Interprété par Sylvester Stallone Les années 80
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Interprété par Sylvester Stallone Les années 80
100 icônes badass du cinéma Les années 80 • David Mikanowski • JOHN J. RAMBO Interprété par Sylvester Stallone A • Le film : Rambo (First Blood, 1982). Réalisé par Ted Kotcheff • ncien béret vert des forces spéciales de l’US Army, médaillé d’honneur, John J. Rambo (Sylvester Stallone et ses grands yeux tristes de cocker) revient sur le sol natal, l’esprit encore embrumé par les fumigènes. Dans un petit bled des Rocheuses, où il espérait retrouver le seul survivant de son commando, il arrive trop tard. Certains gaz utilisés au Vietnam ne pardonnent pas : son compagnon d’armes est mort d’un cancer à retardement. Sous le choc de cette révélation, Rambo cède à la provocation d’un flic aussi minable qu’imbu de son pouvoir (Brian Dennehy). Placé sous les verrous, humilié et brutalisé (ce qui réveille en lui un vieux trauma : le viet vet a été torturé par des congs !), le soldat sort en force du commissariat et s’échappe. Dès lors, la police locale et la garde nationale déploient les grands moyens pour retrouver le fugitif. C’est le début d’une chasse à l’homme où, réfugié dans les bois, Rambo tient un échec tous ses poursuivants. Traqué comme une bête, seul contre tous, le chassé devient chasseur et entre en guerre contre les autorités… Meilleur épisode de la série, ce premier volet traite, avec émotion, de la difficile réadaptation à la vie normale des vétérans du Vietnam, montrant la détresse d’une génération sacrifiée, puis marginalisée. Rambo personnifie d’ailleurs la mauvaise conscience et les blessures toujours ouvertes d’une nation, qui nie l’immensité de son sacrifice. Des cicatrices que l’on a voulu refermer trop vite dans un conflit aussi vain qu’oublié. Oui, Johnny porte un cri de rage et de désarroi contre l’ingratitude et l’incompréhension de la population “ restée au pays ”. Mais cet acharnement à le détruire n’est-il pas une façon d’effacer un mauvais souvenir ? En parfaite forme physique, Sly s’est surpassé sur ce film. Il a insisté pour exécuter lui-même toutes ses cascades, s’est cassé trois côtes… Il court, se bat, tire à l’arme lourde, nage et – acculé et blessé – plonge dans le vide, espérant amortir sa chute de 50 mètres grâce aux branches d’un sapin ! Il traverse surtout l’un des plus excitants survival des années 1980, tourné au Canada, en Colombie-Britannique. Rambo est né en 1972 sous la plume d’un universitaire, David Morrell. À l’époque, ce dernier étudiait les poètes français, en particulier Arthur Rimbaud. Rimbaud. Rambo… les deux syllabes interpellent l’imagination de l’auteur. Le nom sonne bien. Il l’adopte ! Il y a pourtant une différence majeure qui sépare le film du livre : dans ce dernier, le héros meurt, expédié ad patres par son propre officier-instructeur, son mentor et père spirituel le colonel Trautman (aka Richard Crenna dans la saga cinématographique) ! Film amer et violent, Rambo (First Blood en VO : le “ premier sang ” versé, titre magnifique) sera un honnête succès aux États-Unis… mais cartonnera surtout en Europe – ce qui entraînera immanquablement une suite : Rambo II : la mission (Rambo en VO !), coécrit par un certain James Cameron. En bon patriote, Stallone change de stratégie commerciale pour mieux gratter la fibre américaine. Cette fois, Rambo s’est débarrassé de la mauvaise conscience qui flottait sur sa première aventure et continue SA guerre (on le charge de ramener au pays des soldats américains, encore en captivité au Vietnam. Il en profite pour dégommer, au passage, un maximum de soviets). Malgré l’idéologie douteuse du film sorti en pleine ère Reagan, ce deuxième épisode revanchard est magistralement réalisé par George Pan Cosmatos et reste un film d’action ultra efficace. Il est d’ailleurs plus ambigu qu’il n’y paraît puisque notre titan moderne y est trahi par l’administration américaine et la CIA ! Ce qui n’empêchera pas le long métrage de faire retentir le tiroir-caisse avec plus de 300 millions de dollars de recettes dans le monde, dont la moitié aux States. Sans compter les produits dérivés (avec sa lame affûtée en acier Inox de 39 cm, le poignard Rambo a été le grand best-seller de l’année 1985). America is Back ! Il y aura encore deux suites : le très bruyant Rambo III, en 1988, commencé par Russell Mulcahy, dans lequel Stallone, bardé d’armes, va rechercher son colonel chéri, prisonnier des Popovs dans le désert afghan. Sly hurle, vocifère, borborygme, pas aidé par un doublage très “ World Company ”. Puis après vingt ans d’absence, le héros guerrier fait son baroud d’honneur en 2007 avec John Rambo : retiré du monde en Thaïlande, le culturiste botoxé quitte sa retraite pour porter secours à d’imprudents missionnaires, enlevés par la junte militaire birmane. Complaisant et sommaire, ce quatrième épisode interprété par un Sly sexagénaire se termine dans un bain de sang (les corps déchiquetés à la mitrailleuse lourde). Mais l’émotion du dernier Rocky a hélas disparu. Au moins, dans le premier Rambo, l’Étalon italien inventait… le “badass sensible” ¶ 99