18 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
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18 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006
FRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 FRANCE 82 ème année - Hebdomadaire n°3047 - 17 novembre 2006 Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité www.france-catholique.fr 2,90 € Liban : paix par le pardon La © AUDE LORNE selon Mansour LABAKY 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@k@o@h@a; 6 jours avec tous nos évêques M 01284 - 3047 - F: 2,90 E © CHRISTOPHE LAFLAQUIERE Reportage : BREVES MONDE CLIMAT : La 12e conférence internationale sur le climat a ouvert ses travaux le 6 novembre à Nairobi (Kenya). SANTE : Le Conseil de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a désigné le 8 novembre le docteur Margaret Chan, soutenu par la Chine, au poste de directeur général ; originaire de Hongkong, le docteur Chan a fait ses études de médecine au Canada. TERRORISME : La chaîne de télévision CBS News a affirmé le 11 novembre que le réseau Al Qaïda planifie des attentats dans les transports européens pendant les fêtes de fin d’année. EUROPE : Dans un rapport du 8 novembre sur l’élargissement de l’Union, la Commission européenne a recommandé de ne pas accepter de nouveaux membres avant d’avoir trouvé une solution à l’impasse provoquée par le rejet de la Constitution. ETATS-UNIS : Devenus majoritaires le 7 novembre à la Chambre des représentants avec 229 sièges sur 435, les démocrates disposeront en outre de 51 sièges sur 100 au Sénat et de 28 postes de gouverneurs sur 50 ; c’est la première fois que la Chambre basse sera présidée par une femme, la démocrate Nancy Pelosi. George Bush a annoncé le départ de son secrétaire d’Etat, très controversé, Donald Rumsfeld et son remplacement par l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates ; il a rencontré le 13 novembre des personnalités susceptibles de proposer un changement de politique en Irak. NEPAL : Les rebelles maoïstes ont annoncé le 8 novembre qu’ils renonçaient à la lutte armée après avoir signé un accord historique de partage du pouvoir avec les partis politiques népalais. LIBAN : Le 9 novembre des avions de chasse israéliens auraient effectué des manœuvres d’intimidation visant des Casques bleus français. Le Liban est plongé depuis le 12 novembre dans une crise politique à la suite de la création d’un tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri. GRANDE-BRETAGNE : La directrice générale du MI5 a déclaré le 10 novembre être au courant de projets d’attentats dont certains pourraient impliquer des armes chimiques ou nucléaires ; de jeunes musulmans seraient actuellement formés pour devenir kamikazes ; 1 600 suspects liés à Al–Qaïda sont recherchés. PROCHE-ORIENT : Israël a subi un flot de critiques le 9 novembre au Conseil de sécurité de l’ONU pour son offensive meurtrière dans la bande de Gaza ; mais les Etats-Unis ont opposé leur veto le 11 novembre à un projet de résolution condamnant cette offensive. Par ailleurs, les discussions entre le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre issu du Hamas sur un gouvernement d’union nationale ont progressé le 10 novembre ; un nouveau Premier ministre devrait être désigné ; le Premier ministre israélien s’est dit prêt le 13 novembre à discuter avec ce nouveau gouvernement s’il se plie aux exigences de la communauté internationale. FRANCE COMMEMORATION : René Riffaud, 107 ans, un des quatre derniers soldats de la Grande Guerre toujours en vie, a assisté à la cérémonie du 11 novembre sous l’Arc de Triomphe à Paris. SECURITE : Dans un rapport rendu public le 6 novembre, une commission sénatoriale présidée par Alex Türk (non inscrit, Nord), a présenté 70 propositions sur le cadre de vie, l’éducation, l’emploi, la police de proximité et l’amélioration de la formation des gardiens de la paix, ou encore l’augmentation de la rémunération des fonctionnaires intervenant dans les zones sensibles et le développement des équipes de prévention spécialisée. ECONOMIE : Contre toute attente et selon une première estimation publiée par l’INSEE le 10 novembre, la croissance française a été nulle au troisième trimestre, ce qui rend plus aléatoire la prévision gouvernementale d’une hausse du PIB de 2,3% pour l’année 2006. JUSTICE : La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a été entendue comme témoin le 10 novembre pendant plus de 11 heures par les juges chargés de l’affaire Clearstream. Le tribunal correctionnel de Colmar a prononcé le 7 novembre une relaxe générale dans l’affaire de la catastrophe aérienne du Mont Ste-Odile qui avait fait 87 morts le 20 janvier 1992 ; en revanche, il a reconnu la responsabilité civile des compagnies Airbus et Air France. Après la découverte de trois corps de nouveau-nés dans le jardin de son ancien domicile, une mère coupable d’infanticide a été présentée le 10 novembre au juge d’instruction de Blois. 2 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 POLITIQUE : L’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement a annoncé le 6 novembre sur TF1 qu’il serait candidat à l’élection présidentielle. Le conseil national de l’UMP devait adopter le 16 novembre ses engagements pour les élections législatives ; une cellule d’évaluation du coût de ces mesures a été mise en place sous la houlette du député Eric Woerth, trésorier du parti, et du sénateur Alain Lambert, ancien ministre du Budget. Une vidéo pirate sur laquelle, on entend Ségolène Royal proposer que les professeurs de collège assurent 35 h de présence effective par semaine, pourrait causer du tort à Ségolène Royal auprès des enseignants. L’UDF a réuni son conseil national le 12 novembre pour présenter son avant-projet en vue des législatives et programmer la campagne présidentielle de François Bayrou. Marie-George Buffet a été choisie par le parti communiste avec 96% des suffrages le 12 novembre pour porter les couleurs d’un rassemblement antilibéral en 2007. Jean-Marie Le Pen a présenté le 12 novembre un programme qui met notamment l’accent sur "la proportionnelle intégrale" et les baisses d’impôts. ENTREPRISES : L’avionneur Airbus envisage de réduire de 80% le nombre de ses fournisseurs d’ici à 2010. Le Parlement a définitivement adopté le 8 novembre le projet de loi sur l’énergie dont l’objet principal est la privatisation de GDF en vue de sa fusion avec Suez. Le groupe Alstom va récupérer en sous-traitance un tiers environ du contrat de 2,7 milliards d’euros attribué au canadien Bombardier et concernant les trains de la banlieue parisienne. DEFENSE : L’Armée a procédé le 9 novembre au tir du nouveau missile stratégique M51 ; cet engin, construit par le groupe EADS, sera mis en service en 2010 pour équiper les sous-marins de la Force océanique stratégique française (FOST). ROUTE : Le Premier ministre a annoncé le 8 novembre une réforme du permis à points, notamment un raccourcissement de trois à un an du délai pour récupérer les points perdus. VOILE : Le Français Lionel Lemonchois a remporté le 6 novembre la "Route du Rhum" entre St-Malo et Pointe-à-Pitre et établi un nouveau record de l’épreuve en 7 jours et 17 heures. J.L. www.france-catholique.fr www.monde-catholique.com EDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ Retour des sandinistes Yves La Marck 5 IRAK Saddam pendu ? YLM 6 PRESIDENTIELLE Tous pour Hulot ? Alice Tulle 7 PORTRAIT Philippe Bas, ministre chrétien Tugdual Derville DOSSIER 8 LIBAN La paix par le pardon Mgr Mansour Labaky / Aude Lorne 12 Méditations d’un homme d’action M.L. / A.L. 14 La maison de l’Orient à Lourdes M.L. / A.L. ESPRIT 16 MEMOIRE DES JOURS 17 EVEQUES Budapest 56 Robert Masson Discours de clôture Cardinal Jean-Pierre Ricard 19 Quand le pardon est accordé LECTURES Père Michel Gitton MAGAZINE 20 EGLISE Catholiques arméniens de Paris Jean-Marie Tissier 22 ECOLE 25 B.D. 26 EGLISE 30 EXPOSITIONS 32 MUSIQUE 33 CINEMA La Fondation Eugène Napoléon Michèle Rabion / Anne Montabone Avec Jean-Paul II et Benoît XVI (25/36) Dominique Bar - Guy Lehideux 6 jours à Lourdes avec nos évêques Gérard Leclerc Berggruen-Picasso Ariane Grenon En la fête de la Sainte Trinité François-Xavier Lacroux "Je m’appelle Elisabeth", “Babel” “Borat”,"Sexy dance" Marie-Christine Renaud d’André / Marie-Lorraine Roussel 34 THEATRE 35 TELEVISION "La meilleure façon de marcher" “Votre serviteur Orson Welles” Pierre François “Le goût des autres”, “Un coupable idéal” Marie-Christine Renaud d’André 36 TELEVISION 38 BLOC-NOTES Votre début de soirée M.-Ch. R. d’A. Vie associative et d’Eglise Brigitte Pondaven www.france-catholique.fr www.monde-catholique.com Aux adhérents de l’ADCC : L’Assemblée générale de l’A.D.C.C. aura lieu à Paris le 4 décembre 2006. Pensez à remplir un pouvoir si vous ne pouvez pas venir. Chrétiens et musulmans quelques jours de la visite du Pape en Turquie, la question des relations entre chrétiens et musulmans se pose avec insistance. Il n’est pas vrai que Benoît XVI s’oppose à un dialogue direct, même s’il entend que celui-ci respecte avec rigueur les normes théologiques indispensables. Nous ne sommes pas fils d’Abraham au même titre et n’avons pas à faire semblant d’ignorer ce qui nous distingue, à partir de ce signe de contradiction qu’est Jésus-Christ, le Verbe incarné. Pour autant, nous n’avons pas à ériger nos différences irréductibles en causes de guerre, pour alimenter la fascination du choc des civilisations. Tout ce qui contribue à une meilleure compréhension réciproque doit être favorisé, ainsi que le Pape vient encore de le recommander aux évêques allemands. L’Eglise, a-t-il dit, doit “mettre à disposition, dans des régions où la population musulmane est plus nombreuse, des catholiques possédant les connaissances linguistiques et d’histoire des religions nécessaires pour pouvoir dialoguer avec les musulmans.” Certains d’entre eux tiennent à un rapprochement et font tous les efforts pour le rendre possible, tel l’ancien ministre algérien Mustapha Chérif, qui a été reçu samedi 11 novembre par Benoît XVI, et a voulu donner la plus grande publicité à cette rencontre. Reprenant plusieurs des thèmes abordés dans la conférence de Ratisbonne - la liberté, la violence, la raison - Mustapha Chérif a voulu montrer, en sortant de l’audience, qu’un musulman, loin d’être indifférent à ces enjeux, les reprenait à son compte, en les confrontant à sa propre par Gérard LECLERC tradition. Il faut espérer qu’il sera suivi au sein de la communauté musulmane mondiale et que les contacts qui auront lieu, lors de la visite pontificale en Turquie seront propices à un climat plus favorable. Mais il faut ajouter qu’on peut concevoir quelque crainte à cet égard. Les attitudes hostiles ne manquent pas ici ou là, et l’ostracisme dont font l’objet les chrétiens en certains pays de stricte observance, et même dans des pays réputés modérés, montre que la règle de réciprocité est loin de jouer uniformément en terre musulmane. Dans notre pays, les difficultés de cohabitation sont réelles, ainsi que vient de l’illustrer l’émission de Bernard Duquesne “Complément d’enquête” sur France 2. Déjà les conditions dans lesquelles a été préparée cette enquête provoquent l’interrogation. “Il est impossible de parler librement de l’Islam en France”, expliquent les journalistes. Et lorsqu’ils ont voulu interroger des représentants des 10.000 musulmans convertis en France au christianisme, les intéressés n’ont pas parlé à visage découvert. De graves menaces de représailles planent sur eux. On constate donc que c’est d’abord chez nous qu’il importe de changer les mentalités, pour que le simple échange entre chrétiens et musulmans se fasse en sécurité d’abord, puis en amitié. ■ A FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 © YVES DELAUNAY 4 AMERIQUES 3 ACTUALITE NICARAGUA par Yves LA MARCK Retour des sandinistes L’élection de Daniel Ortega à la présidence du Nicaragua est un revers pour Washington dans sa guerre d’influence avec le Vénézuélien Hugo Chavez. e jeu politique en Amérique latine est extrêmement chaud entre Bush et Chavez. Leurs partisans respectifs se sont comptés pour l’élection au siège sud-américain au Conseil de Sécurité. Venezuela et Guatemala n’ont pu se départager. Le Panama a finalement été élu pour deux ans. La perspective de voir le dirigeant "bolivarien " siéger à New York aurait transformé le Conseil en pugilat permanent. La stratégie internationale de Chavez, qui avait courtisé l’Afrique, le monde arabe et l’Asie, a subi un échec. Chaque élection dans les pays L ( d’Amérique centrale et du sud est l’occasion d’un règlement de comptes. Chavez, qui avait gagné en Bolivie (avec le président indien Evo Morales), a perdu au Mexique et au Pérou ainsi qu’en Equateur (le second tour n’aura lieu que le 26 novembre mais d’ores et déjà son candidat est en seconde position derrière un populiste de droite, magnat de la banane). Il triomphe au Nicaragua avec le succès de Daniel Ortega. Ramener la vie démocratique latino-américaine à ce combat de chefs est cependant trop réducteur. Chaque pays a ses propres priorités et réprouve les ingérences extérieures qu’elles viennent de Washington ou de Caracas. Chavez accorde des tarifs préférentiels pour ses livraisons de pétrole. Bush mobilise ses relais. Heureusement que le temps des coups d’Etat militaires est passé. Le combat se joue civilement, à la loyale. La régularité des élections n’est pas contestée, ce qui constitue partout un immense progrès. Au Nicaragua, la victoire d’Ortega avec moins de 40% des suffrages s’explique par le système électoral qui ne prévoit pas de second tour. La droite, semble-t-il majoritaire, était divisée entre deux candidats. L’ambassade américaine à Managua n’avait pas ménagé ses efforts pour la réunir mais en vain, ce qui marque la limite de l’influence du puissant voisin du Nord. A l’inverse, Ortega avait su habilement jouer en désamorçant une éventuelle réserve de la part du cardinal-archevêque de Managua. Il a notamment accepté de voter en faveur d’une loi réprimant l’avortement, au grand dam visiblement des ambassadeurs de l’Union européenne ! Les anciens révolutionnaires sandinistes ont mis beaucoup Le Brésil entend saisir l’opportunité de cette opposition frontale 4 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 d’eau dans leur vin. Seize ans d’opposition – après dix ans de pouvoir (1979-1989) – et deux candidatures successives malheureuses aux élections au poste suprême, ont assagi le parti, suscitant d’ailleurs une dissidence sur sa gauche. On s’attend donc à ce que le nouveau président suive une voie nettement plus pragmatique que dans ses années de feu. Sa présence à la tête du Nicaragua en ces années cruciales où se joue la succession à Cuba de son ancien protecteur ne sera cependant pas innocente. Le jeu en Amérique latine est ouvert, surtout depuis que le président brésilien Lula a effectué, le 29 octobre au second tour, une brillante reconversion (élu avec 60% des voix) après son échec à passer dès le premier tour du 1er octobre. Le Brésil entend saisir l’opportunité de cette opposition frontale entre Washington et Caracas. Jouant de l’un et de l’autre, il a beau jeu de s’affirmer comme une force d’équilibre. Brasilia avait soutenu Caracas au Conseil de Sécurité mais n’a jamais rompu les ponts avec Washington. L’Amérique centrale et du sud n’a certainement rien à gagner à une guerre d’influence entre Washington et Caracas briguant la succession de La Havane. Forte de sa nouvelle démocratie, elle dispose des moyens nécessaires pour affirmer son indépendance et sa voie propre vers le développement. On s’aperçoit par ailleurs que l’Eglise catholique, qui a su éviter de se trouver prise en otage de ces conflits d’influence, aura une grande contribution à apporter dans la consolidation de ces efforts dans le sens de l’équilibre. ■ ACTUALITE IRAK par Yves LA MARCK Saddam pendu ? Saddam Hussein a été condamné à mort par pendaison. L’exécution de la sentence pose des questions de principe et d’opportunité. E de Bagdad et les Kurdes a été très dure, analogue à celle qui s’est longtemps déroulée du côté turc de la frontière. Peut-on parler de génocide ? L’avantage d’un procès en bonne et due forme était justement d’en débattre, de mettre ouvertement toutes ces questions de mémoire sur la table. La stabilité de l’Irak, la réconciliation de tous ses habitants, sont à ce prix. L’intérêt pris par la population dans les retransmissions télévisées le montre bien. Les chiites ont obtenu justice, les Kurdes l’obtiendront à leur tour, mais cela suffit-il à une transformation des regards sur l’histoire et à assurer la possibilité d’un avenir commun ? Que dire du reste du Moyen Orient ? Le dictateur n’y a jamais été aimé. Il ne semble pas que son exécution doive en faire un martyr. On l’oubliera vite. Les réactions – ou plutôt l’absence de réaction – montrent qu’on l’a déjà oublié. La peine capitale n’est d’ailleurs pas un problème à travers le monde arabo-musulman. Saddam Hussein n’a objecté qu’à son mode d’exécution : il préfère être fusillé comme un combattant que pendu comme un criminel. Indépendamment du personnage et de l’aspect clanique de la société irakienne, le droit international ne sort pas grandi de ce premier procès. Dans la perspective de la reconstruction en Irak d’un Etat de droit, des projets avaient été élaborés dès avant la guerre de 2003 pour réformer l’appareil judiciaire, former des juristes, revoir le corpus juridique. L’indépendance du tribunal a été plusieurs fois bafouée. Le président du tribunal a même été remplacé au début de l’année parce qu’il était trop complaisant visà-vis de l’accusé. Derrière les juges irakiens, une armée d’experts américains s’est affairée pour l’instruction et la procédure. Or la tenue d’un procès conforme aux normes internationales, est la condition préalable à tout transfert d’un accusé d’une Cour internationale à un tribunal national. La Cour Pénale Internationale, dont les Etats-Unis ne font pas partie, fonctionne selon le principe de la subsidiarité. Elle ne doit se saisir d’un dossier que si celuici ne peut être traité nationalement de manière équitable. Le doute subsiste sur la réunion de ces conditions dans le cas de Saddam Hussein. Il est difficile d’éviter la confusion entre justice et politique, surtout au plan international. Il reste que les tribunaux spéciaux pour le Rwanda et l’exYougoslavie ont, à grands frais, commencé de constituer une jurisprudence là où la seule référence demeurait les procès de Nuremberg. Les procès irakiens réduisent à peu de choses ces acquis. ■ Cela suffit-il à assurer la possibilité d’un avenir commun ? ( ût-il été jugé par un tribunal international comme les Milosevic, Charles Taylor ou les génocidaires rwandais qu’il n’eût pas encouru la peine capitale. Le prononcé de la sentence par un tribunal spécial irakien le 5 novembre n’a pas suscité de graves remous. Quelques manifestations de joie dans les milieux chiites et un rappel de l’opposition de l’Union européenne à l’application de la peine de mort, c’est peu. L’actualité a été occultée par les élections américaines. Saddam Hussein est en l’occurrence condamné pour avoir personnellement ordonné en 1982 de tuer 148 chiites d’un village d’où était issue une tentative d’assassinat contre lui. Un second procès engagé depuis août dernier vise le massacre de plusieurs milliers de Kurdes par gazage dans le village d’Halabja en 1988. La justice voudrait que tous les chefs d’accusation soient traités afin que l’on ait une vision globale de l’action du dictateur pendant ses trente-six ans de règne ou au moins de ses faits saillants. Or il semble que l’on se soit refusé à un tel bilan qui impliquerait une relecture du soutien international dont il a bénéficié, à commencer de la part de la France et des Etats-Unis dans la lutte contre l’Iran de Khomeini. Combien de crimes de guerre ont été commis alors ? Le premier procès était mené sous le chef d’accusation de "crimes contre l’humanité", le second de "tentative de génocide". La guerre entre le pouvoir FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 5 ACTUALITE PRESIDENTIELLE Tous pour Hulot ? Seul ou presque, mais bénéficiant d’une belle notoriété, Nicolas Hulot déborde les Verts sur leur propre terrain et anime à sa manière, gentiment provocatrice, le débat politique. oici l’homme qu’on n’attendait pas. Tard venu à la politique, il n’en paraît que plus jeune. Etranger au jeu des partis, il ignore les bienséances et piétine un jardin pas très bien entretenu – celui des écologistes. De surcroît, il s’exprime mieux à la télévision que beaucoup d’autres candidats puisqu’il est l’une des gloires du sérail médiatique. C’est ainsi qu’apparaît, tout à coup, Nicolas Hulot. On se souvient qu’il fut la vedette du magazine télévisé "Ushuaïa" créé en 1987 : c’est en réalisant des émissions en tout point de la planète V ( qu’il prit conscience de toutes les menaces qui pesaient sur l’environnement. D’où la création en 1990 d’une Fondation Ushuaïa puis, voici six ans, d’un Comité scientifique de Veille Ecologique. Du travail accompli depuis une quinzaine d’années, résulte un livre, Pour un pacte écologique, dans lequel Nicolas Hulot se prononce en faveur de la production de biens durables et réparables, pour un autre mode de production agricole, le développement des transports en commun, l’arrêt des subventions aux activités nuisibles à l’environnement, le soutien à la recherche sur l’environnement. Surtout Nicolas Hulot publie "cinq propositions concrètes " sur lesquelles les candidats à la présidence sont sommés de s’engager : – Nomination d’un vice premier ministre chargé du développement durable ; - Instauration d’une taxe carbone; - Réorientation des subventions agricoles vers une agriculture de qualité ; - Systématisation des procédures de démocratie participative ; - Mise en place d’une grande politique d'éducation et de sensibilisation. Et si les candidats à la présidence n’entérinent pas ces propositions ? Alors Nicolas Hulot sera candidat. Cette démarche pourrait faire sourire : trente-cinq candidats se sont déjà déclarés. Mais les interventions de l’homme d’"Ushuaïa" sont soutenues par des scientifiques (par exemple Jacques Weber, directeur de l’Institut français de la biodiversité) et par des vedettes (l’actrice Sophie Marceau, le chanteur Pascal Obispo). Nicolas Hulot a déjà été plébiscité par sondage : 66% des Français le considèrent comme Tout le monde a compris l’urgence... d’une récupération de l’homme et de sa cause 6 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 par Alice TULLE "représentant le mieux la défense de l’environnement", selon des chiffres publiés début novembre. On comprend que les Verts fassent grise mine : alors que l’opinion a pris conscience de la gravité du réchauffement de la planète, les écologistes patentés retiennent de moins en moins l’attention. Il est vrai que les querelles intestines de ces adeptes de la transparence sont incompréhensibles… Et c’est ainsi que Nicolas Hulot est en train de leur manger le peu de laine qui leur restait sur le dos. Dans les grands partis, tout le monde a compris l’urgence… d’une récupération de l’homme et de sa cause. Le premier, Laurent Fabius a déclaré que Nicolas Hulot "ferait un excellent numéro deux du gouvernement" qui serait chargé de l’environnement. "Quand on n'a pas gagné une primaire mieux vaut éviter de faire des nominations avant l'heure" a répliqué François Hollande, qui veille aimablement sur la candidature de Ségolène Royal. Celle-ci a d’ailleurs déclaré que la candidature de Nicolas Hulot serait un facteur de division au premier tour. Comme si cet écologiste d’un type nouveau appartenait à la gauche ! On oublie, rue de Solferino, que Nicolas Hulot fut conseiller de Jacques Chirac pour les questions d’environnement lorsque le président était maire de Paris. Et Nicolas Sarkozy s’est lui aussi empressé de manifester son intérêt pour les "cinq propositions" en suggérant que l’on double, sur cinq ans, la fiscalité écologique. Tous ne sont pas pour Hulot, mais tous s’en sont déjà inspirés. Pour le temps de la campagne, ou pour après ? ■ ACTUALITE par Tugdual DERVILLE FAMILLE Chrétiennement correct Entre une vie privée engagée dans l’Eglise et son engagement public dans le gouvernement, Philippe Bas affiche cohérence et contradictions. L Mais il n’est pas tombé de la dernière pluie : avant de devenir ministre, l’ancien élève de l’ENA passé au Conseil d’Etat a été collaborateur de Simone Veil et de Philippe Douste-Blazy, respectivement ministres des Affaires sociales et de la Santé, puis directeur de cabinet de Jacques Barrot, ministre du Travail, avant d’intégrer la garde rapprochée du président Chirac pendant sa cohabitation avec Lionel Jospin. Des postes où il a fait apprécier ses qualités d’écoute et de négociateur. D’ailleurs, son entrée au gouvernement fut saluée avec une rare unanimité par les associations familiales, de personnes âgées et de personnes handicapées. S’exprimant au Congrès de l’UNAF, il encense son président à coup de «cher Hubert» et confie savoir «d’expérience qu’à l’arrivée du troisième enfant […] les dépenses explosent». Il est aussi à l’aise au Congrès de l’UNAPEI dont il dit «partager l’impatience» à voir la cause des personnes handicapées progresser. Quand le site internet CapGéris (portail de services aux personnes âgées) lui demande son pire souvenir en tant que ministre, il sait répondre «la détresse d’une mère face à son enfant autiste». Son meilleur souvenir ? «Le sourire d’un malade d’Alzheimer dans l’échange de nos deux regards ». Mais Philippe Bas n’en reste pas aux belles paroles. Aux deux extrêmes de la vie, il décline son ambition. Pour «améliorer la qualité de vie des personnes âgées» son projet de réforme de 83 000 lits de soins de longue durée doit s’achever cette année. L’annonce phare de son plan «petite enfance» est la création de 40.000 places supplémentaires de crèche afin «que dans cinq ans, il y ait une solution de garde pour chaque enfant de moins de trois ans dans notre pays». Certains jugent un tantinet collectivistes ces orientations, mais le ministre propose aussi d’assouplir le congé maternité afin de permettre aux femmes qui le désirent – et pour lesquelles ce ne serait pas médicalement contre-indiqué – de reporter une partie du congé précédant l’accouchement pour éviter une reprise trop rapide du travail préjudiciable à la relation mère-enfant. On attribue ce bons sens de Philippe Bas à sa sensibilité «démocrate chrétienne». Elle expliquerait tout autant sa chaleur relationnelle et sa générosité dont témoignent ses amis... que sa tiédeur de conviction, voire sa frilosité, qui déçoit de la part d’un chrétien, dès lors qu’on avance sur des sujets plus délicats ou moins consensuels. S’il manifeste une grande compassion pour «tous ces enfants qui souffrent en secret et dont le nombre ne cesse de croître», en appelant de ses vœux ce qu’il nomme la «bientraitance», il n’a pas pour le moment relevé la promesse faite par Jacques Barrot en 2002 d’engager une vraie lutte contre la pornographie à la télévision (et pas seulement Internet) : les experts ont pourtant montré que c’est par le petit écran que des millions d’enfants et d’adolescents en sont gravement perturbés chaque année. Et quand Philippe Bas est invité sur Radio Notre-Dame, le 7 novembre, il refuse de contester l’agrément du lobby de l’euthanasie à l’hôpital ou les dérives du Téléthon. Interrogé sur l’avortement, il reprend même la dialectique éculée du Planning familial des années 70, semblant ignorer ce qui se passe aujourd’hui pour les femmes… Mais un homme politique at-il encore le droit de voir et dire la vérité sur ces sujets s’il veut survivre dans sa caste ? A chaque gentil ministre catholique, tant d’occasions ratées ! ■ Dans la 2e circonscription de la Manche, ce sera son premier saut dans le bain électoral ( e plan gouvernemental «petite enfance» présenté mardi 7 novembre, c’est lui. La nouvelle carte «Familles nombreuses» lancée en juin 2006, c’était déjà lui. Le plan canicule pour les personnes âgées lors de l’alerte de l’été dernier, c’était encore lui. Symbole ou coïncidence, c’est la maison de retraite dénommée «La sainte Famille» que Philippe Bas choisissait de visiter le 26 juillet, à Clermont-Ferrand. Le ministre délégué à la Sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille fait feu de tous bois. Dès le lancement du livre-brulot On tue les vieux (Fayard) il monte au créneau pour annoncer son intention d’ «aggraver les sanctions» en cas de maltraitance dans les établissements de personnes âgées, tout en estimant qu’«il y a beaucoup d’excès dans le diagnostic» des auteurs. Les mauvaises langues prétendent que l’explosion médiatique du «jeune» ministre – il a été nommé le 2 juin 2005 – est à rapprocher de son projet de parachutage aux prochaines législatives rendu public en octobre : à 48 ans, Philippe Bas s’apprête à briguer un poste opportunément laissé vacant par le député sortant UMP de la deuxième circonscription de la Manche. Ce sera son premier saut dans le bain électoral. Comme son mentor et prédécesseur au Secrétariat général de l’Elysée, Dominique de Villepin, Philippe Bas est entré au gouvernement par la porte de la Haute administration. Et grâce à la confiance de Jacques Chirac. FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 7 DOSSIER Mgr Mansour Laba La paix par le "Monseigneur Mansour Labaky est en France pour quelques jours", annonce notre rédacteur en chef. Vite, sautons sur l’occasion de compléter notre série déjà longue d’articles consacrés à l’Année de l’Orient Chrétien... Je savais l’emploi du temps de Mgr Labaky chargé : la sortie d’un nouveau livre, des conférences, des émissions radiophoniques et télévisées, un projet de maison de l’arabophonie à Lourdes, l’association "L’Enfant du Liban", le mouvement spirituel "Lo Tedhal", entre autres... j’ai quelques doutes sur ses disponibilités à caser une interview supplémentaire. Un coup de fil à sa secrétaire, et j’ai la surprise de me voir accorder un rendez-vous "quand vous voulez, où vous voulez", avec chaleur et amitié. 8 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 ne heure de transport en commun sépare le Q.G. de France-Catholique en banlieue sud de Paris et le siège de l’Association "Enfant du Liban", rue des Epinettes dans le XVIIe arrondissement. J’en profite pour feuilleter “La Paix par le Pardon” l’itinéraire du père Labaky retracé par Evelyne Massoud, une célèbre journaliste libanaise (éd. du Jubilé, 20 €). Quelque 400 pages pour raconter cet homme de Dieu né au Liban en 1940. Un prêtre qui a vu le massacre de sa paroisse de Damour en janvier 76. Il s’est fait depuis l’apôtre infatigable de son pays. Un apôtre talentueux, à la fois romancier, poète et compositeur, dont l’œuvre a été récompensée par de nombreux prix. Un bâtisseur aussi : le Foyer Notre-Dame de la Joie fondé au début de la guerre en 77 à Beyrouth accueille les orphelins, sans séparer frères et sœurs, grâce au soutien de la Fondation Raoul Follereau. Un deuxième foyer, Ste-Marie, à Douvresla-Délivrande en Normandie, a vu passer pendant 8 ans quelque 200 orphelins de guerre, un troisième foyer, N.-D. du Sourire, au Liban, depuis 95, pour les orphelins lui aussi. Actuellement, le père poursuit son œuvre avec la construction d’un centre d’accueil au Liban et l’installation de la Maison de Marie "Beth Maryam-étoile d’Orient" à Lourdes. “La Paix par le Pardon” fait état des noms illustres qu’il compte au nombre de ses amis, de ses admirateurs, aussi divers que Jean Piat avec qui il a monté une pièce de théâtre avec ses enfants orphelins, Jacqueline de Romilly, Jean-Paul II, la Princesse de Lobkowicz, Grace de Monaco ou Jacques Chirac… J’arrive au pied de l’immeuble. Dans cette rue d’un quartier populaire de Paris, sympathique par ses petits cafés, son marché matinal, le bâtiment est haut. J’ai l’impression de rendre visite à une connaissance plus que me rendre au siège d’une association pour une entrevue avec une excellence. Après quatre étages, me voici chez lui. Chantal, la responsable de l’association L’Enfant du Liban, me fait entrer avec un grand sourire de bienvenue. "Nous vous guettions du balcon". Une pièce de U Retrouvez Mgr Labaky sur la “webTV” www.webtvcn.fr Lo Tedhal, 38, rue des Epinettes, 75017 Paris, tél : 01.44.85.32.60. DOSSIER ky par Aude LORNE © AUDE LORNE pardon taille moyenne, tapissée de livres, un autel avec des icônes, une bible et une bougie, deux bureaux, une table de salle à manger, une petite cuisine. "C’est l’appartement du Père lorsqu’il est en France. Sinon, c’est ici que nous travaillons pour l’association", m’explique-t-elle. C’est alors qu’Abouna* s’avance vers moi, les bras largement ouverts. Vrai Libanais, il l’est physiquement, très brun, carré, une voix profonde et forte, des "r" qui roulent comme un tambour. Oriental, il l’est aussi dans la culture. "Un café ? J’en ai préparé un spécial pour vous". "Monseigneur…" "Ah non, "Père !" s’insurge Mgr Labaky, "c’est plus gentil. " "Euh, Père, ce café a quelque chose qui vient d’ailleurs" " J’y ai mis de la cardamome… c’est ce que l’on boit au Liban". La saveur du Liban Un poète, un amoureux de son pays * Abouna : “Mon père” en libanais. Paris, le grand immeuble, ont soudain disparu. Nous étions là-bas. J’ai tout à coup entendu un poète, un amoureux de son pays. Le père se renverse un peu sur sa chaise, le regard se perd vers le plafond. «Pour vous donner une idée géographique, le Liban se trouve en Asie, au Moyen-Orient, à une heure de l’Europe par Chypre, à une heure de l’Afrique. C’est un pays de montagnes, de rivières, de plaines. Le mot Liban revient soixante-douze fois dans la Bible, comme une terre de beauté, de sainteté, de parfum. L’auteur sacré qui voyait notre pays FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 9 © ENFANT DU LIBAN DOSSIER depuis la Terre Sainte prenait ses exemples à partir du Liban. Pourquoi ? Parce que le principe philosophique dit ceci : rien dans l’intelligence ne peut être conçu sans que cela passe par les sens. Pour dire que Dieu est puissant, on dit : "Dieu peut fracasser les montagnes du Liban". Pour la beauté, dans le Cantique des Cantiques : "Viens ma bienaimée, viens du Liban" : le plus beau pays pour la plus belle femme. Pour la sainteté, "le juste fleurira comme le cèdre du Liban". Terre de respect Dans l’Ancien Testament, le Liban est aussi une terre d’accueil, une terre de respect. Tant que mon voisin est en paix, je serai en paix. Les Libanais ont toujours entretenu de bonnes relations avec leurs voisins. On dit "le jar avant le Dar" ("le voisin avant celui de la maison")."On cherchait aussi à respecter le voisinage. Nous avons toujours accueilli l’étranger, le réfugié. Elie par exemple, quand il a fui son pays, chassé par Jézabel, a été accueilli par une veuve adoratrice de Baal à Sidon, alors qu’Elie avait fait assassiner 350 prêtres de Baal. Le Libanais oublie le passé et regarde l’avenir. Les yeux sont devant alors il faut regarder devant vous. "Mâdi-mada" ce qui est passé est passé. Si on regarde le passé, on n’avance pas. Avant l’Ascension, Jésus a donné rendez-vous à ses apôtres par trois fois. Quand ils le virent, certains doutèrent, d’autres se prosternèrent. Le monde est comme cela. Jésus n’a pas essayé de les convaincre mais il a marché avec ceux qui se sont prosternés. L’Eglise est l’héritière de ceux qui ont marché. 10 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 Terre de liberté religieuse Une mosaïque de confessions dans le seul pays d’Orient qui peut vraiment admettre la liberté religieuse On dit chez nous "Cherchez la vérité même si elle vient de Chine". Il existe au Liban 18 confessions religieuses. Je ne dis pas 18 langues mais dix-huit confessions. Nous avons les musulmans, les chrétiens, les juifs et les alaouites, les chiites, les sunnites, les melkites, les syriaques, les coptes, un million de maronites... Une mosaïque dans le seul pays d’Orient qui peut vraiment admettre la liberté religieuse. Chacun peut pratiquer sa religion comme s’il était dans un pays où sa religion était la seule existante. Musulmans, catholiques et athées vivent à 100% libres…. Avec 4 millions d’hommes, c’est le rêve de toute intelligence et de tout désir humain. Je disais l’autre jour devant un public d’Américains : "Vous, vous avez des jardins zoologiques de 10.000 km2. Supposez que nous sommes un jardin zoologique culturel et ethnique de 18 confessions religieuses sur 10.000km 2 . Conservez-nous ! Ne nourrissez pas la guerre !" Ils ont ri, ils ont de l’humour. " Vous êtes un message " Le Pape Jean-Paul II a compris l’importance du Liban lorsqu’il est venu nous rendre visite en 1997. Pour l’accueillir, 500.000 fidèles ont chanté pendant deux heures "Lo Tedhal" en syriaque "ne crains pas, je suis avec toi", un chant de ma composition. Le Pape nous a donné une espérance nouvelle que nous vivons actuellement : "Vous êtes une image de ce que le monde devrait être" , un monde sans frontière, un monde de liberté et d’échange, DOSSIER un monde où chacun peut se sentir libre et où chacun aurait sa part de soleil. Nous vivons cette invitation à la sérénité que Jésus nous a donnée. Nous avons tenu, nous n’avons pas toujours gagné mais, grâce à la foi, grâce à l’intelligence de notre peuple, musulman et chrétien, nous avons vécu dans une certaine harmonie. Nous avons pu conserver à ce Liban sa couleur d’espérance. Nous sommes un message, c’est-à-dire que nous, musulmans et chrétiens, nous sommes condamnés à vivre ensemble dans la sérénité et l’harmonie. Le Libanais jusqu’à présent a vécu dans une atmosphère de coexistence, je ne dis pas dans une atmosphère toujours sans taches, mais nous avons vécu 1200 ans ensemble. Il y a eu 30 ans de guerre mais 1700 ans de paix parce que les chefs ont su éviter les discussions et les débats qui provoquaient jusqu’aux rixes. Si le Liban venait à disparaître… Si le Liban venait à disparaître, à Dieu ne plaise, ce serait comme Etat politique, comme système de liberté, seul pays au Moyen-Orient à vivre dans le même respect des droits de l’homme, il n’y aurait peut-être plus dans toute l’Asie un seul endroit où les chrétiens puissent être libres à 100%. Sauf aux Philippines. C’est la raison pour laquelle nous tenons à rester une image de ce que serait le monde de demain, un monde de respect et de ce que devrait être l’Europe avec l’arrivée de masses non chrétiennes, non seulement musulmanes mais indiennes, chinoises... Comment voulez-vous créer une société de respect mutuel si vous n’arrivez pas à sauver 10.000 km2 ? le Libanais est assez intelligent pour éviter de susciter des problèmes qui risquent de déstabiliser. Nous avons vécu ainsi sauf quand des idéologies ou des fanatismes venant des pays étrangers sont venus jeter le trouble. Cela fait partie de la liberté mais, malheureusement, le Liban, à cause de cette volonté d’accueil, en a été déchiré. On dit en libanais : "là où il y a une fenêtre par laquelle circule le vent, bouche-la". Il ne faut jamais discuter religion avec les musulmans, il faut les aimer "La foi sépare, l’amour unit" Si on doit discuter des problèmes religieux, entre musulmans et chrétiens, il y a beaucoup de différences. Si on pousse l’idée de l’extrémisme islamiste, on a peur. Comme m’a dit un musulman converti qui est prêtre : "il ne faut jamais discuter de religion avec les musulmans. Il faut les aimer”. Et, comme le dit le Vatican, il faut travailler dans les domaines où il y a un accord, comme la justice, le problème du soin des pauvres, de l‘avortement, où nous sommes d’accord, de l’euthanasie, du droit à la propriété. Chaque enfant, je le considère comme mon enfant. C’est le même regard, les mêmes larmes Maintenant, quand il s’agit des questions religieuses, il y a des différences. Il faut être honnête. La foi sépare, l’amour unit. Jésus n’a pas dit "ayez foi les uns dans les autres", mais "aimez-vous les uns les autres". Dès qu’on aime quelqu’un, on est séduit. Et à partir de l’amour vous pouvez parler de Jésus-Christ. Les rencontres entre musulmans et chrétiens sont possibles. Maintenant les rencontres entre l’islam et le catholicisme ne sont pas possibles. FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 11 DOSSIER Le livre de l’islam interdit le dialogue : la vérité est révélée et ne change pas. Le dialogue suppose un minimum de compromis. Mais le musulman qui vient s’enquérir de la Vérité, vous pouvez y aller sans crainte, surtout en France, terre de liberté. Méditatio En libanais, "Labaky" veut dire "affairé". Dans son dernier livre, Mgr Labaky se révèle comme un "affairé" particulier, dont l’âme est en dialogue quotidien avec le Christ. “L’Evangile en prières”, ce sont des travaux pratiques sur l’Evangile, une initiation à l’unité entre prière et action. Pour chaque jour, il initie le lecteur au secret d’une force. Et la France ? Celui qui attaque la France me fait perdre patience (les sourcils se froncent, les poings se serrent). Malgré toute la hargne dont elle est l’objet, la France est le pays qui continue à donner le plus grand nombre de vocations : les petites sœurs et les petits frères de Foucauld, les petites sœurs de Saint-Jean, les moines de St-Gervais, les Béatitudes, l’Emmanuel… Depuis 40 ans on voit surgir de nouvelles missions françaises. Oui il y a une crise des vocations, mais la génération Jean-paul II se lève ! La France a donné les 2/3 des ordres missionnaires. Vous avez donné 6.500 canonisés. Le plus jeune docteur de l’Eglise, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, est française. Elle est connue dans le monde entier. Quand un pays donne autant de saints, comment voulez-vous désespérer ? Bien sûr, il y a le mal. Le mal est tapageur. Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. Quand il y a des égouts qui débordent dans un quartier, tout le monde le sent. Une mauvaise femme fait plus parler d’elle que toutes les femmes honnêtes réunies. La France continue à être généreuse, fraternelle, à être imbibée des valeurs de l’Evangile, même si les politiciens n’accordent pas tellement de crédit à leur foi de baptême. Si la France venait à disparaître, ce serait catastrophique pour le monde. Imaginez le monde sans les dix-huit cathédrales. Imaginez la France sans Lourdes. Imaginez Paris sans Montmartre ou la rue du Bac. Bien sûr, il y a les cafés-trottoir, les ChampsElysées. C’est ça aussi qui fait la France. » ■ Mgr Labaky, beaucoup de livres ont déjà été écrits sur les Evangiles. Pourquoi un de plus ? Les rencontres entre chrétiens et musulmans sont possibles ■ Quelle est la source de la complicité qui se vit entre vous, Jésus et Marie ? Le Père est un passionné que rien n’arrête… La guerre, la violence, les larmes des enfants n’ont pas fait chanceler dans sa conviction que "si Dieu nous tient par la main, tout devient merveille". Un passionné pourtant qui oubliera tout pour répondre à celui qui a besoin d’aide ou qui croise son chemin. Pour notre journal, il aura donné toute disponibilité et ne m’aura pas laissé repartir sans m’avoir préparé un délicieux khidiz* qu’il aura fourré de labné**, avec une petite serviette parfumée gardée de son dernier voyage en avion. "C’était délicieux, Abouna" et j’aurais envie d’aller dans votre beau pays. ■ * Pain libanais. ** Sorte de fromage frais épicé, parfumé à la menthe. 12 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 Si 850 livres par an sont écrits sur la Bible, c’est que le sujet est intéressant. Le jour où elle sera connue partout, on découvrira encore d’autres richesses. Pour moi, je voulais donner l’expérience de ce que j’ai ressenti depuis 40 ans, depuis mon ordination : parler à Jésus à partir de l’Evangile. J’ai lu beaucoup de commentaires sur la Bible, en arabe, en hébreux, en anglais, ceux des Pères de l’Eglise. Mais quand je lis un passage de l’Evangile et que je regarde la Croix et le Saint-Sacrement, je m’adresse en face à Jésus. Lors d’émissions télévisées hebdomadaires au Liban, je parlais à Jésus en direct et je faisais en même temps des commentaires. "C’est le prêtre qui parle à Dieu", disaient les gens. Ils croyaient que j’interviewais Dieu. Et c’était vrai. J’ai procédé de la même façon dans ce livre. C’est pour cela que je l’ai intitulé "l’Evangile en prières". Nous avons la chance de connaître Dieu de manière profonde et directe, de connaître le visage de Jésus. Dieu a un sourire. On peut lui serrer la main, pleurer sur son épaule, le tutoyer. Dieu n’est pas dans les nuages, ce n’est pas celui qui fait peur. C’est quelqu’un à qui je déverse dans le cœur ce qui me torture et à qui j’offre ce qu’il n’a pas. Il y a deux choses que j’offre à Dieu. Dans la liturgie byzantine, on dit "De ce qui est à toi, nous l’offrons à toi." Or, nous pouvons lui offrir quelque chose qui lui manque. Ce qu’il n’a pas, c’est mon péché et c’est ma louange. C’est l’attitude de l’enfant qui donne le soir son linge sale à sa maman et à qui sa maman dit "bonne nuit mon chéri". Jésus dit "si vous ne devenez pas comme des petits enfants..." Or le petit enfant est tapageur, paresseux, gourmand, égoïste. Il a tous les défauts. Mais il a une qualité : il rentre chez lui le soir et il dit "bonsoir papa". Tant DOSSIER ns d’un homme d’action que nous n’avons pas l’attitude de l’enfant qui rentre chez lui le soir, tant que nous ne nous prenons pas pour des dieux, que nous ne nous prétendons pas être des purs, le Seigneur prend pitié. En araméen, on dit "matricie-moi", c’est-à-dire aime-moi comme si j’avais été de ta matrice. Comme une mère aime son enfant, je plonge dans tes entrailles comme si j’étais ton bébé. ■ Votre originalité, pour nous francophones, est votre manière orientale d’aborder le Christ. Je viens de la terre du Christ. Je suis un oriental. Je sens que Jésus est un compatriote, comme la Vierge est une compatriote. Je comprends la finesse de la langue dans laquelle le Christ s’exprimait et dans laquelle Marie berçait le sommeil de son fils. Elle chantait en araméen. Cette langue a un ton qui a pour nous l’arôme d’une prière. Ecrire ce livre en arabe aurait été plus facile. Mais je voulais expliquer aux francophones cette façon de voir au Liban, les nuances de la langue. Je prends un exemple. Quand Jésus dit à sa mère à Cana "qu’y a-t-il entre toi et moi, Ô femme ?", le ton pour nous arabophones n’est pas agressif. Ce n’est pas un "de quoi te mêles-tu ?" car il est naturel pour nous que les femmes viennent aider. Le mot "femme" non plus ne choque pas. Nous disons à nos mamans "femme". Quand j’appelais ma mère "Ya-mara" "ô femme", cela veut dire "tu représentes toutes les qualités féminines du monde". C’est tellement riche ! foi, Ô femme !" C’est comme s’il demandait aux Libanais d’avoir la foi. Nous avons la chance d’avoir donné à l’Eglise beaucoup de saints et de vivre dans un Orient ostraciste où il est difficile de vivre la passion de Jésus et la résurrection de Jésus. Comme chaque pays a son drapeau, les chrétiens ont le leur. Le drapeau des chrétiens est le pardon et la confiance. Un chrétien ne peut prétendre être chrétien, être baptisé, avoir reçu les sacrements et rester dans la haine. Il n’est pas fidèle. Je ne dis pas que c’est facile. La religion du Christ n’est pas une religion de facilité. Ce n’est même pas une religion d’idéal. Le christianisme va plus loin, en profondeur. Tu dois être aussi parfait que Dieu : "Soyez parfaits comme votre père est parfait". Tu dois bénir celui qui te calomnie. C’est impossible. Quand on l’a dit à Jésus il a répondu : "Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu". ■ ■ “L’Evangile en prières” s’adresse à tous les chrétiens, pas seulement aux catholiques. Vous donnez en référence les calendriers de la liturgie maronite, latine, traditionnelle et melkite. Les différences entre les rites sont-elles importantes ? Il y a des différences dans les calendriers. Chez les maronites, par exemple, il y a un lundi des Cendres…. mais pas de Chemin de Croix. Le Vendredi saint célèbre l’ensevelissement du Christ. Au Liban c’est un jour chômé, même chez les musulmans. On y parle des yeux et du corps. Jésus est très concret chez nous. Pour la communion, on touche l’hostie par les yeux, on l’embrasse et on la consomme... ■ Deux thèmes reviennent au fil des pages, la Confiance et le Pardon. Comment le vivre dans un pays tellement meurtri par la guerre ? Le Christ a donné aux Libanais une vocation quand il a dit à la femme cananéenne "grande est ta FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 13 DOSSIER BETH MARYAM La maison de l’O par Mansour LABAKY J Bénédiction d’un cèdre du Liban planté devant Beth Maryam à Lourdes. 14 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 © MAIXENT CALLAUD e me trouvais l’année dernière à Lourdes avec l’ordre de Malte dont je suis le chapelain au Liban, en compagnie de notre patriarche. Là, j’ai chanté l’Evangile en arabe lors de la messe internationale. Le patriarche a célébré la messe de Paul VI mais a prononcé la consécration en araméen, comme dans la liturgie maronite. En sortant, je fus accosté par de nombreux Arabes chrétiens venus d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Syrie... d’Israël, des Territoires palestiniens... Ils étaient étonnés. Ils me connaissaient par la télévision et ils m’ont reconnu. Ils m’ont dit : "C’est formidable d’entendre l’Evangile en arabe ici". De nombreux Arabes chrétiens venus d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Syrie... © ENFANT DU LIBAN Depuis le printemps 2006, l’Orient a sa maison à Lourdes. Face à la Grotte, dans un ancien salon de thé. Les arabophones, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou simplement chercheurs de Dieu, y ont désormais leur maison. Une idée de la Belle Dame, soufflée à l’oreille de Mgr Labaky. J’accoste alors un jeune musulman dont on m’avait dit qu’il arrivait d’Irak. Je lui demande en arabe (il ne pipait mot de français) : "Où vastu ?" "Je vais à Détroit aux Etats-Unis". "Et pourquoi tu as pris Air France ? Tu es anglophone, pourquoi n’es-tu pas passé par Londres ?" "Je voulais passer par Lourdes avant d’aller à Détroit". J’étais ému aux larmes. Le soir, en priant à la grotte, j’ai entendu la Vierge me dire dans le cœur : "Comment se faitil que je vienne d’Orient, que je sois ici depuis 150 ans et qu’il n’y ait pas de maison pour mes enfants orientaux ? Il faut me trouver une maison d’accueil". Et c’est comme cela qu’est né le rêve de Beth Maryam. Cela veut dire tout simplement Maison de Marie. Août 2005. On m’alerte qu’un ancien salon de thé est mis en vente, à 300 m de la Grotte… Je cours, je vois cette maison. Tout le monde lorgnait dessus. Il y avait 10 acquéreurs possibles. "Attendez, dit le vendeur, il y a un prêtre libanais intéressé pour en faire une maison d’accueil pour les Orientaux !" J’ai dit "je prends". Comme DOSSIER rient à Lourdes je n’avais pas d’argent, nous avons constitué une Société Civile Immobilière avec quelques amis. Au travail maintenant. Il faut aménager des chambres, faire une salle pour réunir les gens,, constituer une bibliothèque en arabe, créer un endroit pour dire la messe. Marie est la seule maîtresse de maison, une souveraine toute orientale. On y est reçu comme chez nous. "Bienvenue !", on prend le café, avec des douceurs libanaises, on met des cassettes en araméen, on dit le chapelet en arabe, regardant la Grotte du balcon. Marie est la vraie maîtresse de maison, elle organise à sa manière. La maison est tenue par les consacrées de Lo Tedhal. Lo Tedhal est un mouvement spirituel fondé pour soutenir notre action au Liban. Il unit dans ses membres les chrétiens d’Orient et d’Occident. Les "Lo Tedhaliens" se consacrent à vivre le pardon et la sérénité intérieure dans le mouvement par une façon de rayonner, une manière d’être et d’aimer loin de tout fanatisme et de tout fatalisme. Ils forment comme un monastère invisible entre les deux poumons de Un monastère invisible entre les deux poumons de l’Eglise l’Eglise, l’Orient et l’Occident. C’est un lieu à part. On y vit les travaux pratiques de l’Evangile. Dans cette maison Beth Maryam - l’Etoile d’Orient, les pèlerins peuvent goûter à la joie de Dieu et faire l’expérience de l’universalité de l’Eglise. La Vierge de Lourdes est un miroir, pour tout homme en recherche de vérité. Six millions de pèlerins viennent à Lourdes chaque année. Marie est la mère du genre humain. Les musulmans au Liban prient Marie comme les Chrétiens. Les musulmanes qui viennent prier Marie sont aussi nombreuses que les religieuses qui viennent à Lourdes. Devant Marie, même les musulmans baissent les armes. Dans le contexte de tension internationale, les tensions entre l’islam et la chrétienté, Marie est le symbole de la tendresse universelle, un baume indispensable au "vivre ensemble". C’est cela qu’il faut faire découvrir à mes concitoyens, à mes frères orientaux, chrétiens et musulmans. Dans cette maison familiale qu’est Lourdes, chacun doit y trouver sa chambre. Quelles que soient sa race, sa religion, sa couleur de peau. ■ FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 15 ESPRIT En mémoire des jours Un moment de vraie grandeur Par Robert Masson ‘était une étrange époque. Les saisons de l’histoire bousculaient celles de nos calendriers. A Varsovie, on parlait de “printemps en octobre", tandis qu’à Budapest se levaient en foule des multitudes inattendues, qui elles aussi aspiraient à sortir du long hiver qui leur avait été imposé par un régime qui se prenait pour le dernier mot du sens de l’Histoire. Le monde stupéfait assista alors à la levée en masse d’un peuple qui n’entendait plus subir son destin. L’improbable se produisait là où on l’attendait le moins. On avait pris son parti en effet, de ce vaste emprisonnement de peuples qui s’était opéré à l’Est du monde, au lendemain d’une guerre où la moitié de l’Europe s’était retrouvée derrière un rideau de fer, selon une expression de Winston Churchill en 1946. Dans les noires années d’une mainmise idéologique qui paraissait immuable. Le sort semblait céder à jamais, par un partage du monde dont les puissants d’alors avaient discuté à Yalta en 1945. Sans tenir compte, évidemment, de l’avis des peuples qu’on avait en quelque sorte C enchaînés, comme autant de prises de guerre. Il y avait bien eu des frondes populaires en Allemagne de l’Est par exemple, où il s’était produit des mouvements de grève, qui ne s’inscrivaient pas dans l’ordre d’un monde dont on avait, semblaitil, convenu à jamais. Dès les premiers jours de l’insurrection hongroise, l’ambassadeur des Etats-Unis à Moscou avait d’ailleurs fait savoir que son pays n’interviendrait pas dans des affaires hongroises qui relevaient du bon vouloir de Moscou. C’était compter sans l’inspiration des hommes, dont l’âme ne supportait plus les jougs imposés. Les grands procès, à Budapest comme à Prague, étaient passés par là, mais ils ne pouvaient indéfiniment conjurer des révoltes qui en appelaient au grand principe de la liberté. Des vents de révolte soufflaient soudain à Varsovie comme à Budapest. Ils prirent des proportions d’ébranlements. Dans la capitale hongroise, convergeaient alors ouvriers et étudiants, dans une fraternisation populaire qui bousculait toutes les idées reçues. L’inamovible devenait insupportable, et on le faisait savoir, dans les derniers jours d’octobre de cette année 1956, qui allait faire date. La présence qu’on avait prétendue tutélaire à Budapest, demeurait bien sûr en place, et suffisamment puissante pour qu’on l’estimât garante de l’ordre établi. Il est toutefois des moments dans l’histoire, où l’imprévisible s’impose. Ce fut le cas dans cette insurrection hongroise qui balaya les idées reçues. Au point d’obliger dans un premier temps les forces armées 16 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 de l’URSS à se replier de la capitale hongroise. Repli qui apparaît comme une victoire aux yeux des insurgés. On se prenait alors à espérer l’irréversible à Budapest, où la rue prenait le pouvoir dans des lieux symboliques, comme la Maison de la radio ou les palais officiels. Dans la précipitation, on fit appel à des dirigeants qu’on avait exclus. Imre Nagy était de ceux-là. A l’avance il annonçait ce temps des printemps à visages humains, dont Doutchev sera par la suite une figure à Prague. L’onde de choc de Budapest balayait alors un monde qui avait du mal à réaliser ce qui se passait là. La portée de l’événement dépasse de loin les frontières de la Hongrie. C’en était vraiment plus que n’en pouvait supporter Moscou, dont les chars allaient se remettre en mouvement avec ordre d’intervention. Dès les premiers jours de novembre 56, ils s’ébranlèrent en effet de cette manière pesante qui était tout le secret de leur pouvoir. Ce ne fut pas pour autant une promenade militaire. La jeunesse hongroise opposa une résistance héroïque, qui devait lui coûter des milliers de morts, et bien davantage encore de blessés, sans parler des 200.000 exilés d’alors. Enlevé par le KGB, Imre Nagy, l'éphémère président de ce printemps brisé, d’abord déporté en Roumanie, sera exécuté le 16 juin 1958 à Budapest sans autre procédure régulière. On l’enterra sans précision de lieu, si bien que des années durant il ne fut pas possible de se recueillir sur une tombe. Une chappe de plomb retombait sur cette insurrection, dont la portée n’en était pas moins universelle. Un peuple en quelques jours avait rompu ses chaînes, et jetait un doute irréversible sur la nature du régime, et son inspiration. Les flammes de Budapest allaient enfin ouvrir les yeux de la plupart sur la nature d’un régime qui avait usurpé l’espoir des pauvres, au nom de qui on avait commis une révolution qui n’en était pas une. Les hommes à la convenance du Kremlin tentèrent d’ensevelir cet automne, qui n’avait duré que 12 jours. Janos Kadar fut l’homme de cette normalisation que bien d’autres allaient suivre. Pour des années, la Hongrie se fit oublier sauf de ceux qui avaient réalisé à leurs risques et périls, cette contestation d’un genre nouveau. D’autres mouvements de mêmes natures devaient se produire à Prague et en Pologne, et jusqu’au cœur de l’empire, où tout un courant de dissidents se développa, dont Soljenitsyne fut la figure la plus connue. Ce n’était pas uniquement de politique qu'il s’agissait, mais de beaucoup plus. La preuve : la place que tint un cardinal primat de Hongrie, figure emblématique d’une résistance qui n’a pas épuisé tous ses effets. L’Occident n’en saisit pas l’immense portée. Il assista passivement à bien des normalisations. Quand par exemple notre ministre des affaires étrangères de l’époque dira à propos de la normalisation : “Naturellement nous ne ferons rien”. 60 ans ont passé, le monde a bien changé. Mais il garde mémoire de ces jours où tout semblait possible. Il en restera tout le moins ce qui ne peut s’effacer : un moment de vraie grandeur. ■ Discours de clôture (Jeudi 9 novembre 2006) N otre Assemblée s’achève. Elle a expérimenté avec satisfaction la nouvelle méthode de travail que nous avons mise en place. Autour d’un thème choisi par notre Assemblée, des évêques intéressés se sont réunis, ont réfléchi, ont souvent fait appel à des experts et nous ont proposé le fruit de leur réflexion. Je souhaite ce matin, au nom de notre Conférence, dire nos vifs remerciements au Comité Etudes et Projets, aux présidents des groupes de travail, aux évêques et experts pour l’investissement précieux qui a été le leur. LES DOSSIERS DU COMITE ETUDES ET PROJETS Nous avons abordé successivement les dossiers suivants. Trois différences structurantes dans notre société : homme/femme, père/mère, frère/sœur. En choisissant ce thème de travail, nous sentions le besoin de revisiter et d’approfondir nos convictions anthropologiques concernant des réalités aussi fondamentales que la différence sexuelle, le couple, la parenté, la filiation… Le groupe d’évêques qui a mené à bien ce travail a voulu le conduire de façon interdisciplinaire. Il a donc commencé par solliciter la collaboration de théologiens, de psychanalystes, de philosophes, d’historiens et de juristes. Ceux-ci ont reçu la commande de rédiger des fiches de compréhension et d’argumentation. Nous en avons reçu une quinzaine. L’objectif était de nous faire travailler et ainsi de mieux comprendre cette modernité dans laquelle nous exerçons notre ministère de pasteurs et de docteurs. L’exposé, dense et technique, donné par Monsieur Jacques Arènes le premier jour, nous a fait entrer dans la "théorie du gender". Celleci est devenue la matrice idéologique d’où sont issues la plupart des remises en cause du moment. Les défis qu’elle lance sont redoutables. Nous voulons les aborder de face. Comment dialoguer avec une philosophie individualiste et "constructiviste" ? Comment rejoindre un être humain qui souhaite se construire sans se référer à une filiation, à une tradition et à un héritage ? Les échanges entre nous, dans un climat de grande liberté, nous ont permis de redire quelques convictions fondamentales. Les textes bibliques de la création demeurent pour nous des textes d’inspiration qu’il convient de relire et de réinterpréter continuellement. Des approfondissements restent plus que jamais nécessaires : la figure masculine, l’autorité, la fraternité et la filiation, d’autres encore… Pourquoi ne pas intéresser à cette réflexion, vitale pour l’avenir de notre société, des cercles plus larges : des philosophes, des spécialistes des sciences humaines, des responsables politiques… ? La voie de la recherche sera longue. Nous sommes heureux d’en avoir parcouru aujourd’hui les premiers pas. L’Enseignement catholique en France : un engagement éducatif chrétien Nous avions également souhaité, lors de notre Assemblée plénière de novembre 2005, que soit mis en œuvre un groupe de travail sur la mission de l’Enseignement catholique aujourd’hui. Son objectif était de préciser ce qui définit le "caractère propre" des établissements catholiques d’enseignement et d’inciter tous leurs responsables à le mettre en œuvre avec confiance et courage. Or cette référence au "caractère propre" est pour par le cardinal beaucoup de parents et Jean-Pierre RICARD d’enseignants source d’interrogation et de perplexité. Il désigne pourtant ce qui fait l’originalité et la particularité de l’Enseignement catholique : d’une part, un projet éducatif inspiré par une conception de l’homme qui a sa source dans l’Evangile et, d’autre part, une proposition explicite de la foi chrétienne et de la vie ecclésiale. Nous sommes tous d’accord sur les principes. Mais il nous faut voir comment ce "caractère propre" est mis en œuvre très concrètement sur le terrain. Cela implique un souffle, un esprit, l’engagement chrétien des responsables, une traduction institutionnelle dans les propositions pratiques faites aux enfants et aux jeunes. Cela ne se fait pas sans tension car nos établissements sont ouverts à tous les jeunes et sont souvent des lieux d’une première évangélisation. Nous sommes conscients que les chefs d’établissement et leurs collaborateurs sont engagés dans un travail exaltant mais difficile. Ils l’accomplissent et le vivent comme une mission reçue de l’Eglise. Nous les assurons à nouveau de notre confiance et de notre soutien, notamment dans l’exercice de la responsabilité pastorale et missionnaire qui est prioritairement la leur. Mieux que quiconque, ils savent bien qu’on n’a jamais fini d’évangéliser ni de se laisser évangéliser. Nous avons besoin de la collaboration de tous – communauté éducative, familles, enfants et jeunes – pour continuer à réaliser le projet de l’Enseignement catholique, avec sa vocation propre et au bénéfice de toute la société. © CHRISTOPHE LAFLAQUIERE Conférence des évêques de France Assemblée plénière – novembre 2006 Ministères des prêtres et vie des communautés chrétiennes Les échanges proposés par le groupe de travail sur "Ministères des prêtres et vie des communautés chrétiennes" nous ont permis de lancer une réflexion qui va se poursuivre dans les mois à venir, en Assemblée mais aussi avec les prêtres de nos diocèses. Dans nos partages, nous avons pu mesurer une nouvelle fois la générosité avec laquelle les prêtres portent le poids de la mission, mais aussi l’ampleur des évolutions qui leur sont demandées. En ces circonstances, l’importance du presbyterium, autour de l’évêque, nous est apparue comme une réalité dont il fallait redécouvrir la richesse théologique et spirituelle. Mais cette FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 17 dimension constitutive du ministère presbytéral demande aussi des mises en œuvre pratiques, en particulier pour permettre aux différentes générations de prêtres de s’enrichir mutuellement. La réflexion est également à poursuivre pour mieux discerner les conditions à favoriser afin de mettre en œuvre la dimension missionnaire du ministère des prêtres. Beaucoup de prêtres ont découvert la richesse de leurs collaborations avec des diacres, des laïcs, des communautés religieuses. Il ne s’agit pas d’un transfert de tâches, mais bien d’une collaboration à la même mission, dans le respect de la spécificité de chacun. Nous pressentons encore combien les communautés chrétiennes sont appelées à avancer pour que la charge de cette mission soit réellement portée par tous. Avec les prêtres, nous n’échapperons pas également au nécessaire discernement pour hiérarchiser les tâches de leur ministère en fonction de la mission concrète qui est la leur aujourd’hui. Les pistes que continuera de nous donner le groupe de travail seront une chance pour avancer dans cette réflexion. DE NOUVEAUX CHANTIERS Sur proposition du Comité Etudes et Projets l’Assemblée a décidé de lancer deux nouveaux groupes de travail : l’un sur Catholiques et Musulmans dans la France d’aujourd’hui et l’autre sur La Formation des futurs prêtres. Par ailleurs, l’Assemblée a décidé aussi la création d’un Observatoire Foi et Culture qui devrait permettre à notre Conférence d’être particulièrement attentive à l’environnement culturel dans lequel nous avons à inscrire l’Evangile. UNITE DE L’EGLISE, RECONCILIATION ET LITURGIE Durant notre Assemblée, nous sommes revenus sur deux événements qui ont marqué notre actualité ecclésiale récente : la création de l’Institut du Bon Pasteur et l’information donnée par la presse de la publication prochaine d’un motu proprio qui élargirait les conditions mises à la célébration de la messe dite de "saint Pie V". Nous savons l’émotion que ces deux nouvelles ont provoquée chez bien des prêtres, diacres et laïcs de nos diocèses. J’ai eu l’occasion d’aborder ce point un peu longuement dans mon discours d’ouverture. Je voudrais résumer ici, en quelques mots, le fruit de nos échanges et les convictions qui se sont exprimées lors de notre Assemblée et qui sont rappelées dans le message que vous m’avez adressé. Je vous remercie à ce propos de votre confiance et de votre soutien qui sont pour moi un grand réconfort. 1) Evêques de la Conférence épiscopale, nous voulons, en premier lieu, exprimer notre communion profonde avec le pape Benoît XVI. Il sait qu’il peut compter sur notre collaboration fraternelle et l’aide de notre prière. 2) Nous partageons son souci de travailler à l’unité de l’Eglise et d’offrir un chemin de réconciliation à tous ceux qui, à la suite de Mgr Lefebvre, ont quitté la pleine communion avec le Siège de Pierre. Nous portons dans notre prière cette œuvre de réconciliation qui est un fruit de l’Esprit. 3) Nous avons la conviction que cette œuvre ne pourra se faire qu’en redécouvrant ensemble la réalité sacramentelle de l’Eglise et qu’en accueillant, avec humilité et simplicité, la fraternité chrétienne comme un don de Dieu. Voir toutes les relations dans l’Eglise en termes de stratégies à mener, de combats à livrer, de victoires à remporter et de polémiques à intensifier ne peut que nuire à cette œuvre de réconciliation. 4) Nous affirmons que l’enseignement du Concile et le dynamisme apostolique qu’il a impulsé à toute l’Eglise restent la "boussole" qui oriente notre marche. Nous disons notre vive reconnaissance à tous ceux, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, qui ont contribué, avec beaucoup de générosité, à mettre en œuvre les 18 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 orientations et les décisions conciliaires. Ils sont de bons serviteurs de l’Evangile. Mais le Concile Vatican II est encore à recevoir. Il faut toujours vérifier que son souffle anime bien en profondeur la vie et le fonctionnement de nos communautés chrétiennes. Il s’agit de vérifier également que l’on ne met pas sous son patronage des façons de vivre, de penser, de célébrer ou de s’organiser qui n’ont rien à voir avec lui. Rester fidèle au Concile ne veut pas dire non plus qu’on demeure nostalgique des premières décennies de sa mise en œuvre. Le Concile lui-même nous invite à vivre au sein d’une Eglise pérégrinante, d’une Eglise en marche vers le Royaume, qui reçoit au jour le jour les charismes et les ministères que l’Esprit Saint lui envoie, aussi déconcertants soient-ils. 5) Nous savons bien que les différends avec les fidèles qui ont suivi Mgr Lefebvre dans son "non" à Rome ne sont pas d’abord liturgiques, mais théologiques – autour de la liberté religieuse, de l’œcuménisme, du dialogue interreligieux – et politiques. Mais nous ne voulons pas pour autant minimiser l’importance de la liturgie qui est au cœur de la vie ecclésiale. Nous remercions à ce propos tous ceux et celles qui se sont formés, qui contribuent à la qualité de nos liturgies et qui permettent que nous ayons, dans bien des lieux, des célébrations belles et priantes, joyeuses et recueillies. 6) Nous souhaitons poursuivre l’accueil de ceux qui gardent un attachement à la messe dite de "saint Pie V". Une diversité est possible. Mais celle-ci doit être régulée. Il en va de l’unité de la liturgie et de l’unité de l’Eglise. On ne saurait livrer le choix d’une des formes du rite romain – messe de "saint Pie V" ou messe de "Paul VI" – à sa seule subjectivité. Une Eglise où chacun construirait sa chapelle à partir de ses goûts personnels, de sa sensibilité, de son choix de liturgie ou de ses opinions politiques ne saurait être encore l’Eglise du Christ. Il faut résister aujourd’hui à la tentation d’une "religion à la carte". Comme évêques, nous sommes prêts à veiller, avec le Saint-Père et sous son autorité, à l’unité et à la communion au sein de nos Eglises locales et entre nos Eglises. PORTER LA BONNE NOUVELLE AUX PAUVRES La communion est au service de la mission. Le Christ ne dit-il pas : "Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé" (Jn 17, 21) ? Le travail de réconciliation dans l’Eglise est important à condition qu’il soit vraiment au service de l’annonce de l’Evangile. Il ne doit pas contribuer à refermer l’Eglise sur elle-même, en centrant toutes ses énergies sur des problèmes internes. C’est d’abord aux pauvres que nous sommes envoyés. Dans la synagogue de Nazareth, Jésus annonce que, par sa venue, se réalise ce qui avait été annoncé par le prophète Isaïe : " L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur " (Lc 4, 18-19). A la suite du Christ, nous sommes invités à témoigner de l’amour du Père, de l’amitié du Fils et de la force de l’Esprit auprès de tous les hommes, et tout particulièrement des pauvres, de ceux qui souffrent, de tous ceux et celles qui sont fragilisés par la vie. Oui, "l’amour du Christ nous presse" (2 Co 5, 14). Nous ne pouvons pas nous dérober à l’appel du Seigneur. Que la Vierge Marie, Notre Dame de Lourdes, nous fasse participer à sa joie, à sa confiance et à sa pleine disponibilité à la volonté du Seigneur ! + Jean-Pierre cardinal RICARD Archevêque de Bordeaux Président de la Conférence des évêques de France LECTURES 33e dimanche du temps ordinaire - année B Quand le pardon est accordé par le Père Michel GITTON uand le pardon est accordé, on n'offre plus de sacrifice "Q pour le péché". Si on devait prendre au pied de la lettre cette phrase de la Lettre aux Hébreux, on ne voit pas pourquoi on irait se confesser. Pardonné ? Mais nous le sommes déjà depuis que Jésus est mort sur la Croix ! Et c'est parfaitement vrai. Au risque d'être un peu provoquant, je dirais que nous n'avons pas besoin d'aucune nouvelle démarche pour obtenir de notre Père du ciel le pardon. Celui-ci a toujours été là pour se pencher sur notre misère, et quelle triste idée de croire qu'il aurait même besoin d'un geste, d'une humiliation, d'un sacrifice pour qu'il se décide à nous accorder enfin la remise de nos dettes ? La parabole de l'Enfant prodigue nous montre un père, un vrai. Et il n'a cure d'infliger à son fils des délais ou des épreuves. Alors, est-ce qu'il faut en conclure, avec certains, que le sacrement de réconciliation n'est là que pour nous faire comprendre la miséricorde de Dieu et nous permettre de la célébrer ? Il n'y aurait en réalité aucun changement en jeu, mais seulement une démarche de gratitude à accomplir. Cette interprétation protestante de la réconciliation ne saurait nous convenir non plus, car elle méconnaît notre situation réelle de pécheur devant Dieu. Le péché n'est pas tant une offense faite à Dieu, qu'un manque à gagner pour nous. Dieu n'est pas jaloux de son honneur, ce qui le "blesse", si on peut dire, dans le péché, c'est qu'il nous abîme, qu'il nous dégrade. C'est pourquoi il est si sévère par moment, car il ne peut souffrir de voir son œuvre salie et profanée. Il n'a donc pas tant à pardonner, au sens où il garderait rancune de quoi que soit, qu'à relever l'homme pécheur. Et ceci ne peut se faire sans lui. Même si les conditions principales ont été réunies par Jésus s'offrant sur la croix, il reste notre participation à nous, notre relèvement personnel à opérer avec lui. Et c'est là que le sacrement de pénitence ou de réconciliation prend tout son sens. A l'inverse du baptême (même le baptême des adultes) où le don surclasse si évidemment toutes les conditions qu'on pourrait y apporter, le sacrement que viennent réclamer les baptisés pécheurs mobilise leur participation : ils ont un aveu à faire, une pénitence à accepter, une vraie contrition à faire monter dans leur cœur. Ces démarches ne sont pas le prix à payer du pardon, mais le moyen, mis par Dieu à leur disposition, pour les faire entrer dans la logique de la grâce, une certaine mise en mouvement, une manière de se décentrer de soi qui répudie déjà le péché et manifeste la liberté retrouvée. C'est tout un art que nous sommes invités à redécouvrir, car le péché est bien là et il ne s'agit pas de lui laisser le terrain libre. ■ EGLISE EGLISES CATHOLIQUES ORIENTALES Catholiques armén Du 29 septembre au 1er octobre dernier le voyage du président Chirac à Erevan inaugurait l’année de l’Arménie en France. Jusqu’au 14 juillet 2007, de nombreuses initiatives seront prises. Et si nous commencions par une visite à la cathédrale arménienne de Paris ? Le Père Kélékian e père Joseph Kélékian nous reçoit à la paroisse arménienne catholique de la rue du Perche dans le IIIe arrondissement de Paris. Originaire du Liban, il est devenu prêtre en 1973, exerçant son ministère au patriarcat arménien catholique, situé à Beyrouth dans le quartier chrétien d’Achrafieh. Il y connaît les douleurs de la guerre civile. Prêtre de l’institut patriarcal de Bzommar, il dépend directement du Patriarcat. Vicerecteur pendant douze ans du séminaire patriarcal, défenseur du lien au sein des tribunaux ecclésiastiques (1), il est envoyé à Paris par le patriarche en 1990. La communauté arménienne catholique française s’est développée après la première guerre mondiale même si, dès le milieu du XIXe siècle, les Pères mékhitaristes ont ouvert à Paris un établissement scolaire qu'ils ont transféré à Sèvres en banlieue parisienne. en 1928, un établissement scolaire. Une première église reçoit les Arméniens catholiques à Arnouvilleles-Gonesse en 1923, puis à Marseille et plus tard à Paris en 1929. La communauté se développe aussi à Lyon et dans la vallée L ( du Rhône, à Saint-Chamond ou à Valence... C’est au début des années 1970, qu’une église paroissiale française, désormais appelée cathédrale Sainte-Croix, est mise à la disposition des Arméniens, rue du Perche à Paris. Les Arméniens catholiques de France ont la particularité de bénéficier de la présence d’un évêque arménien sur le sol français comme les catholiques ukrainiens de rite byzantin. La France a donc été élevée au rang d’éparchie. Il dépend sur le plan liturgique du partriarche arménien catholique et sur le plan administratif du Pape. Il participe à la conférence des évêques de France. Par contre aucune structure administrative ne relie les Arméniens catholiques aux autres Eglises catholiques de rite oriental à Paris et le Père Kélékian le regrette. "Pour moi qui viens du Liban, je garde le souvenir précieux de la convivialité qui existait entre chrétiens. Ici en dehors des retraites spirituelles organisées par Mgr Bressolette(2), il n’existe rien. Quant aux fidèles, chaque rite reste un peu dans son ghetto". L’engouement pour la culture de l’Arménie est très prononcé chez les plus jeunes 20 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 L’éparchie et la paroisse de Paris s’efforcent de renforcer les liens entre les différentes communautés arméniennes catholiques en France. Un bulletin mensuel bilingue (arménien-français) "Eglise arménienne" est édité. A la paroisse de Paris, sont organisés depuis plus de vingt-cinq ans, le samedi, des cours pour les enfants afin d’assurer en même temps catéchèse et apprentissage de la langue arménienne. Un centre culturel a été créé rue Thouin, siège de l’éparchie. Des conférences ont lieu une à deux fois par mois sur des sujets spécifiquement arméniens, certaines en arménien d’autres en français. Au niveau de sa paroisse, le père Kélékian poursuit l’œuvre de ses prédécesseurs et donne le samedi des cours d’arménien à un peu plus d’une trentaine d’enfants. Tout cela n’empêche pas les Arméniens catholiques d’Ile-de-France de participer à des activités communes à tous les catholiques comme les pélerinages à Lourdes. Le public de la rue du Perche est varié. Il y a les héritiers de la première vague d’émigration, consécutive au génocide de 1915. Ils sont les moins nombreux car beaucoup se sont non seulement intégrés à la société française mais se sont aussi assimilés et sont souvent devenus des catholiques français "ordinaires". "Cela ne les empêche pas parfois de faire preuve d’un dynamisme étonnant au service de leurs paroisses latines”, précise le Père Kélékian". Il y a ensuite les héritiers de ceux qui sont venus de Turquie plus tard, en particulier d’Istanbul mais aussi de l’Est du pays. Les paroissiens en provenance du Proche-Orient, du Liban surtout et de Syrie du fait des événements politiques que connaît la région depuis 30 ans constituent en quelque sorte une troisième catégorie. Enfin depuis 1991, sont apparus de nouveaux paroissiens qui viennent de l’Arménie nouvellement indépendante. "Leur intégration n’a pas été aisée, précise le Père Kélékian ; ils ne parlaient pas le EGLISE iens de Paris par Jean-Marie TISSIER Pèlerinage arménien 2006 à Lourdes. même Arménien que celui parlé au Proche-Orient. Ils restaient marqués au niveau de leurs valeurs par l’expérience communiste qu’ils avaient dû affronter. Pour autant ils avaient comme tous les autres des besoins spirituels et il va sans dire que nous les avons accueillis avec plaisir". Ce sont dans ces dernières vagues que l’on trouve les personnes les plus attachées à leur identité religieuse orientale. Sur le plan sociologique on retrouve, au sein de la communauté paroissiale, l’éventail des couches sociales : peu de personnes en grandes difficultés matérielles mais beaucoup d’artisans et d’ouvriers pour la plupart en provenance du Liban. Les professions libérales sont également largement représentées. L’engouement pour la culture de l’Arménie est très prononcé chez les plus jeunes. Le tremblement de terre de 1988, l’indépendance en 1991, ont provoqué un réveil identitaire, qui se combine avec une acceptation des valeurs de la terre d’accueil. La sensibilité des fidèles est poussée à son plus haut degré sur les sujets ayant trait au génocide de 1915. Le Père Kélékian est assez partagé sur la proposition de loi sur la pénalisation de la négation du génocide arménien. S’il n’est pas par principe très favorable à une intervention du législateur sur les questions historiques, il pense cependant que face aux agissements de certains Turcs de France, parfois adeptes des Loups Gris (3), le législateur ne peut rester inerte. Lien vivant avec l’histoire de l’Arménie, la liturgie arménienne catholique contribue à une intégration des fidèles à la société d’accueil qui ne soit pas oublieuse de leur arménité. Les chants datent pour la plupart du Moyen Age. Le diacre joue un rôle essentiel lors de la messe. Depuis 1987, la liturgie catholique arménienne ressemble d’ailleurs trait pour trait, y compris le credo, à celle de l’Eglise apostolique. Quelques spécificités demeurent en ce qui concerne les fêtes religieuses. Ainsi, traditionnellement, les Arméniens fêtent Noël en même temps que l’Epiphanie le 6 janvier. Les catholiques ont adopté le 25 décembre mais la fête principale de la Nativité reste l’Epiphanie. (4) Il n’y avait pas de date précise pour l’assomption de la Vierge Marie. Elle était célébrée le dimanche le plus proche du 15 août. Cette différence est désormais gommée... La communauté arménienne catholique, à Paris comme ailleurs héritière d’une longue histoire, affronte donc avec détermination et humilité sous la conduite de ses pasteurs, le défi de l’unité, de l’intégration et de l’ouverture aux autres et ce, malgré un climat parfois propice aux crispations communautaires. ■ (1) : Au sein des tribunaux ecclésiastiques, il est chargé de plaider dans le cadre de chaque affaire en faveur du maintien des liens matrimoniaux. (2) : Vicaire général pour les Orientaux. (3) : Mouvement d’extrême-droite raciste, il s’en prend également aux intellectuels turcs qui reconnaissent le génocide, comme Orhan Pamuk tout récent prix Nobel de Littérature. (4) : De son côté, pour ne pas être en reste, l’Eglise grégorienne a fait du 25 décembre le jour de la fête de StEtienne. Cathédrale Sainte-Croix des Arméniens catholiques, 13 rue du Perche, 75003 Paris. Tél : 01-44-59-23-50. FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 21 ECOLE ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE La Fondation Eug en pleine Une rentrée scolaire enthousiasmante a eu lieu cette année à la Fondation Eugène Napoléon, qui va bientôt fêter ses 150 ans. Nous avons interrogé Michèle Rabion, directrice du développement et des relations extérieures. A l’origine, il y a un “conte de fées”. Le 29 janvier 1853, Napoléon III épouse Eugénie de Montijo. La ville de Paris souhaite offrir un collier de diamants à la jeune impératrice. Eugénie remercie… mais elle refuse de commencer son règne en acceptant un bijou d’un tel prix. A sa place, elle créera une œuvre sociale parisienne d’intérêt public pour “instruire et préparer à la vie d’adulte” des fillettes et des jeunes filles dont les parents sont décédés, empêchés ou dans l’incapacité d’élever leurs enfants. L’institution portera le nom du jeune Prince impérial, Louis-Eugène, né en 1856, (qui sera tué en Afrique australe par les Zoulous en 1879). ■ Comment ce désir a-t-il été mis en œuvre ? L’architecte Jacques-Ignace Hittorff est choisi pour le projet. Le choix du lieu se porte sur l’ancien Marché à fourrage, terrain en forme de losange, entre le boulevard Diderot, la rue du faubourg SaintAntoine et la rue de Picpus, terrain déjà ( © MICHÈLE RABION ■ Michèle Rabion, qu’est-ce que la Fondation Eugène Napoléon ? Pavillon de l’Impératrice construit en bordure. Certains des édifices présents seront réutilisés pour former les ailes de l’institution. On y ajoute un pavillon d’honneur et une chapelle : l’ensemble dessine un collier stylisé pour rappeler le geste de l’Impératrice. Eugénie confiera cette œuvre de bienfaisance aux Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul. Les premières pensionnaires entrent en 1857. Le 1er octobre 1858, la fondation est reconnue d’utilité publique par décret impérial. La République confirmera. Il y aura plusieurs évolutions du nom : en 1974, elle prend celui de «Fondation Eugène Napoléon» et le terme «d’orphelines» disparaît des statuts. La Fondation s’ouvre à la mixité en 1984, mais doit fermer son internat, les locaux n’étant plus aux normes, en 1994.... Ces dix dernières années, nous sommes passés par bien des vicissitudes 22 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 ■ Quelle était la vie des filles accueillies au XIXe et au début du XXe siècles ? Elles vivaient durement, mais au moins elles étaient nourries, logées et apprenaient un métier. Elles restaient à l’orphelinat de 8 à 21 ans. Si elles avaient encore de la famille, elles sortaient une fois par an la visiter. Sinon, elles ne sortaient jamais. Les religieuses étaient sévères et exigeantes. Mais les jeunes filles étaient conscientes de leur chance. Il régnait une telle misère à l’époque qu’il était appréciable de recevoir une éducation, un métier. En outre, à 21 ans, elles partaient avec une dot, constituée à partir de leurs travaux de couture. ■ En 2003, la fondation était en liquidation judiciaire... ène Napoléon renaissance propos recueillis par Anne MONTABONE L’histoire n’est pas toujours rose. Les Filles de la Charité sont parties vers 1970. Du fait de l’origine de la Fondation, les établissements scolaires ont poursuivi leur œuvre en étant rattachés à l’Enseignement catholique par une convention. Ces dix dernières années, nous sommes passés par bien des vicissitudes : faute de soutien et de contrôle, la Fondation a failli disparaître. Sa mise en liquidation a été prononcée en janvier 2003. J’étais moi-même directrice de l’école à ce moment-là. ■ Pourquoi vous être battus ? Pour les enfants. Nous avions une école, un lycée professionnel, et un foyer de jeunes travailleuses. Cela représentait près de 600 élèves, qui se trouvaient à la rue du jour au lendemain, au milieu de l’année scolaire ! En outre, nous avions des enfants en difficulté et des enfants handicapés mentaux. Cette liquidation nous a révoltés. Heureusement, lorsqu’il s’agit d’enfants fragiles en difficulté, on trouve toujours des personnes qui ont l’intelligence des situations humaines. La mobilisation des parents d'élèves et du corps enseignant ont permis de réunir avec l'Enseignement catholique de Paris les partenaires et les moyens pour sortir de la liquidation sans que la fondation ait été dissoute. Après le renouvellement du conseil d'administration, un protocole a été signé avec la Ville que le Conseil de Paris a dans sa séance du 15 novembre 2005. Il a permis le maintien des activités scolaires sur le site. C'est ainsi que notre école a fusionné en septembre 2006 avec l'école Saint Pierre Fourier, au projet pédagogique similaire. L'internat, après des travaux importants, © MICHÈLE RABION ■ Quelles ont été les solutions trouvées ? La chapelle FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 23 ECOLE Cette Fondation a vu le jour grâce à la générosité de l’Impératrice habitée par cette vertu qu’est la charité. Aujourd’hui, plusieurs charismes s’y croisent. Ils permettent aux enfants de grandir en développant leurs dons harmonieusement, dans le respect de leurs différences, acquérant le sens de la responsabilité et devenant capables de participer à la vie sociale. Prise d’aube des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, dans la chapelle de la Fondation ■ Le protocole d’accord passé avec la ville de Paris ouvre-t-il d’autres perspectives ? Il ouvre la Fondation au quartier et nous en sommes tout à fait heureux : il a été convenu la possibilité pour la Ville, la mairie du XIIe et notamment son Conservatoire, d’organiser, en accord avec la Fondation, des manifestations culturelles accessibles au public. Le petit jardin de la rue de Picpus sera prochainement ouvert au public quotidiennement... ©MICHÈLE RABION ■ Et les manifestations propres à la Fondation ? a rouvert pour accueillir la manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Septembre 2007 verra l'extension de notre lycée professionnel et l'ouverture d'un foyer d'étudiantes de 54 chambres, le foyer des jeunes travailleuses ayant été rétrocédé à la Ville de Paris.. ■ Les petits chanteurs ont-ils, comme vous et la congrégation de Saint Pierre Fourier, un projet éducatif et social ? Oui. C’est à l’abbaye de Tamié en Savoie que deux étudiants qui accompagnent des enfants issus des quartiers défavorisés décident en 1906 de créer une maîtrise d’enfants qui témoignerait de ville en ville de l’authentique musique religieuse. L’année suivante, les deux jeunes gens s’installent dans une masure du quartier Vaugirard à Paris et y accueillent les premiers enfants, allégeant les charges pesant sur leurs familles. Ainsi sont nés les PCCB. En 1924, l’abbé Maillet prend la direction du chœur et élargit son répertoire aux chants profanes. Anonymes dans leurs aubes blanches, ils sont appelés par le pape Jean XXIII “mes petits missionnaires de la paix”... Installés maintenant dans l’internat de la fondation Eugène Napoléon, ils continuent de parcourir le monde “chantant la paix de Dieu”. 24 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 Pour les journées du patrimoine, nous avons organisé des Portes Ouvertes : nous avons reçu environ 700 visiteurs dont beaucoup venaient du quartier. Il y a des merveilles à voir ici : le salon de l’Impératrice, et son mobilier d’époque, la chapelle et sa fresque, au-dessus de l’autel, qui représente Eugénie mettant la fondation sous la protection de la Vierge ; sans oublier les citrouilles du jardin… plantées d’abord par les enfants, et qui ont donné l’idée aux jardiniers de Paris d’en faire un de leurs fleurons lors de l’exposition annuelle de leurs productions ! Nous avons aussi un programme de concerts à venir, particulièrement avec “La Chambre d’amis”, des conférences, des expositions et des visites dont nous n’avons pas encore arrêté toutes les dates. ■ En conclusion ? Pour la commémoration des 150 ans de la Maison Eugène Napoléon, nous sommes en pleine renaissance, forces vivifiées. ■ Fondation Eugène Napoléon 254, rue du Faubourg St-Antoine 75570 Paris cedex 12 Tél. 01.43.72.98.78 par Dominique Bar, Guy Lehideux Avec Jean-Paul II et Benoît XVI 25/36 Le Vent de l'Histoire © Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris FRANCE CATHOLIQUE à suivre... EGLISE LE JOURNAL DE GERARD LECLERC 6 jours avec nos évêques ( Michel Dubost, Christophe Dufour, Thierry Brac de la Perrière. torial de Jean-Michel Thénard. L’intéressé serait, sans doute, plutôt en peine pour développer sa pensée, le passe-partout de la modernité n’étant pas suffisant pour régler les difficultés de fond évoquées. 6 NOVEMBRE Densité de la journée hier, à la suite de la messe dominicale dans la basilique du Rosaire. Je ne saurai tenir un compte-rendu de tous les contacts, conversations, nullement programmés, qui m’ont permis de faire le point sur “l’opinion épiscopale”. Ce qui est remarquable, c’est d’abord la cordialité et la franchise avec lesquelles s’expriment mes interlocuteurs. Sur des sujets pourtant brûlants et donnant lieu, ces semaines-ci, à des surenchères journalistiques. Il y a, d’évidence, des sensibilités différentes qui s’expriment, notamment à propos du traditionalisme et de la “liturgie tridentine”, mais pas au point d’amener à une fracture. Certains sont, sans doute, plus “montés” contre les tentatives de conciliation avec les adversaires patentés des réformes de Va- Belle occasion de ranimer la verve des amateurs de clichés cinglants 26 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 tican II, mais ils ne sont pas plus désireux d’un conflit avec Rome que ceux qui sont plus accueillants à une perspective d’accord. Ce n’est nullement par “sens politique”. Je crois sincèrement que les publicistes qui sont prompts à soupçonner la renaissance toujours possible d’un gallicanisme frondeur se trompent sur toute la ligne. Car ils ne comprennent pas la profondeur des liens du catholicisme français avec la primauté romaine. Je ne retrouve pas, en tout cas, quelque chose qui ressemblerait à la réaction de quelques personnes littéralement affolées par ce qu’elles percevraient de “réactionnaire” dans l’attitude de Benoît XVI. Il y a une raison simple à cela : les évêques connaissent assez la pensée du Pape pour ne pas se méprendre quant à son attitude vis-àvis des traditionalistes ou même de l’islam, du dialogue interreligieux et, de façon générale, de l’héritage de Vatican II. A ce propos, le discours d’introduction du cardinal Ricard est sans équivoque. Son ton tranquille contrastait avec la fébrilité des médias. Une fois de plus, l’information réagit à contre-sens, émoustillée par un sujet censé susciter des opinions extrêmes, et donc de superbes pugilats. Plus c’est saignant, plus on en redemande, mais au prix d’équivoques © CHRISTOPHE LAFLAQUIERE Lourdes. Je suis pour quelques jours dans la cité mariale, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Familiarité de ces lieux aimés, qui font ressurgir tant de souvenirs, enfance, famille. La réalité des miracles qui se produisent ici tient pour moi dans le témoignage d’une vieille amie de mes parents, Héloïse Tellier, qui avait été guérie d’un mal incurable à l’âge de 40 ans, alors que sa vie était en danger et que la prudence aurait exigé qu’on ne la mît pas dans le train à ChâteauThierry ! On l’avait plongée, inconsciente, dans la piscine, et ses fonctions bloquées avaient été retrouvées en un éclair. Elle mourut plus que centenaire ! Ce fut une chance de l’avoir connue, vive, drôle, racontant avec simplicité ce qui lui était arrivé et ne concevant nulle envie de se mettre en avant. Sa guérison miraculeuse ne fut jamais reconnue pour absence de quelques documents médicaux. Mais pour les témoins de l’époque, il n’y avait eu aucun doute, y compris pour cet employé de chemin de fer qui, ayant vu revenir sur ses deux jambes la grabataire qu’il avait hissée dans le train, se convertit sur le champ. Mais Lourdes, c’est aussi l’actualité immédiate qui nous a valu la Une flamboyante de Libération hier : “Mon curé chez les latinistes !” Belle occasion de ranimer la verve des amateurs de clichés cinglants pour les réactionnaires et autres intégristes. Mais soyons justes, pour caricaturales qu’elles soient, les analyses de Libé doivent être prises en compte : “Quand les esprits ont besoin de s’ouvrir, l’Eglise catholique peut-elle donner l’image d’une institution qui se ferme sur son passé et tourne le dos à la modernité ?” C’est la phrase finale de l’édi- © CHRISTOPHE LAFLAQUIERE 5 NOVEMBRE souvenirs communs : des références aussi, ne serait-ce que celle de Maurice Clavel. © CHRISTOPHE LAFLAQUIERE sans nom, de faits tronqués et d’interprétations hasardeuses. L’affaire de la messe en latin est typique. D’abord, il ne s’agit nullement de latin. Le rite de Paul VI peut être prononcé dans cette langue qui reste une référence pour l’Eglise universelle. Ce qui est en cause, c’est le rite dit de saint Pie V, qu’il serait d’ailleurs plus exact de référer au missel de Jean XXIII de 1962. Comme le remarque le cardinal Ricard, le rite de saint Pie V est antérieur à la messe de l’Immaculée conception. Longue conversation au bord du Gave, hier après-midi, avec Mgr Hyppolite Simon, archevêque de Clermont-Ferrand, dont le script prendrait plusieurs pages de France Catholique. Sur la période post-conciliaire, l’archevêque m’a fait part de son expérience quand il était un prêtre de 35 ans nommé supérieur de grand séminaire. Le retour de certains débats le blesse parce qu’on semble prendre pour cibles ceux qui ont tenu la maison alors que trop de choses s’effondraient. Nous nous expliquons notamment à propos de la préface que j’ai donnée, il y a quelques années, au livre de Jean-Pierre Dickès, intitulé La Blessure et qui concernait justement cette période douloureuse. Appartenant à la même génération, avec Mgr Simon, nous n’avons pas que des Le cardinal Marc Ouelett A un moment, mon interlocuteur interpelle le cardinal Ricard qui passe non loin de là et lui demande de répondre à quelques questions que je lui avais présentées sur l’Institut du Bon Pasteur. Le Cardinal accepte sans réticence et m’accorde généreusement de longues minutes pendant lesquelles il reprend la chronologie très précise des faits, m’éclairant sur des aspects encore énigmatiques. Je dois redire combien j’ai été impressionné par sa sérénité et sa transparence, aussi bien à ce moment qu’au cours de la conférence de presse qu’il nous donnera un peu plus tard dans l’après-midi. Mais j’en reviens encore à la journée de dimanche dont je ne parviendrai décidément pas à résumer le déroulé... Assistant en fin d’après-midi à la conférence du cardinal Ouelett, qui trace le panorama religieux du Québec à l’occasion de la préparation du prochain Congrès eucharistique, j’ai la joie d’apercevoir dans l’hémicycle, mon ami et homonyme, le père jésuite Marc Leclerc, professeur à la Grégorienne de Rome. Nous nous retrouvons dans le hall pour une longue conversation qui se poursuivra dans sa cellule de l’accueil Notre-Dame. Il est venu présenter la cause du Père Joseph Wrezinski dont il est le postulateur. Nous abordons plusieurs sujets, après avoir évoqué le cher Père Joseph, apôtre des pauvres. Tout d’abord le débat acharné sur le darwinisme qui est redevenu de pleine actualité. Comme il est spécialiste de la philosophie des sciences et organisateur de colloques à propos du “dessein intelligent” des évangéliques américains, il est en mesure de me donner des aperçus d’une grande rigueur épistémologique. Il me parle aussi du Pape qui est venu, deux jours plus tôt à la FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 27 EGLISE Grégorienne et qui a une fois de plus impressionné son auditoire d’étudiants et de professeurs. Dans son allocution, Benoît XVI a notamment parlé avec clarté de la façon dont il envisage le dialogue interreligieux. J’en suis confirmé dans mon analyse non pas d’un abandon, mais d’un recentrage de ce dialogue. Nous passons ensuite à la Belgique dont il est le citoyen avec les échos très encourageants de la Toussaint 2006 de Bruxelles et qui apporte donc une espérance précieuse face à l’impressionnant effondrement spirituel du pays. Nous terminons cet échange par la liturgie et les traditionalistes, ce qui est l’occasion de constater notre parfait accord. Dîner du soir avec Mgr Henri Brincard où nous parlons de l’islam (il me conseille vivement le livre d’AlfredLouis de Prémare, Les fondations de l’islam, paru au Seuil en 2002) et des divers dossiers de l’Assemblée. L’évêque du Puy est heureux du bilan du Jubilé de son pèlerinage et se montre avocat d’une forme directe d’évangélisation. 7 NOVEMBRE Il m’est plus facile de résumer la journée d’hier où mes contacts directs avec les évêques ont été plus réduits à cause de leur programme de travail très serré. Tout de même, à la pause ( du matin, échange avec Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque coadjuteur de Rennes, sur la discussion très riche qui vient de se tenir entre évêques à propos de l’homosexualité et des différences anthropologiques significatives. Tous les témoins sont unanimes sur la belle tenue de cette matinée où beaucoup se sont exprimés avec le sentiment de cerner une des crises les plus graves de l’époque. Cela me rappelle ce que me disait le cardinal Philippe Barbarin, au dîner de samedi soir, où il m’avait entraîné dans la belle salle à manger épiscopale de l’accueil Sainte-Marie dominant le site de Lourdes dans la nuit. Il est impressionnant de voir comment l’épiscopat éprouve une vraie sollicitude à l’égard des personnes à orientation homosexuelle. Nous sommes à mille lieues des clichés “homophobes”. L’attention portée ne méconnaît rien des problématiques actuelles (sur le gender). qui avait été expliquées par le psychanalyste Jacques Arènes, lors d’une conférence prononcée à la séance d’ouverture. La conférence de presse donnée par le cardinal Ricard l’après-midi, et que j’ai déjà évoquée, a coupé les ailes à ce bobard largement diffusé selon lequel il y aurait fronde des évêques français contre le Pape. C’est vrai qu’il y a eu des explications mutuelles, lors des audiences des cardinaux Ricard et Lustiger chez Benoît XVI et de la ren- Le sentiment de cerner une des crises les plus graves de notre époque 28 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 contre de Mgr Vingt-Trois avec le secrétaire d’Etat, le cardinal Bertone. Mais pas un instant, le cardinal Ricard ne songe à s’opposer au projet du Pape de réintégrer les lefebvristes. Il ne cache certes pas les obstacles qui gênent une réconciliation. Le rappel de ce qui s’est passé à Bordeaux avec l’abbé Lagueyrie, suffit à condenser les tensions, les batailles en justice, parfois les noms d’oiseaux qu’ont supportés ses collaborateurs. Mais un processus est en cours qui, visiblement, a l’appui du président de la Conférence épiscopale. 8 NOVEMBRE Impression très vive dans les contacts d’hier de la rencontre avec quelques jeunes évêques tout à fait remarquables. Ils ont la “chance historique” d’une certaine façon, d’appartenir exclusivement à leur temps, alors que des gens de ma génération sont toujours tentés de mettre ce bel aujourd’hui en perspective avec le passé qu’ils ont vécu. Ces jeunes pasteurs sont tellement investis dans ce présent, qu’à certains égards, ils le comprennent mieux que moi, en tout cas avec la fraîcheur de l’entière proximité. Il ne faut pas s’y tromper. L’assemblée des évêques de Lourdes ne peut être comparée à une assemblée représentative politique. Certains de ses travaux sont destinés au public. La plupart de ses délibérations réclament la discrétion, et sûrement pas l’œil des caméras. Parce que ses membres ont besoin d’une complète liberté de parole, parce que certains propos sont même confidentiels, et parce qu’il est impératif que prévale la seule règle interne de la conférence. Il serait catastrophique qu’à cette règle se substitue l’opinion extérieure, ou encore un certain diktat des médias. Je sais, pour appartenir à la profession, qu’il est tentant de vouloir assister à tout, être au courant de tout. Mais il faut distinguer les genres. Il y a quelques années, l’Assemblée a dû adopter des mesures plus strictes à l’égard de la presse, celle-ci les encaissa très mal. Il me semble qu’on est parvenu aujourd’hui à un équilibre satisfaisant, même s’il ne peut être parfait. N’empêche que la gente journalistique rôde autour de l’assemblée pour percer ses secrets, supputer ses conflits éventuels, rechercher le maximum d’informations significatives. Il y a certes les conférences de presse, les déjeuners collectifs, où il est loisible de poser toutes les questions. Au bout du compte, on parvient toujours à mieux sentir les choses les plus subtiles. J’ajouterai que la participation aux eucharisties quotidiennes introduit à un autre ordre sans doute le plus précieux, si du moins on veut pressentir une communion sans laquelle l’assemblée ne serait pas elle-même. 9 NOVEMBRE Aujourd’hui, clôture de l’assemblée. Satisfaction de cette semaine lourdaise pour les retrouvailles avec la cité mariale mais aussi pour la faculté de mieux comprendre l’Eglise de France. Je n’ai pu évidemment parler avec tous les évêques, j’en ai quand même rencontré beaucoup (incroyable le nombre de ceux qui s’affirment lecteurs réguliers de France Catholique !) avec la chance de discussions très approfondies avec certains d’entre eux. Quant au contenu des débats de l’assemblée, je ne l’ai qu’esquissé ici même, non que je m’en sois désintéressé : les sujets présentés lors des conférences de presse réclament de ma part une réflexion plus aboutie. D’ailleurs, à l’exception des conclusions sur la catéchèse, la plupart des dossiers ont été reconduits pour des étapes ultérieures. Même pour © CHRISTOPHE LAFLAQUIERE © CHRISTOPHE LAFLAQUIERE EGLISE Georges Pontier, Jacques Perrier, Marc Ouellett, Philippe Barbarin, Jean-Pierre Ricard la catéchèse, il m’est difficile de formuler une analyse. Il faudra que je lise avec attention les textes distribués. J’aime cette citation du cardinal Billé reproduite dans Tabga, la revue spécialisée dans ce domaine : “Etre chrétien, c’est reconnaître qu’avec la venue en notre histoire de Jésus de Nazareth un événement décisif s’est produit en notre humanité : une possibilité radicalement nouvelle est offerte à tous de devenir humain, et cela parce qu’en Jésus, nous pouvons découvrir ce qu’est la manière divine d’être homme.” Si c’est à cette conviction reconnue et intégrée qu’aboutissait l’initiation chrétienne, ce serait déjà un pas décisif d’accompli. 10 NOVEMBRE Retour aux frimas du Nord. Non sans regret d’avoir quitté la luminosité éclatante de Lourdes dans son printemps automnal. Ce n’est pas qu’une métaphore puisque le soleil provoque une poussée inattendue de la nature avec le retour des pollens... Pour cette quasi semaine, je suis loin d’avoir tout consigné dans ces pages. J’ai voulu être discret sur des rencontres qui relevaient autant de l’amitié que de la volonté de s’expliquer. A propos de Lourdes, il aurait fallu parler du petitdéjeuner pris au chalet épiscopal, avec Mgr Perrier, qui nous a entretenus des difficultés et des projets des sanctuaires. les difficultés, ce sont d’abord les questions de transport par le rail et l’acheminement particulier des malades. Les projets concernent 2008, l’année du cent-cinquantenaire des apparitions... Mais il me faut noter en conclusion l’intérêt évident du discours de clôture du cardinal Ricard. Discours bien construit, qui a dû valoir à son auteur une nuit assez courte. La synthèse est très étudiée, qui a permis de mettre en ordre les préoccupations des évêques dans ce qu’elles ont parfois de contradictoires. Mais le Père de Lubac m’a trop appris la vertu du paradoxe pour que je m’en étonne. Je préfère infiniment cette réelle complexité, conforme à la situation et aux exigences diverses dont il faut impérativement tenir compte. Il convient donc de lire ce texte entièrement (cf. page 17) pour apprécier la distance que nos évêques ont prise par rapport au passé, leur volonté d’être fidèles (d’une fidélité créatrice) au Concile, tout en reconnaissant ce qu’il y a eu d’hasardeux, voire de raté dans les années post-conciliaires. Il me semble que c’est une invitation faite à tous, quelles que soient les sensibilités, à réfléchir librement - c’est-à-dire en se libérant éventuellement de ses propres préjugés - pour avancer. La chance sera-t-elle saisie ? ■ FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 29 EXPOSITIONS MUSÉE PICASSO Berggruen - Picas une re par Ariane GRENON Ce sont plus de 150 œuvres, documents et objets de Picasso du musée Berggruen, à Berlin, réunis par Heinz Berggruen, qui sont présentés au musée Picasso, à Paris. e collectionneur est, pour l’artiste, son mécène au sens le plus noble. C’est lui qui l’apprécie en achetant ses œuvres, lui qui lui donne à la fois l’élan et le courage de poursuivre son chemin. Et tout simplement les moyens de vivre… Il est, au mieux, l’ami, le confident de l’artiste, qui trouve en lui une oreille attentive et sensible. Dans tous les cas, le collectionneur est le dépositaire au fil des jours, de l’engagement et des évolutions d’un artiste. Ce fut le cas de Heinz Berggruen, né en 1914 à Berlin, qui émigre en 1936 aux USA, s’engage en 1942 dans l’armée américaine et s’établit à Paris à la Libération pour y ouvrir en 1947 sa première galerie d’art. C’est ainsi qu’introduit par Tristan Tzara dans son atelier, il rencontrera deux ans plus tard Picasso. Il connaissait déjà bien son œuvre, ayant travaillé pour le musée de San Francisco. Mais s’il achète des Picasso, c’est non à lui directement mais par l’intermédiaire de Dora Maar ou de marchands avisés et autres collectionneurs. Il achètera même aux musées américains, tels que le Une collection Picasso qui couvre toutes les périodes de l'artiste 1911-12 STAATLICHE MUSEEN ZU BERLIN, NATIONALGALERIE, MUSEUM BERGGRUEN © SUCCESSION PICASSO 2006 L Moma, à New York ! Berggruen tisse parallèlement des liens étroits avec Picasso, publie ses livres illustrés et lui consacre de nombreuses expositions dans sa galerie de la rue de l’Université. Et il réunit peu à peu une collection personnelle : plus de cent trente œuvres rien que pour Picasso ! ainsi que d’autres artistes, Matisse, Klee, Giacometti… Cette collection Picasso est l’une des plus importantes appartenant à un collectionneur privé, et elle couvre toutes les périodes de l’artiste ! La spécificité de Berggruen fut de rassembler des pièces importantes acquises sur le marché ! La plus ancienne est une "Feuille d’études" surchargée de croquis par un Picasso de seize ans et la dernière ce grand "Nu aux bras levés" si expressif qui date de 1972, quelques jours avant sa mort. La visite commence par la période bleue, avec un portrait de 1904 enveloppé d’une sorte de douceur sombre, suivi par une étude de Paris gracieuse et vive… Un autoportrait avec casque presque baroque : Picasso jeune est résumé d’un trait sublime. Et le fameux "Arlequin assis" où l’on admire des fonds d’un rouge radieux qu’amortit un frottis de beige. En 1906, une grande "Tête de femme", allongée en hauteur, stylisée, les paupières closes… Après le primitivisme, nous sommes en pleine invention du cubisme. Voyez le portrait de l’ami et Bouteille, verre à absinthe, rival, Georges Braque : un peu avachi mais très cabossé ! et pas aimable … Et les "Maisons sur la éventail, pipe, violon, clarinette sur un piano colline", un merveilleux paysage, presque toscan, Pablo Picasso fait de triangles (1908). "Bouteille, verre à absin- 30 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 © HELMUT NEWTON 2006 the, éventail, pipe, etc." est une de ses premières nature morte ; on y remarque les deux spirales inversées, clefs d’un violon posé sur le piano… Comme une frise des temps modernes, de nombreuses natures mortes se suivent : "Cartes à jouer et pot à tabac", Heinz Berggruen "Cartes à jouer, verre et bouteille sur un guéridon"… Et puis, cet éclat de lumière, peint en 1919 "Nature morte devant une fenêtre à Saint Raphaël" : tout d’un coup un balcon, la mer, la lumière, tout pénètre dans la pièce… Une grande salle accueille les merveilleux dessins, une discipline où Picasso s’est révélé un maître éblouissant ! Voilà une "Course de taureaux" dans un sauvage affrontement et la "Vue de Saint Malo", tout un paysage calme et tranquille, comme dessiné sans lever le crayon ! Et puis la célèbre "Grande baigneuse couchée" faite du simple fil que trace une ligne sinueuse. Après tant d’images, la liberté s’en mêle ! Dans les portraits que fait Picasso, les deux yeux se décalent, comme en marche d’escalier ; ailleurs une narine se situe audessus de l’œil. Un autre personnage reçoit deux nez et des dents rangées comme les barreaux d’une grille pénitentiaire ! La période "classique" de Picasso est un retour à l’ordre : le "Nu assis, s’essuyant le pied" (1921) est la silhouette voluptueuse et presque académique d’une femme qu’aurait pu peindre Ingres. Le surréalisme s’empare un temps de Picasso : l’ahurissant ballet des Baigneuses, un "Cheval de cirque" à la musculature tressée ! Et la grande scène mythologique de 1935, une eauforte intitulée "Minotauromachie" ! Toute une salle est réservée aux nus, avec Dora la fidèle, nue sur un grabat et versant toutes les larmes de l’humanité… Parmi les fabuleux portraits datant de l’avant-guerre, la "Femme au chapeau" recouverte d’une multitude de traits noirs entrelacés comme les cartes d’astronomie anciennes. Et "La lecture" de 1953 qui exprime la douceur de l’après guerre, avec un magnifique portrait de femme, la tête encapuchonnée, presque couchée sur le livre aux côtés d’une délicieuse toute jeune fille. On admire un exceptionnel ensemble de travaux "de recherche", imaginant l’usage de maté- STAATLICHE MUSEEN ZU BERLIN, NATIONALGALERIE, MUSEUM BERGGRUEN © SUCCESSION PICASSO 2006 so, ncontre Buste de femme nue Etude pour "Les Demoiselles d’Avignon" Pablo Picasso, 1907. On admire un exceptionnel ensemble de travaux "de recherche", avec des matériaux incongrus, papiers découpés, faux bois... riaux incongrus, papiers découpés, imprimés, faux bois, sables, linoléum pour la gravure et pour la sculpture, le bronze doré, la tôle pliée etc. Heinz Berggruen ne s’est pas trompé en s’offrant cet étonnant voyage au travers de l’œuvre de Picasso. Parmi les grands chef-d’œuvre, on note l’ "Arlequin assis", ainsi que la "Tête de Fernande" et le "Nu féminin" (1909) qui dénote l’influence de l’art africain que Picasso découvre au musée du Trocadéro. Puis le portrait de Georges Braque, les "Maisons sur la colline", premières inventions cubistes. Au fil de cette exposition, on découvre toujours quelque chose de neuf que Picasso a visité, l’avatar du néo-ingrisme, la tentation surréaliste, le dramatique "Grand Nu couché" de 1942, pour rappeler la guerre, le "Nu et le matador" pour les dernières années... Avec un exceptionnel ensemble de recherches, suites d’encres, de gouaches et tous ces artefacts faits de matières diverses. Plus les gravures et les sculptures. Ces ensembles complexes et riches nous emmènent au fond d’une création radicale, la pensée du maître… Et voici un dernier avatar, simple et charmant au sein d’une œuvre grandiose : cet éclat de bois, frotté d’un peu de plâtre pour simuler un plumage, tenu au socle par un fil de fer tout tordu… voilà le "Picasso – Berggruen, une collection particulière", jusqu’au 8 janvier 2007, au Musée Picasso, hôtel Salé, 5 rue de Thorigny, 75003 Paris, tél. 01.42.71.25.21. Tous les jours (9h30-17h30). Réservations au 0 892 684 694 ou sur rmn.fr. FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 31 MUSIQUE Beethoven Concerto pour violon NOUVE AUTÉ ETIENNE DE LIEGE En la fête de la Sainte L’interprétation des six chanteurs de Psallentes est absolument transportante. Ce n’est pas un disque qu’ils ont enregistré, c’est un véritable office grégorien. Le concerto pour violon en ré majeur de Beethoven est un monument de la musique du XIXe siècle, véritable hymne tendre et sentimentale. Le violon est l’instrument par excellence du dialogue amoureux, de l’expressivité, des sentiments romantiques... On peut dire que celui de Régis Pasquier est absolument dans cette tonalité. Il y ajoute l’onctuosité extrême du violon moderne, une dextérité et une virtuosité époustouflantes. Pasquier sert la partition avec finesse. Il entraîne rapidement l’auditeur dans son jeu. Et l’écoute n’en est que plus intéressante. Le Baltic Chamber Orchestra ne suit malheureusement pas toujours, peut-être béa devant la démonstration de force du soliste. Le son est parfois pâteux, mais pas suffisamment cependant pour nous gâcher notre plaisir. Les deux romances qui complètent le programme sont de belles pages à découvrir. F.-X. L. Beethoven - Concerto pour violon et orchestre & les 2 romances - Régis Pasquier - Baltic Chamber Orchestra - dir. Emmanuel Leducq-Barôme Calliope - CAL 9358. Bach Messe pour orgue André Isoir à l’orgue interprétant Bach, c’est forcément une référence. Le label Calliope nous resservant l’intégrale de Bach par Isoir c’est assurément une bonne idée. Pour tous ceux qui auraient manqué la première édition de 1990. La Messe pour orgue, livrée en double CD, n’est certes pas une œuvre en soi. Elle regroupe plutôt plusieurs chorals, souvent intitulés "Catéchisme en musique", ‘école carolingienne de chant est celle du renouveau liturgique et musical vers 850. Cette effervescence se manifeste dans la composition de nouveaux offices, voire de nouvelles fêtes. La fixation du calendrier liturgique attendra en effet encore plusieurs siècles et le Concile de Trente pour être unifiée dans toute l’Eglise latine. La fête de la Sainte Trinité n’est pas encore en vigueur à l’heure où Etienne, formé à l’école de la cathédrale de Metz puis dans diverses abbayes, devient Evêque de Liège. Captivé par le Mystère de la Trinité, le Dieu Trois en Un, en véritable musicien, il en compose un office. Cependant, les manuscrits ne nous parviennent pas directement. Ce n’est que par des antiphonaires de l’Abbaye Saint-Bavon de Gand du XVe siècle que l’ensemble Psallentes qui interprète ce chant rejoint le compositeur. Les livres mentionnent les diverses manières de chanter ces offices solennels, notamment avec l’ajout de fauxbourdons, bourdons, quintes, tierces, notes superposées au plain-chant originel. Même si ces pratiques sont très à la mode au XVe siècle, il est probable que c’est la tradition orale qui les a transportées jusque-là. La monodie s’en trouve enrichie d’autant plus qu’il n’y a pas de systématisation comme cela se fera plus tard, et que ce procédé est davantage destiné à mettre tel ou tel passage en relief. On découvre donc une journée d’office en l’honneur de la Sainte Trinité : Vêpres, Matines… comprenant les psaumes, les L de façon inadaptée. Il s’agit bien plus probablement d’une messe luthérienne, qui en déclame les différentes parties : entrée des fidèles, Kyrie, Gloria, Credo... Le résultat est saisissant de beauté. Quelle maturité de l’interprétation pour rendre un tel résultat sonore ! C’est le genre de disque que l’on a envie d’écouter à plein volume, non pour déranger ses voisins, mais pour goûter la puissance de 32 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 NOUVE AUTÉ par François-Xavier LACROUX Trinité antiennes, les lectures, les répons. Ce programme est vivant car l’essence propre du chant monodique, ou plain-chant grégorien (même si ce terme est trop généraliste), est le dynamisme interne qui se love dans les circonvolutions neumatiques. Le chant lui-même est prière, car il porte en son sein une inspiration qui est celle du texte lui-même. Si l’auditeur veut bien se laisser porter, il lui est promis un voyage passionnant et trop bref finalement. En rien il n’est ascétique. Ce qui n’exclut pas, loin s’en faut, un véritable travail musical pour une interpré- tation sans faille. Quelques tempi un peu rapides sur certains mélismes peuvent être critiqués, mais jamais ils n’ôtent le caractère véritablement spirituel et profondément beau de cet enregistrement. Enfin, le livret qui accompagne ce disque est bien documenté et complet. On aurait donc tort de se priver d’un cadeau pareil, cadeau fait à toute la famille, aux amis qui l’emprunteront, à tous ceux qui l’écouteront. Car il faut bien diffuser cette musique. En la diffusant on fait probablement œuvre d’Evangile. ■ Etienne de Liège – In festo sanctissimae trinitatis – Psallentes – Hendrik Vanden Abeele – Ricercar RIC 249 – Distribution Integral l’empereur orgue et de son serviteur M. Bach... Isoir est un serviteur à son tour, d’une classe, d’une poésie, d’une humanité sans égales : un maître ! Ce disque est indispensable, non seulement à l’amateur d’orgue, mais aussi au mélomane. F.-X. L. Jean-Sébastien Bach – Intégrale de la Messe pour orgue – André Isoir – Calliope – CAL 3715.6 CINEMA Je m’appelle Élisabeth Betty, 10 ans, mène une existence solitaire depuis que sa sœur est partie en pension et elle compense cette absence par son imagination débordante. Son père est médecin dans l'asile psychiatrique situé dans la maison voisine. Un jour, l'un de ses patients s'est enfui et Betty découvre qu'il s'est réfugié dans leur jardin. Elle décide de le cacher dans la cabane à vélos. Désireux de consacrer un de ces films à l'enfance, Jean-Pierre Améris à été sensible à l'émotion qui perçait du court roman d'Anne Wiazemsky. Il dépeint une histoire toute simple à travers le regard de cette petite fille pour qui chaque événement est une aventure et un objet de questionnement. La seconde partie est moins convaincante, car elle n'évite pas un certain sentimentalisme, mais l'on retiendra surtout la qualité de la mise en scène et de l'interprétation. Raillée pour sa trop grande crédulité, la petite Betty porte sur le monde un regard plein de tendresse et de compassion. L'évocation du suicide appelle une mise au point. M.-L. R. Comédie dramatique française (2006) de Jean-Pierre Améris, avec Alba-Gaïa Kraghede Bellugi (Betty), Stéphane Freiss (Régis), Yolande Moreau (Rose) (1h30) (Adolescents). Sortie le 1er novembre 2006. Borat Un journaliste du Kazakhstan doit faire un reportage sur les États-Unis. Si ce documentaire satirique se révèle parfois très drôle, il finit par agacer par sa vulgarité et son caractère caricatural. Le film se moque de tout, ce qui confère parfois au manque de respect. Sacha Baron Cohen affectionne l'humour grivois et scatologique, illustré par des images pas vraiment discrètes. M.-L. R. Comédie américaine (2006) de Larry Charles, avec Sacha Baron Cohen (Barat), Anthony Hines, Peter Baynham, Dan Mazer, Pamela Anderson, Ken Davitian (Azamat Bagatov) (1h30). (Adultes) Sortie le 15 novembre 2006. BABEL Une par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ œuvre brillante s'est pas remise de la mort de sa mère. On ne peut pas dire que le cinéaste mexicain et son scénariste Guillermo Arriaga choisissent la facilité narrative à travers cette histoire complexe mettant en scène plusieurs intrigues situées aux quatre coins du monde. Mais le défi est brillamment relevé, tant les séquences s'enchaînent avec fluidité et placent le spectateur dans une tension dramatique de plus en plus forte. Grâce à un montage efficace, le spectateur ne s'ennuie pas une seconde. Après «Amours chiennes» et «21 grammes», «Babel» est le troisième long-métrage d'Alejandro Gonzalez Inarritu. I mmensité vertigineuse de l'espace, barrières linguistiques, fossés culturels, frontières dangereuses, solitude existentielle face aux drames du destin… Alejandro Gonzalez Inarritu parvient à capter de façon magistrale la vulnérabilité déchirante de tout individu, qui l'isole du monde, mais le rapproche aussi de son prochain. Dans un village isolé du Maroc, un père offre à ses deux fils une carabine. S'exerçant à la manier, l'un deux vise un bus et blesse gravement une touriste américaine. Son mari est sous le choc. Leurs deux jeunes enfants sont restés aux États-Unis sous la garde de leur nourrice mexicaine. Les policiers retrouvent la trace du propriétaire de la carabine. Il s'agit d'un homme d'affaires japonais dont la fille sourde ne ( Pour chaque histoire, le cinéaste a utilisé des pellicules et des formats différents Certains comportements appellent des réserves, notamment celui de la jeune Japonaise qui compense son mal-être par des provocations sexuelles. Mais ce film offre une réflexion passionnante sur l'incommunicabilité. Au-delà des barrières qui se dressent entre les êtres, plusieurs personnages parviendront à se rapprocher. Des scènes de nudité. ■ Babel. Drame américain (2006) de Alejandro Gonzalez Inarritu, avec Brad Pitt (Richard), Cate Blanchett (Susan), Gael Garcia Bernal (santiago), Kôji Yakusho (Yasujiro), Adriana Barraza (Amelia), Rinko Kikuchi (Chieko), Said Tarchani (Ahmed), Boubker Ait El Caid (Yussef), Elle Fanning (Debbie) Sexy dance Un délinquant contraint à des heures de travail d'intérêt général dans une école d’art se découvre un don pour la danse. La recette de ce film est éprouvée, tant le cinéma hollywoodien nous a donné l'occasion de goûter à ce type d'intrigues. Tous les ingrédients du genre sont réunis, de la romance incontournable au happy end de rigueur. L'ensemble séduit néanmoins et se révèle très efficace. Les scènes de danse sont joliment filmées. À force de courage, le héros parviendra à dépasser les limites imposées par sa condition sociale. Le langage est parfois un peu cru, mais les sentiments sont dépeints avec pudeur. Marie-Lorraine ROUSSEL Comédie dramatique américaine (2006) de Anne Fletcher, avec Channing Tatum (Tyler), Jenna Dewan (Nora), Mario (Miles), Drew Sidora (Lucy), Heavy D (Omar), Damaine Radcliff (Mac), De' Shawn Washington (Skinny), Josh Henderson (Brett), Deirdre Lovejoy (Kathleen), Rachel Griffiths (le principal Gordon), Alyson Stoner (la jeune danseuse) (1h43). (Adolescents). Sortie le 15 novembre 2006. FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 33 THEATRE "VOTRE SERVITEUR, ORSON WELLES" Energie, dignité, pudeur par Pierre FRANÇOIS Originale dans sa forme, cette biographie d’Orson Welles est touchante à plus d’un titre. Peut-être parce qu’elle fait deviner autant qu’elle dit. ORSON WELLES (1) est une pièce magistrale! On y voit non pas Orson Welles mais le couple qu’il forme avec son technicien alors qu’il enregistre des publicités pour financer son projet personnel, le film Don Quichotte. Ce film aurait-il été un autoportrait ? Ou une reprise de sa série télévisée de 1964 ? Deux choses seulement sont sûres. D’une part, le critique Juan Cobos, qui avait vu les tout premiers travaux de Welles, assure que la version terminée par Jesus © LOT V OTRE SERVITEUR, Aucun sentiment négatif ne vient entamer le géant Erreur judiciaire Mata Hari (1) courtisane ou espionne, victime ou mythomane ? La pièce éponyme, si elle ne tranche pas cet aspect, prend sûrement le parti de cette femme à travers le récit de son assistante. C’est beau, racé, magnifiquement dansé et aussi bien chanté. Ce spectacle est proche du cabaret par ses alternances entre texte, chant et danse. Mais cet apologue est presque trop bien réglé, millimétré même, avec une précision d’orfèvre par cette troupe néerlandaise. Du coup, on a du mal à croire à certains personnages, même si on est pris par l’exposé, même si l’ambiance de mystère qui règne autour de Mata Hari peut appeler un jeu froid, voire parfois distant. Même si la confusion qui règne autour de sa vie est rendue avec justesse dans la mise en scène. Et quand l’assistante s’emporte, on a encore du mal à croire à sa spontanéité. Reste un spectacle parfaitement bien léché. ■ (1) Mata Hari, spectacle musical, avec Gaëtane Bouchez, Wender Spier, Silke Mehler (danse), Martine de Kok (piano et accordéon). Du mardi au samedi (19h) jusqu’au 2 décembre au théâtre du Renard, 12 rue du Renard, 75004 Paris. Places à 20/15 €. Tél. 01 42 64 30 53. Prolongations "Tragique Academy"(1), "Dévorez-moi !"(2) et "Même pas mal"(3), trois divertissements d’aussi bonne facture que sans prétention intellectuelle sont prolongés après une tournée en province et une première reprise à Paris. "Dévorez-moi !", après avoir déplacé près de cent mille spectateurs en plein été, s’installe désormais à la Comédie de Paris, où les lecteurs de France Catholique bénéficieront d’un tarif préférentiel à 18 € sur présentation du journal. Le même tarif est consenti à la même condition pour "Tragique Academy". (1) à la Comédie de Paris, tél. 01.42.81.00.11, tous les dimanches et lundis (20h). (2) à la Comédie de Paris, tél. 01.42.81.00.11, mardi au samedi (21h30), sam. (18h) et dim. (15h). (3) au Lucernaire à Paris, tél. 01.45.44.57.34, jusqu’au 9 décembre. 34 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 Franco et Patxi Irigoyen en 1992 est sans rapport avec la vision que Welles avait de son film. D’autre part, la réalisation de ce film par Orson Welles a duré depuis les années cinquante jusqu’à ce que la mort l’interrompe, en 1985. Que ce soit réellement l’argent qui ait manqué ou bien que Welles ait considéré cet œuvre comme un exercice qu’il se donnait le temps de peaufiner est de peu d’importance pour la pièce. Il s’agit en effet d’une autobiographie que le comédien adresse tant à son public qu’à son technicien, ou parfois encore à lui-même. Laquelle est régulièrement interrompue par l’homme de l’art qui veut faire avancer le travail, et rentrer l’argent pour que Welles puisse achever son film. Car Welles apparaît ici comme à la fois plein d’énergie pour achever son projet et déjà détaché des contingences. Mis sur la touche, mais croyant encore à son destin. Pas de nostalgie, ni de fatalisme, ni d’aigreur, aucun sentiment négatif ne vient entamer le géant qui prend son temps pour se raconter, seul qu’il est désormais. Trop heureux d’avoir un public ou des revenus, mais jamais au point d’en perdre sa dignité. Le personnage d’Orson Welles est ainsi finement ciselé, tout en nuances et en énergie. Mais ce portrait ne se fait pas au détriment de son alter ego du son, qui rallonge ou raccourcit les phrases, module ou modifie une voix qui a vieilli. Entre ces deux hommes, qui se complètent dans le cadre du travail, s’établit comme une complicité inavouée, invisible. Entre stimulation et tendre maternage, coup de gueule et encouragement, le lien qui les unit, pudique, est sans doute un des derniers qui offre une vie sociale à celui qui se fait désormais répondre au téléphone par les assistants des producteurs… Le point fort de la pièce est dans cette complicité qui met les deux personnages à égalité, et comme ils sont tous deux interprétés avec un égal talent, c’est un réel régal… ■ (1) "Votre serviteur, Orson Welles", avec Serge Le Lay et Jean-Claude Drouot. Du mardi au samedi (21h), matinée samedi (16h) et dimanche (16h30). Au théâtre Marigny, Carré Marigny, 75008 Paris. Places à 32, 27, 17 €. Tél. 01.53.96.70.20. TÉLÉVISION Histoires d’aujourd’hui «La meilleure façon Le goût des autres par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ de marcher» (1 et 2/4) gèreté de touche et une élégance rares dans la réalisation, le thème de la relation à l’autre, à ses usages, à sa culture, bref, à toutes ces règles non écrites qui régissent un groupe de personnes. Entourée d’une bande de comédiens de théâtre sensationnels, elle donne corps à des personnages parfaitement dessinés. Les dialogues (véritables points forts du film) sont très bien écrits, à la fois profonds et plein d’humour. Surtout, la réalisatrice brosse un portrait réjouissant des snobs qui constituent son propre milieu du théâtre. Une œuvre sensible et émouvante sur le refus de l’autre. Depuis l’époque du service militaire obligatoire, l’armée a bien changé. Depuis 1996, en effet, elle est devenue - encore plus - professionnelle et, comme toute entreprise, elle se doit de recruter régulièrement du personnel. D’autant qu’elle est aujourd’hui le premier recruteur de France. L’armée, en effet, embauche chaque année quelque 30.000 jeunes de 18 à 23 ans, qu’elle va former à différentes métiers bien particuliers. Mais qui sont ces jeunes qui signent un contrat avec l’Armée française ? Quelles sont leur motivations ? Pourquoi acceptent-ils, dans certains cas, des périodes de formation très dures. C’est à ces questions que Gaël Leiblang («Douaniers : Au cœur de tous les trafics», «Ma vie après le tsunami») a tenté de répondre avec ce documentaire en quatre parties. En suivant quatre jeunes qui veulent devenir parachutistes, Marie-Charlotte, Corinne, Christopher et Jérémy, le réalisateur décrit le quotidien et la formation de futurs paras. Entre le fils de militaire, la jeune mère qui cherche un emploi stable, le gosse de la Ddass qui est en manque de père et d’encadrement pour se construire et la jeune catholique issue d’une famille nombreuse, il n’y a pas beaucoup de points communs. Pourtant, les difficultés de leur formation (en particulier les longues et épuisantes marches) vont souder ces jeunes qui vont se révéler, jour après jour. C’est très bien fait, avec quelques touches d’humour et de beaux portraits de jeunes, en particulier la jeune catholique. Documentaire français (2006) en quatre parties de Gaël Leiblang (4 x 0h52). Diffusion Lundi 20 novembre, sur France 3, à 20h50 (les deux autres parties seront diffusées le lundi 27 novembre, à 20h55. l est très difficile de réussir sa première œuvre cinématographique, sans révéler des maladresses. La comédienne et scénariste Agnès Jaoui est parvenue à réaliser un premier film d’une grande maîtrise et sur le fond et sur la forme. À la veille de signer un contrat international, Castella, un autodidacte devenu patron d'une entreprise industrielle, doit apprendre l'anglais. Peu doué, il éconduit la jeune femme chargée de lui donner des cours. Mais, entraîné par sa femme au théâtre, il découvre, dans le rôle de «Bérénice», son ex-professeur, dont le talent le bouleverse. Éperdument amoureux, il tente de pénétrer dans le groupe d'amis de la jeune actrice. Ce n'est pas facile, car les gens de théâtre ont leur leurs usages, dont Castella ignore tout. La cinéaste aborde, avec une lé- I ( Avec humour et justesse, Agnès Jaoui croque les travers de ses contemporains Malgré l'absence de toute préoc- cupation spirituelle, ce film peut apparaître, par certains côtés, comme l'application à notre époque de la parabole de la paille et de la poutre. Pour cela, la réalisatrice fait une photographie de notre époque, marquée par l’absence de repères et la licence de mœurs. ■ Le goût des autres. Comédie dramatique française (1999) de Agnès Jaoui, avec Anne Alvaro (Clara), Jean-Pierre Bacri (Castella), Brigitte Catillon (Béatrice), Alain Chabat (Deschamps), Agnès Jaoui (Manie), Gérard Lanvin (Moreno), Anne Le Ny (Valérie), Christiane Millet (Angélique), Wladimir Yordanoff (Antoine), Sam Karmann (1h52). Diffusion le lundi 20 novembre, sur France 2, à 20h50. Un coupable idéal Il avait vraiment la tête de l’emploi, Brenton Butler, un jeune Noir de 15 ans. C’était le coupable idéal pour ce tragique fait divers. Il avait même avoué qu’il était bien le meurtrier de cette touriste blanche à laquelle il avait volé son sac à main, sous les yeux de son mari qui l’avait reconnu. Pourtant, aucune preuve véritable, ni même aucun indice matériel ne venait étayer ces aveux. Patrick McGuinness, son avocat commis d’office, va se battre pour démonter le dossier d’accusation et prouver l’innocence de son jeune client. Jean-Xavier de Lestrade a bien mérité son Oscar du meilleur documentaire en 2002 pour ce film coup de poing. En suivant le travail du Public Defender Office de Jacksonville, dans l’État de Floride, il nous offre à la fois une magistrale leçon de procédure judiciaire américaine et un suspense sensationnel. Tandis que ses avocats se démènent pour démontrer, point par point, les lacunes de l’accusation (témoins écartés, indices oubliés, absence de preuves matérielles, fragilité des témoignages, etc.), le jeune Brenton et sa famille, profondément croyants, prient le Seigneur de leur venir en aide. Cette œuvre poignante et passionnante jusqu’à la fin est une magistrale leçon de journalisme. Documentaire français (2002) de Jean-Xavier de Lestrade (1h30). Diffusion le dimanche 19 novembre, sur Arte, à 23h10. FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 35 TELEVISION Samedi 18 novembre Dimanche 19 novembre Lundi 20 novembre Mardi 2 1 novembre TF1 TF1 TF1 TF1 20.50 Les 500 choristes en- 20.50 Le masque de l’araignée J. 20.50 Commissaire Cordier «Toutes peines confondues» GA. 20.35 Football «Ligue des Champions : Real Madrid/Olympique Lyonnais ou Lille/Anderlecht». 22.50 Pascal, le grand frère. Magazine. France 2 20.50 Petits meurtres en famille (2/4) GA. Téléfilm avec Elsa Zylberstein, Bruno Todeschini (1h35). ឭឭឰ Un bon suspense, avec une excellente atmosphère, mais une scène pénible. 22.35 Jour de fête, avec Gad Elmaleh, Sabine Azéma, etc. 00.50 Conte d’hiver A/Ø. Comédie dramatique (1992) de Eric Rohmer, avec Charlotte Véry, Frédéric Van Den Driessche (1h49). ឭឭឭឰឰ Une belle histoire d’amour, avec des dialogues brillants, mais aussi des images impudiques. France 3 20.50 The closer : «Flou artistique», «Conduite à risques». Série avec Kyra Sedgwick 2. 22.35 Ce soir ou jamais. Magazine. (et à 23h25) 00.35 NYDP blue. Série. Arte FR3 - C Medale Vivre avec la maladie de Charcot 20.40 Les étoiles brillent toujours A/Ø. Téléfilm avec Veronica DR DR 36 FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 Ferres, Merab Ninidze (1h29). Une histoire très émouvante, mais truffée de longueurs et de scènes indiscrètes. 22.10 Comme des gants pleins de sable. Documentaire. 23.30 Mon combat contre le temps «Les souffrances d’une malade de la SLA» GA. ឭឭឰ Un témoignage poignant, mais sans dimension spirituelle. M6 20.50 Super Nanny. Divertissement. 22.50 T’empêche tout le monde de dormir. Magazine présenté par Marc-Olivier Fogiel. Canal + ឭឭឰឰ DR semble. Divertissement présenté Policier (2001) de Lee Tamahori, par Flavie Flament et Laëtitia avec Morgan Freeman, Monica Téléfilm avec Pierre Mondy, Hallyday, avec Johnny Hallyday, Potter (1h43) 2. ឭឭ Bien fait. Michel Leeb. ឭឭឰ Pas mal fait, Patrick Bruel, Corneille, Florent 22.40 Dragon Rouge A/Ø. mais la fin est décevante. Pagny, Roch Voisine, Hélène Horreur (2002) de Brett Ratner, Banalisation de l’homosexualité. Ségara, Patrick Timsit, Richard avec Anthony Hopkins, Edward 22.40 Y’a que la vérité qui Berry, Philippe Katerine, Jean Norton (2h04) 4. ឭឰឰ Bien compte. Magazine. Reno, Lara Fabian, etc. fait, mais peu original et atroce. 00.35 Vol de nuit. Magazine de 23.10 New York, unité spéciale. Patrick Poivre d’Arvor. France 2 Série avec Chris Meloni 3. France 2 France 2 Émissions religieuses : 20.50 Le goût des autres GA. 20.50 Rugby «Test match : Comédie dramatique (2000) de 08h30 Émissions religieuses : «Voix France/Nouvelle-Zélande». et avec Agnès Jaoui, et avec bouddhistes», «Islam», «Source de vie», 23.05 On n’est pas couché. «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Jean-Pierre Bacri, Gérard Magazine présenté par Laurent Seigneur «D’une rive à l’autre»* - 11h00 Lanvin, Alain Chabat (1h48). Ruquier, avec la collaboration Messe, en direct de la chapelle Sainte(Voir ntore analyse page 35) de Michel Polac, Éric Zémour, 22.50 Mots croisés. Magazine Marie de Neuilly (92). Florence Foresti, Jean-Luc présenté par Yves Calvi. Lemoine et Frédéric Martin. 20.50 FBI, portés disparus : 01.05 Musiques au cœur «Parole «Heureux événement», «Détresses». d’opéra : Angers - Nantes - JeanFrance 3 Série avec Anthony LaPaglia. Paul Davois». Magazine. 20.50 La blonde au bois dor22.25 Urgences : «Il n’y a pas France 3 mant (1/2) A/Ø. Téléfilm avec Léa d’anges ici», «Gallant le héros, Drucker, Jonathan Zaccaï, Carole 20.55 Histoires d’aujourd’hui «La Victor l’hystéro». Série 2. Richert, François Comart, Didier meilleure façon de marcher : (1 et 00.00 New York 911. Série 2. Flamand, Valérie Mairesse. 2/4) “Engagez-vous“, “Marche ou France 3 ឭឭឰឰ Un excellent policier, crève“» J. (Voir notre analyse page avec deux comédiens épatants, 35) mais une héroïne athée virulente 22.50 Ce soir ou jamais. et une scène très suggestive. Magazine présenté en direct par 23.00 Le mystère Malraux GA. Frédéric Taddéi. (et à 23h25) Documentaire de René-Jean 00.35 NYDP blue. Série. Bouyer. Commentaire dit par Arte Édouard Baer. ឭឭឭ Passionnant. 20.40 Le locataire A. Drame 00.40 La case de l’oncle Doc 20.50 La blonde au bois dor(1976) de et avec Roman Polanski, «Paroles inattendues : Alain mant (2/2) GA. Téléfilm avec Léa et avec Isabelle Adjani (2h) 4. Juppé». Documentaire. Drucker, Jonathan Zaccaî, Carole ឭឭឭឰឰ Aussi brillant que Richert, François Comart, Nathalie Arte pénible. Krebs, Didier Flamand, Valérie 22.45 Grand format «Le souffle Mairesse. ឭឭ Un deuxième épidu désert» A. ឭឰ Intéressant, sode supérieur au premier. mais parfois contestable. 23.10 France Europe Express. M6 Magazine de Christine Ockrent. 00.50 Les deux orphelines GA. Drame en NB (1932) de M. Tourneur, avec Renée Saint-Cyr (1h27). 20.40 L’aventure humaine ឭ Un mélo qui a bien vieilli. «Léonard de Vinci : Chefs-d’œuvre Arte masqués». Documentaire (1h20). 22.05 360° - Géo «Sur la route Délit de sale gueule des Vikings». 20.40 Johnny belle gueule A/Ø. Musica Drame (1989) de Walter Hill, avec 20.50 L’affaire Pelican GA. 23.00 12 tangos. Documentaire. Mickey Rourke (1h36). ឭឰឰ MéPolicier (1993) de Alan J. Pakula, 23.55 Metropolis. diocre et d’une violence terrible. avec Julia Roberts, Denzel 00.50 La lucarne «Les ténèbres». 22.15 Les sales têtes J. ឭឭ Très Washington (1h40). ឭឭ Très preDocumentaire. intéressant. nant et bien ficelé. 23.10 Un coupable idéal J . DocuM6 23.20 À ton image A. Drame mentaire de Jean-Xavier de LesLa trilogie du samedi (2002) de Aruna Villiers, avec trade. (Voir notre analyse page 35) 20.50 Charmed : «Génération Nastassja Kinski (1h34) 3. M6 ឭឭឰឰ Brillant, mais mal HEX», «Trahison», «La clef des son20.50 Zone interdite «Paternité : exploité et une fin terrible. ges». Série avec Holly Marie Secrets, mensonges et révélaCombs, Alyssa Milano. Canal + tions». Magazine. 23.35 Dead zone. Série avec 20.50 Le vol du Phoenix J. Anthony Michael Hall. 23.00 Secrets d’actualité «Le Aventures (2005) de John Moore, crime était presque parfait». Canal + avec Dennis Quaid, Jacob Vargas Canal + 24 heures sur la planète sport (1h49) 2. ឭឭ Très bien fait. 20.30 Football «Championnat de 21.00 Football. KTO France : Multiplex». KTO 20.50 Les enfants de KTO 20.50 La foi prise au mot «ÉgliSummerhill. Enquête sur une 20.50 VIP «Jean-Pierre Foucault». ses». Un documentaire sur les école alternative. 21.40 Jean-Sébastien Bach maisons du Seigneur. 22.20 KTO magazine «Dieu der«Cantates 179, 199 et 113». 22.10 La vocation de l’écoute. rière les barreaux». 20.50 Garden state GA. Comédie dramatique (2005) de et avec Zach Braff, et avec Natalie Portman, Ian Holm (1h38). ឭឭឰ Un film sensible et bien fait, mais un contexte de licence de mœurs. KTO 20.50 Destin et résurrection. Erich Camenzind, veuf et père de 5 enfants, est devenu prêtre à 63 ans. 22.15 La foi prise au mot «Églises». TELEVISION Mercredi 22 novembre Jeudi 23 novembre Vendredi 24 novembre TF1 TF1 TF1 20.50 Camping paradis J. 20.50 Navarro «L’âme en vrac» GA. Téléfilm avec Roger Hanin, 20.50 Star Academy. Divertissement. France 2 Marie Fugain, Jean-Pierre Castaldi, Élisabeth Bourgine, Guillaume Cramoisan. ឭឭ Un excellent épisode. 22.35 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet. France 2 20.50 Envoyé spécial : «Ponfilly l’Afghan», «Une femme en campagne». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly. 22.55 Infrarouge : «Goering dernier acte 2», «Prisonnier du Paradis». Documentaires. France 3 20.55 La balance A/Ø. Policier (1982) de Bob Swaim, avec Nathalie Baye, Philippe Léotard, Richard Berry (1h38) 2. ឭឭឰឰ Bien fait et bien interprété, mais des violences et une scène complaisante. 22.40 Ce soir ou jamais. Magazine présenté en direct par Frédéric Taddéi. (et à 23h25) 00.35 NYDP blue. Série avec Mark-Paul Gosslaar. Arte 20.40 Pas de printemps pour Marnie GA. Drame (1964) de Documentaire fiction de Gérard Mordillat, avec Patrick Mille, François Cluzet, Virginie Ledoyen (2h15). (Voir notre analyse page 35) 23.05 Le dessous des cartes «Côte d’Ivoire : Quelques clés pour comprendre la crise». Magazine de Jean-Christophe Victor. 23.15 Voyage en famille GA. Comédie en VO (2004) de Pablo Trapero, avec Liliana Capurro, Graciana Chironi (1h43). ឭឭ Un joli film qui sonne juste. M6 20.50 Élodie Bradford «Intouchables» GA. Téléfilm avec Armelle Deutsch, Didier Bezace, Jean-Pierre Michaël. ឭឭឰ C’est un peu gros, mais cette comédie policière est très amusante. 22.50 Il faut que ça change ! Magazine. Canal + 20.45 Football «La grande soirée de Champions League». KTO 20.50 Le pas en plus. La retraite des handicapés. 22.15 VIP «Jean-Pierre Foucault». Alfred Hitchcock, avec Tippi Hedren, Sean Connery (2). ឭឭឰ Pas le meilleur du maître, mais pas mal tout de même. 22.50 La vie en face «Marchands de miracles» GA. ឭឭ Un documentaire intéressant sur les progrès des sectes évangélistes en République démocratique du Congo. M6 20.50 Incroyable talent. Divertissement présenté par Alessandra Sublet. 22.40 Killer instinct. Série avec Johnny Messner, Kristin Lehman 3. Canal + 20.50 Desperate housewives (23 et 24/24) GA. Série avec Teri Hatcher 2. ឭឭឰ Ainsi se termine cette seconde saison, nettement inférieure à la première. Plus contestable aussi. KTO 20.50 Marron, la piste créole en Amérique. La Louisiane et sa culture. 22.15 Jean-Sébastien Bach «Cantates 179, 199 et 113». Amour" 21h Appasionnata, les coups de cœur du disque classique 22h Biblica "Le massacre des Saints Innocents", avec Fabrice Hadjadj (philosophe et dramaturge) Une soirée de polars 20.50 Maigret «L’ombre chinoise» GA. Téléfilm avec Bruno Cremer, DR DR 20.40 Les mercredis de l’histoire «La forteresse assiégée» GA. RADIOS Samedi 18 novembre 19h30 Il était une foi "Dieu est Christine Boisson, Alain Rimoux (1h33). ឭឭ Un épisode très réussi et bien interprété. 22.35 La Crim’ «Dérapages» GA. Téléfilm avec Jean-François Garreaud, Didier Cauchy (0h48). ឭឭ C’est bien fait, mais la réalisation est toujours aussi fatigante. 23.30 Taratata. Magazine présenté par Nagui, avec Bénabar, Elsa, Philippe Katerine, Ayo, Jude, etc. 01.35 À la Maison-Blanche. Série. France 3 20.55 Thalassa «Une saison dans les îles : Les Malouines». Magazine présenté par Georges Pernoud. 23.25 Pièces à conviction «La France des tricheurs». Magazine présenté par Élise Lucet. Arte 20.40 Au cœur de l’orage GA. Téléfilm avec Julio Manrique, Monica Lopez, Daniela Romero (1h28). ឭឭ Cette histoire bien construite donne une triste image de notre société. 22.10 Portrait «Paysages industriels : Les photographes Bernd et Hilla Becher». Documentaire. 23.05 Klang. Divertissement avec Thomas Fersen, Masha Qrella, Johnny Liebling, etc. 00.20 La montagne sacrée. Drame en NB et muet (1926) de Arnold Franck, avec Leni Riefenstahl, Ernst Petersen (1h45). M6 20.50 NICS, enquêtes spéciales «Frères d’armes». Série avec Michael Weatherly, Pauley Perrette, Mark Harmon 2. 21.40 Numb3rs. Série avec Rob Morrow 2. 23.25 Sex & the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2. Canal + Dimanche 19 novembre 14h Au fil des pages "Peut-on tout pardonner ?" Avec M. HorsingaRenno, pour "Cher oncle Georg" (éd. La nuée bleue) et G. de Sairigné pour "Mille pardons" (éd. R. Laffont) Lundi 20 novembre 17h Contre-courant "Vivre Alzhei- mer en accueil de jour : le répit", avec M. Guisset-Martinez (Fondation Médéric Alzheimer) et M. T. Judic (Al'Fa Répit) Mercredi 22 novembre 10h A votre service "D'où viennent les plantes que l'on mange ?", avec Jean-Marie Pelt (spécialiste de botanique et d'écologie) (Vos appels au 04.72.38.20.23) Jeudi 23 novembre 10h A votre service "En direct du Salon des Maires à Paris" Vendredi 24 novembre 9h Grand angle "Spécial Semaines sociales de France", du 24 au 26 novembre 10h A votre service "Rendez-vous au Jardin. Comment préparer son jardin à l'hiver ?", avec M.Cheroux (ingénieur agricole) M.B. * Ce très bon documentaire "d’une rive à l’autre" propose, à travers les portraits de deux prêtres des Missions Etrangères de Paris, une réflexion sur la mission et l’inculturation de la foi. Vous pouvez commander en ligne le DVD du film présentant la grande aventure des Missions Etrangères de Paris "AD VITAM" : http://librairie.mepasie.net DR Téléfilm avec Laurent Ournac, Jennifer Lauret, Princess Érika, Barbara Probst, Agnès Soral. ឭ Sympathique, mais rarement drôle. 22.35 Preuve à l’appui «Recherche maman désespérément». Série avec Jill Hennessy 2. France 2 20.50 Les innocents A/Ø. Téléfilm avec Olivier Marchal, Stéphane Freiss, Julie Voisin (1h37). ឭឰឰ Une histoire interminable et très complaisante dans les images. 22.35 L’arène de France. Magazine de Stéphane Bern. France 3 20.50 Vie privée, vie publique «Le couple : Amour et trahison». Magazine de Mireille Dumas, avec Marc Jolivet, Caroline Grimm, Fanfan Bachelet, François d’Épenoux, Thierry Maucour, Sylvia Kristel, Roger Dumas, Hélène Delprat, Françoise Hardy, etc. 22.50 Ce soir ou jamais. Magazine. (et à 23h25) 00.35 NYDP blue. Série avec Mark-Paul Gosslaar. Arte RCF 20.50 Elizabeth Ire GA. Téléfilm avec Helen Mirren, Hugh Dancy (1h48) 3. ឭឭ Une seconde partie supérieure à la première. KTO 20.50 Édition spéciale «Foi et raison, la polémique de Ratisbonne». 22.20 À la rencontre des saints «François et Claire». sur Arte Mercredi 22 novembre, à 20h40 Les mercredis de l’histoire : La forteresse assiégée» GA Pendant la guerre franco-allemande de 1870, la forteresse de Bitche a longtemps résisté à l’assaut des Allemands. ឭឭឭឰ À partir de cet épisode célèbre, Gérard Mordillat s’interroge sur la guerre en général. Les scènes de fiction alternent habilement avec des interventions d’historiens, de philosophes, de stratèges, etc. C’est passionnant, parfois un peu dur (mais c’est la guerre !), mais un peu trop long. Quant au fond, on peut ne pas être d’accord avec certaines idées du réalisateur (ex. : la Commune). T : J : GA: A : Ø : ឭ: ឰ: Tout public Repères Adolescents Grands adolescents Adultes Œuvre (ou scène) nocive Elément positif Elément négatif FRANCECatholique N°3047 17 NOVEMBRE 2006 37 BLOC-NOTES Paris ✔ Xavier Mirabel (président de l'Alliance pour les Droits de la Vie) donnera une conférence sur le thème "Comment mettre le respect de la vie au cœur de la société ?", le 29 novembre (20 h30 précises), à l'ASIEM, 6 rue Albert de Lapparent, 75007 Paris. Rens. ✆ 01.45.23.08.29. ✔ Le 20 novembre (19h), une soirée de débats sur le thème "La Tradition, Notre Bien Commun" est organisée au Palais de la Mutualité, 22-29 rue St-Victor 75005 Paris, par l'Institut du Bon Pasteur (c/o Centre Saint-Paul, 12 rue St-Joseph, 75002 Paris, ✆ 01. 40.26.41.78, avec notamment l'abbé Guillaume de Tanoüarn, Gérard Leclerc (France Catholique), Jean-Pierre Denis (La Vie). Participation aux frais. ✔ Le Cercle catholique syriaque organise, le 6 décembre (20h), une conférence sur le thème "L'Orient Chrétien au IVe siècle", qui sera donnée par Christian Mesnard (membre du Cercle) , en l'Eglise Saint-Ephrem le Syriaque, 17, rue des Carmes, 75005 Paris, Rens. ✆ 06.87.71.17.58. ✔ A l'espace Georges Bernanos, Association, 4, rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26.65.25, une présentation de trois livres est prévue le 23 novembre : "Histoires drôles et drôles d'histoires", "Témoignages : 16 conférences récentes" et "Paroles de Feu ; 100 homélies", avec une conférence "L'Église est-elle l'ennemie du rire ?". Egalement, une conférence sera donnée par Philippe de Kergorlay, sur le thème "Dieu et l'homme chez les peintres de la Renaissance", le 28 novembre (18h30). ✔ Les Franciscaines réparatrices de Jésus-Hostie, 127 avenue de Villiers, 75017 Paris, ✆ 01.43.80. 38.12, vous invitent à leur "Vente de Charité" (services brodés, art religieux, papeterie, confiserie, linge de maison, layette...), du 23 au 27 novembre (à partir de 10h) [s'inscrire pour les repas (il n'y a pas de repas le 27)]. ✔ Des cours tout public sont proposés par l'IPC, Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie, 70, avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris, ✆ 01.43.35.38.50 (pré-inscription obligatoire) : "Avec Saint Augustin, penser la création", par Florence Eibl (professeur à l’IPC) : 6 séances le samedi (10h-12h), les 18 novembre, 2 et 16 décembre, 6 et 20 janvier 2007, 3 février. Prix : 96 € (étudiant : 48 €). Le contexte dans lequel saint Augustin a élaboré sa doctrine de la création présente des analogies avec notre époque. Ce cours permettra d’éclairer, d’un point de vue philosophique et théologique, des questions que le développement des sciences de la matière et de la vie rend de nouveau très actuelles. ✔ Les Semeurs d'Espérance organisent une Nuit d'Adoration, O f f re d ' a b o n n e m e n t ✂Abonnez-vous ! avec Mgr Dominique Rey (évêque du diocèse de Fréjus-Toulon) sur le thème "Nouvelle Évangélisation. Quels défis ? Quelle urgence ?". Rendez-vous le 24 novembre (20h) à la paroisse St-Séverin, 75005 Paris, avec sac de couchage et tapis de sol. Entrée par le 3, rue des Prêtres. Au programme : enseignement... messe animée... adoration guidée... relais devant Jésus... sacrement de réconciliation... petit déjeuner. Rens. ✆ 06. 13.16.29.08 / www.semeurs.org ✔ L'association "Les Amis de Van" (15, rue de l'Orangerie, 78000 Versailles, ✆ 01.39.51.30. 90 / [email protected]) convoque leur Assemblée générale, le 19 novembre (10h) au Couvent Saint Jacques, 20 rue des Tanneries, 75013 Paris, avec Anne de Blaÿ (présidente). La journée se déroulera ensuite par une messe (11h) au Couvent, (12h30) déjeuner vietnamien pour ceux qui se seront inscrits (10 €). (15h) une conférence sur "Les missions de Van", par le père Olivier de Roulhac (OSB). ✔ L'association "Les Amis de Tous" (Florence Mille-Bardsley, 12 rue Alfred Laurant, 92100 Boulogne, ✆ 01.46.03.44.70) invite à leur rencontre annuelle le 26 novembre, à l'Eglise St Antoine des XV-XX (1er étage), 57 rue Traversière, 75012 Paris : (15h) M. Renard exposera les réalisations en Haïti de l'association Enfants-Soleil et présentera un film sur la vie des enfants des rues haïtiens ; (16h) thé, gâteaux et tour d'horizon des activités de l'association ; (17h-19h) loto avec de nombreux lots. http://amisdetous.free.fr Côte-d'Armor ✔ Le Foyer de Charité de Tressaint, La Grand'Cour, BP 145, 22104 Dinan cedex, ✆ 02.96.85. 86.00, fax 02.96.85.03.56, prévoit, pour les 16/30 ans, 2 journées, du 24 au 26 novembre, préparées et animées par des jeunes ayant déjà fait cette session, par le père Gosselin et le Foyer. Et aussi, du 1er au 3 décembre, deux jours à Dinard, pour "Vivre ensemble", "Aimer... toujours ?", animés par le père Gosselin et une équipe de couples. Rens./insc. au ✆ 02.99. 88.25.25. Hauts-de-Seine ✔ Au centre spirituel Manrèse, 5, rue Fauveau, 92140 Clamart, ✆ 01.45.29.98.60, une retraite, avec accompagnement personnel et vie de groupe, est proposée du 20 (11h) au 24 novembre (17h), avec les pères Michel Kobik, Erwan Chauty, et Sœur Anne Catherine Pech. Courriel : [email protected], site : www.manrese.com Indre ✔ Le centre J. Chevalier, BP 110, 38, pl. du Sacré-Cœur, 36104 Issoudun cedex, ✆ 02.54.03.33.83, fax 02.54.03.33.80, propose dans FRANCE à Catholique Offrez un abonnement ! HEBDOMADAIRE chèque à l’ordre de FRANCE CATHOLIQUE 60 rue de Fontenay - 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois un cadeau ❒ une boîte de marrons glacés "Clément Faugier" (poids net 400 g) (***) ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. Nom/prénom : ............................................................................................................................... 76 € pour un an (au lieu de 110 €) Adresse : ...................................................................................................................................................................... Code postal : .....................Ville : ............................................................................................................................... ❒ J'offre un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) à un prêtre, une communauté, mes enfants, dont voici les coordonnées : (vous pouvez joindre une feuille séparée). Si vous offrez cet abonnement ce cadeau peut être envoyé chez vous (****) ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. Nom/prénom : ............................................................................................................................... Adresse : ...................................................................................................................................................................... Code postal : .....................Ville : ............................................................................................................................... ❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE gratuitement et sans engagement (*****) Avec l'abonnement, en cadeau, une boîte de marrons glacés "Clément Faugier" (*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. BLOC-NOTES Vendée ✔ Une conférence est organisée le 23 novembre (20h30), au centre Saint-Hilaire, 83, bd d'Austerlitz, 85000 La Roche-sur-Yon, sur le thème "Dieu dans la chanson : existe-t-il une chanson chrétienne ?", avec Pierre Gueydier (coordinateur national de la Pastorale des Jeunes). Yvelines ✔ Un concert "Kouban, Grandes Voix Cosaques", consacré aux chants liturgiques orthodoxes russes, originaires des grands monastères des régions de Kiev et de Novgorod, dirigé par Andreï Kikena, (ténor, formé au conservatoire de Kiev), est prévu le 5 décembre (20h30), à l'église StLubin, 78120 Rambouillet. Vente des billets à l’Office de Tourisme ✆ 01.34.83.21.21, Fnac 0892. 683.622 (0,34€/min) et à l’entrée du concert. Prix des places : 15 € et 10 €. Association Ile-Bouchard ✔ Le 3 décembre, 20e anniversaire des pèlerinages organisés par l'Association Ile-Bouchard, auprès de Notre-Dame de la Prière de l'Ile-Bouchard (37220). Départ de Paris (6h40), place de la Madeleine, aller et retour en car dans la journée. Animation spirituelle par des frères de la Communauté Saint-Jean. Prix 35 €/personne, réduction pour les ménages et les étudiants, gratuité pour les moins de 16 ans. Rens. Association IleBouchard, 16 rue Madeleine Michelis, 92200 Neuilly-sur-Seine, ✆ 01.47.45.32.93. Le Chemin Neuf ✔ La communauté du Chemin Neuf (Mission Jeunes 18-30 ans Sr Patricia Placé), 154 av. Victor Hugo, 75116 Paris, ✆ 01.47. 27.73.70 / www.foi-jeunes.org [email protected] propose des sessions à thème : "Ton corps fait pour aimer", les 25 et 26 novembre ; "Choisis la vie !", Ethique et vie chrétienne, les 10 et 11 mars 2007 ; "Peut-on tout (se) pardonner ?" les 10 et 11 mars, au Cénacle de Tigery (Essonne) et à l’Abbaye d’Hautecombe (Savoie). Coptes ✔ L'association "Visages et Cultures des Coptes" annonce l'inauguration du centre culturel copte le 19 novembre, au 39 rue Germain Pilon 93700 Drancy. Rens. ✆ 06.31.29.47.79. Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax : 01.46.30.04.64 www.france-catholique.fr www.monde-catholique.com ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an : 122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056.330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèque postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août. PETITES ANNONCES Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans le bloc-notes, forfait : 20 € ➥ Emballez votre cœur ! Vous disposez de 2,3 heures ou plus en décembre et vous aimez rendre service dans une ambiance conviviale. Nous avons besoin de vous. Devenez bénévole pour notre opération emballage cadeaux à Paris et en région parisienne. L’association VML lutte contre les maladies lysosomales, maladies dégénératives gravissimes (3000 enfants atteints en France). Ses objectifs : l’assistance aux malades et à leur famille et le soutien à la recherche médicale. Contact : Anne-Joëlle Lenne au 06.84.83. 95.96 / 01.69.75.40.30 / [email protected] ➥ Bourse aux vêtements d'enfants, de zéro à trois ans, chaque mercredi et jeudi (14h30-16h30), sauf vacances scolaires, au local du comité d'accueil à l'enfant, 175 rue Jeanne d'Arc, 54000 Nancy. Prix très bas. Dons de layette et bénévoles bienvenus. Rens. tél. 03.83.27.37.10. ➥ Directeur de la communication, 47 ans, cherche emploi. A exercé d'importantes responsabilités dans un groupe familial de loisirs. Compétences en gestion du personnel, animation d'équipes, restauration, relations publiques, radio et presse... Etudie toute proposition sur toute la France : tél. 06.09.90.06.11. ➥ Vins d'Alsace : ◆ Kaefferkopf, Sick-Dreyer, 17, route de Kientzheim, 68770 Ammerschwihr, tél. 03.89.47.11.31, courriel : [email protected], site : www.sick-dreyer.com Siret : 380.427.989 Gewurztraminer Altenbourg 2004, Domaine Paul Blanck, 32 grand-rue, 68240 Kientzheim, tél. 03. 89.78.23.56, fax 03.89.47.16.45, courriel : info@ blanck.com, site : www.blanck.com Siret : 302 655 626 00018 ◆ L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. le cadre des "Samedis d'Issoudun", une session du 25 (10h) au 26 novembre (15h), "Apprendre à communiquer autrement, audelà de ces interprétations qui polluent nos vies au quotidien", avec Evelyne Clavier. www.issoudun-msc.com Lot-et-Garonne ✔ Le Foyer de Charité NotreDame de Lacépède, 47450 Colayrac-saint-Cirq, ✆ 05.53.66.86. 05 / [email protected] propose, une récollection du 1er au 3 décembre, pour les 17-35 ans, "Accueillir le différent, un chemin de paix", autour de Jean Vanier avec les communautés de l'Arche et du Foyer de Charité. La journée du 3 décembre est ouverte à tous à partir de 11h. Messe à 11h30, repas tiré du sac, enseignement dans l'après-midi. Egalement une récollection, pour tous, du 15 au 17 décembre, "Initiation à la prière du cœur", "Jésus, ton Nom, un baume sur mon cœur", par le Père Dominique Bostyn (du Foyer de Charité) Marne ✔ Le Foyer de Charité, 4, Grande Rue, 51270 Baye, ✆ 03.26.52. 80.80, fax 03.26.52.72.15 / [email protected] propose une retraite fondamentale du 27 novembre (17h/messe à 18h30) au 3 décembre (15h) "Les chemins du Seigneur sont Amour et Vérité", avec le père François-Jérôme Leroy (N.D. de la Sagesse - Foyer de Charité de Baye). Rhône ✔ Le "Massacre des Innocents", (scènes de ménage et de tragédie), texte et mise en scène de Fabrice Hadjadj, au Théâtre des Carmes, montée des Carmes-déchaussés, 69005 Lyon, les 23, 24, 25, 26, 30 novembre et 1er, 2, 3 décembre (20h30 - 17h, le dimanche). Rens. ✆ 04.74.80.56.37 ou 06. 74.68.95.51 / lesprovinciales@ free.fr Tarif 18 €, réduit 12 €. Savoie ✔ Le foyer de charité, 73260 Naves, ✆ 04.79.22.91.02, prévoit une récollection les 25 et 26 novembre "C'est de Dieu qui vient la véritable révolution", avec le père Cousseau. Et aussi, une retraite, du 4 au 10 décembre "Si tu savais le don de Dieu", avec le père JeanClaude Cousseau. Var ✔ L'Association des Pèlerins de Notre-Dame de Grâces, Sanctuaire Notre-Dame de Grâces, 83570 Cotignac, ✆ 04.94.69.64. 90, fax 04.94.69.64.91, sanctuaire @nd-de-graces.com propose les 2 et 3 décembre, un week-end sur "le traité de la vraie dévotion de St Louis Marie Grignon de Montfort". FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1006 I 85771 en cours de révision CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 08.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 327.136 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Grégoire Coustenoble - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven - Abonnements/Comptabilité : Marie-José Carreira. Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. France Catholique est une marque déposée à l'Inpi. 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