Introduction à la numismatique - Numis

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Introduction à la numismatique - Numis
INTRODUCTION A
LA NUMISMATIQUE
Par Alain Perche
A.S.A. U.S.T.L. et
Numis-Club du Nord
Exposé du 30 Octobre 2008
1
Introduction à la numismatique.
Origines de la monnaie............................................................................................................... 3
le troc et ses limites................................................................................................................. 3
monnaies imitant les objets d’échange....................................................................................3
premières monnaies en Asie mineure..................................................................................... 4
Techniques de fabrication........................................................................................................... 4
les métaux employés............................................................................................................... 4
modules et poids…..................................................................................................................5
monnaies coulées.................................................................................................................... 5
frappe au marteau.................................................................................................................... 6
le balancier.............................................................................................................................. 6
machines modernes................................................................................................................. 6
Florilège de monnaies à travers le temps .................................................................................. 7
monnaies grecques.................................................................................................................. 7
monnaies romaines.................................................................................................................. 8
Gauloises................................................................................................................................. 8
Byzantines............................................................................................................................... 9
Médiévales............................................................................................................................ 10
Temps Modernes................................................................................................................... 11
Monnaies exotiques, Chine, Japon, Indes, Islam, Afrique.................................................... 14
Comment identifier une monnaie ?........................................................................................... 15
les symboles.......................................................................................................................... 15
les portraits et les monogrammes.......................................................................................... 16
les inscriptions.......................................................................................................................17
les marques d’ateliers et les différents des graveurs ............................................................ 17
Documentation, valeur, achat des monnaies............................................................................. 17
Les états de conservation ..................................................................................................... 17
la documentation .................................................................................................................. 18
comment acheter une monnaie.............................................................................................. 18
2
La numismatique est définie comme une science qui traite de la description et de l’histoire des
monnaies et des médailles. Le terme monnaie doit s’entendre au sens large, il englobe les pièces
de monnaie mais aussi les billets de banque et les jetons. Un numismate peut fort bien ne pas
être un collectionneur, mais cela est tout à fait exceptionnel… en revanche peut-on dire de tous
les collectionneurs de monnaies qu’ils sont numismates ?
Origines de la monnaie
On s’entend pour situer vers la fin du VII° siècle avant notre ère l’ «invention » de la monnaie.
Curieusement, on retrouve les premières monnaies à la fois en Asie mineure et en Chine
-
le troc et ses limites
Dans les premières civilisations, les échanges s’effectuaient en utilisant le troc. Il s’agissait
d’échanger tel ou tel objet, ou tête de bétail contre un autre objet ou un service. Le troc
entre deux personnes ou bilatéral étant difficile à mettre en place car les besoins de l’une ne
coïncident pas nécessairement avec les ressources de l’autre, l’émergence d’un troc
multilatéral (entre plus de deux personnes), plus complexe à mettre en œuvre, s’est avérée
nécessaire. Assez souvent des objets étalons (outils, tête de bétail, volume de céréales…) ont
servi de référence ; nous verrons que cela n’a pas été sans conséquences sur les premières
monnaies…
-
monnaies imitant les objets d’échange
Ainsi, les toutes premières monnaies chinoises sont des imitations en bronze mais de format
réduit des outils servant d’étalons pour les échanges : on trouve des bêches de toutes formes
à partir du XII° siècle avant J. C. et des couteaux à partir du VI° siècle avant J. C. Ces
monnaies seront utilisées jusqu’à la fin du III° siècle avant J. C.
Monnaie bêche à tête
creuse
Monnaie bêche à tête plate
uniface
Monnaie bêche à tête plate portant
des inscriptions sur les 2 faces
Monnaie couteau
3
Les premières monnaies de la république romaine, 250 ans avant J. C., sont des lingots de
bronze d’environ 1600 grammes
représentant un taureau (Aes
signatum) ( specimen présenté,
16 x 10 cm). Ces lingots
remplaçaient les animaux et,
malgré leur masse peu
commode, étaient plus
maniables que les troupeaux…
(Notez que le mot « pécule »
est dérivé du latin « pecus »
qui signifie troupeau et qui a
donné en latin le mot
« pecunia », la richesse.)
Plusieurs civilisations africaines et asiatiques ont également utilisé un type particulier de
petits coquillages, les cauris, comme monnaie d’échange. Le nom « cauri » est d’ailleurs une
unité monétaire actuelle en Guinée. En Chine, on a parfois remplacé les coquillages par des
cauris de substitution en os, en nacre et en bronze.
Coquillage cauris naturel
-
Cauris en bronze dit « nez de fourmi » (Chine)
premières monnaies en Asie mineure
En Europe, ou plus précisément dans le monde grec en Asie mineure, les toutes premières
monnaies en métal précieux furent des globules d’un alliage naturel d’or et d’argent,
l’électrum (illustration ci-contre). Cet alliage se trouvait en particulier
en Lydie dans le fleuve Pactole. L’irrégularité dans la teneur en or de
l’alliage et l’acquisition de la technique de séparation des métaux a
conduit à émettre des monnaies dans chacun des deux métaux ;
rapidement, des signes distinctifs furent apposés sur les globules d’or et d’argent dont la
forme s’aplatit et s’arrondit : les pièces de monnaie étaient nées.
Techniques de fabrication
-
les métaux employés
Pour des raisons évidentes (résistance à la corrosion, propriétés physiques compatibles avec
la frappe), l’or et l’argent sont les deux métaux les plus utilisés pour la fabrication des
monnaies, tout au moins en Europe. Il convient d’ajouter le bronze (alliages cuivre / étain ou
cuivre / plomb) et le cuivre pur pour quelques monnaies antiques, grecques et surtout
romaines, monnaies de faible valeur marchande. Le cuivre est moins sujet à la corrosion acide
que la plupart des autres métaux courants mais contrairement à l’or et l’argent, il est
sensible à la corrosion par l’oxygène dissous dans l’eau. La pénurie de métaux précieux au
moyen âge fait que l’on va utiliser un alliage de cuivre et d’argent contenant de moins en
moins d’argent au fil des ans, le billon. La découverte de mines d’argent en Allemagne à la fin
du XV° siècle et surtout des fabuleuses richesses du nouveau monde permettront la frappe
de monnaies d’argent de grande taille (Talers, Ecus) et de nombreuses monnaies d’or. C’est
également à partir de la fin du XVI° siècle que des monnaies de cuivre sont à nouveau
frappées. Il faut attendre le début du XX° siècle pour que de nouveaux métaux soient
4
utilisés : le nickel et l’alliage cupro-nickel qui correspond à 80% des monnaies à la fin du
dernier siècle, le zinc et le fer pendant les périodes de guerre, l’aluminium au milieu du siècle.
Les monnaies bimétalliques comme nos pièces de 1 et 2 euros sont fabriquées à partir de 2
alliages différents pour des raisons esthétiques et surtout pour en rendre la fabrication plus
délicate et éviter l’afflux de fausse monnaie. De nombreuses monnaies sont réalisées sur une
rondelle d’acier « plaquée » d’un autre métal comme le cuivre (les 1, 2 et 5 centimes d’euro
par exemple).
-
modules et poids…
Les pièces de monnaies peuvent être de toutes les tailles entre 7 et 70 mm de diamètre et
de masse très variable ; les monnaies les plus légères ne dépassent pas 0,3 à 0,4 grammes.
Les monnaies d’or de plus de 20 grammes sont très rarement émises, les « grosses » pièces
d’argent (plus de 35 mm de diamètre, plus de 30 grammes) sont très nombreuses à partir du
XVI° siècle : talers, doubles et même quadruples talers, écus, crowns sont des pièces
superbes et d’une incroyable variété. Elles vont circuler jusqu’au début du XX° siècle (en
France c’est la pièce de 5 francs en argent qui sera la plus grosse monnaie pendant
longtemps). En ce qui concerne les monnaies de cuivre, la Suède et la Russie, pauvres en mines
d’argent mais riches en mines de cuivre, ont tenté de remplacer les pièces d’argent par
d’énormes monnaies de cuivre : rouble de cuivre de 1000 grammes, monnaies-plaques pesant
jusqu’à 24 kg en Suède ! Ce ne fut pas un succès…mais ces monnaies plaques sont avidement
recherchées par les collectionneurs.
-
monnaies coulées
La technique du coulage de métal
liquide dans des moules en terre
cuite n’a été utilisée que très
occasionnellement en occident :
citons les premières monnaies
romaines ou plus récemment les
monnaies de bronze du Maroc des
XVIII° et XIX° siècles appelées
« falus ».
Les pièces obtenues conservent
parfois un épaulement de métal. La
date que l’on peut y lire correspond
au calendrier de l’hégire (1218 =
1803).
Un autre exemple de monnaies
coulées est donné par des monnaies
chinoises en bronze : ce fut la
technique la plus employée en Chine
durant presque 2500 ans ! Le moule
ci-contre date de près de 2000 ans ;
la photo montre bien sûr la moitié du
moule.
5
-
frappe au marteau
La technique de fabrication utilisée dès l’antiquité par les grecs fut la
frappe dite « au marteau » : une rondelle de métal plus ou moins
laminée (le flan) est placée entre deux empreintes gravées également
en métal, mais reproduisant à l’envers les motifs devant apparaître sur
la pièce. Les empreintes s’appellent les coins (le nom se retrouve en
anglais mais il correspond à présent à la
pièce de monnaie elle-même). Le coin
inférieur qui comporte l’empreinte du coté
face de la monnaie (l’avers) est fixe et
enfoncé dans une enclume, le coin
supérieur ou coin de revers est solidaire
d’un lourd poinçon tenu à la main, sur lequel
on frappe avec un marteau pour écraser le
flan entre les deux coins.
La frappe au marteau a été le seul mode de fabrication des
monnaies jusqu’à la fin du XVI° siècle ; elle a alors été
progressivement remplacée par l’utilisation de machines plus
précises et surtout plus rapides.
-
le balancier
L’utilisation de la machine à balancier
a permis la réalisation de pièces
beaucoup plus régulières. Le marteau y
est remplacé par une presse actionnée
par plusieurs ouvriers en manipulant
un balancier. A partir de la fin du
XVIII° siècle, le balancier sera luimême remplacé par une presse à
vapeur inventée en Angleterre.
A la même époque est inventée une
machine permettant de graver la
tranche des pièces de monnaie.
-
machines modernes
Les presses modernes n’ont plus grand-chose à voir avec les machines à balancier, même à
vapeur. A Pessac où a été transféré l’atelier de la monnaie, chacune des nombreuses presses
de l’atelier est capable de frapper 800 coups par minute !
Le processus de gravure a lui aussi été largement amélioré : l’artiste réalise un modèle en
plâtre de grande taille (environ 30 cm de diamètre), modèle transformé en un modèle en
résine. Ce dernier modèle est réduit en un modèle en métal de la taille de la pièce à l’aide
d’une machine à réduire. Enfin, c’est à partir de ce modèle métallique que sont fabriqués les
coins utilisés dans les presses.
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Modèle en plâtre
Machine à réduire
Florilège de monnaies à travers le temps
- monnaies grecques
Les premières monnaies d’électrum puis d’or et d’argent sont des statères. Le statère
correspond à un certain poids, qui diffère suivant les villes et les régions (autour de 14
grammes). Les statères d’or ne pouvaient servir qu’à régler des sommes importantes. Les
statères d’argent se sont révélés plus pratiques et autour de 400 avant JC, un standard s’est
établi pour un statère d’argent de 8,6 g. L’unité monétaire a simultanément évolué en passant
à la drachme (un statère d’argent = 2 drachmes), le mot drachme signifiant poignée. Un
drachme correspond à 6 oboles. On trouve des monnaies très variées allant du décadrachme
(43 g.) au 1/8 d’obole (0,09 g.). Les grecs ayant colonisé toute la méditerranée et l’asie
mineure, la variété des monnaies est immense ; chaque cité possède un signe distinctif
(chouette pour Athènes, tortue pour Egine, crabe pour Agrigente, etc.) que complète parfois
une courte inscription. Après la période dite « archaïque » où le revers de la pièce ne
comporte qu’un carré incus (en creux), des portraits de dieux puis de souverains viennent
décorer l’autre face de la monnaie. La beauté de ces portraits et leur extraordinaire relief
font des monnaies grecques antiques des objets d’art exceptionnels.
Egine, statère d’argent, 400 av JC, 24mm
Tétradrachme d’Athènes avec la
chouette 190 avJC. 24mm
Rhodes, Alexandre le grand sous les
traits d’Hercule 189 av JC. 29 mm
Statère de Corinthe (Athena / Pégase) 350 avJC. 21mm
Métaponte, Demeter, 380 avJC.
20mm
Métaponte, Leukippos 340 avJC.
20 mm
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- monnaies romaines
Le monnayage romain n’apparait que vers 300 av JC : aux lingots de bronze très lourds et
déjà
présentés
s’ajoutent
également
des gros
disques de
bronze (aes
grave, 259
g. 240 avJC,
62mm)
pouvant
atteindre
quelques
centaines
de grammes et des monnaies d’argent inspirées des pièces grecques des colonies du sud de
l’Italie. A partir de 212 avJC, le denier d’argent
(valant initialement 10 as d’où son nom) apparait ;
il sera frappé jusqu’au III° siècle apJC. Il mesure
initialement 20 mm environ et pèse 4,5 g. et
l’inscription ROMA y figure presque toujours
(photo ci-contre). Sous l’empire le denier vaut 16
as et le sesterce de bronze 4 as. L’as voit son
poids diminuer régulièrement au fil du temps pour
atteindre 10,8 g. de cuivre au début de notre ère. Le sesterce pèse 25 g. de bronze. La
monnaie d’or de 25 deniers s’appelle l’aureus, elle pèse 7,2 g. Elle sera remplacée au IV° siècle
par une monnaie plus légère (4,5 g.) le solidus dont la stabilité sera exceptionnelle puisqu’elle
durera plus de 700 ans !
Sesterce (Néron)
Sesterce d’Auguste, revers
S C = senatus consulto
Sesterce au portrait
d’Agrippine
Antoninien de Trajan Dece (vers 250)
Les monnaies romaines ont été émises pendant près de 800 ans, elles présentent une variété
de sujets (Dieux, monuments, empereurs et ses proches, commémorations diverses,…) et
souvent une qualité de gravure des portraits exceptionnelle.
- Gauloises
Les peuples celtes originaires d’Europe centrale ont occupé presque toute l’Europe non
méditerranéenne aux environs des III° et II° siècles avant JC. ; les côtes de la
méditerranée étaient en effet colonisées par les grecs puis par les romains. Des contacts
existant toutefois entre les deux mondes celte et grec, ne serait-ce que par l’intermédiaire
de mercenaires revenant au pays avec des soldes payées en tétradrachmes d’argent ou en
statères d’or. De ce fait, les ateliers monétaires gaulois par exemple ont imité les monnaies
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grecques en abandonnant le style grec initial pour adopter un style « gaulois » plus conforme
avec l’art celte, l’abstraction tenant une place de plus en plus importante.
L’évolution du portrait de Philippe II de macédoine est particulièrement frappante sur la
série ci-dessous :
Il en va de même pour les représentations animales, comme
ces chevaux (ci-contre à droite) dont l’extrême stylisation
évoque irrésistiblement l’art contemporain du XX° siècle.
Le catalogue des monnaies gauloises se complète avec des
monnaies coulées, les plus primitives
en forme de roue et donc appelées
« rouelles » (encore que leur usage en
tant que monnaies soit fort douteux)
et d’autres dans un alliage de cuivre
riche en étain, le potin, alliage ayant
donné son nom à ces
petites pièces d’usage
courant. La conquête
de la Gaule puis du reste de l’Europe par les romains
entraine le remplacement de ces monnaies par un
système gallo-romain imposé par l’occupant romain.
Potin à « tête d’indien » et au sanglier
- Byzantines
L’empire romain d’orient est le seul à résister aux invasions barbares ; il va perdurer jusqu’au
XV° siècle. Le monnayage y est donc le prolongement de celui de l’empire romain : le solidus
d’or va justifier son nom en gardant le même poids jusqu’au XI° siècle avant de s’affaiblir puis
de disparaître au XIV° siècle. Le monnayage d’argent, peu important au V° siècle est de plus
en plus restreint il disparait totalement au XII° siècle pour réapparaître au XIV° afin de
remplacer l’or. Les pièces de bronze sont de taille comparable à celle des sesterces romains :
le follis pèse une vingtaine de grammes. Le portrait de l’empereur est presque toujours de
face, celui du Christ figure également (toujours de face) à l’avers des monnaies d’or. Une
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lettre gigantesque indique la valeur des monnaies de bronze (M = 40, K = 20, I = 10, E = 5). Le
style des portraits, très hiératiques, est caractéristique de l’empire byzantin.
Monnaie d’or de Constantin VIII, 1025, 4,15g.
Demi follis de 20 nummis (lettre K) de Justinien I. vers 550
- Médiévales
Avec les invasions barbares du V° siècle, beaucoup d’ateliers monétaires disparaissent et les
envahisseurs copient la monnaie de l’empire d’orient ; ne sont alors frappées que des monnaies
d’or sur lesquels le portrait du souverain est très rudimentaire. Vers 675 le denier d’argent
remplace les monnaies d’or. Ce denier va devenir la monnaie unique en France pendant près de
500 ans : l’effigie disparait de la monnaie pour être
remplacée par le nom (latin) du souverain, nom souvent
écrit sous la forme d’un monogramme (sur l’illustration
ci-contre, un denier de Charlemagne est illustré par le
monogramme KAROLVS en croix, le revers portant une
croix et le nom de l’atelier monétaire METVLLO (de
Melle, petite ville près de Niort où se trouvaient des mines d’argent)). C’est sous les
carolingiens que la production de monnaies devient anarchique, grands (et
quelquefois petits) seigneurs et abbés s’arrogeant le droit de battre monnaie
un peu partout dans le royaume… On appelle ces monnaies officieuses et de
circulation locale des monnaies féodales. Au fil des siècles, le denier va
perdre du poids et de l’aloi (sa teneur en argent), il va également devenir
presqu’illisible car beaucoup de graveurs sont analphabètes et reproduisent Denier de Charles le
des textes sans même en reconnaître les lettres !
chauve
Dégradation du portrait de Louis le Pieux sur les deniers. Original : X° siècle, à droite XII° siècle
C’est seulement au XIII° siècle (à l’initiative de Saint Louis) qu’une nouvelle monnaie d’argent
va voir le jour, le gros pour 12 deniers soit un sou ; cette
pièce pèse 4,5g. et mesure 27 mm. Cette initiative sera
reprise dans la plupart des royaumes d’Europe avec des
noms plus ou moins variés : groat, grosso, groshen,
grossetto, etc.
Enfin, à partir du XIV° siècle, de belles monnaies d’or de style gothique :
agnel, mouton, écu, royal, florin (à Florence), masse, chaise, etc.
apparaissent ; elles sont de belle taille (35 mm) mais extrêmement minces du fait de la
difficulté à se procurer le métal précieux.
Gros au chatel de Louis IX, vers 1260
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Monnaies d’or du XIV° siècle : de gauche à droite : écu de Charles VI (avers et revers), mouton de jean le bon et franc à
cheval frappé pour payer la rançon du même Jean le bon.
Le système monétaire médiéval va perdurer sous des noms divers dans pratiquement toute
l’europe : 12 deniers font un sol et 20 sols une livre ; le denier se retrouve sous forme de
diner, dinero, penny, pfennig, penning, le sol sous le nom de shilling, skilling, solidus, soldo, et
la livre s’appelle pound en Angleterre et lire en Italie. Ce système ne sera remplacé par le
système décimal qu’à la révolution en France et en 1971 en Grande Bretagne …
-
Temps Modernes
A la fin du XV° siècle, la pénurie en métaux précieux est telle que les monnaies d’or sont
rares et très légères et les monnaies d’argent elles aussi très légères ou (et) en un alliage
d’argent et de cuivre à très faible taux d’argent (le billon). Ces monnaies n’ont d’ailleurs plus
la couleur de l’argent, on
les appelle les monnaies
noires. Les monnaies de
cuivre et de bronze sont
quasi inexistantes, seul
l’argent mérite la
confiance des usagers.
Un premier événement
va modifier cette
situation : la découverte
de gisements importants
d’argent en Bohème,
Thaler de Saxe, 1588.
Bien
que
surchargées
d’une
masse
de détails, ces monnaies restent très séduisantes.
dans le Harz et au Tyrol.
Dans le Harz, dans la
vallée de Joachim (Joachims Tahl), sont frappées des pièces d’argent de plus de trente
grammes, destinées à concurrencer les pièces d’or ; ces Joachimsthalers vont se répandre
dans toute l’Allemagne et s’appeler Thaler (ou taler). La découverte de l’Amérique et de ses
phénoménales mines d’or et d’argent va également bouleverser le système monétaire du XVI°
siècle : les galions espagnols vont ramener des tonnes de métaux précieux et les grosses
monnaies d’argent vont envahir toute l’Europe : pièce de 8 reales en Espagne, écu en France,
scudo en Italie, crown en Angleterre, daler en Suède, daalder aux Pays Bas, rouble en Russie,
toutes ces belles pièces d’argent seront d’un module (35mm ou plus) et d’un poids
comparables.
Le renouveau artistique de la renaissance ne va pas non plus épargner l’art monétaire :
plusieurs princes italiens ont l’idée de faire représenter leur portrait (mais un portrait
ressemblant et valorisant) sur ces pièces de plus grande surface que l’on appellera donc
initialement « teston » (puisqu’on y trouve la tête du prince). Les grands souverains ne
tarderont pas à mesurer l’avantage à tirer de la présence d’une effigie avantageuse sur des
pièces de monnaie manipulées par tous pour se faire (re)connaître par leurs sujets : la
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magnifique série de portraits de Louis XIV sur les divers écus tout au long des 72 années de
son règne peut en témoigner.
Louis XIV enfant, écu 1644
Jacques II crown 1686
Louis XIV écu 1704
Marie Thérèse Taler 1780
C’est également à partir du XVI° siècle que les monnaies vont être presque toutes datées ; le
millésime peut ne comprendre que 2 chiffres (au XVI° siècle) et le calendrier peut être
différent selon les nations (Grégorien à partir du milieu du XVI° siècle pour la plupart des
royaumes catholiques, Julien pour le royaume uni anglican jusqu’à la fin du XVIII° siècle et la
Russie orthodoxe jusqu’en 1917 (la différence n’est que de quelques semaines, mais l’année
commence en avril), la présence de la date est une information fondamentale pour le
numismate…
Enfin, c’est aussi à partir du milieu du XVI° siècle que réapparaissent les monnaies de cuivre
qui avaient quasiment disparu depuis l’époque romaine. En France, les deniers et double
tournois foisonnent sous Henri III, Henri IV et Louis XIII, contribuant à la diffusion du
portrait royal ; sous Louis XIV, ce seront principalement des liards (3 deniers) puis sous
Louis XV et Louis XVI des liards, demi sol et sols.
Petites monnaies de cuivre françaises : double tournois d’Henri IV, liards de Louis XV enfant et de Louis XVI.
Ces pièces de faible valeur restent de dimensions et poids modestes (moins de 10 g.) dans la
plupart des pays d’Europe ( maravedis d’Espagne, grano et sesino italiens, farthing et half
penny anglais, heller et pfennig dans plus d’une centaine d’états allemands, kreuzer
autrichien, duit néerlandais). Dans quelques pays possédant d’importantes mines de cuivre, on
tente de remplacer
quelques monnaies
d’argent par de
grosses monnaies de
cuivre : en Suède, les
pièces de 1 öre pèsent
plus de 40 g. On va
même plus loin en
inventant des monnaies
plaques de plusieurs
kilos, équivalent à
1 Öre S. M. de Charles XI de Suède. Cette pièce de cuivre de46 mm pèse près de 50 g.
plusieurs dalers. La
L’indication S M signifie « monnayage d’argent » ce qui n’empèche pas que cette monnaie soit
manipulation
en cuivre ;; il existait également un système K M correspondant au monnayage de cuivre !
malcommode de ces
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monstres entraîne l’échec de ces émissions. En Russie, les pièces de 5 kopeks dépassent
également les 40 g.
A la révolution française, le système décimal 1 franc = 100 centimes remplace le
denier/sou/livre, (Le sou reste cependant une unité d’usage jusqu’au XX° siècle où la pièce de
5 francs était encore communément appelée pièce de cent sous) et la valeur de la monnaie
est indiquée sur la pièce pour la première fois (ci-contre une
superbe pièce de cuivre de 2 sols de 1793) ; cette indication ne
disparaitra plus. Tout au long du XIX° siècle, ce système
décimal va progressivement s’imposer dans tout l’Europe jusqu’à
la Grande Bretagne bien tardivement (1971). Ce système
existait depuis bien longtemps en Russie (1 rouble = 100 kopeks)
et depuis 1776 dans les Etats-Unis d’Amérique naissants (1
dollar = 100 cents) ; profitons en pour noter l’origine
étymologique de l’unité « dollar » qui est une déformation du mot Taler !
En 1865, une initiative intéressante voisine de celle vécue en 2002 avec l’euro est celle de
l’Union Latine : il s’agit d’une union monétaire entre plusieurs pays d’Europe (France, Belgique,
Italie, Suisse) qui va s’étendre totalement ou partiellement à 23 pays, pays pour lesquels les
monnaies ont un module, un poids et une composition identique et peuvent donc circuler et
servir de moyen de paiement dans les 23 pays. Par exemple, la pièce d’argent de 5 francs
français mesure 37 mm de diamètre, pèse 25 g. d’un alliage d’argent et de cuivre à 900/1000
d’argent ; elle est équivalente à la pièce de 5 pesetas, de 5 lire, de 5 lei (Roumanie) etc. et
même de 5 bolivares du Venezuela ou de 1 peso d’Argentine ! La normalisation vaut également
pour les pièces d’or et de bronze : les monnaies de 1, 2, 5 et 10 centimes sont
interchangeables dans de nombreux états, et en outre, elles ont un poids respectif de 1, 2, 5
et 10 grammes, ce qui est bien pratique pour peser de petits objets.
Quelques pièces équivalentes à 10 centimes français de l’union latine : elles ont toutes le même module (30 mm) , la même
masse (10g.) et la même composition (bronze à 95% de cuivre, 4% d’étain et 1% de zinc). De gauche à droite : Victor
Emmanuel II d’Italie, Georges de Grèce, Bulgarie, Michel de Serbie, Luxembourg, Espagne, Roumanie, Argentine, France,
Haïti. L’union ayant duré de 1865 à 1926, de nombreux types différents ont vu le jour pour chaque pays !
Au XX° siècle, le billet de banque remplace les pièces d’or et les métaux précieux cessent
d’être incorporés aux monnaies courantes. Il n’en demeure pas moins que les monnaies vont
rester des témoins historiques majeurs : monnaies du troisième Reich, des états éphémères
d’avant la seconde guerre mondiale, monnaies de guerre en zinc ou même en fer, monnaies
commémoratives, etc.
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-
Monnaies exotiques, Chine, Japon, Indes, Islam, Afrique.
La forme des monnaies d’orient est parfois bien différente de celle des monnaies présentées
dans ce chapitre ; il est aussi souvent bien difficile de les identifier autrement que par
comparaison avec une photo ou un dessin, faute d’être capable de lire les caractères chinois
ou arabes… Il n’en demeure pas moins que la variété des monnaies asiatiques est comparable à
celle des monnaies européennes et que leur histoire est tout aussi passionnante…
Dans ce survol numismatique, nous nous contenterons de présenter quelques photographies et
de les commenter.
Monnaie chinoise en bronze. 100 cash, 57 mm
Pendant près de 2000 ans, les monnaies chinoises ont été
du même type : le trou central carré permettait de les
enfiler sur un fil et de réaliser des ligatures de 100
pièces. Les 2 caractères à droite et à gauche du trou
signifient « monnaie courante » (Yuan Pao), les 2
caractères au dessus et en dessous du trou sont le nom de
règne de l’empereur. Ici l’empereur Hsien Feng (18511862). C’est sous son règne qu’ont été moulées des pièces
énormes allant jusqu’à 1000 cash.
Monnaie japonaise en or « Obankin » 1725, 94x153 mm,
165 g.
L’inscription à l’encre signifie 10 ryo, c'est-à-dire la valeur
de la monnaie. Elle est suivie de la signature du
responsable de la fabrication des monnaies d’or. Très
fragiles, ces pièces étaient conservées dans des écrins de
soie pour éviter la disparition de l’écriture à l’encre. On
pouvait renouveler la calligraphie moyennant finances…
Monnaie indienne d’une roupie de 1794.
L’identification des pièces des anciens états indiens est rendue très
délicate par l’utilisation de divers types d’écriture et par la
multiplicité des états indiens anciens. La nature du métal et le poids
de la pièce donne toutefois une indication sur la valeur de la monnaie…
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Monnaie turque en cuivre de 10 para du sultan Abdul Mejid
(1839 -1861 soit 1255 de l’Hégire). La calligraphie
représentée est le sceau des sultans ottomans ; elle est
appelée la « toughra ». Un calligraphe particulier avait pour
seule tâche de réaliser cette toughra au bas des documents
officiels qui devaient être signés par le sultan. Sous la
toughra, on lit le chiffre 19, correspondant à la 19° année du
règne.
Ci-contre à droite, une monnaie
africaine du Katanga datant du
XII° siècle. Les plus grandes de
ces croix mesurent jusqu’à 23
cm et pèsent près d’un kilo. Ce
sont les plus anciennes ; plus
tard, la taille de ces croix a
diminué jusqu’à devenir très
petite (20 mm).
Le pouvoir d’achat des grandes
croix était important : une croix
valait 6 poulets, 6 croix une
chèvre ou …. une épouse !
Comment identifier une monnaie ?
Il est assez facile de trouver l’origine d’une monnaie du XX° siècle, pourvu que l’écriture des
inscriptions soit en caractères latins. Même pour certaines origines lointaines, il n’est pas
rare que les valeurs et les dates soient écrites avec les chiffres auxquels nous sommes
habitués ( les chiffres dits arabes quoique nettement différents des chiffres en écriture
arabe…), et bien souvent le nom du pays et de l’unité monétaire figurent également en
anglais ; c’est heureusement le cas pour les monnaies chinoises, de plusieurs pays du maghreb
et des indes modernes. Pour les monnaies « exotiques » plus anciennes, il convient de savoir
au moins reconnaître les chiffres pour identifier la valeur de la pièce et son millésime
(attention aux divers calendriers utilisés, arabes, hébreux, thaïlandais, etc.).
Pour les monnaies européennes du XIX° siècle, les dates, les valeurs et le nom du pays
(parfois très succinctement abrégé, R F pour la France par exemple) sont presque toujours
indiquées. Pour les périodes antérieures, cela devient plus délicat : les dates ne sont
généralement indiquées qu’après le XVI° siècle, la valeur de la monnaie est souvent omise, les
inscriptions sont parfois peu lisibles, l’état émetteur se contente parfois de représenter un
symbole… L’identification d’une monnaie est alors un travail de longue haleine fait de
recoupement d’informations parcellaires, travail qui peut paraître fastidieux mais dont le
résultat correspond à l’intérêt essentiel du numismate.
-
les symboles
Ils peuvent être très variés : blasons (les trois lys de France par exemple), armoiries plus ou
moins complexes (nombreux états allemands, Espagne, …), personnalisation du pays (Britannia,
Hibernia, Helvetia, …), animaux divers (chouette = Athènes, ours = Berne, cheval = Brunswick,
…), animaux stylisés ou fantastiques (lion = flandres, aigle = Aix la Chapelle, Francfort et
beaucoup d’autres, aigle bicéphale = Russie, Autriche, dragon = Chine, griffon = Rostock,
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cheval ailé = Corinthe, …), symboles religieux ( croix diverses comme la croix de Jérusalem
pour Naples, Saint Georges terrassant le dragon pour la Russie, Clefs de Saint Pierre pour les
états pontificaux, Saint Paul = Münster,…), ou objets divers ( Harpe celtique pour l’Irlande,
flèches entrecroisées = Suède, fleur = Lippe, Clef = Soest, Brème, marteau et faucille, et
encore une énorme variété d’autres symboles).
Britannia, symbole du
Royaume uni de 1660 à
1971…
Saint Paul présent sur
les monnaies de l’évéché
de Münster
Le griffon règne sur la
ville libre de Rostock (port
de la Baltique)
La harpe celtique
irlandaise orne encore
les euros depuis 2002
Saint Georges, saint
patron de la Russie
impériale et son dragon
- les portraits et les monogrammes
De l’antiquité grecque à l’apogée de l’empire romain, l’art du portrait atteint des sommets et
les effigies des souverains ou des dieux sont suffisamment ressemblantes pour permettre
l’identification. De la chute de l’empire romain à la fin du moyen âge, les portraits sont figés,
identiques pour les rois successifs et donc sans ressemblance avec la personne concernée.
Seul le style du portrait fournit des informations sur l’origine de la monnaie. A partir de la
renaissance de très beaux portraits réapparaissent ; dès le XVII° siècle, ils ornent la plupart
des monnaies des grands états européens et ils sont toujours présents de nos jours lorsque la
royauté persiste… Mais même quand la république a remplacé le royaume, le portrait d’une
incarnation féminine de cette république a remplacé (souvent avantageusement) celui du roi.
La grande diversité et souvent la beauté de notre Marianne en sont les témoins.
Au XVIII° siècle, le portrait du souverain est parfois remplacé par un monogramme : initiales
du souverain artistiquement calligraphiées, décorées et quelquefois rendues quasi-illisibles
par un effet de miroir du plus bel effet…
AF = Adolphe Frédéric
de Suède, les 3
couronnes représentent
la suède, la Norvège et
la Finlande.
L = Leopold premier de
Belgique. Cette
calligraphie tourmentée
n’est pas sans rappeler
la toughra turque
CAROLUS III
d’Espagne. Ce
monogramme avec le
nom entier se trouvait
aussi sur les monnaies
de Charlemagne
A R = Augustus Rex,
monogramme avec effet
miroir sur le R de
Friedrich August de
Saxe (1729)
E P = Elisabeth Petrovna,
impératrice de Russie.
L’effet miroir sur les
deux lettres imbriquées
rend le monogramme
quasi illisible.
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-
les inscriptions
Les textes figurant sur les monnaies apportent souvent beaucoup d’informations, à la
condition de savoir les décoder ; ils sont en effet écrits soit en latin, soit dans la langue du
pays, mais surtout ils sont la plupart du temps abrégés, au point que parfois, seule la
première lettre du mot subsiste !
C.R.S. = Carolus Rex Suediae. Seule la date
permet de savoir qu’il s’agit de Charles XI
et non de Christine ou Charles X ou Charles
XII.
« DREYSSIG KREUTZER ERBLAENDISCH
1807 WIENER ST. BANCO ZETT.
THEILUNG MÜNZ Z. 30 KR ».
Inscription très détaillée sur une monnaie
de François II d’Autriche en 1807
Sur ce gros tournois de Saint Louis, on
déchiffre « TVRONVS CIVIS ». La lecture
des caractères médiévaux est rarement
facile.
- les marques d’ateliers et les différents des graveurs
L’identification d’une monnaie n’est complète que lorsque l’on connait le lieu où elle a été
frappée, c'est-à-dire l’atelier monétaire dont elle est issue. Depuis le XVI° siècle, chaque
atelier est caractérisé, en France tout au moins, par une lettre dite « lettre d’atelier ». Par
exemple les monnaies frappées à Paris portent la lettre A, à Lyon la lettre D et à Lille, W. Au
moyen âge, la marque d’atelier était très discrète, il s’agissait d’un point placé sous une
certaine lettre de la légende ; le point secret 12°, placé sous la 12° lettre caractérisait ainsi
tel ou tel atelier. La tradition – toujours en vigueur – veut aussi que le graveur général et le
directeur de l’atelier monétaire reportent un petit signe distinctif sur la monnaie frappée ;
c’est le différent, souvent microscopique, que l’on retrouve encore sur nos euros : corne
d’abondance et cor de chasse sur une pièce de 5 centimes 2008, visibles à la loupe sur une
pièce neuve.
Documentation, valeur, achat des monnaies.
-
Les états de conservation
L’usure de la pièce de monnaie influe considérablement sur sa valeur : une pièce neuve, sans
aucune rayure et ayant conservé son brillant d’origine est beaucoup plus appréciée qu’une
monnaie terne, salie et usée… Les numismates utilisent l’échelle de valeur ci-dessous :
Abréviation
B
TB
TTB
SUP
FdC
Beau
Très
Beau
Très
très
beau
Superbe
Fleur
de coin
Signification
Monnaie très très
Monnaie usée mais
Monnaie montrant
A l’exception de
Monnaie parfaite
Description
usée. Portrait
réduit aux contours
Inscriptions à peine
lisibles.
certains détails du
portrait sont
encore visibles de
même que les
inscriptions et la
date
des signes d’usure
mais sur laquelle
presque tous les
détails sont bien
visibles et nets.
quelques rayures ou
traces d’usure
visibles à la loupe la
monnaie semble
n’avoir que très peu
circulé
n’ayant jamais
circulé et ne
portant donc aucune
trace d’usure ni
aucune rayure.
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Plus la monnaie est ancienne et plus il est difficile de trouver une monnaie dans un état de
conservation haut de gamme. En particulier, les monnaies de cuivre et de bronze, qui
circulaient énormément, sont parfois restées en usage pendant plus de 50 ans ; il n’est donc
pas étonnant d’avoir des difficultés à en trouver en bon état !
- la documentation
Dans la plupart des pays, plusieurs catalogues présentant les monnaies locales sont publiés.
En France, on citera « Le Franc » qui inventorie et estime la valeur de toutes les monnaies
frappées en France depuis sa création en 1795. Cet ouvrage tend à remplacer l’ouvrage de
référence précédent le « Gadoury » (du nom de son auteur). Ces deux catalogues, à l’image
des catalogues de timbres, sortent une édition chaque année, disponible dans toutes les
librairies à un prix abordable. Le collectionneur de monnaies plus anciennes devra consulter
des ouvrages plus rares comme les monnaies royales de 1610 à 1792 de V. Gadoury ou les
monnaies coloniales du même auteur. Pour les monnaies du moyen âge, les monnaies grecques
antiques, les monnaies romaines, il convient de se procurer des ouvrages spécialisés en
général en langue anglaise. Le collectionneur de monnaies du monde entier ne pourra éviter
d’investir dans l’achat du « World Coins », ouvrage monumental en 4 tomes (un par siècle
depuis le XVII° siècle), de Krause et Mischler. Le World coins répertorie la quasi-totalité
des monnaies émises par tous les pays du monde depuis 1600 ! Il propose également une côte
(en dollars) suivant les états de conservation.
Le néophyte peut éviter quelques frais de documentation en adhérant à une association
numismatique, possédant en général une bibliothèque, et y emprunter quelques ouvrages.
Par exemple à Lille le Numis Club du Nord (http://www.numis-club.fr/accueil.php)
-
comment acheter une monnaie
Chez les commerçants numismates, on trouve en général un grand choix, des monnaies de
qualité, des vendeurs souvent compétents et des prix relativement élevés qui s’expliquent en
partie par les frais inhérents aux transactions commerciales : TVA, salaires, pas de porte,
impôts… Ces marchands se regroupent traditionnellement autour des bourses des capitales
comme Paris ou Bruxelles. Ils sont relativement peu nombreux en province, sans doute pas
plus de 2 boutiques à Lille. On trouve davantage d’occasions dans les nombreuses bourses
multi-collections (à Lille au grand Palais début décembre) très nombreuses dans la région et
en Belgique. Il existe aussi des bourses spécialisées en numismatique souvent organisées une
fois l’an par des associations numismatiques (par ex. le 9 novembre par le numis club du Nord
à l’ancienne bibliothèque universitaire, 1 place George Lyon), ces bourses peuvent atteindre
une taille impressionnante en Flandre belge (Tienen le 11/11, Leuven le 1/05). Vendeurs
amateurs et professionnels y sont réunis et choix et prix (et compétences) sont très variés.
Beaucoup de marchands mettent sur pied des ventes aux enchères ou des ventes dites « à
prix fixe » sur catalogues très abondamment illustrés ; il n’est pas indispensable de se rendre
sur place pour enchérir mais il faut figurer sur la liste mailing du vendeur.
Depuis quelques années, la vente sur internet, et surtout la vente aux enchères dont le site
principal est « ebay » tend à supplanter les modes d’acquisition ci-dessus. On trouvait par
exemple 330.000 monnaies ou billets à vendre le 23 octobre ! Les prix variant de quelques
centimes au million de dollar… Le moteur de recherche d’ebay et le système de paiement
instantané dans la plupart des devises facilitent grandement la recherche et les acquisitions
des collectionneurs.
Je terminerai en mettant en garde contre les faux de collection, sauf quand ils sont vendus
comme tels à un prix très raisonnable. Ces faux concernent souvent les monnaies antiques
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(grecques surtout) et beaucoup de monnaies rares de Russie. En revanche, les faux d’époque
sont parfois plus recherchés que les originaux….
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