Suivi échographique des IVG médicamenteuses
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Suivi échographique des IVG médicamenteuses
réalités en gynécologie-obstétrique # 149_Novembre 2010 Repères pratiques Echographie Suivi échographique des IVG médicamenteuses aspects échographiques peuvent [ Dêtreifférents retrouvés après l’IVG médicamenteuse 1. Expulsion complète de l’œuf C’est la situation la plus favorable, la cavité utérine est vide : l’endomètre est absent ou peu abondant, entourant parfois une petite hématométrie résiduelle (fig. 1). ➞Y. Ardaens Cabinet de Radiologie et Imagerie Médicale, LILLE. L’ IVG médicamenteuse peut être pratiquée jusqu’au 63e jour d’aménorrhée (7 semaines d'aménorrhée [SA] en ambulatoire et 9 SA en milieu hospitalier). Elle doit cependant suivre un protocole spécifique selon la date de la grossesse. Aussi, pour réaliser une telle IVG, il est nécessaire, d’une part, d’affirmer le siège intra-utérin de la grossesse en éliminant une GEU et, d’autre part, de dater la grossesse ; l’échographie est donc indispensable avant le geste. Après l’IVG, il est indispensable de s’assurer de l’expulsion complète de l’œuf. Cela peut être apprécié cliniquement et biologiquement. L’examen échographique est souvent utile mais ne doit pas être systématique car les images échographiques peuvent être sources d’erreurs d’interprétation. Il est donc essentiel de prêter une attention particulière à l’aspect de la cavité utérine et d’évaluer l’épaisseur endométriale. L’échographie sera demandée essentiellement si le taux d’hCG plasmatique décroît de façon trop lente ou insuffisante, notamment lorsqu’au contrôle il reste supérieur à 20 % du taux initial. Fig. 1 : Expulsion complète : ligne cavitaire virtuelle. 2. Grossesse persistante La poursuite d’une grossesse évolutive survient dans 1 à 5 % des IVG médicamenteuses. Elle est suspectée par le dosage d’hCG et facilement confirmée par l’échographie qui retrouve un œuf avec embryon vivant. L’évacuation par aspiration doit être proposée rapidement. 3. Rétention d’œuf mort L’échographie peut montrer un œuf non embryonné, non évolutif ou un aspect d’œuf clair, souvent hypotonique et 1 réalités en gynécologie-obstétrique # 149_Novembre 2010 Repères pratiques Echographie aplati. Cet aspect nécessite une aspiration chirurgicale ou une nouvelle dose de misoprostol. 4. Rétention ovulaire partielle ou de débris de caduque La présence d’une cavité épaisse homogène dont l’épaisseur peut atteindre 10 à 15 mm est habituelle après IVG médicamenteuse et ne doit pas forcément alerter (fig. 2). La présence de structures hyperéchogènes intracavitaires n’est pas synonyme de rétention trophoblastique et ne doit pas conduire à un curetage systématique, car ces images peuvent correspondre tout aussi bien à des débris de caduque ou à des caillots. C’est la situation la plus délicate, car il est souvent difficile en échographie d’identifier le trophoblaste avec certitude. Fig. 2 : Endomètre épais (13 mm) après IVG médicamenteus. Cet aspect est habituel et ne doit pas alerter. Dans cette indication, le Doppler couleur et pulsé peut être utile car la présence d’un signal Doppler artériel dans la cavité plaide en faveur d’une rétention trophoblastique (fig. 3). A l’inverse, l’absence de vascularisation en Doppler au sein d’une cavité épaisse de moins de 15 mm est plutôt rassurante ; dans ce cas, il s’agit le plus souvent de caduque résiduelle et de caillots qui s’expulseront spontanément ou après une nouvelle prise de prostaglandines (fig. 4). [ En pratique Fig. 3 : Rétention trophoblastique hypervascularisée en Doppler. Certains praticiens, proposant une simple surveillance clinique et biologique, jugent que l’échographie n’est pas indispensable dans le protocole de l’IVG médicamenteuse. Il est toutefois impossible de se passer de cet examen avant le geste, ne serait-ce que pour éliminer une GEU, puisque la mifépristone n’a pas d’effet sur la grossesse ectopique. A l’inverse, l’indication d’une échographie de contrôle après IVG ne semble indiquée qu’en cas de persistance d’un taux d’HCG anormalement élevé, > 15 à 20 % du taux initial. La persistance d’un sac gestationnel est le seul élément échographique permettant d’affirmer formellement un échec, les épaississements cavitaires ou les images hyperéchogènes résiduelles sont souvent banals, mais peuvent conduire à des curetages abusifs. Le Doppler peut dans ces situations délicates être intéressant pour différencier le trophoblaste résiduel des débris de caduques et de caillots ; mais malheureusement, son apport doit être évalué, car très peu de praticiens l’utilisent en complément de l’échographie dans cette indication. Fig. 4 : Rétention post-IVG (écho 3 D, étude triplan), images intracavitaires sans signal Doppler : correspondant à des débris de caduques et caillots. 2 Ainsi, un geste complémentaire sur une cavité qui, sur le plan échographique, apparaît comme épaisse et hétérogène réalités en gynécologie-obstétrique # 149_Novembre 2010 POINTS FORTS û L'IVG médicamenteuse peut être réalisée en ville jusqu'à 7 SA (embryon ≤ 10 mm). POINTS FORTS û L'échographie est indispensable avant le geste pour dater la grossesse et éliminer une GEU. û Après le geste, l'échographie ne sera réalisée que si le taux d'HCG reste supérieur à 10 ou 20 % du taux initial. û La constatation après IVG d'une muqueuse épaisse homogène est habituelle et n'indique pas systématiquement un curetage. û Le Doppler est utile pour différencier le trophoblaste résiduel (vascularisé), de caillots ou de débris de caduque (non vascularisés). Bibliographie 1. Fiala C, Safar P, Bygdeman M, Gemzell-Danielsson K. 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Contraception, 2002 ; 66 : 27-31. Remerciements aux docteurs B. Letombe et Ph. Lefebvre pour leur collaboration. ne se justifie qu’en cas de manifestations cliniques associées, de confirmation de l’absence d’expulsion à l’échoDoppler et de mauvaise décroissance du taux d’hCG. L'auteur a déclaré ne pas avoir de conflit d'intérêt concernant les données publiées dans cet article. 3