'état a sensibilisé le
pouvoir en place,
puisque 8 jours après le
MNLA entrait dans
Tombouctou.
Azawad : Territoire de l'Azawad revendiqué. Historiquement,
ce$e zone a toujours été dis&nguée par les popula&ons du NordMali. Elle a été le théâtre de plusieurs rébellions dites "touareg"
depuis l'indépendance de 1960. Le 6 avril 2012, le Mouvement
Na&onal de Libéra&on de l'Azawad déclarait l'indépendance du
territoire. Quelques semaines plus tard, les islamistes radicaux
prenaient le dessus pour le contrôle de l'Azawad.
Gao : Gao est sous la domina&on du
Mouvement pour l'Unicité du Jihad en
Afrique de l'Ouest (Mujao), une
organisa&on islamiste radicale liée à Al
Qaeda, depuis que celui-ci a gagné la
bataille pour le contrôle de la ville contre
le MNLA, les 26 et 27 juin 2012.
Kidal : Elle est la grande ville la plus à l'est du
Nord-Mali. Pour ce$e raison, elle est
extrêmement stratégique, et sa proximité
avec les fron&ères nigérienne et algérienne la
rend encore plus importante. Kidal est sous le
contrôle du groupe Ansar Dine (les
défenseurs de la foi), et cons&tue le bas&on
de l'organisa&on. Iyad Ag Ghali, homme fort
d'Ansar Dine, en a fait on bas&on. Ansar Dine
est majoritairement touareg.
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Les enjeux du conflit de l’Azawad
Annexe 3 - La carte du conflit (Source : France24)
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Sources
Presse
Le Figaro, « Al-Qaida au Maghreb taxe les trafiquants de drogue », le 19 Mars 2010
Le Monde, « La nouvelle géopolitique post-Kadhafi explique les problèmes actuels
au Mali », le 12 Mars 2012
Atlantico, « Peut-on empêcher la talibanisation du Nord Mali ? », le 6 Juillet 2012
Agence Nouakchott d’Information, « Le MNLA annonce la formation de son Conseil
Exécutif », le 2 Février 2012
Maghreb Intelligence, « Polisario AQMI: L’AFP confirme le contenu de la note de la
DGSE », le 20 Décembre 2010
Maghreb Intelligence, « Sahel, narcotrafic et AQMI : le feuilleton Polisario », le 22
Décembre 2010
ABC.es, « El Polisario reconoce que hay saharauis alistados en Al Qaida del
Magreb », le 11 Août 2012
Emarrakech, « Polisario AQMI : Quelle Relation ? », le 25 Octobre 2011
Le Nouvel Observateur, « MALI. La rébellion touareg se poursuit », le 19 Janvier
2012
Le Monde, « Dans le nord du Mali, les Touaregs du MNLA lancent un nouveau défi
armé à l'Etat », le 25 Janvier 2012
Slate Afrique, « Mali - La France, alliée des rebelles touareg? »
Le Figaro, « Des djihadistes affluent dans le nord du Mali », le 23 Octobre 2012
Le Figaro, « Les djihadistes du Nord-Mali, nouveaux maillons du trafic de cocaïne
vers l’Europe », le 30 Octobre 2012
Le Monde, « Le groupe islamiste MUJAO revendique l’enlèvement d’un français au
Mali », le 22 Novembre 2012
RFI, « Au nord du Mali, Ansar Dine et Aqmi œuvrent main dans la main », le 3
Janvier 2013
The Telegraph, « Al Qaeda may have chemical weapons, Spain's counter-terror
chief warns », 10 Décembre 2012
The Washington Post, « North Mali Islamist group Ansar Dine nrings new members
into its fold », le 20 Décembre 2012
Le Nouvel Observateur, « MALI. L'arsenal des islamistes en question », le 14
Janvier 2013
RFI, « Omar Belhouchet sur RFI: «Les diplomates algériens se sentent trahis par
les représentants des groupes maliens» », le 14 Janvier 2013
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Page 27
Portail web
MNLA, « Déclaration fondatrice Mouvement National de l’Azawad », le 1 Novembre
2010
Platefrome politique d’Ansar Dine, le 2 Janvier 2013
Etudes
Bernard Lugan, « la talibanisation du Mali peut encore être évitée (Point de situation) », 15 Mai 2012
Bernard Lugan, « Peut-on empêcher la talibanisation du Nord Mali ? »
Philippe Hugon, directeur de recherche à l'IRIS, « La reconquête du Nord Mali suppose trois conditions »
Jean-Bernard Pinatel, « Géopolitique - Géostratégie : analyses et débats »
Centre International pour les Etudes sur le Terrorisme, « Terrorisme en Afrique du
nord, de l’Ouest et centrale : du 11 septembre au printemps arabe »
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