La Stratégie, les Compétences et les Pratiques Innovantes des
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La Stratégie, les Compétences et les Pratiques Innovantes des
La Stratégie, les Compétences et les Pratiques Innovantes des Entreprises de Services Synthèse sectorielle Fédération de la Formation Professionnelle (FFP) Octobre 2002 Rédacteur : Serge TER OVANESSIAN – STO CONSULTANT Pour l'Association pour la Promotion des Services Association pour la Promotion des Services 31, avenue Pierre 1 er de Serbie 75784 Paris Cedex 16 tél. 01.40.69.44.28 fax. 01.40.69.45.90 Siret 439 489 295 00014 APE 913 E Association de loi 1901 Pour mémoire, ce travail s'inscrit dans le cadre de l'Opération AVANTAGE SERVICES. Les entreprises interviewées sont représentatives de leur secteur de part leur taille et leur positionnement local / national / international. Les entretiens ont été réalisés au cours des mois d'octobre 2001 à mars 2002 auprès de PDG et DG. Ils ont pris la forme d'entretiens en face à face d'une durée de 2h30 à 3h00 environ. Cette synthèse sectorielle est à considérer comme un document de travail qui est à rapprocher de la synthèse générale. Les professions engagées sur l'étude "La stratégie , les compétences et les pratiques innovantes des entreprises de services" : ð ð ð ð ð ð ð ð ð ð ð Association des Agences Conseils en Communication (AACC), Fédération des Entreprises de Propreté et Services Associés (FEP), Fédération de la Formation Professionnelle (FFP), Fédération Française des Entreprises Gestionnaires de Services aux Equipements, à l'Energie et à l'Environnement (FG3E), Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de l'Environnement (FNADE), Restaurateurs de France, Syndicat des Entreprises de Travail Temporaire (SETT), Syndicat National de l'Alimentation et de la Restauration Rapide (SNARR), Syndicat National de la Restauration Collective (SNRC), Fédération des Entreprises de Transport et Logistique de France (TLF), Union Fédérale des Industries et Services de la Sécurité (UFISS). Synthèse sectorielle FFP 2 Sommaire 1.) Quelques données sur le contexte général du secteur :________________________ 4 1.1) Tendance générale _____________________________________________________ 4 1.2) L'emploi _____________________________________________________________ 5 1.3) Perspectives __________________________________________________________ 5 2.) Impression générale _____________________________________________________ 7 3.) Eléments issus des rencontres avec les dirigeants des organismes de formation __ 12 3.1) Les stratégies identifiées________________________________________________ 12 Les organismes de formation tels qu'ils se présentent __________________________________________ 12 Les axes de développement des organismes de formation témoignent d'une différenciation stratégique __________________________________________________________________________________ 14 Les stratégies sont moins diverses que leur formalisation _______________________________________ 16 La place du client dans la stratégie est complexe ______________________________________________ 18 La place des salariés dans la stratégie _________________________________________________________ 21 L'externalisation _____________________________________________________________________________ 22 Femmes et hommes dans les stratégies________________________________________________________ 24 3.2) Les compétences et leur gestion__________________________________________ 25 Des cœurs de métiers pour un seul vocable : la formation______________________________________ 25 Des compétences clefs_______________________________________________________________________ 26 Des qualités, comportements et savoir-faire professionnels _____________________________________ 27 Le recrutement ______________________________________________________________________________ 30 Le recours aux ressources internes ____________________________________________________________ 30 Le turn-over _________________________________________________________________________________ 30 Des compétences entretenues et renouvelées _________________________________________________ 31 Des compétences identifiées de moins en moins empiriquement _______________________________ 32 Les compétences sont plus reconnues que validées____________________________________________ 34 Les salariés restent spectateurs le plus souvent de cette dynamique _____________________________ 34 Les difficultés vécues sont plus liées au changement général qu'à la démarche compétences_____ 35 Les moyens mis en œuvre pour surmonter les difficultés de gestion des compétences____________ 36 Les organismes de formation ont profondément changé leur organisation _______________________ 36 Les organismes de formation vont modifier leur approche du management et des compétences __ 37 3.3) L'innovation _________________________________________________________ 39 L'innovation telle que la définissent les organismes de formation _______________________________ 39 Des exemples d'innovation __________________________________________________________________ 40 L'innovation est un processus « remontant »___________________________________________________ 41 Le rôle du décideur dans l'innovation est fondamental_________________________________________ 42 4.) Propositions et mobilisation______________________________________________ 43 4.1) Les problèmes auxquels vont se confronter les organismes de formation dans les prochains mois___________________________________________________________ 43 4.2) Les propositions d'action _______________________________________________ 44 4.3) Avantage Services_____________________________________________________ 46 Synthèse sectorielle FFP 3 1.) Quelques données sur le contexte général du secteur : 1.1) Tendance générale L'évolution du secteur de la formation professionnelle est tributaire de celle de la situation économique générale, mais également de l'évolution politique et sociale de la France. Le marché de la formation professionnelle a connu une croissance lente dans la précédente décennie : +12% pour les deux dernières années après 20 ans de croissance forte et régulière. En 2000, les organismes de formation professionnelle privés ont réalisé 5,2 milliards de francs de chiffre d'affaires. En 2001, l'activité devrait connaître un nouveau ralentissement. La formation professionnelle présente des caractéristiques qui le différencient d'autres secteurs d'activités : Ä Son activité reste fortement encadrée par des textes législatifs et fiscaux ; Ä L'Etat et les collectivités territoriales restent des acteurs prépondérants tant comme financeurs (à hauteur de 31% du CA des organismes de formation, avec les fonds d'origine européenne) que comme prestataires concurrentiels (20% du chiffre d'affaires global de la formation continue) ; Ä Une forte atomisation des prestataires ayant comme activité principale la formation. Ils sont 7500 alors que plus de la moitié d'entre eux réalisent des chiffres d'affaires inférieurs à 500 000F. Le secteur d'activité reste sensiblement moins concentré en France qu'en Allemagne ou en Grande Bretagne, malgré la croissance plus rapide que l'évolution du marché, des grands organismes de formation ; Ä Une représentation inhabituelle d'acteurs de statut associatif, agissant dans le secteur marchand, même si les entreprises commerciales deviennent majoritaires par transfert progressif de l'activité des associations dans leurs équivalents de statut commercial. La fédération professionnelle s'en accommode puisque cohabitent en son sein : entreprises commerciales et associations. Cet héritage témoigne de la persistance d'une perception ancienne de la formation comme d'une "activité à part", mal dégagée du service public, voire de l'action sociale et souvent emprunte de moralisme. Malgré cet héritage, la dernière décennie a vu l'entrée progressive de la formation dans l'économie des services. Cette évolution est désormais fortement engagée et peut être considérée comme réussie nonobstant le rôle des acteurs publics et la persistance de statuts "historiques". Les ¾ des organismes de formation ont vu le jour après 1989. Les marges bénéficiaires ont connu une régression sur la moyenne durée, sous le double effet des restrictions budgétaires pour les actions payées sur fonds publics et des politiques d'achat des grandes entreprises clientes. Synthèse sectorielle FFP 4 1.2) L'emploi L'emploi au sein des organismes de formation adhérents de la Fédération de la Formation Professionnelle concernait 13 600 salariés en 2000. Il connaît une progression (+28% sur les 3 dernières années) supérieure à l'évolution du chiffre d'affaires, témoignant d'un tassement de la productivité. Les organismes de formation recourent massivement à des compétences externes puisqu'1/3 de ses effectifs sont en contrat précaire, même si ce pourcentage a décru récemment. Il ne peut s'expliquer par le seul souci de flexibilité. Des caractéristiques intrinsèques à l'activité et des pratiques fortement différenciées selon les employeurs permettent de poser l'hypothèse d'une "gestion externalisée des compétences" sur certains segments du marché. La profession, fortement féminisée (67%), emploie majoritairement du personnel hautement qualifié et diplômé sur un large éventail de discipline. Les métiers de la formation jouissent d'une série de diplômes d'enseignement supérieur, délivrés essentiellement par les Universités (DESS et DEA), en formation continue. Le nombre des diplômés a progressé très fortement (+100%) au cours de la dernière décennie. 1.3) Perspectives Le secteur de la formation professionnelle a connu dans la précédente décennie de profondes mutations : Ä Constitution de la formation en un marché ; Ä Introduction de la démarche qualité. Il est confronté à la perspective de nouveaux bouleversements imposés par l'évolution technologique et les attentes des clients privés ou publics : Ä L'intégration des NTIC dans les modes de formation : formation ouverte et à distance, e-formation, plates-formes client… Ä L'individualisation des formations ; Ä L'introduction des pratiques d'achat sur le marché ; Ä La concentration du secteur de la formation ; Ä L'internationalisation. Ces challenges interpellent les capacités de financement d'entreprises dont les ressources propres restent faibles. Synthèse sectorielle FFP 5 Par ailleurs, le secteur de la formation dépend de décisions politiques auxquelles il n'est pas associé, pour l'organisation de son marché et l'émergence de certains produits. La Loi de Modernisation Sociale, les négociations paritaires actuelles modifient des pans entiers de son activité et de son financement. Après la mise en place des 35 heures qui s'est avérée délicate dans un secteur dont l'essentiel des coûts et de la valeur ajoutée provient d'une main d'œuvre aux horaires souvent atypiques ; le contexte politique génère donc une certaine tension dans les organismes de formation. Synthèse sectorielle FFP 6 2.) Impression générale L'enquête a été réalisée auprès de 11 dirigeants d'organismes de formation auprès de qui il a été facile d'obtenir un rendez-vous, grâce à leur intérêt pour les thèmes évoqués et à l'implication de leur Fédération Professionnelle. Par rapport à l'ensemble du secteur, l'enquête donne lieu à une série de surreprésentations : Ä Des sociétés commerciales par rapport aux associations, Ä Des organismes travaillant sur fonds privés par rapport à ceux ayant opté majoritairement pour les marchés publics, Ä Des organismes présentant les chiffres d'affaires les plus importants avec les leaders du marché général ou de segments de marché. Elle a toutefois permis de prendre en compte des organismes dont les effectifs varient de 3 salariés permanents à 600 et le chiffre d'affaires de 3 MF à 300 MF. Le secteur de la formation achève une réforme structurelle qui a profondément modifié le profil de ses acteurs en un laps de temps relativement court. Des modifications importantes de marché, d’organisation, de statut ont affecté les organismes de formation sans troubles majeurs et sans que l’opinion publique en ait conscience. Les changements les plus importants ont été : Ä La transformation d’associations en sociétés commerciales ; Ä L’éloignement de marchés de long terme (séparation d’avec la formation initiale) ou la remise en cause de marchés captifs par l’arrivée progressive de nouveaux entrants ; Ä La montée en puissance du pouvoir du ou des clients, (la profession identifie mal la fonction client). L’entreprise ou la collectivité fait une pression sur la rentabilité, via les prix (acheteurs, appels d’offres) ou via les prix de revient (exigences nouvelles d’opérationnalité, de courtes durées et d’individualisation des formations). L’apprenant a le pouvoir que lui confère la « notation immédiate » qui transforme la satisfaction à chaud en dictature de l’hôtellerie et du ressenti. Le territoire sur lequel intervient l’organisme de formation, est un autre type de bénéficiaire, sans qu’il soit encore possible de l’assimiler précisément à un client. Ä La certification qualité comme source de reengineering et de formalisation des rapports aux clients. Ä La mise en process, l’industrialisation et la standardisation de pans entiers de l’activité. Ä L’émergence de la rationalité économique et de la « culture du profit ». Synthèse sectorielle FFP 7 Les perspectives énoncées au milieu des années 90 dans le Contrat d’Etudes Prospectif de la profession sont en cours de réalisation ou sont imminentes : Ä La concentration est amorcée ; Ä La e-formation est désormais incontournable même si elle n’est pas encore une réalité économique significative. La constitution d’un capital collectif de connaissances et de compétences a commencé au sein des organismes de formation. Référentiel métier informatisé, référentiel des compétences requises pour la bonne réalisation d’une prestation pour un public donné, banques de données de compétences établies à partir des prestations réalisées se mettent en place. Des systèmes d’informations concernent désormais les formateurs, les stagiaires ou les clients. Leur objectif premier est l’optimisation des ressources et l’adéquation formateur client ; mais, ils deviennent de plus en plus importants pour le maintien d’une norme qualité et le développement de la relation client qu’ils s’autonomisent parfois en compétence clé et en atout concurrentiel. L’outil d’accompagnement se met alors à contribuer à la création de valeur. Le passage d’une organisation où l’individuel régnait en maître, à un management collectif des compétences, suscite des résistances. Malgré ces mutations importantes, les organismes de formation conservent un discours fortement imprégné de valeurs qu’ils essayent de traduire dans leur pratique. C’est une spécificité du secteur par rapport à d’autres services. Le recrutement des salariés permanents s’apparente à une adhésion confirmée par des processus d’intégration qui représentent une charge économique significative pour les entreprises. La centralité des valeurs incite les organismes de formation à rechercher et à développer les compétences dont ils ont besoin pour l’encadrement opérationnel. La profession a majoritairement eu recours à la promotion interne. Le cœur de métier traditionnel change ; il éclate ou il se déplace. La transmission de savoir et le face à face pédagogique n’en constituent plus une définition suffisante, ni même toujours nécessaire. Qu’est ce donc que la formation en 2002 ? Derrière l’emploi d’un même mot, se cachent des réalités différentes : Ä Un secteur professionnel vivace, Ä Un acte (la relation pédagogique et notamment le face à face), Ä Un contenu (un savoir ou une méthode), Ä Un process, Ä Un multi service associant conseil, technologie et acte formatif. Le mot lui-même n’est parfois même plus prononcé. Synthèse sectorielle FFP 8 La position centrale de la transmission de savoir est remise en cause indépendamment des publics et de celui qui paie les prestations (public ou privé): Ä Le couple émetteur / récepteur du savoir est dissocié. La qualité de l’apprentissage dépendant largement des représentations de l’apprenant, la performance de la formation dépend de son amont l’orientation et l’imaginaire des apprenants et du diagnostic qui les prend en compte. Ce postulat particulièrement valide pour les publics relevant des marchés publics de formation bouleverse la conception du formateur. Le e-learning transforme le formateur identifié à un savoir en interface entre le savoir et l’apprenant. Ä L’acte formatif se banalise et se normalise. Les systèmes qualité encadrent les pratiques et désopacifient la boîte noire du face à face pédagogique. Les formations internes normalisent les savoir-faire. Les compétences et les savoir techniques semblent se trouver facilement sur le marché. La rareté n’est plus en sa faveur. Le savoir-faire n’est plus toujours une compétence-clé ; en tout cas, il n’est plus suffisant pour différencier les prestataires. Stratégie métier et stratégie client commencent à se distinguer. Les organismes qui tendent vers des stratégies métier, cherchent à restaurer ou développer la valeur ajoutée, en maîtrisant les prix de revient par : Ä Des gains de productivité par l’industrialisation de prestations normalisées. Toute modification donne lieu à une facturation supplémentaire ; Ä L’externalisation de la logistique ; Ä Des économies d’échelle. Les organismes de formation qui tendent vers des stratégies client, tirent la conséquence de la banalisation de l’acte formatif pour l’associer à d’autres prestations intellectuelles. La relation au client est considérée comme plus productrice de valeur que la prestation elle-même qui dissocie pour mieux les prendre en compte : l’amont de la transmission de connaissances, l’aval et la logistique. Les facteurs clé de succès en sont : Ä Le système de connaissances du client ; Ä Le traitement singulier de chaque client comme un projet avec des «chefs de projet » pour conduire la prestation. On peut distinguer des approches différentes : Ä L’offre intégrée. L’organisme de formation réalise autant que possible tout ce que sa relation au client a permis de discerner comme besoin. Le diagnostic, la prescription, l’acte formatif, l’évaluation, l’accompagnement du changement, voire le conseil en organisation. Dans cette approche, le cœur de métier s’est élargi au conseil ou à l’articulation conseil formation. La valeur ajoutée de la prestation repose sur la qualité du process. Synthèse sectorielle FFP 9 Ä L’offre « assemblée ». L’organisme de formation apporte sa plus value en assemblant des ressources dont toutes ne sont pas issues de son sein. Il devient l’interface entre l’entreprise et la complexité dans la réalisation de son projet de management des compétences. Dans cette approche, le cœur de métier n’est plus l’acte formatif. Le contenu de la formation, l’acquisition de « l’objet technique » ne sont plus une fin en soi. Le client entreprise impose le passage d’une transmission de connaissance à la création de compétences opérationnelles. L’opérationnalité est devenu le critère majeur de l’appréciation finale des prestations de formation, sans que client et organisme de formation ne disposent toujours des méthodes et critères objectives pour la mesurer. La compétence opérationnelle se teste moins facilement que la connaissance. Les compétences clé évoluent à leur tour avec les mêmes incertitudes et altermoiements que pour les stratégies et les cœurs de métier. Selon la définition donnée au contenu de la fonction : "formateur" ou "encadrement opérationnel", les compétences varient. Toutefois, on peut distinguer une tendance générale : Ä Pour les formateurs, le glissement des compétences traditionnellement requises pour le face à face pédagogique vers d'autres compétences : Les qualités requises étaient la maîtrise de l'objet technique (le savoir) et le savoir-faire pédagogique (la capacité à le transmettre). Ces 2 groupes de compétences ne disparaissent pas mais sont minorés. Les nouvelles compétences qui se distinguent, sont : ð Un rapport au temps plus "serré" du aux exigences de formations courtes ou à l'interface apprenant/savoir ; ð Une démarche pédagogique inductive qui va du particulier au général et non l'inverse imposée par les exigences d'opérationnalité immédiate ; ð Une capacité à restituer de façon formaliser ce qui s'est passé ; ð Un relationnel qui intègre davantage la séduction du stagiaire dont le ressenti tient lieu de critère qualité. Ä Pour l’encadrement opérationnel, les compétences glissent du face à face hiérarchique vers : ð Celles requises pour le conseil : écoute, reformulation, formalisation d'un diagnostic et préconisation systémique ; ð Celles requises pour la conduite de projets : écoute, conduite de réunion, projection dans le temps, décomposition analytique et mise en process de l'action projetée, restitution… ð Celles requises pour la conquête de marchés : relationnel clients, capacités rédactionnelles ; ð Celles requises par l'assemblage : analyse des besoins, analyse des ressources, mise en cohérence, opportunisme et débrouillardise, négociation ð Celles requises par le management collectif de compétences : évaluation de collaborateurs à partir de référentiels de compétences, restitution … Synthèse sectorielle FFP 10 Ä Pour le management, les compétences du patron de PME : polyvalence, réactivité… se spécialisent avec à l'extension des réseaux et à la complexification de la structuration du capital et des organisations : animation de réseaux ou d'experts, négociateur, savoir dans le domaine de la finance, … Au cœur des tensions générées par les divergences naissantes sur les cœurs de métier et les compétences, sont les questions de l'innovation et de la place de l'opérateur dans le processus d'innovation. L'innovation relève de 2 processus dans le secteur de la formation : Ä Un processus descendant : l'action du dirigeant en faveur d'une organisation, d'une technologie, d'une direction spécialisée, comme réponse différée ou anticipée sur un besoin du marché ; Ä Un processus remontant : l’innovation comme réponse immédiate de l’opérateur formateur à une situation professionnelle imprévue. Cette approche empirique de l’innovation concerne donc les 95% des effectifs qui sont en front office. Les organismes de formation sont donc sujets à une double contradiction apparente : Ä Formaliser et normaliser les prestations / Reconnaître aux opérateurs la possibilité de ne pas respecter les normes ; Ä Externaliser la compétence "normalisée" et contrôlable de l'acte formatif / Reconnaître à la relation directe et immédiate avec le client à travers le stagiaire, un rôle dans l'innovation. . La contradiction est dépassée par : Ä L'intégration dans les process et les systèmes qualité les plus rigoureux d'une capitalisation des informations sur ce qui a été fait et l’enrichissement des pratiques collectives et de la norme qui en résulte ; Ä Le déplacement de l'objet de l'innovation lui-même qui concerne de moins en moins la relation pédagogique et de plus en plus les conditions de sa mise en œuvre. Dans ce dernier cas, la fonction sur laquelle repose la charge de l'innovation empirique et stratégique devient celle de l'encadrement opérationnel. L’encadrement juridique du secteur est obsolète. La volonté de réforme des textes est insuffisante, parcellaire ; elle ne concerne pas suffisamment la définition même de la formation et le fonctionnement du marché. De plus, les organismes de formation ne sont pas suffisamment impliqués dans les négociations qui tendent à réformer le Livre 9 du Code du Travail. Il transparaît de certaines réponses, la révolte contre le mépris dans lequel est tenu le prestataire. En bout de chaîne, il recevrait des ordres. Synthèse sectorielle FFP 11 3.) Eléments issus des rencontres avec les dirigeants des organismes de formation 3.1) Les stratégies identifiées Les organismes de formation tels qu'ils se présentent 2 d'entre eux sont des associations. Ce statut est lié à l'histoire de l'organisme. Il n'est pas particulièrement revendiqué par les dirigeants salariés gestionnaires qui ont répondu aux questions : ü "On perd du temps, mais il faut respecter des susceptibilités" ü "Ce sont des pesanteurs historiques. Le maintien du statut est imposé par la fusion…" 4 sont d'anciennes associations issues d'une commande publique ou paritaire, qui ont effectué une mutation réussie en société commerciale au cours de la précédente décennie, quitte à coexister au sein d'un groupe avec une forme associative : ü "Le choc culturel est désormais digéré" ü "C'est de l'histoire ancienne ; 90% du personnel n'a pas connu cette époque" Les activités de formation continue et de formation initiale ont été séparées, également au cours de la décennie écoulée. L'essor commercial de ces organismes semble dater de cette double mutation. 3 sont des créations entreprenariales pour lesquelles le fondateur a pu être rencontré. Cette caractéristique est toujours mentionnée par la personne interviewée comme un identifiant significatif : ü "Nous ne sommes pas nombreux dans la profession à être des chefs d'entreprise fondateurs à la tête d'entreprises importantes". Les organismes de formation se situent d'emblée par rapport à des valeurs qu'elles situent, soit dans une histoire, soit dans un projet, indépendamment de leur statut. ü "S'adresser à des hommes plutôt qu'à des structures…" ü "Nous n'avons pas d'objectif mais un objet. Nous devons questionner sans arrêt une matière mouvante : l'humain. Notre positionnement ne peut être qu'un travail d'orfèvre" ü "Une proximité géographique qui fait sens, enrichit les hommes et enrichit le territoire" ü "Un choix qui n'attirera pas les fonds de pension américains, mais ça me regarde" ü "Nous voulons être un accélérateur de réussite" Synthèse sectorielle FFP 12 La présentation des activités pose la question de la centralité de l'acte formatif La position de l'acte formatif répartit les organismes de formation en 3 groupes : Ä Ceux qui font référence à la formation et s'identifient par rapport à elle, avec pour entrée un domaine de connaissance particulier, un secteur d'activité, une méthode ou un public. Ä Ceux qui associent la formation à un ensemble de services intellectuels avec 3 variantes qui témoignent d'une distanciation progressive : ü "La formation et tout ce qui l'entoure" (La position de la formation reste centrale puisque les autres prestations "l'entourent" mais avec un poids équivalent qui apparaît dans le "et") ü "Un organisme de conseil et de formation" (La position de la formation n'est pas particulièrement centrale) ü "Nous intervenons sur un process dont la formation n'est qu'un maillon" (La formation perd encore de l'importance ; elle passe du statut de prestation de premier rang à celui d'élément de la prestation principale qui devient le "process" ) Ä Ceux se démarquent de la formation ou la réduisent à un vecteur de leurs prestations intellectuelles. ü "Une société de conseil" ü "Un organisme spécialisé dans le management des compétences pour lequel la formation n'est qu'un outil parmi d'autres" ü "La formation en tant que telle va en partie disparaître; elle sera agrégée à l'emploi pour le client public, aux ressources humaines pour les entreprises" ü "Mon activité, c'est l'insertion et l'intégration professionnelle ; c'est très différent de la formation et du rapport au savoir" L'action de l'organisme de formation sur les compétences collectives du client, fonde l'action de conseil sous différentes formes : ü "Accompagner globalement le client dans le management de ses compétences…" (l'ingénierie des compétences) ü " …accompagner les changements individuels et collectifs…" (la gestion des ressources humaines) ü "Pour apporter aux entreprises les moyens de réussir, la meilleure approche réside dans le développement de compétences individuelles ou collectives. La dimension collective implique une capacité d'action sur l'organisation de l'entreprise" (l'organisation). Synthèse sectorielle FFP 13 Les axes de développement des organismes de formation témoignent d'une différenciation stratégique Les organismes de formation sont globalement dans une logique de développement, mais sur un marché dont ils dessinent des contours différents. Une véritable différenciation stratégique émerge, associée au positionnement de chacun par rapport au couple conseil et formation. Elle devrait s'accroître au fur et à mesure que se distingueront les systèmes spécifiques de compétence que mettent en œuvre chacune des formules. La distinction entre : action inter entreprises, action intra entreprise qui figurait déjà dans le première description des activités à travers la notion de "collectif", structure largement les réponses relatives aux les axes de développement. La différence entre inter et intra ne recouvre pas exactement les positions par rapport au couple conseil / formation. En effet, une action intra n'implique pas systématiquement une action de conseil sur l'organisation ou le management des compétences. De même une action inter peut être couplée avec la vente du système d'informations qui permet de "suivre" l'intégration dans l'entreprises des compétences individuelles nouvellement acquises. Il s'agit de tendances qui se manifestent à travers les réponses : Ä Les tenants des actions interentreprises cherchent plutôt à rentabiliser l'acte formatif en l'industrialisant, quitte à transférer les gains de productivité réalisés sur l'individu sous forme de modules personnalisés Ä Les tenants des actions intra entreprises tendent plutôt à créer de la valeur ajoutée par l'adjonction de prestations amont et/ou aval à l'acte formatif. Inter ou intra, il ne s'agit donc pas de modes de commercialisation divergents, mais de conceptions différentes de la création de valeur. Pour l'heure, chacun fait un peu de tout mais avec des orientations différentes entre : Ä Ceux qui accordent une place déterminante à l'inter entreprises : ü "Elles ont un bel avenir devant elles sous réserve d'évolution" Ä Ceux qui ne croient pas aux capacités de développement des actions inter entreprises mais maintiennent leur positionnement actuel : ü "Les actions inter entreprises sont notre vache à lait" Ä Ceux qui optent délibérément pour l'intra et plus particulièrement pour les "grands comptes" ü "Notre politique exclusive est les grands comptes avec le développement de marchés pluri annuels" Synthèse sectorielle FFP 14 Transversales aux approches différentes de la valeur, des axes de développement récurrents apparaissent comme une véritable "signature" de la profession : (par ordre de fréquence de mention) Ä La e-formation avec différentes intensités dans l'engagement ü "Tâter du e-learning" ou "réfléchir à ce qui est e-learnisable" ü "Les prestations actuelles peu significatives quantitativement constituent une plate-forme d'observation et de test" ü "Avec les alliances nécessaires dans le hard, nous voulons être incontournables pour le futur, soit en prestation de e-formation, soit en conseil pour nos clients qui s'équiperont" ü "Les grandes entreprises ne travailleront bientôt plus qu'avec les organismes de formation capables de communiquer avec elles sur et par la e-formation" Ä La croissance externe pour laquelle toutes les formes sont admises, de l'achat à la fusion en passant par des formules de groupement ou d'alliance : ü "Tout le monde y pense" ou "Nous entrons dans la phase de redistribution des cartes. Le grand jeu de la concentration est lancé" ü "La croissance externe passe aussi par des alliances" Ä L'international comme une nécessité pour faire face aux demandes des clients et se mettre dans une meilleure position concurrentielle : ü "Répondre aux appels d'offres européens" ü "Accompagner nos clients partout où ils ont des besoins" ü "Acquérir la taille européenne" ü "Faire face aux concurrents étrangers" Ä Les expérimentations comme composante stratégique axée sur l'offre : ü "Développer de nouvelles offres" ü "Tester une méthode de coaching que l'on emploie habituellement pour les cadres" ü "Se maintenir sur le qualifiant pour expérimenter sur de nouvelles méthodes et de nouveaux publics" Synthèse sectorielle FFP 15 Les axes de développement précédents sont suffisamment prégnants pour éclairer les mentions singulières d'une signification particulière. Deux types d'axes de développement rassemblent quelques organismes de formation : Ä Un redéploiement entre segments d'activité ou segments géographiques. Le positionnement territorial comme capacité à "suivre localement les PME" et à être "un acteur significatif à l'échelon régional" est plus qu'une différenciation marketing et concurrentielle. C'est un positionnement stratégique associé à une vision du "fait régional" et une croyance dans l'importance des PME pour la société. ü "Compléter le maillage…" ou "Effectuer un rééquilibrage entre nos implantations…" Ä Une revalorisation des ressources internes pédagogiques ou administratives, notamment pour ceux qui pensent ne pas être en position concurrentielle ou économique satisfaisante pour exploiter pleinement les axes de développement communs à la profession : ü "Regrouper nos ressources et chercher un partenariat pour le back office" ü "Réaliser des gains de productivité sur l'administratif" ü "Augmenter la compétence et la polyvalence de nos formateurs" Les politiques publiques et leurs circonvolutions fournissent matière à une réflexion amère pour ceux qui ont opté pour la commande publique : ü "Faut-il parler d'axe ou de sinusoïde quand on suit les politiques publiques ?" Les stratégies sont moins diverses que leur formalisation Les valeurs portées par les organismes de formation ne restent pas au niveau du discours identitaire, mais sont réaffirmées dans les options stratégiques : ü "Concilier une approche identitaire humaniste avec le réalisme économique" ü "La stratégie consiste déjà à définir ce que nous ne voulons pas faire; pour nous par exemple, ce serait faire du catalogue" (action interentreprises) Des thèmes récurrents traversent les organismes de formation : Ä L'industrialisation de l'offre qui fait écho à la rationalisation du fonctionnement interne des organismes de formation. ü "Notre tâche est l'industrialisation de nos services" Synthèse sectorielle FFP 16 Chez un prestataire intellectuel, la matière est la connaissance. L'offre est sa mise en œuvre. L'industrialisation du service est donc une réorganisation de la mise en œuvre de la connaissance: ü "Le management de la connaissance ne concerne pas que nos clients; il nous concerne même avant eux. Nous avons donc une stratégie biface à conduire" ü "La stratégie est indissociable du re engineering si elle est orientée vers le client" La stratégie peut donc être, avant d'être offre, demande ou croissance, tournée vers l'organisation. ü "Surveiller nos parts de marché et agir sur les prix de revient ; la recherche de la rentabilité impose le contrôle de gestion comme l'outil numéro 1 de la stratégie. Mieux, dans la phase actuelle, c'est en soi une stratégie !" ü "Le premier principe retenu pour notre stratégie est de séparer ce qui relève du long terme, de ce qui relève du moyen terme" Ä Le développement d'une offre de conseil qui s'autonomise par rapport à la prestation de formation proprement dite et la conditionne : ü "Les entreprises ont besoin d'une aide pour un meilleur contrôle de leur investissement formation. L'avenir des organismes de la formation passe par cette nouvelle offre. Ceux qui ne pourront répondre seront à terme inféoder aux autres. Il se passe dans la formation ce qui s'est déjà passé dans le travail temporaire ou d'autres services. Ce sont les services annexes qui déterminent le choix du prestataire du service principal". ü "Développer des services globaux pour les territoires et les enrichir en compétences" ü "Nous allons vers la dissociation de la prescription-évaluation d'une part, et de la production d'autre part". Une minorité d'organismes de formation formalise les stratégies : ü "La stratégie est à la fois politique avec un plan à 4 ans formalisé et empirique avec les réunions clients qui entraînent des révisions" ü "Le projet d'entreprise arrêté voici quelques années, est réactualisé dans un Plan stratégique annuel, avec sur chaque segment, une analyse faiblesse/opportunités. Décliné en objectifs opérationnels, il sert d'outil de pilotage" Si les organismes dotés d'une organisation fonctionnelle structurée et importante sont ceux qui formalisent le plus leur stratégie, la taille n'est pas la seule variable explicative de comportements très différents. Le recours à des financements extérieurs joue en faveur de la formalisation alors qu'une décision concentrée et un marché semi captif sont des facteurs défavorables. Synthèse sectorielle FFP 17 Toutefois, une stratégie opportuniste et non formalisée reste possible : ü "C'est la veille d'opportunités. Elle concerne tout le monde dans l'entreprise quand il s'agit de marchés. Par contre, on peut aussi mettre de l'ordre et de la méthode sur d'autres aspects : la veille sur les outils par exemple est répartie entre les associés" La différence de formalisation stratégique ne semble pas avoir conditionné la différence de réussite économique entre les organismes de formation. La place du client dans la stratégie est complexe Le secteur de la formation plus que d'autres est doté d'outils pour prendre en compte le client et mesurer sa satisfaction. Cet appareillage tend à : ü "Rendre tangible l'immatériel de la connaissance et des compétences". Sur ce terrain plutôt favorable, on distingue toutefois un large éventail de situations qui vont de la "politique de la demande" avec pilotage au rétroviseur" jusqu'à la coconception et co-réalisation des prestations, en passant par une logique de l'offre jouant sur la surprise du client. Le secteur de la formation est confronté à la complexité de la notion même de client de la prestation de formation. Les organismes de formation distinguent : Ä Les individus bénéficiaires de la formation ü "celui qui est dans la salle de formation pour qui l'on a l'obligation morale de délivrer ce que l'on fait de mieux" Ä Les entreprises ou les collectivités, commanditaires de la formation et qui cherchent également à en tirer un bénéfice ü "qui attendent le meilleur service au meilleur coût" Ä Les organismes collecteurs ü "qui se comportent comme des clients directs lorsqu'ils fédèrent les demandes et font pression sur les prix" Les subventions, le co-investisement formation complexifient encore la définition du donneur d'ordre, la distinction entre la réalisation des objectifs et la mesure de la satisfaction. Chacun de ces clients exerce un pouvoir sur les organismes de formation. Leurs attentes peuvent être contradictoires : ü "La formation est un système de tiers payant. Le client, c'est l'entreprise qui paie, mais c'est le stagiaire qui est formé et qui donne son avis sur un résultat à l'objectif duquel il n'a probablement pas participé" ü "Nous accordons notre priorité à "la personne en formation" ce qui entraîne l'inimitié des collecteurs" Synthèse sectorielle FFP 18 Cette ambiguïté se retrouve dans la prise en compte du client : Ä Pour l'entreprise, la prestation intervient tout au long d'une chaîne ü "Il faut l'aider à établir sa demande, l'aider à bâtir le cahier des charges, réaliser le cursus de formation, l'aider à construire l'outil pour évaluer si le retour sur investissement est suffisant, mener avec elle la réflexion sur les gains de productivité potentiels qui lui permettront d'optimiser ses ressources financières" ü "Chaque maillon de la chaîne peut voir apparaître des interlocuteurs différents avec des exigences différentes" Ä Pour le stagiaire, la satisfaction immédiate et subjective reste l'indicateur: ü "C'est aussi jouer sur l'environnement de la formation" ü "L'hôtellerie est un combat quotidien" ü "La dictature des bouteilles d'eau" Ä Pour les collectivités, l'ambiguïté est à son comble ü "Les collectivités sont nos clients et nos concurrents" Certains organismes de formation optent pour un type de client comme base d'un positionnement stratégique et idéologique : ü "Nous recherchons d'abord la satisfaction et l'apport personnel au stagiaire; tant mieux si cela correspond aux attentes de l'entreprise". ü "L'entreprise est consciente que faire progresser l'individu, fait progresser l'entreprise" La plupart des organismes de formation jonglent entre ces différents clients : ü "A chaque type de client, nous faisons correspondre de fait, un type d'interlocuteur : formateurs pour les stagiaires, équipes de direction des centres de formation pour les entreprises, siège pour les OPCA" La certification ISO 9001 a régulé, bouleversé parfois, le mode de prise en compte du client. La plupart des organismes de formation interrogés sont certifiés ISO 9001 et ont abordé avec soulagement et satisfaction les nouvelles normes 2000 : ü "Avec ISO, on est obligé de mettre le client au centre de notre stratégie" A l'appareillage issu de ISO, s'ajoutent les enquêtes de satisfaction clients ou stagiaires, les évaluations à chaud : ü "Comme baromètre de satisfaction immédiate et source d'actions correctrices de court terme" Dans un seul cas, a été mentionné le traitement des réclamations à la DG. Synthèse sectorielle FFP 19 La connaissance du client est un enjeu décrit comme relativement récent. Les organismes de formation s'équipent. Les outils traditionnels ne suffisent plus; l'empirisme de l'"évaluation à chaud" comme mode de connaissance du client est dénoncé : ü "On ne sait pas aujourd'hui si l'on est à côté de la plaque." ü "Nous sommes comme un radar qui récupère des échos". De plus en plus formalisée, la connaissance du client étaie la politique d'offres d'une dimension marketing nouvelle : ü "Un logiciel de relations clients qui permet de synthétiser et capitaliser tous les rapports de visite" ü "Une base de données client où sont rentrées toutes les demandes et toutes les évaluations" ü "Une analyse de la demande aboutit à un tracé qui permet de formaliser des tendances" Certains organismes de formation optent pour : Ä Une réactivité et une logique de la demande conditionnée souvent par des "appels d'offres" : ü "Réaliser le cahier des charges, en évaluer la réalisation et les résultats" ü "La commande peut être fortement instrumentée et c'est un caporalisme ou rien ni personne n'a de place" Ä Une logique d'offres qui découvre le marketing : ü "On anticipe le besoin du client " ü "Surprendre le client et être toujours à T+1 par rapport à lui nécessitent marketing et analyse de son environnement" La plupart du temps, politique d'offre et politique de la demande s'enchevêtrent : ü "La demande est parfois si mal formulée que l'on passe de fait à une offre plus active" ü "Un séminaire programmatique annuel rassemble les dirigeants opérationnels et la cellule marketing. Chaque produit est analysé un par un, en fonction des données nationales, des notations des clients et des remontées du terrain ; on y confronte aussi les idées pour de nouveaux produits". Synthèse sectorielle FFP 20 Plusieurs organismes de formation ont mentionné des pratiques de co-conception ou de co-construction : Ä Avec les grands comptes : ü "La coproduction avec les grands comptes du process : conception / production / évaluation, ne répond pas une logique de produit mais à un service" Ä Avec des PME sur des bassins d'emploi locaux ü "Des conseils de perfectionnement clients/formateurs/bénévoles" qui rassemblent ü "Des groupes de travail : PME / organisme de formation qui permettent de construire la demande et l'offre de formation dans un contexte de pénurie d'offres et de moyens" La place des salariés dans la stratégie Le secteur de la formation offre peut être plus d'opportunités que d'autres, d'impliquer ses salariés dans la stratégie et la relation au client. Toutefois, les niveaux et les modes de mobilisation des ressources des salariés varient fortement selon les entreprises. En fonction de la taille de l'organisme de formation, de son organisation, de la personnalité de son dirigeant, l'implication des salariés va de la participation à la définition de la stratégie à la simple information. L'interprétation des réponses est compliquée par la fluctuation de la définition même de salariés au sein des organismes de formation. La part importante des "non permanents" dans certaines structures ou le continuum de statuts entre le salarié permanent à temps plein et le vacataire ponctuel laissent la possibilité d'une influence d'opérateurs sur le cercle décisionnaire nonobstant le statut. Globalement; "ils la vivent". L'information des salariés n'est pas originale dans le secteur. On y retrouve les principales caractéristiques d'autres secteurs d'activité : descendante, en dehors des représentations formelles des salariés, très liée au dirigeant charismatique comme dans les PME. Elle suit principalement la voie hiérarchique et s'effectue par voies de réunions déclinées à chaque niveau de l'entreprise. Lorsqu'elle fait l'objet de "réunions directes avec le dirigeant, la croissance met à mal ce modèle par distension des possibilités de contacts directs et affadissement des liens d'"homme à homme" avec le dirigeant charismatique. Les outils papier, le multimédia et les messageries sont également sollicités. Synthèse sectorielle FFP 21 L'échange formel ou informel, qui organise la remontée des réactions des salariés par rapport aux orientations de l'entreprise, est plus original : ü "Un forum électronique sur ce que produit la qualité devient une réflexion générale sur les produits" ü "Un Forum, rassemblement volontaire transversal aux unités de l'entreprise de tous ceux qui ont besoin d'infos, organisé autour de tables rondes et d'un jeu de questions réponses avec le directoire" ü "Un forum électronique informel de discussion entre les salariés est devenu le vrai lieu d'échange, voire de décision relative à des expérimentations et à des actions relevant de leur marge de liberté" Dans ce dernier cas, l'entreprise voit émerger en son sein, un contrepouvoir sous forme de dysfonctionnement créatif. L'intermédiation clients/stratégie donne aux salariés qui les suivent, les "pouvoirs" de leurs clients sur l'organisme et sa stratégie. Si l'organisme de formation accorde une place importante à ses clients, il laisse de fait un rôle important aux salariés qui les gèrent : ü "Les chefs de projet interfèrent sur la stratégie comme intermédiaires entre les grands groupes et la direction ; si les grands comptes ont une place dans la stratégie, ceux qui les écoutent aussi" La coproduction de la stratégie est une caractéristique de petites entreprises lorsque le fondateur inclut dans son projet personnel et d'entreprise, un management participatif, voire "co opératif" : ü "Les salariés rédigent le référentiel d'activités" ü "Des groupes de résolution de problèmes" ü "Des entretiens développement avec une aide extérieure" L'externalisation L'externalisation est plus qu'une facilité gestionnaire ou une recherche de gains de productivité dans ce secteur d'activité ; elle témoigne de clivages stratégiques entre les organismes de formation. On peut distinguer : Ä L'externalisation de la formation proprement dite, notamment par le recours à des vacataires. La part des formateurs non permanents varie de 90 à moins 5% selon les entreprises. Cette variation recouvre bien plus qu'une facilité de flexibilité ; elle incarne la place du face à face pédagogique dans la chaîne de la valeur. ü "La conception est obligatoirement effectuée en interne" ü "La réalisation des modules industrialisés peut être sous traitée" Synthèse sectorielle FFP 22 ü "Quand on assure l'ingénierie et que l'on gère le projet, on peut avoir recours à l'externe" ü "Les formateurs sont externalisés, pas les responsables de formation" Il s'agit le plus souvent de sous-traitance stricto sensu dans le cadre d'un service qui s'industrialise : ü " La réalisation des modules peut être confiée à des formateurs extérieurs dès lors que nous les avons formés, habilités et contrôlés" Toutefois le glissement stratégique de la formation vers le conseil (management des compétences ou process de formation) laisse à la place à une véritable externalisation pour des organismes de formation devenus des ensembliers : ü "Ce qui compte, c'est le process d'une part et l'articulation entre les modules au sein du cursus d'autre part. Il vaut mieux trouver à l'extérieur pour chaque module, l'expert le plus compétent si on ne l'a pas en interne" ü "Le face à face pédagogique n'est qu'un des maillons de la chaîne ; il peut être externalisé. En revanche, l'organisation de la chaîne qui constitue le plus gros de la valeur ajoutée doit rester au cœur de l'organisme de formation". Ä L'externalisation des éléments de logistique qui concourent à la formation. La reprographie et la gestion des stocks de documents pédagogiques sont en voie d'externalisation généralisée. : ü "Les rapports avec nos fournisseurs sont normalisés, industrialisés" La paie, la location de matériels, la gestion de salle sont externalisées en fonction des opportunités sans que le sujet fasse débat. ü "La logistique est intégrée mais pourrait être externalisée" La gestion administrative de la formation en revanche est problématique. Nécessaire à l'organisme de formation, elle est considérée comme stratégique puisqu'elle conditionne l'exploitation. Elle est par ailleurs également suffisamment utile au client avec quelques extensions pour qu'un organisme de formation mette son savoir-faire en la matière sur le marché et en fasse un avantage concurrentiel. Il est souvent question de l'externaliser pour gagner en en efficacité : ü "5 stages en même temps et c'est déjà un problème insurmontable" Son caractère stratégique condamne les organismes de formation a recherché des formes d'externalisation qui en protège le caractère : mutualisation entre acteurs complémentaires sur le marché ou partenariat : ü "Nous recherchons un partenaire pour la gestion administrative de la formation" L'externalisation de la gestion administrative procède donc et contribue aux mouvements de rapprochement et de concentration qui affecte la profession. Synthèse sectorielle FFP 23 Ä L'externalisation du e-learning ne concerne que le hard. Elle prend la forme d'alliance (filiale commune avec un technicien de la communication électronique) quand la surface de l'organisme de formation le permet ou d'achat de prestation et de solutions techniques dans les autres cas. Femmes et hommes dans les stratégies Les organismes de formation sont parcourus par deux mouvements apparemment contradictoires, relativement à la place qu'occupent les hommes dans leur stratégie, tels que le révèlent les deux propos suivants : ü "Encore trop de divas dans ce métier ; les formateurs doivent être interchangeables" ü "Les individus ne sont pas interchangeables" Il ne s'agit ni des mêmes hommes, ni des mêmes tâches. 2 mouvements coexistent au sein de la profession, voire des entreprises : Ä Le cadrage des tâches qui conduit à l'interchangeabilité des formateurs dans un contexte d'industrialisation et de standardisation de produits de formation stricto sensu ; Ä La valorisation de l'exception au travers la conduite d'un projet singulier chez un client dont la formation est un élément : ü "C'est l'intégrateur de ressources et le maître de la relation client" ü "Des opérations commandos pour des partenariats et des structures en projet" La certification est au cœur du débat puisqu'elle définit le couple process / homme. Selon les organismes de formation et leur rapport au couple process / client : Ä Elle s'impose à l'homme avec plus ou moins de bonheur : ü "Les normes ISO sont contraignantes et entraînent une perte d'autonomie" ü "L'exigence de traçabilité et de qualité compense la culture africaine du secteur" Ä Elle impose l'homme : ü "Notre stratégie nécessite un process qui s'appuie sur la certification dont la critique implique des hommes" ü "Les dysfonctionnements sont les moments les plus intéressants de notre métier. Ils peuvent receler les futures surprises du client. Et pour gérer un dysfonctionnement ou mieux, en repérer les opportunités, on n'a pas trouvé mieux que les hommes" Synthèse sectorielle FFP 24 Le secteur de la formation pourrait être en cours de taylorisation avec en plus de la normalisation et de la standardisation de produits, la différenciation entre "consultant concepteur intégrateur" et " formateur producteur". 3.2) Les compétences et leur gestion Une confusion peut apparaître dans les réponses entre cœur de métier, compétences clé et qualités recherchées. Il ne s'agit pas d'une incohérence mais des effets de la différenciation stratégique qui inverse selon les entreprises : l'essentiel et l'accessoire et notamment la place de l'acte formatif en tant que tel dans la production de valeur. Le face à face pédagogique se déplace d'un organisme de formation à l'autre ; il est : Ä Cœur de métier quand l'organisme de formation se définit comme "transmetteur de connaissances et de compétences" : Ä Compétence clé de l'entreprise parmi d'autres lorsque le cœur de métier est assimilé à la fonction d'ensemblier ; Ä Comportement, qualité recherchée, compétence individuelle lorsqu' il est une conséquence de l'action de conseil. A l'extrême, le face à face pédagogique peut disparaître des compétences de l'entreprise lorsqu’il est externalisé et répond à un cahier des charges. Des cœurs de métiers pour un seul vocable : la formation On peut distinguer 3 types de cœur de métier : Ä La transmission d'un savoir plus ou moins opérationnel ü "La transmission opérationnelles" à des dirigeants d'entreprise de connaissances ü "Développer les compétences à la communication physique et orale des salariés" ü "Former des gens peu qualifiés " ü "Améliorer la compétence opérationnelle des gens qui viennent chez nous" Ä La capacité d'identifier, de trouver et d'amalgamer des ressources : connaissances et moyens de les transmettre : ü "Former le couple experts / besoins opérationnels" Synthèse sectorielle FFP 25 ü "Rassembler des ressources intellectuelles, des connaissances, les moyens de les transmettre, les techniques pour s'assurer que tout s'est bien passé et les moyens de mettre en œuvre le tout" Ä La maîtrise d'un process assimilée au métier de consultant : ü "La capacité à gérer le process de l'observation à la formulation du besoin et d'y répondre par un dispositif de production évaluation ü "L'ingénierie comprise comme réponse à une demande et suivi d'un cahier des charges" ü "L'ingénierie de services qui vont de l'analyse de la demande à l'évaluation; ce n'est déjà plus de la formation" ü "Raccourcir et optimiser les process du système gestionnaire des compétences du client" Des compétences clefs Si l'on définit les compétences clé comme celles dont l'absence changeraient la nature de l'organisme de formation, les réponses se répartissent en 4 champs : Ä Le champ des contenus et méthodes liés à l'acte de formation comprend des savoirs : ü "Les techniques théâtrales" ü "La connaissance des mécanismes de l'insertion" Et des savoir-faire : ü "Mettre les gens en perspective" Parfois appropriés à un public : ü "S'adapter à un public de dirigeants" ou "Transmettre à un public de bas niveau" Ä Le champ du global ü "L'industriel compris comme systémique en opposition avec la technique qui est la réponse à un problème" ü "Observer et circonscrire la situation de travail, la décrire, argumenter et négocier" Ä Le champ de l'assemblage : ü "La capacité à entretenir un fichier opérationnel de ressources" ü "Intégrer des ressources dans le respect de prestations normalisées" ü "Rassembler des ressources et rendre cohérent le tout est un savoir-faire rare" Synthèse sectorielle FFP 26 Ä Le champ de l'organisation ü "Une capacité à réajuster l'organisation réside le plus gros de la valeur ajoutée ce qui compte c'est l'organisation de la chaîne" ü "Garantir un même savoir disponible en fin de formation aussi bien à Pointe à Pitre qu'à Paris implique toute une organisation; c'est le plus de la maison" Ä La gestion d'un système d'informations est question d'organisation, de moyens techniques mais également de management : ü "Le partage de l'information …le corps social a besoin de partager la connaissance des besoins du client : capitaliser, pondérer, transmettre" ü "Le système d'informations qui permet de savoir mieux que le client ce qui se passe chez lui ; d'être en avance d'une information sur le client" La gestion des informations ne concerne pas que le rapport au client ; elle permet également de valoriser le potentiel de compétences de l'organisme de formation en les identifiant. Il devient possible ensuite de les agglomérer et de développer une compétence collective : ü "Une poly compétences par le travail d'équipe" ü "Passer de la multi-activité à la multi compétences" Le contenu de ces compétences clé évolue vite. Elles peuvent perdre ou acquérir leur caractère stratégique en fonction de leur rareté ou du contexte organisationnel : ü "Trouver les compétences et les assembler, c'était une compétence clé. Ca ne l'est plus car le réseau s'autoalimente" L'animation du réseau n'était pas une compétence clé mais tend à le devenir : ü "Avec la croissance, il va falloir trouver d'autres modes de management d'équipes qui seront de plus en plus autonomes" Des qualités, comportements et savoir-faire professionnels Les compétences recherchées varient en fonction de 2 critères : Ä La centralité de l'acte formatif dans la stratégie de l'organisme de formation ; Ä La centralité du salarié. Synthèse sectorielle FFP 27 Le croisement de ces 2 critères détermine 3 groupes principaux de salariés : Position de l'acte formatif Central Formateurs permanents Centrale Position du salarié Affiliatif Capacité de s'approprier la méthode ou le produit Capacité d'individualisation Capacité de capitaliser Non central Chefs de projets, Directeurs de centres, etc Affiliatif fort Intégration territoriale Relationnel client Organisationnel Initiative et créativité Management Compétences du consultant Formateurs vacataires Non centrale Affiliatif faible Double casquette Reproduire Restituer Il est attendu des formateurs permanents (salariés CDI, proches du temps plein) : Ä La capacité d'intégrer le collectif et de reproduire un modèle : ü "Se couler dans le collectif" ü "S'approprier la méthode" Ä La capacité de contribuer au collectif en dépassant le modèle et en enrichissant la connaissance : ü "La capacité d'individualiser" ü "Capitaliser ce qu'il a fait" Il est attendu des formateurs non permanents : Ä Une adhésion mais plus faible que pour les permanents : ü "Intégrer des vacataires est facile; c'est beaucoup lus difficile pour des permanents" Synthèse sectorielle FFP 28 Ä Une double compétence issue avant tout d'un capital biographique et professionnel : ü "Des bons professionnels dont on fait des pédagogues et surtout pas le contraire" ü "Avoir l'expérience d'une situation de travail mais pas de professionnel de la formation" ü "Compétences acquises en entreprise et pas seulement des formateurs ; le métier de formateur me semble un peu secondaire aujourd'hui" ü "Des seniors à double casquette et surtout pas des formateurs" Ä La reproduction des modules et modèles existants Ä La capacité de restituer les informations pertinentes sur le client et le rapport client/produit Permanent ou non permanent, quel doit être le niveau de culture générale du formateur ? Les 2 formulations suivantes apparemment contradictoires sont issues de 2 contextes pédagogiques dissemblables : ü "Plus le niveau de l'apprenant est faible et plus le niveau du formateur doit être élevé" ü "Le client attend que le formateur soit son propre reflet; l'expert doit être à N+1 pas plus" Il est attendu des chefs de projet, gestionnaires d'unités constituant l'encadrement opérationnel : Ä Une forte adhésion : ü "Partager nos valeurs" Ä Des compétences relationnelles et commerciales : ü "Les chefs de projets doivent avoir des compétences en organisation et/ ou des compétences commerciales" ü "Développer un relationnel client" ü "Etre bien intégré sur un territoire : connaître et être reconnu par ses réseaux" Ä Des savoir-faire de consultants qui portent sur l'interrogation du réel : ü "Ils ont les compétences que l'on attend habituellement des consultants : une expertise et l'appareillage de méthodes qui permettent d'écouter de reformuler, de synthétiser, d'écrire, de conduire une réunion ou un projet" ü "Etre capable de maïeutique" ü "Ecoute et reformulation : les techniques de base du consultant" Synthèse sectorielle FFP 29 Ä Des capacités d'initiative pour dépasser les process lorsqu'ils ne permettent pas de répondre à une opportunité de marché : ü "La réactivité et le sens du client" ü "La Fiabilité comme mix entre responsabilité et autonomie" ü "La débrouillardise" ou "La créativité et l'innovation" Le recrutement Les compétences de formateurs ne semblent pas difficiles à acquérir sur le marché, notamment par l'utilisation des réseaux professionnels : ü "Ce n'est plus un problème" ou "Le recrutement est facile" Les facteurs d'attractivité mentionnés d'un organisme de formation sont : ü "Nous sommes attractifs du fait de la durée de nos relations contractuelles" ü "La récurrence et les formations apportées aux formateurs" ü "La sécurité et les repères qu'apporte la démarche qualité" ü "Nous sommes déjà un gros pour ce territoire ; nous permettons à d'excellents candidats de vivre et travailler au pays". Le recours aux ressources internes Importance du caractère affiliatif ou plus simplement éléments affinitifs dans des entreprises à la culture de PME, les permanents de l'encadrement opérationnel proviennent majoritairement de la promotion interne : ü "Les chefs de projet sont tous d'anciens formateurs" ü "Nous relevons de la promotion interne à 80%" Si le cœur de métier n'est plus toujours comme étant la formation, il faut toutefois constater qu'elle constitue une voie royale et une pratique omniprésente : lors de l'enquête, deux rencontres ont du être reportées pour permettre au dirigeant d'assurer au pied levée, la réalisation d'une séquence pédagogique pendant la période des fêtes. Le turn-over La question du turn-over fournit un contraste saisissant (de 10 à 50 %) selon les organismes de formation. La place de l'acte formatif dans la stratégie n'apparaît pas une variable explicative pertinente. La localisation : province ou Ile de France, la nature des savoirs, l'âge des formateurs fournissent des déterminants. Le turn-over est beaucoup plus faible pour l'encadrement que pour les formateurs, ce qui n'est pas propre au secteur. Synthèse sectorielle FFP 30 Des compétences entretenues et renouvelées Les organismes de formation entretiennent leur capital de compétences. C'est une démarche méthodique pour la plupart d'entre elles qui peut aboutir à une base de données. Outre la formation interne pour laquelle les dépenses largement supérieures à l'obligation légale (4 à 8% de la masse salariale) sont financées par les ressources propres, ils utilisent une large palette de moyens : Ä Une formation intégration particulièrement importante pour des entreprises riches en valeurs et en process et qui ne recrutent pas des formateurs : ü "3 mois de formation dans les 12 premiers mois" ü "Un stage de formation de formateurs est obligatoire d'où que vienne le formateur et quelle que soit son expérience" ü "Un Institut interne qui produit les supports" Ä La certification joue également un rôle : ü "Nos intervenants sont très vite structurés par ISO" Ä Une gamme de formations continues internes et parfois externes ü "Les formations internes mobilisent l'encadrement et des experts" ou "elles vont du noyau dur vers la périphérie" ü "Un séminaire par an thématique" ü "Aucune demande de formation n'est refusée à priori ; c'est à travers des demandes de formation externe que des individus se révèlent" Ä De l'autoformation assistée ou non ü "Le centre de ressources est ouvert, avec en permanence un formateur pour accompagner les consultants dans leur autoformation" ü "Une banque de données disponibles par le net sur le client, sa situation et son secteur d'activités" Ä Le choix des missions. La mise en situation est considérée comme qualifiante et intégrée en tant que telle au plan de formation. ü "En fonction d'un plan de formation individualisé, l'encadrement attribue à chacun des missions susceptibles de faire progresser le formateur" Ä Le parrainage et l'amalgame ü "Chaque formateur est sous la responsabilité pédagogique d'un responsable pédagogique" Ä Des échanges de pratiques avec ou sans appui externe, formalisés ou non ü "Le courrier électronique et les échanges entre formateurs jouent désormais un rôle plus important que la hiérarchie" ü "Tous les mois, se réunit un groupe d'échanges de pratiques en présence de la direction" ü "Un consultant extérieur nous aide à construire nos échanges et à en formaliser le résultat" Synthèse sectorielle FFP 31 Dans les cas les plus avancés de knowledge management, la formation entre dans un projet global d'entreprise qui intègre l'analyse de la compétence collective et de son évolution : ü "Développer des compétences individuelles et les intégrer dans un collectif" Les besoins de formation des organismes de formation dépassent les moyens de financement traditionnels "en temps normal" : ü "La formation de nos consultants n'est pas vraiment prise en compte par le client. Nous sommes toujours censés être au Top; il ne nous est pas reconnu cette forme d'investissement pour répondre à une demande" ü "Nos besoins de formation vont exploser avec la nécessaire remise à niveau de performance, le ré engineering intellectuel que va entraîner le elearning" Des compétences identifiées de moins en moins empiriquement La construction d'un système d'identification et de capitalisation des compétences est en cours dans plusieurs organismes de formation. Actuellement, les outils les plus sophistiqués en cours d'élaboration (référentiel de compétences informatisé, critères de réussite,…) cohabitent avec les méthodes traditionnelles (entretien ave le hiérarchique suivi d'action corrective) et les plus empiriques (notations issues de l'évaluation à chaud des formateurs par les stagiaires). Ä L'identification des compétences comme ressource disponible ü " Un référentiel métier principal" ü "Une typologie d'intervenants en fonction des compétences repérées" ü "Une base de données des compétences des formateurs qui permet d'exploiter la polyvalence. Elle nous dit : untel est capable de donner telle formation jusqu'à tel niveau de public" Les référentiels constitués en base de données informatisée, ont été bâtis à partir de la compilation des données papier préexistantes. On y retrouve donc les bases empiriques des évaluations traditionnelles, mais pas seulement : ü "L'élaboration des référentiels a été l'occasion d'une relecture du métier, de le décomposer en unités de compétences les plus petites possibles en vue de nouvelles constructions" ü "Faire avec les compétences comme nous sommes entrain de faire avec nos produits : dissocier en modules pour composer de nouveaux produits" La critérisation semble toutefois être restée en deçà d'une démarche initiée pour l'optimisation des ressources internes. ü "Nous devrions pouvoir avancer vite dans ce domaine car nous avons dans notre secteur la culture de l'évaluation" Synthèse sectorielle FFP 32 Ä Le système qualité permet également d'identifier des compétences : ü "ISO permet de désopacifier la boîte noire du face à face pédagogique ; à partir de là, on peut commencer à avoir un avis sur les compétences requises pour la mener à bien" ü "Les procédures qualité donnent de l'importance de l'écrit. Par l'écrit, on dispose non seulement d'une information sur ce qui s'est passé mais également d'une évaluation rapide de la capacité du formateur à remonter des informations pertinentes" Ä La méthode générale est l'évaluation de satisfaction des stagiaires en fin de formation : ü "La satisfaction du client entraîne la notation de 1à 5, de l'intervenant. Entre 3,5 et 4, le formateur est dans une zone de contrôle" (Par client, il faut comprendre ici, le stagiaire). ü "L'évaluation à chaud, c'est la tangibilité et l immédiateté du résultat" ü " Une véritable sélection naturelle : celui là est un pro, l'autre pas du tout" L'évaluation à chaud peut être complétée par : ü "Les propres outils du client souvent très instrumenté par le client + une évaluation par le chef de projet + une grille d'autoévaluation : le tout permet de positionner le formateur en fonction du public et du contenu" Ä Des critères d'évaluation peuvent remplacer la satisfaction à chaud et "la dictature des bouteilles d'eau" : ü "Nous appliquons aux formateurs, le critère qui est appliqué à l'organisme de formation par le commanditaire public : le taux de sortie vers l'emploi" L'entretien n'a pas permis de savoir si ce critère normalisé de "sortie" donnait lieu aussi à une normalisation du niveau d'entrée des stagiaires. Ä L'entretien annuel avec le hiérarchique et la préconisation d'une action corrective existent sous des formes différentes, dans toutes les structures : ü "Les entretiens et objectifs qualitatifs avec le N+1" ü "L'évaluation par N+1 complétée par une validation par le DRH central" ü "Le dialogue avec N+1 aboutit à un plan de formation individualisé" ü "Des actions correctives en fonction de la note de l'évaluation" Cet entretien annuel est particulièrement pris au sérieux dans les organismes de formation dont il sollicite l'encadrement de façon importante : ü "La conduite des entretiens annuels représente une charge de 5 mois homme; c'est un coût considérable pour notre structure" Ä Une approche inhabituelle mérite d'être signalée : un "Test de mise en situation" pour les permanents d'un organisme de formation ü "Celui qui émerge est celui qui a résolu un problème chez les autres et a témoigné ainsi de sa capacité à faciliter la vie de l'organisation" Synthèse sectorielle FFP 33 L'identification systématique des compétences semble liée à la présence d'une expertise centrale, soit une DRH, soit une Direction des Systèmes Informatisés …Leur absence semble bloquer l'évolution : ü "Il nous manque des outils que je préconise à mes clients" ü "Il nous manque la fonction DRH. C'est un peu la mentalité de PME où on avance tant que tout va bien" Les compétences sont plus reconnues que validées La validation des compétences souffre du défaut de critérisation. Les modes de reconnaissance des compétences des formateurs restent empiriques : Ä La notation par le client sanctionne un résultat économique potentiel ; Ä L'évaluation par le hiérarchique sanctionne la contribution à la bonne marche de l'entreprise ; Ä La cooptation interne pratiquée en complément des 2 outils précédents par 2 organismes de formation valide le critère affiliatif. Cette validation empirique peut prendre les dimensions de : ü "Une revue générale annuelle des consultants par le Comité de direction et les responsables d'unité afin de déterminer les potentiels et les ressources stratégiques". Pour les chefs de projets et autres membres de l'encadrement opérationnel, les pratiques de validation sont encore moins définies dès qu'elles cherchent à dépasser les résultats économiques de l'unité ou du dossier dont ils ont la charge : ü "Leur activité correspond à une grille complexe qui se heurte à l'absence d'analytique" Les salariés restent spectateurs le plus souvent de cette dynamique Les salariés sont globalement peu associés à la démarche d'identification et de validation de leurs compétences. Quand ils le sont, c'est ponctuellement et pas par rapport à la mise en système : ü "Pas plus qu'ailleurs" La mise en système reste l'affaire d'experts centraux : DRH ou organisateur informaticien. Dans un cas, elle est conduite par un conseil extérieur. L'organisme de formation dans lequel les salariés sont les coauteurs d'un système de gestion des compétences est une exception liée à l'utopie fondatrice de la société et à son chef d'entreprise. Ce dernier semble toutefois avoir atteint les limites de son modèle : ü "La coresponsabilité entraîne une irresponsabilité généralisée où chacun compte sur les autres pour les décisions et se réserve la possibilité de les critiquer" Synthèse sectorielle FFP 34 Les modes d'association du personnel à cette dynamique les plus répandus sont : Ä L'implication des chefs de projet à travers les groupes de travail avec les clients qui peuvent produire des définitions de compétences et des critères d'évaluation Ä Des grilles d'autoévaluation des performances. Les partenaires sociaux ou le Comité d'entreprise ne sont jamais mentionnés. Les difficultés vécues sont plus liées au changement général qu'à la démarche compétences Les organismes de formation identifient un certain nombre de résistances aux changements importants qui ont affecté leur structure en peu de temps. Chaque changement a engendré sa résistance dans laquelle la prise en compte des compétences a été noyée. La croissance de l'entreprise a entraîné des résistances qui ne sont pas spécifiques au secteur d'activité : ü "Une résistance au changement au fur et à mesure de l'accroissement de la complexité et de la montée en puissance de l'organisation" ü "Le passage d'une PME où tout le monde se connaissait et donnait son avis à une structure plus professionnelle marquée par le partage du travail et un patron moins accessible" Les effets de l'introduction du client dans les problématiques et du positionnement sur un marché sont déjà plus caractéristiques du secteur : ü "La résistance historique est dépassée les nouveaux apprécient ai contraire la mise en transparence; la traçabilité facilite l'intégration" ü "Prisonniers de notre culture pédagogique, nous avons besoin de ressources externes pour nous en sortir" Le passage de l'individuel au collectif a notamment entraîné : ü "Une résistance à la capitalisation des informations comme étape première de l'industrialisation" L'absence d'analytique, l'empirisme de l'évaluation ("l'effet radar") sont vécus comme des obstacles à surmonter mais qui posent le problème de ressources. Le financement des organismes de formation apparaît comme une source récurrente de blocages. Il gêne : ü "Le déploiement de la nécessaire ingénierie" ü "Le recours à des consultants externes pour ouvrir les fenêtres" ü "Le redéploiement géographique qui implique des ressources temps supplémentaires de l'encadrement et des experts centraux" La plupart de ses obstacles sont communs aux PME et ne peuvent caractériser le secteur d'activités. Synthèse sectorielle FFP 35 Les moyens mis en œuvre pour surmonter les difficultés de gestion des compétences Les difficultés de gestion de compétences n'étant pas identifiées en tant que telles, l'énoncé des moyens mis en œuvre pour y remédier est rapide : ü "Le dialogue" ü "L'outil forum" ü "Un conseil extérieur pour lequel on a été un peu maso puisque cela risque d'accélérer des départs" Les organismes de formation ont profondément changé leur organisation Les 5 dernières années ont vu les organismes de formation modifier leur organisation pour faire face à une prise en compte croissante du client et à une baisse tendancielle de la rentabilité. Nous sommes dans une période transitoire d'assimilation des chocs générés par ces modifications : Ä Le choc culturel du marché et du client ü "Nous sommes passés d'une culture du non profit à une culture de profit" ü "Nous sommes devenus un métier de service où il faut capter la confiance du client" ü "Se doter d'une force commerciale spécialisée" ü "Des menaces sur des marchés réservés et traditionnels" Ä Le choc de la certification ü "Le système qualité a introduit un re engineering permanent" ü "Il a permis de se différencier de l'univers associatif où une démarche qualité exigeante est rare" ü "Il a imposé une structuration des compétences, du développement, des rapports avec les clients" ü "Le système qualité a explosé les boîtes noires de la relation pédagogique" Ä Le choc du collectif. La mise en commun des informations, des connaissances et des compétences percute la perception d'un formateur artisan, "libéral de la relation pédagogique". Synthèse sectorielle FFP 36 Les organismes de formation vont modifier leur approche du management et des compétences Les modifications des orientations stratégiques et des organisations qui ont caractérisé les organismes de formations ces dernières années, constituent un mouvement de fond qui n’est pas achevé. La tendance pour les prochaines années est la poursuite et l’achèvement de ce mouvement et sa traduction en termes de management et de compétences. Les conséquences sur les compétences sont multiples : Ä La mise en place d’une gestion collective des compétences est à peine commencée : ü "Le management des connaissances est en évolution lente. Le passage de la phase test à la généralisation et l'adhésion de la base n'est pas encore gagné" ü "La gestion collective impose d'autres modes d'identification des compétences relationnelles des formateurs" ü "C'est un jeu de Lego dont il faut encore inventer les pièces et les plans" Ä Le déplacement du cœur de métier de l'acte formatif vers le conseil et l'approche globale des besoins implique le développement d'une gestion par projet : ü "Pour l’industrialisation et la standardisation des modules de formation, on sait maintenant à peu près comment faire. Il reste à s'assurer de la personnalisation des prestations qui transforme chaque cas, en exception et en projet ». (La personnalisation concerne le client entreprise et le client stagiaire) ü "Le formateur et son appareillage didactique laissent la place au consultant et à un autre appareillage. Il y a des points communs entre les 2 ; c'est certain. L'écoute par exemple ou la reformulation, mais il y a aussi des divergences. Il va falloir analyser ce qui est récupérable et transférable de l'un à l'autre" ü " Le suivi commercial d'un grand compte ou d'un grand prospect s'assimile à un projet. C'est pour cela que nous avons des chefs de projet qui travaillent à la fois sur l'organisation et le commercial" (La formalisation des rapports avec les clients se prolonge par le développement de compétences commerciales) Ä La e-formation percute la relation pédagogique. Elle nécessite des évolutions de compétences supérieures à la maîtrise d’une nouvelle technologie : ü "Elle va creuser le fossé entre jeunes et anciens" ü "La e-formation nécessite plus de rigueur à tous les niveaux : dans la gestion du temps, la formalisation des supports, le langage du formateur…" Synthèse sectorielle FFP 37 Ä La capacité de gestion et d'analyse des flux d'informations sera une compétence de plus en plus centrale au fur et à mesure que s’impose le management collectif des compétences dans l’organisme de formation et chez ses clients Ä L'internationalisation demande des compétences nouvelles, autres que linguistiques : ü « La croissance internationale souffre d'un déficit d'accompagnement" La gestion des conséquences organisationnelles de la croissance interpelle le management : Ä Les compétences du manager doivent évoluer : ü « Là où je faisais et contrôlais, je dois désormais animer et déléguer » Ä La gestion du client/projet ou du territoire/projet nécessite des décideurs opérationnels de proximité et la décentralisation : ü "La délocalisation de stratégies produit veut dire que nos collaborateurs devront être capables de proposer à Brest ce qui est bon pour Brest et pas ce qui a plu à Rennes" La décentralisation implique un transfert de compétences et d'autres modes de contrôle de gestion et de conformité avec pour contrepartie la constitution d'expertises centrales ou la gestion centrale d'un réseau d'expertises car : ü "Le centre ne peut plus totalement contrôler la circulation des savoirs": ü "Les outils de communication électronique permettent la transversalité des échanges ». Le tableau synoptique suivant présente l’évolution rapide des 3 dernières années aux 3 prochaines à travers quelques phrases et mots clé prononcés lors des entretiens : Hier Aujourd'hui Demain Associatif et militant Mal dégagé du service public Marchés captifs Maintien des valeurs Confrontation aux acheteurs L'argent n'est pas une préoccupation première mais l'appétit vient Maintenir les valeurs Concentration et international Face à face pédagogique Pas vraiment marchand Bon artisan, "pour l'art" Rencontre aléatoire avec le client Gestion des individualités chez les formateurs Collection de divas On venait me voir et je résolvais le problème PME diversifiée Marchand, Prise en compte du client Système qualité Rigueur et responsabilité de l'engagement Rationalisation, procédures professionnalisation, Ré ingénierie Remise en cause des modes de pilotages Conseil et intégration de ressources NTIC, produits de substitution Dérégulation du marché Concurrence internationale Co production avec le client Dissociation du standard et du projet Organisation collective des compétences Besoin de capitaux Plus d'animation Décentralisation, délégation Synthèse sectorielle FFP 38 3.3) L'innovation L'innovation telle que la définissent les organismes de formation La difficulté principale à définir l’innovation se résume dans les paradoxes suivants : Ä L’innovation naît d’une « situation qualifiante », au sens que donne Bertrand Schwartz à ce mot, face à un client ou chez un client. Or, plus de 95% des effectifs de la profession sont en position de front office autonome, c'est-à-dire sans le recours possible à un soutien hiérarchique : ü "L'innovation, c'est résoudre un problème inconnu chez un client" L’innovation serait donc un acte empirique quotidien que pratiquerait le formateur à chaque fois qu’il prendrait en compte la singularité d’un stagiaire. Mais, comme c’est un acte quotidien, ce n’est plus une innovation mais une composante du métier. Ä L’innovation serait donc subséquente à la relation pédagogique dont l’industrialisation et l’engagement qualité tendent à réduire la part d’improvisé et d’imprévu. Pour ne pas réduire sa part d’innovation, l’organisme de formation doit en déplacer le terrain et dévaloriser l’importance de la relation pédagogique dans l’ensemble de la prestation de formation : ü "La pédagogie n'est plus source d'innovation mais peut être le prétexte d'une innovation" Ces paradoxes recouvrent l’ambivalence actuelle de la définition des compétences stratégiques dans la profession : capacité à industrialiser et à standardiser pour baisser les prix de revient ou capacité à personnaliser et à enrichir la valeur ajoutée. Il en résulte une grande dispersion des réponses consacrées à l’innovation. L'innovation est générée par la demande : ü "Concentrer de la compétence et la réaction au marché fait le reste" L'innovation vient de l'offre : ü "C'est le travail autour d'une hypothèse de besoin du marché, réfléchir à une réponse, tester" ü "L'innovation, c'est toujours par rapport à soi et non par rapport au secteur" (logique d'offre égocentrée) L'innovation est une opportunité saisie : ü "Une démarche empirique validée par l'opportunisme" ü "On tire le fil de la pelote et on voit ce que l'on peut en faire" L’innovation est le fruit d’une initiative individuelle : ü « Elle ne constitue pas un axe politique » Synthèse sectorielle FFP 39 L’innovation peut être le fruit d’une approche institutionnelle : ü « Les grandes études et CEP tiennent lieu de recherche » ü « Le risque d’une Direction Recherche et développement » L'objet de l'innovation porte sur : ü « Intégrer de nouvelles technologies » ü « Industrialiser certains process et contenus avec modestie » ü "Dans notre métier, l'innovation tient plus sur la forme que sur le fond" Des exemples d'innovation Les exemples d'innovation choisis en interne ou chez les concurrents concernent tout l'éventail des activités d'une entreprise : de la finance à la technologie. Ä L’innovation peut résider dans le détournement d’un produit ou d’une méthode conçue pour un public au profit d’un autre public : ü "L'apprentissage pour les ingénieurs mis en place dès 1989" ü "Le coaching pour des techniciens" ü "Un contrat de qualification qui dépasse le problème traditionnel de l'alternance et de l'aller retour entre la théorie et la pratique au moyen d'un tutorat sous forme de coaching qui ne sollicite le centre de formation que pour la traçabilité, la validation et le menu des progressions" Ä L’innovation est une action transversale : ü "Le forum; lieu de recherche et d'autoformation assistée, lieu d'échanges inter unités et de dialogue avec la direction" Ä L’innovation est une technologie appliquée à un objet pédagogique : ü " Notre simulateur de conduite" ü « Les plate-formes de e-formation » ü Les expériences d’intelligence artificielle appliquée à la formation Ä Le dépassement de la relation client / fournisseur : ü "Notre partenariat avec 2 gros clients" Ä Une pédagogie adaptée au e-learning : ü « Formation en ligne complémentaire au présentiel » ü « Des modules d’autoformation » Ä Des montages financiers Ä Un montage pédagogico institutionnel : ü MBA de l'ESSEC Ä La prospection par marketing direct Synthèse sectorielle FFP 40 Ä Une solution logistique intégrée au problème de la gestion administrative des formations : ü « La capacité à bloquer tout un calendrier de formation directement chez le client à partir d'un portable » ü « La transformation d'une réponse à un besoin interne en une prestation pour les clients » La transformation d'une réponse à un besoin interne en une prestation pour les clients L'innovation est un processus « remontant » Les organismes de formation définissent plus facilement le process de l’innovation que son contenu. L’innovation dépend de conditions organisationnelles et managériales favorables : ü "L'espace de liberté est déterminant pour faire émerger des idées, surtout dans les métiers de service" ü « Ne jamais se moquer d’une idée même si elle apparaît farfelue » L’idée vient d’une confrontation : ü « La confrontation entre milieux : confrontation des systèmes de pensées et de connaissances différentes » ü « Les nouveaux services naissent avec de nouveaux collaborateurs » Le process est la déclinaison de l’idée au test : ü "Le process est dans la méthodologie pour passer de l'idée au produit" ü «Le travail de l'hypothèse: une lecture prospective, une interrogation permanente même apparemment farfelue" ü "La succession d’une idée, d’une hypothèse, d’une mise en débat, d’un projet avec des ressources spécifiques et des critères d’évaluation, d’un test, d’une évaluation analytique, d’un arbitrage financier par la direction et éventuellement d’une duplication » Si certains organismes de formation ont conceptualisé et décrit ce process, d’autres en récusent le principe : ü "Ce n'est pas un process, mais une idée" Le débat d’une innovation oscillant entre la logique d’offre et la logique de demande peut être dépassé par la participation du client : ü " Co-conception, coproduction et coévaluation avec le client" ü « Coproduction avec les clients via les chefs de projet » L'expérimentation est un risque qui peut être circonscrit : ü "C'est à notre filiale principalement qu'il est dévolu d'expérimenter" Synthèse sectorielle FFP 41 Le rôle du décideur dans l'innovation est fondamental Le rôle du dirigeant dans les organismes de formation dont la culture et les pratiques managériales restent le plus souvent celles de PME, est déterminant : Ä Il est le bout de la chaîne de l’innovation : ü «L’idée qui émerge à la base remonte vers le décideur » Ä Il crée le contexte favorable : ü "Laisser la place aux gens qui ont des idées" Si la nécessité de son arbitrage n’est pas contestée, son rôle d'impulsion est généralement jugé trop important : ü « L’innovation devrait partir du local puisque c’est là qu’est le client » Le dirigeant a aussi la charge de penser le financement de « temps pas nécessairement productifs » : Ä « Le risque d'une Direction de la Recherche et du Développement » Synthèse sectorielle FFP 42 4.) Propositions et mobilisation 4.1) Les problèmes auxquels vont se confronter les organismes de formation dans les prochains mois L’éventail des réponses à l’enquête n’est pas surprenant par rapport à l’ensemble des préoccupations de la profession, déjà mentionnées dans le Contrat Etudes Prospectives du milieu des années 90. Quelques rares éléments conjoncturels traversent les propos des entreprises tels que : ü « Absorber le PARE » Les problèmes évoqués se situent principalement dans la durée et la continuité de la profonde mutation entreprise à la fin des années 90 : Ä Certains éléments sont en phase finale ; ü « Plus de grande réorganisation mais la digestion des réformes en cours » ü « Evaluer la réorganisation et l'impact du commercial » Ä D’autres ont vu leurs échéances se rapprocher. Ce qui était « perspective » en 1997 est aujourd’hui « affaire des prochains mois ». ü « Entamer la réorganisation pour faire face à une croissance durable » Les préoccupations des prochains mois sont : Ä Défensives comme réponse à la baisse de rentabilité : ü « Faire face à la baisse de rentabilité des marchés publics » ü « Faire face à la baisse des prix de l'alternance » ü « Faire face à l'organisation de la fonction achat de formation dans les grandes entreprises » ü « Réaliser des gains de productivité sur l'administratif » Ä Offensives comme réponse au besoin de gestion collective des compétences : ü « Finir le référentiel métier » ü « Boucler le schéma directeur du système d'informations » ü « Etablir un intranet » Ä Offensives comme anticipation du traitement de marchés jusqu’alors « réservés » : ü « Prévoir et pas seulement réagir à la prochaine vague de recyclage massif de… » Les fusions et rapprochements en cours génèrent des inquiétudes quant à la nécessité d’accompagner le changement culturel. Synthèse sectorielle FFP 43 Les formations ouvertes sont omniprésentes dans les préoccupations des décideurs ; elles restent toutefois la seule mention qui contienne une caractéristique d’ordre pédagogique. La modernisation des organismes de formation passe également par l’ouverture de leur capital : ü « Trouver des investisseurs » ou « Trouver des financeurs pour un meilleur positionnement en cas d'opportunités de concentration Globalement une page est entrain de se tourner pour un secteur professionnel qui s’est constitué sur les bases actuelles, voici 30 ans : ü « Préparer le changement de génération » 4.2) Les propositions d'action On peut regrouper les propositions des dirigeants des organismes de formation en 4 catégories : Ä Les réponses à un environnement juridique et institutionnel prégnant et indifférent. Cela concerne principalement le Livre I du code du Travail : ü « Le contrat de travail est inadapté aux caractéristiques de l’exercice du métier » ü "Quels contrats faire pour ne pas être trop répréhensibles ?" ü « Des formes de travail atypiques ; atypiques par rapport à quoi? Quelle est cette dictature de l’esprit qui impose à tous un modèle unique de vie, de rapports sociaux…Un modèle qui n’est pas né dans l'univers de la formation professionnelle » ü « La déclaration préalable à l'embauche est inutile ; il faut trouver d'autres moyens de contrôle du travail au noir. Par suspicion généralisée, on crée des contraintes superficielles que l’on oublie sur place sans jamais en évaluer les effets » Cela concerne également le Livre 9 : ü « La lourdeur du Livre 9 » ou « Le nettoyage indispensable du Livre 9 » ü « Des textes obsolètes…qui ne répondent plus à une définition de la formation vieille de 30 ans et qui n’est plus celle d’aujourd’hui" ü « L’élargissement de la notion d'acte de formation » ou « La suppression de l’heure stagiaire » Synthèse sectorielle FFP 44 Les textes récents ignorent « les acteurs qui font la réalité de la formation », les professionnels qui auront à les appliquer : ü « Pourquoi ne pas nous associer à la négociation, voire à la rédaction des textes ?» Un texte récent fait l’unanimité des organismes délivrant des formations qualifiantes : ü "Revoir les textes relatifs à la Commission de certification des diplômes" Il en résulte l’intention d’un dirigeant de consacrer du temps à : ü « Un lobbying notamment auprès du MEDEF pour une meilleure prise en compte des intérêts des organismes de formation ». Ä Les réponses au besoin de financement de l’investissement intellectuel au moment où l’approfondissement des difficultés des publics les plus éloignés de l’emploi et l’émergence de concepts de conseil/formation intégrés, sollicitent les équipes : ü « Faciliter l’investissement et la recherche pédagogiques » ü « Le service Public de l'Emploi ne paie pas l'ingénierie une ligne budgétaire spécifique pour la recherche et l'innovation ü « Un crédit impôt recherche serait une bonne chose mais attention aux associations qui ne pourraient y avoir accès » ü « Un crédit d’impôt devrait porter plus sur la TP que sur l’IS » Avec l’irruption du e-learning, une révolution technologique et stratégique est en marche et les organismes de formation ne se sentent pas suffisamment armés pour y faire face : ü « L’ANVAR ou la DRIRE soutiennent la modernisation technologique des PME de l’industrie. Pourquoi les services ne bénéficieraient-ils pas d’un avantage similaire ? » Ä Le fonctionnement des marchés publics est jugé globalement insatisfaisant : ü «Il faudrait plus de transparence des marchés publics et plus de qualitatif dans les critères d'attribution » ü « Le code des marchés rend transparent les critères d’attribution mais rien n’a changé sur la mise en œuvre » ü « Pas de réel marché sur les territoires ; c’est le règne du copinage et du népotisme. Le code des marchés publics ne résout rien mais complique beaucoup » ü « Reconnaître les professionnels de la formation comme des prestataires qui s'inscrivent dans la durée et non comme des subventionnés qui doivent dire merci" ü « Les délais de paiement sont une plaie ; nous contribuons à financer les politiques publiques par notre trésorerie » Synthèse sectorielle FFP 45 Le fonctionnement du marché erratique et la concurrence déloyale persistante entraînent la proposition suivante : ü « Je propose un observatoire paritaire de la concurrence et des marchés publics en région » Ä Les attentes à l’égard des représentations professionnelles : ü « Un rôle plus actif des organisations professionnelles pour réguler le secteur, faciliter la concentration, faciliter les concentrations, mutualiser, …» La formation professionnelle est à la fois un secteur d’activités transversal puisqu’il intervient sur les compétences clé de la plupart des autres secteurs d’activité, et un multi service puisque la définition de la formation est en train d’éclater au profit d’une assiette intégrant des formes très différentes de prestations intellectuelles : ü « La Fédération de la Formation Professionnelle est un exemple de ces organisations professionnelles transversales qui devront structurer les acteurs économiques, si on veut qu’elles aient encore un rapport avec la réalité » ü « Les Fédérations de métier, ça ne voudra plus forcément dire grandchose » 4.3) Avantage Services La quasi totalité des professionnels rencontrés a témoigné d'un intérêt pour la démarche Avantage Services. Ils souhaitent y être associés avec les réserves d'usage sur leur disponibilité. L'intérêt est moindre pour les manifestations annoncées dont le contenu et la disponibilité qu'elles requièrent, restent des abstractions. Synthèse sectorielle FFP 46