Le made in France s`exporte très bien

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Le made in France s`exporte très bien
LES DOSSIERS D'ALTERNATIVES
ECONOMIQUES
Date : FEV 16
Page de l'article : p.38-40
Journaliste : Ph. A.
Périodicité : Bimestriel
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LES SUPPORTS
Le made in France
s'exporte très bien
scène ou dans les bacs,
de K-Maro à Phoenix,
en p a s s a n t par A m a dou & Mariam, The D0,
M83, Nolwenn Leroy, Zaz,
ou plus récemment ChrisDe plus en plus d'artistes français parviennent à écrire
tine and the Queens, Selah
Sue et Stromae, pour n'en
de véritables success stories à l'étranger. Line opportunité
citer que quelques-uns.
pour la France de développer son soft power.
Parmi les gros succès de
2014 à l'export, Stromae
a écoulé 650 DOO exema France connaîtra-t-elle un jour sa
plaires de son album Racine carrée et I mil« French Invasion », à l'image dè la
lion de singles Papaoutai, avant de partir en
« British Invasion » des années 1960,
tournée aux Etats-Unis, en Afrique du Sud
qui a vu des groupes comme les
et au Brésil. David Guetta a vendu à l'étranRolling Stones, les Who, les Animals ou les
ger 750 000 exemplaires de son dernier alKinks partir à l'assaut des charts US à la suite
bum Listen. Et Zaz, qui a écoulé à l'export
des Beatles ? Le succès de la «french touch »
300 000 unités de son album Paris, a pu efà l'international en serait les prémices, avec
fectuer une tournée de 17 dates en Amérique
des artistes comme Air, Justice, Daft Punk
latine, après avoir conquis l'Allemagne.
ou St Germain, dont l'album Boulevard a
été encensé par le New Musical Express au
Un levier de croissance
Royaume-Uni lors de sa sortie en 1995, ce
L'année 2014 fut un bon millésime qui a vu
qui a marque le début du phénomène.
le chiffre d'affaires de la musique française
A défaut d'avoir déclenché un raz-dehors Hexagone atteindre 251 millions d'eumarée comparable à ce que fut la British
ros, selon les recensements non exhaustifs
Invasion aux Etats-Unis, la musique électrodu Bureau Export, contre 201 millions d'euros
nique française constitue toujours l'un
en 2010. Un coefficient
des moteurs de l'exportation de producmultiplicateur élaboré
tions hexagonales, aux côtés des grands I LES VENTES SE DÉVELOPPENT
en 2013 par le groupe de
classiques du répertoire français - le plus x HORS D'EUROPE
réflexion sur l'export de la
écouté dans le monde après le répertoire jj Répartition des ventes de musique
musique (Grem) permet
anglo-saxon, selon la Sacem. Elle conti- à enregistrée de la filière musicale
française à ('export, en %
nue à réaliser de belles performances, |
11,0%
notamment à travers les ventes du cham- I
0,5 %
2,0 % Afrique
Afrique
1,0%
pion toutes catégories David Guetta, qui i
2,0 %
Amerique
Amérique
du Sud
collectionne les certifications d'une année i
du Sud
sur l'autre (singles de diamant et autres al- I
burns de platine), et ce malgré l'exclusion jj
des statistiques du Bureau Export '" du |
dernier album des Daft Punk, sorti sur un jj
label américain de Sony Music.
|
De nombreux artistes produits en |
France et relevant d'esthétiques très va- |
riées ont percé au-delà des frontières §
au cours des dix dernières années, sur s
L
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2014
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rique (58 % des ventes de musique enregistrée réalisées à
l'export en 2014, contre 46 %
en 2013) tend cependant à modifier la donne. Ainsi, la part
des ventes de productions
françaises réalisées en Europe est-elle tombée à 62 % en
2014, quand elle était encore de
72 % un an plus tôt. Le marché
américain pèse désormais un
quart des exportations. Et les
labels indépendants ne sont
pas les derniers à en profiter.
Il n'en va pas de même pour le
spectacle vivant, qui bénéficie
moins directement des leviers
du numérique et a vu la part de
l'Europe dans son chiffre d'affaires croître encore l'an dernier, pour atteindre 77 %.
Des atouts maîtres
cependant d'extrapoler le poids réel de la
musique française à l'export à 602 millions
d'euros en 2014, contre 482 millions en 2010.
Dans le détail, les droits d'auteur constituent
la plus grosse part des revenus de la filière
musicale française à l'export (47 % en 2014),
devant les concerts (23 %) et les ventes de
musique enregistrée (21 %).
Les exportations de musique française
se concentrent encore aux trois quarts en
Europe. La montée en puissance du numé-
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Avec la mondialisation du
marché de la musique et la
montée en puissance programmée d'une multitude de marchés émergents - en Amérique
latine, en Asie, au Moyen-Orient
ou en Afrique -, la musique
française a de nombreux atouts
en poche. L'espace francophone
dans le monde représente pour
elle un marché potentiel à terme
de 1,1 milliard de personnes,
dans des pays où le marché de
David Guetta, à Las Vegas,
en mai 2015. Le DJ a vendu
la
musique était souvent inexisà l'étranger 750 DOO exemplaires
tant ou presque jusque-là. De
de son dernier album Listen.
nombreux artistes locaux sont
susceptibles d'être produits
et développés par des labels français (Amadou & Mariam, produits par le label Because,
en sont un excellent exemple). Et rien ne dit
que les productions anglo-saxonnes y seront
[ll Le Bureau Export de la musique française, cree par les professionnels français de la musique, a pour mission d'accompagner la
filiere musicale française a l'export
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dominantes, en dehors des hits planétaires
dont elles ont le secret.
Esthétiques parisiennes
Un autre atout de la musique française à
l'export est son soft power, que des statistiques
d'écoute publiées par la plate-forme de streaming Spotify permettent de mesurer |21. Elles
portent non pas sur les taux d'écoute des productions françaises, mais sur ceux des styles
musicaux identifiés comme provenant de Paris, Londres et Berlin dans différentes villes
du monde. Le pop-rock allemand ou la deeper
house berlinoise dominent dans 29 grandes
villes, contre 38 pour la pop, le rock ou la
chanson française, et 47 pour l'indierock, le
dubstep ou le drum and bass londoniens. Mais
alors que les esthétiques berlinoises trouvent
l'essentiel de leur audience étrangère en Europe du Nord et que l'influence londonienne
se concentre sur les Etats-Unis, l'Australie et la
Nouvelle-Zélande, celle de Paris est beaucoup
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plus diffuse et dispersée géographiquement.
Les esthétiques parisiennes rayonnent dans de
grandes villes européennes comme Bruxelles,
Barcelone, Amsterdam et Madrid, mais également à Istanbul, Taipei, Varsovie ou Bogota.
La question de l'export est actuellement au
centre des préoccupations de la filière musicale française. «Aujourdhui, ni les éditeurs ni les
producteurs de spectacles ne sont suffisamment
soutenus », regrette l'association Tous pour la
musique (TPLM), qui regroupe les acteurs du
secteur, dans un livre blanc publié au Midem
en juin dernier ^'.Augmentation des budgets
alloués par l'Etat, mise en place de crédits
d'impôt à l'export sont parmi les propositions
phares de TPLM, qui regrette que le soutien
des pouvoirs publics se limite pour l'heure à
l'enveloppe de 3,3 millions d'euros alloués au
Bureau Export chaque année.
• Ph. A.
|2] Voir http "static echonest com'MusicMigration/paris html
[3] « Les enjeux de la filiere musicale a l'international », accessible
surwwwtplmusiqueorg \\p-content uploads TPLM-Livre-BlancVersion-finale-08102015 pdf
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