Dimanche et société aujourd`hui
Transcription
Dimanche et société aujourd`hui
FICHE DE LECTURE Dimanche et société aujourd’hui L ors de son Assemblée plénière qui a eu lieu à Madrid du 24 au 28 avril 1995, et trois ans après la publication d’un texte important sur le dimanche par la Commission épiscopale de liturgie, la Conférence épiscopale espagnole a adopté une note pastorale intitulée « Dimanche et société ». Nous proposons le texte intégral de cette note qui affirme la valeur du dimanche dont le sens chrétien risque de se perdre en Espagne, comme dans d’autres pays de tradition chrétienne. RÉSUMÉ P uisque les valeurs de la société contemporaine masquent souvent le véritable sens chrétien du dimanche, il est important de réfléchir aux aspects anthropologiques et culturels de ce jour que Dieu a donné aux hommes. Une des explications anthropologiques de la place qu’occupe le dimanche dans les sociétés chrétiennes est le fait que la célébration du jour du Seigneur permet à l’homme d’intégrer le loisir dans le cadre de l’expérience religieuse. Ainsi le dimanche contribue à la véritable humanisation de la société et rétablit l’harmonie intérieure de l’homme, ce qui l’aide à mieux vivre toutes les dimensions de son existence – et surtout celle de la convivialité familiale si souvent mise en danger quand l’homme est mis au service de l’économie. La valorisation du dimanche – pour le bien de chaque membre de la société – est la tâche de tous : l’État, le patronat, les familles, et bien sûr, l’Église. C PERSPECTIVES ette note illustre une des préoccupations principales des Conférences épiscopales des pays où, pour diverses raisons – le processus de sécularisation, l’organisation de la société civile, les normes relatives aux activités professionnelles, l’évolution socioéconomique, etc. –, la sanctification du dimanche devient impraticable pour de nombreux chrétiens. Sur cette question, voir surtout les remarques de Jean-Paul II (cf. encadré p. 38). Texte espagnol dans Ecclesia, 6 mai 1995. Traduction de la DC. Voir DC 1995, n° 2121, p. 759-761. 1. Le dimanche, « jour du Seigneur et seigneur des jours », comme l’appelle un ancien document chrétien (1), est un don précieux de Dieu aux hommes. Le Concile Vatican II a proclamé son importance en ces termes : « L’Église célèbre le mystère pascal, en vertu d’une Tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur ou dimanche… Aussi le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles, de sorte qu’il devienne aussi jour de joie et de cessation du travail » (Sacrosanctum concilium, 106). Cependant, dans la société actuelle, même chez les chrétiens, le dimanche s’efface de plus en plus derrière le phénomène du « week-end », avec le risque de perdre son sens religieux au milieu d’un repos qui commence en beaucoup d’endroits dès le vendredi soir. À ce phénomène de notre temps s’ajoute la pratique, qui s’étend chaque jour davantage, de la libéralisation des horaires des commerces, les jours de fête. Ainsi, l’activité économique augmente en fin de semaine, brisant le consensus social selon lequel seul travaille le secteur des services absolument indispensables à la société ; elle a en outre d’autres répercussions économiques et sociales sur le petit commerce et de nombreux travailleurs et leurs familles. 2. Pour ces raisons, les évêques espagnols – qui ont consacré au dimanche, il y a trois ans, une instruction pastorale (2) – veulent revenir sur ce thème et, tout spécialement, sur (1) Attribué à Eusèbe d’Alexandrie : PG 86, 1. (2) Sentido evangelizador del domingo y de las fiestas (Conférence épiscopale d’Espagne, 22 mai 1992). Également, Commission épiscopale de liturgie : El domingo, fiesta primordial de los cristianos (1982); et la Lettre pastorale de Carême publiée en 1993 par l’archevêque de Pampelune et les évêques de Bilbao, San Sebastian et Vitoria sur La celebracion cristiana del domingo. Mai-Juin 2001 • 37 LE DIMANCHE ET LA SÉCULARISATION Dans sa lettre apostolique Dies Domini, le Pape Jean-Paul II aborde la question très difficile de l’effet que le processus de sécularisation peut avoir sur la pratique dominicale, dans des sociétés traditionnellement chrétiennes. 4. En effet, il n’échappe à personne que, jusqu’à un passé relativement récent, la « sanctification » du dimanche était facilitée dans les pays de tradition chrétienne, par une large participation populaire et, pour ainsi dire, par l’organisation même de la société civile, qui prévoyait le repos dominical comme un élément constant des normes relatives aux différentes activités professionnelles. Mais aujourd’hui, même dans les pays où les lois garantissent le caractère férié de ce jour, l’évolution des conditions socioéconomiques a souvent fini par modifier profondément les comportements collectifs et, par conséquent, la physionomie du dimanche. On a vu largement s’affirmer la pratique du « week-end », au sens de temps de détente hebdomadaire, passé parfois loin de la demeure habituelle et souvent caractérisé par la participation à des activités culturelles, politiques, sportives, dont le déroulement coïncide en général précisément avec les jours fériés. Il s’agit d’un phénomène social et culturel qui n’est pas dépourvu d’aspects positifs, dans la mesure où il peut contribuer, dans le respect des valeurs authentiques, au développement humain et au progrès de la vie sociale dans son ensemble. Il ne répond pas seulement à la nécessité du repos, mais aussi au besoin de « faire une fête » qui est inné en l’être humain. Malheureusement, lorsque le dimanche perd son sens originel et se réduit à n’être que la « fin de la semaine », il peut arriver que l’homme, même en habits de fête, devienne incapable de faire une fête, parce qu’il reste enfermé dans un horizon si réduit qu’il ne peut plus voir le ciel. Aux disciples du Christ, en tout cas, il est demandé de ne pas confondre la célébration du dimanche, qui doit être une vraie sanctification du jour du Seigneur, avec la « fin de la semaine », comprise essentiellement comme un temps de simple repos ou d’évasion. À ce sujet, il est urgent de parvenir à une maturité spirituelle authentique, qui aide les chrétiens à « être eux-mêmes », en pleine harmonie avec le don de la foi, toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en eux (cf. 1 P 3, 15). Cela ne peut que favoriser aussi une compréhension plus profonde du dimanche, pour qu’il soit vécu, même dans des situations difficiles, avec la docilité totale à l’Esprit Saint. les aspects anthropologiques et culturels du « jour du Seigneur ». Nous nous unissons ainsi à d’autres épiscopats européens préoccupés par une institution aussi fondamentale pour l’Église, qui a contribué d’une manière décisive à définir et à humaniser le « temps des hommes » comme un espace pour le culte rendu à Dieu et pour les valeurs de l’esprit (3). Par ces réflexions, nous nous adressons à toute la société, aux pouvoirs publics et aux institutions patronales et sociales ; nous sommes conscients des aspects socio-économiques et culturels des faits que nous avons signalés, mais aussi de leur incidence réelle sur la vie de tous nos concitoyens. Il est évident que nous pensons à nos frères prêtres et diacres, et à tous les fidèles chrétiens : nous les invitons à relire l’instruction de 1992 et à relier les aspects particuliers dont nous allons traiter maintenant aux fondements théologiques et pastoraux du dimanche soulignés dans cette instruction. I. Aspects anthropologiques et culturels du dimanche 3. L’histoire du dimanche a connu des situations très diverses, aussi bien aux origines que dans son développement. Bien qu’elle ne soit pas nécessairement liée au repos, la célébration dominicale a trouvé dans cette prescription d’absence de travail une situation favorable pour le but poursuivi par le dimanche. L’interdiction de travailler les jours de fête a eu primitivement une finalité sociale, pour la défense des employées de maison et des paysans. Avec l’industrialisation, le caractère festif du dimanche a commencé à être menacé mais on a réussi à défendre ce caractère pour le bien des travailleurs. Avec raison, on a regardé le dimanche comme une institution classique de la culture chrétienne tout à fait bienfaisante pour les hommes, qui a exercé un large et profond rayonnement dans la vie personnelle, familiale et sociale. 4. Mais il ne s’agissait pas seulement d’assurer un bienfait pratique à la société. À la base du repos dominical, se trouvent des raisons profondes de nature anthropologique. Voir la DC, 1998, n° 2186, p. 659. (3) Voir : Secrétariat national de liturgie : El dia del Señor. Documentos episcopales sobre el domingo, Madrid, 1985. 38 • Questions actuelles Une d’entre elles est que le dimanche a apporté une réponse aux besoins festifs de l’homme, intégrant le loisir dans le cadre de l’expérience religieuse. En ce sens, le dimanche, continuation et plénitude du sabbat juif, facilite l’accomplissement de la prescription morale, inscrite dans le cœur de l’homme, de « rendre à Dieu un culte extérieur, visible, public et régulier, sous le signe de sa bonté universelle pour les hommes » (s. Thomas, Somme théologique, II-II, 122, 4). (•) Le repos dominical est nécessaire pour adorer Dieu et reconnaître la bonté de toutes les choses créées (cf. Gn 1, 31 ; Ps 104, 24, etc.), comme aussi pour entretenir la vie familiale, culturelle, sociale et religieuse (4). 5. Le dimanche, comme toutes les fêtes, contribue à humaniser l’existence et à rétablir l’harmonie intérieure de l’homme, rompue bien souvent par le stress et la fatigue de la vie ordinaire. Mais aujourd’hui le temps libre lui-même et le délassement ne sont pas libérés de cette tension, car ils sont vécus sans tranquillité, avec frénésie, donnant lieu à des excès et à des formes d’évasion qui compromettent l’équilibre psychologique et mettent parfois en danger la vie humaine. Ce climat, authentique pathologie du loisir, ne facilite pas la célébration du dimanche, où entrent non seulement la consécration aux valeurs de l’esprit, les goûts de chacun et la convivialité familiale et sociale, mais aussi une distraction sensée et honnête qui aide à récupérer des énergies par l’intermédiaire du repos. II. Le primat des valeurs de l’esprit 6. Un autre fait est apparu récemment qui façonne l’image du dimanche, spécialement dans les grandes villes. Il s’agit de la libéralisation des horaires des grandes surfaces commerciales, où parfois des familles entières se rendent pour faire leurs achats. Les répercussions de ce fait sont multiples et son analyse demeure complexe. D’une part, l’activité économique augmente, ce qui est un aspect stimulant, spécialement dans une époque de récession et de crise. Mais, d’un autre côté, elle exerce une influence négative sur le commerce traditionnel et sur les familles de nombreux travailleurs, qui constatent dans leur vie familiale et leur vie de travail les conséquences négatives de cette nouvelle dynamique commerciale où prime la rentabilité économique. Même si, à une époque de récession économique comme celle que nous vivons, une certaine réactivation de l’économie est une bonne nouvelle, bien acceptée socialement, nous devons rappeler, suivant en cela le critère que nous donne la doctrine sociale de l’Église, que « l’économie n’est qu’un aspect et une dimension dans la complexité de l’activité humaine. Si elle devient un absolu, si la production et la consommation des marchandises finissent par occuper le centre de la vie sociale et deviennent la seule valeur de la société, soumise à aucune autre…, quand l’homme est considéré plus comme un producteur ou un consommateur de biens que comme un sujet qui produit et consomme pour vivre, alors elle perd sa juste relation avec la personne humaine et finit par l’aliéner et par l’opprimer » (5). (4) Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2176, 2184 et sq. (5) Jean-Paul II, Centesimus annus, 39. (•) St Thomas d’Aquin (1225-1274), Docteur de l’Église, est le saint patron des universités et des maisons d’études catholiques. Sa Somme théologique a exercé en Europe, une grande influence sur la pensée et demeure un des piliers de la théologie catholique. QUI TRAVAILLE LE DIMANCHE EN EUROPE ? Voici le pourcentage de salariés en Europe qui travaillent le dimanche (par pays) : Grande Bretagne : 37 Italie : 18 Danemark : 34 France : 18 Irlande : 26 Luxembourg : 18 Grèce : 23 Allemagne : 16 Pays-Bas : 20 Espagne : 14 Belgique : 19 Portugal : 12 Pourcentage, par branche, de salariés qui travaillent le dimanche en France : Bâtiment, travaux publiques : 5,0 Assurances : 7,0 Biens intermédiaires : 15,8 Commerce : 19,3 de proximité : 42,7 dont boulangeries-pâtisseries : 68,6 Services publics : 21,0 Agro-alimentaire : 30,7 Énergie : 32,4 Services : 33,26 Hôtels, cafés, restaurants : 52,5 Transports, télécommunication : 26,5 Services de santé : 58,8 (Voir Quid 2000, p. 1633). Mai-Juin 2001 • 39 C’est la société tout entière qui doit valoriser le dimanche et les jours de fête comme des espaces de repos, de culture et de vie religieuse. 7. Outre cet aspect socio-économique du problème, il y a aussi les valeurs théologiques et anthropologiques que nous avons déjà mentionnées, auxquelles les pasteurs du Peuple de Dieu ne peuvent demeurer insensibles, d’autant plus que ces valeurs n’intéressent pas exclusivement les croyants mais l’ensemble de nos concitoyens. L’Église croit que, par cette dynamique du primat de l’économique dans les différents styles de vie de nos concitoyens, on ne favorise pas le noyau familial ni les valeurs humaines et spirituelles de la fête. En effet, le débat sur cette question n’est pas uniquement du ressort du gouvernement, du patronat et des syndicats, mais de la société tout entière. Ce débat s’enrichira dans la mesure où il ne se limitera pas à peser des critères purement économiques, mais où il s’ouvrira à une réflexion sur la signification pour l’homme du dimanche et des fêtes, leur caractère créateur de communion, véritable facteur qui multiplie les relations interpersonnelles. 8. Nous, évêques, renouvelons notre demande « aux responsables de la politique du travail, aux chefs d’entreprise et aux représentants des travailleurs » de « ne pas céder à la facilité d’éliminer peu à peu le repos dominical en tablant sur la possibilité d’une production accrue et l’élargissement du temps libre au cours de la semaine, au détriment de la liberté personnelle, de la convivialité familiale et des autres aspects de la vie en commun » (6). Nous demandons également aux moyens de communication sociale de collaborer à mettre en relief le sens du dimanche sous ses aspects anthropologiques et sociaux, en ne le considérant pas seulement comme un jour où l’on se distrait mais comme un espace pour que l’homme puisse garder sa dignité en louant Dieu et en se libérant du travail et d’une activité qui ne connaîtrait pas de repos. 40 • Questions actuelles III. Le dimanche, tâche de tous 9. Pour tous ces motifs, c’est la société tout entière qui doit valoriser le dimanche et les jours de fête comme des espaces de repos, de culture et de vie religieuse. Comme nous l’avons déjà signalé, « le dimanche et les jours de fête possèdent des valeurs qui sont communément acceptées par la société pluraliste et sécularisée » (7). Le respect du bien commun et la liberté religieuse demandent que l’on défende le dimanche comme une contribution à la vie spirituelle de la communauté humaine. Le dimanche ne doit pas perdre sa dimension de jour commun de repos, collectif et large, étant donné son caractère périodique et son incidence sur la cohésion de la vie familiale, sociale et civique. Pour les catholiques, les nouvelles circonstances du dimanche, bien qu’ils rencontrent certaines difficultés pour le célébrer, apparaissent en réalité comme un défi et une occasion d’innover. Le tourisme, le sport, l’ardent désir de se libérer de l’oppression de la ville, le contact avec la nature, la convivialité familiale, le fait de se retrouver entre amis, et tant d’autres actes que l’on peut accomplir pendant le « week-end », invitent à renouveler la pastorale du jour du Seigneur en prenant ces faits en compte mais en cherchant à garder les valeurs qui sont propres au dimanche. Car, nous, chrétiens, « nous ne pouvons vivre sans dimanche » (8). 10. Il est en effet indispensable de conserver l’identité du dimanche même à l’intérieur du « week-end » par l’intermédiaire d’une série de signes qui témoignent que le dimanche est un jour « différent des autres », une fête pour le Seigneur et pour les hommes. Dans le calendrier chrétien, le dimanche est « le premier jour de la semaine » et le « huitième jour », qui porte la marque de la résurrection du Seigneur, commencement de la création nouvelle, et celle de l’annonce de la fête qui n’aura pas de fin. Aussi sa célébration n’apparaît pas transférable à un autre jour de la semaine, même si le repos festif commence déjà le samedi ou même le vendredi. (6) Sentido evangelizador… 9. (7) Ibid., 6. (8) Cf. Actas de los martires de Abitinia, in D. Ruiz Bueno, BAC 75, Madrid 1951, p. 973. Parmi tous les signes du dimanche, le plus grand est celui de la messe, l’assemblée eucharistique, à laquelle nous devons être totalement fidèles parce que, par elle, il y va de l’appartenance à l’Église et de la conscience de l’identité chrétienne qui nous est propre (9). Mais, à côté de l’Eucharistie, célébrée avec toute la richesse que permet aujourd’hui la participation liturgique, il doit y avoir aussi la prière en famille, les œuvres de charité et de solidarité humaine, le partage de la table et le temps libre, la joie et même les vêtements de fête. Par ailleurs, quand les obligations professionnelles imposent de travailler le dimanche, chacun a la responsabilité de trouver le moment le plus opportun pour rencontrer la communauté chrétienne dans la célébration eucharistique et consacrer un temps suffisant au repos. 11. Le dimanche est l’affaire de tous. L’État, en faisant en sorte que l’exercice de la liberté religieuse se déroule dans des conditions normales, doit favoriser la célébration du dimanche. (•) Le patronat, malgré les pressions économiques, doit garantir dans les entreprises un temps suffisant pour le repos et l’accomplissement des devoirs religieux. Les syndicats auront à cœur de défendre le dimanche et les jours de fête comme un bien social. Les familles, où souvent les deux conjoints travaillent, ne peuvent se désintéresser du dimanche, espace qui facilite, entreautres aspects que nous avons déjà mentionnés, la rencontre et le dialogue entre tous les membres de l’unité familiale. L’Église doit faire en sorte, par tous les moyens à sa disposition, que le dimanche trouve son insertion harmonieuse dans cette nouvelle situation de la société. Conclusion 12. Les transformations culturelles et sociales affectent le dimanche, dont le centre est la célébration de l’Eucharistie, et la fête le cadre général. Évêques d’Espagne, nous sommes préoccupés par la situation du dimanche dans notre société. Cette préoccupation est commune à d’autres épiscopats de l’Europe occidentale. La convivialité familiale, la dimension festive de l’homme, le sens exact et religieux du repos, et l’intégration sociale promue sans cesse par la fête, sont des valeurs qui touchent au salut de toute la société. Chrétiens, nous avons nos raisons de célébrer le dimanche, mais le dimanche est le patrimoine de notre histoire depuis de nombreux siècles, et donc aussi de la société. Par cette Note, en même temps que nous demandons aux chrétiens de veiller avec soin à la célébration dominicale et de la défendre, nous nous adressons à toute la société en lui demandant d’apprécier et de protéger le dimanche comme un jour qui marque le rythme de toute la semaine. ■ (•) Voir encadré ci-dessous. (9) Voir Sentido evangelizador…, 28. RESPECTER LE DIMANCHE : LA RESPONSABILITÉ DE TOUS Le Catéchisme de l’Église Catholique rappelle que le respect du dimanche est l’affaire, aussi bien des individus, que de l’État. 2187. Sanctifier les dimanches et jours de fête exige un effort commun. Chaque chrétien doit éviter d’imposer sans nécessité à autrui ce qui l’empêcherait de garder le Jour du Seigneur. Quand les coutumes (sports, restaurants, etc.) et les contraintes sociales (services publics, etc.) requièrent de certains un travail dominical, chacun garde la responsabilité d’un temps suffisant de loisir. (…) 2188. Dans le respect de la liberté religieuse et du bien commun de tous, les chrétiens ont à faire reconnaître les dimanches et jours de fête de l’Église comme des jours fériés légaux. Ils ont à donner à tous un exemple public de prière, de respect et de joie et à défendre leurs traditions comme une contribution précieuse à la vie spirituelle de la société humaine. Si la législation du pays ou d’autres raisons obligent à travailler le dimanche, que ce jour soit néanmoins vécu comme le jour de notre délivrance qui nous fait participer à cette « réunion de fête », à cette « assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux » (He 12, 22-23). Mai-Juin 2001 • 41