Zibeline n° 86 en PDF

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Zibeline n° 86 en PDF
un gratuit qui se lit
N°86 du 17/06/15 au 15/07/15
les FestivalS
Les Puissants
de Bilderberg
la Méditerranée
en danger
Sommaire
Société
Conférence Bilderberg ...................................................4, 5
Repenser la Révolution ................................................... 6
La MedCop21, Maison de la Région ..................................8, 9
L’IRD, Villa Méditerranée ..............................................10, 11
Politique culturelle
Le MuCEM ..................................................................12, 13
Festivals
Théâtre, danse, rue 14 à 26
Musique ................................................................. 28 à 36
Critiques
Théâtre, rue .............................................................38 à 44
Musique .................................................................. 46, 47
Au programme
Cinéma ....................................................................48 à 54
Arts visuels ..............................................................56 à 62
Cartocrise
et restrictions
Nos étés de Festivals ne seront plus jamais comme avant. Le
temps où notre région se transformait en un vivifiant territoire artistique est fini. On peut encore passer chaque soir à
danser au son des musiques du monde, à découvrir des opéras
en création, à écouter des textes murmurés ou hurlés dans les
Cours, à vagabonder dans des installations en pleine nature,
à se nourrir de patrimoine habité d’artistes, mais tout cela se
replie, et exhale l’inquiétude. Chacun des grands festivals a
dû réduire sa voilure, et les places offertes aux spectateurs.
Et ils sont nombreux ceux qui ont fermé les portes.
La réduction des financements locaux met aujourd’hui la vie
culturelle en danger. L’État, non content d’avoir baissé le budget
du Ministère, pousse aujourd’hui les collectivités à l’économie
forcée, à cause des réductions de dotations généralisées, et
du flou de la réforme territoriale.
Car cette crise des festivals est une crise politique : on ne
pleurerait pas les programmations de tourneurs parachutées sur
le territoire pour satisfaire les touristes, si elles faisaient place
à une politique culturelle à l’usage des citoyens. Aujourd’hui
le plus inquiétant n’est pas la disparition de la vingtaine de
festivals recensés par la cartocrise dans notre région. L’inquiétant, ce sont les virages idéologiques de certaines communes, comme Salon qui préfère l’identité provençale aux trop
subversifs arts de la rue. L’inquiétant est la disparition des
manifestations littéraires, des festivals de cinéma d’auteur, des
expositions ambitieuses. L’inquiétant est la privatisation des
lieux patrimoniaux et des biens culturels publics. L’inquiétant
est que tout cela ne fait que commencer.
AGNÈS FRESCHEL
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième mercredi du mois
Édité à 32 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
Édité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication
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Collaborateurs réguliers :
Régis Vlachos, Dan Warzy,
Frédéric Isoletta, Christine
Montixi, Yves Bergé, Émilien
Moreau, Christophe Floquet,
Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo,
Thomas Dalicante, André Gilles
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Bilderberg is watching you
Saviez-vous que
depuis fin mai
les accords de
Schengen ont
été suspendus et
les contrôles aux
frontières rétablis
entre l’Allemagne,
l’Autriche et
l’Italie ? Que durant
cette période,
plusieurs postes
i tout le monde entend parler du G7, Bilderberg militants et des réseaux sulfureux qui essaiment
S
demeure mystérieux... Or depuis 1954, cette sur le web. Bien souvent, ce sont ces derniers qui
militaires étaient Conférence
rassemble, une fois par an, des per- rassemblent le plus d’audience...
sonnalités du monde politique, bancaire, industriel Le cas de la Conférence de Bilderberg est fraprépartis en Bavière ou médiatique, venues essentiellement d’Amérique pant. Une recherche Internet sur le sujet mène
Nord et d’Europe occidentale. La plus grande rapidement vers des sites au conspirationnisme
et dans le Tyrol ? du
opacité, entretenue par les organisateurs et les galopant, où cette réunion de l’élite occidentale
règne autour de cette conférence. est décrite comme le repaire de la société secrète
Que des kilomètres participants,
Une culture du secret accompagnée par la majorité des maîtres du monde. Avec un double effet à la
des médias : bien que leurs dirigeants ou jour- clef : les plus crédules s’engouffrent dans le fande route ont
nalistes y soient parfois invités, les organes de tasme, les plus rigoureux le jugent grotesque et
presse français ne proposent aucune couverture de passent à autre chose. Complotisme pour les uns,
été fermés à la
cet événement, qui reste ignoré de la plupart de déni pour les autres. Où se situe la vérité ? Si les
la population. Cette année, la réunion avait lieu médias restent si peu nombreux à s’intéresser à la
circulation, bloqués du 11 au 14 juin dans un luxueux hôtel des Alpes Conférence de Bilderberg, comment les opinions
autrichiennes. Zibeline s’en est approchée au plus pourraient-elles évoluer ? Et n’est-il pas, en soi,
par des barrages près, pour tenter de percer le mystère Bilderberg... troublant, de constater qu’un tel déploiement de
force ne suscite aucune curiosité des groupes de
presse, des journalistes ?
policiers 24h/24 ?
Secrets d’actualité
Le G7 s’est donc tenu en Allemagne les 7 et 8 juin,
Saviez-vous que
sous le feu des médias, qui ont quitté le terrain Oligarchie capitaliste
pour la 63 Conférence de Bilderberg, pourtant Il faut dire que le secret, au sein du groupe Bilderces dispositions
organisée en Autriche dans la foulée, du 11 au berg, est une marque de fabrique. Fondé en 1954,
juin. À trois jours d’intervalle et à 50 km de il doit son nom à l’hôtel où eut lieu la première
ont été prises en 14
distance.... Des centaines de journalistes étaient conférence, aux Pays-Bas. Quelques politiciens et
présents en Allemagne pour le sommet officiel. Ils industriels européens et américains, soucieux de
raison du G7 et
avaient quitté la région depuis longtemps quand renforcer les liens transatlantiques, et de résister
le sommet informel. De fait la conférence au communisme, en lancèrent l’idée. Depuis lors, le
de la Conférence débutait
n’est relayée par aucun grand canal de presse : ceux groupe Bilderberg organise une conférence annuelle,
qui diffusent l’information sont de rares médias à laquelle sont conviées 130 à 140 personnalités.
de Bilderberg ?
indépendants ou alternatifs, quelques bloggers Durant des années, ces réunions n’étaient connues
Protestation à l’Interalpen Hotel - Bilderberg 2015 © Jan-Cyril Salemi
e
5
que de ceux qui y assistaient. La politique, la
finance, l’industrie et les médias composent pour
l’essentiel les activités des invités, tous issus,
à de très rares exceptions, des USA, du Canada,
d’Europe occidentale et de Turquie.
Un comité directeur, d’une trentaine de membres,
sélectionne les invités. Depuis 2012, le Français,
Henri de Castries, PDG d’AXA, préside le comité
directeur, qui compte des noms tels que JeanClaude Trichet, José Barroso, Mario Monti, Thomas Enders (PDG d’Airbus), Robert Zoellick, du
groupe Goldman Sachs, ou Nicolas Baverez, éditorialiste régulier du magazine Le Point. Chaque
année, plusieurs thèmes, relatifs aux stratégies
économiques ou géopolitiques, sont au programme
de la conférence. Les participants se doivent de
respecter le secret des discussions, mais peuvent
ensuite utiliser le fruit des échanges, sans en révéler
la provenance. Des journalistes tels que Nicolas
Barré (2013), directeur de la rédaction des Échos,
ou Nathalie Nougayrède (2014), ancienne directrice du Monde, ont fidèlement respecté la clause
de confidentialité.
L’effet Internet
L’opacité de l’organisation a pourtant été fissurée
par l’ère Internet des années 2000 et les rumeurs
autour de cette conférence ont commencé à se
répandre. Il n’existe aucune archive officielle des
réunions antérieures à 2010. Depuis cette année-là,
comme contraint de se dévoiler un peu, le groupe
Bilderberg a créé un site web, sur lequel il publie le
nom des participants et la liste des sujets. La teneur
des débats reste cependant totalement secrète,
la presse (hormis les invités) n’a aucun accès au
lieu de la conférence et la seule communication se
résume au strict minimum publié sur le site web.
Mais en réalité, les médias ne cherchent même pas
à couvrir l’événement. Sur place, quelques journalistes autrichiens, des télévisions russes et surtout
des médias alternatifs du web, hollandais, suisses,
canadiens, américains, comme We Are Change ou
Press For Truth. Leurs animateurs tanguent parfois
entre activisme et journalisme, mais ces concepts
peuvent très vite se confondre aux abords du Bilderberg, où le harcèlement de la presse est aussi
une stratégie (voir encadré).
Difficile, dans ce contexte, d’enquêter, d’obtenir
des précisions sur le déroulement des échanges
et de définir quelle est l’influence du Bilderberg
sur les orientations politiques et stratégiques des
gouvernements. Un tel manque de transparence
donne cours à une foule de spéculations. Les enjeux
issus des discussions peuvent-ils s’étendre au-delà
de ces quatre jours annuels et peser sur le fonctionnement des états ? Pour ne parler que de la
France, l’an passé, Fleur Pellerin, qui n’était pas
encore ministre de la Culture, et Emmanuel Macron,
qui n’était pas encore ministre de l’Économie, faisaient partie des invités. Cette année, Laurence
Boone, qui lui a succédé au poste de conseillère
économique du président François Hollande, a
été conviée. De quoi susciter des interrogations !
Un déni de démocratie
L’édition 2015 comptait 129 invités, elle s’est tenue
en Autriche, à l’Interalpen Hotel, un complexe
luxueux perché au cœur de la forêt alpine, près
de la petite ville de Telfs, à une vingtaine de kilomètres d’Innsbruck. Outre le président du comité
directeur, neuf Français étaient présents, dont
Alain Juppé, Patrick Calvar (directeur de la DGSI),
Gilles Kepel (politologue, spécialiste de l’islam),
ou Benoît Cœuré (membre du directoire de la BCE).
Les thèmes abordés, et surtout les débats qui y
seront liés, regardent tous les citoyens : intelligence
artificielle, cyber sécurité, terrorisme, stratégie
européenne, Grèce, Moyen-Orient... Mais, comme
à l’accoutumée, rien ne filtrera de ces quatre jours
en secret. Les réflexions, décisions, orientations
sont prises à l’abri des regards, sans mandat des
peuples (contre leur intérêt ?), et sans en rendre
compte : en tout déni de démocratie.
Le seul spectacle qu’offre le Bilderberg, c’est un
ballet de berlines noires aux vitres fumées qui
franchissent le barrage de police pour rejoindre
l’hôtel. Dès le 10 juin, la route qui mène à l’Interalpen Hotel a été fermée à la circulation sur une
dizaine de kilomètres. Les accès étaient bloqués de
part et d’autre par deux check-points. Les sentiers
alentours et la forêt étaient surveillés en permanence. Le dispositif policier autrichien appliqué
lors du G7 a été amplifié. Les moyens de sécurité
d’une rencontre officielle entre chefs d’États, ont
été décuplés pour protéger une conférence privée,
secrète et totalement verrouillée. Et transformer
une paisible route de montagne en véritable zone
d’exception.
Intimidation policière
Le 10 juin, veille de l’ouverture de la conférence,
j’ai été longuement contrôlé par trois policiers
autrichiens en civil, près de Telfs. Un peu
plus tôt, j’avais réalisé quelques photos
des barrages policiers et du poste militaire.
Sans me cacher, en demandant chaque fois
l’autorisation, en montrant ma carte de
presse. Les policiers en civil ont contrôlé ma
carte d’identité, ils l’ont prise en photo et
ont minutieusement regardé ma voiture, me
disant notamment que le plastique cassé du
feu arrière pourrait me causer des problèmes
en cas de contrôle par la «police routière».
Puis ils ont exigé que je leur montre les photos
contenues dans mon appareil. J’ai longuement
protesté, mais j’ai dû céder. Ils ont alors imposé
que j’efface certaines photos où le visage des
policiers était reconnaissable, alors même
que je garantissais que ces visages seraient
floutés. J’ai refusé plusieurs fois puis je n’ai eu
d’autre choix que d’accepter. Je faisais défiler
les photos, le policier me disait «celle-ci», et
je l’effaçais. Sur la trentaine de photos prises
ce jour-là, j’ai dû en effacer une dizaine.
J.-C.S
Une addition très salée
À Innsbruck, un collectif de
protestation s’est formé, pour
dénoncer ces moyens démesurés, à la charge du citoyen. L’une
des actions organisées a permis
de faire brièvement sauter un
verrou. Le 12 juin, quelque 200
personnes ont pu franchir le barrage et mener une action de protestation aux portes de l’hôtel.
Banderoles déployées, musique,
pendant trois heures s’est déroulé
un rassemblement paisible, à très
bonne distance des conférenciers,
qui sont évidemment restés invisibles. «J’ai commencé à demander les autorisations en février !»,
confiait Klaus Schreiner, artisan
de ce petit exploit. Vu le nombre
de camions de police stationnés
dans les alentours, tout avait été
minutieusement préparé pour que
cette «intrusion» puisse avoir lieu.
Officiellement, 2100 policiers sont
mobilisés. Mais le porte-parole
de la police autrichienne indiquait qu’il ne pourrait donner
un chiffre exact qu’à l’issue de la
conférence (écoutez son interview
sur webradiozibeline).
Idem pour le coût. Günther
Platter, gouverneur du Tyrol, a
communiqué le chiffre de 5,6 millions d’euros à la charge de l’état
autrichien pour la sécurité du G7
et du Bilderberg, précisant que
la conférence privée englobait la
majeure partie de cette somme.
D’ailleurs ce chiffre déjà démesuré
ne concerne que les forces de
police : il n’inclut ni le déploiement de postes militaires fixes,
avec véhicules blindés et radars,
ni le contrôle aérien et son cortège d’avions et d’hélicoptères.
Au final, la note du Bilderberg
pourrait s’avérer très salée pour les
contribuables autrichiens. Heinz
Fischer, le chef de l’État, était
parmi les invités de la conférence.
Peut-être aura-t-il réussi à négocier un arrangement ? Mystère...
JAN-CYRIL SALEMI
6
Repenser la révolution
Les possibilités de changer
le monde existent, et on
semble se lasser de l’inertie
d’un système écrasant…
Rarement on a vu autant
de luttes contre de grands
projets, et de chutes
de pouvoir en place.
Mais une vérité demeure :
les révolutions s’étranglent
au stade de l’émeute...
S
orti en octobre 2014, le dernier livre du Comité
invisible n’est pas, contrairement à ce qui en a
été dit, d’une rhétorique nébuleuse ou prophétique. Il
constate que ce ne sont pas les forces qui manquent
mais la description claire de ce qu’il faut combattre.
Bref, c’est une vision du monde révolutionnaire
qu’il faut revoir : un nouveau vocabulaire, voire un
nouveau lexique philosophique doit s’imposer, ou
tout du moins se discuter.
Il en va en premier lieu de l’idée de crise, vaste
supercherie : «Nous ne vivons pas une crise du capitalisme mais un capitalisme de la crise». La crise est
en effet un besoin du système capitaliste comme
l’a montré Naomi Klein dans La stratégie du choc.
Guerres, dette... sont des moyens de trouver de
nouvelles opportunités de rendement. Ce qui fait
dire aux auteurs qu’il n’y a pas une crise dont il
faudrait sortir mais une guerre à gagner. (Précisons
que le livre de Naomi Klein est un outil indispensable pour comprendre le capitalisme d’aujourd’hui,
même si l’autrice n’est guère appréciée par le Comité
invisible). Il ne faut donc pas attendre une crise
majeure du capitalisme dans un espoir révolutionnaire : première vulgate marxiste à oublier.
Atteindre l’endroit du pouvoir
À nos amis
Comité invisible
La Fabrique, 10 euros
Tout aussi étonnant est le renoncement à la prise
du pouvoir : l’idée est fondamentalement hérétique
pour toute organisation de gauche, notamment à la
lumière de ce qui s’est passé en Grèce avec Syriza.
Mais le constat est peut-être pertinent : les politiques
ne nous représentent pas, parce qu’ils ne sont pas
là pour ça, et que le pouvoir est ailleurs. Le Comité
invisible s’en prend alors à la théorie marxiste
classique qui voit le pouvoir politique au service
des classes dominantes : «Tout à notre conception
langagière de la politique, nous débattons alors que
les véritables décisions sont prises sous nos yeux.» Le
pouvoir c’est l’organisation matérielle, technologique,
physique. Ce sont les grandes constructions autour
desquelles s’articulent les grands réseaux de résistance
d’aujourd’hui ; ce sont les grands projets en quête
d’énergies fossiles contre lesquelles se mobilisent
des populations au travers de la planète. L’analyse
est juste ; le combat politique révolutionnaire se
joue aujourd’hui sur ce terrain. Par ailleurs, il n’y
a qu’à voir comment la Belgique a pu se passer de
gouvernement pendant de longs mois pour valider
l’idée que le pouvoir est ailleurs.
Se dessinent ainsi de nouvelles perspectives révolutionnaires, dans la capacité à bloquer certains sites
de production ou d’information. Ou du moins de
s’interroger sur l’incapacité à réaliser ces blocages,
comme dans les mouvements de lutte d’intermittents :
comment se fait-il que la paralysie
des chaînes de télévision ne soit
jamais mise en œuvre alors que
les intermittents y ont une place
importante ?
S’emparer
de l’information
Si la révolution échoue c’est que les
technologies de l’information et du
contrôle (et donc de la domination
politique et économique) ont pris
de cours les stratégies révolutionnaires et leur vision philosophique
du monde, dualiste : sujet/monde,
individu/société, homme/machine,
vivant/inerte : «Le sujet rationnel
occidental laisse place à la conception cybernétique d’un être sans
intériorité, constitué par son extériorité, ses relations.» Les marxistes
raisonnent sur l’homo economicus
alors que la cybernétique a déjà
produit sa propre humanité. L’économie politique créait la fiction
de l’homme libre poursuivant son
intérêt ; aujourd’hui l’économie
libérale et sa société du spectacle ont construit la fiction de la
liberté de communiquer : «À défaut
d’avoir réussi à faire des ordinateurs
capables d’égaler l’homme, on a
entrepris d’appauvrir l’expérience
humaine jusqu’au point où la vie
peut se confondre avec sa modélisation numérique.»
Loin d’être plus complexe, générale
et abstraite, l’action révolutionnaire doit simplement s’ancrer dans
le territoire. À l’exemple des zapatistes, ceux qui veulent changer le
monde doivent prendre soin de ce
qu’ils constituent : chaque projet
destructeur de l’environnement et
de l’économie locale qui est battu
en brèche est une pierre portée à
l’édifice émancipateur qui permet
de passer de la subversion à la
révolution. Il faudra donc, aussi,
repenser ce mot…
RÉGIS VLACHOS
8
Du climat et des hommes
l’économie réelle, alors que les
solutions techniques existent.
Selon lui les économistes doivent
repenser leurs modèles, le PIB
étant un très mauvais indicateur. Pascal Canfin du World
Resources Institute estime quant
à lui que l’heure est venue de
faire migrer progressivement le
capital mondial vers les industries
et infrastructures compatibles
avec un réchauffement maintenu à 2°C.
«Marseille est
prête, Paris n’a qu’à
bien se tenir»
© Gaëlle Cloarec
L
e 4 juin, le président de la République est venu
à Marseille lancer la Medcop21, rencontre des
acteurs de la Méditerranée sur le changement climatique, préparatoire à la 21e Conférence des Nations
Unies qui aura lieu à Paris à la fin de l’année. Accueilli
par le président de Région, Michel Vauzelle, et
par le maire Jean-Claude Gaudin, il a précisé les
enjeux de la Cop21, avec l’espoir d’y conclure un
accord substantiel. La décision prise par le G7 le
8 juin d’en finir avec les énergies fossiles et de
maîtriser la hausse de la température moyenne,
donne quelques arguments à cet espoir. Les points
épineux sont toujours sur la table, notamment la
forme juridique que prendrait cet accord, contraignant ou pas pour les signataires, et les nuances
entre pays, selon leur degré de développement et
leur capacité de lutte contre le réchauffement climatique. François Hollande a soulevé la question du
financement, déterminante, et évoqué le Fonds vert
initié à Copenhague en 2009, qui s’élève aujourd’hui
à 10 milliards : «il faudra aller jusqu’à 100 milliards
à partir de 2020». Conscient du fait que «l’indifférence est l’ennemi contemporain», il souhaite mettre
en place une politique de long terme. Des propos
que l’on espère sincères, de la part d’un homme qui
jusqu’à récemment ne s’était pas particulièrement
engagé en matière environnementale.
Le climat, nœud gordien
de l’anthropocène
Assister aux nombreuses tables rondes prévues par
la Medcop tenait un peu de l’épreuve d’endurance,
tant les enjeux du réchauffement climatique sont
anxiogènes. C’est avant tout une réalité scientifique : selon Jean-Paul Moatti, PDG de l’IRD, «les
incertitudes qui subsistent ne doivent pas servir de
prétexte à la tergiversation» et «s’atteler à un dispositif de surveillance des écosystèmes devrait être
l’un des objectifs prioritaires». Pour Loïc Fauchon,
président de la Société des Eaux de Marseille, «40%
de la population en Méditerranée est en situation de
stress hydrique, de Gibraltar à la Corne de l’Afrique un
triangle de la soif se dilate». Acidification des eaux
marines, effondrement de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles, crises alimentaires,
insécurité géopolitique, tout est impacté par la
montée de la température. Hafez Ghanem de la
Banque Mondiale le formule ainsi : «notre région
est en ébullition, et connaît la plus grande crise de
réfugiés depuis la 2e guerre mondiale ; le changement
climatique agit comme un démultiplicateur».
Que faire ?
Des leviers efficaces se sont dessinés, pour peu que
l’on soit prêt à un nouveau paradigme. Pour Serge
Telle, président de l’AVITEM, c’est même «le temps des
opportunités : plus la crise climatique se développe,
plus elle est favorable à un véritable changement
de nos modèles.» Henry Marty-Gauquié, directeur
de la BEI, veut mobiliser l’ensemble de l’économie
financière, y compris les assureurs, «et surtout dans
la transparence si on veut être crédible !» Gaël Giraud
de l’Agence Française de Développement décrit des
«marchés financiers qui fonctionnent comme des trous
noirs, captent tout et ne restituent rien», avec pour
conséquence la difficulté à financer des projets dans
Ainsi se concluait l’allocution
de François Hollande lors de la
cérémonie d’ouverture. Que Paris
n’ait plus qu’à bien se tenir, c’est
une évidence. Que Marseille soit
prête, c’est encore autre chose,
le quotidien irrespirable de ses
habitants en témoigne, et ce
n’est pas la prestation de Robert
Assante à la tribune qui aura pu
nous rassurer. On lui reconnaîtra
tout de même un élan de lucidité : «Nous qui n’avons pas les
mêmes difficultés (que les pays
les plus pauvres, NDLR), comment
se fait-il que nous n’arrivions pas
à faire plus ? Cela n’avance pas si
vite que ça». Certes ! En matière
de transports en communs et
de qualité de l’air, tout reste
à faire. Et comme le soulignait
le délégué général de l’IPEMED,
Jean-Louis Guigou, «la compétition entre les collectivités va se
jouer à l’avenir sur leur capacité
à assurer qualité de vie et cohésion sociale».
GAËLLE CLOAREC
La Medcop21 a eu lieu
la Villa Méditerranée
à Marseille les 4 et 5 juin,
le Village des Solutions
présentant une trentaine
de projets concrets s’est
tenu sur son parvis jusqu’au
7 juin (voir p10)
Emportés
par la houle
Montegrejo Eacheld John, matelot qualifié, Philippin - Pyeou Tymur, élève mécanicien, Ukrainien Renard Rémy, 3e Lieutenant, Français - Thirion Alain, Commandant, Français. Une vue de l’exposition
Cargo de Vincent Ducarne © Gaëlle Cloarec
D
ès l’entrée, on perçoit un grondement sourd qui ne va plus
nous lâcher : celui des machines d’un gros cargo. L’imaginaire marin est inépuisable : des sirènes d’Ulysse au Titanic, du
trois mâts fendant les vagues au calmar géant de Jules Verne,
il suffit d’une corne de brume, du bruissement humide des
embruns pour que l’humain le plus prosaïque sente l’appel du
large. Ici on est d’emblée pris par une autre mythologie, celle
des navires de métal qui sillonnent le globe pour livrer d’un
continent à l’autre d’énormes quantités de produits bruts ou
manufacturés. Le coeur de l’économie mondialisée bat dans le
moteur de ces mastodontes flottants ; c’est sa résonance que
Vincent Ducarne a captée en photographie et vidéo lors de
deux résidences à bord d’un porte-conteneur.
Son travail est inspiré d’une errance paradoxale, celle d’un
cowboy côtoyé le temps d’un voyage précédent, effectué en bus
à travers les USA : parti épouser une femme sans l’avoir jamais
vue, il apprend juste après le départ qu’elle rompt son engagement... et ne peut rebrousser chemin avant la prochaine étape,
des centaines de miles plus loin. Étrangement, cette anecdote
«colle» bien à son propos, cerne la difficulté de trouver sa place
à terre comme en mer, amplifiée par les vues hypnotiques des
flots mouvants captés par sa caméra. Une série de portraits de
marins et techniciens, en grand format, ouvre l’exposition. Leurs
tenues vestimentaires, leurs regards dirigés droits vers l’objectif
émeuvent étrangement, dans une confrontation troublante entre
le quotidien et la grande aventure, le train-train du boulot et
le frisson des lointains.
GAËLLE CLOAREC
Cargo - Le passage de la ligne
du 3 juin au 3 juillet
Maison de la Région PACA, Marseille
04 91 57 57 52
www.regionpaca.fr
À noter : Dans le cadre de cette exposition, le 24 juin,
la Maison de la Région projettera une sélection de
films documentaires issus du Festival international de
l’image sous-marine de Marseille et de Toulon
10
Au village, des solut
Tandis que la MedCop
se tenait dans la Villa
Méditerranée, les
associations étaient
invitées sur le parvis
à exposer des voies
alternatives...
A
u Village des Solutions, le réchauffement
climatique semblait palpable : les associations rassemblées dans des containers métalliques
expérimentaient la fournaise... mais proposaient des
explications à propos de mise en œuvre concrètes
en matière d’énergies renouvelables, de végétaux
résistants, de gestion rationalisée des déchets dans
un pays (Le Maroc) où aucun recyclage n’existe,
de transports publics, de partage de voitures, de
gestion de l’eau... Un petit tour dans le Village,
où de nombreux débats et prises de parole étaient
organisés, permettaient de mesurer combien les
initiatives citoyennes semblent plus avancées que
les décisions politiques. Les solutions viendront-elles
de la fameuse «société civile» ? De la «communauté
scientifique» ?
Deux directeurs de recherche de l’IRD1 ont démontré,
avec autant de simplicité que de clarté, ce que l’usage
peut nous enseigner, et comment chacun de nous
peut sauver le monde. En faisant ce qu’il peut ! Le
livre que vient de publier Olivier Dangles se conclut
d’ailleurs par la parabole du Colibri, empruntée à
Pierre Rabhi, son préfacier : faire sa part, même
lorsqu’il s’agit d’essayer d’éteindre un incendie avec
quelques gouttes d’eau, possède une vertu exemplaire. L’écologue explique combien l’éducation aux
gestes simples est importante : ne pas prendre l’ascenseur ni les escaliers roulants, mais aussi regarder
et respecter les écosystèmes qui ne sont pas notre
environnement, mais notre nature même, dont nous
faisons partie... Il faut selon lui renouer les fils brisés qui nous ont éloignés du biologique, apprendre
à nos enfants que notre monde n’est pas virtuel,
et que ne devons pas l’user. Son livre, Une autre
Une autre terre
Olivier Dangles
François Nowicki, photographe
Belen Mena, maquettiste
Préface de Pierre Rabhi
Editions IRD, collection Beaux livres, 42 euros
terre, est à la fois le constat d’une dégradation en
cours, qui nous fait vivre sur une terre où plus aucun
espace n’est naturel, et une magnifique apologie du
vivant. Le scientifique a l’art de faire comprendre
des concepts complexes avec des procédés simples :
les photos et la maquette sont splendides, l’objet
attirant, et chacun des quarante cinq mots clefs
de son Lexique illustré d’une nature à protéger est
introduit par une anecdote ou une fable qui permet
d’imager son analyse des changements globaux qui
nous affectent. Car selon l’écologue, le plus urgent
est notre alphabétisation environnementale : qu’est-ce
qu’une boucle de rétroaction, cercle vicieux ou vertueux ou un phénomène en déclenche un second,
qui l’amplifie ou l’atténue ; comment les changements globaux procèdent de façon non linéaire, et
qu’est-ce qu’un point de basculement, qui amène un
lac de faible profondeur, depuis longtemps pollué,
à devenir tout à coup totalement insalubre ; pourquoi et comment les océans s’acidifient ; comment
les espèces disparaissent ou s’adaptent, comme
les ours polaires qui ont déjà perdu du poids pour
survivre sur une banquise de plus en plus mince ;
et comment la pauvreté est un piège : «ce sont les
riches qui dégradent le plus l’environnement et les plus
pauvres, qui dépendent des ressources à leur portée,
qui sont les premières victimes de la dégradation des
écosystèmes et de la biodiversité».
Sa conclusion est que l’espoir est
un impératif...
Le livre de Geneviève Michon est
tout aussi passionnant : l’ethnobotaniste, également directrice de
recherches à l’IRD, y a mis 25 ans
d’enquête singulière à portée de
tous. Dans une langue soignée et
imagée, souvent très belle, elle
raconte comment, sur toute la
planète, les arbres font partie de
l’agriculture. Elle photographie
les arbres et les gens, ces Agriculteurs à l’ombre des forêts du
monde, et explique leurs pratiques.
Et démontre ainsi l’absurdité des
cultures intensives et des déforestations, qui appauvrissent les
terres, nous privent d’oxygène,
provoquent des inondations en
asséchant les sols, aggravent les
sécheresses et font sombrer les
peuples du sud dans la pauvreté,
et l’exode. Depuis plus de 25 ans la
chercheuse parcourt la planète, et
observe dans certains endroits préservés une véritable harmonie entre
l’arbre et les cultures. Parce qu’on
peut cultiver en-dessous, puisque
le sol y est riche et profond, mais
surtout pour eux-mêmes : source
de combustible, de fruits, de fourrage riches en éléments que les
pâturages ne fournissent pas, les
forêts ne sont pas sauvages, mais
cultivées, depuis la châtaigneraie
corse jusqu’à l’agroforêt indonésienne, en passant par la culture
de l’arganier au Maroc (l’huile d’argan !). Chaque peuple possède
son équilibre particulier, qui varie
selon le climat, tropical ou sec,
la nature des sols, les traditions
culinaires... Il ne s’agit pas pour
Geneviève Michon d’imposer un
autre modèle, mais de regarder
les pratiques vernaculaires, et
d’aider les peuples à les retrouver, y compris dans les pays occidentaux victimes de l’agriculture
intensive. Car l’opposition qui y
règne entre champs cultivés et
forêts sauvages est une absurdité
destructrice, et une des solutions
11
tions
pour retrouver une biosphère équilibrée
serait de planter et cultiver des arbres,
partout, dans les endroits désertés
mais aussi des arbres fruitiers dans
les villes, dans les vastes étendues
agricoles où le sol cultivable n’est
plus qu’une mince couche de terre
épuisée et dopée d’engrais. Quitte à
remplacer les énormes machines par
de plus petites, qui passeront entre
les arbres ! Car la rentabilité est un
leurre, si la terre ne produit plus, et
que les sécheresses et les inondations
s’enchaînent...
AGNÈS FRESCHEL
Institut de Recherche et de Développement,
organisme de recherche français pour
le développement des pays du sud,
dont le siège est basé à Marseille
1
La rencontre, organisée par l’IRD,
a eu lieu le 7 juin au Village des
solutions dans le cadre de la MedCop
Ce que nous sommes
M
éditerranéens, il est évident à tous ceux
qui vivent ici qu’ils le sont. Et pourtant...
Lorsque le Président de notre République vient
ouvrir la MedCop on mesure que la coupure
historique qui a longtemps divisé notre pays,
n’est toujours pas assumée.
La souffrance des Méditerranéens n’est pas celle
de nos voisins, comme l’a déclaré François
Hollande en faisant une analogie avec le drame
Ukrainien. Elle est la nôtre, celle de tous ceux
qui vivent autour de cette mer qui nous relie
et trimballe aujourd’hui des milliers d’hommes
qui fuient la guerre et trouvent la mort.
Michel Vauzelle, président de la Région
Paca, l’affirme haut et fort, avec de nombreux ministres et Présidents de région de
l’arc latin : Nous sommes tous méditerranéens.
Les réfugiés arrivent aujourd’hui sur les plages
de Sicile, ils fuient la guerre et les exactions,
et notre Europe repliée ne sait les voir que
comme une charge. Nous, méditerranéens, européens, devons raviver notre sens de l’accueil,
de la fraternité, faire taire les xénophobes, et
obliger nos dirigeants à trouver une solution
politique à la tragédie migratoire que vivent
ceux de l’autre rive, et les Italiens. Combien
de milliers de morts faudra-t-il pour que nous
décillions les yeux ? Ces hommes valent-ils
moins que d’autres ?
Michel Vauzelle et ses cosignataires lanceront
la campagne à La Villa Méditerranée. La
pétition est déjà en ligne (voir ci-dessous). Le
20 juin dans le cadre de la Journée mondiale
des réfugiés l’Avitem, qui gère désormais la
Villa, organise des débats, un pique nique
solidaire, des performances, mix, slam, des
ateliers masques pour les enfants, en partenariat avec les 7 Centres de demandeurs d’Asile
de Marseille. L’occasion aussi d’inaugurer une
exposition de photographies Identités, qui
j’étais qui je suis qui je serai, consacrée aux
migrants et installée dans le porte-à-faux
de la Villa.
En bas, dans l’Agora, depuis le 13 juin jusqu’au
10 juillet, une exposition intitulée Des mots
pour Refuge présente un recueil d’histoires de
réfugiés Syriens en Jordanie et au Liban. Des
photographies de Francesco Santini, accompagnés d’entretiens menés par Federico Dessel
et Emilie Luciani (membres du collectif de
journalistes humanitaires Focus on Syria)
racontent les parcours et montrent la destruction et les conditions de vie actuelles de
ces populations déplacées. Des visites guidées
sont organisées par Médecins du Monde autour
des thématiques de l’abri, de la santé, de la
violence, des jeunes, de la situation économique, et du futur à reconstruire.
AGNÈS FRESCHEL
Au Programme
La Villa Méditerranée accueillera
également le FID du 30 juin au 6 juillet
(voir page 50), ainsi que, en partenariat
avec le Festival d’Aix (voir page 32),
un Hommage au festival de Baalbeck
le 8 juillet (18h, entrée libre) et les
Rencontres Médinea sur la création
musicale en Méditerranée, ouvertes au
public le 19 juillet (de 14h à 17h).
04 95 09 42 52
villa-mediterranee.org
Nous sommes tous méditerranéens
Migrants en Méditerranée : tous solidaires !
Agriculteurs à l’ombre
des forêts du monde
Agroforesteries vernaculaires
Geneviève Michon
Co édition IRD/Actes
Sud, 29 euros
Ces livres sont disponibles
à la vente sur le site de
l’IRD www.editions.ird.fr
Je demande que l’Union Européenne soit solidaire de Lampedusa, de la Sicile et de l’Italie
comme de la Grèce et de l’Espagne.
Des milliers d’enfants, de femmes et d hommes
meurent en Méditerranée, fuyant les guerres,
les persécutions et la misère.
Je demande que l’Union Européenne se prononce
dans l’urgence pour accueillir, selon le droit de
la mer et les droits de l’Homme, les migrants.
Je demande que l’Union Européenne décide
une politique de police claire pour démanteler
les réseaux mafieux des passeurs.
Je demande que l’Union Européenne ouvre
sans délai des négociations de coopération
avec les pays de transit et d’exil pour leur
développement économique et social.
La Méditerranée n’est pas un cimetière. Elle doit
être un symbole de solidarité, de fraternité et
de paix. Nous sommes tous méditerranéens.
La pétition est à signer sur
http://tousmediterraneens.com
12
En été, le MuCEM
reste ouvert (à tout)
E
n février dernier, un rapport de la Cour
des comptes accablait la gestion du
MuCEM. Outre le dépassement de budget pour
la construction du bâtiment et la sous-estimation des dépenses d’entretien, la Cour pointait
également la faiblesse des recettes propres du
musée. Une grande partie de la presse avait
relayé ces dysfonctionnements, sans prendre
le soin d’une analyse détaillée, et en oubliant
qu’un édifice culturel public ne se jauge pas à
sa rentabilité financière. Zibeline avait alors
relevé cette appréciation strictement économique du domaine culturel (Zib’ 82).
Village de marques
Quelques mois plus tard, les choix de programmation et d’activités du MuCEM pour
cet été sont étonnants. Est-ce là un effet
des recommandations souhaitées par l’instance comptable ? Ainsi, depuis le 5 juin et
jusqu’au 30 septembre, un «concept store»
s’est installé sur la Place d’Armes, en haut du
Fort Saint-Jean. Cette «boutique éphémère,
branchée, arty», telle que la définissent les
initiateurs du projet (le collectif Villa/Alliv
et la Maison Méditerranéenne des Métiers
de la Mode) accueille une trentaine de designers et stylistes, reconnus ou émergents,
qui proposent des créations diverses (t-shirts,
bijoux, lampes, mobilier...). Encourager de
jeunes créateurs et favoriser le commerce
de leur art est certainement nécessaire. Mais
le lieu est-il approprié ? Est-ce la mission
du MuCEM d’accueillir un village de marques
branchées ? Car dans le même temps, l’offre
culturelle est réduite : hormis les expositions
permanentes et temporaires, et les dernières
soirées spéciales en juin (voir encadrés), à
partir de juillet, les propositions deviendront
rares. Seules la projection, gratuite et en direct,
d’un concert du Festival d’Aix (le 12 juillet) et
deux soirées du Festival Jazz des 5 Continents
(les 16 et 17 juillet) seront au programme.
Sous le musée, la plage
Le MuCEM Plage, qui mêlera loisirs, animations et culture, s’installera entre le 25 juillet
et le 21 août sur l’Esplanade du J4, qui se
couvrira de sable et se transformera pour un
mois en annexe des Catalans ou de la Pointe
Rouge. Avant la construction du musée, les
abords du Fort Saint-Jean étaient occupés
par les pêcheurs, les minots en maillots et
les barbecues improvisés, et le MuCEM veut
renouer avec cette ambiance. Qui sans baignade
possible ressemblera plutôt à Paris Plage...
Conçu par le collectif Yes We Camp -qui avait
monté un camping éphémère à l’Estaque lors
de la capitale culturelle-, le MuCEM Plage
proposera une programmation populaire et
conviviale revendiquée. Entre séances de yoga,
farniente dans des hamacs, espaces de jeux pour
les enfants, ateliers, installations artistiques,
tournois sportifs, sardinades, visites nocturnes
du musée, soirées DJ, bals, ou spectacles,
chacun devrait y trouver son compte. Même
si le coût de l’opération est estimé à 350 000
euros, au moment où les budgets alloués aux
manifestations culturelles qui accompagnent
les expositions se réduit, dans une ville où l’on
sait ailleurs jouer à la pétanque et allumer
les barbecues...
JAN-CYRIL SALEMI
Des hommes et des Dieux
Du 24 juin au 16 novembre, le MuCEM
accueillera Migrations Divines, exposition
consacrée aux liens tissés entre les différents cultes polythéistes de l’Antiquité. Les
œuvres et objets présentés seront prêtés
par la Fondation Gandur pour l’Art et
par les Musées d’Art et d’Histoire de
Genève. Ces collections, d’une valeur historique exceptionnelle, témoignent du
croisement des croyances en Méditerranée
antique, entre l’Egypte, la Grèce et Rome.
À travers les âges, le commerce, les relations intellectuelles, mais aussi les guerres
ont contribué à mêler les représentations
sacrées des uns et des autres. Les traces
de ces échanges se révèlent par l’adoption
de Dieux venus d’ailleurs, ou de figures
divines métissées. Quelque deux cents
pièces, objets rituels ou images de culte,
datant du IIIe millénaire avant notre ère,
jusqu’au IIIe siècle après J.C, composeront
l’exposition. J.-C.S.
Tête de Vajrapani-Héracles © Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe André Longchamp
Cet été, le MuCEM propose
une programmation
éclectique et déroutante.
Un jeu d’équilibriste
entre culture, loisirs
et commerce. Avec
la rentabilité en guise
de balancier ?
Germaine Tillion à l’honneur
Le 27 mai, Germaine Tillion, ethnologue
et figure majeure de l’histoire du XXe siècle,
entrait au Panthéon, aux côtés de ses compagnons de Résistance, Pierre Brossolette,
Jean Zay et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Le 19 juin, à l’occasion du 40e
anniversaire de l’Ecole des Hautes Etudes
en Sciences Sociales (EHESS), la mémoire,
l’œuvre et l’héritage de Germaine Tillion
seront de nouveau à l’honneur. De 9h à 17h,
un colloque, ouvert au public, se tiendra
dans l’auditorium du MuCEM, qui porte son
nom. La rencontre, intitulée Les sciences
sociales au XXIe siècle. Dans le sillage de
Germaine Tillion, prendra pour axe de départ
ses recherches menées à l’Ecole Pratique des
Hautes Etudes (EPHE), ancêtre de l’EHESS.
Première femme nommée directrice d’étude
à l’EPHE, elle sera, entre 1956 et 1976,
une véritable ethnologue de terrain, en
particulier dans le contexte colonial, puis
indépendantiste, de l’Algérie. L’influence de
ses travaux sur les pratiques de recherche
actuelles, notamment dans l’aire culturelle
méditerranéenne, feront partie des thèmes
abordés lors de cette journée.
Le soir, dès 19h, toujours à l’auditorium,
aura lieu une rencontre-lecture. L’historien
Tzvetan Todorov contera Le siècle de Germaine Tillion, où il retracera les principales
étapes de sa vie. En écho, des extraits
d’œuvres de l’ethnologue, qui s’est éteinte
centenaire en 2008, seront lus par la comédienne Anouk Grinberg. J.-C.S.
Habiter autrement
D
epuis mars 2014 et la loi ALUR, l’habitat participatif dispose d’un cadre
juridique en France. D’aucuns diront qu’il
vaut mieux tard que jamais, toujours est-il
que cette reconnaissance permet désormais
à ceux qui le souhaitent de «mutualiser
leurs ressources pour concevoir, réaliser et
financer ensemble leur logement, au sein
d’un bâtiment collectif».
De nombreuses initiatives ont vu le jour
ces dernières années, s’inspirant souvent
de ce qui se fait en Allemagne ou dans les
pays du nord, plus avancés en la matière.
Les avantages de ce mode d’accession à la
propriété sont nombreux : économiques,
avec un coût d’acquisition et des charges
moindres (c’est ce qui avait séduit la ministre
du Logement Cécile Duflot), humains, par
la mise en pratique de valeurs communes
(solidarité, mixité sociale, mutualisation
des biens et des espaces...) et écologiques
(les habitants mettant souvent l’environnement au cœur de leurs priorités).
S’il n’a été reconnu que récemment, le
secteur s’est structuré au fil des ans, en
s’appuyant sur des coopératives et associations particulièrement dynamiques. Cette
année à Marseille, après Nantes, Strasbourg
et Grenoble, se tiendront les 4e Rencontres
Nationales de l’Habitat Participatif. Du 9
au 11 juillet, un millier de personnes sont
attendues au Palais du Pharo, à la Faculté
de Sciences Économiques (site Colbert)
et dans l’Hémicycle de la Région PACA
pour une série de tables rondes, ateliers
et projections.
Au programme, pour commencer, une journée «institutionnelle» : à l’invitation de
la Coordin’action Nationale des Associations de l’Habitat Participatif (CNAHP)
et de l’association marseillaise Regain, un
représentant du ministère fera le point sur
l’avancée des décrets d’application relatifs
à la loi. S’ensuivront trois tables rondes,
portant sur les partenariats possibles avec le
logement social, l’actualité de la recherche,
et l’accompagnement des projets par les
collectivités. Le lendemain et le surlendemain verront la mise en place d’un Forum
ouvert, sans ordre du jour préalable, sur
la question «Comment développer l’Habitat
Participatif et le rendre accessible au plus
grand nombre ?» Ainsi que la possibilité de
participer à un très grand nombre d’ateliers
aux thèmes variés, allant de «comment se
passer des banques ?» à l’implication des
jeunes et des personnes âgées, en passant
par les aspects architecturaux et énergétiques, les projets ruraux et... la gestion des
conflits entre habitants, à ne pas négliger !
GAËLLE CLOAREC
Rencontres Nationales de
l’Habitat Participatif
du 9 au 11 juillet
Divers lieux, Marseille
04 91 00 32 91
http://habitatparticipatif-paca.net
14
Soyons l’Autre
47 spectacles
parcourent la 69e
édition du Festival
d’Avignon. Une
aventure unique
à la rencontre de
l’Autre (et de soi)
dialogues autour de la «cité idéale».
Puis le polonais Krystian Lupa,
mettra à l’œuvre une troupe survoltée à la FabricA dans Des arbres
à abattre de Thomas Bernhard ; la
«chorégraphe des phénomènes»
Emmanuelle Vo-Dinh donnera
Tombouctou Déjà-vu et Jonathan
Châtel créera Andreas d’après
Strindberg. Trois spectacles Jeune
Public se relaieront dans la Chapelle
des Pénitents Blancs dédiée. Riquet
de Laurent Brethome ouvrira le
ban ; suivront les projets de Benjamin Verdonck qui chorégraphie
avec génie des morceaux de carton,
et du duo Stereoptik qui crée en
dessin et en musique Dark Circus
d’après Pef.
«J
e suis l’Autre, c’est ça que
devrait être la culture !». Olivier Py pourrait également résumer ainsi le Festival d’Avignon, lui
qui rallie spontanément dans son
édito le mouvement de solidarité de
l’après-Charlie à celle de l’aventure
du In, en réunissant durant «trois
semaines de grand et beau bruit»
le public et les 700 personnes travaillant l’été au Festival. «Le plus
beau public de France», renchérissait
Emmanuel Ethis, président de l’Université d’Avignon et sociologue de
la culture, lors de la conférence du
19 mai donnée sur les bancs d’un
amphi bondé -et d’une moyenne
d’âge à l’évidence supérieure à l’habitude-, insistant sur sa singularité
et sa responsabilité de transmettre
et pérenniser le Festival de Vilar.
«Le théâtre, c’est
le risque du vide»
Des aventures fortes, dès l’ouverture de cette 69e édition, le public
est invité à en vivre. Olivier Py
crée, adapte et traduit Le Roi Lear
à la Cour d’honneur, «une des plus
grandes pièces de l’humanité», rappelant que la grandeur du lieu crée
une rapidité et une énergie qu’il
faut utiliser : «Avec la Cour on doit
lutter avec l’impossible. L’idée, c’est
qu’elle soit une machine à détruire le
théâtre bourgeois. Tout est beaucoup
plus grand, il faut donc un poème
plus grand que nous». Ce poème de
Shakespeare, qui lui a demandé sept
Retours et nouveautés
Richard III © Paolo Pellegrin
mois de travail, est celui qui raconte le mieux, selon
lui, le XXe siècle et la fonction du langage : «C’est une
pièce sur le trou ! La question est comment et pourquoi
on tombe dans le trou… Le théâtre, c’est le risque du
vide». Philippe Girard interprètera le rôle-titre («Shakespeare l’a écrit pour lui»), Jean-Damien Barbin le fou
et Amira Casar l’une des trois sœurs… Le directeur
du In reprendra également Hacia la alegria, créée à
Madrid dans le cadre du projet Villes en Scène, avec
Pedro Casablanc dans une scénographie signée à
nouveau par Pierre-André Weitz.
Le 4, s’ouvrira aussi La République de Platon d’Alain
Badiou, un feuilleton philosophique quotidien (à 12h
en entrée libre dans les Jardins Ceccano) mis en jeu
par Valérie Dréville, Didier Galas, Grégoire Ingold
avec l’ERAC et des «citoyens rencontrés» (Avignonnais, artistes, politiques) qui s’empareront de ces
Il y aura des retours (qu’on espère)
gagnants, «il est important que ces
artistes n’oublient pas Avignon et
qu’Avignon ne les oublie pas !», dont
celui d’Angelin Preljocaj qui crée
à la Cour avec 14 danseurs le très
attendu et bien nommé Retour à
Berratham de Laurent Mauvignier,
dans une scénographie d’Adel
Abdessemed ; Valère Novarina
prépare pour le Cloître des Carmes
Le Vivier des noms ; et Thomas
Ostermeier reprend Richard III,
dans une reconstitution du Globe
adaptée pour l’Opéra Théâtre.
Shakespeare décidément sera le
liant de cette édition, puisque Tiago
Rodrigues présentera Antoine et
Cléopatre, dans une version intime et des rôles inversés. Et en portugais surtitré.
Côté «découvertes», 40 artistes ne sont jamais venus
au Festival. Retenons Philippe Berling qui met en
scène le monologue Meursaults d’après la contre-enquête de Kamel Daoud, Benjamin Porée dans une
cinématographique Trilogie du revoir, le Russe Kirill
Serebrennikov joue Les Idiots d’après Lars von Trier,
Samuel Achache une Fugue musico-théâtrale. Après
le succès de l’Othello itinérant de Nathalie Garraud
l’an passé (qui revient avec Soudain la Nuit au Lycée
Mistral), le nomadisme sera très ubuesque avec Olivier-Martin Salvan qui adapte Jarry hors-les-murs,
dans les lieux non théâtraux. «Les trompettes d’Avignon
transportées sur un ghetto blaster, toute une symbolique», s’amuse Olivier Py, inventeur de la formule de
la «décentralisation des 3 km».
Et puis notons encore, dans la suite du soutien notable apporté
aux artistes de la région, l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée, mais aussi les Estoniens du Teater N099 dans
N051 qui pourront créer la surprise en (re)fabriquant leurs
photos de vacances, les duos toujours passionnants formés
aux Sujets à Vifs, des propositions musicales au musée Calvet
avec le groupe Feu ! Chatterton et Eric Reinhardt ou avec
la chanteuse tunisienne Dorsaf Hamdani. Puis nombre de
pièces dansées remarquables avec Hofesh Shechter, Gaëlle
Bourges (voir www.journalzibeline.fr), Fabrice Lambert,
Eszter Salamon, Fatou Cissé ; et les guests d’un seul soir
(chacune) : Isabelle Huppert et Fanny Ardant.
Ni catalogue ni supermarché
Découverte et émergence font partie de la mission du In, mais
également une ouverture à l’international et en particulier cette
année aux pays du Sud avec, entre autres, les Egyptiens de
Last Supper (voir www.journalzibeline.fr) ou le dramaturge
grec Dimitris Dimitriadis, dans Homériade avec l’ORAP
et Robin Renucci. «Je me battrai pour que le Festival ne soit
pas considéré comme un gros catalogue» martèle Olivier Py
qui défend bec et ongles l’idée de rencontres et de débats
indissociable du Festival, et non celle «d’un supermarché de
la lecture et d’une liste de spectacles». Ainsi aux Ateliers de
la Pensée (qui avaient accueilli plus de 20 000 personnes en
2014 sur le Site Pasteur), aura lieu un festival de rendez-vous
tournés vers la pensée politique. Autre lieu en entrée libre
à découvrir et apprécier, La Nef des images à l’église des
Célestins retracera la mémoire du festival avec ses archives
compilées par l’INA diffusées quotidiennement, et une brillante
exposition de Guillaume Bresson, qui signe l’affiche et sera
visible dans l’exposition-évènement Patrice Chéreau, un musée
imaginaire, à la Collection Lambert agrandie.
Confronté cette année, comme toutes les structures avignonnaises, à une réduction budgétaire municipale, et «handicapé»
par le remboursement de 10 000 billets suite aux mouvements
sociaux des intermittents et aux intempéries 2014, le Festival
a réduit la voilure de deux jours. Mais reste sans aucun doute
une folle aventure qui nous rend Autre…
DELPHINE MICHELANGELI
Festival d’Avignon
du 4 au 25 juillet
04 90 14 14 14
www.festival-avignon.com
16
Le Off, c’est extra !?
de dépenses cumulées), avec 110
millions d’euros de recettes contractualisées avec les programmateurs.
De quoi soutenir pour Greg Germain
que «les compagnies ne repartent
pas exsangues et ne mettent pas des
années à s’en remettre». Une affirmation à prendre avec parcimonie,
la plupart des compagnies sachant
pertinemment qu’elles risquent de
perdre de l’argent, suivant le type
de contrat, le prix de location de la
salle (5500 euros en moyenne) et
son taux de remplissage, surtout
si elles ne créent pas le buzz dès
les premiers jours. Un retour sur
investissement qu’elles rattraperont
sur les tournées… des saisons suivantes. Un an d’attente, voire deux,
pour être diffusé, c’est forcément
périlleux. Mais le risque d’Avignon
reste paradoxalement incontournable, 3000 programmateurs y
font «leur marché» chaque année.
© Delphine Michelangeli
1 pièce en 1966, 1336 en
2015 ! Le Off fête ses 50 ans
et continue de grandir…
«I
l y a 50 ans, André Benedetto donnait au théâtre
des Carmes la première représentation de la
pièce Statues. Un geste libre et fragile effectué par
un homme qui ne savait pas encore ce qu’il inventait»
s’émouvait le 27 mai Greg Germain, président jusqu’à
l’automne d’Avignon Festival & Compagnies, l’association qui coordonne le Off depuis 10 ans. 50 ans
plus tard, ce geste d’opposition au Festival officiel a
ainsi accouché du «plus grand théâtre du monde» :
un exponentiel festival autofinancé en 2015 par 1071
compagnies (dont 228 de PACA) et 127 lieux (dont 116
théâtres) avec 1336 spectacles disséminés pendant
trois semaines dans la ville-théâtre. Si l’abondance
actuelle, voire l’overdose, donne le tournis, derrière le
«folklore» affiché et sous les 130 tonnes de papiers,
quelques pépites spectaculaires dominent, heureusement pas uniquement en Off.
Un demi-siècle de spectacles
La Maison Jean Vilar (et son antenne de la BNF)
conserve la mémoire du Festival, In et Off, et fêtera
cet anniversaire avec l’Université (où s’ouvrira à la
rentrée un nouveau master Théâtre et Patrimoine) :
exposition, quizz, campagne d’identification des compagnies, tables rondes, concours d’affiches. Du côté
d’AF&C, outre le catalogue tiré à 120 000 exemplaires,
la carte d’adhérent de 16 euros (pour un prix moyen de
spectacle à 12 euros), une billetterie en ligne Ticket’Off,
des timbres collector, le traditionnel Village du Off,
une nouvelle charte tentera de rapprocher le Off d’un
festival éco-responsable avec une «écolo parade» le
19 juillet.
L’engagement de la Ville se veut plus présent : l’adjointe à la culture Catherine Bugeon, désormais au
conseil d’administration d’AF&C, a annoncé la signature d’une convention d’objectifs «pour commencer
à écrire une histoire commune» dont le slogan est Le
Off, c’est extra, et a réaffirmé la volonté que le «Off
concerne aussi les 90 000 Avignonnais», notamment
ceux de l’extra-muros, en impliquant associations
de quartiers et centres sociaux. Cultures du Cœur
fera également le lien entre l’offre et la demande de
1000 emplois saisonniers réservés aux jeunes des
quartiers. Hors remparts toujours, le parc du Château de Saint-Chamand sera ouvert au Footsbarn
Travelling Théâtre.
Un investissement incontournable ?
S’il est à regretter qu’en moyenne seuls 20% des sondés
répondent aux enquêtes annuelles d’AF&C, quelques
chiffres ressortent. En 2014, le budget moyen par
compagnie, dont 20% d’entre elles reviendraient plus
de 3 fois en 5 ans, a été de 25 000 euros (34 millions
Lieux permanents
et théâtres d’été
Entre la parade d’ouverture du 3
juillet et le bal de clôture du 25
juillet, comment choisir parmi les
1336 propositions ? L’auteur, la compagnie, les comédiens, le metteur
en scène, le genre, l’horaire, le goût
du risque et la curiosité... Se fier
aux lieux d’accueil s’avère aussi
indispensable. On fait confiance,
par exemple, au Théâtre des
Doms, la vitrine Sud de la création
belge, où le programme est toujours
excitant : les 9 spectacles 2015
ne dérogeront pas à la règle. En
face, Les Hauts Plateaux affinent
d’année en année leur sélection,
l’Ajmi impose ses musicales Têtes
de jazz, le cinéma Utopia prépare
une série de rencontres et de films
passionnants et, toujours à la Manutention, l’installation Truth Box de
Meriam Bousselmi, programmée
par le TAMAM, sera immersive.
En plus de leur création maison,
les Scènes d’Avignon accueillent
des programmes soignés avec de
nombreuses compagnies aidées
par la Région PACA. Parmi les
têtes d’affiche au Chêne Noir,
dont Mesguich, Philipe, Auteuil,
Barrault, Alévêque... le Collectif 8
adapte Alice de Carroll, et Gérard Gelas crée Un cadeau hors du
temps de Luciano Nattino avec Jacques Frantz et Claire Borotra. Au théâtre des Halles, Alain Timar reprend Ô vous frères
humains et Pédagogies de l’échec, et Agnès Régolo Le Mariage de
Figaro avec sa virevoltante troupe. Il faudra compter aussi sur José
Pliya, Laurent Fréchuret, Rémi De Vos, Carole Fréchette… Au
Balcon, la Cie la Souricière joue Femme non rééducable, Grégori
Bacquet Un obus dans le cœur, et Serge Barbuscia présente
Marche dans la cour du Musée Angladon. Le Chien qui Fume
accueille 7 spectacles, dont celui de Gérard Vantaggioli, Et mon
mal est délicieux, et 8 autres au Petit Chien. Aux Carmes, Le Bleu
d’Armand reprend sa Chienne de Vie, Jean-François Matignon
La Peau Dure et La Ronde de nuit, Philippe Caubère La danse
du diable et Bac 68, et Seb Lanz L’enseignement de l’ignorance.
Chez Golovine, de la danse à profusion et dans tous les styles
avec les Cie Par-Allèles, Pyramid, Difé Kako… D’autres lieux
accueillent des pièces pertinentes : le Girasole, le Théâtre de
l’Oulle, le Grenier à Sel, la Tache d’encre (Manuel Pratt), les
Barriques (Partisans signé de notre collaborateur Régis Vlachos,
qui jouera par ailleurs Dieu est mort au Vieux Balancier). Et parmi
ceux ouverts exclusivement l’été, retenons La Manufacture (Fuck
America de Haïm Menahem, Braises d’Artefact), La Parenthèse
(Franck Micheletti, Jonah Bokaer, Mickaël Phelippeau), Les
Lucioles (Antigona de La Naïve) et le Théâtre Arto (Mademoiselle Espérance des Carboni).
Pour finir, extra-muros, L’entrepôt reçoit le Théâtre Alibi, le
collectif niçois Mains d’œuvre et sur un temps plus court, des
formes innovantes (Charles-Eric Petit, Clara Le Picard, Mathieu
Ma Fille Foundation, Les Comptométrices, Mises en Scène).
Le Théâtre du Maquis, Ma Compagnie et le Kronope jouent à
la Fabrik’Théâtre ; Eclats de Scènes et Christian Mazzuchini
à La Rotonde dans Bidoch’Market ; et sur l’Île Piot, la Région
Midi Pyrénées fait son incontournable cirque.
Pour le reste, ouvrez grand vos oreilles…
DELPHINE MICHELANGELI
Festival Off, Avignon
du 4 au 26 juillet
www.avignonleoff.com
Avant-Propos
Pendant le festival Off, le 13 juillet, suivez la rencontre autour de
la création contemporaine francophone organisée par la Région
et le Théâtre des Doms avec un focus sur deux compagnies
de la Fédération Wallonie-Bruxelles et deux de la Région PACA
(Elise Vigneron du Théâtre de l’Entrouvert et la circassienne
Caroline Obin). Agnès Freschel et Emile Lansman animeront
cette rencontre radiophonique, diffusée sur la WebRadioZibeline.
le 13 juillet de 10h à 12h30
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99
www.lesdoms.be
18
15 compagnies
pour (tous) les enfants
Le monde sous les flaques © Lee Davison Photography
P
endant le festival Off, s’il y a un lieu extra muros,
à 200 m de l’étuve avignonnaise, où il fait bon
découvrir des spectacles en famille, c’est à la Maison du théâtre pour enfants qui se transforme
pour la 33e année et pendant 17 jours en espace
privilégié entièrement dédié au jeune public. Organisé
par l’association Eveil Artistique qui sensibilise
toute l’année les enfants à l’art et à la culture, ce
«festival dans le festival» est incontournable par la
qualité de sa programmation et son accueil adapté.
15 compagnies seront présentes, dès 9h45, avec
des pièces visibles à partir de 1 an, un parcours
interactif de marionnettes préhistoriques (succès
garanti !), un stage théâtre (20 au 24 juil), des apéros-sirops à la sortie des spectacles, et une fête
d’ouverture (6 juil à 15h) gratuite et ouverte à tous.
Parmi les curiosités : Le monde sous les flaques de
la Cie l’Artifice, un spectacle 50/50 (30 mn de jeu,
30 mn d’échange) pour cultiver son jardin imaginaire ; Dzaaa !, une épopée intérieure pour enfants
rêveurs ; Carta Memoria de la Cie Clandestine spécialiste de l’origami ; L’ours qui avait une épée, une
création sur l’environnement en théâtre d’objets.
Et encore : du théâtre avec Le sable dans les yeux
adapté par la Cie Les Passeurs ; du conte avec En
fer et en os de Rachid Bouali ; une pièce poétique
sur l’acte de grandir dans Lapin ; des marionnettes
magiques dans Toi du monde ou venues de Barcelone
dans Adieu Bienvenida ; du théâtre de papier avec
Marcellin Caillou d’après Sempé ; et pour les plus
grands, de la danse sur le thème de l’adolescence
avec Punky Marie du Groupe Noces.
e l’autre côté du Rhône, à
une dizaine de kilomètres
seulement des festivals In et
Off d’Avignon, direction Villeneuve-lez-Avignon ; on garde
le soleil et les cigales et on passe,
du Vaucluse au Gard, de la région
Paca au Languedoc-Roussillon
pour deux autres évènements
juillettistes qui tiennent tête à la
ville-théâtre. L’un d’entre eux, Les
Rencontres d’été, accueille à
La Chartreuse une douzaine de
spectacles privilégiant les textes
contemporains, dont certains des
auteurs ont été accueillis durant
l’année en résidence au Centre
des écritures du spectacle. Ainsi,
on découvrira avec curiosité celui
de Pauline Ribat sur la violence
S
italiennes Francesca Garolla
et Lucia Calamaro. La Winter
Family et Pierre Meunier seront
quant à eux accueillis en partenariat avec le In. Pour finir, Uniforme,
exposition responsable… promet
de ses cartels inspirés une prise de
conscience originale sur la liberté
d’expression.
DELPHINE MICHELANGELI
DE.M.
DE.M.
Festival Théâtr’enfants et tout public
du 7 au 25 juillet (relâches 12 et 19)
Maison du théâtre pour enfants, Avignon
04 90 85 59 55
www.festivaltheatrenfants.com
faite aux femmes, Depuis l’aube
(ode au clitoris), ou Ogres de Yann
Verbugh sur l’homophobie. Dorothée Munyaneza racontera le
génocide rwandais dans Samedi
détente, d’autres chorégraphes
tisseront des liens avec la littérature : Olivia Grandville ou
Thierry Thieû Niang créeront
respectivement sur des textes
d’Aurore Jacob et Patrick
Autréaux. A noter nombre de
créatrices pour cette 42 édition :
le parcours de Véronique Bellegarde autour des Mensonges,
l’installation immersive numérique
de Carole Thibaut, les Lumières
d’Odessa de Macha Makeïeff, les
musiciennes Laurence Monti et
Myriam Lafargue, les auteures
Ubu © Olivier Martin Salvan
ur l’île de la Barthelasse, le Festival Contre Courant continue
de croire au rôle social de l’artiste
et à l’émancipation du public par la
culture. Programmée par la CCAS,
la Caisse des Activités Sociales des
électriciens et gaziers, la manifestation pluridisciplinaire accueille
en accès gratuit pour tous (sauf
spectacles de 22h à 5 euros) une
trentaine de propositions contemporaines, dont un focus pour cette
14e édition sur la place de la femme
(avec l’Aboyeuse de chez Hermès,
Lilith par Julie Recoing, La Fabrique
d’héroïnes par Joëlle Cattino), et un
partenariat renouvelé avec le Festival d’Avignon qui programme Ubu
(14 juil), By Heart par Tiago Rodrigues (le 16) et accueille un stand
des Activités sociales aux Ateliers
de la Pensée sur le site Pasteur de
l’Université d’Avignon. À noter, My
way de Michel Kelemenis (le 10),
une lecture de Pas pleurer de Lydie
Salvayre par Anne Alvaro et Nicolas Pignon et la pièce Aimer si fort
de Guy Alloucherie (13 juil), mais
aussi l’Agora Theater, la Comédie de St Etienne, le Théâtre de
l’Argument, la Cie TGV, le chanteur Valérian Renault en solo…
Marier populaire et exigence, c’est
possible.
La Chartreuse
rencontre les créatrices
D
Culture
pour tous
Les Rencontres d’été
du 4 au 24 juillet
La Chartreuse, Villeneuvelez-Avignon
04 90 15 24 45
www.chartreuse.org
Festival Contre Courant
du 10 au 19 juillet
La Barthelasse, Avignon
Réservations obligatoires
06 80 37 01 77
www.ccas-contre-courant.org
Restructuration
L
e festival Villeneuve en Scène a changé de direction cet
hiver, dans des conditions de nomination et de passation
compliquées. Entretien avec Brice Albernhe, aujourd’hui à la
tête de ce rendez-vous des théâtres en itinérance.
Zibeline : Quel est votre projet pour ce festival que vous souhaitez
inscrire dans la continuité ?
Brice Albernhe : Mon job c’est de porter un projet de développement culturel et de soutien aux compagnies. Je ne suis qu’un
passeur entre artistes et public. Ce festival doit être un endroit
utile aux compagnies, et à leur diffusion. Je revendique totalement
la continuité, la rupture est dans la restructuration avec l’idée
d’amoindrir le risque pour les compagnies accueillies.
D’où l’idée de resserrer cette édition dans la durée et le nombre
de spectacles ?
C’est en effet voulu et non subi ! Ce festival est un des rares, voire
le seul avec le In, à toucher de l’argent public pour son fonctionnement. Ça nous impose une responsabilité. Celle de limiter le
risque artistique et financier pour les compagnies qui jouent à
la recette, en les accueillant toutes de la même manière et en
prenant tout en charge, sauf le coût plateau. À terme, le projet
est de mettre en place un minimum garanti.
Comment envisagez-vous d’y arriver ?
En intégrant le festival dès le début de leurs productions, en
m’appuyant sur les réseaux. L’idée c’est aussi d’homogénéiser la
programmation, d’avoir des compagnies qui ont un rayonnement
artistique de même niveau et des ressorts publics identiques.
Que retrouvera le public habitué et que découvrira le néophyte ?
La notion même de l’itinérance ! Celle d’une écriture qui va vers
le public avec des projets hors les murs, comme Tupp’ ou la coupeuse de feu ou les deux pièces du chorégraphe Denis Plassard.
On ouvre aux arts de la rue avec Opéra Pagaï ou la Cie Retouramont, au cirque avec Nikolaus, à la musique avec Danbé. Un
rapport au corps important parcourt l’édition, mais on reste dans
la dimension festive, ludique et foraine.
Propos recueillis par DELPHINE MICHELANGELI
Festival Villeneuve en Scène
du 10 au 23 juillet
Villeneuve-lez-Avignon
04 32 75 15 95
www.festivalvilleneuveenscene.com
20
Châteauvallon d’été
L
Titanic © Agnès Mellon
a saison du CNCDC Châteauvallon se poursuit chaque année jusqu’à la fin du mois
de juillet, avec une programmation qui fait la
part belle à la danse et dont la majorité des
spectacles se dérouleront dans l’amphithéâtre
de plein air.
Le 26 juin, le danseur et chorégraphe Franck
Micheletti, avec sa compagnie Kubilai Khan
Investigations, relie Toulon et Bandung, en
Indonésie, avec Your Ghost is not enough : écrite
comme un poème, la pièce réunit Idio Chichava,
danseur Mozambicain, et Sara Tan, danseuse
originaire de Singapour, portée par la musique
live de Benoît Bottex et Franck Micheletti. De
la danse toujours avec le Alonzo King Lines
Ballet les 26 et 27 juin ; le chorégraphe américain présente 3 de ses chorégraphies : Men’s
quintet, Writing Ground, inspirée des poèmes
de Colum McCann, et le Concerto pour deux
violons porté par la magnifique partition de
Jean-Sébastien Bach. Le Ballet National de
Marseille viendra danser Titanic (les 17 et 18
juillet). Frédéric Flamand reprend le ballet qu’il
a créé en 1992, fascinant hommage à l’une des
figures mythiques de la révolution industrielle.
Plus tôt dans le mois, la compagnie de cirque
québécoise Les 7 doigts de la main revient
à Châteauvallon avec Cuisine & confessions,
spectacle dans lequel le toucher, l’odorat et le
goût s’allient aux acrobaties virtuoses pour faire
ressurgir nos souvenirs d’enfance (du 18 au 20
juin) ; Les Tambours de Tokyo, en collaboration avec le festival de musique de Toulon et sa
Région, feront résonner leurs Taïkos, tambours
aux sonorités profondes (le 23 juin) ; Pascal
Rambert reprend Avignon à vie, pièce créée en
2013, véritable déclaration d’amour à cette ville
et son festival autant qu’un inventaire de souvenirs personnels ou collectifs liés à la mythologie
du lieu et de l’événement (le 4 juillet). Enfin, les
Nuits Flamencas reviennent pour la 9e année,
sous la direction artistique de Juan Carmona :
2 soirées, les 24 et 25 juillet, résolument placées sous le signe de la fête avec une Fiesta
flamenca qui mêle aux rythmes flamencos les
bulérias déjantées de Diego Carrasco, les
rumbas catalanes de Manolo & les Gyptis et
les nouvelles étoiles de la danse flamenca, le
Ballet Flamenco de Andalucia, prestigieux
ambassadeurs de l’art flamenco dans le monde,
et Una Noche en casa patas, lieu mythique situé
au cœur de Madrid qui sortira de ses murs pour
la première fois !
Do.M.
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Nuits vauclusiennes
D
ans le Vaucluse, il n’y a pas que le Festival d’Avignon. Il y a aussi le Festival des
Nuits de l’Enclave, qui en est aujourd’hui à sa
50e édition, à Valréas, Grillon, Richerenches
et Visan. La programmation théâtrale y est
riche et prometteuse : Gilbert Barba, directeur
artistique du Festival, transpose Dom Juan de
Molière au XXe siècle ; la Cie Mise en scène
Bon Appétit, Cie Mises en Scène, juillet 2012 © Delphine Michelangeli
propose Bon Appétit ; dans Instants cueillis au
fil des nuits, la Cie La Pierre Blanche parcourt
l’histoire de ce festival et de ceux qui l’ont vécu ;
le jeune public est aussi convié avec Mot Mot
de la Cie Éclats de scènes ; les Tréteaux de
France nous proposent le célèbre récit Le faiseur
d’Honoré de Balzac mis sous forme théâtrale
par Robin Renucci ; la Cie Eclats de Scènes
joue Bidoch’Market de Michel Bellier ; la Cie
Triple AAA crée La Très lamentable comédie
adaptée du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ; la Cie Studio Monstre donne sa vision
du célèbre roman Les Misérables de Victor Hugo ;
la Cie Théâtre du Rond Point met en scène
une usine de cartonnage de Valréas pendant
la seconde guerre mondiale ; en clôture, la Cie
Les Nouveaux Nez propose un duel au féminin,
qui fait voler en éclat rires et notes de musique.
ALICE LAY
Les Nuits de l’Enclave
du 8 au 26 juillet
Valréas, Grillon, Richerenches, Visan
04 90 28 12 51
www.nuits-enclave.com
Théâtre à la Cour
e festival de théâtre salonnais Théâtre Côté Cour reprend
du service pour une 26e édition, dans la Cour Renaissance
du Château de l’Emperi.
Le programme commencera avec Angèle, grand classique du
cinéma de Marcel Pagnol d’après le roman Un de Beaumugnes
de Jean Giono. L’œuvre est ici adaptée pour le théâtre par Louis
Feyrabend et mis scène par Yves Pignot qui lui donne une
dimension intemporelle (le 4 juillet). Le Festival se poursuivra
avec Les fourberies de Scapin de Molière par la Cie Le Grenier
de Babouchka, dans une mise en scène inventive de Jean-Philippe Daguerre (le 6). Troisième et dernière pièce (le 8) avec Ce
soir, j’attends Madeleine : un spectacle musical écrit d’après les
célèbres chansons de Jacques Brel dans une mise en scène de
Violette Mauffet avec Crystel Galli à l’accordéon, Jimmy Tillier
au piano et Guillaume Nocture au chant. Un jeune serveur de
café attend Madeleine avec qui il a rendez-vous. Pour faire passer
le temps, il nous raconte la vie de «ces gens-là», de son quotidien…
ALICE LAY
Festival Théâtre Côté Cour
les 4, 6 et 8 juillet
Château de l’Emperi, Salon-de-Provence
04 90 56 00 82
www.theatre-cote-cour.fr
Populaire ou populiste ?
our la troisième année Jacques Weber propose de passer la soirée
P
À la belle étoile au Théâtre Silvain, avec une programmation
susceptible de remplir le lieu magnifique : Francis Huster dans
Le Joueur d’échec d’Eric Emmanuel Schmidt (d’après Stephan
Zweig) le 3 juillet, Charles Berling et Bruno Solo dans Inconnu
à cette adresse le 2 juillet, Birkin, Piccoli et Hervé Pierre qui
disent Gainsbourg, poète majeur pour ouvrir le festival le 1er juillet.
La programmation s’appuie certes sur des textes, mais aussi sur
des productions privées. Après Les Brigandes du Château d’If (voir
p 46) et les soirées de la Cité de la musique qui ont réussi à drainer un public populaire, après les Chevaliers du Fiel et Roland
Magdane nettement plus lourdingues, les trois soirées À la belle
étoile gagneront-elles le pari, à 27 euros minimum la place dans
un gradin de pierre au confort d’écoute aléatoire, de contenter
un public venu retrouver leurs stars anciennes ? On attendra sans
doute Lisa Simone (le 17 juillet) en évitant soigneusement Patrick
Fiori puis Julien Doré, pour retourner au Silvain... A.F.
À la belle étoile
du 1er au 3 juillet
Théâtre Silvain, Marseille
www.festivalalabelleetoile.fr
Les Fourberies de Scapin © F. Rappeneau
L
22
Au programme
du Marseille
L
e Festival de Marseille a commencé avec la Parade de Willi
Dorner et va se poursuivre jusqu’au
17 juillet en enchaînant les soirées
exceptionnelles.
Les 17 et 18 juin, au Silo, c’est
le Ballet de l’Opéra de Lyon
qui ouvrira la danse, avec une
Sarabande de Benjamin Millepied, et deux pièces de Forsythe :
des programmes qu’on peut qualifier de néoclassiques, tendance
américaine, c’est-à-dire mâtinés
d’un peu de Cunningham et d’un
soupçon de jazz...
Les 20 et 21 juin, au Klap, la
Cancoco Danse company va
«bousculer toutes nos idées préconçues : le handicap ne constitue
pas un empêchement au mouvement». C’est ce qu’affirme Apolline
Quintrand après avoir vu Playing
another, un spectacle composé
de deux pièces d’Hetain Patel et
Thomas Hauert, conçues pour
ces danseurs professionnels handicapés ou valides. Dans l’écriture
de la danse, la contrainte seraitelle aussi libératrice, inspiratrice ?
Source d’émotion, sans nul doute.
La seule proposition théâtrale sera
la reprise de Mission, spectacle
choc de KVS, retraçant l’itinéraire,
les interrogations religieuses, la
confrontation à la misère, au postcolonialisme et à la guerre d’un prêtre
missionnaire au Congo. Par l’intense comédien Bruno Van den
Broecke, les 23 et 24 juin à la
Friche.
Retour à la danse, insurrectionnelle,
essoufflante et noire, enthousiasmante, de Hofesh Shechter. Le
chorégraphe israélien sera pour la
première fois à Marseille, avec son
ballet junior. Mais deGeneration
n’est pas un plan B ! Shechter parie
sur la jeunesse en convaincu, et sa
danse est l’une des plus frappantes
qu’on ait vues sur les scènes ces
dernières années... (les 25 et 26
juin à la Criée).
Josette-Baiz-Compagnie Grenade-Quatuor-Bela, Spectres © Cécile Martini
Sur la place d’armes du MuCEM, Michel Kelemenis
reprend sa jolie petite pièce, Zef !, pour de jeunes
interprètes qui se soulèvent et s’apaisent comme des
rafales de vent, l’un vers l’autre (le 26 juin) voir Zib 79.
Un concert ciné à l’Alhambra permettra d’entendre la
nouvelle star du fado Gisela Joã puis de voir La cage
dorée de Rubens Alves le 28 juin, avant de retrouver au BNM Anne Teresa de Keersmaeker qui fait
danser un couple sur La nuit transfigurée de Schönberg (les 2 et 3 juillet) et reprend sa pièce mythique
Fase, le 4 juillet, au Silo. La veille Josette Baïz créera
Spectres avec le quatuor Béla à la Minoterie avant
de reprendre Guests, le 12 juillet, à la Criée (voir
Zib’80 ). Entretemps on aura vu Rocio Molina les 4
et 5 juillet, un Sacre du printemps de Daniel Linehan
au BNM les 6 et 7 juillet, Nomada (flamenco) de la Cie
Manuel Linan au Silvain le 8 juillet et surtout deux
spectacles très différents de Wim Vandekeybus :
à la Criée la reprise de sa première pièce, sauvage,
déchirée, What the Body does not remember, crée en
1987 (le 9 juillet) au Silo sa dernière création, moins
turbulente, plus sensuelle Speak low if you speak love
(le 11 juillet).
Pour finir le Ballet du Capitole viendra Valser sous
la direction de Catherine Berbessou (le 16 juillet
au Silo) avant qu’on ne conclue tout cela avec un
Bal Tango concocté par MOD, sous l’Ombrière, le 17
juillet, pour danser dès 19h...
AGNÈS FRESCHEL
Festival de Marseille
jusqu’au 17 juillet
04 91 99 02 50
festivaldemarseille.com
Presque rien
Au Klap, la compagnie Ex Nihilo propose de venir
découvrir les premiers pas de sa création 2016, sur
la ville bien sûr, ses extensions et son emprise, et
les lieux où la résistance se joue, «petits endroits de
dignité» à attiser... A.F.
Découverte dansée
KLAP, Marseille
1er juillet
04 96 11 11 20
www.kelemenis.fr
24
La danse en 7 temps
Wei-Chia Su © Chang-Chie Chen
A
u Centre de Développement Chorégraphique Les Hivernales d’Avignon, l’équipe
d’Emmanuel Serafini joue le jeu du festival Off
en déclinant une palette de pièces chorégraphiques de haute volée dans l’évènement L’été
danse au CDC #4. Sept temps forts se tenant
de 10h à 21h45 du 10 au 20 juillet, qu’on peut
tout à fait dérouler à la suite en cas d’appétence
absolue, avec deux compagnies de la région
Paca et d’autres invités accueillis dans le cadre
de partenariat régionaux et internationaux. Par
l’entremise du théâtre des Doms, la Belgique
démarrera ainsi chaque jour avec Cortex : de la
danse théâtre de la compagnie 3637 accessible
au jeune public (présentée en février au Festival
Les Hivernales 2015) qui place l’enfance au cœur
du mouvement et en livre délicatement tous
ses souvenirs et espoirs. Balkis Moutashar
prendra le relais avec Les portes pareilles, une
pièce créée dans le cadre des quartiers créatifs
de Marseille Provence 2013 mettant en jeu un
duo de femmes à la croisée du music-hall et du
cabaret. Direction le Nord-Pas de Calais avec
Isida Micani, danseuse chez Carolyn Carlson, qui nous invite à s’équiper de lunettes 3D
pour découvrir dans un foisonnement d’images
enchanteur sa version du parcours initiatique,
dans une alternance d’interprétation féminine
ou masculine. Roser López Espinosa, jeune
chorégraphe catalane, s’inspire de la migration
des oiseaux et livre dans Lowland un duo d’une
précision époustouflante sur le dépassement de
soi. Puis, avec la région Midi-Pyrenées, c’est le
chorégraphe franco-algérien Bouziane Bouteldja qui dénoncera dans Réversible tabous,
religions, interdits en mêlant hip hop et danse
contemporaine, poursuivant en solo sa recherche
sur l’altérité. Six danseuses de la compagnie
taïwanaise Horse, que dirige le chorégraphe
Wei-Chia Su, prendront le relais avec FreeSteps,
une pièce de groupe lumineuse qui offre 50
minutes d’esthétique visuelle éblouissante. Pour
finir la journée en s’émoustillant l’imagination, on
terminera avec Théorie des prodiges, la création
2015 du Système Castafiore dans laquelle
Marcia Barcellos et Karl Biscuit livrent toute
leur folie créatrice pour ré-enchanter le monde
et les territoires vierges de l’imaginaire. Sans
oublier, sur la durée du festival (11, 13, 16 et 19
juillet à 11h30), le cycle de rencontre RESO@
DANSE pour découvrir l’univers d’une vingtaine
de chorégraphes présents à Avignon, qui auront
lieu dans le cadre accueillant de la Calade de
la Maison Jean Vilar, en entrée libre.
Avoir 20 ans !
L
e festival de Vaison Danses fête ses
vingt ans cette année pour une édition
qui, concoctée par Philippe Noël avant de
passer le flambeau à Bernadette Stalmans,
Directrice de la culture de Vaison-la-Romaine, a su garder la qualité éclectique qui
l’a placée aux premiers rangs des scènes
internationales. B. Stalmans insiste sur les
choix esthétiques, résolument en prise avec
le monde contemporain, et «qui font appel
au cirque, à l’acrobatie, aux expressions
urbaines, pour un festival qui se revendique
clairement pluridisciplinaire et ouvert à la
diversité de son public». Du 15 au 28 juillet,
on aura le bonheur d’applaudir une nouvelle
fois Dada Masilo et son adaptation libre de
Carmen de Bizet (15 juillet) ; la création de
Catherine Berbessou, Valser, qui, malgré
son nom, nous emporte dans un tango qui
envoie tout valser, imprimant les pas des
danseurs dans la terre de l’arène (le 19) ;
les 22 acrobates de la Compagnie XY pour
un Il n’est pas encre minuit en apesanteur
(le 22) ; puis The Roots de Kader Attou qui
mâtine le hip-hop de danse contemporaine
(le 24) ; enfin, Cuisine & Confessions de la
Cie Les 7 doigts de la main, éblouissants
d’invention (les 27 et 28). Sans compter
les spectacles, bals, conférences, stages,
rencontres avec les artistes, et en ville (le
17) Ouest side story par la Cie Françoise
Murcia.
MARYVONNE COLOMBANI
Vaison Danses
du 15 au 28 juillet
Théâtre antique, Vaison-la-Romaine
04 90 28 84 49
www.vaison-danses.com/
DELPHINE MICHELANGELI
L’été danse au CDC #4
du 10 au 20 juillet (relâche le 15)
CDC Les Hivernales, Avignon
04 90 82 33 12
www.hivernales-avignon.com
Résidence au Transformateur
D
epuis 2014, le studio de la Compagnie
du Ballet d’Europe de Jean-Charles
Gil a un nouveau nom, le Transformateur,
en hommage au lieu dans lequel il s’est installé, une ancienne usine électrique. Dans un
perpétuel esprit d’ouverture, d’échanges, où
savoirs, techniques et sensibilités enrichissent
artistes et pulics ; le Transformateur, «lieu pluriel et mosaïque ouvert à tous», accueille des
troupes en résidence, porteuses de projets forts,
comme la Cie Mouvimento qui présentera le
2 juillet (en entrée libre) son nouveau travail de
création De chair et d’os, sur une idée originale
de Wendy Cornu qui signe aussi la chorégraphie aux côtés de Julie Alamelle. Dans cette
danse à deux voix (Julie Alamelle et Sandra
Français), se déclinent et se combattent les
diverses formes de carcans et de fantasmes qui
naissent autour de l’image de la femme. Vidéo,
captations en direct, jeu avec les spectateurs
qui se retrouvent au cœur du dispositif,
souligent ce travail riche où l’on est à la fois
«observateur pudique et spectateur intrusif».
M.C.
le 2 juillet
Le Transformateur, Allauch
04 96 13 01 12
www.balletdeurope.org
26
Ouvrez vos oreilles
Douceurs du port
D
epuis 6 ans le Citron Jaune, Centre national des arts
de la rue, transforme les quais du port de Port-SaintLouis, ville avec laquelle il est partenaire, en scène ouverte
où se succèdent les compagnies d’arts de la rue tous les
mercredis soir de juillet, dès 19h. Cette année ne déroge pas
à la règle, avec 11 spectacles programmés : la Cie anglaise
Acrojou mêle acrobaties aériennes et circassiennes dans
son poétique Frantic ; Vincent Warin crée des déséquilibres
sur un BMX et en joue, sur les sons chauds du violoncelle de
William Schotte avec L’Homme V ; l’étonnant «théâtre de rue
à haut degré alcoolémique et littéraire» du Pudding Théâtre
et son Alambic ; le cirque Sens dessus dessous du collectif
Malunés ; la très attendue dernière création de la Cie Ilotopie, La recette des corps perdus, sur le cannibalisme social et
l’artiste à consommer… Et bien sûr le volet gastronomie, avec,
cette année, une association intéressante avec le Conservatoire
Grands Sud des Cuisines ! Do.M.
Les Mercredis du Port
les 8, 15, 22 et 29 juillet
Quais du port, Port-St-Louis
04 42 48 40 04
www.lecitronjaune.com
F
estival itinérant dans le delta du
Rhône, la biennale Les Envies
Rhônements annonce une 14e édition
qui a pour thème Ecouter le paysage,
l’occasion pour l’équipe du Citron
Jaune, Centre National des Arts de
la Rue, à l’initiative du projet, de questionner la relation de l’homme à son
environnement.
C’est accompagné d’artistes passionnés et engagés sur des questions environnementales que pourra se faire cette
«écoute», au cœur du delta devenu le
temps d’un été le lieu de croisement
de la culture, des sciences et des
arts, ainsi qu’un véritable laboratoire
à ciel ouvert pour ces artistes. Outre
la découverte des œuvres créées in
situ, le festival met aussi l’accent sur
la sensibilisation des publics sur les
grandes questions environnementales
à travers ces créations et les émotions artistiques qu’elles provoquent,
provoque des relations entre artistes,
chercheurs et scientifiques et permet
le développement de la coopération
internationale sur ces sujets.
Les oreilles seront donc particulièrement sollicitées pour écouter la
musique des paysages convoqués et
transformés !
Dès le 4 juillet des installations au
long cours verront le jour dans la
ville d’Arles et dans la nature Camarguaise : Ronald van der Meijs crée
avec Wind Violins un dispositif où le
son est généré par l’intervention des
vents et la flexibilité des grands arbres
sur neuf solistes d’acajou et d’ébène
(du 4 juillet au 2 août dans le Jardin
d’été d’Arles) ; Dries Verhoeven
invente un télescope qui permet de
dire adieu à tout ce qui disparaît avec
Fare Thee Well ! (du 5 juillet au 2 août
au Musée Réattu à Arles) ; Ursula
Warnecke pare les Arbres de couleurs
qui subliment leurs formes (du 4 juillet
au 2 août au Château d’Avignon aux
Saintes-Maries) ; Will Menter fait
appel à notre magie intérieure avec
sa Dérive sonore, des sculptures et
installations construites avec des matériaux simples (bois, ardoise, feuilles…)
qui créent des paysages sonores (du
26 juin jusqu’à biodégradation totale
de l’œuvre au Bois François à PortSaint-Louis) ; Abraham Poincheval
relève un défi avec sa Bouteille échouée
sur la plage Napoléon, à Port-SaintLouis, à l’intérieur de laquelle il s’installe et qui remontera progressivement
le Rhône ; Le Champ harmonique de
Pierre Sauvageot…
Du 30 juillet au 2 août, place aux arts
de la rue, aux balades, à la danse et
aux musique (à la Tour du Valat au
Sambuc, au Bois François à Port-StLouis, au Marais du Vigueirat à Mas
Thibert et au Château d’Avignon aux
Saintes-Maries) avec la Cie Ilotopie
et leurs petites illusions collectives
qui se jouent sur L’Eau de là et les
Grandes Esgourdes qui nous parlent
au plus près, Le Chant des Pavillons
de La Fausse Compagnie, le Babel
Sonore de la Cie Caracol, les installations de Merel Kamp, le rituel dansé
de la Cie Léa P.Ning… Do.M.
Les Envies Rhônements
Installations du 4 juillet au 2 août
Spectacles du 30 juillet au 2 août
Arles, Camargue
04 42 48 40 04
www.lecitronjaune.com
Sens dessus dessous, Malunes © Jason van Lith
Abraham Poincheval, Bouteille © Courtesy-Galerie-Semiose
Potagez-vous !
D
ouzième édition pour l’atypique festival Caressez le Potager qui invite, selon les mots de son initiateur Jean-Louis
Favier, à passer du (bon) temps «le cul dans l’herbe et la tête
dans les étoiles» durant 3 jours dans le Parc de la Mirabelle. Au
menu des réjouissances, du théâtre, de la danse, du cinéma
d’animation, de la musique… au milieu d’une nature magnifiée
par un potager cultivé plant par plant par des centaines de
familles de la vallée de l’Huveaune !
La création maison sera celle du chorégraphe Marco Becherini et du metteur en scène Bruno Deleu, une danse/théâtre,
librement inspirée des Métamorphoses d’Ovide, en déambulation
ou en lieux fixes dans le Parc. Mais aussi, tout au long de ces
3 jours, la pépinière d’images de Sylvie Frémiot, les diaporamas de Kamar Idir, Mascoto ou le Barré Perché de Denis
Barré, les mélodies du groupe Goldenberg & Schmuyle,
des ateliers d’arts plastiques… Do.M.
Caressez le potager
du 9 au 11 juillet
Parc de la Mirabelle, Marseille
www.caressezlepotager.net
28
Le Jazz passe par tous !
L
Hiromi en quintet. Le 18, toujours au Théâtre
Silvain, Radio Babel Marseille et le Stanley
Clarke Band, un événement rare à ne surtout pas manquer. Le 20 c’est le saxophoniste
hyper-volubile Kenny Garrett qui inaugurera
avec brio les soirées du Palais Longchamp,
suivi d’une carte blanche au trompettiste Eric
Truffaz accompagné de Sylvain Luc, Richard
Galliano and Friends.
À retenir : le 21, une soirée où les femmes seront
à l’honneur avec la joyeuse et non moins talentueuse Anne Pacéo, puis l’extraordinaire chanteuse Melody Gardot. Une femme aussi ouvrira
la soirée suivante, la pianiste Perrine Mansuy
avec ses acolytes dans son projet Rainbow Shell.
Viendront alors Charlie Winston avec une soirée
electro-pop le 22, et les jazzmen du métro newyorkais Too many Zooz et Goran Bregovic,
le 23. Clôture de cet événement le 24 avec le
violon cubain de Yilian Canizarès et Caetano
Veloso en duo de stars avec Gilberto Gil pour
célébrer la chanson brésilienne.
Kenny Garrett © Keith Major
e Jazz est il une musique du passé devenue
classique ? Une musique de répertoire, ou
de création ? Plus que jamais les musiciens qui
viennent des 5 continents jusqu’à Marseille
affirment que, au-delà des stars, témoins encore
vivants de la grande époque du bebop ou du
free, cette musique née au XXe siècle continue
d’évoluer au présent, et peut toucher un public
jeune. En se relookant et en s’affirmant marseillais, en programmant de jeunes jazzmen et
des femmes, le festival Marseille Jazz des Cinq
Continents, 16 ans déjà, souhaite drainer de
nombreux spectateurs, toutes catégories d’âges
confondues, au cours de sa prochaine édition. En
pratiquant une tarification bien plus abordable
que les grands festivals de la Côte d’Azur, en
collaborant avec de nombreux lieux et structures
du territoire marseillais qui se mettent aux couleurs du jazz et programment des rencontres,
des expos, des after intimes ou endiablées, le
festival de Marseille Jazz sait fidéliser un public
divers, populaire, composé essentiellement par
les habitants et les proches voisins plutôt que
les estivants, même si ceux ci commencent à
être attirés par ce «jeune» festival au regard de
ses aînés de Nice, Antibes ou Marciac.
Si les jardins du Palais Longchamp restent le
lieu privilégié, d’autres lieux seront investis
du 15 au 24 juillet pour une grande célébration du jazz d’aujourd’hui. Raphaël Imbert et
DAN WARZY et AGNÈS FRESCHEL
dix musiciens ouvriront les festivités le 15 au
Théâtre de La Criée. Au MuCEM, le lendemain,
d’accueillir le Christophe Lampideccia 5tet,
Sax Machine, le Lisa Cat-Berro 4tet et le
5tet d’Omar Avital. Troisième soirée, le 17 au
Théâtre Silvain, avec Lisa Simone et le trio
Marseille Jazz des 5 Continents
du 15 au 24 juillet
www.marseillejazz.com
Passion jazz
omme à l’accoutumée, l’équipe de passionnés du Moulin à Jazz va œuvrer pour
accueillir un public que l’on espère nombreux
pour l’édition du 18e Charlie Jazz Festival dans le
majestueux Domaine de Fontblanche à Vitrolles.
Dès le premier soir (le 3 juillet) l’affiche est très
alléchante avec le trompettiste vedette Ambrose
Akinmusire, dont le dernier CD a été déclaré
«disque-choc» par Jazzman-Jazz Magazine. En fin
de soirée le guitariste Sylvain Luc et Stefano
Di Battista se produiront en quartet, et en guise
de starters, dès 18h30, c’est le groupe de funk
marseillais Accoules Sax qui ouvrira les festivités
suivi du Trio d’En Bas. Le lendemain, dès 18h00,
le violoncelliste marseillais Emmanuel Cremer,
artiste en résidence pour le festival, donnera
sa création avec son 4tet, suivi de la fanfare
TaharTag’L. Le trio du contrebassiste Renaud
Garcia-Fons, avec accordéon et vibraphone,
emboîtera le pas avant de laisser la place au
dernier concert de la soirée avec le trio Paolo
Fresu, Omar Sosa et Trilok Gurtu. Le 5 à
18h00, la musique continue avec le duo Petite
Vengeance de Raphaël Quenehen et Jérémie Piazza, et la fanfare Impérial Kikiristan
qui saura nous faire patienter avant l’entrée en
scène du pianiste Brad Mehldau avec ses amis
Trio d’en bas © Koke Leiva
C
de toujours Larry Grenadier et Jeff Ballard :
un moment à ne pas manquer. La clôture avec
le Magnetic Ensemble nous permettra de
célébrer le meilleur musicien de l’année 2014,
le talentueux Thomas de Pourquery, avec les
compositions d’Antonin Leymarie.
La programmation artistique de ce festival,
qui favorise depuis ses débuts un jazz actuel,
contemporain, invite des musiciens de formations
régionales et d’envergure internationale, tous
portés par une passion qu’il sauront, à n’en pas
douter, vous faire partager ! DAN WARZY
les 3,4 et 5 Juillet
Domaine de Fontblanche, Vitrolles
04 42 79 63 60
www.charliejazzfestival.com
29
Vingt d’honneur pour les Suds
epuis 1996, tous les ans pendant une semaine en
juillet, un festival atypique s’installe dans la plus
grande commune de France. Au fil des ans, Les Suds
à Arles sont devenus une référence internationale
dans la pléthorique liste des festivals de musiques du
monde. Mais l’événement arlésien propose bien plus
que de la musique. Il invite à observer l’actualité du
monde et la créativité de ses cultures pour inventer
cette mondialisation positive où les diversités nous
rendent semblables parce qu’humains. «Faisant fi
de la marchandisation de la culture et de la peur sclérosante de l’Autre, nous pensons que ces musiques
de la mondialité ouvrent la porte à d’autres manières
d’exister au monde», indique la directrice Marie-José
Justamond, inspirée par la pensée d’Albert Jacquard,
Edgar Morin ou Edouard Glissant.
Pour cette 20e édition, l’équipe des Suds a construit
une programmation fidèle à sa ligne de conduite fondatrice : l’exigence artistique au service d’une fête
populaire. Une nouvelle fois, artistes de renommée
internationale, créations inédites et talents en émergence alterneront sur les différentes scènes de la ville
dont le patrimoine et l’étendue exceptionnels sont
judicieusement valorisés. Sensible aux mouvements qui
questionnent le monde, le festival consacre plusieurs
de ces grandes soirées à des artistes venus de pays
en résistance ou en effervescence. Les Cubains de
l’Orquesta Buena Vista Social Club dont Omara
Portuondo et Eliades Ochoa, en tournée d’adieu,
feront danser le théâtre antique. Suivront une soirée
franco-maghrébine avec le Tunisien Dhafer Youssef,
en première partie de la création Taziri de Titi Robin
et Mehdi Nassouli. Les rebelles et l’espoir de l’Europe avec deux femmes engagées et deux grandes
voix, la Grecque Maria Farantoùri et l’Espagnole
Rocío Márquez. L’âme tsigane du légendaire Taraf
de Haidouk et l’énergie africaine de Vaudou Game
composeront un plateau particulièrement festif. Dans
l’atmosphère intimiste des «Moments précieux» de
la cour de l’Archevêché, on prendra plaisir à écouter
Lena Chamamyan (Arménie-Syrie) ; Kintsugi, la
création de Gaspar Claus, Serge Teyssot Gay et
Kakushin Nishihara ; Sirventès, le dernier projet de
La Dame Blanche © VictorDelfim
D
Tamazgha
L
Manu Théron avec Youssef Hbeisch et Grégory
Dargent ; le Réunionnais Zanmari Baré, héritier
de Danyèl Waro. Ambiance électrique et post-industrielle en revanche, avec les «Nuits des forges» aux
anciens ateliers SNCF, en compagnie de Batida,
Imhotep ou encore la Dame Blanche. Dans l’esprit
de «la Nuit» qui fut blanche en 2013 dans le cadre de
la capitale européenne de la culture, les Suds, ont
imaginé cette fois «la Nuit des fleuves», pour un 14
juillet qui verra converger sur les quais de nombreux
publics, musiciens professionnels et amateurs vers
un dialogue entre le delta du Rhône et celui du Mississippi, avec, entre autres, les Marseillais Raphaël
Imbert et Pierlau Bertolino trio. Sans oublier les
salons de musique, les scènes en ville, les siestes
musicales, les ballades au fil du Rhône, les nombreux
stages, débats et projections.
e festival de musiques Berbères et Populaires d’Afrique
du nord soufflera cette année ses
10 bougies ! Pour célébrer l’anniversaire, Sud Culture, qui produit
l’événement, embarquera le public
pour un voyage musical unique, où
tradition se mêlera aux métissages
actuels. Toujours avec la volonté
de rendre la culture accessible à
tous ; le festival Tamazgha rassemble
petits et grands, musiciens professionnels et amateurs, mélomanes ou
amoureux des rythmes ensoleillés.
Des nombreux musiciens seront
présents : Idebbalen issu d’une
tradition musicale très ancienne,
Irhaven, groupe de musique chaoui,
Moh Small, Kassia, Ali Ferhati…
L’événement se déroulera sur trois
soirées, du 25 au 27 juin, durant
lewwsquelles les musiques berbères seront à l’honneur ; en mêlant
mémoire des traditions et métissages actuels, professionnels et
amateurs, elles vous feront découvrir
les traditions d’Afrique du Nord.
THOMAS DALICANTE
LAURE LAVERGNE
Les Suds
du 13 au 19 juillet
Arles
04 90 96 06 27
www.suds-arles.com
Festival Tamazgha
du 25 au 27 juin
Centre culturel Mirabeau,
Théâtre de la Sucrière, Marseille
www.festivaltamazgha.org
30
Mimi
Aki Onda © Sandrine Marc
D
u 1er au 5 juillet, le très attendu festival
MIMI, organisé par l’association l’A.M.I,
Aide aux Musiques Innovatrices, fêtera sa 30e
édition.
Si la majeure partie des concerts ont lieu comme
chaque année à l’Hôpital Caroline, sur l’Île du
Frioul, la première soirée se déroulera à l’U.
Percut (rue Sainte à Marseille) avec les marseillais du groupe Les Statonells et la pop
électro de l’homme-orchestre arlésien Henri
Festival MIMI
du 1er au 5 juillet
U.Percut, Île du Frioul, Marseille
04 95 04 95 50
www.amicentre.biz
Zikour Zac
sa 18 édition, le festival Zik Zac voit
P
Marquet alias Delta Sònic. Dès le lendemain,
sur le Frioul, place aux concerts d’envergure et
aux créations du festival : celle du musicien,
compositeur et artiste plasticien japonais Aki
Onda qui élabore-là un travail d’architecture
sonore, puis celle d’Andy Saunders et Chris
Cutler qui reprennent leur projet Himmel entre
drone, kautrock et cosmic jazz. Avant et après,
le lieu résonnera au rythme des Percussions de
Strasbourg ; du rock minimaliste et disco-punk
du groupe Joujou ; de la musique minimaliste
et envoûtante du cultissime Young Marble
Giants ; de l’électro chaabi du trio égyptien
E.E.K. feat Islam Chipsy ; de la création franco-nipponne Gunkanjima (navire du guerre en
japonais) qui réunit 6 musiciens dans une transe
quasi mystique, du noise à l’électroacoustique ;
et de l’intrigante performance des japonais Acid
Mothers Temple & The Cosmic Inferno.
À noter enfin qu’aura lieu, le 27 juin, une soirée
gratuite sur le toit terrasse de La Friche pour
fêter les 30 ans de l’association et le lancement
du Festival ! Do.M.
Morgan & The Messengers, la gouaille facétieuse de Karimouche… et le mythique groupe
Zebda qui clôturera le festival.
Cette année encore, musique et arts graphiques
se mélangeront : le street art est toujours à
l’honneur, grâce à l’équipe de Ka divers qui
invitera des graffeurs de la région à exprimer
leur art sur de gigantesques toiles durant les
trois soirs. Pendant les installations du festival,
des ateliers d’initiation au graff seront aussi
proposés aux enfants sur le site du théâtre de
Verdure. Les œuvres planteront le décor du festival. Graffeurs ou musiciens en herbe, les jeunes
auront de quoi éveiller leurs esprits créatifs. Les
élèves de Mohamed Bellal, portés par le projet
«Tamtam’x» feront résonner leurs percussions
à chaque début de soirée. Nouveauté de cette
année 2015 : Un camping ouvert aux festivaliers,
de quoi profiter pleinement de l’ambiance du
festival sans se soucier du retour. L.L.
e
encore plus grand et revêt une casquette
innovatrice. Du 16 au 18 juillet, le quartier du
Jas-de-Bouffan à Aix-en-Provence sera le théâtre
d’une programmation pop et éclectique. Comme
lors de chaque édition, ce sont de grands noms
de la musique qui ont répondu présents. Au
programme, entre autres, de ces 3 soirées :
Biga Ranx et son reggae/hip hop, Hollie Cook
et sa voix saveur tropicale, la bossa suave de
Flavia Coelho, le roots reggae anglais de Paul
Awa Ly © Fabiola Torres
Zik Zac festival
du 16 au 18 juillet
Jas de Bouffan, Aix-en-Provence
04 42 63 10 11
www.zikzac.fr
Rock Island
D
epuis 2012, le festival Rock Island attise les
premiers élans festifs de l’été et réveille les
autochtones en quête de sons acidulés. Faute
de lieux et de subventions nécessaires, Rock
Island n’avait pas trouvé écho dans la cité phocéenne en 2014 mais revient en force en 2015.
Festival de musiques pop rock à consonance
électronique, il s’habille cette année aux couleurs
plus locales en dévoilant une programmation
pour le moins marseillaise avec notamment la
présence de Virgomusic et des DJ de la Dame
Noire aux platines, collectifs qui remuent les
fêtards et autres afficionados de musiques électroniques tout au long de l’année. Beaucoup
d’autres seront présents, comme le quatuor niçois
Hyphen Hyphen qui fait le buzz depuis quelques
années, la jeune parisienne Fiona Walden à
la voix suave, le trio anglais We have Band, le
quatuor Isaac Delusion, les new yorkais The
Martinez Brothers…
La musique, qui a le pouvoir de traverser les
frontières, offrira au public un large choix de
sets venus d’ici et d’ailleurs pour un voyage
aux mille saveurs.
LAURE LAVERGNE
Rock Island Festival
les 2,3 et 4 juillet
Fort d’Entrecasteaux, Marseille
www.marseille-rockisland.fr
Sun
festival
our sa 2 édition, le Vitrolles Sun festival
P
e
ne change pas de recette. Accès sur le
développement durable, la cohésion sociale et
le vivre ensemble, le festival du soleil posera à
nouveau sa bonne humeur au parc de Fontblanche
à Vitrolles. Le vendredi et samedi, venez danser,
entre autres, avec le Massilia Sound System
dont la notoriété n’est plus à faire, Eve Dahan,
jeune djette qui ambiance les soirées du sud,
et redécouvrir des artistes internationaux tels
que Nneka et sa voix de velours, Siska, chanteuse du Watcha Clan aux influences néo soul/
trip hop, FM Laeti et ses compositions aux
rythmes inspirés du rock et de la soul-pop des
années 70… Le dimanche, les minots seront
à l’honneur lors du Sun Day, une garden party
électro avec un Dj Set entièrement réalisé par
leurs petites mains et des ateliers arty, natures
et écologiques qui leur seront destinés tout au
long de la journée. De quoi laisser les parents
se prélasser dans l’herbe du parc, bercés par
les bonnes ondes musicales. L.L.
Vitrolles Sun festival
du 10 au 12 juillet
Parc de Fontblanche, Vitrolles
www.vitrolles-sunfestival.com
31
Nuits d’Istres
Dub Station
D
P
our démarrer l’été en rythme, le Dub Station festival revient cette année après
deux éditions pleines de succès. Installé au
domaine de Fontblanche à Vitrolles, le sound
system prendra racine au milieu de la nature
où chaleur et bonne humeur se mélangeront à
la mouvance d’un bon reggae remixé.
Au Dub Station la musique est avant tout une
expérience physique et collective, de partages et
de communions. Deux jours durant, des artistes
de la scène internationale et amoureux de la
scène provençale enchaîneront mixages musicaux et partages de nouveaux échos. À l’affiche,
entre autres, Kanka, un des pionniers de la
scène dub françaises, Black board System, le
célèbre sound sytem, Martin Campbell, The
dub Machinist et la douce voix Sénégalaise
de Sista Daba. Un festival haut en couleurs
qui éveille les sens. L.L.
epuis les années 90, le festival musical
d’Istres a vu défiler de grands artistes tels
que Lou Reed, James Brown, Michel Petrucciani
ou encore The blues Brothers. Après une année
off en 2014, les nuits d’Istres reviennent en
force pour trois soirées, du 7 au 9 juillet, dans
le magnifique parc du Pavillon Grignan. Asaf
Avidan ouvre les festivités : l’auteur-compositeur-interprète israélien à la voix si particulière
sera précédé en première partie par Charles
Parsi, harminiciste hors du commun aux sons
jazz et blues. Le lendemain c’est le groupe de
musique électro-rock français Shaka Ponk
qui fera vibrer les arbres centenaires du parc,
après le folk trash de la jeune et énergique Lisa
LeBlanc. Julien Clerc, qui n’est plus à présenter,
clôturera les Nuits en foulant pour la seconde
fois la scène du Pavillon Grignan ! LAURE LAVERGNE
Orange Blossom © Adrien Selbert
Nuits Métis
Asaf Avidan © Ojoz
les 7, 8 et 9 juillet
Pavillon Grignan, Istres
Office de Tourisme
04 42 81 76 00
www.istres.fr
F
idèle à son esprit festif, citoyen et populaire,
la 22e édition des Nuits Métis promeut
la diversité culturelle. Avec un regard particulièrement inquiet mais combatif sur l’actualité.
«La réalité de la situation de la vie culturelle en
France nous empêche d’être joyeux. La montée
des idées extrémistes, du repli sur soi et la frénétique course vers la croissance nous fait peur.
Pour faire face, il est urgent de résister, de rêver
A
près le succès de son premier spectacle La
lesbienne invisible, la comédienne Océanerosemarie revient sur scène avec un nouveau seule-en-scène dans lequel elle fustige les
BBB, entendez par là les bons Blancs bobos qui
pensent avoir le monopole du bon goût, l’adoption de chatons, le racisme de gauche… Bref,
son humour est toujours aussi savoureux, et ses
Nuits Métis
du 17 au 20 juin
Plan d’Eau de Saint-Suspi, Miramas
04 90 58 98 09
www.nuits-metis.org
tacles aussi précis, surtout quand elle s’attaque
au politiquement correct et aux préjugés ! Do.M
le 30 juin
Espace Julien, Marseille
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
Sons du Lub’…
P
our le troisième éposode des Sons du
Lub’, l’association Arc en Sol poursuit
sa visite du territoire Sud-Luberon et se pose
à Lauris pour une soirée de musique précédée
d’un parcours musical dans les rues du village
dès 17h. C’est Sam Karpiena et sa singulière
poésie qui lancera les festivités, et cèdera sa
place à Piers Faccini (guitare, voix) et Vincent
Segal (violoncelle). Ces deux amis de longue
date mêlent dans leur album Songs of time lost
compositions originales et reprises. En fin de
soirée, un Mapping vidéo de Denis Cartet et
Alain Nicolas sera projeté sur les arcades du
Château : une évocation poétique, en 3D, de
la lune. Do.M
Les Sons du Lub’ partent en live !
le 4 juillet
Les terrasses du château, Lauris
06 95 13 97 73
www.arcensolasso.fr
Piers Faccini et Vincent Segal © Payram
Chatons violents
et de partager pour inventer un autre lendemain»,
indique Marc Ambrogiani, directeur artistique
du festival.
Au programme, musique, cirque, arts plastiques,
village associatif. Après le mercredi après-midi
consacré au jeune public, les trois soirées suivantes accueillent, parmi les 90 artistes de différentes nationalités, Maryam Saleh & Zeid
Hamdan (Egypte-Liban), Cumbia All Stars
(Pérou) ou encore Orange Blossom (FranceEgypte). Mais aussi des artistes de l’hexagone
pourtant d’un autre monde : Lo’Jo, Mekanik
Kantatik, Chinese Man… T.D.
Dub Station festival
les 26 et 27 juin
Domaine de Fontblanche, Vitrolles
www.musicalriot.org
32
Be With Me Now ! À
peine quitte-t-on le wagon d’Aix en juin (voir
Zib’85), luxueux prélude à l’une des plus importantes manifestations d’art lyrique dans la ville de
Cézanne et Milhaud, qu’on se rue des quatre coins
du monde vers le grand train du 67e Festival d’Aixen-Provence ! Bernard Foccroulle reste fidèle à une
programmation variée et riche, invitant de fabuleux
chanteurs, metteurs en scène, des orchestres prestigieux et leurs chefs, où l’incontournable dévotion
à Mozart flirte avec un goût avoué pour le baroque,
où des univers modernes et classiques, la création
et la tradition s’interrogent dans une féerie convoquant les arts musicaux, visuels, chorégraphiques...
Incontournable !
Haendel et Mozart La première affiche se suffit à elle-même ! Elle réunit
dans une nouvelle production du Festival Patricia
Petibon et Philippe Jaroussky, le chœur MusicAerterna et le Freiburger Barockorchester dirigés
par Andrea Marcon ! Katie Mitchell met en scène
un chef-d’œuvre baroque de Haendel, récit tragique
d’une magicienne prise à son propre jeu de séduction
et du désir : Alcina.
On garde les mêmes phalanges instrumentale et
vocale, cette fois dirigés par Jérémie Rhorer, pour
une autre nouvelle production, preuve s’il en est qu’on
ne chante plus Mozart comme hier ! C’est un singspiel
en allemand, créé une cinquantaine d’année après
Alcina que met en scène Martin Kusej, une turquerie,
modèle du genre à l’époque classique, chantée par
un plateau expert : L’Enlèvement au Sérail.
Britten retrouvé Quelle belle idée de reprendre la production du Songe
d’une nuit d’été de Britten, mémorable succès de l’édition 1991 signée Robert Carsen, avec Sandrine Piau
et l’Orchestre National de Lyon sous la baguette
de Kazushi Ono !
Persephone © Teatro réal
On retrouve ces musiciens dirigés par Teodor Currentzis pour une soirée où le metteur en scène Peter
Sellars réunit deux œuvres et deux héroïnes recluses :
Iolanta de Tchaïkovski et Perséphone de Stravinski
(poème d’André Gide). Les voix rares d’Ekaterina
Scherbachenko et Dominique Blanc se répondent
et des danseurs cambodgiens apportent une touche
originale à cette production madrilène.
Créations...
On ne manque pas l’opéra pour six voix de femmes
Svabda (Mariage) de la compositrice serbe Ana Sokolovitc. On assiste à une première européenne par
l’Académie du Festival ! C’est aussi Simon Rattel
qui dirige l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, des solistes du London Symphony Orchestra
et près de 300 choristes amateurs pour une fresque,
en français, d’après le mythe de Thésée : Le Monstre du
Labyrinthe de Jonathan Dove (commande du festival).
La danse est à l’affiche avec Josette
Baïz et la Compagnie Grenade
pour Spectres, avec le Quatuor
Béla, ainsi qu’un voyage à travers l’Europe et quatre siècles de
musique, en suivant Tamino grâce
à un dispositif vidéo : Be With Me
Now !
Les orchestres et chœurs présents
au festival, auxquels on ajoute Musicatreize, Abdel Rahman el Bacha
ou le Quatuor Modigliani donnent
aussi des concerts prestigieux...
JACQUES FRESCHEL
Festival d’Aix-en-Provence
du 2 au 21 juillet
0820 922 923
www.festival-aix.com
Voix romantiques et baroques
L
a Valette-du-Var, depuis onze ans, propose aux
amateurs de musique classique (et des chœurs en
particulier) d’entendre des grands opus du répertoire
dans le cadre magnifique du Domaine du Coudon :
sa nature, son panorama exceptionnel sur la ville... au
crépuscule… lorsque les premières notes s’élèvent et
tournent dans l’air du soir...
Deux belles soirées en plein air sont à l’affiche : La
Camerata Vocale est ancrée en Dracénie, elle est
aujourd’hui dirigée par une jeune cheffe formée à
Toulon : Adèle Pons. Elle interprète un répertoire
de Romances autour de la musique allemande pour
chœur et piano (Alcibiade Minel) de Haydn, Schumann, Schubert ou Brahms.
Ce sont ensuite l’Orchestre de Chambre de Toulon
et du Var et les Chœurs Polyphoniques de l’Union
Professionnels et amateurs sont
placés sous la direction du chanteur
Philippe Médail qui interprètent
également une Petite messe de
Haydn et un Concerto de Vivaldi.
À découvrir dans le Var !
J.F.
USAM © X-D.R
Sportive et Artistique de la Marine (USAM) Toulon
qui offrent un sommet de la musique sacrée baroque :
le Gloria de Vivaldi, avec pour solistes Marie-France
Pellier (soprano) et Eliette Guenez (mezzo-soprano).
11es Nuits du Coudon
les 6 et 7 juillet
Concerts à 21h15
La Valette-du-Var
04 94 23 62 06
www.lavalette83.fr
33
Triomphes populaires
C
omme chaque été aux Chorégies d’Orange, les
spectacles grandioses s’articulent autour de deux
grands opéras du répertoire. Le premier offre trois
représentations de l’opéra le plus joué et apprécié de
par le monde : Carmen de Georges Bizet. Imaginez
Kate Aldrich dans le rôle-titre et Inva Mula (Micaëla),
rien d’autre que le roi des ténors Jonas Kaufmann
(Don José) et Kyle Keteslen (Escamillo) : un plateau royal accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, les Chœurs des Opéras
d’Angers-Nantes, Avignon et Nice réunis sous la
baguette de Mikko Franck dans une mise en scène
à en mettre plein les yeux de Louis Désiré ! De quoi
remplir les 8 000 places des antiques gradins (les 8,
11 et 14 juil) ! La phalange radiophonique étant sur
place, elle retrouve son chef Myung Whun Chung,
star des maestros, pour un programme de musique
française : Berlioz (Carnaval Romain-Ouverture), SaintSaëns (Symphonie n°3) et Poulenc (Concerto pour deux
pianos) et encore deux stars : Martha Argerich et
Nicholas Angelich (10 juil). Mais c’est à un récital
lyrique d’opéras italiens qu’on goûte dès l’ouverture
avec Ekaterina Siurina (soprano) et Joseph Calleja
(ténor), l’Orchestre National de Lyon dirigés par
Enrique Mazzola (7 juil).
On attend début août pour apprécier Roberto Alagna
dans Il Trovatore de Verdi en compagnie de Marie-Nicole Lemieux (Azucena) ou Nicolas Testé (Ferrando),
découvrir aussi au pied du mur des artistes tels que
Hui He (Leonora) ou George Petean (Conte di Luna).
C’est Charles Roubaud qui met en scène et Bertrand
De Billy qui dirige l’Orchestre National de France,
© Philippe Gromelle / © Stéphane Alili
les Chœurs d’Avignon, Nice et Toulon (1er et 4
août). Les musiciens se joignent au pianiste Cédric
Tiberghien pour le Concerto en sol de Ravel, avant la
Symphonie du Nouveau monde de Dvorak (3 août). On
apprécie aussi la plus belle basse française actuelle :
Nicolas Courjal en récital avec piano (1er août à
18h-Cour St-Louis).
Chorégies d’Orange
du 7 juillet au 4 août
04 90 34 24 24
www.choregies.fr
JACQUES FRESCHEL
Au milieu des chèvres !
E
n huit éditions, le festival Musique à la Ferme
à Lançon-Provence a acquis sa place dans les
manifestations estivales (l’association propose aussi
des affiches hors festival : L’Heure Musicale du
Roulage). Outre le fait que son directeur artistique,
le pianiste Jérémie Honnoré, s’entoure d’artistes
de choix, le lieu lui-même des concerts est singulier
puisque c’est dans sa propre ferme familiale, dans
une chevrière, à côté et en présence de chèvres donc,
qu’on goûte à des pièces classiques du répertoire
chambriste destiné à l’origine, il faut le dire, aux salons
aristo-bourgeois. Et le paradoxe vaut d’être vécu ! Les
amateurs y trouvent leur compte, car cet écrin rural
possède une âme indéniable : il s’y passe quelque
chose ! C’est dans la convivialité qu’on est accueillis, dégustant aux répétitions publiques gratuites aux
concerts ou spectacles, des «en-cas champêtres à base
de fromages... de chèvre !». Durant une semaine, on
entend Amandine Favier, Célimène Daudet, Sébastien Hurtaud, Pamela Hurtado dans Beethoven,
musical pour enfants est proposé
autour des Fables de la Fontaine
(Médiathèque) et Le Carnaval des
Animaux de Saint-Saëns s’invite
dans cet espace à sa mesure.
Cet été ...? Passez par Lançon !
J.F.
Musique à la Ferme
du 15 au 22 juillet
Lançon-Provence
04 90 42 74 76
http://musiquealaferme.
jimdo.com
© Hubert Guillermain
Mendelssohn ou Brahms... et une pléiade d’artistes
à tous les instruments, pour des programmes qui
affichent aussi des pièces contemporaines. Un spectacle
34
Festival de guitare de Lambesc
2
015 : 15e édition du Festival international de
guitare de Lambesc, une des manifestations
qui a su devenir un temps fort des prémices de l’été,
dans le bel écrin du Château Pontet Bagatelle dont
l’adresse classique, route de Lambesc à Pelissanne
(D15), est toujours poétiquement complétée comme
une carte marine par ses latitude et longitude (43°39’6,
24’’N, 5°14’22, 59’’E), sans doute pour préciser que
le monde a rendez-vous là, sous les grands platanes
de la cour du vieux mas provençal, avec la compagnie
des musiques d’Albéniz, Granados, Villa-Lobos, Barrios,
Moreno-Torroba, Mompou, Hadjidakis, Théodorakis,
Bogdanovic, Chopin… Le directeur artistique du festival, Jorge Cardoso, auteur de nombreux ouvrages
de musicologie, évoquera les origines européennes
(époque baroque) de la musique populaire de l’Amérique
Latine, avec un concert sur instruments d’époque. Il
convie à la fête de grands noms de la guitare, moult
fois primés au plus haut niveau, et à la carrière internationale. On aura ainsi le bonheur d’entendre, pour
la Pologne, Wiktoria Szubelak (diplômée de l’université de musique Chopin à Varsovie), l’Italie, Agostino
Valente qui a travaillé entre autres avec Nino Rota,
l’Uruguay et Portugal, Ricardo Barcelo, musicologue,
professeur et compositeur, la Grèce, Antigoni Goni,
premier prix de la Guitar Fundation of Americas, l’Espagne, Fernando Espi, «l’un des meilleurs guitaristes
espagnols» selon la presse, et bien sûr pour l’Argentine, Jorge Cardoso. Outre l’indéniable qualité des
instrumentistes, l’atmosphère des spectacles en plein
Jorge Cardoso © Festival Lambesc
air ajoute sa magie. On a le loisir de bavarder avec les
artistes, de se rafraîchir, de visiter une petite exposition d’art sous tente, de découvrir les albums quasi
introuvables des guitaristes invités. Chaque année,
ce festival est une réussite, grâce aussi à l’accueil
chaleureux et familial des membres de l’association
Aguira, Charles (président de l’association) et Annie
Balduzzi, ainsi que le dévouement éclairé de tous les
bénévoles.
Festival international de
guitare de Lambesc
du 28 juin au 4 juillet
Château Pontet
Bagatelle, Lambesc
06 09 58 47 13
www.festivalguitare-lambesc.com
MARYVONNE COLOMBANI
Escapades musicales
A
vec en exergue la définition du terme escapade,
«action d’échapper un certain temps aux obligations de la vie quotidienne», le ton est donné. Les
Escapades proposées par Alfred Martin, Président
de l’Association Odyssée-Théâtre Durance et Elodie
Presles, Directrice du Théâtre Durance, vont enchanter le début de l’été en sortant résolument du cadre
traditionnel du théâtre pour s’égayer aux alentours,
choisissant ici une ferme, là un stade municipal. Le
rythme et l’élan dominent cette année avec la musique
du monde portée avec bonheur par des groupes dont
la jeunesse d’esprit et l’énergie savent transporter
tous les publics. Le 3 juil, on verra ainsi à la Ferme
de Font Robert l’inclassable et inventive Armelle
Ita, chanteuse, clarinettiste, pianiste qui, aux côtés
de Mélody Debono, choriste et improvisatrice et
de Nicolas Paradis, véritable homme-orchestre,
compose un univers poétique entre les jeux vocaux
africains de Zap Mama, les envolées jazziques de
Nina Simone et le trip hop acoustique de Portishead.
Puis, Lo Còr de la Plana, mené par Manu Théron, le
célèbre et charismatique groupe de la Plaine (à Marseille), ces «trobaires marselhés» qui se nourrissent
de multiples influences (musique concrète, Ramones,
pour les deux concerts du soir :
Mulêketú Bands’Show qui vous
emporte de l’Amérique du sud, aux
Balkans, au rythme de mélodies
survoltées, et The Afrorockerz
qui chaloupe entre l’afrobeat pur
et le rock planant mâtiné de jazz
et d’électro. Groove, funky, tribal,
rock, soul… l’été danse !
M.C.
Armelle ita - Photo live © Clement Puig
Bartók, Velvet underground…) joueront du verbe et
des sons avec une virtuosité vivifiante. Le lendemain
aura un cadre sportif, dans le stade municipal de
Peyruis, avec le groupe Bloco Mulêketú (attention
à 16h) et ses infatigables percussions, avant la respiration de Partitions Bambous qui vous éblouira
par sa légèreté et la précision de trois acrobates qui
souplement voyagent sur une étrange structure de
bambous géants (17h30). On retourne à la Ferme
Les Escapades
les 3 et 4 juillet
Château-Arnoux/StAuban, Peyruis
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
35 ans de pianos !
D
ans le petit village de La Roque d’Anthéron est née l’idée, il y a 35 ans,
de créer un festival de piano. La famille
Onoratini (aujourd’hui Michel en assure la
présidence), une foule de bénévoles et René
Martin (son inusable directeur artistique et
magicien feu-follet) ont bâti, d’édition en
édition, un monument artistique ! C’est sans
doute, et ce depuis longtemps, le plus beau
festival de piano au monde, accueillant les
plus grands pianistes et une foule de mélomanes ou amateurs de musique classique,
mais aussi jazz, dans une douzaine de lieux
rivalisant de charme, des Bouches-du-Rhône
aux portes du Vaucluse. Une multitude de
concerts à diverses heures sont accessibles
à toutes les bourses et l’on n’est jamais
déçu lorsqu’on vient «à La Roque» !
Fête de la Musique
Le festival fête donc durant un mois, son 35e
anniversaire, mais propose un rendez-vous
initial pour la Fête de la Musique. Le 21
juin, des petits auditoriums sont installés
pour des concerts gratuits sur les places
du village et l’on déambule de 11h30 à 18h
pour écouter, non seulement des pianistes
de renom, mais aussi des amateurs éclairés,
«de 7 à 77 ans», étudiants pianistes, dans
des programmes validés par la direction du
festival, pour le plaisir de tous.
Pour la 35e édition, une exposition rétrospective des 34 éditions antérieures est ouverte
aux heures d’ouverture du Parc du Château
de Florans, accessible sur présentation du
billet de concert.
Piano pur !
On veut en cet anniversaire, revenir, le
plus possible, à l’esprit d’origine : le «piano
pur». Même si la musique de chambre, les
orchestres ou le clavecin sont à l’affiche,
plus que jamais ce sont les Steinway ou
Renaud Capuçon © Jean-François Leclercq
autres Bösendorfer qui règnent en maîtres,
transcendés par les doigts des plus grands
virtuoses, mythes vivants on jeunes pousses,
révélations, stars de demain, grands interprètes français et étrangers... Impossible
de tous les citer !
Le poumon du festival, la grande scène du
Parc du Château de Florans coiffée de son
immense conque acoustique, accueille des
concerts à 18h et 21h ou 21h30, au rythme
aussi de mémorables «Nuits du piano». Mais
on file aussi par les petites routes du Lubéron vers Lourmarin, Cucuron, Gordes et ses
magnifiques terrasses, l’abbaye de Sylvacane,
ou vers le Pays d’Aix son Grand Théâtre, le
Musée Granet, l’église St-Jean de Malte...
et vers Rognes et ses superbes Carrières,
Mimet en son château, l’église de Lambesc...
jusqu’à l’orée de la Camargue au bords de
l’Étang des Aulnes fleuri de lauriers roses.
Des noms ?
Allons-y ! Matsuev, Berezovsky, Bar-Shaï,
Neuburger, Luisada, Korobeinikov, Jude,
Guy, Billaut, Désert, Strosser, Braley,
Hirose, Diluka, Pennetier, Chaplin, Trifonov, Geniet, El Bacha, Buniatishvili,
Queffélec, Laloum, Angelichv Goerner,
Lugansky, Le Guay, Fray, Vinnitskaya,
Grosvenorv Kadouch, Sokolov, Tharaud,
Volodos... rabelaisien... et j’en passe ! Sans
oublier le jazz de Trotignon ou Corea, le
violon de Capuçon, le clavecin d’Hantaï,
les Wanderer et les Modigliani, l’alto de
Berthaud... À vos marques !
JACQUES FRESCHEL
Festival International de
La Roque d’Anthéron
du 24 juillet au 21 août
04 42 50 51 15
www.festival-piano.com
36
Aller plus haut !
s’agrègent rencontres, veillées et balades... À
découvrir pour prendre de la hauteur cet été !
Seddiki et Chemirani © Alexandre Chevillard
JACQUES FRESCHEL
Festival de Chaillol
du 18 juillet au 12 août
04 92 50 13 90
www.festivaldechaillol.com
Coulisses
marseillaises
Rumolino, le Kerman Mandolin Quartet...
poursuit avec des «Traditions populaires et folk
music» ou les Variations Goldberg en trio, un
«Cabinet de curiosité musicale et philosophique»
ou la «Musique comme parole prophétique» par
l’ensemble Cbarré, Nadav Lev «Entre Paris et
Tel-Aviv», la «Voix du violoncelle» de Sonia Wieder-Atherton, «L’alchimie du Swing» de Place
Miollis, la «Musique de chambre française» par
le Trio Karénine, le Quatuor Bela ou Françoise Atlan pour des tours de chant poétique,
séfarade... Toute une magnifique partition où
Renaissance
vocale
Jacques Mauger © X-D.R
est une programmation riche, bien pensée,
variée, balayant les styles et les époques,
de la musique classique à celles du monde ou
du jazz, que nous propose depuis bientôt vingt
ans l’équipe du Festival de Chaillol sous la
houlette de son directeur artistique Michaël
Dian. Il faut aller dans les villages du Gapençais, les vallées du Champsaur, des Buëch ou
de l’Avance, Valgaudemar, Tallard, Barcilonette,
l’Embrunais ou le Pays Sisteronais, faire son
choix dans la trentaine de concerts proposés,
pour réaliser à quel point le magnifique travail
«pédagogique» entrepris par l’Espace Culturel
de Chaillol porte ses fruits dans les HautesAlpes ! Les fidèles se pressent autour de musiciens choisis pour leurs qualités humaines autant
qu’artistiques : ils ont tous «quelque chose à
dire et partager» et les affiches réservent souvent, de surcroît, une place non-négligeable à
la musique d’aujourd’hui.
On commence dès le 18 juillet par «l’Argentine savante, populaire et électronique» du Trio
K/D/M, «la tradition méditerranéenne et latino
américaine revisitées» par Seddiki/Chemirami/
© Les Voix Animées
C’
E
n 2015, Les Voix Animées dédient leur
cycle de concerts Entre pierres et mer
à Tomas Luis de Victoria, compositeur majeur
de la renaissance espagnole, et à une œuvre
sacrée ou s’exprime un profond mysticisme
mis au service de la Contre-Réforme catholique issue du Concile de Trente. Quel écrin
plus parfait peut-on rêver que celui de l’abbaye
du Thoronet pour rendre grâce à la lumière du
contrepoint, l’alchimie des voix... L’excellent
ensemble de cinq voix a capella, dirigé par Luc
Caodou, interprète sa Messe «O magnum mystérium» et des motets vénitien de Peter Philips.
Au programme également une création vocale
de Tomas Bordalejo à découvrir ! J.F.
Mysterium
le 4 juillet à 21h
Abbaye du Thoronet
Suite du cycle Entre pierres et
mer fin août et mi-septembre
06 51 63 51 65
www.lesvoixanimees.com
L
a 3e Rencontre Nationale de l’Association
des Trombonistes Français se déroule
sur trois jours cette année à Marseille. Elle est
organisée par l’Ensemble Massilia Trombone
en coproduction avec la Ville de Marseille et
le CNRR Pierre Barbizet. Plus de 100 artistes
sont invités pour des concerts à entrée libre,
conférences, master classes, expositions. Le
temps fort est un Concert de Gala avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir.
Gaspard Sanchis), le 4 juillet à l’Auditorium
du Pharo. On y entend des grands trombonistes : Jacques Mauger dans le Concerto pour
trombone d’Henri Tomasi et Joël Vaïsse dans
une création mondiale de Thierry Lancino :
Pinochio’s Nose. Un instrument à découvrir sous
ses multiples profils : de l’ancienne sacqueboute
à la coulisse classique, ses glissandos funk, jazz
ou salsa... ! En entrée libre. J.F.
Festival Méditerranéen du Trombone
les 3, 4 et 5 juillet
Marseille
www.festivalmediterraneedutrombone.com
38
La chaleur du Grand Nord
En ouvrant la scène aux habitants
des «Quartiers Nord», François
Cervantes a plongé le théâtre au
coeur du réel, et de sa poésie
A
u Merlan, réenchanter le réel n’est pas une mince
affaire : l’urbanisme, les difficultés sociales, la
violence et le délaissement concourent à enfoncer
les habitants dans le renoncement, plutôt qu’à les
emmener vers un théâtre partagé. Mais en venant
habiter les lieux, la Cie L’Entreprise a établi un lien
véritable, sensible sur scène.
Ils sont quarante. Jeunes et vieux, amateurs et professionnels, danseurs, rappeurs, comédiens, dans la
salle et sur scène. Tous ont des choses importantes à
montrer, et cette Épopée du Grand Nord est ponctuée
de petites histoires. Celle de cette dame qui n’a plus
la force de faire les courses, cette autre qui a peur du
quartier où elle a toujours vécu, celui-là, qui voudrait
voyager jusqu’au Vieux-Port... Le sentiment de vivre
au fond désenchanté du monde se colore du talent
d’une breakeuse, de deux boxeurs, d’un slameur. Et
puis de l’épopée écrite par François Cervantes.
C’est la fable d’un dealer international qui vient reprendre
en main le quartier en terrorisant les politiciens locaux
et la police, impliqués dans les trafics : l’intrigue policière fait penser au polar marseillais, au cinéma engagé
italien. Car François Cervantes aime le romanesque !
D’ailleurs cette Main Basse sur un quartier se double
d’une quête intime des origines qui amène l’épopée
© Tadeusz Paczula
vers une tragédie oedipienne. Enquête sur la réalité
sociale, intrigue politico-policière et recherche de filiation s’entremêlent autour de la douleur des mères. Un
groupe de femmes renouvelle le choeur de pleureuses
antiques, et des anecdotes empruntées au réel viennent
savoureusement poétiser la fiction : un chien qui prend
le bus tout seul chaque jour, un homme qui vit dans
une tour avec son cheval, les talons qui cassent sur
les trottoirs défoncés, tout cela imbrique le réel et la
fiction, et répond à la distanciation des comédiens
qui commentent les scènes, guident les personnages,
font traverser le plateau à l’auteur hagard... À aucun
moment le travail avec les amateurs
ne se double d’un renoncement à
l’exigence formelle : le théâtre est
là, grâce à l’implication de tous les
participants, et à la générosité de
L’Entreprise.
AGNÈS FRESCHEL
L’Épopée du Grand Nord
s’est jouée du 3 au 7 juin
au Théâtre du Merlan
Voyage en pays étrange
L
e Purgatoire est un pays où les âmes mortes errent
en peine, au coeur de souvenirs effacés qui surgissent par instant en flots incontrôlés... Traverser
cette contrée des morts en invité curieux a quelque
chose d’un plaisir orphique, mêlé de terreur. Comme
il se doit, ce Purgatoire est imaginé par une Trinité
divine : Marion Coutris à l’écriture, Alain Aubin à la
musique, Serge Noyelle à la mise en scène, assistée
de Marco Quesada (musique), Catherine Oliveira
(costumes) et... Dante Alighieri qu’ils ont dû croiser entre Enfer et Paradis. Pour figurer les ombres,
près de 150 corps psalmodiant, murmurant, criant,
questionnant, bruissant de mots et de chants, en des
espaces clos d’une beauté fulgurante : des femmes en
cage vous accueillent, invitant à les rejoindre comme
des corbeaux croassants, des hommes posent des
questions sidérantes, une femme assise se prend
pour une reine adulée, des hommes chantent sur des
chaises envolées, un groupe de réfugiés avance vers
la lumière, un homme vous sert à boire des potions
colorées, un musicien fait sortir des sons de baguettes
de glace, un homme en robe chante en soprano pour
une femme en marcel qui lui répond des phrases
belles et insensées, des spectres errent, des convives
© Max Minniti
s’irritent autour d’une tête de cochon en gelée bleue
qui oscille... Chaque spectateur traverse les tableaux
à son gré, s’asseyant sur les transats pour une longue
pause ou fuyant rapidement les scènes trop glaçantes.
Les maquillages blancs, les coiffures étagées, les
costumes noirs et blancs et pourpres faits de dentelles subtiles et de tissus anciens, répondent aux
harmonies gauchies de chants enfantins qui semblent
ressassés dans des mémoires défaillantes et tous les
sons se mêlent, surgissant d’une
pièce à l’autre comme des échos
récurrents. On aimerait s’attarder
encore, mieux écouter les mots
parfois perdus dans le brouhaha qui
résonne, rester longtemps, assis,
dans chaque pièce, et revenir, mais
à l’issue du voyage le gardien de la
vie nous a offert du sel et ramené à
l’espérance. Alors on part boire un
verre, frustré de ne pas applaudir...
et de ne pas avoir la place de citer
ici tous les artistes marseillais, professionnels ou amateurs, que l’on
a reconnus au passage !
A.F.
Le Purgatoire, création du Théâtre
Nono, est joué les vendredis
et samedis jusqu’au 20 juin
04 91 75 64 59
www.theatre-nono.com
39
Poétique de la sieste
C
ette charmante habitude de la sieste, dédiée
à la sixième heure du jour se perd. Le rythme
effréné de la société libérale de consommation y est
sans doute pour beaucoup… Ce temps volé au jour,
contrairement au sommeil nocturne, ne semble plus
légitime. Et pourtant ! La compagnie L’Insomnante
vous convertit à cette parenthèse en lui accordant
un parfum enchanté. Lits blancs agrémentés de la
mousseline légère d’une moustiquaire, grands arbres
qui offrent un ciel mouvant et feuillu. C’est l’aprèsmidi et l’on s’étend, on ferme les yeux ou pas, on se
laisse bercer par les bruits lointains qu’une discrète
bande sonore distille, piano improvisé, sonorités
assourdies de la ville, chants d’oiseaux… suivant les
diverses formules, vous pouvez rester ainsi dans le
calme recueillement du sommeil, demander une discrète berceuse au violoncelle, cordes effleurées, juste
pour vous, ou un texte murmuré à votre chevet, ou
encore rêver, et participer à un atelier d’écriture à la fin
duquel les mots sont partagés, savourés, et accordent
leurs diverses sensibilités à l’instant. Inclassables et
délicieux, ces instants sont orchestrés par Francis
Coulaud, Aline Maclet, Claire Ruffin, Catherine
Exbrayat, Camille Boitel, David Bouvard, Manon
Hôtel à ciel ouvert © Maryvonne Colombani
Trompowsky et Vincent Beaume qui photographie
les lits et leurs dormeurs un peu partout… Au 3bisf,
l’Hôtel à ciel ouvert des après-midi a enchanté tous
les «siesteurs». Prendre son temps, quel bonheur !
Hôtel à ciel ouvert s’est
joué au 3bisf, à Aix-enProvence, le 28 mai
MARYVONNE COLOMBANI
Didascalies & Co a vingt ans !
G
rande soirée festive et familiale pour célébrer
la sortie du livre Pour un long et bel itinéraire
d’Anne Roche-Descosse, à l’occasion de l’anniversaire de la compagnie fondée par Renaud Marie
Leblanc. Vingt ans, ce n’est pas le début de la fin,
mais la fin du début, et le début de la suite ! Avec
trois formes courtes et des installations photos et
vidéos, la soirée évoque la cohérence d’un parcours
de vingt ans, la fidélité à des auteurs, des collaborateurs et des comédiens complices, tout en témoignant de la vitalité des projets à venir. D’abord une
lecture chorale des Tulipes de Noëlle Renaude :
des amis se retrouvent, tous ont apporté une tulipe
sauf une. Cet infime décalage dérange le bel ordonnancement d’une réunion qui se déconstruit, et se
reconstruit, entre la violence des normes du groupe,
le roulement creux des conversations, et le besoin
vital de s’y retrouver, pourtant, ensemble. Puis un
récital où Renaud Marie Leblanc accompagne le pianiste Pierre Laik et la soprano Larenka Hoareau,
et livre de façon émouvante une intimité profonde
à la musique. Enfin, Pierre est un Panda, de Christophe Pellet : deux enfants s’initient aux ambiguïtés de l’amitié, de l’amour et de l’identité sexuelle,
et échappent aux assignations contradictoires des
adultes que théorisent les lois du genre et du couple
par l’indétermination onirique des jeux de zombies
et d’un couple de Panda qui par miracle se reproduit
(voir www.journalzibeline.fr). En quelques heures,
on aura survolé ce qui fait la qualité du travail de
Tulipes © Thomas Fourneau
la compagnie, à travers les grandes scènes comme
les petites formes, avec des acteurs professionnels
comme avec des ateliers d’amateurs : une intelligence du texte qui a la précision métronomique du
classicisme pour saisir ce que nous avons de plus
actuel, une continuité musicale où le texte dans les
mains des acteurs comme la partition sur le pupitre
sonnent juste, un talent esthétique qui en quelques
détails construit un univers visuel. Et pour ne rien
oublier, la soirée s’achève avec une spectaculaire
improvisation de Renaud Marie
Leblanc sur un cadavre exquis
réalisé par les participants : plus
vibrant qu’une tulipe, et plus
drôle aussi !
AUDE FANLO
Pour un long et bel itinéraire,
a eu lieu le 13 juin, au
Théâtre de la Joliette
40
Liberté extérieure
O
n annonçait un festival Tous dehors (enfin) !
plus circassien que les années précédentes, et
tel a bien été le cas. La ville de Gap a accueilli une
quinzaine de compagnies aux univers variés, allant
du plus spectaculaire (Le mur de la mort du Collectif MDLM, vrombissantes mécaniques motorisées),
au plus humoristique (les contorsions bon enfant et
néanmoins impressionnantes des sœurs Presques
Siamoises).
Le public, venu parfois de loin, a pris grand plaisir à
découvrir le Cirque Inextrémiste, trois très beaux
garçons manipulant un tractopelle, des planches de
chantier et quelques bouteilles de gaz... preuve que
l’on peut vraiment s’amuser avec n’importe quoi.
Un contexte original voyant éclore une chaleureuse
relation avec (et entre) les artistes, l’un aux jambes
handicapées, transmettant force et confiance à la
machine, les deux autres suffisamment délurés (et
rassurants) pour embarquer une jolie mamie en équilibre instable, lors d’un tour de piste final mémorable.
Autre trio charmant, celui de la compagnie 3 x Rien,
en Roue libre derrière la cathédrale, avec clarinette,
grosse caisse et hélicon pour rythmer leur spectacle
très professionnel : acrobaties fluides, bonne coordination et musique agréable.
On s’est pressé aussi pour voir L’homme cornu, prestation impeccable d’un mentaliste flamand, Kurt Demey,
et de son contrebassiste. Sur les airs inspirés de Joris
Vanvinckenroye, et dans le cadre somptueux du
Domaine de Charance, il était aisé de glisser dans le
sillage d’un prophète menteur, qui «nourrit son ego avec
Décor de L-homme cornu © G.C.
vos stupéfactions», et prêche la vérité comme «faite des
mensonges les plus plausibles, les plus acceptables».
Mais le meilleur moment du festival fut sans doute
aucun la déambulation sonore concoctée par le Begat
Theater venu de Gréoux-les-Bains. Leurs Histoires
cachées vous embarquent par les oreilles à la suite
de quatre personnages aux histoires entrecroisées, en
vous donnant pour consigne «soyez invisibles», mais
«rappelez-vous que la ville est réelle. Les maisons, et
surtout les voitures ne sont pas un décor». Conseil
éminemment utile, tant le participant envoûté se projette de l’un à l’autre, dans une humanité chaque fois
singulière, émouvante et terrible. On avouera un petit
faible pour le vieil auteur misanthrope, constatant lucidement que
«comme tout le monde, il est son
propre héros», sur les pas de qui
on a goûté sans vergogne le plaisir
d’être autrui, une heure seulement.
GAËLLE CLOAREC
Tous dehors (enfin) ! a eu lieu
du 29 au 31 mai à Gap
Figaro majeur !
C’
est à Istres, au bord de l’étang
de l’Olivier, que la Comp.
Marius a posé ses gradins. En
plein air donc, avec vent coulis et
moustiques à foison, passage de
badauds à proximité et soleil couchant. Pour la troupe belge, jouer
en extérieur tient d’une philosophie
de vie, une condition sine qua none
pour faire éclore et s’épanouir leurs
créations, très souvent issues de
textes du répertoire français. Après
Pagnol, c’est rien moins que deux
pièces de Beaumarchais qu’ils ont
traduites et adaptées à leur sauce,
Le Barbier de Séville et Le Mariage
de Figaro, agrémentées de petits
emprunts faits aux opéras de Rossini et Mozart…
Au cœur de la pièce, Figaro mène le
jeu, «maniganceur d’intrigues» à nul
autre pareil, qui passe à la moulinette
de ses combines l’histoire et ses
protagonistes. La relecture des deux
pièces, jouées l’une après l’autre
pour n’en faire qu’une (un repas est
© P. Leïva - Scènes et Cinés
toutefois servi par leurs soins entre
les deux), se prête magnifiquement
au feuilletonnage des intrigues qui
se croisent, et qui permet de suivre
l’évolution d’un Figaro en rébellion
contre la noblesse, qui terminera
l’histoire marié, enfin !, mais aussi
en pleine crise existentielle.
Les six comédiens flamands, tous
éblouissants (Koen Van Impe, Waas
Gramser, Kris Van Trier, Maaike Neuville, Evelien Bosmans et Frank Dierens), interprètent 17 rôles sans que
jamais le rythme (et quel rythme !)
ne varie ; ils portent, indistinctement
de leur sexe, les rôles féminins ou
masculins sans que les travestissements ne les fassent tomber dans
le ridicule ou la parodie, et jouent
de la langue française avec une
gourmandise communicative. Tout
en restant très fidèles au texte, ils
sèment ça et là de fréquentes et
courtes digressions hilarantes qui
dynamisent le jeu et le potentiel
comique des caractères, avec, en
sous-texte, un humour grivois qui
ne gâche rien…
Des décors aux costumes
(superbes), de l’accueil du public
«invité» aux repas ou collations qu’ils
servent tout en discutant avec chacun… les spectacles de la Comp.
Marius sont toujours une expérience
en soi. Et s’ils bousculent les codes,
c’est pour mieux servir un théâtre
bien vivant, infiniment humain.
DOMINIQUE MARÇON
Figaro ! a été joué du 4 au 7 juin
sur l’esplanade harles de Gaulle
à Istres
42
La légende de Néo
A
vec Néo ! Marins-bergers de Provence il y a 8000
ans, le Musée de la Préhistoire de Quinson
offre une exposition remarquable tant pour son érudition
accessible que pour la beauté de sa scénographie. Les
objets archéologiques sont à la fois remarquablement
documentés et mis en scène avec une poétique justesse. L’exposition temporaire, qui ne fait pas doublon
avec la permanente (qu’elle va rejoindre en décembre),
permet d’aborder la période néolithique selon trois axes,
maritime, terrestre et symbolique, et retrace en parallèle
le parcours de l’archéologue Jean Courtin qui est à la
fois le donateur de ce fonds (il est responsable, entre
autres, d’une grande partie des fouilles de Provence)
et commissaire de l’exposition aux côtés de Caroline Luzi, spécialiste du néolithique et son ancienne
élève. La Provence recèle un gisement préhistorique
exceptionnel, «et tout n’a pas été encore mis à jour !»
selon Jean Courtin. On découvre la vie quotidienne de
nos ancêtres néolithiques, qui ont essaimé depuis le
«croissant fertile» oriental. Sédentaires, certes, agriculteurs, remodelant le territoire, avec des vestiges
touchants, de graines, d’outils, barates primitives,
pots à faisselle (ils ont inventé aussi le fromage et
le beurre !), cuillères de bois d’un design à rendre
jaloux nos contemporains, et leurs traces d’usure, qui
évoquent les gestes familiers…, mais aussi construisant
du moins la transmission des techniques, des matières premières,
comme la précieuse obsidienne. On
se spécialise, on invente, on crée,
l’artisanat naît ici, avec la pierre
polie en enseigne. On décore au
cardial les vases, le souci esthétique
vient compléter l’utilité des choses.
Anthropophages ces ancêtres ?
Certes, mais toujours avec une portée symbolique… et c’est ainsi que
débute la métaphysique…
MARYVONNE COLOMBANI
Néo ! Marins-bergers de
Provence il y a 8000 ans
jusqu’au 30 novembre
Musée de la Préhistoire des
Gorges du Verdon, Quinson
04 92 74 09 59
www.museeprehistoire.com
© Jean Courtin
des bateaux, marins hors pair, en Méditerranée ou
sur les fleuves, et voyageurs. Et c’est sans doute le
point essentiel et novateur dans l’approche de cette
période : des cartes soulignent, grâce au repérage
des objets, la mobilité effarante des populations, ou
À la source des sens
L
a septième édition du festival Les Eauditives gagne
en amplitude, reliant par la source intarissable des
mots et de leurs sens, des lieux majeurs et symboliques, musée des Gueules Rouges de Tourves, parvis
de l’abbaye de La Celle, musée d’Art Contemporain
de Châteauvert, et sa visite éclairante par Micheline
Simon. Particularité majeure, organisée par la maison
d’édition Plaine Page (80 livres en 20 ans), dirigée
par Éric Blanco et Claudie Lenzi, elle voit publiées
chaque année des œuvres de poètes contemporains qui
participent à cette fête en se livrant au jeu des tables
rondes, et en offrant des lectures de leurs textes, véritables performances. Nicole Peyrafitte en écho aux
lieux s’enduit le visage de la terre de bauxite récoltée
au musée de Tourves, Dani Orviz livre une véritable
imagerie sonore de ses textes, Cécile Richard dessine
et piétine avec humour une coupe d’arbre, Pauline
Catherinot prend le ton humoristique de la conteuse,
Cédric Lerible accorde aux giratoires une quête de
sens au point d’y passer la nuit, Dominique Massaut
slame, Patrick Sirot joue des mots toujours assis,
les étudiants de l’ÉADTPM se mettent en jeu avec une
inventive passion, enfin, Antoine Simon clôt les Eauditives par un bain poétique et lustral dans les eaux de
l’Argens… Les ouvrages prennent alors un autre ton,
un autre sens, s’éclairent d’intonations, de rythmes
que la disposition des mots et des lettres ne laissait
pas pressentir… Des conférences ouvrent d’autres
perspectives : avec Gaz de schistes et fracturation
Roula Safar Châteauvert © M.C
hydraulique, Georges Olivari, Directeur de la Maison
Régionale de l’Eau, démontre à quel point la méthode
d’extraction est polluante, définitivement néfaste à
notre échelle, et ce, même avec les «sondages» qui
usent de techniques identiques à celles de l’extraction ;
tandis que Sylvie Nèves et Jean-Pierre Bobillot
offrent une conférence lecture sur Les Congiés de
Jean Bodel, adieux au monde du lépreux. Ajoutez
encore les deux superbes concerts de l’érudite et
sensible musicienne Roula Safar…
une parenthèse enchantée…
M.C.
Les Eauditives ont eu lieu
du 29 au 31 mai à Tourves,
La Celle et Châteauvert
Le monde à savourer !
L
e festival de Gardanne, Arts et
Festins du monde, a animé du
22 au 23 mai l’artère centrale de la
ville, du Boulevard Carnot au Cours de
la République, de chants, de danses,
d’odeurs. On y vient chaque année,
on compare, on retrouve, on se laisse
aller à de nouvelles découvertes, il fait
beau, ces journées printanières ont un
parfum d’été. Plaisir de baguenauder,
d’admirer les étals où tissus multicolores, senteurs orientales, jouxtent les
pierres astrales, ou les bijoux que l’on
fabrique devant vous. L’invitation au
voyage se poursuit de façon gustative,
on ne sait plus où donner de la papille
entre les spécialités venues de Chine,
de Provence, du Mexique, du Liban,
de Madagascar, de Tahiti, de l’Algérie,
de Palestine… Là encore de nombreux
étals invitent à une participation solidaire, comme celle de Sunu Africa
qui joue des percussions en dessert
et use des bénéfices pour des actions
humanitaires au Sénégal… Sur la place
de l’église, l’espace devient totalement
solidaire et équitable avec la participation d’associations diverses, dont
l’actif Collectif ROM de Gardanne, ou
Mettre la main à la graine avec Samia
Tiaibia qui égrène les récits autour du
couscous, ou encore l’Atelier de calligraphie avec Fatima-Zohra Khalaf qui
initie aux beautés des différents styles
de lettres. Autre peinture traditionnelle,
celle pratiquée par Nathalie Guimbal,
ethnologue de l’association Pour une
terre unie qui maquille grands et petits
de couleurs de fête. On découvre en
famille des instruments du monde, on
apprend à danser des danses d’ici et
d’ailleurs, les musiciens improvisent,
se joignent au groupe enjoué… avant
d’observer les étoiles des différents
cieux au planétarium itinérant. Puis
on se laisse porter par les groupes
qui déambulent ou investissent la
scène, fanfare afro-cubaine, Tanga
Libre, Calypso Samba, flamenco
d’Abiyelar et Paca Santiago, Mariachis la Fanfare Corazon de Mexico,
chanson-rock aux accents Yiddish de
Bekar et Les imposteurs, enfin, The
Wanton Bishops, avec leur blues
mâtiné d’Orient. La version 2015 est
un cocktail encore très réussi !
MARYVONNE COLOMBANI
Le festival Arts et Festins du monde
a eu lieu du 22 au 23 mai
à Gardanne
Arts et festins, Gardanne © Christian Pirozzelli
44
Nova over the clock
L’
Espace Nova de Velaux fonde son premier
festival des Arts numériques, Overclock, sur
quatre jours en collaboration avec le Collectif Le
Nomade Village qui apporte sa verve imaginative à
cette salle dont le dynamisme n’est plus à démontrer.
Expositions, performances, conférences, musiques,
apéros citoyens se sont succédé avec bonheur. Le
public est impliqué totalement, que ce soit dans la
forme même des propositions artistiques ou dans
l’investissement sur l’année, avec vingt ateliers qui
ont eu lieu in situ, expression corporelle, bricolage...
On notait aussi le «vidéomaton», étrange objet qui
enregistre les messages vidéos des personnes qui
s’aventurent à le manipuler. Délicieuses d’inventivité,
les villes rêvées par l’école élémentaire Jean Jaurès
côtoient les vidéos éclectiques des artistes associés,
formes mouvantes et poétiques des matériaux détériorés de Pierce Warnecke, curieuses scènes de
métro figées dans un effet de 3D bluffant d’Adam
Magyar, les paysages d’une précision étonnante de
Yang Yongliang ou encore Rush Hour et Buenos Aires
Inception Park de Fernando Livschitz. Fidèle à la
thématique de l’année, Utopie et Liberté, ce tout jeune
festival fourmille d’idées, avec sous-jacente, la question
du rapport de l’homme à ces nouveaux espaces que
dessine la technologie. La chorégraphie Des Corps de
Ville en est le point d’orgue. Le public entre par la scène
traditionnelle -joyeux bouleversement des codes-, et
suit physiquement musique, vidéos, danses (des pros
et des amateurs). Depuis la création en Italie (2010),
le spectacle n’a cessé d’évoluer. «Des Corps de Ville
Overclock © Le Nomade Village
ne doit pas être considéré comme un spectacle, mais
comme une performance toujours en questionnement,
et un laboratoire dans lequel on avance tout le temps»
souligne Philippe Domengie, son directeur artistique.
«Des lignes de force perdurent : la quête de sens, le
vide intersidéral de la société occidentale, qui le fuit
par un appétit démesuré. La plongée vers le numérique en est exemplaire. Pas de désespoir ! L’humanité
résiste malgré tout.» Une bulle poétique et fragile où
la fragmentation est le signe d’un
tout à construire ?
MARYVONNE COLOMBANI
Le Festival Overclock a été
donné du 27 au 30 mai, à
l’Espace Nova de Velaux
Une Friche à la mode berlinoise
M
algré une météo capricieuse et sous ses allures
berlinoises, La Friche a attiré petits et grands
le temps d’un week-end. Curieux, ou amateurs de performances artistiques, ils étaient nombreux à braver
la pluie pour découvrir un lieu transformé, où création se mêlait joliment avec singularité. Du vendredi
au dimanche, les prestations se sont enchaînées et
ont rencontré un vif succès. En fin d’après midi, Eva
Meyer-Kelle dans Death is Certain a dompté des
cerises, à la peau un peu dure, pour offrir une conception des plus imagées où l’art visuel s’apparente à un
spectacle vivant. Plus tard, la danse d’Ahmed Soura
a envouté le public avec son spectacle Hauptrolle. En
partageant son histoire et son talent, le chorégraphe a
laissé parler son corps, dans un tourbillon d’émotions
et de tourments. En incarnant des figures du théâtre
allemand, Ahmed Soura fait jaillir sa poésie et des
souvenirs de son pays, le Burkina Faso. Ensuite la
compagnie Martine Pisani et Oscar Loeser a bâti à
la perfection une mise en abyme à travers laquelle les
images significatives se succèdent, Grandeur Nature. Le
spectateur, captivé par la singularité de la prestation,
Hauptrolle, Christoph Winkler © Heiko Marquardt - frischefotos.de
voyage et fait parcourir son regard au gré du rythme
de la projection.
Durant 48 heure, La Friche habillée à la mode berlinoise a fait émerger des concepts dont nos voisins
allemands ont le secret. Le spectateur déambulait
de lieux en lieux en quête de nouveauté. En chemin, ils ont été nombreux à se perdre dans le théâtre
vivant appelé Transit 48, un petit kiosque où s’achète
l’utile et l’agréable, le pratique et
le superflu. C’était aussi un endroit
où il faisait bon vivre, où le partage
était de mise.
Pour clôturer le samedi, des DJ
berlinois ont pris possession du
Cabaret Aléatoire et ont fait vibrer
une foule férue de musiques électroniques. Berlin, berceau de la techno
a déchainé les passions musicales
le temps d’une nuit, et s’est éteint
au petit matin en laissant un beau
souvenir à une Friche pleine des
promesses du jour.
LAURE LAVERGNE
48h Chrono a eu lieu à La
Friche la Belle de Mai, à
Marseille, du 12 au 14 juin
46
Musique
des Sphères
«N
Qui rira le dernier ?
e dernier ouvrage de Verdi est
une comédie, une farce en
forme d’ultime éclat de rire, d’après
Shakespeare et ses Joyeuses commères de Windsor, et c’est cet «ovni»
dans l’histoire de l’opéra qui clôt
avec succès la saison de l’Opéra
de Marseille, réalisant, sous la
houlette de son directeur général
Maurice Xiberras, un sans-faute
en 2014-2015 (de La Gioconda au
Hollandais volant en passant par
les Caprices de Marianne, l’Élixir
d’amour ou Tosca...).
À cela deux raisons : tout d’abord
une formidable scénographie, originale, colorée et fantastique, peinture
à l’instar des fables animalières imaginée par Jean-Louis Grinda. Au
milieu de livres immenses (ouvrages
liés au sujet), servant de murs mouvants, de décors (Rudy Sabounghi)
ménageant des espaces de jeu,
s’agite une basse-cour : les personnages y endossent des costumes
(Jorge Jara Guarda) de coq, poules
et chats, âne et autres volailles...
C’est très bien vu, car, ne nous y
trompons pas, sous ce masque
futile, à l’image des Fables de La
Fontaine, se jouent les plus grandes
vérités ou morales... ce que confirmera la Fugue finale : quoi de plus
sérieux que le rire !
Ensuite un plateau vocal
Falstaff © Christian Dresse
L
remarquable, emmené par les stars
Patricia Ciofi et Jean-François
Lapointe (couple Ford), un rôle-titre
pleinement assumé vocalement et
scéniquement (Nicola Alaimo),
un séduisant ténor Eneo Scala
(Fenton)... et une pépite vocale,
étoile lyrique à l’ascension fulgurante : Sabine Devieilhe. Dans
la fosse, l’Orchestre de l’Opéra
de Marseille dessine une palette
toute de netteté, un costume sonore
continu que tisse avec attention
son chef Lawrence Foster. Une
belle réussite avant le départ de
la phalange phocéenne vers le
théâtre antique d’Orange (le 19
juin, Musique en fête. Retransmission en direct sur France 3 et
sur grand écran, Place Bargemont
à Marseille).
JACQUES FRESCHEL
Falstaff de Verdi a été
représenté à l’Opéra de
Marseille du 4 au 14 juin
© Agnès Mellon
londe lumineuse, l’actrice
vedette du futur film (dans
le film) tourné sur un singe géant
du nom de Kong, passe un bout
d’essai : elle lève les yeux vers le
monstre, irréel, et se fige dans une
posture d’effroi, étouffant un cri
que bientôt elle ne réprimera plus,
glaçant, horrible dans le suraigu :
Ahhrrrrrr !! Ce sera le seul ! Dès lors,
sur la quasi totalité des scènes du
chef-d’œuvre cinématographique
de 1933 King Kong, la musique imaginée par le compositeur Raoul
Lay prend le relais, enrobe les
dialogues sous-titrés, restitue à
la toile l’esprit du muet irriguant
l’un des premiers grands succès
du cinéma parlant. Du coup, les
images, ses effets spéciaux (qui
MARYVONNE COLOMBANI
Rêve d’étoiles a été joué le 28
mai à l’auditorium Campra,
Aix-en-Provence, dans le cadre
de Musique en Questions
Vieille toile relookée !
B
otre planète n’est pas bien
grande, un tour de terre,
c’est une heure trente… le sol défile
lentement, comme dans un avion
de ligne. Si on passe au-dessus de
Paris, on voit très bien la Place de
l’Étoile, et les aérodromes, puis
c’est la même chose à Pékin…»
Jean-Loup Chrétien, pionnier de
la conquête spatiale, sourit, rend
l’exploit simple. L’aviation et l’aéronautique, alors que la vocation
première c’est la musique, l’orgue.
«Mon rêve serait d’aller sur mars
avec un orgue.» De ses trois séjours
dans l’espace, il rapporte des films
fascinants de beauté et d’humour
aussi et conjugue ses deux passions,
l’espace et l’orgue, dans un concert
atypique où la musique des Sphères
chère à Pythagore est enfin donnée
à entendre. Transcription fidèle de
la signature des planètes et du soleil
par des ingénieurs de la Nasa. JeanLoup Chrétien, accompagné de deux
complices, Jean-Pierre Rolland et
Jean-Philippe Le Trévou, nous
accorde au monde, décryptant les
mots éthérés de Jupiter ou du soleil.
Quel est le lien entre l’espace et la
musique ? «C’est qu’il n’y a pas de
limites» (Clara Kastler).
demeurent encore aujourd’hui spectaculaires !) prennent une dimension
poétique originale, une nouvelle
profondeur... La musique, dissonante, s’avère à la fois complexe
dans sa facture virtuose (formidable
exécution instrumentale de l’Ensemble Télémaque dirigé par le
compositeur !) et claire dans son
architecture formelle, en particulier
pour ce qui concerne les parties
chorales et percussives exécutées
par les élèves et professeurs des
collèges Henri Barnier, Darius
Milhaud, des écoles La Castellane et Saint-Henri Rabelais, formés toute l’année à la réalisation
d’un magnifique projet artistique et
pédagogique. C’est une fascination
pour les yeux et les oreilles ! Les
scènes de sacrifice tribal, marches
d’approche, la violence des combats dans la nature préhistorique
(relayés par une musique électronique mixée en direct) ou dans les
rues de New-York, jusqu’à la chute
finale de Kong du haut de l’Empire
State Building, se déroulent aux
rythmes de chorals polyphoniques
étranges, sinueux, danses rituelles,
chromatismes s’affaissant dans
l’esprit du madrigal... C’est admirablement pensé et, néanmoins,
accessible à tous. Un pari réussi ! J.F
Le ciné-concert King Kong a été
représenté les 9 et 10 juin au
Cinéma l’Alhambra à Marseille
47
Les Brigandes du Château-d’If
E
vacillent au son d’un violon dingue
(Jean-Christophe Selmi), bel et
fier Argentin tanguant à leur côté,
rient d’un «jobastre» de trompettiste (Gérard Ocello) soufflant à
l’envi des rengaines populaires...
et tout le monde danse au fil des
arrangements soigneusement réalisés par Ludovic Selmi (piano)
qui joue en trio jazzy avec Rémy
Chaillan (batterie) et Éric Chalan
(contrebasse).
Tout un répertoire attachant porté
par des musiciens de haut-vol !
Brigandes du Château d’If © Dan Warzy
lles font le buzz les deux «Brigandes», en faisant entonner
des refrains d’opérettes et chansons
marseillaises à une foule réunie,
comme mue par un élan spontané, le 5 juin, sur les gradins du
Théâtre Silvain ! Le duo de divas
occupe la scène avec une gaîté
bon enfant transmise spontanément à toute l’assistance. De fait,
un enthousiasme simple et naturel
plane sur la soirée... Quelle belle
surprise de constater que l’on est
encore nombreux à être attachés à
une tradition populaire, ses fameux
standards, de La Canebière au Petit
cabanon... mais qui recèle aussi de
jolies pépites oubliées !
C’est à cela que s’attellent Muriel
Tomao et Brigitte Peyré, deux
belles artistes maîtrisant, sans tralala lyrique, leur soprano naturel
pour donner vie et gouaille à une
JACQUES FRESCHEL
vingtaine de saynètes en musique
(mise en scène Olivier Pauls). On
vit et vibre avec elles aux rythmes
du tango de music-hall, d’un balèti
de la Belle de Mai et ses Don Juan
de quartier, des histoires d’amour
à la candeur méditerranéenne,
tendres ou drôles... Elles sont bien
entourées ces filles naturelles de
Vincent Scotto ! «Miette» et «Angèle»
L’événement Les Voix de
l’Alcazar s’est joué au Théâtre
Silvain à Marseille le 5 juin
48
Ciné-concert au Corbusier
Ali a les yeux bleus
The tiger’s coat de Roy Clements © Dial Film Company
Ali a les yeux bleus de Claudio Giovannesi © Bellissima Films, Giovanni Attianese - Fiippo Calandrelli
Le 3 juillet, sur le toit terrasse de la Cité Radieuse, l’Association
des Habitants de l’Unité d’Habitation Le Corbusier et
Monodose proposent un ciné-concert en plein air.
Rendez-vous à partir de 20h pour la projection, à la nuit
tombée, du film The tiger’s coat (Etats-Unis, 1920) de Roy
Clements, inspiré du roman d’Elizabeth Dejeans, avec
l’étonnante Tina Modotti, ouvrière en Italie, actrice aux EtatsUnis, photographe au Mexique et révolutionnaire en Europe,
familière de Frida Khalo ou Neruda. Le duo Catherine
Vincent propose une forme originale de ciné-concert en
chantant les dialogues des acteurs de façon savoureuse.
Le 28 juin à 18h30 à l’Eden Théâtre, Art et Essai Lumière
propose Ali a les yeux bleus de Claudio Giovannesi : Nader,
jeune romain d’origine égyptienne, tente de se rebeller
contre les valeurs de sa famille. Tiraillé entre le poids de ses
origines et son désir d’intégration, il va affronter la solitude
et la peur et affirmer sa propre identité. La projection
sera suivie d’un buffet convivial dans la cour de L’Eden.
Art et Essai Lumière, La Ciotat
06 64 85 96 40
www.artetessailumiere.fr
Cité radieuse, Marseille
www.marseille-citeradieuse.org
www.catherinevincent.org
Françoise Romand
Ciné-concert à Bonnieux
Vice Vertu et Vice Versa de Françoise Romand © Jem Productions
Ça tourne à Villapaz de Maria Isabel Ospina © Le-loKal Production
Les Lumières de l’Eden proposent une rencontre avec
Françoise Romand, réalisatrice, scénariste, productrice, née
à Marseille. Le 25 juin à 20h30, Vice Vertu et Vice Versa (1996),
l’histoire de deux femmes que tout sépare… Le 27 à 20h15,
projection de Passé Composé (1996) avec Feodor Atkine
et Anny Romand : un homme à la recherche douloureuse
de son passé rencontre une femme amnésique qui fuit
le sien. En présence de Françoise et Anny Romand.
L’association Camera Lucida, laboratoire d’expérimentation
culturelle et citoyenne, qui œuvre dans le pays d’Apt, fête ses
cinq ans. La MLEC de Bonnieux accueille le 18 juillet à partir
de 18h30 une soirée ciné-concert. Apéro et repas colombien
encadrent la projection d’un film et un concert. Ça tourne à
Villapaz de Maria Isabel Ospina, est un documentaire sur
Victor que son téléphone portable transforme en cinéaste
avec la participation des habitants de son village afrocolombien du Cauca. Colombienne aussi la cumbia, musique
à découvrir dans le concert du groupe Valientes gracias !
Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat
04 42 83 89 05
www.edencinemalaciotat.com
Camera Lucida, Bonnieux
09 83 07 40 72
www.cameralucida84.com
50
E la nave va !
développé au FID Lab 2014.
Un écran consacré au portrait,
«exercice d’admiration» dont
celui qu’a réalisé Caroline
Champetier sur Bruno
Nuytten, Nuytten/Film, ou celui
de l’intellectuel congolais
Mudimbe, Les Mots et les
choses de Mudimbe par JeanPierre Bekolo ou encore
celui de Bernard Maris
par Richard Brouillette.
Les Sentiers, la traditionnelle
programmation concoctée
pour les plus jeunes par
Fotokino avec Aniki Bóbó,
premier long d’Oliveira et
La Visite de Pipo Delbono.
Et aussi…
Aniki Bóbó de Manoel de Oliveira © Lisboa Filme
2 500 films venus de 111 pays : la tâche
de Jean-Pierre Rhem et de son équipe n’a
pas dû être facile pour cette 26e édition
du FIDMarseille ! C’est le 2 juin qu’a été
dévoilée la sélection des 130 films que le
public pourra découvrir du 30 juin au 6 juillet.
Un rendez-vous important dans le paysage
cinématographique, un moment «entre l’art
et la vie, dans les échanges, les surprises, les
bouleversements que la vie, la confrontation des
cultures et des arts nous proposent» (P.O.L.).
C’est par le film du Roumain Corneliu
Porumboiu, Le Trésor, Prix Un Certain
Talent à Cannes, que s’ouvrira le
Festival le 30 juin à 20h30 au Silo.
En compétition
Le jury de la compétition internationale présidé
par la Libanaise Rasha Salti devra choisir
parmi 15 films, fictions et documentaires,
venus de 17 pays. Trois premiers films :
Home du Syrien Rafat alkazout évoque
les difficultés du travail dans un pays en
guerre ; Field Niggas du photographe Khalif
Allah les bavures policières récentes aux
USA ; et Trama e o circulo, des Portugais
Mariana Caló et Francisco Queimadela,
nous fera réfléchir sur le statut de l’image.
Méditations aussi sur l’existence, avec Al centro
de la tierra de l’Argentin Daniel Rosenfeld ou
sur le paradoxe de la physique quantique avec
Entrelazado du Colombien Riccardo Giacconi.
Quand Krzystof Kaczmarek veut promouvoir
le cinéma polonais en Islande, ce n’est pas
gagné et il tourne Pawel and Wawel…
En compétition française, dont le jury est
présidé par Thierry de Peretti, se trouveront
10 films. Le film-essai de Martin Vernet, Je
me suis mis en marche, fait le portrait de Frank
Venaille à partir de son poème La Descente de
l’Escaut. Dans ma tête un rond point de Hassen
Ferhani est un huis clos dans un abattoir. Le
Divan du monde de Swen De Pauw nous fait
passer une heure et demie dans le cabinet d’un
psychiatre qui reçoit ses patients, originaires
du quartier, du village voisin ou d’un autre
continent. Et dans Le Juif de Lascaux, l’ancien
critique de Libé, Louis Skorecki, évoque sa
naissance dans un camp de concentration.
Nicolas Boone, Claire Doyon, Gael Lepingle,
Louidgi Beltrame reviennent au FID avec leurs
nouveaux films, ainsi qu’Éléonore Saintagnan
et Grégoire Motte avec un projet qu’ils avaient
développé au FID Lab 2012, Les Bêtes sauvages.
Écrans parallèles
Frôler l’éternité, un hommage à Manoel de
Oliveira, première grande rétrospective
depuis la mort du cinéaste, permettra
de voir plus de 20 films, de 1931 à 2014,
de ce maître du cinéma portugais.
Dehors la danse propose une douzaine de films,
courts et longs «qui inventent une certaine
façon de bouger», aussi bien Rabbit’s Moon de
l’Américain Kenneth Anger (1972) que des films
de jeunes cinéastes comme Ceremony tourné
avec peu de moyens par Chloé Bourgès.
Prolongation de l’exposition Futurs, un écran
tourné vers la science fiction dont Parabellum
de l’austro-argentin Lukas Valenta Rinner,
Comme chaque année
des séances spéciales en
partenariat avec différentes
structures sont proposées
dans différents lieux : par
exemple le dernier film du
cinéaste chilien Patricio
Guzmán, Le Bouton de nacre
au théâtre Silvain, et Les 1001
nuits du cinéaste portugais
Miguel Gomes, en clôture.
Sans oublier Doc Alliance,
FIC Campus, Fid Lab et les
quelques 150 invités…
Comme d’habitude, les
festivaliers vont avoir du mal
à choisir et devront se munir
de bonnes chaussures pour
courir du MuCEM aux Variétés,
de la Villa Méditerranée
à la Maison de la Région
ou au Théâtre Silvain !
Bon marathon !
ANNIE GAVA
FIDMarseille
Festival International de
Cinéma de Marseille
du 30 juin au 6 juil
04 95 04 44 90
www.fidmarseille.org
52
Cru 2015
À Cannes, la 33e édition
de la manifestation CinÉcole
a réservé une sélection de
films riche et variée
S
i l’analogie sportive du marathon vient naturellement à l’esprit pour l’opération qui réunit,
chaque année, dans la salle du Miramar à Cannes,
avant l’annonce du Palmarès, près de 300 enseignants et étudiants pour 30 heures de cinéma non
stop, c’est sur une métaphore œnologique que
s’est construit le discours inaugural de cette 33e
édition de CinÉcole.
Un savant équilibre
La commission composée d’enseignants de l’Académie de Nice, coorganisatrice de l’événement
avec Cannes-cinéma, a présenté sa sélection de
onze longs métrages et un court, issus de toutes
les sections, comme autant de vins aux couleurs
et bouquets différents. Et pour sortir de la blanche
nuit sans gueule de bois, les programmateurs ont
su maintenir un savant équilibre entre comédies
fruitées, plus ou moins acidulées et œuvres graves,
charpentées, longues en bouche comme le bouleversant Mia Madre de Nanni Moretti injustement
oublié du Jury présidé par les frères Coen et projeté en clôture.
On a pu voir cependant quelques œuvres primées
comme Masaan de Neeraj Ghaywam, un des deux
Mustang de Deniz Gamse Ergüven
films indiens présents à Cannes cette année (Prix
FIPRESCI). Regard sur les blocages de la société
indienne à travers deux histoires d’amour impossibles. Ou encore The Lobster du réalisateur grec
Yorgos Lanthimos (Prix du scénario). Une fable
improbable sur le diktat du couple, où on retrouve
Colin Farrell, en architecte un peu falot largué par
sa compagne. 45 jours lui seront accordés pour
trouver l’âme sœur sous peine d’être transformé
en homard ! Il y a un grand hôtel où s’organisent
les mariages et les mises à mort des célibataires,
une forêt où on chasse à coups
de seringues les solitaires et, où
ces derniers ont organisé une
Résistance tout aussi fascisante
que ce à quoi ils résistent. Ce film
plutôt roublard, clairette plus que
champagne, qui réunit entre autre
stars, Rachel Weisz et Léa Seydoux, a laissé le public de CinÉcole
assez perplexe.
Autre film pétillant, le premier
Une Fatima parmi toutes les Fatima
B
elle soirée d’ouverture de la Quinzaine des
réalisateurs, reprise pour la 11e fois à l’Alhambra Ciné Marseille, comme l’a rappelé Aïcha Sif,
présidente de la Commission culture et patrimoine
à la Région qui soutient cette heureuse initiative,
permettant aux Marseillais de voir les films présentés la semaine précédente à Cannes.
William Benedetto a choisi de montrer, avant le
huitième film de Philippe Faucon, le tout premier de
l’acteur Reda Kateb, un court métrage touchant, qui
lui ressemble : Pitchoune. Pitchoune, c’est le nom
de la petite compagnie qu’ont montée deux frères,
déguisés en clown et en cow-boy, qui gagnent leur
vie en amusant les enfants. Ce jour-là, ils animent
l’espace enfants d’un salon de camping et Karim,
interprété par Reda Kateb, décide d’annoncer à
son frère qu’il laisse tomber… Un film à la poésie
décalée qui faisait partie des 10 courts métrages
sélectionnés à la Quinzaine.
Puis sur l’écran en gros plan, on a fait la connaissance de Fatima, une femme de ménage marocaine immigrée en France, qui accompagne sa
Fatima de Philippe Faucon © Pyramide films
fille ainée, Nesrine (Zita Henrot), pour la visite
d’un appartement qu’elle louerait avec une amie.
En les découvrant, la propriétaire affirme qu’elle
a «oublié» les clés. Philippe Faucon n’en montre
pas plus. On a compris. La vie
n’est pas facile pour Fatima (Soria
Zeroual). D’autant plus qu’elle ne
maîtrise pas bien le français. Ce
essai réussi de Mathieu Vadepied, La Vie en grand, une version «banlieue» des 400 coups de Truffaut (lire chronique sur www.journalzibeline.fr).
Notons la présence affirmée de la Section ACID avec des crus aux
robes plus sombres : De l’Ombre il y a de Nathan Nikolovitch et La
Vanité de Lionel Baier que Xavier Leherpeur est venu défendre avec
son enthousiasme débordant (lire chronique sur site).
Le palmarès cinécolien
Le Coup de Cœur du public est allé sans discussion à Mustang de la
réalisatrice franco-turque Deniz Gamse Ergüven qui a obtenu par
ailleurs le Label Europa Cinéma. Hymne au désir féminin qu’aucun
mur ne pourra jamais retenir ! Suivi ex aequo dans les suffrages, par
deux films de la Quinzaine des réalisateurs : Le tout nouveau Testament de Jaco Van Dormael (lire chronique www.journalzibeline.fr) et
A Perfect Day de Fernando Léon de Aranoa au casting international :
Tims Robbins, Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedj Stukan. Le
cinéaste espagnol y dénonce avec un humour décapant l’absurdité
de la guerre en suivant les tribulations tragi-comiques d’une équipe
de travailleurs humanitaires à la fin de la guerre de Bosnie. Écrans
Juniors ont présenté Le Monde de Nathan réalisé par Morgan Matthews, une jolie histoire sur la différence qui nous entraîne jusqu’en
Chine pour des Olympiades de mathématiques !
CinÉcole au cœur des dispositifs éducatifs pour le cinéma parie sur
la découverte et la transmission. Nul doute que ce cru 2015 aura
atteint ces objectifs.
ELISE PADOVANI
La manifestation CinÉcole s’est déroulée
les 23 et 24 mai dans la salle du Miramar à Cannes
que lui reproche violemment la cadette, Souad (Kenza-Noah Aiche),
adolescente rebelle qui rejette sa mère parce qu’elle est femme
de ménage, parce qu’elle ne comprend rien, parce qu’elle est ce
qu’elle est. Pourtant Fatima est prête à tous les sacrifices pour que
ses filles ne mènent pas la même vie qu’elle. Nesrine a entamé des
études de médecine et Fatima l’aide, la soutient, la réconforte. Avec
Souad, le dialogue est difficile à tous les niveaux; elles ne parlent
pas la même langue ! C’est aussi pour cela que Fatima prend des
cours de français et écrit dans son cahier tout ce qu’elle ne parvient
pas à dire. Des textes remplis de poésie et d’émotion. Des textes
que Philippe Faucon a retranscrits du recueil Prière à la lune, des
poèmes et pensées de Fatima Elayoubi, une «Fatima parmi toutes
les Fatima». Au moment de la sortie de son film précédent La Désintégration, qui racontait la tentation de l’extrémisme, Philippe Faucon
avait l’habitude de dire : «Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une
forêt qui pousse». Fatima est né de ce désir de raconter «la forêt qui
pousse». Ce film épuré, intimiste, superbement interprété, et d’une
infinie douceur est surtout un beau portrait de femme.
ANNIE GAVA
La Quinzaine des Réalisateurs a eu lieu du 26 mai
au 2 juin au Cinéma Alhambra à Marseille
54
Sans stress,
sans strass
S
ans stress, sans strass, se déroulant dans
le superbe site du Château des Mineurs,
à Mandelieu la Napoule, à une heure de bus
de la Croisette, Visions Sociales est une
manifestation qui connaît un succès grandissant, bien mérité. Marrainée par Corinne
Masiero (l’inoubliable Louise Wimmer de
Cyril Mennegun), la 13e édition de ce festival
de cinéma du CCAS proposait, à côté de sa
programmation thématique sur les cinémas du Moyen Orient, une sélection internationale de films d’auteurs et six œuvres
retenues dans les diverses sections de la
grande manifestation cannoise.
Le 21 mai, une salle comble découvrait ainsi
Le Trésor, dernier film de Corneliu Porumboiu. Le réalisateur, caméra d’or en 2006
pour son décapant premier long métrage
sur la Révolution roumaine, 12h08 à l’est
de Bucarest, et prix du Jury en 2009 pour
Policier, adjectif, dans la section Un certain
regard, recevait deux jours plus tard, dans
cette même section, le Prix Un certain talent
des mains d’Isabella Rossellini.
Fable d’une Roumanie postrévolutionnaire,
qui traîne son Histoire, la fuit ou la retrouve
au fond des trous. Une Roumanie où la classe
moyenne, endettée, renoue avec la grande
Le trésor de Corneliu Porumboiu © Le Pacte
tradition de la débrouille parfois loufoque
pour se sortir de situations difficiles mais
dans laquelle on peut encore rêver de Robin
des Bois, croire à l’entraide, au partage et
à la possibilité de transmettre ces valeurs
aux générations futures. Le scénario «based
on a true story», met en scène deux voisins
partis à la recherche d’un trésor caché dans
le jardin d’une propriété familiale, autrefois
réquisitionnée par les communistes, dans
un village, à une heure de Bucarest, qui a
vu passer les maîtres successifs du pays.
Légende familiale qui nécessite une mise
de fonds pour être vérifiée. L’aventure commence dans un embouteillage, le GPS en
guide suprême, se poursuit avec la quête
d’un détecteur de métaux, puis à coups de
pelles de plus en plus rageuses, plusieurs
mètres sous terre, fait une étape dans un
commissariat de police avec un crocheteur
de serrures pour finir dans l’aire de jeux
d’un jardin public. La caméra s’élève alors
s’arrêtant sur un soleil qui annule la grisaille
du ciel et les doutes de l’enfant sur la fiabilité de son père. Comme toujours chez ce
cinéaste, les dialogues absurdes, décalés,
la tendre dérision sans cynisme et l’intelligence cinématographique prévalent. Le trésor
nous parle de l’Histoire et des histoires, de
la réalité et des mythes, de la famille et de
l’héritage. C’est un film doux, en demi-teintes,
profondément humain, où les bleu-gris se
givrent pour mieux s’éclairer et où les bruns
s’affadissent pour mieux se dorer.
ELISE PADOVANI
Le festival Visions Sociales a eu lieu
du 16 au 24 mai au Château des
Mineurs, à Mandelieu La Napoule
Doubles messieurs
S
eptième séance de la 33e édition du Festival du 1er Film
francophone, organisé par le
Berceau du Cinéma, le 28 mai
à l’Eden Théâtre : un court et un
long, tel a été le choix d’Yves Alion,
le directeur artistique.
L’Homme qui en connaissait un
rayon d’Alice Vial raconte l’histoire de Monsieur Béranger
(André Penvern), un employé
d’un supermarché de meubles,
vivant jour et nuit dans un salon
en carton-pâte jusqu’au jour où…
sa rencontre avec une petite fille
(Naomi Biton) lui permettra peutêtre d’aller voir la mer… Un court
métrage à la poésie décalée.
Terre battue est le premier long
métrage de Stéphane Demoustier, une histoire en forme de fable
qui nous parle de notre société
néo-libérale, où compétition et
affaires prédominent, où l’on suit
Terre battue de Stéphane Demoustier © Les Films Velvet
le parcours de deux êtres, le père
et le fils, enfermés dans leur
monde. Le père (Olivier Gourmet, excellent comme toujours !),
un cadre qui vient de perdre son
emploi, ne baisse pas la tête. Il
adore les supermarchés où les
gens viennent en famille, et ne
pense plus qu’à la société qu’il
voudrait monter si bien qu’il ne se
rend pas compte que sa femme
(Valeria Bruni Tedeschi), à qui il
achète une paire de chaussures
par mois, déprime et s’éloigne
peu à peu Quant à leur fils, le
jeune Hugo (Charles Mérienne),
c’est un autre challenge qu’il s’est
donné : intégrer une section
sports-études tennis, tremplin
pour Rolland Garros. Il s’entraine intensément, souffrant en
silence de ce qu’il ne parvient pas
à partager avec son père. Deux
courses en parallèle qui ne se
rejoindront qu’à la fin (qu’on ne
vous dévoilera pas).
Stéphane Demoustier filme cette
relation difficile, ces êtres enfermés dans leur projet, sans les
juger, un peu à la manière des
Frères Dardenne, coproducteurs
du film. Il donne aussi à voir les
coulisses du tennis de compétition, un milieu qu’il connait bien
pour l’avoir fréquenté, adolescent.
Un premier film réussi, lucide et
attachant. On attend le deuxième !
ANNIE GAVA
Le Festival du 1er Film
francophone s’est tenu du
26 au 30 mai à La Ciotat,
au Berceau du Cinéma
56
Bien plus qu’une expo
Depuis le 10 juin s’est ouvert à Marseille un lieu
qui magnifie le squat et le rêve. Bien plus qu’une
exposition collective, les 40 artistes réunis nous
proposent de visiter leur habitat commun, qui
est celui de nos enfances, et de leurs rêves.
Cauchemardesques parfois, douloureux souvent,
toujours reliés à ces heures que l’on a passées
dans les salles de classes, et que nos mémoires,
quel que soit notre âge, chargent d’affects.
Pendant près de quatre mois l’atelier Juxtapoz
associé au 9e concept a convié les artistes
à habiter et transformer les lieux. Et quels
lieux ! 2500 m2, 3 bâtiments dont un classé
(primaire, maternelle et lycée, le collège étant
devenu lieu de résidence) deux cours et deux
préaux... Chaque artiste s’est vu allouer soit
une salle de classe, soit un de ces escaliers
usés par des milliers de pas d’enfants,
soit un mur gigantesque. Le résultat laisse
bouche bée : aucun n’a lésiné sur sa peine,
et tous ont entrepris un colossal travail de
métamorphose, enduisant de couleurs, de
signes, de formes, chaque mur, et les sols et
les plafonds encore, se servant des vestiges,
bureaux, chaises, tableaux, livres et ardoises
délaissés, pour concevoir des installations
© Olivia de Bona
De jeunes artistes inspirés prennent
la vie en grand et métamorphosent
une institution scolaire désaffectée...
qui transcendent la réminiscence.
Qui sont ces artistes ? De jeunes gens pour la
plupart, beaucoup d’hommes (6 femmes sur 40
seulement...), des artistes d’ici ou internationaux
tous qualifiés de Street artistes, parce qu’ils
aiment tant leur art qu’ils le pratiquent dans
les rues quand les galeries ne leur ouvrent pas
assez vite les portes. Une unité esthétique ?
Quelques points communs, dont un attrait
évident pour la couleur saturée en aplats,
l’amour des lettrages et des slogans, un usage
décomplexé de la figuration,
entre BD et illustration. Et
aussi, clairement, un refus du
minimalisme, de l’épure, du
geste et du conceptuel : ici on
peint en grand, et vite ! Avec
toutes sortes de techniques...
Si toutes les salles et œuvres
valent le coup d’œil (prévoyez
deux bonnes heures pour
tout voir), c’est parce que
Maison Blanche, mairie des 9 et 10e
arrondissements de Marseille, a accueilli pour
sa 7e édition le Festival des Arts éphémères.
Désormais attendu par le public et par les
enfants des écoles (2000 chaque année), il
propose d’ouvrir les portes à l’imaginaire.
Cette manifestation est l’occasion pour l’équipe
municipale de favoriser l’accès de tous à l’art
contemporain, soutenue cette année pour la
première fois par le Conseil Général qui vient
de changer de couleur. Anne-Marie d’Étienne
d’Orves, adjointe à la Culture, a demandé à
Isabelle Bourgeois, responsable culturelle à
La Valette du Var, d’assurer le commissariat
en duo avec Jean-Louis Connan, directeur
artistique de l’École d’Art de Marseille.
Inaugurée le 28 mai avec les sonorités
inhabituelles des musiciens des ateliers
toulonnais et marseillais des Pousses de
Bamboo Orchestra sous la direction de Makoto
Yabuki, l’édition 2015 a compté plus de 30
artistes plasticiens, performeurs et musiciens.
En accédant à l’exposition par la Bastide, le
public était happé par les photos géantes
en très gros plan des fleurs d’Erwan Frotin,
Raoul Hébréard © Chris Bourgue
Œuvres éphémères pour rêves intemp
exotiques, ou communes comme les acanthes ;
le photographe-botaniste répondant à une
commande de la Villa Noailles s’est livré à la
constitution d’un herbier hors du commun.
Dans l’autre salle, il pouvait jouer au Petit
Poucet perdu dans l’impressionnante Forêt de
Nicolas Pincemin (polyptique de huit panneaux
à l’huile 230x170). Sur la terrasse, il s’amusait
des Topiaires mobiles en faux buis sur roulettes,
proposées par l’ECAL de Lausanne. Le regard
était attiré par Le grand lac
de Raoul Hébréard : un
sous-marin de pacotille,
surgissant sur le plan d’eau,
dont pourraient sortir des
extra-terrestres... Plus
loin, la luxueuse caravane
américaine Airstream du
Théâtre du Centaure servait
d’écrin à Eau forte, images
57
AGNÈS FRESCHEL
Aux Tableaux
jusqu’au 10 octobre
Ancien Lycée Saint Thomas d’Aquin, Marseille
www.aux-tableaux.com
porels
sensuelles du Centaure Manolo/Toshiro, étalon lusitanien,
filmé par Camille. Sur un îlot on apercevait Premières lignes,
œuvre impressionnante d’Ugo Schiavi, résultat des moulages
directement pris sur les rugbymen de La Valette. Puis Station
devant plusieurs tentes bizarrement installées par Robin
Touchard, Riches, pépites d’or géantes (résine et feuilles de
cuivre) de Mary Pupet. On pénétrait encore dans le taillis occupé
par les images imprimées d’Oedipe aux yeux crevés qui laissaient
voir les feuillages et donnaient à lire quelques pages de Sophocle
(Oedipus’cruising de Marc Turlan). On découvrait Barbacane,
étrange sculpture évolutive de Frédérique Nalbandian,
faite de savon soumis à l’action érosive de l’eau, réflexion
métaphorique sur le rôle de l’eau ? Plus loin Rêve d’enfant,
bestiaire découpé dans de vieilles portes par Charlamand,
interrogeait les imageries de l’enfance et de l’Afrique.
D’autres créations attendaient le public, comme les travaux
des Ateliers Publics de Marseille présents depuis la première
édition. Toujours aussi inventifs, ils faisaient honneur aux post-it,
aux objets du quotidien et de récup’ en les détournant, mais
aussi à des matériaux plus nobles comme la céramique.
CHRIS BOURGUE
Le Festival des Arts éphémères
a eu lieu à Maison Blanche
du 28 mai au 14 juin
L’album souvenir de
Michèle Sylvander
Il est des cartes postales qui ressemblent à des albums
de famille ou des journaux intimes. De l’intime, justement,
il en est question avec Michèle Sylvander qui puise dans
les archives familiales matière à raconter -réinventer- sa
propre histoire. Une histoire personnelle qui touche à
l’universel parce que toujours pudique, sincère, transmise
en pointillés au fil de photos, de vidéos et d’objets.
Comme ces minuscules souliers posés à même le sol,
ces annotations griffonnées au dos de photos laissées
longtemps dans le secret. Enfouies dans les interstices du
temps… Retour à l’enfance marqué par la figure paternelle
et ses voyages en Algérie, au Maroc, en Indochine ; portrait
pudique et réaliste de la mère dans Only You ; geste radical
d’archives sur la guerre d’Algérie, d’abord retrouvées puis
brûlées ; reconstitution de souvenirs détournés à l’aune de
la mémoire et de la vérité recomposée… Et cette question
qui la taraude, «Pourquoi es-tu parti ?», sujet d’une vidéo
magistrale sur la séparation, la guerre, les colonies : les
images se déroulent au son du martèlement de la machine
à écrire, des fusillades et des bombardements. Et se
terminent par cet imparable question : «Pourquoi tu pars ?».
Dans À mon tour, je te raconte, Michèle Sylvander libère sa
mémoire et ses émotions, se met à nu une fois encore en
convoquant les traces des êtres aimés, des espaces habités,
des vêtements enfilés. Sans pathos. Mais avec un talent de
narratrice tel que le lecteur attend déjà son retour… M.G.-G.
À mon retour, je te raconte
Michèle Sylvander
jusqu’au 11 juillet
Château de Servières, Marseille 4e
04 91 85 42 78
www.chateaudeservieres.org
Face à elle le pharo © Michèle Sylvander
personne ne s’est dérobé à sa commande, et que chacun a livré
sa vision de l’école, primaire pour Gilbert Mazout qui dessine
à la craie des animaux velus, maternelle pour Olivia de Bona
qui propose une scénographie bleu rêve pour la sieste des tout
petits, lycéen pour Rémi Uno qui fait surgir ses fantasmes de
profs en culotte au coeur d’une salle de classe explosée... Les
gestes de révolte pure envers l’ordre oppressant d’une école
perçue comme rigide et élimant l’individu sont fréquents, mais
on sent aussi la peur d’en sortir démuni, comme de ce toboggan
qui mène vers le chômage, cet escalier peuplé de sculptures
fantastiques évoquant la faucheuse, et ce plafond crevé de lumière
de Stéphane Parain, éblouissant de blanc. Des connotations
mystiques, parfois naïves ou anecdotiques, souvent graves comme
des questions irrésolues, traversent les salles de cet ancien
établissement catholique, décidément projeté vers d’autres cieux.
L’exposition, monumentale dans tous les sens du terme,
se visite seul ou guidé (Office de tourisme), en classe ou en
famille, le mercredi (13h/20h) et du vendredi au dimanche
(11h/20h). Des happenings ont lieu tous les mercredis soirs,
et la restauration est conviviale. L’entrée est libre, il suffit
d’adhérer (2 €) pour y aller autant que vous voulez !
58
Retours vers le futur
Comment les artistes racontent la mémoire
du futur ? Comment leurs œuvres prennentelles une patine historique ? Dans la lignée de
l’exposition Peinture Cinéma Peinture de 1989,
la Vieille Charité renoue avec la narration en
ouvrant trois chapitres : «Metropolis», «La
guerre des mondes» et «L’odyssée de l’espace».
Du manifeste futuriste de Marinetti en 1909 aux
fictions architecturales du collectif La Fratrie
de 2015, l’exposition Futurs révèle à quel point
l’univers des artistes fut bouleversé -tant sur le
plan conceptuel que formel- par les révolutions
scientifiques, technologiques, industrielles
ou spatiales. Comment les cinéastes (Fritz
Lang et son emblématique Metropolis ouvre la
première section, S. Kubrick hante les salles),
les architectes, peintres, sculpteurs, auteurs
(H. G. Wells plane sur nos têtes) imaginèrent
des mondes mutants, les questionnèrent
ou les pressentirent, avec enthousiasme ou
pessimisme. Entre visions réalistes, utopiques,
oniriques, fantasmées et désenchantées. En
Italie donc, mais aussi en Russie, aux U.S.A.,
en Grande-Bretagne, en Allemagne et en
France, l’onde de choc précipite les artistes
dans un tourbillon inventif et prospectif : ils
déconstruisent les villes, démultiplient les
espaces, fabriquent machines et robots, se
réapproprient les mythes (le rêve d’Icare est
plus que jamais palpable et Matisse se délecte),
Vue de l’exposition à la Chapelle. Installation de Bruno Peinado, Sans titre, Silence is Sexy, 2004, 2015 © Vincent Ecochard, Ville de Marseille
détournent les figures des supers héros
(Batman peut-il réellement sauver le monde
s’interroge férocement Dulce Pinzon). Certains
comme les Frères Henry dès 1887 ou Thomas
Ruff en 1990 redoutent la fragilité de la terre
à l’aune de l’immensité cosmique et regardent
désespérément le ciel étoilé. Ce même ciel
qui n’augure pas toujours des jours heureux :
Renaud Auguste-Dormeuil donne à voir en
2004 un dramatique et silencieux The Day Before
Baghdad. Et quand Miró fait virevolter sur la toile
les constellations, Kupka a «l’impression de
contempler le globe terrestre
de l’extérieur»… Leur quête du
mouvement est perpétuelle,
mouvement de la pensée et
de l’esprit, des formes et des
médiums. En témoigne la fin
de l’odyssée à la Chapelle en
compagnie de Bruno Peinado
et son installation Sans titre,
Silence is Sexy où se reflètent
la coupole, le passant, les
ombres tour à tour déformés,
Destins du dessin
En rapprochant Van Gogh et deux
artistes contemporaines, trois
expositions à la Fondation Van
Gogh jouent au grand écart sur
le thème du dessin. Ce qui n’est
pas forcément pour déplaire
L’exposition estivale dernière nous intéressait à
la couleur dans l’œuvre de Van Gogh. Pour cette
édition, Bice Curiger et Sjraar van Heugten
se tournent vers un autre extraordinaire,
son œuvre graphique. En contrepoint, on
découvre la dernière série des Hack Wit, les
dessins au pigment et les sculptures de verre
de Roni Horn, ainsi qu’une troublante vidéoinstallation de la vidéaste japonaise Tabaimo.
Figure humaine
Portraits de travailleurs, paysans, mineurs
baissés, courbés, au dos voûté, corps massifs
lourdauds, mains noueuses, aspect terreux...
entre autres, la sélection conçue par Sjraar van
Heugten fait la part belle à la figure humaine
et certaines classes sociales. Van Gogh
semble nous demander de nous y intéresser
de près, jusqu’à l’ambivalence, par exemple,
1735, Tabaimo, aitaisei-josei, 2015, installation vidéo en boucle © C. Lorin,Zibeline
de ces gerbes de blé (Auvers, 1890) tracées
hâtivement peu avant sa mort qui évoquent
par leur mouvement des pantins/danseuses
fantomatiques sans tête. Le paysage n’est pas
en reste. De près aussi : celui-ci avec cabane
(Arles, mai 1888) contrarie la logique de la
netteté en perspective. Car c’est au lointain que
l’artiste accorde précision et détails, laissant les
premiers plans à une accumulation graphique
de signes. En appelant à la couleur, il est précézannien dans cette vision d’un banc, aquarellé
à l’huile, encre et craie noire. Contrariant
l’enseignement classique, le dessin n’est pas
systématiquement le préparatoire à l’œuvre
peinte. Van Gogh lui octroie
son autonomie en développant
un exceptionnel vocabulaire
graphique (qui n’est pas sans
rappeler Dürer) et investit aussi
des surfaces respectables.
On aurait apprécié ici son
Rocher de Montmajour ou La
roubine du roy. L’exposition
pointe aussi les influences
croisées et expérimentations
techniques à travers la gravure,
héliogravures, reproductions
d’œuvres d’artistes, estampes
d’Hiroshige tant appréciées.
Affinités
À travers le parcours des trois
univers si différents, nous
touchons à l’un des aspects
de la recherche essentielle
que tout artiste nourrit envers
ses moyens d’expression
personnels. Du gros crayon
de charpentier des débuts
au roseau de Provence et
diverses combinaisons d’outils
59
De beaux papiers
gonflés, rapetissés. À couper le souffle !
L’option du parcours chronologique
est une réussite, le découpage en
sections thématiques également qui
conduisent le public à s’approprier
une histoire. Leur histoire. D’autant
que la scénographie privilégie la
pédagogie à travers un choix de cartels
détaillés, précieux repères historiques
et esthétiques, et que des médiateurs
culturels sont disponibles gracieusement
dans chaque salle. Un double effort de
la direction des Musées de Marseille
que le public visiblement apprécie.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Dusk embossed, oeuvres de Ky Anderson, vue partielle de l’exposition. © C. Lorin/Zibeline
Futurs
De la ville aux étoiles, Matisse, Miro, Calder…
jusqu’au 27 septembre
Centre de la Vieille Charité, Marseille 2e
www.futurs.marseille.fr
Premier anniversaire pour
Look&Listen avec une exposition
d’œuvres sur papier en deux volets
proposée par l’artiste new-yorkaise Ky
Anderson. L’occasion aussi de faire le
point avec Yifat Gat, initiatrice de ce
lieu d’art atypique.
À lire
Crépuscule gaufré...
À voir
Futurs, textes de Olivier Cousinou, Pascal
Neveux, Arnauld Pierre, Christine Poullain
et Guillaume Theulière, coédition RMNMusées de Marseille, 35 euros
pour Van Gogh, pigments, colle vernis,
lacérations recomposées minutieuses
annotées de Roni Horn, ou chez Tabaimo
le dessin traditionnel japonais inspirant
les nouvelles technologies dans une
mise en scène tridimensionnelle.
Toutefois on se demande ce que font ici
les monolithes de verre (magnifiques
d’absolu !) de Roni Horn, antiformes où
s’absorbe dans la matière/lumière/couleur
toute velléité de trace singulière. Une
antithèse du dessin. Le visiteur désirant
approfondir les sujets se tournera vers
la sémillante équipe de médiatrices et
les catalogues édités pour l’événement
chez l’éditeur voisin Actes Sud.
CLAUDE LORIN
Les dessins de Van Gogh : influences et innovations
Roni horn : Butterfly to Oblivion
Tabaimo : Aitaisei-Josei
jusqu’au 20 septembre
Fondation Van Gogh, Arles
04 90 93 08 08
www.fondation-vincentvangogh-arles.org
...Mot à mot c’est la traduction de Dusk
embossed, titre donné à ce projet en
deux volets par Ky Anderson invitée en
résidence en mai dernier. Pour la première partie, Ky Anderson a envoyé à
une quinzaine d’artistes cinq feuilles
de papier pour estampe retravaillé
en relief (embossed) avec une presse
depuis son atelier new-yorkais. Un
élément de chaque est exposé ici. Ce
premier volet, le plus modeste (petit
format contraint par la voie postale),
est aussi le moins éloquent malgré la
variété des propositions, les artistes
ayant travaillé davantage le recouvrement que joué avec les reliefs offerts
par le papier embossé. Pour sa participation personnelle, Ky Anderson nous
gratifie de seize grands formats où se
combinent des systèmes de couches
aquarellées successives, trames, perspectives, interpénétration d’espaces
et transparences. L’acrylique diluée
impose le geste assuré de l’aquarelle
structurant le support comme autant
d’effets suggestifs. «Même si mes
peintures apparaissent abstraites, elles
racontent des histoires […] Les couleurs
rappellent des souvenirs, des paysages,
des choses vécues il y a longtemps» précise l’artiste. L’ensemble de l’exposition
sera ensuite présenté à la galerie Molly
Krom de New-York.
Espèces d’art
Look&Listen se veut un espace d’art
ouvert aux différentes formes et projets
artistiques : atelier d’artiste, galerie,
bibliothèque, espace-vente, ateliers
publics et scolaires et récemment
de médiation artistique. Un rapprochement avec les entreprises locales
mécènes (AESC et ID Méditerranée)
pour un projet de sculptures à partir
des rebuts industriels a déjà été effectué. Une gageure pour l’association
à l’heure où la culture relève parfois
du spectacle et des budgets en peau
de chagrin. Pourtant dans cette petite
commune villageoise, si la nouvelle
mairie n’est pas encore totalement
partie prenante, elle a facilité l’installation de cette structure dans l’ancienne
Poudrerie Royale, un lieu exceptionnel
au bord de l’étang, et suit chaque projet
et vernissage avec attention. En 2014,
l’expo inaugurale Brooklyn-Marseille
avait déjà donné le ton de grandes
ambitions malgré des moyens on ne
peut plus modestes. L’avenir semble
se construire aussi dans les synergies
locales comme internationales. «À la
rentrée, nous exposerons Format Raisin, une proposition de Michel Barjol de
la galerie Martagon à Malaucène, nous
allons aussi participer au Mois de la
Photo et à la foire d’art contemporain
Sluice à Londres, et puis Supervues à
Vaison-la-Romaine en fin d’année» se
réjouissait déjà Yifat Gat.
C.L.
Dusk Embossed
jusqu’au 20 juillet
Look&Listen, Parc de la
poudrerie, Saint-Chamas
06 80 45 03 32
www.looklisten.com
60
Hervé Télémaque
Après une première au Centre Pompidou, l’œuvre d’Hervé Télémaque
est accueilli à Marseille. Près de quatre-vingt pièces, peintures, collages,
dessins au fusain, assemblages et «sculptures maigres», en forme de
rétrospective. À cette occasion, le musée présente une sélection d’œuvres de
la Figuration narrative issue du [MAC]. Rencontre/lecture avec Bernard Noël,
en association avec le Cipm, le 20 juin à 15h30 en présence de l’artiste. C.L.
du 19 juin au 20 sept
Musée Cantini, Marseille
04 91 54 77 75
www.marseille.fr
Gilbert Garcin
Petit célibataire un peu nègre et assez joyeux, 1965, Huile sur toile, 80 x 80 cm,
Paris, Centre Pompidou, MNAM © Philippe Migeat, Centre Pompidou
© Adagp, Paris 2014
Le photographe marseillais
le plus connu hors des frontières phocéennes est de nouveau aux
cimaises de la galerie Detaille. Hélène et Gérard Detaille avaient
exposé Gilbert Garcin en 2013 une première fois avec la réception
d’un beau succès. Le maître de l’humour absurde auto-fictionnel
en noir et blanc revient avec des projets réalisés entre 1995 et
2012. Certains clichés sont montrés pour la première fois. C.L.
Ainsi va le monde
jusqu’au 11 juil
Galerie Detaille, Marseille
04 91 53 43 46
www.galeriedetaille.com
Upward © Gilbert Garcin
Pour l’œil
La programmation de la fondation poursuit la thématique art et science au
cœur du projet artistique de Victor Vasarely. Trois générations d’artistes depuis
les années 60 avec le GRAV aujourd’hui représentés dans la collection d’art
cinétique de Lélia Mordoch et José Mijan : Garcia-Rossi, Morellet, Le Parc,
Sobrino, Stein, Yvaral, les dessins nanométriques de Michel Paysant. C.L.
L’œil phénomène
du 18 juin au 20 sept
Fondation Vasarely, Aix-en-Provence
04 42 20 01 09
www.fondationvasarely.org
Horacio Garcia-Rossi, Sphère 6 couleurs en mouvement, 1969-71
©Thomas Granovsky
Tony Oursler
Les rapports entre archive et création contemporaine constituent un des axes de réflexion
et de programmation de la Fondation Luma. Cette édition invite Tony Oursler, grand
compilateur notamment sur les phénomènes paranormaux. Un film 4D, une installation
et une publication proposent «un nouveau regard à la fois sur ce matériau recueilli par
l’artiste depuis de nombreuses années et sur la trajectoire de son propre travail». C.L.
Impondérable : les Archives de Tony Oursler
Fondation Luma
Les Forges, Parc des Ateliers, Arles
du 6 juil au 20 sept
www.luma-arles.org
Ectoplasm under an ultraviolet light, début du 20e siècle
© Aaron Fedor, Courtesy of Tony Oursler’s personal archive
61
Bruissements
Pour la deuxième année consécutive, le Domaine du Château
d’Avignon vibrera à travers le bruissement visuel et sonore d’œuvres
contemporaines. Le parcours investit château, dépendances et
parc avec des créations pour certaines conçues spécialement
pour l’événement et les lieux, comme une invitation poétique à
construire sa propre expérience sensorielle. Performances
le week-end d’ouverture les 20 et 21 juin en présence des artistes. C.L.
Le Domaine des murmures
du 20 juin au 4 oct
Château d’Avignon, Saintes-Maries-de-la-Mer
04 13 31 94 54
www.chateaudavignon.fr
Mathias Isouard, Water Percussions# , 2013, production Voyons Voir art contemporain et
territoire © M. Isouard
Sculptures au jardin
Parvine Curie, Marc Nucera, Xavier Spatafora, Regina
Flakenberg... Les Jardins de la Bastide Rose accueillent tout
l’été un ensemble de sculptures et installations monumentales
contemporaines. Dix-neuf artistes internationaux dont certains
sont installés et travaillent en région Provence. C.L.
De la ligne au point
jusqu’au 15 oct
Fondation Poppy et Pierre Salinger, Le Thor
04 90 02 14 33
Le tricot de la terre, une œuvre de Tetsuo Harada © Aygulf Le Cesne
62
5 000 m2 de Collection Lambert
Le musée a fait peau neuve et s’est agrandi grâce au talent de l’agence Berger &
Berger, il rouvre ses portes avec une double exposition. L’Hôtel de Caumont reçoit,
avec le Festival In, une exposition hommage à Patrice Chéreau (financement
participatif en cours sur kisskissbank). Archives personnelles, entretiens filmés et
prêts d’œuvres (Géricault, Goya, Marina Abramovic, Mapplethorpe…) retracent
ses obsessions et ses passions. Dans l’Hôtel de Montfaucon mitoyen (ancienne
école d’art), une partie des 556 chefs-d’œuvre du fonds donné par Yvon Lambert
à l’Etat, dont certains inédits, est présentée en collection permanente. DE.M.
© Francesco Cairo, Saint Sébastien soigné par Irène, vers 1635,
huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Tours
Un nouveau musée
Patrice Chéreau, un musée imaginaire
du 10 juil au 15 oct
Collection Lambert, Avignon
04 90 16 56 20
www.collectionlambert.fr
Jean-Henri Fabre
Le musée d’arts décoratifs expose une partie de la collection particulière de
l’entomologiste Jean-Henri Fabre. 19 aquarelles de champignons que l’insatiable
curieux a soigneusement dessinés, ainsi que des ouvrages naturalistes, des
herbiers et manuscrits rappellent son talent pour Observer, (re)présenter,
transmettre. D’autres oeuvres collectionnées autour de la botanique et de
l’éthologie feront un écho contemporain à «L’homère des insectes». DE.M.
L’art dans la nature
du 18 juin au 6 sept
Musée Vouland, Avignon
04 90 86 03 79
www.vouland.com
© Jean-Henri Fabre, Champignons, aquarelle, sans date (collectin particulière)
Matthieu Faury
Au Château de Tarascon, forteresse et résidence médiévale des Ducs d’Anjou,
Matthieu Faury s’est emparé de la figure emblématique du château. Dans le
prolongement de l’exposition Si les Châteaux m’étaient contés, son installation
Château-coeur conçue spécifiquement pour les lieux, explore à travers le regard
contemporain la réflexion sur les métamorphoses du monument médiéval. C.L.
jusqu’au 31 oct
Centre d’art René d’Anjou, Tarascon
04 90 91 01 93
www.chateau.tarascon.fr
Matthieu Faury, Château-coeur, technique mixte, 2015
© Ville de Tarascon-M. Faury
Féeriques
Dans les Hautes-Alpes, La vallée de Crévoux offre un site
enchanteur où des fées très bien intentionnées ont installé des
œuvres d’art singulières et éphémères. Comme de passer la
nuit dans une cabane de berger, restaurée et aménagée avec
une œuvre de Frédéric Ollereau créée pour cette sixième
édition. Accueil guidé avec un artiste, médiations, application
pour smartphone, nuits numériques : tout un parcours
naturel et artistique à découvrir aussi en famille. C.L.
Le Parcours des Fées #6
du 4 juil au 31 août
Crévoux/La Chalp
04 92 43 63 69
http://parcours-des-fees.fr
© Pierre-Laurent

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