18 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006

Transcription

18 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
FRANCE
FRANCE
Catholique
Catholique
ISSN 0015-9506
FRANCE
82 ème année - Hebdomadaire
n°3047 - 17 novembre 2006
Un hebdo
engagé
pour l’Amour
et la Vérité
www.france-catholique.fr
2,90 €
Liban :
paix
par
le pardon
La
© AUDE LORNE
selon Mansour LABAKY
3:HIKLMI=YUW^U[:?d@k@o@h@a;
6 jours
avec
tous nos
évêques
M 01284 - 3047 - F: 2,90 E
© CHRISTOPHE LAFLAQUIERE
Reportage :
BREVES
MONDE
CLIMAT : La 12e conférence internationale sur le climat a ouvert ses travaux le
6 novembre à Nairobi (Kenya).
SANTE : Le Conseil de l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS) a désigné le
8 novembre le docteur Margaret Chan,
soutenu par la Chine, au poste de directeur général ; originaire de Hongkong, le
docteur Chan a fait ses études de médecine au Canada.
TERRORISME : La chaîne de télévision
CBS News a affirmé le 11 novembre que
le réseau Al Qaïda planifie des attentats
dans les transports européens pendant
les fêtes de fin d’année.
EUROPE : Dans un rapport du 8 novembre
sur l’élargissement de l’Union, la Commission européenne a recommandé de ne pas
accepter de nouveaux membres avant
d’avoir trouvé une solution à l’impasse
provoquée par le rejet de la Constitution.
ETATS-UNIS : Devenus majoritaires le 7
novembre à la Chambre des représentants avec 229 sièges sur 435, les démocrates disposeront en outre de 51 sièges
sur 100 au Sénat et de 28 postes de gouverneurs sur 50 ; c’est la première fois
que la Chambre basse sera présidée par
une femme, la démocrate Nancy Pelosi.
George Bush a annoncé le départ de son
secrétaire d’Etat, très controversé, Donald Rumsfeld et son remplacement par
l’ancien directeur de la CIA, Robert
Gates ; il a rencontré le 13 novembre des
personnalités susceptibles de proposer un
changement de politique en Irak.
NEPAL : Les rebelles maoïstes ont annoncé le 8 novembre qu’ils renonçaient à
la lutte armée après avoir signé un accord historique de partage du pouvoir
avec les partis politiques népalais.
LIBAN : Le 9 novembre des avions de
chasse israéliens auraient effectué des
manœuvres d’intimidation visant des
Casques bleus français. Le Liban est plongé depuis le 12 novembre dans une crise
politique à la suite de la création d’un
tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri.
GRANDE-BRETAGNE : La directrice générale du MI5 a déclaré le 10 novembre être
au courant de projets d’attentats dont
certains pourraient impliquer des armes
chimiques ou nucléaires ; de jeunes musulmans seraient actuellement formés
pour devenir kamikazes ; 1 600 suspects
liés à Al–Qaïda sont recherchés.
PROCHE-ORIENT : Israël a subi un flot de
critiques le 9 novembre au Conseil de
sécurité de l’ONU pour son offensive
meurtrière dans la bande de Gaza ; mais
les Etats-Unis ont opposé leur veto le 11
novembre à un projet de résolution
condamnant cette offensive. Par ailleurs,
les discussions entre le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre issu du
Hamas sur un gouvernement d’union
nationale ont progressé le 10 novembre ;
un nouveau Premier ministre devrait être
désigné ; le Premier ministre israélien s’est
dit prêt le 13 novembre à discuter avec ce
nouveau gouvernement s’il se plie aux exigences de la communauté internationale.
FRANCE
COMMEMORATION : René Riffaud, 107
ans, un des quatre derniers soldats de la
Grande Guerre toujours en vie, a assisté à
la cérémonie du 11 novembre sous l’Arc
de Triomphe à Paris.
SECURITE : Dans un rapport rendu public
le 6 novembre, une commission sénatoriale présidée par Alex Türk (non inscrit,
Nord), a présenté 70 propositions sur le
cadre de vie, l’éducation, l’emploi, la police de proximité et l’amélioration de la
formation des gardiens de la paix, ou encore l’augmentation de la rémunération
des fonctionnaires intervenant dans les
zones sensibles et le développement des
équipes de prévention spécialisée.
ECONOMIE : Contre toute attente et selon une première estimation publiée par
l’INSEE le 10 novembre, la croissance
française a été nulle au troisième trimestre, ce qui rend plus aléatoire la prévision gouvernementale d’une hausse du
PIB de 2,3% pour l’année 2006.
JUSTICE : La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a été entendue comme
témoin le 10 novembre pendant plus de 11
heures par les juges chargés de l’affaire
Clearstream.
Le tribunal correctionnel de Colmar a prononcé le 7 novembre une relaxe générale
dans l’affaire de la catastrophe aérienne
du Mont Ste-Odile qui avait fait 87 morts
le 20 janvier 1992 ; en revanche, il a
reconnu la responsabilité civile des compagnies Airbus et Air France.
Après la découverte de trois corps de
nouveau-nés dans le jardin de son ancien
domicile, une mère coupable d’infanticide a été présentée le 10 novembre au
juge d’instruction de Blois.
2 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
POLITIQUE : L’ancien ministre socialiste
Jean-Pierre Chevènement a annoncé le 6
novembre sur TF1 qu’il serait candidat à
l’élection présidentielle. Le conseil national de l’UMP devait adopter le 16 novembre ses engagements pour les élections législatives ; une cellule d’évaluation
du coût de ces mesures a été mise en place
sous la houlette du député Eric Woerth,
trésorier du parti, et du sénateur Alain
Lambert, ancien ministre du Budget. Une
vidéo pirate sur laquelle, on entend Ségolène Royal proposer que les professeurs de
collège assurent 35 h de présence effective par semaine, pourrait causer du tort à
Ségolène Royal auprès des enseignants.
L’UDF a réuni son conseil national le 12
novembre pour présenter son avant-projet
en vue des législatives et programmer la
campagne présidentielle de François
Bayrou. Marie-George Buffet a été choisie
par le parti communiste avec 96% des
suffrages le 12 novembre pour porter les
couleurs d’un rassemblement antilibéral
en 2007. Jean-Marie Le Pen a présenté le
12 novembre un programme qui met
notamment l’accent sur "la proportionnelle intégrale" et les baisses d’impôts.
ENTREPRISES : L’avionneur Airbus envisage de réduire de 80% le nombre de ses
fournisseurs d’ici à 2010. Le Parlement a
définitivement adopté le 8 novembre le
projet de loi sur l’énergie dont l’objet
principal est la privatisation de GDF en
vue de sa fusion avec Suez. Le groupe
Alstom va récupérer en sous-traitance un
tiers environ du contrat de 2,7 milliards
d’euros attribué au canadien Bombardier
et concernant les trains de la banlieue
parisienne.
DEFENSE : L’Armée a procédé le 9 novembre au tir du nouveau missile stratégique M51 ; cet engin, construit par le
groupe EADS, sera mis en service en 2010
pour équiper les sous-marins de la Force
océanique stratégique française (FOST).
ROUTE : Le Premier ministre a annoncé le
8 novembre une réforme du permis à
points, notamment un raccourcissement
de trois à un an du délai pour récupérer
les points perdus.
VOILE : Le Français Lionel Lemonchois a
remporté le 6 novembre la "Route du
Rhum" entre St-Malo et Pointe-à-Pitre et
établi un nouveau record de l’épreuve en
7 jours et 17 heures.
J.L.
www.france-catholique.fr
www.monde-catholique.com
EDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
Retour des sandinistes
Yves La Marck
5 IRAK
Saddam pendu ?
YLM
6 PRESIDENTIELLE
Tous pour Hulot ?
Alice Tulle
7 PORTRAIT
Philippe Bas, ministre chrétien
Tugdual Derville
DOSSIER
8 LIBAN
La paix par le pardon
Mgr Mansour Labaky / Aude Lorne
12
Méditations d’un homme d’action
M.L. / A.L.
14
La maison de l’Orient à Lourdes
M.L. / A.L.
ESPRIT
16
MEMOIRE DES JOURS
17
EVEQUES
Budapest 56
Robert Masson
Discours de clôture
Cardinal Jean-Pierre Ricard
19
Quand le pardon est accordé
LECTURES
Père Michel Gitton
MAGAZINE
20 EGLISE
Catholiques arméniens de Paris
Jean-Marie Tissier
22
ECOLE
25
B.D.
26
EGLISE
30
EXPOSITIONS
32
MUSIQUE
33
CINEMA
La Fondation Eugène Napoléon
Michèle Rabion / Anne Montabone
Avec Jean-Paul II et Benoît XVI (25/36)
Dominique Bar - Guy Lehideux
6 jours à Lourdes avec nos évêques
Gérard Leclerc
Berggruen-Picasso
Ariane Grenon
En la fête de la Sainte Trinité
François-Xavier Lacroux
"Je m’appelle Elisabeth", “Babel”
“Borat”,"Sexy dance"
Marie-Christine Renaud d’André / Marie-Lorraine Roussel
34
THEATRE
35
TELEVISION "La meilleure façon de marcher"
“Votre serviteur Orson Welles”
Pierre François
“Le goût des autres”, “Un coupable idéal”
Marie-Christine Renaud d’André
36
TELEVISION
38
BLOC-NOTES
Votre début de soirée
M.-Ch. R. d’A.
Vie associative et d’Eglise
Brigitte Pondaven
www.france-catholique.fr
www.monde-catholique.com
Aux adhérents de l’ADCC :
L’Assemblée générale
de l’A.D.C.C.
aura lieu à Paris le 4 décembre 2006.
Pensez à remplir un pouvoir
si vous ne pouvez pas venir.
Chrétiens
et musulmans
quelques jours de la visite du Pape en Turquie, la question des
relations entre chrétiens et musulmans se pose avec insistance. Il n’est pas vrai que Benoît XVI s’oppose à un dialogue
direct, même s’il entend que celui-ci respecte avec rigueur
les normes théologiques indispensables. Nous ne sommes pas
fils d’Abraham au même titre et n’avons pas à faire semblant d’ignorer
ce qui nous distingue, à partir de ce signe de contradiction qu’est
Jésus-Christ, le Verbe incarné. Pour autant, nous n’avons pas à ériger
nos différences irréductibles en causes de guerre, pour alimenter la fascination du choc des civilisations. Tout ce qui contribue à une meilleure
compréhension réciproque doit être favorisé, ainsi que le Pape vient
encore de le recommander aux évêques allemands. L’Eglise, a-t-il dit,
doit “mettre à disposition, dans des régions où la population musulmane est plus nombreuse, des catholiques possédant les connaissances
linguistiques et d’histoire des religions nécessaires pour pouvoir dialoguer avec les musulmans.”
Certains d’entre eux tiennent à un rapprochement et font tous les
efforts pour le rendre possible, tel l’ancien ministre algérien Mustapha
Chérif, qui a été reçu samedi 11 novembre par Benoît XVI, et a voulu donner
la plus grande publicité à cette rencontre.
Reprenant plusieurs des thèmes abordés
dans la conférence de Ratisbonne - la liberté, la violence, la raison - Mustapha
Chérif a voulu montrer, en sortant de l’audience, qu’un musulman, loin d’être indifférent à ces enjeux, les reprenait à son
compte, en les confrontant à sa propre
par Gérard LECLERC
tradition. Il faut espérer qu’il sera suivi au
sein de la communauté musulmane mondiale et que les contacts qui
auront lieu, lors de la visite pontificale en Turquie seront propices à un
climat plus favorable. Mais il faut ajouter qu’on peut concevoir quelque
crainte à cet égard. Les attitudes hostiles ne manquent pas ici ou là, et
l’ostracisme dont font l’objet les chrétiens en certains pays de stricte
observance, et même dans des pays réputés modérés, montre que la
règle de réciprocité est loin de jouer uniformément en terre musulmane.
Dans notre pays, les difficultés de cohabitation sont réelles, ainsi
que vient de l’illustrer l’émission de Bernard Duquesne “Complément
d’enquête” sur France 2. Déjà les conditions dans lesquelles a été préparée cette enquête provoquent l’interrogation. “Il est impossible de
parler librement de l’Islam en France”, expliquent les journalistes. Et
lorsqu’ils ont voulu interroger des représentants des 10.000 musulmans
convertis en France au christianisme, les intéressés n’ont pas parlé à
visage découvert. De graves menaces de représailles planent sur eux.
On constate donc que c’est d’abord chez nous qu’il importe de changer
les mentalités, pour que le simple échange entre chrétiens et musulmans se fasse en sécurité d’abord, puis en amitié. ■
A
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
© YVES DELAUNAY
4 AMERIQUES
3
ACTUALITE
NICARAGUA
par Yves LA MARCK
Retour des sandinistes
L’élection de Daniel Ortega à la présidence du Nicaragua
est un revers pour Washington dans sa guerre d’influence
avec le Vénézuélien Hugo Chavez.
e jeu politique en Amérique latine est extrêmement chaud entre Bush
et Chavez. Leurs partisans respectifs se sont
comptés pour l’élection au siège
sud-américain au Conseil de
Sécurité. Venezuela et Guatemala n’ont pu se départager. Le
Panama a finalement été élu
pour deux ans. La perspective de
voir le dirigeant "bolivarien " siéger à New York aurait transformé le Conseil en pugilat
permanent. La stratégie internationale de Chavez, qui avait
courtisé l’Afrique, le monde
arabe et l’Asie, a subi un échec.
Chaque élection dans les pays
L
(
d’Amérique centrale et du sud
est l’occasion d’un règlement de
comptes. Chavez, qui avait gagné en Bolivie (avec le président
indien Evo Morales), a perdu au
Mexique et au Pérou ainsi qu’en
Equateur (le second tour n’aura
lieu que le 26 novembre mais
d’ores et déjà son candidat est en
seconde position derrière un
populiste de droite, magnat de la
banane). Il triomphe au Nicaragua avec le succès de Daniel
Ortega.
Ramener la vie démocratique
latino-américaine à ce combat
de chefs est cependant trop
réducteur. Chaque pays a ses
propres priorités et
réprouve
les ingérences extérieures qu’elles viennent de Washington ou
de Caracas. Chavez accorde des
tarifs préférentiels pour ses livraisons de pétrole. Bush mobilise ses relais. Heureusement
que le temps des coups d’Etat
militaires est passé. Le combat se
joue civilement, à la loyale. La régularité des élections n’est pas
contestée, ce qui constitue partout un immense progrès.
Au Nicaragua, la victoire
d’Ortega avec moins de 40% des
suffrages s’explique par le système électoral qui ne prévoit pas
de second tour. La droite, semble-t-il majoritaire, était divisée
entre deux candidats. L’ambassade américaine à Managua
n’avait pas ménagé ses efforts
pour la réunir mais en vain, ce
qui marque la limite de l’influence du puissant voisin du
Nord. A l’inverse, Ortega avait
su habilement jouer en désamorçant une éventuelle réserve de
la part du cardinal-archevêque de Managua.
Il a notamment accepté de voter en
faveur d’une loi
réprimant
l’avortement, au
grand dam visiblement des ambassadeurs de
l’Union
européenne ! Les
anciens révolutionnaires
sandinistes ont
mis beaucoup
Le Brésil entend saisir l’opportunité
de cette opposition frontale
4 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
d’eau dans leur vin. Seize ans
d’opposition – après dix ans de
pouvoir (1979-1989) – et deux
candidatures successives malheureuses aux élections au poste
suprême, ont assagi le parti,
suscitant d’ailleurs une dissidence sur sa gauche. On s’attend donc à ce que le nouveau
président suive une voie nettement plus pragmatique que dans
ses années de feu.
Sa présence à la tête du
Nicaragua en ces années cruciales où se joue la succession à
Cuba de son ancien protecteur
ne sera cependant pas innocente. Le jeu en Amérique latine
est ouvert, surtout depuis que le
président brésilien Lula a effectué, le 29 octobre au second tour,
une brillante reconversion (élu
avec 60% des voix) après son
échec à passer dès le premier
tour du 1er octobre. Le Brésil entend saisir l’opportunité de cette
opposition frontale entre Washington et Caracas. Jouant de
l’un et de l’autre, il a beau jeu de
s’affirmer comme une force
d’équilibre. Brasilia avait soutenu
Caracas au Conseil de Sécurité
mais n’a jamais rompu les ponts
avec Washington.
L’Amérique centrale et du
sud n’a certainement rien à gagner à une guerre d’influence
entre Washington et Caracas
briguant la succession de La Havane. Forte de sa nouvelle démocratie, elle dispose des moyens
nécessaires pour affirmer son
indépendance et sa voie propre
vers le développement. On s’aperçoit par ailleurs que l’Eglise
catholique, qui a su éviter de se
trouver prise en otage de ces
conflits d’influence, aura une
grande contribution à apporter
dans la consolidation de ces
efforts dans le sens de l’équilibre. ■
ACTUALITE
IRAK
par Yves LA MARCK
Saddam pendu ?
Saddam Hussein a été condamné à mort par
pendaison. L’exécution de la sentence pose
des questions de principe et d’opportunité.
E
de Bagdad et les Kurdes a été très
dure, analogue à celle qui s’est
longtemps déroulée du côté turc
de la frontière. Peut-on parler de
génocide ? L’avantage d’un procès en bonne et due forme était
justement d’en débattre, de
mettre ouvertement toutes ces
questions de mémoire sur la
table. La stabilité de l’Irak, la
réconciliation de tous ses habitants, sont à ce prix. L’intérêt pris
par la population dans les retransmissions télévisées le
montre bien.
Les chiites ont obtenu justice,
les Kurdes l’obtiendront à leur
tour, mais cela suffit-il à une
transformation des regards sur
l’histoire et à assurer la possibilité d’un avenir commun ?
Que dire du reste du Moyen
Orient ? Le dictateur n’y a jamais
été aimé. Il ne semble pas que
son exécution doive en faire un
martyr. On l’oubliera vite. Les
réactions – ou plutôt l’absence
de réaction – montrent qu’on l’a
déjà oublié. La peine capitale
n’est d’ailleurs pas un problème
à travers le monde arabo-musulman. Saddam Hussein n’a objecté
qu’à son mode d’exécution : il
préfère être fusillé comme un
combattant que pendu comme
un criminel.
Indépendamment du personnage et de l’aspect clanique de la
société irakienne, le droit international ne sort pas grandi de ce
premier procès. Dans la perspective de la reconstruction en Irak
d’un Etat de droit, des projets
avaient été élaborés dès avant la
guerre de 2003 pour réformer
l’appareil judiciaire, former des
juristes, revoir le corpus juridique.
L’indépendance du tribunal a été
plusieurs fois bafouée. Le président du tribunal a même été remplacé au début de l’année parce
qu’il était trop complaisant visà-vis de l’accusé. Derrière les
juges irakiens, une armée d’experts américains s’est affairée
pour l’instruction et la procédure.
Or la tenue d’un procès conforme
aux normes internationales, est la
condition préalable à tout transfert d’un accusé d’une Cour internationale à un tribunal national.
La Cour Pénale Internationale,
dont les Etats-Unis ne font pas
partie, fonctionne selon le principe de la subsidiarité. Elle ne doit
se saisir d’un dossier que si celuici ne peut être traité nationalement de manière équitable. Le
doute subsiste sur la réunion de
ces conditions dans le cas de
Saddam Hussein.
Il est difficile d’éviter la
confusion entre justice et politique, surtout au plan international. Il reste que les tribunaux
spéciaux pour le Rwanda et l’exYougoslavie ont, à grands frais,
commencé de constituer une jurisprudence là où la seule référence demeurait les procès de
Nuremberg. Les procès irakiens
réduisent à peu de choses ces
acquis. ■
Cela suffit-il à assurer la possibilité
d’un avenir commun ?
(
ût-il été jugé par un
tribunal international
comme les Milosevic,
Charles Taylor ou les génocidaires rwandais qu’il
n’eût pas encouru la peine capitale. Le prononcé de la sentence
par un tribunal spécial irakien le
5 novembre n’a pas suscité de
graves remous. Quelques manifestations de joie dans les milieux
chiites et un rappel de l’opposition de l’Union européenne à l’application de la peine de mort, c’est
peu. L’actualité a été occultée par
les élections américaines.
Saddam Hussein est en l’occurrence condamné pour avoir
personnellement ordonné en
1982 de tuer 148 chiites d’un
village d’où était issue une tentative d’assassinat contre lui. Un
second procès engagé depuis
août dernier vise le massacre de
plusieurs milliers de Kurdes par
gazage dans le village d’Halabja
en 1988.
La justice voudrait que tous
les chefs d’accusation soient traités afin que l’on ait une vision
globale de l’action du dictateur
pendant ses trente-six ans de
règne ou au moins de ses faits
saillants. Or il semble que l’on se
soit refusé à un tel bilan qui impliquerait une relecture du soutien international dont il a
bénéficié, à commencer de la part
de la France et des Etats-Unis
dans la lutte contre l’Iran de Khomeini. Combien de crimes de
guerre ont été commis alors ?
Le premier procès était mené
sous le chef d’accusation de
"crimes contre l’humanité", le
second de "tentative de génocide". La guerre entre le pouvoir
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
5
ACTUALITE
PRESIDENTIELLE
Tous pour Hulot ?
Seul ou presque, mais bénéficiant d’une belle notoriété,
Nicolas Hulot déborde les Verts sur leur propre terrain et anime
à sa manière, gentiment provocatrice, le débat politique.
oici l’homme qu’on
n’attendait pas. Tard
venu à la politique, il
n’en paraît que plus
jeune. Etranger au jeu
des partis, il ignore les bienséances et piétine un jardin pas très
bien entretenu – celui des écologistes. De surcroît, il s’exprime
mieux à la télévision que beaucoup d’autres candidats puisqu’il est l’une des gloires du sérail
médiatique.
C’est ainsi qu’apparaît, tout à
coup, Nicolas Hulot. On se souvient qu’il fut la vedette du magazine télévisé "Ushuaïa" créé en
1987 : c’est en réalisant des émissions en tout point de la planète
V
(
qu’il prit conscience de toutes les
menaces qui pesaient sur l’environnement. D’où la création en
1990 d’une Fondation Ushuaïa
puis, voici six ans, d’un Comité
scientifique de Veille Ecologique.
Du travail accompli depuis
une quinzaine d’années, résulte
un livre, Pour un pacte écologique,
dans lequel Nicolas Hulot se prononce en faveur de la production
de biens durables et réparables,
pour un autre mode de production agricole, le développement
des transports en commun, l’arrêt des subventions aux activités
nuisibles à l’environnement, le
soutien à la recherche sur l’environnement.
Surtout Nicolas Hulot publie
"cinq propositions concrètes " sur
lesquelles les candidats à la présidence sont sommés de s’engager :
– Nomination d’un vice premier
ministre chargé du développement durable ;
- Instauration d’une taxe carbone;
- Réorientation des subventions
agricoles vers une agriculture de
qualité ;
- Systématisation des procédures
de démocratie participative ;
- Mise en place d’une grande
politique d'éducation et de sensibilisation.
Et si les candidats à la présidence n’entérinent pas ces propositions ? Alors Nicolas Hulot
sera candidat.
Cette démarche pourrait faire
sourire : trente-cinq candidats
se sont déjà déclarés. Mais
les interventions de
l’homme d’"Ushuaïa" sont
soutenues par des scientifiques (par exemple
Jacques Weber, directeur de l’Institut
français de la
biodiversité) et
par des vedettes
(l’actrice Sophie
Marceau, le
chanteur Pascal
Obispo). Nicolas
Hulot a déjà été
plébiscité par
sondage : 66% des
Français le considèrent comme
Tout le monde a compris l’urgence... d’une
récupération de l’homme et de sa cause
6 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
par Alice TULLE
"représentant le mieux la défense
de l’environnement", selon des
chiffres publiés début novembre.
On comprend que les Verts
fassent grise mine : alors que
l’opinion a pris conscience de la
gravité du réchauffement de la
planète, les écologistes patentés
retiennent de moins en moins
l’attention. Il est vrai que les
querelles intestines de ces adeptes de la transparence sont incompréhensibles… Et c’est ainsi
que Nicolas Hulot est en train de
leur manger le peu de laine qui
leur restait sur le dos.
Dans les grands partis, tout le
monde a compris l’urgence…
d’une récupération de l’homme
et de sa cause. Le premier, Laurent Fabius a déclaré que Nicolas
Hulot "ferait un excellent
numéro deux du gouvernement"
qui serait chargé de l’environnement. "Quand on n'a pas gagné
une primaire mieux vaut éviter de
faire des nominations avant
l'heure" a répliqué François Hollande, qui veille aimablement sur
la candidature de Ségolène Royal. Celle-ci a d’ailleurs déclaré
que la candidature de Nicolas
Hulot serait un facteur de division au premier tour.
Comme si cet écologiste d’un
type nouveau appartenait à la
gauche ! On oublie, rue de Solferino, que Nicolas Hulot fut
conseiller de Jacques Chirac pour
les questions d’environnement
lorsque le président était maire
de Paris. Et Nicolas Sarkozy s’est
lui aussi empressé de manifester
son intérêt pour les "cinq propositions" en suggérant que l’on
double, sur cinq ans, la fiscalité
écologique.
Tous ne sont pas pour Hulot,
mais tous s’en sont déjà inspirés. Pour le temps de la campagne, ou pour après ? ■
ACTUALITE
par Tugdual DERVILLE
FAMILLE
Chrétiennement
correct
Entre une vie privée engagée dans l’Eglise
et son engagement public dans le gouvernement,
Philippe Bas affiche cohérence et contradictions.
L
Mais il n’est pas tombé de la dernière pluie : avant de devenir ministre, l’ancien élève de l’ENA
passé au Conseil d’Etat a été collaborateur de Simone Veil et de
Philippe Douste-Blazy, respectivement ministres des Affaires sociales et de la Santé, puis directeur
de cabinet de Jacques Barrot,
ministre du Travail, avant d’intégrer la garde rapprochée du
président Chirac pendant sa
cohabitation avec Lionel Jospin. Des postes où il a fait apprécier ses qualités d’écoute et
de négociateur. D’ailleurs, son
entrée au gouvernement fut
saluée avec une rare unanimité par les associations familiales, de personnes âgées et
de personnes handicapées.
S’exprimant au Congrès de
l’UNAF, il encense son président
à coup de «cher Hubert» et confie
savoir «d’expérience qu’à l’arrivée du troisième enfant […] les
dépenses explosent». Il est aussi
à l’aise au Congrès de l’UNAPEI
dont il dit «partager l’impatience»
à voir la cause des personnes
handicapées progresser. Quand
le site internet CapGéris (portail
de services aux personnes âgées)
lui demande son pire souvenir en
tant que ministre, il sait répondre
«la détresse d’une mère face à
son enfant autiste». Son meilleur
souvenir ? «Le sourire d’un
malade d’Alzheimer dans l’échange de nos deux regards ».
Mais Philippe Bas n’en reste pas
aux belles paroles. Aux deux
extrêmes de la vie, il décline son
ambition. Pour «améliorer la
qualité de vie des personnes
âgées» son projet de réforme de
83 000 lits de soins de longue
durée doit s’achever cette année.
L’annonce phare de son plan «petite enfance» est la création de
40.000 places supplémentaires
de crèche afin «que dans cinq ans,
il y ait une solution de garde pour
chaque enfant de moins de trois
ans dans notre pays». Certains
jugent un tantinet collectivistes
ces orientations, mais le ministre
propose aussi d’assouplir le congé
maternité afin de permettre aux
femmes qui le désirent – et pour
lesquelles ce ne serait pas médicalement contre-indiqué – de
reporter une partie du congé précédant l’accouchement pour
éviter une reprise trop rapide du
travail préjudiciable à la relation
mère-enfant.
On attribue ce bons sens de
Philippe Bas à sa sensibilité «démocrate chrétienne». Elle expliquerait tout autant sa chaleur
relationnelle et sa générosité
dont témoignent ses amis... que
sa tiédeur de conviction, voire sa
frilosité, qui déçoit de la part d’un
chrétien, dès lors qu’on avance
sur des sujets plus délicats ou
moins consensuels.
S’il manifeste une grande
compassion pour «tous ces enfants qui souffrent en secret et
dont le nombre ne cesse de croître», en appelant de ses vœux ce
qu’il nomme la «bientraitance»,
il n’a pas pour le moment relevé
la promesse faite par Jacques
Barrot en 2002 d’engager une
vraie lutte contre la pornographie à la télévision (et pas seulement Internet) : les experts ont
pourtant montré que c’est par le
petit écran que des millions d’enfants et d’adolescents en sont
gravement perturbés chaque
année. Et quand Philippe Bas est
invité sur Radio Notre-Dame, le
7 novembre, il refuse de contester l’agrément du lobby de l’euthanasie à l’hôpital ou les dérives
du Téléthon. Interrogé sur l’avortement, il reprend même la dialectique éculée du Planning
familial des années 70, semblant
ignorer ce qui se passe aujourd’hui pour les femmes…
Mais un homme politique at-il encore le droit de voir et dire
la vérité sur ces sujets s’il veut
survivre dans sa caste ? A chaque
gentil ministre catholique, tant
d’occasions ratées ! ■
Dans la 2e circonscription de la Manche, ce
sera son premier saut dans le bain électoral
(
e plan gouvernemental
«petite enfance» présenté mardi 7 novembre,
c’est lui. La nouvelle
carte «Familles nombreuses» lancée en juin 2006,
c’était déjà lui. Le plan canicule
pour les personnes âgées lors de
l’alerte de l’été dernier, c’était encore lui. Symbole ou coïncidence,
c’est la maison de retraite dénommée «La sainte Famille» que
Philippe Bas choisissait de visiter
le 26 juillet, à Clermont-Ferrand.
Le ministre délégué à la Sécurité
sociale, aux personnes âgées, aux
personnes handicapées et à la
famille fait feu de tous bois. Dès
le lancement du livre-brulot On
tue les vieux (Fayard) il monte au
créneau pour annoncer son intention d’ «aggraver les sanctions» en cas de maltraitance
dans les établissements de personnes âgées, tout en estimant
qu’«il y a beaucoup d’excès dans
le diagnostic» des auteurs.
Les mauvaises langues prétendent que l’explosion médiatique du «jeune» ministre – il a été
nommé le 2 juin 2005 – est à
rapprocher de son projet de parachutage aux prochaines législatives rendu public en octobre : à
48 ans, Philippe Bas s’apprête à
briguer un poste opportunément
laissé vacant par le député sortant UMP de la deuxième circonscription de la Manche. Ce
sera son premier saut dans le bain
électoral. Comme son mentor et
prédécesseur au Secrétariat général de l’Elysée, Dominique de
Villepin, Philippe Bas est entré au
gouvernement par la porte de la
Haute administration. Et grâce à
la confiance de Jacques Chirac.
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
7
DOSSIER
Mgr Mansour Laba
La paix par le
"Monseigneur Mansour Labaky est
en France pour quelques jours",
annonce notre rédacteur en chef.
Vite, sautons sur l’occasion
de compléter
notre série déjà
longue d’articles
consacrés
à l’Année de
l’Orient Chrétien...
Je savais l’emploi
du temps de Mgr
Labaky chargé :
la sortie d’un
nouveau livre, des conférences,
des émissions radiophoniques
et télévisées, un projet de maison
de l’arabophonie à Lourdes,
l’association "L’Enfant du Liban",
le mouvement spirituel
"Lo Tedhal", entre autres...
j’ai quelques doutes sur ses
disponibilités à caser une
interview supplémentaire.
Un coup de fil à sa secrétaire,
et j’ai la surprise de me voir
accorder un rendez-vous
"quand vous voulez, où vous
voulez", avec chaleur et amitié.
8 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
ne heure de transport en commun sépare
le Q.G. de France-Catholique en banlieue
sud de Paris et le siège de l’Association
"Enfant du Liban", rue des Epinettes dans
le XVIIe arrondissement. J’en profite pour
feuilleter “La Paix par le Pardon” l’itinéraire du père
Labaky retracé par Evelyne Massoud, une célèbre
journaliste libanaise (éd. du Jubilé, 20 €). Quelque
400 pages pour raconter cet homme de Dieu né au
Liban en 1940. Un prêtre qui a vu le massacre de sa
paroisse de Damour en janvier 76. Il s’est fait
depuis l’apôtre infatigable de son pays. Un apôtre
talentueux, à la fois romancier, poète et compositeur, dont l’œuvre a été récompensée par de nombreux prix. Un bâtisseur aussi : le Foyer Notre-Dame
de la Joie fondé au début de la guerre en 77 à
Beyrouth accueille les orphelins, sans séparer frères
et sœurs, grâce au soutien de la Fondation Raoul
Follereau. Un deuxième foyer, Ste-Marie, à Douvresla-Délivrande en Normandie, a vu passer pendant 8
ans quelque 200 orphelins de guerre, un troisième
foyer, N.-D. du Sourire, au Liban, depuis 95, pour les
orphelins lui aussi.
Actuellement, le père poursuit son œuvre avec
la construction d’un centre d’accueil au Liban et
l’installation de la Maison de Marie "Beth
Maryam-étoile d’Orient" à Lourdes. “La Paix par le
Pardon” fait état des noms illustres qu’il compte au
nombre de ses amis, de ses admirateurs, aussi
divers que Jean Piat avec qui il a monté une pièce
de théâtre avec ses enfants orphelins, Jacqueline
de Romilly, Jean-Paul II, la Princesse de Lobkowicz,
Grace de Monaco ou Jacques Chirac…
J’arrive au pied de l’immeuble. Dans cette rue
d’un quartier populaire de Paris, sympathique par
ses petits cafés, son marché matinal, le bâtiment
est haut. J’ai l’impression de rendre visite à une
connaissance plus que me rendre au siège d’une
association pour une entrevue avec une excellence.
Après quatre étages, me voici chez lui. Chantal, la
responsable de l’association L’Enfant du Liban, me
fait entrer avec un grand sourire de bienvenue.
"Nous vous guettions du balcon". Une pièce de
U
Retrouvez
Mgr Labaky
sur la “webTV”
www.webtvcn.fr
Lo Tedhal,
38, rue des Epinettes,
75017 Paris,
tél : 01.44.85.32.60.
DOSSIER
ky
par Aude LORNE
© AUDE LORNE
pardon
taille moyenne, tapissée de livres, un autel avec des
icônes, une bible et une bougie, deux bureaux, une
table de salle à manger, une petite cuisine. "C’est
l’appartement du Père lorsqu’il est en France.
Sinon, c’est ici que nous travaillons pour l’association", m’explique-t-elle. C’est alors qu’Abouna* s’avance vers moi, les bras largement ouverts. Vrai
Libanais, il l’est physiquement, très brun, carré, une
voix profonde et forte, des "r" qui roulent comme
un tambour. Oriental, il l’est aussi dans la culture.
"Un café ? J’en ai préparé un spécial pour vous".
"Monseigneur…" "Ah non, "Père !" s’insurge Mgr
Labaky, "c’est plus gentil. " "Euh, Père, ce café a
quelque chose qui vient d’ailleurs" " J’y ai mis de la
cardamome… c’est ce que l’on boit au Liban".
La saveur du Liban
Un poète,
un
amoureux
de son pays
* Abouna :
“Mon père”
en libanais.
Paris, le grand immeuble, ont soudain disparu.
Nous étions là-bas. J’ai tout à coup entendu un
poète, un amoureux de son pays. Le père se renverse un peu sur sa chaise, le regard se perd vers le
plafond.
«Pour vous donner une idée géographique, le
Liban se trouve en Asie, au Moyen-Orient, à une
heure de l’Europe par Chypre, à une heure de
l’Afrique. C’est un pays de montagnes, de rivières,
de plaines.
Le mot Liban revient soixante-douze fois dans
la Bible, comme une terre de beauté, de sainteté,
de parfum. L’auteur sacré qui voyait notre pays
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
9
© ENFANT DU LIBAN
DOSSIER
depuis la Terre Sainte prenait ses exemples à partir du Liban. Pourquoi ? Parce que le principe philosophique dit ceci : rien dans l’intelligence ne
peut être conçu sans que cela passe par les sens.
Pour dire que Dieu est puissant, on dit : "Dieu peut
fracasser les montagnes du Liban". Pour la beauté,
dans le Cantique des Cantiques : "Viens ma bienaimée, viens du Liban" : le plus beau pays pour la
plus belle femme. Pour la sainteté, "le juste fleurira comme le cèdre du Liban".
Terre de respect
Dans l’Ancien Testament, le Liban est aussi une
terre d’accueil, une terre de respect. Tant que mon
voisin est en paix, je serai en paix. Les Libanais ont
toujours entretenu de bonnes relations avec leurs
voisins. On dit "le jar avant le Dar" ("le voisin
avant celui de la maison")."On cherchait aussi à
respecter le voisinage. Nous avons toujours
accueilli l’étranger, le réfugié. Elie par exemple,
quand il a fui son pays, chassé par Jézabel, a été
accueilli par une veuve adoratrice de Baal à Sidon,
alors qu’Elie avait fait assassiner 350 prêtres de
Baal. Le Libanais oublie le passé et regarde l’avenir. Les yeux sont devant alors il faut regarder
devant vous. "Mâdi-mada" ce qui est passé est
passé.
Si on regarde le passé, on n’avance pas. Avant
l’Ascension, Jésus a donné rendez-vous à ses apôtres par trois fois. Quand ils le virent, certains
doutèrent, d’autres se prosternèrent. Le monde est
comme cela. Jésus n’a pas essayé de les convaincre mais il a marché avec ceux qui se sont prosternés. L’Eglise est l’héritière de ceux qui ont marché.
10 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
Terre de liberté religieuse
Une
mosaïque de
confessions
dans le seul
pays
d’Orient
qui peut
vraiment
admettre
la liberté
religieuse
On dit chez nous "Cherchez la vérité même si
elle vient de Chine". Il existe au Liban 18 confessions religieuses. Je ne dis pas 18 langues mais
dix-huit confessions. Nous avons les musulmans,
les chrétiens, les juifs et les alaouites, les chiites,
les sunnites, les melkites, les syriaques, les coptes,
un million de maronites... Une mosaïque dans le
seul pays d’Orient qui peut vraiment admettre la
liberté religieuse. Chacun peut pratiquer sa religion
comme s’il était dans un pays où sa religion était
la seule existante. Musulmans, catholiques et
athées vivent à 100% libres…. Avec 4 millions
d’hommes, c’est le rêve de toute intelligence et de
tout désir humain. Je disais l’autre jour devant un
public d’Américains : "Vous, vous avez des jardins
zoologiques de 10.000 km2. Supposez que nous
sommes un jardin zoologique culturel et ethnique
de 18 confessions religieuses sur 10.000km 2 .
Conservez-nous ! Ne nourrissez pas la guerre !" Ils
ont ri, ils ont de l’humour.
" Vous êtes un message "
Le Pape Jean-Paul II a compris l’importance du
Liban lorsqu’il est venu nous rendre visite en 1997.
Pour l’accueillir, 500.000 fidèles ont chanté pendant deux heures "Lo Tedhal" en syriaque "ne
crains pas, je suis avec toi", un chant de ma composition.
Le Pape nous a donné une espérance nouvelle
que nous vivons actuellement : "Vous êtes une
image de ce que le monde devrait être" , un monde
sans frontière, un monde de liberté et d’échange,
DOSSIER
un monde où chacun peut se sentir libre et où
chacun aurait sa part de soleil. Nous vivons cette
invitation à la sérénité que Jésus nous a donnée.
Nous avons tenu, nous n’avons pas toujours
gagné mais, grâce à la foi, grâce à l’intelligence de
notre peuple, musulman et chrétien, nous avons
vécu dans une certaine harmonie. Nous avons pu
conserver à ce Liban sa couleur d’espérance.
Nous sommes un message, c’est-à-dire que
nous, musulmans et chrétiens, nous sommes
condamnés à vivre ensemble dans la sérénité et
l’harmonie. Le Libanais jusqu’à présent a vécu dans
une atmosphère de coexistence, je ne dis pas dans
une atmosphère toujours sans taches, mais nous
avons vécu 1200 ans ensemble. Il y a eu 30 ans de
guerre mais 1700 ans de paix parce que les chefs
ont su éviter les discussions et les débats qui provoquaient jusqu’aux rixes.
Si le Liban venait à disparaître…
Si le Liban venait à disparaître, à Dieu ne plaise, ce serait comme Etat politique, comme système
de liberté, seul pays au Moyen-Orient à vivre dans
le même respect des droits de l’homme, il n’y
aurait peut-être plus dans toute l’Asie un seul
endroit où les chrétiens puissent être libres à
100%. Sauf aux Philippines. C’est la raison pour
laquelle nous tenons à rester une image de ce que
serait le monde de demain, un monde de respect
et de ce que devrait être l’Europe avec l’arrivée de
masses non chrétiennes, non seulement musulmanes mais indiennes, chinoises...
Comment voulez-vous créer une société de
respect mutuel si vous n’arrivez pas à sauver
10.000 km2 ? le Libanais est assez intelligent pour
éviter de susciter des problèmes qui risquent de
déstabiliser. Nous avons vécu ainsi sauf quand des
idéologies ou des fanatismes venant des pays
étrangers sont venus jeter le trouble. Cela fait partie de la liberté mais, malheureusement, le Liban, à
cause de cette volonté d’accueil, en a été déchiré.
On dit en libanais : "là où il y a une fenêtre par
laquelle circule le vent, bouche-la".
Il ne faut
jamais
discuter
religion
avec les
musulmans,
il faut les
aimer
"La foi sépare, l’amour unit"
Si on doit discuter des problèmes religieux,
entre musulmans et chrétiens, il y a beaucoup de
différences. Si on pousse l’idée de l’extrémisme
islamiste, on a peur. Comme m’a dit un musulman
converti qui est prêtre : "il ne faut jamais discuter
de religion avec les musulmans. Il faut les aimer”.
Et, comme le dit le Vatican, il faut travailler dans
les domaines où il y a un accord, comme la justice,
le problème du soin des pauvres, de l‘avortement,
où nous sommes d’accord, de l’euthanasie, du
droit à la propriété. Chaque enfant, je le considère
comme mon enfant. C’est le même regard, les
mêmes larmes
Maintenant, quand il s’agit des questions religieuses, il y a des différences. Il faut être honnête.
La foi sépare, l’amour unit. Jésus n’a pas dit "ayez
foi les uns dans les autres", mais "aimez-vous les
uns les autres". Dès qu’on aime quelqu’un, on est
séduit. Et à partir de l’amour vous pouvez parler de
Jésus-Christ. Les rencontres entre musulmans et
chrétiens sont possibles. Maintenant les rencontres entre l’islam et le catholicisme ne sont pas
possibles.
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
11
DOSSIER
Le livre de l’islam interdit le dialogue : la vérité
est révélée et ne change pas. Le dialogue suppose
un minimum de compromis. Mais le musulman
qui vient s’enquérir de la Vérité, vous pouvez y
aller sans crainte, surtout en France, terre de
liberté.
Méditatio
En libanais, "Labaky" veut dire "affairé".
Dans son dernier livre, Mgr Labaky se
révèle comme un "affairé" particulier,
dont l’âme est en dialogue quotidien
avec le Christ. “L’Evangile en prières”,
ce sont des travaux pratiques sur
l’Evangile, une initiation à l’unité entre
prière et action. Pour chaque jour, il
initie le lecteur au secret d’une force.
Et la France ?
Celui qui attaque la France me fait perdre patience (les sourcils se froncent, les poings se serrent). Malgré toute la hargne dont elle est l’objet,
la France est le pays qui continue à donner le plus
grand nombre de vocations : les petites sœurs et
les petits frères de Foucauld, les petites sœurs de
Saint-Jean, les moines de St-Gervais, les Béatitudes, l’Emmanuel…
Depuis 40 ans on voit surgir de nouvelles missions françaises. Oui il y a une crise des vocations,
mais la génération Jean-paul II se lève ! La France
a donné les 2/3 des ordres missionnaires. Vous
avez donné 6.500 canonisés. Le plus jeune docteur
de l’Eglise, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, est
française. Elle est connue dans le monde entier.
Quand un pays donne autant de saints, comment
voulez-vous désespérer ? Bien sûr, il y a le mal. Le
mal est tapageur. Un arbre qui tombe fait plus de
bruit qu’une forêt qui pousse. Quand il y a des
égouts qui débordent dans un quartier, tout le
monde le sent. Une mauvaise femme fait plus
parler d’elle que toutes les femmes honnêtes
réunies.
La France continue à être généreuse, fraternelle, à être imbibée des valeurs de l’Evangile,
même si les politiciens n’accordent pas tellement
de crédit à leur foi de baptême. Si la France venait
à disparaître, ce serait catastrophique pour le
monde. Imaginez le monde sans les dix-huit
cathédrales. Imaginez la France sans Lourdes.
Imaginez Paris sans Montmartre ou la rue du Bac.
Bien sûr, il y a les cafés-trottoir, les ChampsElysées. C’est ça aussi qui fait la France. »
■ Mgr Labaky, beaucoup de livres ont déjà été
écrits sur les Evangiles. Pourquoi un de plus ?
Les
rencontres
entre
chrétiens
et
musulmans
sont
possibles
■ Quelle est la source de la complicité qui se vit
entre vous, Jésus et Marie ?
Le Père est un passionné que rien n’arrête… La
guerre, la violence, les larmes des enfants n’ont pas
fait chanceler dans sa conviction que "si Dieu nous
tient par la main, tout devient merveille". Un passionné pourtant qui oubliera tout pour répondre à
celui qui a besoin d’aide ou qui croise son chemin.
Pour notre journal, il aura donné toute disponibilité
et ne m’aura pas laissé repartir sans m’avoir préparé un délicieux khidiz* qu’il aura fourré de labné**,
avec une petite serviette parfumée gardée de son
dernier voyage en avion. "C’était délicieux,
Abouna" et j’aurais envie d’aller dans votre beau
pays. ■
* Pain libanais.
** Sorte de fromage frais
épicé, parfumé à la menthe.
12 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
Si 850 livres par an sont écrits sur la Bible, c’est
que le sujet est intéressant. Le jour où elle sera
connue partout, on découvrira encore d’autres
richesses. Pour moi, je voulais donner l’expérience
de ce que j’ai ressenti depuis 40 ans, depuis mon
ordination : parler à Jésus à partir de l’Evangile.
J’ai lu beaucoup de commentaires sur la Bible,
en arabe, en hébreux, en anglais, ceux des Pères de
l’Eglise. Mais quand je lis un passage de l’Evangile et
que je regarde la Croix et le Saint-Sacrement, je
m’adresse en face à Jésus. Lors d’émissions télévisées
hebdomadaires au Liban, je parlais à Jésus en direct
et je faisais en même temps des commentaires. "C’est
le prêtre qui parle à Dieu", disaient les gens. Ils
croyaient que j’interviewais Dieu. Et c’était vrai. J’ai
procédé de la même façon dans ce livre. C’est pour
cela que je l’ai intitulé "l’Evangile en prières".
Nous avons la chance de connaître Dieu de
manière profonde et directe, de connaître le visage
de Jésus. Dieu a un sourire. On peut lui serrer la
main, pleurer sur son épaule, le tutoyer. Dieu n’est
pas dans les nuages, ce n’est pas celui qui fait peur.
C’est quelqu’un à qui je déverse dans le cœur ce qui
me torture et à qui j’offre ce qu’il n’a pas.
Il y a deux choses que j’offre à Dieu. Dans la
liturgie byzantine, on dit "De ce qui est à toi, nous
l’offrons à toi." Or, nous pouvons lui offrir quelque
chose qui lui manque. Ce qu’il n’a pas, c’est mon
péché et c’est ma louange. C’est l’attitude de l’enfant
qui donne le soir son linge sale à sa maman et à qui
sa maman dit "bonne nuit mon chéri". Jésus dit "si
vous ne devenez pas comme des petits enfants..." Or
le petit enfant est tapageur, paresseux, gourmand,
égoïste. Il a tous les défauts. Mais il a une qualité : il
rentre chez lui le soir et il dit "bonsoir papa". Tant
DOSSIER
ns d’un homme d’action
que nous n’avons pas l’attitude de l’enfant qui rentre
chez lui le soir, tant que nous ne nous prenons pas
pour des dieux, que nous ne nous prétendons pas être
des purs, le Seigneur prend pitié. En araméen, on dit
"matricie-moi", c’est-à-dire aime-moi comme si j’avais
été de ta matrice. Comme une mère aime son enfant,
je plonge dans tes entrailles comme si j’étais ton
bébé.
■ Votre originalité, pour nous francophones, est
votre manière orientale d’aborder le Christ.
Je viens de la terre du Christ. Je suis un oriental.
Je sens que Jésus est un compatriote, comme la
Vierge est une compatriote. Je comprends la finesse
de la langue dans laquelle le Christ s’exprimait et
dans laquelle Marie berçait le sommeil de son fils.
Elle chantait en araméen.
Cette langue a un ton qui a pour nous l’arôme
d’une prière. Ecrire ce livre en arabe aurait été plus
facile. Mais je voulais expliquer aux francophones
cette façon de voir au Liban, les nuances de la
langue. Je prends un exemple. Quand Jésus dit à sa
mère à Cana "qu’y a-t-il entre toi et moi, Ô femme ?",
le ton pour nous arabophones n’est pas agressif.
Ce n’est pas un "de quoi te mêles-tu ?" car il est
naturel pour nous que les femmes viennent aider.
Le mot "femme" non plus ne choque pas. Nous disons
à nos mamans "femme". Quand j’appelais ma mère
"Ya-mara" "ô femme", cela veut dire "tu représentes
toutes les qualités féminines du monde". C’est
tellement riche !
foi, Ô femme !" C’est comme s’il demandait aux
Libanais d’avoir la foi. Nous avons la chance d’avoir
donné à l’Eglise beaucoup de saints et de vivre dans
un Orient ostraciste où il est difficile de vivre la
passion de Jésus et la résurrection de Jésus.
Comme chaque pays a son drapeau, les chrétiens
ont le leur. Le drapeau des chrétiens est le pardon et
la confiance. Un chrétien ne peut prétendre être
chrétien, être baptisé, avoir reçu les sacrements et
rester dans la haine. Il n’est pas fidèle. Je ne dis pas
que c’est facile. La religion du Christ n’est pas une
religion de facilité. Ce n’est même pas une religion
d’idéal. Le christianisme va plus loin, en profondeur.
Tu dois être aussi parfait que Dieu : "Soyez parfaits
comme votre père est parfait". Tu dois bénir celui qui
te calomnie. C’est impossible. Quand on l’a dit à
Jésus il a répondu : "Ce qui est impossible à l’homme
est possible à Dieu". ■
■ “L’Evangile en prières” s’adresse à tous les
chrétiens, pas seulement aux catholiques. Vous
donnez en référence les calendriers de la liturgie
maronite, latine, traditionnelle et melkite. Les
différences entre les rites sont-elles importantes ?
Il y a des différences dans les calendriers.
Chez les maronites, par exemple, il y a un lundi des
Cendres…. mais pas de Chemin de Croix. Le Vendredi
saint célèbre l’ensevelissement du Christ. Au Liban
c’est un jour chômé, même chez les musulmans. On
y parle des yeux et du corps. Jésus est très concret
chez nous. Pour la communion, on touche l’hostie
par les yeux, on l’embrasse et on la consomme...
■ Deux thèmes reviennent au fil des pages, la
Confiance et le Pardon. Comment le vivre dans un
pays tellement meurtri par la guerre ?
Le Christ a donné aux Libanais une vocation
quand il a dit à la femme cananéenne "grande est ta
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
13
DOSSIER
BETH MARYAM
La maison de l’O
par Mansour LABAKY
J
Bénédiction d’un cèdre du Liban planté
devant Beth Maryam à Lourdes.
14 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
© MAIXENT CALLAUD
e me trouvais l’année dernière à Lourdes
avec l’ordre de Malte dont je suis le chapelain au Liban, en compagnie de notre
patriarche. Là, j’ai chanté l’Evangile en
arabe lors de la messe internationale. Le
patriarche a célébré la messe de Paul VI
mais a prononcé la consécration en araméen,
comme dans la liturgie maronite. En sortant, je
fus accosté par de nombreux Arabes chrétiens
venus d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Syrie...
d’Israël, des Territoires palestiniens... Ils étaient
étonnés. Ils me connaissaient par la télévision et
ils m’ont reconnu. Ils m’ont dit : "C’est formidable d’entendre l’Evangile en arabe ici".
De
nombreux
Arabes
chrétiens
venus
d’Irak, de
Jordanie,
du Liban,
de Syrie...
© ENFANT DU LIBAN
Depuis le printemps 2006,
l’Orient a sa maison à Lourdes.
Face à la Grotte, dans un ancien
salon de thé. Les arabophones,
qu’ils soient chrétiens,
musulmans ou simplement
chercheurs de Dieu, y ont
désormais leur maison. Une
idée de la Belle Dame, soufflée
à l’oreille de Mgr Labaky.
J’accoste alors un jeune musulman dont on
m’avait dit qu’il arrivait d’Irak. Je lui demande en
arabe (il ne pipait mot de français) : "Où vastu ?" "Je vais à Détroit aux Etats-Unis". "Et
pourquoi tu as pris Air France ? Tu es anglophone, pourquoi n’es-tu pas passé par
Londres ?" "Je voulais passer par Lourdes avant
d’aller à Détroit". J’étais ému aux larmes.
Le soir, en priant à la grotte, j’ai entendu la
Vierge me dire dans le cœur : "Comment se faitil que je vienne d’Orient, que je sois ici depuis
150 ans et qu’il n’y ait pas de maison pour mes
enfants orientaux ? Il faut me trouver une maison d’accueil".
Et c’est comme cela qu’est né le rêve de Beth
Maryam. Cela veut dire tout simplement Maison
de Marie.
Août 2005. On m’alerte qu’un ancien salon
de thé est mis en vente, à 300 m de la Grotte…
Je cours, je vois cette maison. Tout le monde lorgnait dessus. Il y avait 10 acquéreurs possibles.
"Attendez, dit le vendeur, il y a un prêtre libanais
intéressé pour en faire une maison d’accueil
pour les Orientaux !" J’ai dit "je prends". Comme
DOSSIER
rient à Lourdes
je n’avais pas d’argent, nous avons constitué
une Société Civile Immobilière avec quelques
amis.
Au travail maintenant. Il faut aménager des
chambres, faire une salle pour réunir les gens,,
constituer une bibliothèque en arabe, créer un
endroit pour dire la messe. Marie est la seule
maîtresse de maison, une souveraine toute
orientale. On y est reçu comme chez nous.
"Bienvenue !", on prend le café, avec des douceurs libanaises, on met des cassettes en araméen, on dit le chapelet en arabe, regardant la
Grotte du balcon. Marie est la vraie maîtresse de
maison, elle organise à sa manière.
La maison est tenue par les consacrées de Lo
Tedhal. Lo Tedhal est un mouvement spirituel
fondé pour soutenir notre action au Liban. Il
unit dans ses membres les chrétiens d’Orient et
d’Occident. Les "Lo Tedhaliens" se consacrent à
vivre le pardon et la sérénité intérieure dans le
mouvement par une façon de rayonner, une
manière d’être et d’aimer loin de tout fanatisme
et de tout fatalisme. Ils forment comme un monastère invisible entre les deux poumons de
Un
monastère
invisible
entre
les deux
poumons
de l’Eglise
l’Eglise, l’Orient et l’Occident. C’est un lieu à
part. On y vit les travaux pratiques de l’Evangile.
Dans cette maison Beth Maryam - l’Etoile
d’Orient, les pèlerins peuvent goûter à la joie de
Dieu et faire l’expérience de l’universalité de
l’Eglise.
La Vierge de Lourdes est un miroir, pour tout
homme en recherche de vérité. Six millions de
pèlerins viennent à Lourdes chaque année.
Marie est la mère du genre humain. Les musulmans au Liban prient Marie comme les Chrétiens. Les musulmanes qui viennent prier Marie
sont aussi nombreuses que les religieuses qui
viennent à Lourdes. Devant Marie, même les
musulmans baissent les armes.
Dans le contexte de tension internationale,
les tensions entre l’islam et la chrétienté, Marie
est le symbole de la tendresse universelle, un
baume indispensable au "vivre ensemble". C’est
cela qu’il faut faire découvrir à mes concitoyens,
à mes frères orientaux, chrétiens et musulmans.
Dans cette maison familiale qu’est Lourdes, chacun doit y trouver sa chambre. Quelles que
soient sa race, sa religion, sa couleur de peau. ■
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
15
ESPRIT
En
mémoire des jours
Un moment de
vraie grandeur
Par
Robert Masson
‘était une étrange
époque. Les saisons de
l’histoire bousculaient
celles de nos calendriers. A
Varsovie, on parlait de “printemps en octobre", tandis qu’à
Budapest se levaient en foule
des multitudes inattendues,
qui elles aussi aspiraient à
sortir du long hiver qui leur
avait été imposé par un régime qui se prenait pour le
dernier mot du sens de l’Histoire. Le monde stupéfait assista alors à la levée en masse
d’un peuple qui n’entendait
plus subir son destin. L’improbable se produisait là où
on l’attendait le moins.
On avait pris son parti en
effet, de ce vaste emprisonnement de peuples qui s’était
opéré à l’Est du monde, au lendemain d’une guerre où la moitié de l’Europe s’était retrouvée
derrière un rideau de fer, selon
une expression de Winston
Churchill en 1946. Dans les
noires années d’une mainmise
idéologique qui paraissait
immuable. Le sort semblait céder à jamais, par un partage du
monde dont les puissants d’alors avaient discuté à Yalta en
1945. Sans tenir compte, évidemment, de l’avis des peuples
qu’on avait en quelque sorte
C
enchaînés, comme autant de
prises de guerre. Il y avait bien
eu des frondes populaires en
Allemagne de l’Est par exemple,
où il s’était produit des mouvements de grève, qui ne s’inscrivaient pas dans l’ordre d’un
monde dont on avait, semblaitil, convenu à jamais.
Dès les premiers jours de
l’insurrection hongroise, l’ambassadeur des Etats-Unis à
Moscou avait d’ailleurs fait
savoir que son pays n’interviendrait pas dans des affaires
hongroises qui relevaient du
bon vouloir de Moscou. C’était
compter sans l’inspiration des
hommes, dont l’âme ne supportait plus les jougs imposés.
Les grands procès, à Budapest comme à Prague, étaient
passés par là, mais ils ne pouvaient indéfiniment conjurer
des révoltes qui en appelaient
au grand principe de la liberté.
Des vents de révolte soufflaient soudain à Varsovie
comme à Budapest. Ils prirent
des proportions d’ébranlements. Dans la capitale hongroise, convergeaient alors
ouvriers et étudiants, dans une
fraternisation populaire qui
bousculait toutes les idées reçues. L’inamovible devenait
insupportable, et on le faisait
savoir, dans les derniers jours
d’octobre de cette année 1956,
qui allait faire date.
La présence qu’on avait
prétendue tutélaire à Budapest, demeurait bien sûr en
place, et suffisamment puissante pour qu’on l’estimât garante de l’ordre établi. Il est
toutefois des moments dans
l’histoire, où l’imprévisible
s’impose. Ce fut le cas dans
cette insurrection hongroise
qui balaya les idées reçues. Au
point d’obliger dans un premier temps les forces armées
16 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
de l’URSS à se replier de la
capitale hongroise. Repli qui
apparaît comme une victoire
aux yeux des insurgés. On se
prenait alors à espérer l’irréversible à Budapest, où la rue
prenait le pouvoir dans des
lieux symboliques, comme la
Maison de la radio ou les palais officiels. Dans la précipitation, on fit appel à des dirigeants qu’on avait exclus. Imre
Nagy était de ceux-là. A l’avance il annonçait ce temps
des printemps à visages humains, dont Doutchev sera par
la suite une figure à Prague.
L’onde de choc de Budapest
balayait alors un monde qui
avait du mal à réaliser ce qui
se passait là. La portée de l’événement dépasse de loin les
frontières de la Hongrie.
C’en était vraiment plus
que n’en pouvait supporter
Moscou, dont les chars allaient
se remettre en mouvement
avec ordre d’intervention. Dès
les premiers jours de novembre
56, ils s’ébranlèrent en effet de
cette manière pesante qui
était tout le secret de leur
pouvoir. Ce ne fut pas pour autant une promenade militaire.
La jeunesse hongroise opposa
une résistance héroïque, qui
devait lui coûter des milliers de
morts, et bien davantage encore de blessés, sans parler des
200.000 exilés d’alors.
Enlevé par le KGB, Imre Nagy, l'éphémère président de ce
printemps brisé, d’abord déporté en Roumanie, sera exécuté le 16 juin 1958 à Budapest sans autre procédure
régulière. On l’enterra sans
précision de lieu, si bien que
des années durant il ne fut pas
possible de se recueillir sur une
tombe. Une chappe de plomb
retombait sur cette insurrection, dont la portée n’en était
pas moins universelle. Un
peuple en quelques jours avait
rompu ses chaînes, et jetait un
doute irréversible sur la nature
du régime, et son inspiration.
Les flammes de Budapest
allaient enfin ouvrir les yeux
de la plupart sur la nature d’un
régime qui avait usurpé l’espoir des pauvres, au nom de
qui on avait commis une révolution qui n’en était pas une.
Les hommes à la convenance du Kremlin tentèrent
d’ensevelir cet automne, qui
n’avait duré que 12 jours.
Janos Kadar fut l’homme de
cette normalisation que bien
d’autres allaient suivre. Pour
des années, la Hongrie se fit
oublier sauf de ceux qui
avaient réalisé à leurs risques
et périls, cette contestation
d’un genre nouveau. D’autres
mouvements de mêmes natures devaient se produire à
Prague et en Pologne, et jusqu’au cœur de l’empire, où tout
un courant de dissidents se
développa, dont Soljenitsyne
fut la figure la plus connue.
Ce n’était pas uniquement
de politique qu'il s’agissait,
mais de beaucoup plus. La
preuve : la place que tint un
cardinal primat de Hongrie,
figure emblématique d’une
résistance qui n’a pas épuisé
tous ses effets. L’Occident n’en
saisit pas l’immense portée. Il
assista passivement à bien des
normalisations. Quand par
exemple notre ministre des
affaires étrangères de l’époque
dira à propos de la normalisation : “Naturellement nous ne
ferons rien”. 60 ans ont passé,
le monde a bien changé. Mais
il garde mémoire de ces jours
où tout semblait possible. Il en
restera tout le moins ce qui ne
peut s’effacer : un moment de
vraie grandeur. ■
Discours de clôture
(Jeudi 9 novembre 2006)
N
otre Assemblée s’achève. Elle a expérimenté avec satisfaction
la nouvelle méthode de travail que nous avons mise en place.
Autour d’un thème choisi par notre Assemblée, des évêques
intéressés se sont réunis, ont réfléchi, ont souvent fait appel à des
experts et nous ont proposé le fruit de leur réflexion. Je souhaite ce
matin, au nom de notre Conférence, dire nos vifs remerciements au
Comité Etudes et Projets, aux présidents des groupes de travail, aux
évêques et experts pour l’investissement précieux qui a été le leur.
LES DOSSIERS DU COMITE ETUDES ET PROJETS
Nous avons abordé successivement les dossiers suivants. Trois
différences structurantes dans notre société : homme/femme,
père/mère, frère/sœur. En choisissant ce thème de travail, nous
sentions le besoin de revisiter et d’approfondir nos convictions
anthropologiques concernant des réalités aussi fondamentales que
la différence sexuelle, le couple, la parenté, la filiation… Le groupe
d’évêques qui a mené à bien ce travail a voulu le conduire de façon
interdisciplinaire. Il a donc commencé par solliciter la collaboration
de théologiens, de psychanalystes, de philosophes, d’historiens et de
juristes. Ceux-ci ont reçu la commande de rédiger des fiches de
compréhension et d’argumentation. Nous en avons reçu une quinzaine. L’objectif était de nous faire travailler et ainsi de mieux
comprendre cette modernité dans laquelle nous exerçons notre
ministère de pasteurs et de docteurs.
L’exposé, dense et technique, donné par Monsieur Jacques Arènes
le premier jour, nous a fait entrer dans la "théorie du gender". Celleci est devenue la matrice idéologique d’où sont issues la plupart des
remises en cause du moment. Les défis qu’elle lance sont redoutables. Nous voulons les aborder de face. Comment dialoguer
avec une philosophie individualiste et "constructiviste" ? Comment
rejoindre un être humain qui souhaite se construire sans se référer à
une filiation, à une tradition et à un héritage ? Les échanges entre
nous, dans un climat de grande liberté, nous ont permis de redire
quelques convictions fondamentales.
Les textes bibliques de la création demeurent pour nous des
textes d’inspiration qu’il convient de relire et de réinterpréter continuellement. Des approfondissements restent plus que jamais nécessaires : la figure masculine, l’autorité, la fraternité et la filiation,
d’autres encore… Pourquoi ne pas intéresser à cette réflexion, vitale
pour l’avenir de notre société, des cercles plus larges : des philosophes, des spécialistes des sciences humaines, des responsables
politiques… ? La voie de la recherche sera longue. Nous sommes
heureux d’en avoir parcouru aujourd’hui les premiers pas.
L’Enseignement catholique en France :
un engagement éducatif chrétien
Nous avions également souhaité, lors de notre Assemblée
plénière de novembre 2005, que soit mis en œuvre un groupe de
travail sur la mission de
l’Enseignement catholique
aujourd’hui. Son objectif
était de préciser ce qui
définit le "caractère propre"
des établissements catholiques d’enseignement et
d’inciter tous leurs responsables à le mettre en œuvre
avec confiance et courage.
Or cette référence au "caractère propre" est pour
par le cardinal
beaucoup de parents et
Jean-Pierre RICARD
d’enseignants source d’interrogation et de perplexité. Il désigne pourtant ce qui fait
l’originalité et la particularité de l’Enseignement catholique : d’une
part, un projet éducatif inspiré par une conception de l’homme qui a
sa source dans l’Evangile et, d’autre part, une proposition explicite
de la foi chrétienne et de la vie ecclésiale. Nous sommes tous
d’accord sur les principes. Mais il nous faut voir comment ce
"caractère propre" est mis en œuvre très concrètement sur le
terrain. Cela implique un souffle, un esprit, l’engagement chrétien
des responsables, une traduction institutionnelle dans les
propositions pratiques faites aux enfants et aux jeunes. Cela ne se
fait pas sans tension car nos établissements sont ouverts à tous les
jeunes et sont souvent des lieux d’une première évangélisation.
Nous sommes conscients que les chefs d’établissement et leurs
collaborateurs sont engagés dans un travail exaltant mais difficile.
Ils l’accomplissent et le vivent comme une mission reçue de l’Eglise.
Nous les assurons à nouveau de notre confiance et de notre soutien,
notamment dans l’exercice de la responsabilité pastorale et missionnaire qui est prioritairement la leur. Mieux que quiconque, ils
savent bien qu’on n’a jamais fini d’évangéliser ni de se laisser évangéliser. Nous avons besoin de la collaboration de tous –
communauté éducative, familles, enfants et jeunes – pour continuer
à réaliser le projet de l’Enseignement catholique, avec sa vocation
propre et au bénéfice de toute la société.
© CHRISTOPHE LAFLAQUIERE
Conférence des évêques de France Assemblée plénière – novembre 2006
Ministères des prêtres et vie des communautés chrétiennes
Les échanges proposés par le groupe de travail sur "Ministères des
prêtres et vie des communautés chrétiennes" nous ont permis de
lancer une réflexion qui va se poursuivre dans les mois à venir, en
Assemblée mais aussi avec les prêtres de nos diocèses. Dans nos
partages, nous avons pu mesurer une nouvelle fois la générosité
avec laquelle les prêtres portent le poids de la mission, mais aussi
l’ampleur des évolutions qui leur sont demandées.
En ces circonstances, l’importance du presbyterium, autour de
l’évêque, nous est apparue comme une réalité dont il fallait
redécouvrir la richesse théologique et spirituelle. Mais cette
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 17
dimension constitutive du ministère presbytéral demande aussi des
mises en œuvre pratiques, en particulier pour permettre aux
différentes générations de prêtres de s’enrichir mutuellement.
La réflexion est également à poursuivre pour mieux discerner les
conditions à favoriser afin de mettre en œuvre la dimension missionnaire du ministère des prêtres.
Beaucoup de prêtres ont découvert la richesse de leurs collaborations avec des diacres, des laïcs, des communautés religieuses.
Il ne s’agit pas d’un transfert de tâches, mais bien d’une collaboration à la même mission, dans le respect de la spécificité de chacun. Nous pressentons encore combien les communautés chrétiennes sont appelées à avancer pour que la charge de cette mission
soit réellement portée par tous.
Avec les prêtres, nous n’échapperons pas également au nécessaire
discernement pour hiérarchiser les tâches de leur ministère en
fonction de la mission concrète qui est la leur aujourd’hui.
Les pistes que continuera de nous donner le groupe de travail
seront une chance pour avancer dans cette réflexion.
DE NOUVEAUX CHANTIERS
Sur proposition du Comité Etudes et Projets l’Assemblée a décidé
de lancer deux nouveaux groupes de travail : l’un sur Catholiques et
Musulmans dans la France d’aujourd’hui et l’autre sur La Formation
des futurs prêtres.
Par ailleurs, l’Assemblée a décidé aussi la création d’un
Observatoire Foi et Culture qui devrait permettre à notre Conférence
d’être particulièrement attentive à l’environnement culturel dans
lequel nous avons à inscrire l’Evangile.
UNITE DE L’EGLISE, RECONCILIATION ET LITURGIE
Durant notre Assemblée, nous sommes revenus sur deux événements qui ont marqué notre actualité ecclésiale récente : la
création de l’Institut du Bon Pasteur et l’information donnée par la
presse de la publication prochaine d’un motu proprio qui élargirait
les conditions mises à la célébration de la messe dite de "saint Pie
V". Nous savons l’émotion que ces deux nouvelles ont provoquée
chez bien des prêtres, diacres et laïcs de nos diocèses. J’ai eu l’occasion d’aborder ce point un peu longuement dans mon discours d’ouverture. Je voudrais résumer ici, en quelques mots, le fruit de nos
échanges et les convictions qui se sont exprimées lors de notre
Assemblée et qui sont rappelées dans le message que vous m’avez
adressé. Je vous remercie à ce propos de votre confiance et de votre
soutien qui sont pour moi un grand réconfort.
1) Evêques de la Conférence épiscopale, nous voulons, en premier
lieu, exprimer notre communion profonde avec le pape Benoît XVI. Il
sait qu’il peut compter sur notre collaboration fraternelle et l’aide
de notre prière.
2) Nous partageons son souci de travailler à l’unité de l’Eglise et
d’offrir un chemin de réconciliation à tous ceux qui, à la suite de
Mgr Lefebvre, ont quitté la pleine communion avec le Siège de
Pierre. Nous portons dans notre prière cette œuvre de réconciliation
qui est un fruit de l’Esprit.
3) Nous avons la conviction que cette œuvre ne pourra se faire
qu’en redécouvrant ensemble la réalité sacramentelle de l’Eglise et
qu’en accueillant, avec humilité et simplicité, la fraternité
chrétienne comme un don de Dieu. Voir toutes les relations dans
l’Eglise en termes de stratégies à mener, de combats à livrer, de
victoires à remporter et de polémiques à intensifier ne peut que
nuire à cette œuvre de réconciliation.
4) Nous affirmons que l’enseignement du Concile et le dynamisme
apostolique qu’il a impulsé à toute l’Eglise restent la "boussole" qui
oriente notre marche. Nous disons notre vive reconnaissance à tous
ceux, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, qui ont
contribué, avec beaucoup de générosité, à mettre en œuvre les
18 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
orientations et les décisions conciliaires. Ils sont de bons serviteurs
de l’Evangile.
Mais le Concile Vatican II est encore à recevoir. Il faut toujours
vérifier que son souffle anime bien en profondeur la vie et le
fonctionnement de nos communautés chrétiennes. Il s’agit de vérifier également que l’on ne met pas sous son patronage des façons
de vivre, de penser, de célébrer ou de s’organiser qui n’ont rien à
voir avec lui.
Rester fidèle au Concile ne veut pas dire non plus qu’on demeure
nostalgique des premières décennies de sa mise en œuvre. Le
Concile lui-même nous invite à vivre au sein d’une Eglise pérégrinante, d’une Eglise en marche vers le Royaume, qui reçoit au jour
le jour les charismes et les ministères que l’Esprit Saint lui envoie,
aussi déconcertants soient-ils.
5) Nous savons bien que les différends avec les fidèles qui ont
suivi Mgr Lefebvre dans son "non" à Rome ne sont pas d’abord liturgiques, mais théologiques – autour de la liberté religieuse, de
l’œcuménisme, du dialogue interreligieux – et politiques. Mais nous
ne voulons pas pour autant minimiser l’importance de la liturgie qui
est au cœur de la vie ecclésiale. Nous remercions à ce propos tous
ceux et celles qui se sont formés, qui contribuent à la qualité de nos
liturgies et qui permettent que nous ayons, dans bien des lieux, des
célébrations belles et priantes, joyeuses et recueillies.
6) Nous souhaitons poursuivre l’accueil de ceux qui gardent un
attachement à la messe dite de "saint Pie V". Une diversité est
possible. Mais celle-ci doit être régulée. Il en va de l’unité de la
liturgie et de l’unité de l’Eglise. On ne saurait livrer le choix d’une
des formes du rite romain – messe de "saint Pie V" ou messe de
"Paul VI" – à sa seule subjectivité. Une Eglise où chacun construirait
sa chapelle à partir de ses goûts personnels, de sa sensibilité, de son
choix de liturgie ou de ses opinions politiques ne saurait être encore
l’Eglise du Christ. Il faut résister aujourd’hui à la tentation d’une
"religion à la carte". Comme évêques, nous sommes prêts à veiller,
avec le Saint-Père et sous son autorité, à l’unité et à la communion
au sein de nos Eglises locales et entre nos Eglises.
PORTER LA BONNE NOUVELLE AUX PAUVRES
La communion est au service de la mission. Le Christ ne dit-il
pas : "Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi
soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé"
(Jn 17, 21) ? Le travail de réconciliation dans l’Eglise est important à
condition qu’il soit vraiment au service de l’annonce de l’Evangile. Il
ne doit pas contribuer à refermer l’Eglise sur elle-même, en centrant
toutes ses énergies sur des problèmes internes. C’est d’abord aux
pauvres que nous sommes envoyés.
Dans la synagogue de Nazareth, Jésus annonce que, par sa venue,
se réalise ce qui avait été annoncé par le prophète Isaïe : " L’Esprit
du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour
annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer
aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer
en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur "
(Lc 4, 18-19).
A la suite du Christ, nous sommes invités à témoigner de l’amour
du Père, de l’amitié du Fils et de la force de l’Esprit auprès de tous
les hommes, et tout particulièrement des pauvres, de ceux qui
souffrent, de tous ceux et celles qui sont fragilisés par la vie. Oui,
"l’amour du Christ nous presse" (2 Co 5, 14). Nous ne pouvons pas
nous dérober à l’appel du Seigneur.
Que la Vierge Marie, Notre Dame de Lourdes, nous fasse participer
à sa joie, à sa confiance et à sa pleine disponibilité à la volonté du
Seigneur !
+ Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des évêques de France
LECTURES
33e dimanche du temps ordinaire - année B
Quand
le pardon est accordé
par le Père Michel GITTON
uand le pardon est accordé, on n'offre plus de sacrifice
"Q pour le péché". Si on devait prendre au pied de la lettre
cette phrase de la Lettre aux Hébreux, on ne voit pas
pourquoi on irait se confesser. Pardonné ? Mais nous le
sommes déjà depuis que Jésus est mort sur la Croix !
Et c'est parfaitement vrai. Au risque d'être un peu
provoquant, je dirais que nous n'avons pas besoin d'aucune
nouvelle démarche pour obtenir de notre Père du ciel le
pardon. Celui-ci a toujours été là pour se pencher sur notre
misère, et quelle triste idée de croire qu'il aurait même besoin
d'un geste, d'une humiliation, d'un sacrifice pour qu'il se
décide à nous accorder enfin la remise de nos dettes ? La
parabole de l'Enfant prodigue nous montre un père, un vrai.
Et il n'a cure d'infliger à son fils des délais ou des épreuves.
Alors, est-ce qu'il faut en conclure, avec certains, que le
sacrement de réconciliation n'est là que pour nous faire
comprendre la miséricorde de Dieu et nous permettre de la
célébrer ? Il n'y aurait en réalité aucun changement en jeu,
mais seulement une démarche de gratitude à accomplir. Cette
interprétation protestante de la réconciliation ne saurait nous
convenir non plus, car elle méconnaît notre situation réelle de
pécheur devant Dieu.
Le péché n'est pas tant une offense faite à Dieu, qu'un
manque à gagner pour nous. Dieu n'est pas jaloux de son
honneur, ce qui le "blesse", si on peut dire, dans le péché,
c'est qu'il nous abîme, qu'il nous dégrade. C'est pourquoi il
est si sévère par moment, car il ne peut souffrir de voir son
œuvre salie et profanée. Il n'a donc pas tant à pardonner, au
sens où il garderait rancune de quoi que soit, qu'à relever
l'homme pécheur. Et ceci ne peut se faire sans lui. Même si les
conditions principales ont été réunies par Jésus s'offrant sur la
croix, il reste notre participation à nous, notre relèvement
personnel à opérer avec lui.
Et c'est là que le sacrement de pénitence ou de
réconciliation prend tout son sens. A l'inverse du baptême
(même le baptême des adultes) où le don surclasse si
évidemment toutes les conditions qu'on pourrait y apporter,
le sacrement que viennent réclamer les baptisés pécheurs
mobilise leur participation : ils ont un aveu à faire, une
pénitence à accepter, une vraie contrition à faire monter dans
leur cœur. Ces démarches ne sont pas le prix à payer du
pardon, mais le moyen, mis par Dieu à leur disposition, pour
les faire entrer dans la logique de la grâce, une certaine mise
en mouvement, une manière de se décentrer de soi qui
répudie déjà le péché et manifeste la liberté retrouvée.
C'est tout un art que nous sommes invités à redécouvrir, car
le péché est bien là et il ne s'agit pas de lui laisser le terrain
libre. ■
EGLISE
EGLISES CATHOLIQUES ORIENTALES
Catholiques armén
Du 29 septembre au 1er
octobre dernier le voyage
du président Chirac à
Erevan inaugurait l’année
de l’Arménie en France.
Jusqu’au 14 juillet 2007,
de nombreuses initiatives
seront prises. Et si nous
commencions par une
visite à la cathédrale
arménienne de Paris ?
Le Père Kélékian
e père Joseph Kélékian nous reçoit
à la paroisse arménienne catholique de la rue du Perche dans le IIIe
arrondissement de Paris. Originaire
du Liban, il est devenu prêtre en
1973, exerçant son ministère au patriarcat
arménien catholique, situé à Beyrouth
dans le quartier chrétien d’Achrafieh. Il y
connaît les douleurs de la guerre civile.
Prêtre de l’institut patriarcal de Bzommar,
il dépend directement du Patriarcat. Vicerecteur pendant douze ans du séminaire
patriarcal, défenseur du lien au sein des
tribunaux ecclésiastiques (1), il est envoyé à
Paris par le patriarche en 1990.
La communauté arménienne catholique française s’est développée après la
première guerre mondiale même si, dès le
milieu du XIXe siècle, les Pères mékhitaristes ont ouvert à Paris un établissement
scolaire qu'ils ont transféré à Sèvres en
banlieue parisienne. en 1928, un établissement scolaire. Une première église reçoit
les Arméniens catholiques à Arnouvilleles-Gonesse en 1923, puis à Marseille et
plus tard à Paris en 1929. La communauté
se développe aussi à Lyon et dans la vallée
L
(
du Rhône, à Saint-Chamond ou à Valence... C’est au début des années 1970,
qu’une église paroissiale française, désormais appelée cathédrale Sainte-Croix, est
mise à la disposition des Arméniens, rue
du Perche à Paris.
Les Arméniens catholiques de France
ont la particularité de bénéficier de la présence d’un évêque arménien sur le sol
français comme les catholiques ukrainiens
de rite byzantin. La France a donc été élevée au rang d’éparchie. Il dépend sur le
plan liturgique du partriarche arménien
catholique et sur le plan administratif du
Pape. Il participe à la conférence des
évêques de France. Par contre aucune
structure administrative ne relie les Arméniens catholiques aux autres Eglises catholiques de rite oriental à Paris et le Père
Kélékian le regrette. "Pour moi qui viens
du Liban, je garde le souvenir précieux de
la convivialité qui existait entre chrétiens.
Ici en dehors des retraites spirituelles
organisées par Mgr Bressolette(2), il n’existe
rien. Quant aux fidèles, chaque rite reste
un peu dans son ghetto".
L’engouement pour la culture de l’Arménie
est très prononcé chez les plus jeunes
20 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
L’éparchie et la paroisse de Paris s’efforcent de renforcer les liens entre les différentes communautés arméniennes catholiques en France. Un bulletin mensuel
bilingue (arménien-français) "Eglise arménienne" est édité. A la paroisse de Paris,
sont organisés depuis plus de vingt-cinq
ans, le samedi, des cours pour les enfants
afin d’assurer en même temps catéchèse
et apprentissage de la langue arménienne.
Un centre culturel a été créé rue Thouin,
siège de l’éparchie. Des conférences ont
lieu une à deux fois par mois sur des sujets
spécifiquement arméniens, certaines en
arménien d’autres en français. Au niveau
de sa paroisse, le père Kélékian poursuit
l’œuvre de ses prédécesseurs et donne le
samedi des cours d’arménien à un peu
plus d’une trentaine d’enfants. Tout cela
n’empêche pas les Arméniens catholiques
d’Ile-de-France de participer à des activités communes à tous les catholiques
comme les pélerinages à Lourdes.
Le public de la rue du Perche est varié.
Il y a les héritiers de la première vague
d’émigration, consécutive au génocide de
1915. Ils sont les moins nombreux car
beaucoup se sont non seulement intégrés
à la société française mais se sont aussi
assimilés et sont souvent devenus des catholiques français "ordinaires". "Cela ne les
empêche pas parfois de faire preuve d’un
dynamisme étonnant au service de leurs
paroisses latines”, précise le Père Kélékian".
Il y a ensuite les héritiers de ceux qui
sont venus de Turquie plus tard, en particulier d’Istanbul mais aussi de l’Est du
pays. Les paroissiens en provenance du
Proche-Orient, du Liban surtout et de Syrie
du fait des événements politiques que
connaît la région depuis 30 ans constituent en quelque sorte une troisième
catégorie. Enfin depuis 1991, sont apparus
de nouveaux paroissiens qui viennent de
l’Arménie nouvellement indépendante.
"Leur intégration n’a pas été aisée, précise
le Père Kélékian ; ils ne parlaient pas le
EGLISE
iens de Paris
par Jean-Marie TISSIER
Pèlerinage arménien 2006 à Lourdes.
même Arménien que celui parlé au
Proche-Orient. Ils restaient marqués au niveau de leurs valeurs par l’expérience
communiste qu’ils avaient dû affronter.
Pour autant ils avaient comme tous les
autres des besoins spirituels et il va sans
dire que nous les avons accueillis avec
plaisir". Ce sont dans ces dernières vagues
que l’on trouve les personnes les plus attachées à leur identité religieuse orientale.
Sur le plan sociologique on retrouve,
au sein de la communauté paroissiale, l’éventail des couches sociales : peu de personnes en grandes difficultés matérielles
mais beaucoup d’artisans et d’ouvriers
pour la plupart en provenance du Liban.
Les professions libérales sont également
largement représentées.
L’engouement pour la culture de
l’Arménie est très prononcé chez les
plus jeunes. Le tremblement de terre de
1988, l’indépendance en 1991, ont provoqué un réveil identitaire, qui se combine
avec une acceptation des valeurs de la
terre d’accueil. La sensibilité des fidèles
est poussée à son plus haut degré sur les
sujets ayant trait au génocide de 1915. Le
Père Kélékian est assez partagé sur la proposition de loi sur la pénalisation de la
négation du génocide arménien. S’il n’est
pas par principe très favorable à une
intervention du législateur sur les questions historiques, il pense cependant que
face aux agissements de certains Turcs de
France, parfois adeptes des Loups Gris (3), le
législateur ne peut rester inerte.
Lien vivant avec l’histoire de l’Arménie,
la liturgie arménienne catholique contribue à une intégration des fidèles à la société d’accueil qui ne soit pas oublieuse de
leur arménité. Les chants datent pour la
plupart du Moyen Age. Le diacre joue un
rôle essentiel lors de la messe. Depuis
1987, la liturgie catholique arménienne
ressemble d’ailleurs trait pour trait, y compris le credo, à celle de l’Eglise apostolique. Quelques spécificités demeurent en
ce qui concerne les fêtes religieuses. Ainsi,
traditionnellement, les Arméniens fêtent
Noël en même temps que l’Epiphanie le 6
janvier. Les catholiques ont adopté le 25
décembre mais la fête principale de la
Nativité reste l’Epiphanie. (4) Il n’y avait pas
de date précise pour l’assomption de la
Vierge Marie. Elle était célébrée le dimanche le plus proche du 15 août. Cette différence est désormais gommée...
La communauté arménienne catholique, à Paris comme ailleurs héritière
d’une longue histoire, affronte donc avec
détermination et humilité sous la conduite
de ses pasteurs, le défi de l’unité, de l’intégration et de l’ouverture aux autres et ce,
malgré un climat parfois propice aux crispations communautaires. ■
(1) : Au sein des tribunaux ecclésiastiques, il est chargé de plaider dans le
cadre de chaque affaire en faveur du
maintien des liens matrimoniaux.
(2) : Vicaire général pour les Orientaux.
(3) : Mouvement d’extrême-droite raciste, il s’en prend également aux intellectuels turcs qui reconnaissent le génocide, comme Orhan Pamuk tout récent prix Nobel de Littérature.
(4) : De son côté, pour ne pas être en
reste, l’Eglise grégorienne a fait du 25
décembre le jour de la fête de StEtienne.
Cathédrale Sainte-Croix des Arméniens catholiques, 13 rue du Perche,
75003 Paris. Tél : 01-44-59-23-50.
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
21
ECOLE
ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
La Fondation Eug
en pleine
Une rentrée scolaire
enthousiasmante a eu lieu
cette année à la Fondation
Eugène Napoléon, qui va
bientôt fêter ses 150 ans.
Nous avons interrogé
Michèle Rabion, directrice
du développement et des
relations extérieures.
A l’origine, il y a un “conte de fées”. Le
29 janvier 1853, Napoléon III épouse Eugénie de Montijo. La ville de Paris souhaite offrir un collier de diamants à la
jeune impératrice. Eugénie remercie…
mais elle refuse de commencer son règne
en acceptant un bijou d’un tel prix.
A sa place, elle créera une œuvre sociale parisienne d’intérêt public pour “instruire et préparer à la vie d’adulte” des
fillettes et des jeunes filles dont les parents sont décédés, empêchés ou dans
l’incapacité d’élever leurs enfants. L’institution portera le nom du jeune Prince impérial, Louis-Eugène, né en 1856, (qui
sera tué en Afrique australe par les
Zoulous en 1879).
■ Comment ce désir a-t-il été mis en œuvre ?
L’architecte Jacques-Ignace Hittorff
est choisi pour le projet. Le choix du lieu
se porte sur l’ancien Marché à fourrage,
terrain en forme de losange, entre le boulevard Diderot, la rue du faubourg SaintAntoine et la rue de Picpus, terrain déjà
(
© MICHÈLE RABION
■ Michèle Rabion, qu’est-ce que la Fondation Eugène Napoléon ?
Pavillon de l’Impératrice
construit en bordure. Certains des édifices
présents seront réutilisés pour former les
ailes de l’institution. On y ajoute un
pavillon d’honneur et une chapelle : l’ensemble dessine un collier stylisé pour rappeler le geste de l’Impératrice. Eugénie
confiera cette œuvre de bienfaisance aux
Filles de la Charité de Saint-Vincent de
Paul. Les premières pensionnaires entrent
en 1857. Le 1er octobre 1858, la fondation
est reconnue d’utilité publique par décret
impérial. La République confirmera. Il y
aura plusieurs évolutions du nom : en
1974, elle prend celui de «Fondation
Eugène Napoléon» et le terme «d’orphelines» disparaît des statuts. La Fondation
s’ouvre à la mixité en 1984, mais doit fermer son internat, les locaux n’étant plus
aux normes, en 1994....
Ces dix dernières années, nous sommes
passés par bien des vicissitudes
22 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
■ Quelle était la vie des filles accueillies au
XIXe et au début du XXe siècles ?
Elles vivaient durement, mais au
moins elles étaient nourries, logées et
apprenaient un métier. Elles restaient à
l’orphelinat de 8 à 21 ans. Si elles avaient
encore de la famille, elles sortaient une
fois par an la visiter. Sinon, elles ne sortaient jamais.
Les religieuses étaient sévères et exigeantes. Mais les jeunes filles étaient
conscientes de leur chance. Il régnait une
telle misère à l’époque qu’il était appréciable de recevoir une éducation, un métier. En outre, à 21 ans, elles partaient
avec une dot, constituée à partir de leurs
travaux de couture.
■ En 2003, la fondation était en liquidation
judiciaire...
ène Napoléon
renaissance
propos recueillis par Anne MONTABONE
L’histoire n’est pas toujours rose. Les
Filles de la Charité sont parties vers 1970.
Du fait de l’origine de la Fondation, les
établissements scolaires ont poursuivi
leur œuvre en étant rattachés à l’Enseignement catholique par une convention.
Ces dix dernières années, nous sommes
passés par bien des vicissitudes : faute de
soutien et de contrôle, la Fondation a
failli disparaître. Sa mise en liquidation a
été prononcée en janvier 2003. J’étais
moi-même directrice de l’école à ce
moment-là.
■ Pourquoi vous être battus ?
Pour les enfants. Nous avions une
école, un lycée professionnel, et un foyer
de jeunes travailleuses. Cela représentait
près de 600 élèves, qui se trouvaient à la
rue du jour au lendemain, au milieu de
l’année scolaire ! En outre, nous avions
des enfants en difficulté et des enfants
handicapés mentaux. Cette liquidation
nous a révoltés. Heureusement, lorsqu’il
s’agit d’enfants fragiles en difficulté, on
trouve toujours des personnes qui ont
l’intelligence des situations humaines.
La mobilisation des parents d'élèves
et du corps enseignant ont permis de
réunir avec l'Enseignement catholique de
Paris les partenaires et les moyens pour
sortir de la liquidation sans que la fondation ait été dissoute. Après le renouvellement du conseil d'administration, un protocole a été signé avec la Ville que le
Conseil de Paris a dans sa séance du 15
novembre 2005. Il a permis le maintien
des activités scolaires sur le site. C'est
ainsi que notre école a fusionné en septembre 2006 avec l'école Saint Pierre
Fourier, au projet pédagogique similaire.
L'internat, après des travaux importants,
© MICHÈLE RABION
■ Quelles ont été les solutions trouvées ?
La chapelle
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
23
ECOLE
Cette Fondation a vu le jour grâce à la
générosité de l’Impératrice habitée par
cette vertu qu’est la charité. Aujourd’hui,
plusieurs charismes s’y croisent. Ils permettent aux enfants de grandir en développant leurs dons harmonieusement,
dans le respect de leurs différences, acquérant le sens de la responsabilité et devenant capables de participer à la vie sociale.
Prise d’aube des Petits Chanteurs à la Croix
de Bois, dans la chapelle de la Fondation
■ Le protocole d’accord passé avec la ville
de Paris ouvre-t-il d’autres perspectives ?
Il ouvre la Fondation au quartier et
nous en sommes tout à fait heureux : il a
été convenu la possibilité pour la Ville, la
mairie du XIIe et notamment son Conservatoire, d’organiser, en accord avec la
Fondation, des manifestations culturelles
accessibles au public. Le petit jardin de la
rue de Picpus sera prochainement ouvert
au public quotidiennement...
©MICHÈLE RABION
■ Et les manifestations propres à la Fondation ?
a rouvert pour accueillir la manécanterie
des Petits Chanteurs à la Croix de Bois.
Septembre 2007 verra l'extension de notre
lycée professionnel et l'ouverture d'un
foyer d'étudiantes de 54 chambres, le
foyer des jeunes travailleuses ayant été
rétrocédé à la Ville de Paris..
■ Les petits chanteurs ont-ils, comme vous
et la congrégation de Saint Pierre Fourier, un projet éducatif et social ?
Oui. C’est à l’abbaye de Tamié en Savoie que deux étudiants qui accompagnent des enfants issus des quartiers défavorisés décident en 1906 de créer une
maîtrise d’enfants qui témoignerait de ville
en ville de l’authentique musique religieuse. L’année suivante, les deux jeunes
gens s’installent dans une masure du quartier Vaugirard à Paris et y accueillent les
premiers enfants, allégeant les charges
pesant sur leurs familles. Ainsi sont nés les
PCCB. En 1924, l’abbé Maillet prend la direction du chœur et élargit son répertoire
aux chants profanes. Anonymes dans leurs
aubes blanches, ils sont appelés par le
pape Jean XXIII “mes petits missionnaires
de la paix”...
Installés maintenant dans l’internat de
la fondation Eugène Napoléon, ils continuent de parcourir le monde “chantant la
paix de Dieu”.
24 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
Pour les journées du patrimoine, nous
avons organisé des Portes Ouvertes : nous
avons reçu environ 700 visiteurs dont
beaucoup venaient du quartier. Il y a des
merveilles à voir ici : le salon de l’Impératrice, et son mobilier d’époque, la chapelle
et sa fresque, au-dessus de l’autel, qui représente Eugénie mettant la fondation
sous la protection de la Vierge ; sans oublier les citrouilles du jardin… plantées
d’abord par les enfants, et qui ont donné
l’idée aux jardiniers de Paris d’en faire un
de leurs fleurons lors de l’exposition annuelle de leurs productions !
Nous avons aussi un programme de
concerts à venir, particulièrement avec
“La Chambre d’amis”, des conférences,
des expositions et des visites dont nous
n’avons pas encore arrêté toutes les
dates.
■ En conclusion ?
Pour la commémoration des 150 ans
de la Maison Eugène Napoléon, nous
sommes en pleine renaissance, forces
vivifiées. ■
Fondation Eugène Napoléon
254, rue du Faubourg St-Antoine
75570 Paris cedex 12
Tél. 01.43.72.98.78
par
Dominique Bar,
Guy Lehideux
Avec Jean-Paul II et Benoît XVI
25/36
Le Vent de l'Histoire
© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris
FRANCE CATHOLIQUE
à suivre...
EGLISE
LE JOURNAL DE GERARD LECLERC
6 jours avec nos évêques
(
Michel Dubost, Christophe Dufour, Thierry Brac de la Perrière.
torial de Jean-Michel Thénard. L’intéressé serait, sans doute, plutôt en
peine pour développer sa pensée, le
passe-partout de la modernité n’étant
pas suffisant pour régler les difficultés
de fond évoquées.
6 NOVEMBRE
Densité de la journée hier, à la
suite de la messe dominicale dans la
basilique du Rosaire. Je ne saurai tenir
un compte-rendu de tous les contacts,
conversations, nullement programmés,
qui m’ont permis de faire le point sur
“l’opinion épiscopale”. Ce qui est remarquable, c’est d’abord la cordialité
et la franchise avec lesquelles s’expriment mes interlocuteurs. Sur des
sujets pourtant brûlants et donnant
lieu, ces semaines-ci, à des surenchères journalistiques. Il y a, d’évidence, des sensibilités différentes qui
s’expriment, notamment à propos du
traditionalisme et de la “liturgie tridentine”, mais pas au point d’amener
à une fracture. Certains sont, sans
doute, plus “montés” contre les tentatives de conciliation avec les adversaires patentés des réformes de Va-
Belle occasion de ranimer la verve
des amateurs de clichés cinglants
26 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
tican II, mais ils ne sont pas plus désireux d’un conflit avec Rome que
ceux qui sont plus accueillants à une
perspective d’accord. Ce n’est nullement par “sens politique”. Je crois sincèrement que les publicistes qui sont
prompts à soupçonner la renaissance
toujours possible d’un gallicanisme
frondeur se trompent sur toute la
ligne. Car ils ne comprennent pas la
profondeur des liens du catholicisme
français avec la primauté romaine.
Je ne retrouve pas, en tout cas,
quelque chose qui ressemblerait à la
réaction de quelques personnes littéralement affolées par ce qu’elles percevraient de “réactionnaire” dans l’attitude de Benoît XVI. Il y a une raison
simple à cela : les évêques connaissent
assez la pensée du Pape pour ne pas se
méprendre quant à son attitude vis-àvis des traditionalistes ou même de
l’islam, du dialogue interreligieux et,
de façon générale, de l’héritage de Vatican II. A ce propos, le discours d’introduction du cardinal Ricard est sans
équivoque. Son ton tranquille contrastait avec la fébrilité des médias.
Une fois de plus, l’information
réagit à contre-sens, émoustillée par
un sujet censé susciter des opinions
extrêmes, et donc de superbes pugilats. Plus c’est saignant, plus on en
redemande, mais au prix d’équivoques
© CHRISTOPHE LAFLAQUIERE
Lourdes. Je suis pour quelques
jours dans la cité mariale, ce qui ne
m’était pas arrivé depuis longtemps.
Familiarité de ces lieux aimés, qui font
ressurgir tant de souvenirs, enfance,
famille. La réalité des miracles qui se
produisent ici tient pour moi dans le
témoignage d’une vieille amie de mes
parents, Héloïse Tellier, qui avait été
guérie d’un mal incurable à l’âge de 40
ans, alors que sa vie était en danger et
que la prudence aurait exigé qu’on ne
la mît pas dans le train à ChâteauThierry ! On l’avait plongée, inconsciente, dans la piscine, et ses fonctions
bloquées avaient été retrouvées en un
éclair. Elle mourut plus que centenaire ! Ce fut une chance de l’avoir
connue, vive, drôle, racontant avec
simplicité ce qui lui était arrivé et ne
concevant nulle envie de se mettre en
avant. Sa guérison miraculeuse ne fut
jamais reconnue pour absence de
quelques documents médicaux. Mais
pour les témoins de l’époque, il n’y
avait eu aucun doute, y compris pour
cet employé de chemin de fer qui,
ayant vu revenir sur ses deux jambes
la grabataire qu’il avait hissée dans le
train, se convertit sur le champ.
Mais Lourdes, c’est aussi l’actualité
immédiate qui nous a valu la Une
flamboyante de Libération hier : “Mon
curé chez les latinistes !” Belle occasion de ranimer la verve des amateurs
de clichés cinglants pour les réactionnaires et autres intégristes. Mais soyons justes, pour caricaturales qu’elles
soient, les analyses de Libé doivent
être prises en compte : “Quand les
esprits ont besoin de s’ouvrir, l’Eglise
catholique peut-elle donner l’image
d’une institution qui se ferme sur son
passé et tourne le dos à la modernité ?” C’est la phrase finale de l’édi-
© CHRISTOPHE LAFLAQUIERE
5 NOVEMBRE
souvenirs communs : des références
aussi, ne serait-ce que celle de Maurice Clavel.
© CHRISTOPHE LAFLAQUIERE
sans nom, de faits tronqués et d’interprétations hasardeuses. L’affaire de
la messe en latin est typique. D’abord,
il ne s’agit nullement de latin. Le rite
de Paul VI peut être prononcé dans
cette langue qui reste une référence
pour l’Eglise universelle. Ce qui est en
cause, c’est le rite dit de saint Pie V,
qu’il serait d’ailleurs plus exact de référer au missel de Jean XXIII de 1962.
Comme le remarque le cardinal Ricard,
le rite de saint Pie V est antérieur à la
messe de l’Immaculée conception.
Longue conversation au bord du
Gave, hier après-midi, avec Mgr Hyppolite Simon, archevêque de Clermont-Ferrand, dont le script prendrait
plusieurs pages de France Catholique.
Sur la période post-conciliaire, l’archevêque m’a fait part de son expérience quand il était un prêtre de 35
ans nommé supérieur de grand séminaire. Le retour de certains débats le
blesse parce qu’on semble prendre
pour cibles ceux qui ont tenu la maison alors que trop de choses s’effondraient. Nous nous expliquons notamment à propos de la préface que j’ai
donnée, il y a quelques années, au
livre de Jean-Pierre Dickès, intitulé La
Blessure et qui concernait justement
cette période douloureuse. Appartenant à la même génération, avec Mgr
Simon, nous n’avons pas que des
Le cardinal
Marc Ouelett
A un moment, mon interlocuteur
interpelle le cardinal Ricard qui passe
non loin de là et lui demande de répondre à quelques questions que je lui
avais présentées sur l’Institut du Bon
Pasteur. Le Cardinal accepte sans réticence et m’accorde généreusement de
longues minutes pendant lesquelles il
reprend la chronologie très précise des
faits, m’éclairant sur des aspects
encore énigmatiques. Je dois redire
combien j’ai été impressionné par sa
sérénité et sa transparence, aussi bien
à ce moment qu’au cours de la conférence de presse qu’il nous donnera un
peu plus tard dans l’après-midi.
Mais j’en reviens encore à la journée de dimanche dont je ne parviendrai décidément pas à résumer le déroulé... Assistant en fin d’après-midi à
la conférence du cardinal Ouelett, qui
trace le panorama religieux du Québec
à l’occasion de la préparation du prochain Congrès eucharistique, j’ai la
joie d’apercevoir dans l’hémicycle,
mon ami et homonyme, le père jésuite
Marc Leclerc, professeur à la Grégorienne de Rome. Nous nous retrouvons dans le hall pour une longue
conversation qui se poursuivra dans sa
cellule de l’accueil Notre-Dame. Il est
venu présenter la cause du Père Joseph Wrezinski dont il est le postulateur. Nous abordons plusieurs sujets, après avoir évoqué le cher Père
Joseph, apôtre des pauvres. Tout d’abord le débat acharné sur le darwinisme qui est redevenu de pleine actualité. Comme il est spécialiste de la
philosophie des sciences et organisateur de colloques à propos du “dessein
intelligent” des évangéliques américains, il est en mesure de me donner
des aperçus d’une grande rigueur épistémologique. Il me parle aussi du Pape
qui est venu, deux jours plus tôt à la
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
27
EGLISE
Grégorienne et qui a une fois de plus
impressionné son auditoire d’étudiants
et de professeurs. Dans son allocution,
Benoît XVI a notamment parlé avec
clarté de la façon dont il envisage le
dialogue interreligieux. J’en suis
confirmé dans mon analyse non pas
d’un abandon, mais d’un recentrage de
ce dialogue. Nous passons ensuite à la
Belgique dont il est le citoyen avec les
échos très encourageants de la
Toussaint 2006 de Bruxelles et qui
apporte donc une espérance précieuse
face à l’impressionnant effondrement
spirituel du pays. Nous terminons cet
échange par la liturgie et les traditionalistes, ce qui est l’occasion de
constater notre parfait accord.
Dîner du soir avec Mgr Henri Brincard où nous parlons de l’islam (il me
conseille vivement le livre d’AlfredLouis de Prémare, Les fondations de
l’islam, paru au Seuil en 2002) et des
divers dossiers de l’Assemblée. L’évêque du Puy est heureux du bilan du
Jubilé de son pèlerinage et se montre
avocat d’une forme directe d’évangélisation.
7 NOVEMBRE
Il m’est plus facile de résumer la
journée d’hier où mes contacts directs
avec les évêques ont été plus réduits à
cause de leur programme de travail
très serré. Tout de même, à la pause
(
du matin, échange avec Mgr Pierre
d’Ornellas, archevêque coadjuteur de
Rennes, sur la discussion très riche qui
vient de se tenir entre évêques à propos de l’homosexualité et des différences anthropologiques significatives. Tous les témoins sont unanimes sur la belle tenue de cette matinée où beaucoup se sont exprimés
avec le sentiment de cerner une des
crises les plus graves de l’époque. Cela
me rappelle ce que me disait le cardinal Philippe Barbarin, au dîner de samedi soir, où il m’avait entraîné dans
la belle salle à manger épiscopale de
l’accueil Sainte-Marie dominant le site
de Lourdes dans la nuit. Il est impressionnant de voir comment l’épiscopat
éprouve une vraie sollicitude à l’égard
des personnes à orientation homosexuelle. Nous sommes à mille lieues
des clichés “homophobes”. L’attention
portée ne méconnaît rien des problématiques actuelles (sur le gender). qui
avait été expliquées par le psychanalyste Jacques Arènes, lors d’une
conférence prononcée à la séance
d’ouverture.
La conférence de presse donnée
par le cardinal Ricard l’après-midi, et
que j’ai déjà évoquée, a coupé les ailes
à ce bobard largement diffusé selon
lequel il y aurait fronde des évêques
français contre le Pape. C’est vrai qu’il
y a eu des explications mutuelles, lors
des audiences des cardinaux Ricard et
Lustiger chez Benoît XVI et de la ren-
Le sentiment de cerner une des crises
les plus graves de notre époque
28 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
contre de Mgr Vingt-Trois avec le secrétaire d’Etat, le cardinal Bertone.
Mais pas un instant, le cardinal Ricard
ne songe à s’opposer au projet du Pape
de réintégrer les lefebvristes. Il ne
cache certes pas les obstacles qui
gênent une réconciliation. Le rappel de
ce qui s’est passé à Bordeaux avec
l’abbé Lagueyrie, suffit à condenser les
tensions, les batailles en justice, parfois les noms d’oiseaux qu’ont supportés ses collaborateurs. Mais un processus est en cours qui, visiblement, a
l’appui du président de la Conférence
épiscopale.
8 NOVEMBRE
Impression très vive dans les
contacts d’hier de la rencontre avec
quelques jeunes évêques tout à fait
remarquables. Ils ont la “chance historique” d’une certaine façon, d’appartenir exclusivement à leur temps, alors
que des gens de ma génération sont
toujours tentés de mettre ce bel aujourd’hui en perspective avec le passé
qu’ils ont vécu. Ces jeunes pasteurs
sont tellement investis dans ce présent, qu’à certains égards, ils le comprennent mieux que moi, en tout cas
avec la fraîcheur de l’entière proximité.
Il ne faut pas s’y tromper. L’assemblée des évêques de Lourdes ne peut
être comparée à une assemblée représentative politique. Certains de ses
travaux sont destinés au public. La
plupart de ses délibérations réclament
la discrétion, et sûrement pas l’œil des
caméras. Parce que ses membres ont
besoin d’une complète liberté de parole, parce que certains propos sont
même confidentiels, et parce qu’il est
impératif que prévale la seule règle interne de la conférence. Il serait catastrophique qu’à cette règle se substitue
l’opinion extérieure, ou encore un certain diktat des médias. Je sais, pour
appartenir à la profession, qu’il est
tentant de vouloir assister à tout, être
au courant de tout. Mais il faut distinguer les genres. Il y a quelques années,
l’Assemblée a dû adopter des mesures
plus strictes à l’égard de la presse,
celle-ci les encaissa très mal. Il me
semble qu’on est parvenu aujourd’hui
à un équilibre satisfaisant, même s’il
ne peut être parfait. N’empêche que la
gente journalistique rôde autour de
l’assemblée pour percer ses secrets,
supputer ses conflits éventuels, rechercher le maximum d’informations
significatives. Il y a certes les conférences de presse, les déjeuners collectifs, où il est loisible de poser toutes
les questions. Au bout du compte, on
parvient toujours à mieux sentir les
choses les plus subtiles. J’ajouterai que
la participation aux eucharisties quotidiennes introduit à un autre ordre
sans doute le plus précieux, si du
moins on veut pressentir une communion sans laquelle l’assemblée ne
serait pas elle-même.
9 NOVEMBRE
Aujourd’hui, clôture de l’assemblée.
Satisfaction de cette semaine lourdaise
pour les retrouvailles avec la cité
mariale mais aussi pour la faculté de
mieux comprendre l’Eglise de France. Je
n’ai pu évidemment parler avec tous les
évêques, j’en ai quand même rencontré
beaucoup (incroyable le nombre de
ceux qui s’affirment lecteurs réguliers
de France Catholique !) avec la chance
de discussions très approfondies avec
certains d’entre eux. Quant au contenu
des débats de l’assemblée, je ne l’ai
qu’esquissé ici même, non que je m’en
sois désintéressé : les sujets présentés
lors des conférences de presse
réclament de ma part une réflexion
plus aboutie. D’ailleurs, à l’exception
des conclusions sur la catéchèse, la
plupart des dossiers ont été reconduits
pour des étapes ultérieures. Même pour
© CHRISTOPHE LAFLAQUIERE
© CHRISTOPHE LAFLAQUIERE
EGLISE
Georges Pontier,
Jacques Perrier,
Marc Ouellett,
Philippe Barbarin,
Jean-Pierre Ricard
la catéchèse, il m’est difficile de
formuler une analyse. Il faudra que je
lise avec attention les textes distribués.
J’aime cette citation du cardinal Billé
reproduite dans Tabga, la revue
spécialisée dans ce domaine : “Etre
chrétien, c’est reconnaître qu’avec la
venue en notre histoire de Jésus de
Nazareth un événement décisif s’est
produit en notre humanité : une
possibilité radicalement nouvelle est
offerte à tous de devenir humain, et
cela parce qu’en Jésus, nous pouvons
découvrir ce qu’est la manière divine
d’être homme.”
Si c’est à cette conviction reconnue et intégrée qu’aboutissait l’initiation chrétienne, ce serait déjà un
pas décisif d’accompli.
10 NOVEMBRE
Retour aux frimas du Nord. Non
sans regret d’avoir quitté la luminosité
éclatante de Lourdes dans son printemps automnal. Ce n’est pas qu’une
métaphore puisque le soleil provoque
une poussée inattendue de la nature
avec le retour des pollens... Pour cette
quasi semaine, je suis loin d’avoir tout
consigné dans ces pages. J’ai voulu
être discret sur des rencontres qui relevaient autant de l’amitié que de la
volonté de s’expliquer. A propos de
Lourdes, il aurait fallu parler du petitdéjeuner pris au chalet épiscopal, avec
Mgr Perrier, qui nous a entretenus des
difficultés et des projets des sanctuaires. les difficultés, ce sont d’abord
les questions de transport par le rail et
l’acheminement particulier des malades. Les projets concernent 2008,
l’année du cent-cinquantenaire des
apparitions...
Mais il me faut noter en conclusion l’intérêt évident du discours de
clôture du cardinal Ricard. Discours
bien construit, qui a dû valoir à son
auteur une nuit assez courte. La synthèse est très étudiée, qui a permis de
mettre en ordre les préoccupations des
évêques dans ce qu’elles ont parfois de
contradictoires. Mais le Père de Lubac
m’a trop appris la vertu du paradoxe
pour que je m’en étonne. Je préfère
infiniment cette réelle complexité,
conforme à la situation et aux exigences diverses dont il faut impérativement tenir compte. Il convient
donc de lire ce texte entièrement (cf.
page 17) pour apprécier la distance
que nos évêques ont prise par rapport
au passé, leur volonté d’être fidèles
(d’une fidélité créatrice) au Concile,
tout en reconnaissant ce qu’il y a eu
d’hasardeux, voire de raté dans les années post-conciliaires. Il me semble
que c’est une invitation faite à tous,
quelles que soient les sensibilités, à
réfléchir librement - c’est-à-dire en se
libérant éventuellement de ses propres
préjugés - pour avancer. La chance
sera-t-elle saisie ? ■
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
29
EXPOSITIONS
MUSÉE PICASSO
Berggruen - Picas
une re
par Ariane GRENON
Ce sont plus de 150 œuvres,
documents et objets de Picasso du
musée Berggruen, à Berlin, réunis par
Heinz Berggruen, qui sont présentés
au musée Picasso, à Paris.
e collectionneur est, pour l’artiste, son
mécène au sens le plus noble. C’est lui qui
l’apprécie en achetant ses œuvres, lui qui
lui donne à la fois l’élan et le courage de
poursuivre son chemin. Et tout simplement les moyens de vivre… Il est, au mieux, l’ami,
le confident de l’artiste, qui trouve en lui une
oreille attentive et sensible. Dans tous les cas, le
collectionneur est le dépositaire au fil des jours, de
l’engagement et des évolutions d’un artiste.
Ce fut le cas de Heinz Berggruen, né en 1914 à
Berlin, qui émigre en 1936 aux USA, s’engage en
1942 dans l’armée américaine et s’établit à Paris à
la Libération pour y ouvrir en 1947 sa première
galerie d’art. C’est ainsi qu’introduit par Tristan
Tzara dans son atelier, il rencontrera deux ans plus
tard Picasso. Il connaissait déjà bien son œuvre,
ayant travaillé pour le musée de San Francisco.
Mais s’il achète des Picasso, c’est non à lui directement mais par l’intermédiaire de Dora Maar ou
de marchands avisés et autres collectionneurs. Il
achètera même aux musées américains, tels que le
Une collection
Picasso qui
couvre toutes
les périodes
de l'artiste
1911-12
STAATLICHE MUSEEN ZU BERLIN, NATIONALGALERIE, MUSEUM BERGGRUEN
© SUCCESSION PICASSO 2006
L
Moma, à New York ! Berggruen tisse parallèlement
des liens étroits avec Picasso, publie ses livres
illustrés et lui consacre de nombreuses expositions
dans sa galerie de la rue de l’Université. Et il réunit
peu à peu une collection personnelle : plus de cent
trente œuvres rien que pour Picasso ! ainsi que
d’autres artistes, Matisse, Klee, Giacometti…
Cette collection Picasso est l’une des plus importantes appartenant à un collectionneur privé,
et elle couvre toutes les périodes de l’artiste ! La
spécificité de Berggruen fut de rassembler des
pièces importantes acquises sur le marché !
La plus ancienne est une "Feuille d’études" surchargée de croquis par un Picasso de seize ans et
la dernière ce grand "Nu aux bras levés" si expressif qui date de 1972, quelques jours avant sa mort.
La visite commence par la période bleue, avec
un portrait de 1904 enveloppé d’une sorte de douceur sombre, suivi par une étude de Paris gracieuse
et vive… Un autoportrait avec casque presque baroque : Picasso jeune est résumé d’un trait sublime.
Et le fameux "Arlequin assis" où l’on admire des
fonds d’un rouge radieux qu’amortit un frottis de
beige. En 1906, une grande "Tête de femme",
allongée en hauteur, stylisée, les paupières closes…
Après le primitivisme, nous sommes en pleine
invention du cubisme. Voyez le portrait de l’ami et
Bouteille, verre à absinthe, rival, Georges Braque : un peu avachi mais très
cabossé ! et pas aimable … Et les "Maisons sur la
éventail, pipe, violon,
clarinette sur un piano
colline", un merveilleux paysage, presque toscan,
Pablo Picasso
fait de triangles (1908). "Bouteille, verre à absin-
30 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
© HELMUT NEWTON 2006
the, éventail, pipe, etc." est
une de ses premières nature
morte ; on y remarque les deux
spirales inversées, clefs d’un
violon posé sur le piano…
Comme une frise des temps
modernes, de nombreuses
natures mortes se suivent :
"Cartes à jouer et pot à tabac",
Heinz Berggruen
"Cartes à jouer, verre et bouteille sur un guéridon"… Et puis, cet éclat de
lumière, peint en 1919 "Nature morte devant une
fenêtre à Saint Raphaël" : tout d’un coup un balcon, la mer, la lumière, tout pénètre dans la pièce…
Une grande salle accueille les merveilleux dessins, une discipline où Picasso s’est révélé un
maître éblouissant ! Voilà une "Course de taureaux" dans un sauvage affrontement et la "Vue de
Saint Malo", tout un paysage calme et tranquille,
comme dessiné sans lever le crayon ! Et puis la
célèbre "Grande baigneuse couchée" faite du simple fil que trace une ligne sinueuse. Après tant d’images, la liberté s’en mêle ! Dans les portraits que
fait Picasso, les deux yeux se décalent, comme en
marche d’escalier ; ailleurs une narine se situe audessus de l’œil. Un autre personnage reçoit deux
nez et des dents rangées comme les barreaux
d’une grille pénitentiaire ! La période "classique" de
Picasso est un retour à l’ordre : le "Nu assis, s’essuyant le pied" (1921) est la silhouette voluptueuse
et presque académique d’une femme qu’aurait pu
peindre Ingres. Le surréalisme s’empare un temps
de Picasso : l’ahurissant ballet des Baigneuses, un
"Cheval de cirque" à la musculature tressée ! Et la
grande scène mythologique de 1935, une eauforte intitulée "Minotauromachie" !
Toute une salle est réservée aux nus, avec Dora
la fidèle, nue sur un grabat et versant toutes les
larmes de l’humanité… Parmi les fabuleux portraits
datant de l’avant-guerre, la "Femme au chapeau"
recouverte d’une multitude de traits noirs entrelacés comme les cartes d’astronomie anciennes. Et
"La lecture" de 1953 qui exprime la douceur de l’après guerre, avec un magnifique portrait de femme,
la tête encapuchonnée, presque couchée sur le livre
aux côtés d’une délicieuse toute jeune fille.
On admire un exceptionnel ensemble de travaux "de recherche", imaginant l’usage de maté-
STAATLICHE MUSEEN ZU BERLIN, NATIONALGALERIE, MUSEUM BERGGRUEN © SUCCESSION PICASSO 2006
so,
ncontre
Buste de femme nue
Etude pour
"Les Demoiselles
d’Avignon"
Pablo Picasso, 1907.
On admire un
exceptionnel
ensemble de
travaux
"de recherche",
avec des
matériaux
incongrus,
papiers
découpés,
faux bois...
riaux incongrus, papiers découpés, imprimés, faux
bois, sables, linoléum pour la gravure et pour la
sculpture, le bronze doré, la tôle pliée etc. Heinz
Berggruen ne s’est pas trompé en s’offrant cet
étonnant voyage au travers de l’œuvre de Picasso.
Parmi les grands chef-d’œuvre, on note l’ "Arlequin assis", ainsi que la "Tête de Fernande" et le
"Nu féminin" (1909) qui dénote l’influence de l’art
africain que Picasso découvre au musée du Trocadéro. Puis le portrait de Georges Braque, les "Maisons sur la colline", premières inventions cubistes.
Au fil de cette exposition, on découvre toujours quelque chose de neuf que Picasso a visité,
l’avatar du néo-ingrisme, la tentation surréaliste,
le dramatique "Grand Nu couché" de 1942, pour
rappeler la guerre, le "Nu et le matador" pour les
dernières années... Avec un exceptionnel ensemble
de recherches, suites d’encres, de gouaches et
tous ces artefacts faits de matières diverses. Plus
les gravures et les sculptures. Ces ensembles complexes et riches nous emmènent au fond d’une
création radicale, la pensée du maître…
Et voici un dernier avatar, simple et charmant
au sein d’une œuvre grandiose : cet éclat de bois,
frotté d’un peu de plâtre pour simuler un plumage,
tenu au socle par un fil de fer tout tordu… voilà le
"Picasso – Berggruen, une collection particulière",
jusqu’au 8 janvier 2007, au Musée Picasso, hôtel
Salé, 5 rue de Thorigny, 75003 Paris, tél.
01.42.71.25.21. Tous les jours (9h30-17h30).
Réservations au 0 892 684 694 ou sur rmn.fr.
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
31
MUSIQUE
Beethoven
Concerto pour violon
NOUVE
AUTÉ
ETIENNE DE LIEGE
En la fête
de la Sainte
L’interprétation des six chanteurs
de Psallentes est absolument
transportante. Ce n’est pas un
disque qu’ils ont enregistré, c’est
un véritable office grégorien.
Le concerto pour violon en ré majeur de Beethoven
est un monument de la musique du XIXe siècle,
véritable hymne tendre et sentimentale. Le violon est
l’instrument par excellence du dialogue amoureux,
de l’expressivité, des sentiments romantiques...
On peut dire que celui de Régis Pasquier est
absolument dans cette tonalité. Il y ajoute l’onctuosité
extrême du violon moderne, une dextérité et une
virtuosité époustouflantes. Pasquier sert la partition
avec finesse. Il entraîne rapidement l’auditeur dans
son jeu. Et l’écoute n’en est que plus intéressante. Le
Baltic Chamber Orchestra ne suit malheureusement
pas toujours, peut-être béa devant la démonstration
de force du soliste. Le son est parfois pâteux, mais
pas suffisamment cependant pour nous gâcher notre
plaisir. Les deux romances qui complètent le
programme sont de belles pages à découvrir.
F.-X. L.
Beethoven - Concerto pour violon et orchestre & les 2 romances - Régis
Pasquier - Baltic Chamber Orchestra - dir. Emmanuel Leducq-Barôme Calliope - CAL 9358.
Bach
Messe pour orgue
André Isoir à l’orgue interprétant Bach, c’est
forcément une référence. Le label Calliope nous
resservant l’intégrale de Bach par Isoir c’est
assurément une bonne idée. Pour tous ceux qui
auraient manqué la première édition de 1990. La
Messe pour orgue, livrée en double CD, n’est certes
pas une œuvre en soi. Elle regroupe plutôt plusieurs
chorals, souvent intitulés "Catéchisme en musique",
‘école carolingienne de chant est
celle du renouveau liturgique et musical vers 850. Cette effervescence
se manifeste dans la composition de
nouveaux offices, voire de nouvelles fêtes.
La fixation du calendrier liturgique attendra en effet encore plusieurs siècles et le
Concile de Trente pour être unifiée dans
toute l’Eglise latine. La fête de la Sainte
Trinité n’est pas encore en vigueur à l’heure
où Etienne, formé à l’école de la cathédrale
de Metz puis dans diverses abbayes, devient Evêque de Liège. Captivé par le Mystère de la Trinité, le Dieu Trois en Un, en
véritable musicien, il en compose un office.
Cependant, les manuscrits ne nous parviennent pas directement. Ce n’est que par
des antiphonaires de l’Abbaye Saint-Bavon
de Gand du XVe siècle que l’ensemble Psallentes qui interprète ce chant rejoint le
compositeur. Les livres mentionnent les diverses manières de chanter ces offices solennels, notamment avec l’ajout de fauxbourdons, bourdons, quintes, tierces, notes
superposées au plain-chant originel. Même
si ces pratiques sont très à la mode au XVe
siècle, il est probable que c’est la tradition
orale qui les a transportées jusque-là. La
monodie s’en trouve enrichie d’autant plus
qu’il n’y a pas de systématisation comme
cela se fera plus tard, et que ce procédé est
davantage destiné à mettre tel ou tel passage en relief.
On découvre donc une journée d’office
en l’honneur de la Sainte Trinité : Vêpres,
Matines… comprenant les psaumes, les
L
de façon inadaptée. Il s’agit bien plus probablement
d’une messe luthérienne, qui en déclame les
différentes parties : entrée des fidèles, Kyrie, Gloria,
Credo... Le résultat est saisissant de beauté. Quelle
maturité de l’interprétation pour rendre un tel
résultat sonore ! C’est le genre de disque que l’on a
envie d’écouter à plein volume, non pour déranger
ses voisins, mais pour goûter la puissance de
32 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
NOUVE
AUTÉ
par François-Xavier LACROUX
Trinité
antiennes, les lectures, les répons. Ce programme est vivant car l’essence propre du
chant monodique, ou plain-chant grégorien (même si ce terme est trop généraliste), est le dynamisme interne qui se love
dans les circonvolutions neumatiques. Le
chant lui-même est prière, car il porte en
son sein une inspiration qui est celle du
texte lui-même. Si l’auditeur veut bien se
laisser porter, il lui est promis un voyage
passionnant et trop bref finalement. En
rien il n’est ascétique.
Ce qui n’exclut pas, loin s’en faut, un
véritable travail musical pour une interpré-
tation sans faille. Quelques tempi un peu
rapides sur certains mélismes peuvent être
critiqués, mais jamais ils n’ôtent le caractère véritablement spirituel et profondément beau de cet enregistrement.
Enfin, le livret qui accompagne ce
disque est bien documenté et complet. On
aurait donc tort de se priver d’un cadeau
pareil, cadeau fait à toute la famille, aux
amis qui l’emprunteront, à tous ceux qui
l’écouteront. Car il faut bien diffuser cette
musique. En la diffusant on fait probablement œuvre d’Evangile. ■
Etienne de Liège – In festo sanctissimae trinitatis –
Psallentes – Hendrik Vanden Abeele – Ricercar RIC 249 –
Distribution Integral
l’empereur orgue et de son serviteur M. Bach...
Isoir est un serviteur à son tour, d’une classe, d’une
poésie, d’une humanité sans égales : un maître ! Ce
disque est indispensable, non seulement à l’amateur
d’orgue, mais aussi au mélomane.
F.-X. L.
Jean-Sébastien Bach – Intégrale de la Messe pour orgue – André Isoir –
Calliope – CAL 3715.6
CINEMA
Je m’appelle Élisabeth
Betty, 10 ans, mène une existence solitaire
depuis que sa sœur est partie en pension et elle
compense cette absence par son imagination
débordante. Son père est médecin dans l'asile
psychiatrique situé dans la maison voisine. Un
jour, l'un de ses patients s'est enfui et Betty
découvre qu'il s'est réfugié dans leur jardin. Elle
décide de le cacher dans la cabane à vélos.
Désireux de consacrer un de ces films
à l'enfance, Jean-Pierre Améris à été sensible à
l'émotion qui perçait du court roman d'Anne
Wiazemsky. Il dépeint une histoire toute simple
à travers le regard de cette petite fille pour qui
chaque événement est une aventure et un objet
de questionnement. La seconde partie est moins
convaincante, car elle n'évite pas un certain
sentimentalisme, mais l'on retiendra surtout la
qualité de la mise en scène et de l'interprétation.
Raillée pour sa trop grande crédulité, la
petite Betty porte sur le monde un regard plein
de tendresse et de compassion. L'évocation du
suicide appelle une mise au point.
M.-L. R.
Comédie dramatique
française (2006) de
Jean-Pierre Améris,
avec Alba-Gaïa
Kraghede Bellugi
(Betty), Stéphane
Freiss (Régis),
Yolande Moreau
(Rose) (1h30)
(Adolescents). Sortie
le 1er novembre 2006.
Borat
Un journaliste du Kazakhstan doit faire un
reportage sur les États-Unis.
Si ce documentaire satirique se révèle
parfois très drôle, il finit par agacer par sa
vulgarité et son caractère caricatural.
Le film se moque de tout, ce qui
confère parfois au manque de respect. Sacha
Baron Cohen affectionne l'humour grivois et
scatologique, illustré par des images pas
vraiment discrètes.
M.-L. R.
Comédie américaine
(2006) de Larry Charles,
avec Sacha Baron Cohen
(Barat), Anthony Hines,
Peter Baynham, Dan
Mazer, Pamela Anderson,
Ken Davitian (Azamat
Bagatov) (1h30).
(Adultes) Sortie le 15
novembre 2006.
BABEL
Une
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
œuvre brillante
s'est pas remise de la mort de sa mère.
On ne peut pas dire que le
cinéaste mexicain et son scénariste
Guillermo Arriaga choisissent la facilité narrative à travers cette histoire
complexe mettant en scène plusieurs
intrigues situées aux quatre coins du
monde. Mais le défi est brillamment
relevé, tant les séquences s'enchaînent
avec fluidité et placent le spectateur
dans une tension dramatique de plus
en plus forte. Grâce à un montage efficace, le spectateur ne s'ennuie pas
une seconde.
Après «Amours chiennes»
et «21 grammes», «Babel»
est le troisième long-métrage
d'Alejandro Gonzalez Inarritu.
I
mmensité vertigineuse de l'espace,
barrières linguistiques, fossés culturels, frontières dangereuses, solitude existentielle face aux drames du
destin… Alejandro Gonzalez Inarritu
parvient à capter de façon magistrale
la vulnérabilité déchirante de tout individu, qui l'isole du monde, mais le
rapproche aussi de son prochain.
Dans un village isolé du Maroc, un
père offre à ses deux fils une carabine.
S'exerçant à la manier, l'un deux vise
un bus et blesse gravement une touriste américaine. Son mari est sous le
choc. Leurs deux jeunes enfants sont
restés aux États-Unis sous la garde de
leur nourrice mexicaine. Les policiers
retrouvent la trace du propriétaire de
la carabine. Il s'agit d'un homme d'affaires japonais dont la fille sourde ne
(
Pour chaque histoire,
le cinéaste a utilisé
des pellicules et des
formats différents
Certains comportements
appellent des réserves, notamment celui de la jeune Japonaise qui compense son mal-être par des provocations sexuelles. Mais ce film offre
une réflexion passionnante sur l'incommunicabilité. Au-delà des barrières qui se dressent entre les êtres,
plusieurs personnages parviendront à
se rapprocher. Des scènes de nudité. ■
Babel. Drame américain (2006) de Alejandro Gonzalez
Inarritu, avec Brad Pitt (Richard), Cate Blanchett (Susan),
Gael Garcia Bernal (santiago), Kôji Yakusho (Yasujiro), Adriana
Barraza (Amelia), Rinko Kikuchi (Chieko), Said Tarchani
(Ahmed), Boubker Ait El Caid (Yussef), Elle Fanning (Debbie)
Sexy dance
Un délinquant contraint à des heures de travail d'intérêt général
dans une école d’art se découvre un don pour la danse.
La recette de ce film est éprouvée, tant le cinéma
hollywoodien nous a donné l'occasion de goûter à ce type
d'intrigues. Tous les ingrédients du genre sont réunis, de la
romance incontournable au happy end de rigueur. L'ensemble
séduit néanmoins et se révèle très efficace. Les scènes de danse sont joliment filmées.
À force de courage, le héros parviendra à dépasser les limites imposées par sa condition sociale.
Le langage est parfois un peu cru, mais les sentiments sont dépeints avec pudeur.
Marie-Lorraine ROUSSEL
Comédie dramatique américaine (2006) de Anne Fletcher, avec Channing Tatum (Tyler), Jenna Dewan (Nora), Mario (Miles), Drew Sidora (Lucy),
Heavy D (Omar), Damaine Radcliff (Mac), De' Shawn Washington (Skinny), Josh Henderson (Brett), Deirdre Lovejoy (Kathleen), Rachel Griffiths
(le principal Gordon), Alyson Stoner (la jeune danseuse) (1h43). (Adolescents). Sortie le 15 novembre 2006.
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 33
THEATRE
"VOTRE SERVITEUR, ORSON WELLES"
Energie,
dignité,
pudeur
par Pierre FRANÇOIS
Originale dans sa forme,
cette biographie d’Orson Welles
est touchante à plus d’un titre.
Peut-être parce qu’elle fait
deviner autant qu’elle dit.
ORSON WELLES (1) est une
pièce magistrale! On y voit non pas
Orson Welles mais le couple qu’il forme
avec son technicien alors qu’il enregistre des publicités pour financer son
projet personnel, le film Don Quichotte.
Ce film aurait-il été un autoportrait ? Ou une
reprise de sa série télévisée de 1964 ? Deux choses
seulement sont sûres. D’une part, le critique Juan
Cobos, qui avait vu les tout premiers travaux de
Welles, assure que la version terminée par Jesus
© LOT
V
OTRE SERVITEUR,
Aucun
sentiment
négatif ne vient
entamer le géant
Erreur judiciaire
Mata Hari (1) courtisane ou espionne, victime ou mythomane ? La pièce éponyme, si elle ne tranche pas cet
aspect, prend sûrement le parti de cette femme à travers le récit de son assistante. C’est beau, racé, magnifiquement dansé et aussi bien chanté. Ce spectacle est
proche du cabaret par ses alternances entre texte,
chant et danse. Mais cet apologue est presque trop bien réglé, millimétré même,
avec une précision d’orfèvre par cette troupe néerlandaise. Du coup, on a du mal à
croire à certains personnages, même si on est pris par l’exposé, même si l’ambiance
de mystère qui règne autour de Mata Hari peut appeler un jeu froid, voire parfois
distant. Même si la confusion qui règne autour de sa vie est rendue avec justesse
dans la mise en scène. Et quand l’assistante s’emporte, on a encore du mal à croire à
sa spontanéité. Reste un spectacle parfaitement bien léché. ■
(1) Mata Hari, spectacle musical, avec Gaëtane Bouchez, Wender Spier, Silke Mehler (danse),
Martine de Kok (piano et accordéon). Du mardi au samedi (19h) jusqu’au 2 décembre au théâtre du Renard, 12 rue du Renard, 75004 Paris. Places à 20/15 €. Tél. 01 42 64 30 53.
Prolongations
"Tragique Academy"(1), "Dévorez-moi !"(2) et "Même pas mal"(3), trois divertissements
d’aussi bonne facture que sans prétention intellectuelle sont prolongés après une
tournée en province et une première reprise à Paris.
"Dévorez-moi !", après avoir déplacé près de cent mille spectateurs en plein été,
s’installe désormais à la Comédie de Paris, où les lecteurs de France Catholique
bénéficieront d’un tarif préférentiel à 18 € sur présentation du journal. Le même
tarif est consenti à la même condition pour "Tragique Academy".
(1) à la Comédie de Paris, tél. 01.42.81.00.11, tous les dimanches et lundis (20h).
(2) à la Comédie de Paris, tél. 01.42.81.00.11, mardi au samedi (21h30), sam. (18h) et dim. (15h).
(3) au Lucernaire à Paris, tél. 01.45.44.57.34, jusqu’au 9 décembre.
34 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
Franco et Patxi Irigoyen en 1992 est sans
rapport avec la vision que Welles avait de
son film. D’autre part, la réalisation de ce
film par Orson Welles a duré depuis les
années cinquante jusqu’à ce que la mort
l’interrompe, en 1985.
Que ce soit réellement l’argent qui ait
manqué ou bien que Welles ait considéré
cet œuvre comme un exercice qu’il se
donnait le temps de peaufiner est de peu
d’importance pour la pièce.
Il s’agit en effet d’une autobiographie que le
comédien adresse tant à son public qu’à son technicien, ou parfois encore à lui-même. Laquelle est
régulièrement interrompue par l’homme de l’art
qui veut faire avancer le travail, et rentrer l’argent
pour que Welles puisse achever son film. Car
Welles apparaît ici comme à la fois plein d’énergie
pour achever son projet et déjà détaché des
contingences. Mis sur la touche, mais croyant
encore à son destin. Pas de nostalgie, ni de fatalisme, ni d’aigreur, aucun sentiment négatif ne
vient entamer le géant qui prend son temps pour
se raconter, seul qu’il est désormais. Trop heureux
d’avoir un public ou des revenus, mais jamais au
point d’en perdre sa dignité.
Le personnage d’Orson Welles est ainsi finement ciselé, tout en nuances et en énergie.
Mais ce portrait ne se fait pas au détriment de
son alter ego du son, qui rallonge ou raccourcit les
phrases, module ou modifie une voix qui a vieilli.
Entre ces deux hommes, qui se complètent dans le
cadre du travail, s’établit comme une complicité
inavouée, invisible. Entre stimulation et tendre
maternage, coup de gueule et encouragement, le
lien qui les unit, pudique, est sans doute un des
derniers qui offre une vie sociale à celui qui se fait
désormais répondre au téléphone par les assistants des producteurs… Le point fort de la pièce
est dans cette complicité qui met les deux personnages à égalité, et comme ils sont tous deux interprétés avec un égal talent, c’est un réel régal… ■
(1) "Votre serviteur, Orson Welles", avec Serge Le
Lay et Jean-Claude Drouot. Du mardi au samedi
(21h), matinée samedi (16h) et dimanche (16h30).
Au théâtre Marigny, Carré Marigny, 75008 Paris.
Places à 32, 27, 17 €. Tél. 01.53.96.70.20.
TÉLÉVISION
Histoires d’aujourd’hui
«La meilleure façon
Le goût des autres
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
de marcher» (1 et 2/4)
gèreté de touche et une élégance rares
dans la réalisation, le thème de la relation
à l’autre, à ses usages, à sa culture, bref, à
toutes ces règles non écrites qui régissent
un groupe de personnes. Entourée d’une
bande de comédiens de théâtre sensationnels, elle donne corps à des personnages
parfaitement dessinés. Les dialogues (véritables points forts du film) sont très bien
écrits, à la fois profonds et plein d’humour.
Surtout, la réalisatrice brosse un portrait
réjouissant des snobs qui constituent son
propre milieu du théâtre.
Une œuvre sensible
et émouvante sur
le refus de l’autre.
Depuis l’époque du service militaire obligatoire,
l’armée a bien changé. Depuis 1996, en effet,
elle est devenue - encore plus - professionnelle
et, comme toute entreprise, elle se doit de
recruter régulièrement du personnel. D’autant
qu’elle est aujourd’hui le premier recruteur de
France. L’armée, en effet, embauche chaque
année quelque 30.000 jeunes de 18 à 23 ans,
qu’elle va former à différentes métiers bien
particuliers. Mais qui sont ces jeunes qui
signent un contrat avec l’Armée française ?
Quelles sont leur motivations ? Pourquoi acceptent-ils, dans certains cas, des périodes de formation très dures. C’est à ces questions que
Gaël Leiblang («Douaniers : Au cœur de tous
les trafics», «Ma vie après le tsunami») a tenté
de répondre avec ce documentaire en quatre
parties.
En suivant quatre jeunes qui veulent
devenir parachutistes, Marie-Charlotte, Corinne,
Christopher et Jérémy, le réalisateur décrit le
quotidien et la formation de futurs paras. Entre
le fils de militaire, la jeune mère qui cherche
un emploi stable, le gosse de la Ddass qui est
en manque de père et d’encadrement pour se
construire et la jeune catholique issue d’une
famille nombreuse, il n’y a pas beaucoup de
points communs. Pourtant, les difficultés de
leur formation (en particulier les longues et
épuisantes marches) vont souder ces jeunes
qui vont se révéler, jour après jour. C’est très
bien fait, avec quelques touches d’humour et
de beaux portraits de jeunes, en particulier la
jeune catholique.
Documentaire français (2006) en quatre parties de Gaël Leiblang
(4 x 0h52). Diffusion Lundi 20 novembre, sur France 3, à 20h50 (les
deux autres parties seront diffusées le lundi 27 novembre, à 20h55.
l est très difficile de réussir sa première
œuvre cinématographique, sans révéler
des maladresses. La comédienne et
scénariste Agnès Jaoui est parvenue à réaliser un premier film d’une grande maîtrise
et sur le fond et sur la forme.
À la veille de signer un contrat international, Castella, un autodidacte devenu
patron d'une entreprise industrielle, doit
apprendre l'anglais. Peu doué, il éconduit
la jeune femme chargée de lui donner des
cours. Mais, entraîné par sa femme au
théâtre, il découvre, dans le rôle de «Bérénice», son ex-professeur, dont le talent
le bouleverse. Éperdument amoureux, il
tente de pénétrer dans le groupe d'amis
de la jeune actrice. Ce n'est pas facile, car
les gens de théâtre ont leur leurs usages,
dont Castella ignore tout.
La cinéaste aborde, avec une lé-
I
(
Avec humour et justesse,
Agnès Jaoui croque
les travers de ses
contemporains
Malgré l'absence de toute préoc-
cupation spirituelle, ce film peut apparaître, par certains côtés, comme l'application à notre époque de la parabole de la
paille et de la poutre. Pour cela, la réalisatrice fait une photographie de notre
époque, marquée par l’absence de repères
et la licence de mœurs. ■
Le goût des autres. Comédie dramatique française (1999)
de Agnès Jaoui, avec Anne Alvaro (Clara), Jean-Pierre Bacri
(Castella), Brigitte Catillon (Béatrice), Alain Chabat (Deschamps),
Agnès Jaoui (Manie), Gérard Lanvin (Moreno), Anne Le Ny
(Valérie), Christiane Millet (Angélique), Wladimir Yordanoff
(Antoine), Sam Karmann (1h52). Diffusion le lundi 20 novembre,
sur France 2, à 20h50.
Un coupable idéal
Il avait vraiment la tête de l’emploi, Brenton
Butler, un jeune Noir de 15 ans. C’était le coupable idéal pour ce tragique fait divers. Il avait
même avoué qu’il était bien le meurtrier de cette
touriste blanche à laquelle il avait volé son sac à
main, sous les yeux de son mari qui l’avait reconnu. Pourtant, aucune preuve véritable, ni même
aucun indice matériel ne venait étayer ces aveux.
Patrick McGuinness, son avocat commis d’office,
va se battre pour démonter le dossier d’accusation et prouver l’innocence de son jeune client.
Jean-Xavier de Lestrade a bien mérité son Oscar du meilleur documentaire en 2002 pour
ce film coup de poing. En suivant le travail du Public Defender Office de Jacksonville, dans l’État de
Floride, il nous offre à la fois une magistrale leçon de procédure judiciaire américaine et un suspense sensationnel. Tandis que ses avocats se démènent pour démontrer, point par point, les lacunes de l’accusation (témoins écartés, indices oubliés, absence de preuves matérielles, fragilité des
témoignages, etc.), le jeune Brenton et sa famille, profondément croyants, prient le Seigneur de leur
venir en aide. Cette œuvre poignante et passionnante jusqu’à la fin est une magistrale leçon de journalisme.
Documentaire français (2002) de Jean-Xavier de Lestrade (1h30). Diffusion le dimanche 19 novembre, sur Arte, à 23h10.
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
35
TELEVISION
Samedi 18 novembre
Dimanche 19 novembre
Lundi 20 novembre
Mardi 2 1 novembre
TF1
TF1
TF1
TF1
20.50 Les 500 choristes en-
20.50 Le masque de l’araignée J.
20.50 Commissaire Cordier
«Toutes peines confondues» GA.
20.35 Football «Ligue des
Champions : Real
Madrid/Olympique Lyonnais ou
Lille/Anderlecht».
22.50 Pascal, le grand frère.
Magazine.
France 2
20.50 Petits meurtres en famille
(2/4) GA. Téléfilm avec Elsa
Zylberstein, Bruno Todeschini
(1h35). ឭឭឰ Un bon suspense,
avec une excellente atmosphère,
mais une scène pénible.
22.35 Jour de fête, avec Gad
Elmaleh, Sabine Azéma, etc.
00.50 Conte d’hiver A/Ø.
Comédie dramatique (1992) de
Eric Rohmer, avec Charlotte Véry,
Frédéric Van Den Driessche
(1h49). ឭឭឭឰឰ Une belle histoire d’amour, avec des dialogues
brillants, mais aussi des images
impudiques.
France 3
20.50 The closer : «Flou artistique», «Conduite à risques». Série
avec Kyra Sedgwick 2.
22.35 Ce soir ou jamais.
Magazine. (et à 23h25)
00.35 NYDP blue. Série.
Arte
FR3 - C Medale
Vivre avec la maladie de Charcot
20.40 Les étoiles brillent toujours A/Ø. Téléfilm avec Veronica
DR
DR
36 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
Ferres, Merab Ninidze (1h29).
Une histoire très émouvante, mais truffée de longueurs
et de scènes indiscrètes.
22.10 Comme des gants pleins
de sable. Documentaire.
23.30 Mon combat contre le
temps «Les souffrances d’une
malade de la SLA» GA. ឭឭឰ Un
témoignage poignant, mais sans
dimension spirituelle.
M6
20.50 Super Nanny.
Divertissement.
22.50 T’empêche tout le monde
de dormir. Magazine présenté par
Marc-Olivier Fogiel.
Canal +
ឭឭឰឰ
DR
semble. Divertissement présenté
Policier (2001) de Lee Tamahori,
par Flavie Flament et Laëtitia
avec Morgan Freeman, Monica
Téléfilm avec Pierre Mondy,
Hallyday, avec Johnny Hallyday,
Potter (1h43) 2. ឭឭ Bien fait.
Michel Leeb. ឭឭឰ Pas mal fait,
Patrick Bruel, Corneille, Florent
22.40 Dragon Rouge A/Ø.
mais la fin est décevante.
Pagny, Roch Voisine, Hélène
Horreur (2002) de Brett Ratner,
Banalisation de l’homosexualité.
Ségara, Patrick Timsit, Richard
avec Anthony Hopkins, Edward
22.40 Y’a que la vérité qui
Berry, Philippe Katerine, Jean
Norton (2h04) 4. ឭឰឰ Bien
compte. Magazine.
Reno, Lara Fabian, etc.
fait, mais peu original et atroce.
00.35 Vol de nuit. Magazine de
23.10 New York, unité spéciale.
Patrick Poivre d’Arvor.
France 2
Série avec Chris Meloni 3.
France 2
France 2
Émissions religieuses :
20.50 Le goût des autres GA.
20.50 Rugby «Test match :
Comédie dramatique (2000) de
08h30 Émissions religieuses : «Voix
France/Nouvelle-Zélande».
et avec Agnès Jaoui, et avec
bouddhistes», «Islam», «Source de vie»,
23.05 On n’est pas couché.
«Présence protestante» - 10h30 Le jour du Jean-Pierre Bacri, Gérard
Magazine présenté par Laurent Seigneur «D’une rive à l’autre»* - 11h00
Lanvin, Alain Chabat (1h48).
Ruquier, avec la collaboration Messe, en direct de la chapelle Sainte(Voir ntore analyse page 35)
de Michel Polac, Éric Zémour,
22.50 Mots croisés. Magazine
Marie de Neuilly (92).
Florence Foresti, Jean-Luc
présenté par Yves Calvi.
Lemoine et Frédéric Martin.
20.50 FBI, portés disparus :
01.05 Musiques au cœur «Parole
«Heureux événement», «Détresses».
d’opéra : Angers - Nantes - JeanFrance 3
Série avec Anthony LaPaglia.
Paul Davois». Magazine.
20.50 La blonde au bois dor22.25 Urgences : «Il n’y a pas
France 3
mant (1/2) A/Ø. Téléfilm avec Léa
d’anges ici», «Gallant le héros,
Drucker, Jonathan Zaccaï, Carole
20.55 Histoires d’aujourd’hui «La
Victor l’hystéro». Série 2.
Richert, François Comart, Didier
meilleure façon de marcher : (1 et
00.00 New York 911. Série 2.
Flamand, Valérie Mairesse.
2/4) “Engagez-vous“, “Marche ou
France 3
ឭឭឰឰ Un excellent policier,
crève“» J. (Voir notre analyse page
avec deux comédiens épatants,
35)
mais une héroïne athée virulente
22.50 Ce soir ou jamais.
et une scène très suggestive.
Magazine présenté en direct par
23.00 Le mystère Malraux GA.
Frédéric Taddéi. (et à 23h25)
Documentaire de René-Jean
00.35 NYDP blue. Série.
Bouyer. Commentaire dit par
Arte
Édouard Baer. ឭឭឭ Passionnant.
20.40
Le locataire A. Drame
00.40 La case de l’oncle Doc
20.50 La blonde au bois dor(1976) de et avec Roman Polanski,
«Paroles inattendues : Alain
mant (2/2) GA. Téléfilm avec Léa
et avec Isabelle Adjani (2h) 4.
Juppé». Documentaire.
Drucker, Jonathan Zaccaî, Carole
ឭឭឭឰឰ Aussi brillant que
Richert, François Comart, Nathalie
Arte
pénible.
Krebs, Didier Flamand, Valérie
22.45 Grand format «Le souffle
Mairesse. ឭឭ Un deuxième épidu désert» A. ឭឰ Intéressant,
sode supérieur au premier.
mais
parfois contestable.
23.10 France Europe Express.
M6
Magazine de Christine Ockrent.
00.50 Les deux orphelines GA.
Drame en NB (1932) de M. Tourneur, avec Renée Saint-Cyr (1h27).
20.40 L’aventure humaine
ឭ Un mélo qui a bien vieilli.
«Léonard de Vinci : Chefs-d’œuvre
Arte
masqués». Documentaire (1h20).
22.05 360° - Géo «Sur la route
Délit de sale gueule
des Vikings».
20.40 Johnny belle gueule A/Ø.
Musica
Drame (1989) de Walter Hill, avec
20.50 L’affaire Pelican GA.
23.00 12 tangos. Documentaire.
Mickey Rourke (1h36). ឭឰឰ MéPolicier
(1993) de Alan J. Pakula,
23.55 Metropolis.
diocre et d’une violence terrible.
avec Julia Roberts, Denzel
00.50 La lucarne «Les ténèbres».
22.15 Les sales têtes J. ឭឭ Très
Washington (1h40). ឭឭ Très preDocumentaire.
intéressant.
nant et bien ficelé.
23.10
Un
coupable
idéal
J
.
DocuM6
23.20
À ton image A. Drame
mentaire de Jean-Xavier de LesLa trilogie du samedi
(2002) de Aruna Villiers, avec
trade. (Voir notre analyse page 35)
20.50 Charmed : «Génération
Nastassja Kinski (1h34) 3.
M6
ឭឭឰឰ Brillant, mais mal
HEX», «Trahison», «La clef des son20.50 Zone interdite «Paternité :
exploité et une fin terrible.
ges». Série avec Holly Marie
Secrets, mensonges et révélaCombs, Alyssa Milano.
Canal +
tions». Magazine.
23.35 Dead zone. Série avec
20.50 Le vol du Phoenix J.
Anthony Michael Hall.
23.00 Secrets d’actualité «Le
Aventures (2005) de John Moore,
crime était presque parfait».
Canal +
avec Dennis Quaid, Jacob Vargas
Canal +
24 heures sur la planète sport
(1h49) 2. ឭឭ Très bien fait.
20.30 Football «Championnat de
21.00 Football.
KTO
France : Multiplex».
KTO
20.50 Les enfants de
KTO
20.50 La foi prise au mot «ÉgliSummerhill. Enquête sur une
20.50 VIP «Jean-Pierre Foucault».
ses». Un documentaire sur les
école alternative.
21.40 Jean-Sébastien Bach
maisons du Seigneur.
22.20 KTO magazine «Dieu der«Cantates 179, 199 et 113».
22.10 La vocation de l’écoute.
rière les barreaux».
20.50 Garden state GA. Comédie
dramatique (2005) de et avec
Zach Braff, et avec Natalie
Portman, Ian Holm (1h38). ឭឭឰ
Un film sensible et bien fait, mais
un contexte de licence de mœurs.
KTO
20.50 Destin et résurrection. Erich
Camenzind, veuf et père de 5 enfants, est devenu prêtre à 63 ans.
22.15 La foi prise au mot «Églises».
TELEVISION
Mercredi 22 novembre
Jeudi 23 novembre
Vendredi 24 novembre
TF1
TF1
TF1
20.50 Camping paradis J.
20.50 Navarro «L’âme en vrac»
GA. Téléfilm avec Roger Hanin,
20.50 Star Academy.
Divertissement.
France 2
Marie Fugain, Jean-Pierre
Castaldi, Élisabeth Bourgine,
Guillaume Cramoisan. ឭឭ Un
excellent épisode.
22.35 La méthode Cauet.
Divertissement présenté par
Cauet.
France 2
20.50 Envoyé spécial : «Ponfilly
l’Afghan», «Une femme en campagne». Magazine présenté par
Guilaine Chenu et Françoise Joly.
22.55 Infrarouge : «Goering dernier acte 2», «Prisonnier du
Paradis». Documentaires.
France 3
20.55 La balance A/Ø. Policier
(1982) de Bob Swaim, avec
Nathalie Baye, Philippe Léotard,
Richard Berry (1h38) 2. ឭឭឰឰ
Bien fait et bien interprété, mais
des violences et une scène complaisante.
22.40 Ce soir ou jamais.
Magazine présenté en direct par
Frédéric Taddéi. (et à 23h25)
00.35 NYDP blue. Série avec
Mark-Paul Gosslaar.
Arte
20.40 Pas de printemps pour
Marnie GA. Drame (1964) de
Documentaire fiction de Gérard
Mordillat, avec Patrick Mille,
François Cluzet, Virginie Ledoyen
(2h15). (Voir notre analyse page
35)
23.05 Le dessous des cartes
«Côte d’Ivoire : Quelques clés pour
comprendre la crise». Magazine de
Jean-Christophe Victor.
23.15 Voyage en famille GA.
Comédie en VO (2004) de Pablo
Trapero, avec Liliana Capurro,
Graciana Chironi (1h43). ឭឭ Un
joli film qui sonne juste.
M6
20.50 Élodie Bradford
«Intouchables» GA. Téléfilm avec
Armelle Deutsch, Didier Bezace,
Jean-Pierre Michaël. ឭឭឰ C’est
un peu gros, mais cette comédie
policière est très amusante.
22.50 Il faut que ça change !
Magazine.
Canal +
20.45 Football «La grande soirée
de Champions League».
KTO
20.50 Le pas en plus. La retraite
des handicapés.
22.15 VIP «Jean-Pierre Foucault».
Alfred Hitchcock, avec Tippi
Hedren, Sean Connery (2). ឭឭឰ
Pas le meilleur du maître, mais
pas mal tout de même.
22.50 La vie en face «Marchands
de miracles» GA. ឭឭ Un documentaire intéressant sur les progrès des sectes évangélistes en
République démocratique du
Congo.
M6
20.50 Incroyable talent.
Divertissement présenté par
Alessandra Sublet.
22.40 Killer instinct. Série avec
Johnny Messner, Kristin Lehman
3.
Canal +
20.50 Desperate housewives (23
et 24/24) GA. Série avec Teri
Hatcher 2. ឭឭឰ Ainsi se termine cette seconde saison, nettement inférieure à la première. Plus
contestable aussi.
KTO
20.50 Marron, la piste créole en
Amérique. La Louisiane et sa culture.
22.15 Jean-Sébastien Bach
«Cantates 179, 199 et 113».
Amour"
21h Appasionnata, les coups de
cœur du disque classique
22h Biblica "Le massacre des
Saints Innocents", avec Fabrice
Hadjadj (philosophe et dramaturge)
Une soirée de polars
20.50 Maigret «L’ombre chinoise»
GA. Téléfilm avec Bruno Cremer,
DR
DR
20.40 Les mercredis de l’histoire «La forteresse assiégée» GA.
RADIOS
Samedi 18 novembre
19h30 Il était une foi "Dieu est
Christine Boisson, Alain Rimoux
(1h33). ឭឭ Un épisode très réussi et bien interprété.
22.35 La Crim’ «Dérapages» GA.
Téléfilm avec Jean-François
Garreaud, Didier Cauchy (0h48).
ឭឭ C’est bien fait, mais la réalisation est toujours aussi fatigante.
23.30 Taratata. Magazine présenté par Nagui, avec Bénabar, Elsa,
Philippe Katerine, Ayo, Jude, etc.
01.35 À la Maison-Blanche.
Série.
France 3
20.55 Thalassa «Une saison dans
les îles : Les Malouines».
Magazine présenté par Georges
Pernoud.
23.25 Pièces à conviction «La
France des tricheurs». Magazine
présenté par Élise Lucet.
Arte
20.40 Au cœur de l’orage GA.
Téléfilm avec Julio Manrique,
Monica Lopez, Daniela Romero
(1h28). ឭឭ Cette histoire bien
construite donne une triste image
de notre société.
22.10 Portrait «Paysages industriels : Les photographes Bernd et
Hilla Becher». Documentaire.
23.05 Klang. Divertissement avec
Thomas Fersen, Masha Qrella,
Johnny Liebling, etc.
00.20 La montagne sacrée.
Drame en NB et muet (1926) de
Arnold Franck, avec Leni
Riefenstahl, Ernst Petersen (1h45).
M6
20.50 NICS, enquêtes spéciales
«Frères d’armes». Série avec
Michael Weatherly, Pauley
Perrette, Mark Harmon 2.
21.40 Numb3rs. Série avec Rob
Morrow 2.
23.25 Sex & the City. Série avec
Sarah Jessica Parker 2.
Canal +
Dimanche 19 novembre
14h Au fil des pages "Peut-on tout
pardonner ?" Avec M. HorsingaRenno, pour "Cher oncle Georg"
(éd. La nuée bleue) et G. de Sairigné
pour "Mille pardons" (éd. R. Laffont)
Lundi 20 novembre
17h Contre-courant "Vivre Alzhei-
mer en accueil de jour : le répit",
avec M. Guisset-Martinez (Fondation Médéric Alzheimer) et M. T.
Judic (Al'Fa Répit)
Mercredi 22 novembre
10h A votre service
"D'où
viennent les plantes que l'on
mange ?", avec Jean-Marie Pelt
(spécialiste de botanique et d'écologie)
(Vos appels au 04.72.38.20.23)
Jeudi 23 novembre
10h A votre service "En direct du
Salon des Maires à Paris"
Vendredi 24 novembre
9h Grand angle "Spécial Semaines
sociales de France", du 24 au 26
novembre
10h A votre service "Rendez-vous
au Jardin. Comment préparer son
jardin à l'hiver ?", avec M.Cheroux
(ingénieur agricole)
M.B.
* Ce très bon documentaire
"d’une rive à l’autre" propose,
à travers les portraits de deux
prêtres des Missions Etrangères
de Paris, une réflexion sur la mission et l’inculturation de la foi.
Vous pouvez commander en
ligne le DVD du film présentant la grande aventure des Missions Etrangères de Paris
"AD VITAM" :
http://librairie.mepasie.net
DR
Téléfilm avec Laurent Ournac,
Jennifer Lauret, Princess Érika,
Barbara Probst, Agnès Soral. ឭ
Sympathique, mais rarement
drôle.
22.35 Preuve à l’appui
«Recherche maman désespérément». Série avec Jill Hennessy 2.
France 2
20.50 Les innocents A/Ø.
Téléfilm avec Olivier Marchal,
Stéphane Freiss, Julie Voisin
(1h37). ឭឰឰ Une histoire interminable et très complaisante dans
les images.
22.35 L’arène de France.
Magazine de Stéphane Bern.
France 3
20.50 Vie privée, vie publique
«Le couple : Amour et trahison».
Magazine de Mireille Dumas, avec
Marc Jolivet, Caroline Grimm,
Fanfan Bachelet, François d’Épenoux, Thierry Maucour, Sylvia
Kristel, Roger Dumas, Hélène
Delprat, Françoise Hardy, etc.
22.50 Ce soir ou jamais.
Magazine. (et à 23h25)
00.35 NYDP blue. Série avec
Mark-Paul Gosslaar.
Arte
RCF
20.50 Elizabeth Ire GA. Téléfilm
avec Helen Mirren, Hugh Dancy
(1h48) 3. ឭឭ Une seconde partie supérieure à la première.
KTO
20.50 Édition spéciale «Foi et
raison, la polémique de
Ratisbonne».
22.20 À la rencontre des saints
«François et Claire».
sur Arte
Mercredi 22 novembre, à 20h40
Les mercredis de l’histoire :
La forteresse assiégée» GA
Pendant la guerre franco-allemande
de 1870, la forteresse de Bitche a
longtemps résisté à l’assaut des
Allemands.
ឭឭឭឰ À partir de cet épisode
célèbre, Gérard Mordillat s’interroge
sur la guerre en général. Les scènes
de fiction alternent habilement avec
des interventions d’historiens, de philosophes, de stratèges, etc. C’est passionnant, parfois un peu dur (mais
c’est la guerre !), mais un peu trop
long. Quant au fond, on peut ne pas
être d’accord avec certaines idées du
réalisateur (ex. : la Commune).
T :
J :
GA:
A :
Ø :
ឭ:
ឰ:
Tout public
Repères
Adolescents
Grands adolescents
Adultes
Œuvre (ou scène) nocive
Elément positif
Elément négatif
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 37
BLOC-NOTES
Paris
✔ Xavier Mirabel (président de l'Alliance pour les Droits de la Vie) donnera une conférence sur le thème
"Comment mettre le respect de la
vie au cœur de la société ?", le 29
novembre (20 h30 précises), à
l'ASIEM, 6 rue Albert de Lapparent, 75007 Paris. Rens. ✆
01.45.23.08.29.
✔ Le 20 novembre (19h), une
soirée de débats sur le thème "La
Tradition, Notre Bien Commun"
est organisée au Palais de la
Mutualité, 22-29 rue St-Victor
75005 Paris, par l'Institut du Bon
Pasteur (c/o Centre Saint-Paul, 12
rue St-Joseph, 75002 Paris, ✆ 01.
40.26.41.78, avec notamment
l'abbé Guillaume de Tanoüarn,
Gérard Leclerc (France Catholique), Jean-Pierre Denis (La Vie).
Participation aux frais.
✔ Le Cercle catholique syriaque
organise, le 6 décembre (20h),
une conférence sur le thème
"L'Orient Chrétien au IVe siècle",
qui sera donnée par Christian
Mesnard (membre du Cercle) , en
l'Eglise Saint-Ephrem le Syriaque,
17, rue des Carmes, 75005 Paris,
Rens. ✆ 06.87.71.17.58.
✔ A l'espace Georges Bernanos,
Association, 4, rue du Havre,
75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26,
fax 01.45.26.65.25, une présentation de trois livres est prévue le 23
novembre : "Histoires drôles et
drôles d'histoires", "Témoignages :
16 conférences récentes" et "Paroles de Feu ; 100 homélies", avec
une conférence "L'Église est-elle
l'ennemie du rire ?". Egalement,
une conférence sera donnée par
Philippe de Kergorlay, sur le
thème "Dieu et l'homme chez les
peintres de la Renaissance", le 28
novembre (18h30).
✔ Les Franciscaines réparatrices
de Jésus-Hostie, 127 avenue de
Villiers, 75017 Paris, ✆ 01.43.80.
38.12, vous invitent à leur "Vente
de Charité" (services brodés, art
religieux, papeterie, confiserie,
linge de maison, layette...), du 23
au 27 novembre (à partir de 10h)
[s'inscrire pour les repas (il n'y a
pas de repas le 27)].
✔ Des cours tout public sont proposés par l'IPC, Facultés Libres de
Philosophie et de Psychologie,
70, avenue Denfert-Rochereau,
75014 Paris, ✆ 01.43.35.38.50
(pré-inscription obligatoire) :
"Avec Saint Augustin, penser la
création", par Florence Eibl (professeur à l’IPC) : 6 séances le samedi (10h-12h), les 18 novembre, 2
et 16 décembre, 6 et 20 janvier
2007, 3 février. Prix : 96 € (étudiant : 48 €). Le contexte dans
lequel saint Augustin a élaboré sa
doctrine de la création présente
des analogies avec notre époque.
Ce cours permettra d’éclairer,
d’un point de vue philosophique
et théologique, des questions que
le développement des sciences de
la matière et de la vie rend de
nouveau très actuelles.
✔ Les Semeurs d'Espérance organisent une Nuit d'Adoration,
O f f re d ' a b o n n e m e n t
✂Abonnez-vous !
avec Mgr Dominique Rey (évêque
du diocèse de Fréjus-Toulon) sur le
thème "Nouvelle Évangélisation.
Quels défis ? Quelle urgence ?".
Rendez-vous le 24 novembre
(20h) à la paroisse St-Séverin,
75005 Paris, avec sac de couchage et tapis de sol. Entrée par le
3, rue des Prêtres. Au programme
: enseignement... messe animée... adoration guidée... relais
devant Jésus... sacrement de
réconciliation... petit déjeuner.
Rens. ✆ 06. 13.16.29.08 /
www.semeurs.org
✔ L'association "Les Amis de Van"
(15, rue de l'Orangerie, 78000
Versailles, ✆ 01.39.51.30. 90 /
[email protected]) convoque
leur Assemblée générale, le 19
novembre (10h) au Couvent Saint
Jacques, 20 rue des Tanneries,
75013 Paris, avec Anne de Blaÿ
(présidente). La journée se déroulera ensuite par une messe (11h)
au Couvent, (12h30) déjeuner
vietnamien pour ceux qui se
seront inscrits (10 €). (15h) une
conférence sur "Les missions de
Van", par le père Olivier de
Roulhac (OSB).
✔ L'association "Les Amis de
Tous" (Florence Mille-Bardsley,
12 rue Alfred Laurant, 92100
Boulogne, ✆ 01.46.03.44.70)
invite à leur rencontre annuelle le
26 novembre, à l'Eglise St Antoine des XV-XX (1er étage), 57 rue
Traversière, 75012 Paris : (15h)
M. Renard exposera les réalisations en Haïti de l'association
Enfants-Soleil et présentera un film
sur la vie des enfants des rues haïtiens ; (16h) thé, gâteaux et tour
d'horizon des activités de l'association ; (17h-19h) loto avec de nombreux lots. http://amisdetous.free.fr
Côte-d'Armor
✔ Le Foyer de Charité de Tressaint, La Grand'Cour, BP 145,
22104 Dinan cedex, ✆ 02.96.85.
86.00, fax 02.96.85.03.56, prévoit, pour les 16/30 ans, 2 journées, du 24 au 26 novembre, préparées et animées par des jeunes
ayant déjà fait cette session, par le
père Gosselin et le Foyer. Et aussi,
du 1er au 3 décembre, deux jours
à Dinard, pour "Vivre ensemble",
"Aimer... toujours ?", animés par
le père Gosselin et une équipe de
couples. Rens./insc. au ✆ 02.99.
88.25.25.
Hauts-de-Seine
✔ Au centre spirituel Manrèse, 5,
rue Fauveau, 92140 Clamart,
✆ 01.45.29.98.60, une retraite,
avec accompagnement personnel et vie de groupe, est proposée du 20 (11h) au 24 novembre
(17h), avec les pères Michel Kobik, Erwan Chauty, et Sœur Anne
Catherine Pech. Courriel :
[email protected], site :
www.manrese.com
Indre
✔ Le centre J. Chevalier, BP 110,
38, pl. du Sacré-Cœur, 36104
Issoudun cedex, ✆ 02.54.03.33.83,
fax 02.54.03.33.80, propose dans
FRANCE
à
Catholique
Offrez un abonnement !
HEBDOMADAIRE
chèque à l’ordre de FRANCE CATHOLIQUE
60 rue de Fontenay - 92350 Le Plessis-Robinson
❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110)
(*)(**)
et je reçois un cadeau ❒ une boîte de marrons glacés "Clément Faugier" (poids net 400 g) (***)
❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. Nom/prénom : ...............................................................................................................................
76 €
pour un an
(au lieu
de 110 €)
Adresse : ......................................................................................................................................................................
Code postal : .....................Ville : ...............................................................................................................................
❒ J'offre un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) à un
prêtre, une communauté, mes enfants, dont voici les coordonnées : (vous pouvez joindre une feuille
séparée). Si vous offrez cet abonnement ce cadeau peut être envoyé chez vous (****)
❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. Nom/prénom : ...............................................................................................................................
Adresse : ......................................................................................................................................................................
Code postal : .....................Ville : ...............................................................................................................................
❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE gratuitement et sans engagement (*****)
Avec l'abonnement,
en cadeau, une boîte
de marrons glacés
"Clément Faugier"
(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le
préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un
droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres
entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
BLOC-NOTES
Vendée
✔ Une conférence est organisée le
23 novembre (20h30), au centre
Saint-Hilaire, 83, bd d'Austerlitz,
85000 La Roche-sur-Yon, sur le
thème "Dieu dans la chanson :
existe-t-il une chanson chrétienne ?", avec Pierre Gueydier
(coordinateur national de la Pastorale
des Jeunes).
Yvelines
✔ Un concert "Kouban, Grandes
Voix Cosaques", consacré aux
chants liturgiques orthodoxes russes, originaires des grands
monastères des régions de Kiev
et de Novgorod, dirigé par Andreï Kikena, (ténor, formé au conservatoire de Kiev), est prévu le 5
décembre (20h30), à l'église StLubin, 78120 Rambouillet. Vente
des billets à l’Office de Tourisme
✆ 01.34.83.21.21, Fnac 0892.
683.622 (0,34€/min) et à l’entrée
du concert. Prix des places :
15 € et 10 €.
Association Ile-Bouchard
✔ Le 3 décembre, 20e anniversaire
des pèlerinages organisés par
l'Association Ile-Bouchard, auprès
de Notre-Dame de la Prière de
l'Ile-Bouchard (37220). Départ de
Paris (6h40), place de la Madeleine, aller et retour en car dans la
journée. Animation spirituelle par
des frères de la Communauté
Saint-Jean. Prix 35 €/personne,
réduction pour les ménages et les
étudiants, gratuité pour les moins
de 16 ans. Rens. Association IleBouchard, 16 rue Madeleine Michelis, 92200 Neuilly-sur-Seine,
✆ 01.47.45.32.93.
Le Chemin Neuf
✔ La communauté du Chemin
Neuf (Mission Jeunes 18-30 ans Sr Patricia Placé), 154 av. Victor
Hugo, 75116 Paris, ✆ 01.47.
27.73.70 / www.foi-jeunes.org
[email protected]
propose des sessions à thème :
"Ton corps fait pour aimer", les
25 et 26 novembre ; "Choisis la
vie !", Ethique et vie chrétienne,
les 10 et 11 mars 2007 ; "Peut-on
tout (se) pardonner ?" les 10 et
11 mars, au Cénacle de Tigery
(Essonne) et à l’Abbaye d’Hautecombe (Savoie).
Coptes
✔ L'association "Visages et
Cultures des Coptes" annonce l'inauguration du centre culturel
copte le 19 novembre, au 39 rue
Germain Pilon 93700 Drancy.
Rens. ✆ 06.31.29.47.79.
Pour passer un communiqué, contactez :
[email protected]
fax : 01.46.30.04.64
www.france-catholique.fr
www.monde-catholique.com
ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE
France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an :
122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à
l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis,
tél. 056.330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11.
Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux
sur notre compte chèque postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien
par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par
carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr
Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de
l'abonné / Ne paraît pas en août.
PETITES ANNONCES
Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans le
bloc-notes, forfait : 20 €
➥ Emballez votre cœur ! Vous disposez de 2,3 heures
ou plus en décembre et vous aimez rendre service
dans une ambiance conviviale. Nous avons besoin de
vous. Devenez bénévole pour notre opération emballage cadeaux à Paris et en région parisienne.
L’association VML lutte contre les maladies lysosomales, maladies dégénératives gravissimes (3000 enfants
atteints en France). Ses objectifs : l’assistance aux
malades et à leur famille et le soutien à la recherche
médicale. Contact : Anne-Joëlle Lenne au 06.84.83.
95.96 / 01.69.75.40.30 / [email protected]
➥ Bourse aux vêtements d'enfants, de zéro à trois
ans, chaque mercredi et jeudi (14h30-16h30), sauf
vacances scolaires, au local du comité d'accueil à
l'enfant, 175 rue Jeanne d'Arc, 54000 Nancy. Prix très
bas. Dons de layette et bénévoles bienvenus. Rens.
tél. 03.83.27.37.10.
➥ Directeur de la communication, 47 ans, cherche
emploi. A exercé d'importantes responsabilités dans
un groupe familial de loisirs. Compétences en gestion
du personnel, animation d'équipes, restauration, relations publiques, radio et presse... Etudie toute proposition sur toute la France : tél. 06.09.90.06.11.
➥ Vins d'Alsace :
◆ Kaefferkopf, Sick-Dreyer, 17, route de Kientzheim,
68770 Ammerschwihr, tél. 03.89.47.11.31, courriel :
[email protected], site : www.sick-dreyer.com
Siret : 380.427.989
Gewurztraminer Altenbourg 2004, Domaine Paul
Blanck, 32 grand-rue, 68240 Kientzheim, tél. 03.
89.78.23.56, fax 03.89.47.16.45, courriel : info@
blanck.com, site : www.blanck.com Siret : 302 655 626 00018
◆
L'ABUS D'ALCOOL EST
DANGEREUX POUR LA SANTÉ.
le cadre des "Samedis d'Issoudun", une session du 25 (10h) au
26 novembre (15h), "Apprendre
à communiquer autrement, audelà de ces interprétations qui
polluent nos vies au quotidien",
avec Evelyne Clavier.
www.issoudun-msc.com
Lot-et-Garonne
✔ Le Foyer de Charité NotreDame de Lacépède, 47450 Colayrac-saint-Cirq, ✆ 05.53.66.86.
05 / [email protected] propose,
une récollection du 1er au 3 décembre, pour les 17-35 ans,
"Accueillir le différent, un chemin
de paix", autour de Jean Vanier
avec les communautés de l'Arche
et du Foyer de Charité. La journée
du 3 décembre est ouverte à tous
à partir de 11h. Messe à 11h30,
repas tiré du sac, enseignement
dans l'après-midi. Egalement une
récollection, pour tous, du 15 au
17 décembre, "Initiation à la prière du cœur", "Jésus, ton Nom, un
baume sur mon cœur", par le
Père Dominique Bostyn (du Foyer
de Charité)
Marne
✔ Le Foyer de Charité, 4, Grande
Rue, 51270 Baye, ✆ 03.26.52.
80.80, fax 03.26.52.72.15 /
[email protected]
propose une retraite fondamentale du 27 novembre (17h/messe
à 18h30) au 3 décembre (15h)
"Les chemins du Seigneur sont
Amour et Vérité", avec le père
François-Jérôme Leroy (N.D. de la
Sagesse - Foyer de Charité de Baye).
Rhône
✔ Le "Massacre des Innocents",
(scènes de ménage et de tragédie),
texte et mise en scène de Fabrice
Hadjadj, au Théâtre des Carmes,
montée des Carmes-déchaussés,
69005 Lyon, les 23, 24, 25, 26,
30 novembre et 1er, 2, 3 décembre (20h30 - 17h, le dimanche).
Rens. ✆ 04.74.80.56.37 ou 06.
74.68.95.51 / lesprovinciales@
free.fr Tarif 18 €, réduit 12 €.
Savoie
✔ Le foyer de charité, 73260
Naves, ✆ 04.79.22.91.02, prévoit
une récollection les 25 et 26 novembre "C'est de Dieu qui vient la
véritable révolution", avec le père
Cousseau. Et aussi, une retraite, du
4 au 10 décembre "Si tu savais le
don de Dieu", avec le père JeanClaude Cousseau.
Var
✔ L'Association des Pèlerins de
Notre-Dame de Grâces, Sanctuaire Notre-Dame de Grâces,
83570 Cotignac, ✆ 04.94.69.64.
90, fax 04.94.69.64.91, sanctuaire
@nd-de-graces.com propose les 2
et 3 décembre, un week-end sur
"le traité de la vraie dévotion de St
Louis Marie Grignon de Montfort".
FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire
N° Commission Paritaire de la Presse : 1006 I 85771 en cours de révision
CNIL : 6778405
60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson
Téléphone : 08.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64
Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X
édité par la Société de Presse France Catholique,
s.a. au capital de 327.136 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre
Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06.
08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Grégoire
Coustenoble - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven - Abonnements/Comptabilité : Marie-José Carreira.
Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres
Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.
France Catholique est une marque déposée à l'Inpi.
Forum internet ouvert à tous
http://www.france-catholique.fr
FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
39