L`Espérance fête 140 ans au service des handicapés

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L`Espérance fête 140 ans au service des handicapés
15
24 heures | Samedi-dimanche 25-26 août 2012
La Côte
Etoy
L’Espérance fête 140 ans
au service des handicapés
Lauriane Barraud
Accès à la sexualité
Mais l’évolution la plus marquante s’est faite peu avant les
années 1960, lors de l’arrivée de la
thérapie éducative et, par la
même occasion, des éducateurs
spécialisés. Roger Demont est engagé quelques années plus tard
pour s’occuper des jardins de la
vaste propriété de 11 hectares.
«Les ateliers structurés n’existaient pas encore, précise celui
qui a également été syndic d’Etoy
de 1986 à 1992. Mais l’ensemble
des résidents avaient une tâche à
accomplir, que ce soit à la cuisine,
au nettoyage ou au jardin avec
Nyon
Un camp gitan
au nord de la ville
Une dizaine de caravanes se sont
installées sur les terrains de la
Petite-Prairie. Arrivés jeudi en fin
de journée, certainement de
Payerne, d’où ils ont été
expulsés, les gens du voyage
resteront quatre jours. «Nous
sommes intervenus pour leur
demander de quitter les lieux.
Mais le propriétaire de la parcelle
a donné son autorisation», note
Christian Gilgen, premier-lieutenant de la police municipale.
Déjà présent sur le même champ
il y a une année, ce groupe
originaire de France n’avait
causé aucun problème. J.K.
VC6
Contrôle qualité
Deux véhicules volés
ont entraîné la police
dans une course-poursuite
de tous les dangers.
Une personne a été
interpellée à Bière
Un feu rouge grillé. Et la coursepoursuite s’engage. Repérées à
Tolochenaz, au milieu de la nuit
de jeudi à vendredi, deux voitures
puissantes de marque allemande,
volées à Berne, ont pris tous les
risques pour tenter d’échapper
aux gendarmes. «Ils sont passés
dans les villages de Mollens et de
Berolle à des vitesses comprises
entre 150 et 180 km/h, avec des
pointes à 220 km/h en rase campagne, en direction de Bière. Ça
en dit long sur leur détermination.
Heureusement que c’est arrivé de
nuit, il n’y avait personne», sou-
L’institution
s’occupe des
handicapés
mentaux depuis
toujours. En 44 ans,
Roger Demont a vu
la structure évoluer
«Quand je suis arrivé, l’institution
était encore relativement fermée.
On appelait uniquement les pensionnaires par leur prénom pour
ne pas divulguer leur nom de famille.» Jardinier à l’Espérance depuis quarante-quatre ans, Roger
Demont est le plus ancien employé de cette institution, qui accueille des personnes à déficience
mentale moyenne à sévère. Et,
alors que la structure s’apprête à
célébrer ses 140 ans, Roger Demont jette un regard éclairé sur
les quatre décennies qu’il a passées au service de la plus importante institution pour handicapés
de Suisse romande.
A l’origine, c’est à un visionnaire que l’on doit cette institution: Auguste Buchet. «Il était instituteur à Etoy, commente Charles-Edouard Bagnoud, actuel directeur. Très jeune, il s’intéressait
déjà aux gens que l’on qualifiait
d’idiots ou de faibles d’esprit.»
C’est donc le 1er mai 1872 qu’il
ouvre officiellement son asile
dans le village en accueillant cinq
enfants sourds-muets et faibles
d’esprit. Puis, trois ans plus tard, il
décide de consacrer son établissement uniquement aux handicapés
mentaux. «C’était révolutionnaire
pour l’époque. Auguste Buchet
croyait en leur capacité d’évolution, alors que personne ne s’occupait d’eux», poursuit le directeur. Petit à petit, l’Espérance
s’agrandit, passant de 60 pensionnaires en 1899 à 86 en 1906.
Course-poursuite dans
la campagne à 220 km/h
pire Philippe Jaton, porte-parole
de la police cantonale.
Arrivés à Bière, les fuyards ont
emprunté plusieurs chemins forestiers de la commune du pied
du Jura, tandis que le dispositif
des gendarmes permettait de contrôler différents axes routiers. La
mesure a porté ses fruits: après
avoir heurté une voiture de patrouille, un des véhicules volés a
terminé sa course au bas d’un talus. Son chauffeur a été interpellé,
son identité n’est pas encore connue. «Mais son profil nous permet
de penser que ces voitures filaient
en direction de la frontière. Il a été
transféré à Berne», poursuit Philippe Jaton.
Quant au deuxième véhicule, il
a été retrouvé près de la gare de
Bière. Malgré l’important dispositif de police, son ou ses occupants
n’ont pas été retrouvés. E.BZ
Grosse hausse d’impôts
discutée à Préverenges
Le Conseil communal devra
se prononcer sur une
augmentation de 8 points
d’impôt pour 2013.
Le débat sera vif
Chef jardinier, Roger Demont apprécie la compagnie des résidents de l’Espérance. V. CARDOSO
Quelques chiffres
L’Espérance prend en charge
296 personnes, dont 216 en
résidence. Elle emploie 350 collaborateurs. L’institution possède
aussi des appartements protégés
à Nyon, à Rolle et à Morges;
39 handicapés y sont logés. Au
total, 22 bâtiments sont répartis
sur 11 hectares à Etoy. Mais
l’Espérance abrite aussi une école
de 55 élèves, ainsi que 20 ateliers.
Le budget annuel est de
35 millions de francs, dont 70%
sont subventionnés par le Canton.
moi. C’était une façon de les occuper, car nous n’étions pas assez
d’employés pour l’ensemble des
pensionnaires. Ils étaient plus
autonomes et beaucoup moins
distraits. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’ils sont plus lourdement handicapés.» Un constat qui
n’a pas échappé à CharlesEdouard Bagnoud: «Nous avons
moins de personnes atteintes de
maladies génétiques, comme la
trisomie, grâce aux tests prénataux. Mais nous avons davantage
de polyhandicapés, à la suite d’accidents pendant la grossesse ou
lors de l’accouchement. Cela s’explique par les progrès de la médecine. Aujourd’hui, on arrive à sauver les grands prématurés.»
Dix jours de festivités
U Pour célébrer son
140e anniversaire, plusieurs
animations ouvertes au public
sont au programme. Du 30 août
au 8 septembre, l’Espérance
proposera une exposition qui
retracera son histoire avec des
documents et des photos
d’archives, mais aussi avec des
meubles ayant appartenu au
fondateur. Le traditionnel
festival de musique Ochsner
system se tiendra jeudi
prochain, dès 17 h. Puis dès le
1er septembre, le public et les
résidents découvriront le
Luminarium. Cette installation
artistique de 1000 m2, faite de
bulles et de courbes, proposera
une immersion dans un bain de
couleurs. La partie officielle se
déroulera, quant à elle, le
2 septembre. Enfin, le restaurant
accueillera les œuvres de Pilou,
ancien résident de l’Espérance,
jusqu’au 30 novembre.
L’autre grand virage a eu lieu
dans les années 1980, lors de l’apparition de la théorie de la valorisation des rôles sociaux. «C’est à
partir de ce moment-là que nous
avons arrêté de considérer les
pensionnaires comme des enfants, ajoute Charles-Edouard Bagnoud, tout en précisant que la
moyenne d’âge se situe actuellement autour de 45 ans. Ils ont eu
accès à la vie de couple, à la sexualité ou à la fumée, par exemple.»
Espérance de vie
Aujourd’hui, les défis ne manquent
pas pour les 350 employés de l’Espérance, qui s’occupent quotidiennement de 300 handicapés. Dont
un particulièrement important: le
vieillissement des résidents. «Au
début du XXe siècle, l’espérance
de vie d’un pensionnaire était de
10 ans. Elle se situe actuellement
autour de 60 ans. Nous nous sommes laissé surprendre par ce phénomène. A l’horizon 2020, nous
projetons d’ouvrir une structure
destinée aux aînés.»
Même si Roger Demont ne travaille plus directement avec les
pensionnaires de l’Espérance, il
les côtoie quotidiennement. «Ils
sont vraiment attachants et ont
toujours quelque chose à nous apprendre et à nous apporter. L’évolution de l’institution a été très
positive en quarante ans, dont
l’ouverture au monde extérieur.»
Il a dit
Région de Morges Le chiffre
«On a juste rigolé
Nouvelles liaisons
quand on a vu
vers Lausanne
notre nom
Dès lundi, deux lignes de bus
C’est le nombre de variétés
apparaître sur cette appartenant aux transports
anciennes de fruits du verger
publics de la région Morges/
conservatoire d’Aclens, qui
liste!»
Bière/Cossonay (MBC) seront
ouvre ses portes aujourd’hui,
220
Zeljko Bosnjak,
municipal de
Saint-George, à
propos de la
liste des
communes
visées par la loi
sur les
résidences
secondaires
renforcées pour améliorer les
liaisons avec les hautes écoles.
La ligne 701 en provenance
d’Echichens, Morges et Préverenges fera un détour par l’EPFL
et l’Université. La ligne 705
bénéficiera quant à elle d’une
nouvelle offre en soirée. Jusqu’à
23 h, un bus toutes les 60 minutes desservira l’intégralité du
parcours entre Lonay, Préverenges, Denges, Echandens et
Ecublens EPFL. R.E.
entre 14 h et 16 h. L’occasion de
retrouver des saveurs oubliées
et de tout apprendre sur
l’aspect ainsi que sur l’utilisation
de ces variétés. Mais les
participants pourront également demander des conseils de
culture, de plantation, de
greffage et de taille des arbres.
L’événement devrait concerner
toute personne désireuse de
rajeunir un verger ou de planter
un fruitier. L.B.
La nouvelle annoncée risque de
rester en travers de la gorge des
contribuables de Préverenges. La
Municipalité propose pour l’année 2013 une augmentation du
taux d’imposition communal de
huit points pour le fixer à 68% de
l’impôt cantonal de base. Ce sera
ça ou une hausse échelonnée sur
plusieurs années, avec un déficit à
la clé. «Nous attendons un vif débat au Conseil communal», confie
Jérôme Azau, municipal en charge
notamment des Finances.
Finies les années 2008-2009,
lorsque les projets immobiliers
d’envergure attiraient de nouveaux contributeurs et permettaient à la commune de se faire un
joli bas de laine. Aujourd’hui, Préverenges doit s’adapter à une nouvelle réalité. La Municipalité projette une augmentation de charges pour le budget 2013 de 1,5 million de francs. Il faut donc
compenser par des recettes complémentaires.
Outre, par exemple, l’amortissement et l’exploitation du nouveau collège de Préverenges
(290 000 francs), la péréquation
et la facture sociale
(175 000 francs), une autre charge
grossira considérablement, selon
les estimations du budget 2013. La
réforme policière coûtera près
de 1 million à Préverenges. Jérôme Azau remet en cause, dans
ce cadre-là, la participation de la
commune à la police cantonale
(quelque 300 000 francs, selon
lui), qui s’ajouteront au coût de la
nouvelle Police région Morges, officiellement entrée en vigueur en
juillet dernier (700 000 francs).
«Nous ne nous attendions pas à
une facture de cette ampleur. Sur
ce sujet, il y a eu une omerta assez
significative de la part du Canton.
Nous sommes en train de contester cette facturation et de demander des explications», s’échauffe
le municipal.
Si la hausse est acceptée, le
taux d’impôt se trouvera un petit
peu plus élevé que le taux d’impôt
communal moyen vaudois, situé à
66 points en 2011. Le municipal
craint-il la réaction des grosses
fortunes du village? «Je ne pense
pas qu’ils soient venus s’installer à
Préverenges par rapport à un taux
d’imposition particulièrement
avantageux», lâche-t-il. En tous les
cas, les conseillers communaux
devront trancher lors du prochain
Conseil, le 6 septembre. M.G.
Le sleep-in pour migrants
joue les prolongations
Confronté au manque de
places, l’EVAM continuera
d’héberger des migrants au
Tulipier, à Morges, jusqu’en
janvier prochain. Au moins
Ouvert en mai dernier pour loger
des migrants à l’aide d’urgence, le
centre de semi-détention le Tulipier ne devait rester ouvert qu’entre quatre et six mois. C’était
compter sans le manque de places
auquel est confronté l’Etablissement vaudois pour l’accueil des
migrants (EVAM). Au lieu du 31 octobre comme initialement prévu,
la structure restera ainsi ouverte
jusqu’au 31 janvier. «Il nous manque 600 places. Le canton, propriétaire du bâtiment, nous a donc
proposé de l’exploiter un peu plus
longtemps en tant que sleep-in»,
précise Evi Kassimidis, chargée de
communication auprès de l’EVAM.
Et quid d’une autre éventuelle
prolongation au terme du nou-
veau délai? «On ne peut rien exclure. Fin janvier, si le Canton
continue de nous mettre le bâtiment à disposition, nous nous poserons la question.»
Côté fréquentation, après les
premières semaines d’exploitation, où il est carrément arrivé
qu’aucun migrant n’y passe la
nuit, et même si la totalité des places disponibles n’a encore jamais
été occupée, le Tulipier et ses
24 lits semblent avoir trouvé leur
rythme de croisière. «Chaque
jour, entre 25 et 35 personnes se
voient proposer la solution du
sleep-in. En moyenne, une quinzaine de migrants s’y rendent chaque nuit», poursuit la porte-parole. En plus du sleep-in, l’EVAM
compte sur l’ouverture d’abris
PCi pour pallier le manque de places, à l’image de celui de Préverenges, qui accueillera des migrants début septembre. «Ce ne
sera pas forcément le dernier»,
avertit Evi Kassimidis. E.BZ