Paris Tableau rejoint la Biennale des Antiquaires

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Paris Tableau rejoint la Biennale des Antiquaires
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | LUNDI 16 NOV. 2015 NUMÉRO 943
Paris Tableau rejoint
la Biennale des Antiquaires
Paris Tableau a tenu sa dernière édition au palais Brongniart,
à Paris. Ses exposants viendront renforcer la prochaine Biennale
des Antiquaires en septembre 2016._Par Alexandre Crochet
Vincenzo Camuccini,
une des parties de
l’Étude de jambe et de
bras de Saint Joseph
pour la Présentation au
Temple, 1805,
huile sur toile,
120,5 x 112,5 cm.
Galerie Carlo Virgilio
(Rome).
IL ÉTAIT
DIFFICILE DE
MAINTENIR
DEUX SALONS
À DEUX MOIS
DE DISTANCE.
L A BIENNALE
DEVIENT
L A FOIRE
MAÎTRESSE.
(MAURIZIO
CANESSO)
Le salon Paris Tableau a tenu cette année sa dernière édition place de
la Bourse. Les rumeurs de changements allaient bon train, jusqu’à ce que les
organisateurs le confirment vendredi soir, curieusement sans même attendre
la fin du salon : Paris Tableau rejoint la Biennale des Antiquaires. « Il était
fondamental que Paris puisse bénéficier d’un marché fort et solide. Les changements
intervenus à la Biennale montrent qu’on travaille sur son contenu. Il était aussi
difficile de maintenir deux salons à deux mois de distance. La Biennale devient la
foire maîtresse », nous a confié samedi Maurizio Canesso, président de Paris
Tableau.
Boutique Fair de seulement 23 marchands internationaux, cette jeune
manifestation avait vu le jour « pour enrayer une situation catastrophique pour le
marché de la peinture ancienne », souligne Bertrand Gautier (galerie Talabardon
& Gautier, Paris), qui salue une décision « très constructive ». Pour le dire
par une litote, cette spécialité ne faisait pas partie des priorités de l’ancien
président du Syndicat National des Antiquaires (SNA), Christian Deydier, qui
avait d’autres vues pour la Biennale. En cinq ans, les organisateurs de Paris
Tableau ont donc installé leur manifestation dans le calendrier des foires,
lui donnant une légitimité dont témoigne l’affluence des conservateurs du
monde entier. Cette année, le salon a profité d’une nouvelle scénographie
plus contemporaine sous la houlette d’Eric Verschelden, mais aussi d’un focus
sur le directeur artistique de la maison Roger Vivier, Bruno Frisoni, destiné à
faire venir une autre clientèle, liée à la mode. Mais, entre-temps, Dominique
Chevalier a été élu à la tête du SNA. Il a impulsé une nouvelle direction à la
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | LUNDI 16 NOV. 2015 NUMÉRO 943
Biennale, vaisseau amiral du syndicat. C’est ainsi qu’en
juin, ses membres ont voté l’annualisation de la manifestation. Le sort de
Paris Tableau était scellé. Il lui était difficile de cohabiter avec la Biennale (et
le salon annuel qui suivra dès 2017) contrairement au Salon du dessin, plus
ancien (25 ans en mars prochain), au marché plus large et calé sur les foires
de printemps. « Notre ambition est de redonner
à Paris la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre,
celle de la capitale de l’antiquité, confie Dominique
Chevalier, président du SNA. Pour le conseil et pour
moi-même, il n’est pas possible de faire un grand
salon si la peinture ancienne n’est pas dignement
représentée ».
En attendant septembre 2016, l’ultime édition
de Paris Tableau laisse un goût mitigé. Outre le
fait qu’elle a ouvert au public un jour férié, le
11 novembre, elle a été affectée par les attentats de
vendredi, qui ont entraîné sa fermeture à 15 heures
samedi, sans qu’elle ne rouvre dimanche. Or,
certains visiteurs du vernissage ont tendance à
revenir concrétiser leurs achats en fin de semaine…
Si le niveau de qualité est resté élevé, « ce n’était pas
un très grand cru, avec moins de choses très désirables
que l’an dernier », estimait le spécialiste et conseiller
Nicolas Joly. « Cette édition était particulièrement
italienne », a-t-il ajouté. Prudents dans ce contexte
incertain ou bien informés, plusieurs grands
marchands internationaux n’ont pas jugé bon
d’être présents, tels Bob Haboldt (Amsterdam, New
York, Paris), pourtant l’un des fondateurs du salon, mais aussi Sarti (Paris)
ou Eric Coatalem (Paris), défenseur de l’art français. Un peu isolée de ce fait,
a fortiori au fond d’une allée, la galerie Didier Aaron & Cie (Paris, New York)
dont c’est aussi l’un des axes, a notamment cédé une belle œuvre néoclassique
de Joseph-Benoît Suvée représentant une fête antique, à un amateur français.
Parmi ses confrères, la galerie Agnews (Londres) qui affichait des œuvres à
des prix relativement raisonnables, dont un superbe portrait de Luisa Casati
(30 000 livres), célèbre muse des Années folles, avec un python, disait « avoir
bien vendu ». La bonne poignée d’œuvres cédées va d’une Marie-Madeleine
(vers 1610) du Flamand Frans II Francken à des œuvres du XIXe siècle, très
présentes, « une période plus facile [que les précédentes] et que les gens trouvent
moins chère », expliquait Anna Cunningham sur le stand de la galerie
londonienne. Entre autres achats, la galerie Descours (Lyon) a vendu L’obole de
la veuve, une toile néo-romantique de François-Joseph Navez, élève de David,
et Virgilio (Rome), un ensemble d’études anatomiques sublimées par leur
format monumental, par Vincenzo Camuccini (120 000 euros l’ensemble).
La Biennale étant censée attirer les gros acheteurs étrangers qui font parfois
défaut à Paris Tableau, la plupart des exposants du palais Brongniart devraient
se retrouver sous les verrières du Grand Palais, Dominique Chevalier visant
une vingtaine de stands, soit « environ 20 % de la Biennale, qui devrait compter
de 120 à 140 galeries ». La commission chargée de sélectionner les exposants,
dirigée par Henri Loyrette, ne se cantonnera pas aux membres du SNA, car
« rien dans les statuts du syndicat ne l’y oblige », nous précise Dominique
Chevalier. De leur côté, les responsables de Paris Tableau garderont la main
sur le vetting. La mariée apportera aussi dans sa corbeille le symposium
scientifique de haut niveau qu’elle organise. Du gagnant-gagnant ?
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PARIS TAB L E A U
RE JO I NT
LA BIE NN A L E
DES ANTIQUA I R E S
École continentale,
Portrait de Luisa Casati
au python, vers 1900,
huile sur toile,
67,5 x 52,3 cm.
Ce portrait de la muse
des Années folles,
immortalisée aussi par
Man Ray, a intéressé
plusieurs grands musées
sur le stand de la galerie
Agnews (Londres).
NOTRE
AMBITION EST
DE REDONNER
À PARIS L A
PL ACE QU’ELLE
N’AURAIT
JAMAIS DÛ
PERDRE, CELLE
DE L A CAPITALE
DE L’ANTIQUITÉ.
(DOMINIQUE
CHEVALIER)