télécharger le programme de la journée du 18 mars 2011
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18 mars 2011 CREER, c’est RESISTER Cette première séance du séminaire EMC reprend la formule de la résistance française popularisée par Stéphane Hessel : « Créer, c’est résister ». Cette phrase, qui fait référence à un des principes imprescriptibles de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, la résistance à l’oppression, qui s’applique singulièrement aux œuvres de l’art et de l’esprit. Les conférenciers, universitaires ou praticiens, vont proposer, pour initier le séminaire 2011, des définitions reliées aux mutations contemporaines et à des expériences culturelles internationales. Corinne ARNOUL D L’Art, comme arme pacifiste de la résistance pacifique Sarayaku Le peuple Kichwa de Sarayaku mène depuis plus de 25 ans une lutte pacifique contre l'exploitation pétrolière de la forêt amazonienne équatorienne. Entre autres moyens de résistance pacifique pour protéger la vie (juridiques, médiatique...), ce peuple a décidé de planter un « Grand Chemin vivant de Fleurs » (Sisa nampi), une « Frontière de Vie » née de l'inspiration des Yachaks (Chamanes) du village : une succession de clairières d'arbres, dont la canopée fleurie sera visible du ciel dans 20 ans. En France, cette puissance créatrice née dans la forêt est relayée par un collectif d'artistes qui pose symboliquement au travers des oeuvres dédiées à ce peuple des lieux de résistance - création faisant ainsi de l'Art une arme pacifique de résistance active. Corinne ARNOULD mène de front une double activité : responsable marketing/communication dans le secteur de la presse et présidente de l'association Paroles de Nature (www.parolesdenature.org). Paroles de Nature représentent en France le Peuple Kichwa de Sarayaku (www.frontieredevie.org). Alain Gilles BASTIDE Photographe des confins Journaliste engagé et acteur culturel dans les médias d’expression libre (cyberjournalistes, Zaléa TV, enseignant à l’Institut Charles Cros…) Alain Gilles BASTIDE, photographe en Amérique latine et sur le site de Tchernobyl va, au travers son parcours personnel expliquer ses choix de cadre, de regard et d’organisation artistique. Déborah COHEN Discours rebelles et créativités populaires en France Mon intervention abordera, à partir des discours tenus par des individus populaires dans l’émeute ou dans d’autres situations de rébellion au XVIIIe siècle, une forme de créativité qui porte sur la personne elle-même. J’essaierai de réfléchir à ce que peuvent signifier les diverses modalités de l’invention de soi, passant, notamment, par le travestissement ou des prises de rôles imaginaires. Je me demanderai comment cette modification de soi participe à un bouleversement du monde. Déborah COHEN est Maître de Conférences à l'Université de Provence (UMR Telemme). Thèse en 2004 : Le Peuple : de l’Autre au différent. La construction des identités individuelles et collectives des classes populaires (France, XVIIIe siècle). Principale publication : La nature du peuple. Les formes de l’imaginaire social, Eds Champ Vallon, col. La chose publique, 2010. Jean-Pierre COMETTI : « Créativité » et reconfiguration des fins de l’action Les notions de création et de créativité tendent à s’étendre bien au-delà des pratiques artistiques, où elles ont été longtemps confinées. Quel sens peut-on donner à cette extension et aux usages qui lui sont associés ? Quelles en sont les finalités sociales, voire politiques, explicites ou sous-jacentes ? Nous tenteront de mettre au jour les conditions sociales d’une «créativité » qui franchirait les barrières du mythe, à partir d’une reconsidération de l’agir social et des attendus qui, apparemment, s’y opposent ou en compromettent la possibilité. Jean Pierre COMETTI a enseigné à l’Université de Provence. Il est philosophe, traducteur et éditeur. Ses travaux se concentrent sur une philosophie de la pratique et des « usages », appliqués au champ de l’art et du social. Derniers livres parus : La force d’un malentendu, Questions théoriques, 2009 et Qu’est-ce que le pragmatisme ?, « Folio-essais, Gallimard, 2010. Catherine PEIX Résistance et retour aux sources : l’odyssée des forêts de pommiers sauvages du Kazakhstan De formation scientifique (chimie, biologie), Catherine PEIX est réalisatrice de documentaires scientifiques, dont Les origines de la pomme ou le jardin d’Eden retrouvé (2010, Arte), dont elle va développer les découvertes et les logiques au travers la séance « Créer, c’est résister». Pour préserver les intuitions pionnières du biologiste kazakh Djangaliev, elle poursuit au travers l’association Alma, une œuvre de développement bioéthique durable attentive à la préservation des lieux mère des espèces végétales. Julie RODRIGUE : Le droit français et l’œuvre d’art : une résistance juridique Le droit français offre une véritable écoute aux interrogations sur la création individuelle, corollaire d’une logique sociale qui valorise l’individu sur la création collective. Le respect de la création en droit français est une réalité. La règle de droit, définie pour permettre la vie en société, n’a pas d’autre objectif que d’assurer la sécurité du collectif au regard des droits et des devoirs du citoyen. Sans la sanction elle n’existe pas. Comme tout système, le droit a sa part « fictive » voire d’hypocrisie. L’œuvre artistique dans le droit français est définie comme une oeuvre de l’esprit et les droits qui lui sont attachés sont indépendants de son support. Juridiquement, l’œuvre artistique est sur un plan différent des autres créations dont l’existence dépend de l’obtention d’un titre. Mais la création au coeur d’un litige doit se prouver par tout moyen car le droit français est un droit écrit, sur preuve. La démonstration d’une forme originale, qui porte l’empreinte de son auteur empêche le juge de porter une appréciation sur le mérite de l’œuvre. L’œuvre artistique doit être perceptible à l’un des sens humain et porter l’empreinte artistique de son auteur. Certaines décisions ont été sanctionnées pour avoir méconnu cette règle. Avocat au Barreau de Paris depuis 1995. Membre de l’Association Initiadroit conçue pour initier les collégiens et les lycéens au droit dans le cadre de l’instruction civique. Julie RODRIGUE a développé une activité tournée vers le contentieux spécialisé : le droit du cinéma et de l’audiovisuel, l’édition, la photographie, les créations artistiques et industrielles, le logiciel, les ventes aux enchères publiques d’objets d’art, les faux et contrefaçons artistiques, le contentieux de la concurrence déloyale. Elle a enseigné le Droit de la Production Audiovisuelle et droit à l’Image, à l’Institut Charles Cros, UFR Arts et Technologies (U.Marne La Vallée) Yassir YEBBA : Cuisiner, c’est résister Une mise en bouche orale de quelques minutes portant sur le risque et la précarité comme condition et moteur dans la création culinaire. Un Goûter Aller/Retour Paris Nord - Guerrouane Sud servi symboliquement avec son thé du jour. Yassir YEBBA, anthropologue de formation, est devenu au fil de ses expériences professionnelles un cuisinier inspiré. « A 41 ans, j'ai derrière, avec et devant moi, mille questions que j'utilise pour tenter de comprendre le monde. En chemin, j'ai éduqué ma curiosité pour construire une recherche entre précarité et nécessité ; en montagnard, je fais confiance aux signes et aux éléments, place à toutes les sources et en écho aux chants lointains. Des bois de châtaigniers de la Charente limousine à l'immense forêt de cèdres du Moyen Atlas, je marche comme un pisteur indien à la recherche de ceux qui n'ont pas écrit. »