VALEURS IMPAIRES DE LA FONCTION DE PARTITION p(n)
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VALEURS IMPAIRES DE LA FONCTION DE PARTITION p(n)
VALEURS IMPAIRES DE LA FONCTION DE PARTITION p(n) Jean-Louis NICOLAS∗ Institut Camille Jordan, Bât. Doyen Jean Braconnier, Université Claude Bernard (Lyon 1), 21 Avenue Claude Bernard, F-69622 Villeurbanne Cedex, France. [email protected] 10 février 2006 Let p(n) denote the number of partitions of n, and for i = 0 (resp. 1), Ai (x) denote the number of n ≤ x such that p(n) is even (resp. odd). In this paper, it Abstract. K is proved that for some constant K > 0, A1 (x) x(logloglogxx) holds for x large enough. This estimation slightly improves a preceding result of S. Ahlgren whoPgot the above Q n 24 n lower bound for K = 0. Let ∆(q) = q ∞ and ∆k (q) = ∞ n=1 (1 − q ) n=k τk (n)q ; the main tool is a result of J.-P. Serre about the distribution of odd values of τk (n). Eective lower bounds for A0 (x) and A1 (x) are also given. Keywords : partition function, parity problems, modular forms modulo 2. Mathematics Subject Classication 2000 : 11P83, 11F33 1 Introduction Soit p(n) le nombre de partitions de n, c'est-à-dire le nombre de façons d'écrire n = n1 + n2 + . . . + nr avec n1 ≥ n2 ≥ . . . ≥ nr ≥ 1. Dans l'article [23], MacMahon rapporte que, quelques mois avant son décès, S. Ramanujan lui avait écrit pour lui demander s'il pouvait déterminer la parité de p(n). En fait, la fameuse formule de G. H. Hardy et S. Ramanujan, précisée par H. Rademacher (cf. [18, 33]) s'écrit √ C n−1/24 ∞ k √ d sinh 1 X p p(n) = √ ak (n) k (1.1) dn π 2 k=1 n − 1/24 q où C = π 23 = 2.565 . . . et où les coecients ak (n) sont un peu plus compliqués. La série (1.1) est assez rapidement convergente : pour n ≥ 576, il faut au plus √ 2 n termes pour calculer sa somme avec une erreur inférieure à 1/2, ce qui 3 ∗ Recherche partiellement nancée par le CNRS, Institut Camille Jordan, UMR 5208. 1 sut pour obtenir la valeur exacte du nombre entier p(n) (cf. [33], ch. 14). Par la connaissance de la parité de p(n), S. Ramanujan espérait raccourcir encore ce calcul en remplaçant 1/2 par 1. Malheureusement, la parité de p(n) se révèle être un problème très dicile. Notons Ai (x) = Card {n ≤ x, p(n) ≡ i (mod 2)}, i = 0, 1. (1.2) Dans [32], en 1967, T. R. Parkin et D. Shanks calculent p(n)(mod2) pour n ≤ 2 · 106 , montrent que, pour 103 ≤ x ≤ 2 · 106 , |A1 (x) − A0 (x)| √ ≤ 2.882 x def ψ1 (x) == (1.3) et conjecturent que ψ1 (x) = O(xε ) pour tout ε > 0. Mais, les résultats théoriques restent très loin de cette conjecture. Pour répondre à S. Ramanujan, MacMahon (cf. [23]) donna un algorithme de calcul de la parité de p(n) et calcula que p(1000) est impair. En 1959, O. Kolberg (cf. [20]) démontra que Ai (x) tend vers l'inni avec x pour i = 0 et i = 1. log x En 1983, L. Mirsky (cf. [25]) prouva l'inégalité Ai (x) ≥ log 2 log 2 pour i = 0 et i = 1. Avec A. Sárközy, en 1995 (cf. [27]), nous avons montré Ai (x) (log x)0.58 pour i = 0 et i = 1. Grâce à I. Ruzsa, en 1998 (cf. [26]), nous avons obtenu les minorations √ √ −c log x A0 (x) x et A1 (x) x exp (1.4) log log x où c est une constante supérieure à log 2. Soit a et b deux entiers positifs. Pour i = 0 et i = 1, posons Ai (a, b; x) = Card {n ≤ x, n ≡ b (mod a), p(n) ≡ i (mod 2)}. (1.5) Dans [39], M. Subbarao a conjecturé que, pour tout entier a positif et pour tout b, A0 (a, b; x) et A1 (a, b; x) tendent vers l'inni. En utilisant les résultats de J.-P. Serre sur les propriétés arithmétiques des coecients de formes modulaires (cf. [36, 37, 31]), K. Ono dans [30] a presque démontré cette conjecture en prouvant que A0 (a, b; x) tend vers l'inni et que, ou bien A1 (a, b; x) = 0 pour tout x ou bien A1 (a, b; x) tend vers l'inni. Le comportement de A1 (a, b; x) a été précisé dans [9] lorsque le module a de la progression arithmétique est une puissance de 2. √ Dans [1], S. Ahlgren a montré que A0 (a, b; x) x et que, si A1 (a, b; x) √ n'était pas nul pour tout x, A1 (a, b; x) logxx , ce qui implique √ A1 (x) x · log x (1.6) En appendice de l'article [26], J.-P. Serre démontre lim x→∞ A0 (a, b; x) √ = +∞. x (1.7) Dans cet article nous améliorons légèrement la minoration (1.6) en prouvant : 2 Théorème 1 Soit A1 (x) déni par (1.2). Il existe une constante K strictement positive telle que √ A1 (x) x(log log x)K · log x (1.8) On peut prendre dans (1.8) la valeur = π(4 · 1012 ) − π(2 · 1012 ) − 1 = 142966208126 − 73301896139 − 1 = 69664311986 K où π(x) = P p≤x (1.9) 1 désigne la fonction de comptage des nombres premiers. Pour a et b quelconques, les minorations de Ai (a, b; x) obtenues à l'aide des formes modulaires ne sont pas, pour le moment, eectives alors que les minorations (1.4) le sont. Nous prouverons Théorème 2 On a les minorations eectives suivantes : √ (i) x≥7 =⇒ A1 (x) ≥ 4.57 x log x et (ii) x ≥ 10 A0 (x) ≥ 1.05 =⇒ √ x. Au prix de calculs un peu plus longs, on pourrait augmenter les√constantes 4.57 2 de (i) et 1.05 de (ii) et les rapprocher respectivement de π4 6 = 6.04 . . . et √ 2 6 3 = 1.63 . . . qui sont les limites de la méthode. La démonstration des théorèmes 1 et 2 reprend la démonstration de (1.7) dans le cas le plus simple a = 1 et b = 0. La forme modulaire qui intervient est une puissance de la fonction ∆ (dénie ci-dessous en (3.1)) et l'on utilise les résultats connus sur la distribution des coecients du développement de Fourier de ∆k modulo 2, rappelés dans le théorème 3 ci-dessous. Enn, on emploie l'argument combinatoire (cf. lemmes 1 et 2) qu'un produit de deux séries formelles lacunaires ne peut pas contenir trop de termes non nuls. L'exposant k = 5 donne des résultats eectifs sur le coecient de ∆5 modulo 2 (cf. 4) qui conduisent au théorème 2. Curieusement, la démonstration fait intervenir la décomposition en facteurs premiers de 2n − 1 et les nombres de Wieferich (cf. 7). Soit B un ensemble de nombres entiers naturels non nuls. On appelle p(B, n) le nombre de partitions de n dont les parts sont dans B . La parité de p(B, n) a été considérée dans quelques rares cas particuliers. La parité de p({1, 2, . . . , k}, n), le nombre de partitions de n en au plus k parts, est étudiée dans [15]. Par ailleurs, on peut construire des ensembles B tels que, pour n assez grand, p(B, n) soit toujours pair (ou ait une parité donnée) cf. [26, 28, 2, 29, 4, 3, 5, 21, 6, 22]. Enn, dans [7] et [8], on donne une minoration de Ai (B, x) = Card {n ≤ x, p(B, n) ≡ i (mod 2)} pour i = 0 et i = 1 pour certains ensembles B particuliers, par exemple, lorsque B contient tous les nombres impairs. Lors des Journées Arithmétiques de Limoges en 1996, J.-P. Serre m'avait demandé si l'on pouvait rendre eectif son résultat (1.7). Cet article est une réponse très partielle à sa question. J'ai plaisir à le remercier pour les discussions et les échanges de lettres que nous avons eus. Je remercie K. Ono pour diverses 3 informations, A. Schinzel qui m'a indiqué la proposition 5 ci-dessous, O. Ramaré qui n'hésite jamais à faire partager sa grande connaissance sur les nombres premiers dans une progression arithmétique et M. Deléglise pour les calculs sur la fonction π . Enn, je remercie l'arbitre anonyme pour sa lecture approfondie du manuscrit. 2 Séries formelles Soit K un corps et F (q) = cients dans K. On dénit P∞ n=0 Fn q n ∈ K[[q]] une série formelle à coe- P(F, x) = Card {n, 0 ≤ n ≤ x, Fn 6= 0}. (2.1) Lemme 1 Soit F, G, H trois séries formelles à coecients dans K, avec F = GH . On a pour tout x ≥ 0 : P(F, x) ≤ P(G, x)P(H, x). Démonstration : Ecrivons G(q) P = P∞ Gi q i et H(q) = j=0 Hj q j . La relation F = GH se traduit par Fn = i+j=n Gi Hj ; si le coecient Fn est diérent de 0, il existe donc i et j avec i + j = n et Gi Hj 6= 0. Par conséquent P(F, x) ≤ X i+j≤x Gi Hj 6=0 X 1≤ P∞ i≤x Gi 6=0 i=0 X 1 j≤x Hj 6=0 1 = P(G, x)P(H, x). On suppose maintenant que F (q) = i = 0, 1 : Pi (F, x) = Card {n, P∞ n=0 0 ≤ n ≤ x, Fn q n ∈ Z[[q]] ; on pose pour Fn ≡ i (mod 2)}. (2.2) Il résulte de cette dénition que P0 (F (q), x) = P1 et que, puisque F 2 (q) ≡ P∞ n=0 1 + F (q), x 1−q (2.3) Fn q 2n (mod 2), P1 (F, x) = P1 (F 2 , 2x). (2.4) Lemme 2 Soit F, G, H trois séries formelles à coecients dans Z et F = GH . On a pour tout x ≥ 0 : P1 (F, x) ≤ P1 (G, x)P1 (H, x). (2.5) Démonstration : Soit Φ le morphisme canonique de Z dans Z/2Z. On pose P∞ n F (q) = ∈ Z/2Z[[q]] ; si l'on dénit similairement G et H , la n=0 Φ(Fn )q relation F = GH implique F = G H . Par (2.1), (2.2) et le lemme 1, il vient : P1 (F, x) = P(F , x) ≤ P(G, x)P(H, x) = P1 (G, x)P1 (H, x) 4 ce qui établit (2.5). D'autre part, P1 (F, x) est le poids de Hamming (cf. [24], ch. 1, 3) du vecteur (Φ(F0 ), Φ(F1 ), . . . , Φ(Fbxc )), et il est facile de voir que, si pour i = 1 et i = 2, F (i) (q) ∈ Z/2Z[[q]], on a (2.6) P1 (F (1) + F (2) , x) ≥ P1 (F (1) , x) − P1 (F (2) , x). On dénit P∞ la congruence entre P∞ deux séries formelles à coecients entiers G(q) = n=0 Gn q n et H(q) = n=0 Hn q n par (mod 2)) ⇐⇒ (∀n ≥ 0, Gn ≡ Hn (mod 2)). (2.7) Q∞ On pose f (q) = n=1 (1 − q n ). L'identité d'Euler (cf. [19], Th. 353) s'écrit (G ≡ H f (q) = ∞ Y (1 − q n ) = 1 + n=1 ∞ X n(3n−1) n(3n+1) +q 2 . (−1)n q 2 (2.8) n=1 On pose u0 = 1 et, pour i ≥ 1, u2i−1 = i(3i − 1) 2 et u2i = i(3i + 1) . 2 (2.9) Les valeurs de uj sont les nombres pentagonaux : j= 0 1 2 3 4 uj = 0 1 2 5 7 et (2.8) entraîne f (q) ≡ ∞ X 5 12 q uj 6 15 7 22 8 9 26 35 10 40 (2.10) (mod 2). j=0 Lemme 3 Soit x un nombre réel positif et d un entier naturel. Avec les notations (2.2) et (2.8), on a r d r 8x 8x − 3 ≤ P1 f 2 , x ≤ +2 3 · 2d 3 · 2d (2.11) et si x ≥ 2d , 2x 3 r 1− 6 · 2d x ! ≤ P1 ! d f (q)2 2x ,x ≤ 1−q 3 r 1+ 6 · 2d x !2 . (2.12) Démonstration : Supposons d'abord d = 0. On dénit i ≥ 0 en fonction de x par 3i2 i(3i + 1) (i + 1)(3i + 4) 3(i + 2)2 ≤ u2i = ≤ x < u2i+2 = ≤ · 2 2 2 2 Compte tenu de (2.9) et de (2.10), on a r r 8x 8x − 3 ≤ 1 + 2i ≤ P1 (f, x) ≤ 1 + (2i + 1) ≤ + 2, 3 3 5 (2.13) ce qui prouve (2.11) lorsque d = 0. Supposons maintenant d > 0. On a d f 2 (q) ≡ ∞ X q2 d uj (mod 2) (2.14) j=0 et d P1 (f 2 , x) = Card {j, 0 ≤ j, 2d uj ≤ x} = P1 (f, x/2d ), ce qui complète la preuve de (2.11) pour tout d. Soit P v0 = 0 < v1 < v2 < . . . une suite strictement croissante d'entiers et ∞ F (q) = i=0 q vi . On a alors F (q) ≡ 1 + q + . . . + q v1 −1 + q v2 + q v2 +1 + . . . + q v3 −1 + q v4 + . . . 1−q (mod 2). On déduit ainsi de (2.14) que les coecients impairs dans le développement de d f 2 (q) 1−q i ≥ 0, P1 sont ceux de q n avec 2d u2i ≤ n ≤ 2d u2i+1 − 1 ; ceci implique que, pour ! d f 2 (q) d , 2 u2i+1 − 1 = 1−q = 2d (u1 − u0 + u3 − u2 + . . . + u2i+1 − u2i ) 2d (1 + 3 + . . . + (2i + 1)) = 2d (i + 1)2 . Par conséquent, en dénissant i en fonction de x ≥ 2d par x 3(i + 1)2 3(i − 1)2 ≤ u2i−1 ≤ d < u2i+1 ≤ , 2 2 2 on a r 2d !2 ! !2 r 2d 2x 2x f (q) − 1 ≤ 2d i2 ≤ P1 , x ≤ 2d (i + 1)2 ≤ 2d +2 3 · 2d 1−q 3 · 2d et (2.12) en découle. 3 La fonction ∆ On dénit ∆(q) = q ∞ Y (1 − q n )24 = n=1 ∞ X τ (n)q n . (3.1) n=1 On sait que ∆ e2iπz est une forme parabolique de poids 12, et τ est la fonction de Ramanujan (cf. [38] VII,4.5). Proposition 1 On a ∆(q) ≡ ∞ X q (2m+1) 2 (mod 2); (3.2) m=0 autrement dit, τ (n) est impair si et seulement si n est le carré d'un nombre impair. 6 Démonstration : L'identité de Jacobi (cf. [19], Th. 357) donne ∞ Y (1 − q n )3 = n=1 ∞ X m(m+1) 2 (−1)m (2m + 1)q ≡ ∞ X q m(m+1) 2 (mod 2). m=0 m=0 Par (3.1), il suit ∆(q) ≡ q ∞ X q m(m+1) 2 !8 ≡ m=0 ∞ X q 1+4m(m+1) (mod 2). m=0 Soit p un nombre premier. Désignons par vp (n) la valuation p-adique de n, c'est-à-dire le plus grand exposant a tel que pa divise n. On dénit X ω 0 (n) = 1. (3.3) p|n vp (n)=1 Ainsi, pour n = 415 = 32 · 5 · 7, on a ω 0 (n) = 2 et pour n = 36, ω 0 (n) = 0. Soit k un entier positif. On écrit k ∆ (q) = ∞ X (3.4) τk (n)q n ; n=k la congruence (3.2) entraîne ∆k (q) ≡ q k + kq k+8 + k(k − 1) k+16 k(k 2 − 3k + 8) k+24 q + q + ... 2 6 et l'on pose, pour x réel positif Bk (x) = P1 (∆k , x) = Card {n ≤ x, τk (n) ≡ 1 (mod 2)}. (mod 2) (3.5) (3.6) La relation B2k (x) = Bk (x/2) permet de limiter l'étude de Bk aux k impairs. Nous utiliserons le théorème suivant (cf. [37], 6.6, [36], 6.6 et [31], 2.7) : Théorème 3 Soit k un nombre impair positif diérent de 1. Il existe un entier gk ≥ 2, appelé degré de nilpotence de ∆k , tel que Bk (x) = P1 (∆k , x) k De plus, ω 0 (n) ≥ gk x (log log x)gk −2 . log x (3.7) τk (n) est pair (3.8) =⇒ ce qui s'écrit encore τk (n) est impair ω 0 (n) ≤ gk − 1. =⇒ (3.9) D'autre part, gk est minimal, autrement dit, il existe n ≥ k tel que ω 0 (n) = gk − 1 et τk (n) est impair . (3.10) Remarquons que, dans (3.4), τk (k) = 1 et (3.9) implique gk ≥ 1 + ω 0 (k). 7 (3.11) 4 Etude de B5 (x) Rappelons que τk (n) est déni par (3.4) et Bk (x) par (3.6). Lorsque k = 3 et k = 5, on sait décrire les n tels que τk (n) est impair : Proposition 2 Les nombres entiers n pour lesquels τ5 (n) (resp. τ3 (n)) est impair s'écrivent p4m+1 h2 où p est un nombre premier congru à 5 (resp. 3) modulo 8, m est un entier naturel et h un nombre impair non multiple de p. Démonstration : Ce résultat est proposé en exercice dans [37], 6.7 ou [36], 6.7. On déduit de (3.2) et (3.5) que n 6≡ 5 (mod 8) τ5 (n) ≡ 0 =⇒ (4.1) (mod 2). Par (3.2), on a ∆5 (q) = ∞ X n=5 ∞ X τ5 (n)q n = ∆4 (q)∆(q) ≡ a=1 a impair ∞ X 2 q 4a 2 q b (mod 2) b=1 b impair et τ5 (n) est congru modulo 2 au nombre de façons d'écrire n = 4a2 + b2 avec a et b impairs positifs. Soit r(n) le nombre de solutions dans Z2 de l'équation u2 + v 2 = n. Pour n ≡ 5 (mod 8), on a donc τ5 (n) ≡ 1 r(n) 8 (4.2) (mod 2). βJ αI β1 β2 1 α2 Soit n un nombre impair et n = pα 1 p2 . . . pI q1 q2 . . . qJ sa décomposition en facteurs premiers avec, pour 1 ≤ i ≤ I , pi ≡ 1 (mod 4) et, pour 1 ≤ j ≤ J , qj ≡ 3 (mod 4). On a (cf. [19], Th. 278) r(n) = 4 I Y J Y 1 + (−1)βj (αi + 1) j=1 i=1 2 . Pour que r(n) soit non nul, tous les βj doivent être pairs. Rangeons les nombres p1 , p2 , . . . , pI de façon que α1 , α2 , . . . , αI 0 soient impairs et αI 0 +1 , αI 0 +2 , . . . , αI soient pairs. On a alors I0 r(n) Y ≡ (αi + 1) 4 i=1 (mod 2) et la condition τ5 (n) impair et (4.2) impliquent I 0 = 1 et α1 ≡ 1 (mod 4), ce qui complète la preuve de la proposition pour B5 . Le cas de B3 est très voisin et utilise le nombre de représentations de n sous la forme n = 2a2 + b2 (cf. [16], Th. 64 et Ex. XXII, 1). Lemme 4 Soit ν un nombre réel, ν ≥ 3. On désigne par Sν (x) le nombre de couples (M, N ) de nombres entiers positifs telles que M ≥ 5 et M ν N 2 ≤ x. Alors, on a √ x Sν (x) ≤ 8 ν · 2 8 Démonstration : On a Sν (x) X = 5≤M ≤x1/ν ∞ X √ ≤ = x ν 2 r x Mν r X ≤ 5≤M ≤x1/ν x Mν ∞ √ dt 1 ≤ x ν/2 ν/2 M t 4 M =5 √ √ √ 1 x 1 x x ν −1 ≤ 3 ν −1 = 8 ν · 2 2 2 4 −1 4 2 −1 Z Introduisons les fonctions classiques en théorie des nombres premiers : X X log p, (4.3) 1 et θ(x; 8, 5) = π(x; 8, 5) = p≡5 p≤x (mod 8) p≡5 p≤x (mod 8) et nous utiliserons l'inégalité (cf. [34], Table 1) x ≥ 1010 =⇒ x 0.002811 x x≤ · θ(x; 8, 5) − ≤ 4 4 1000 (4.4) Lemme 5 On a pour tout x > 1 : π(x; 8, 5) ≤ 0.405 x · log x Démonstration : L'inégalité est vériée à l'ordinateur pour x ≤ 1010 ; le maxi- log x est obtenu pour x = 61 et π(61; 8, 5) = 6. On peut donc mum de π(x;8,5) x supposer que x > 1010 . Soit t1 vériant 1 ≤ t1 ≤ x. On a X log p ≥ log t1 π(x; 8, 5) − π(t1 ; 8, 5) θ(x; 8, 5) ≥ t1 <p≤x p≡ 5 (mod 8) qui, via la borne banale π(t1 ; 8, 5) ≤ donne π(x; 8, 5) ≤ t1 + 3 8 (4.5) θ(x; 8, 5) t1 + 3 + · log t1 8 En appliquant (4.4) et en choisissant t1 = x0.8 , on obtient x0.8 + 3 0.32x 0.251x + ≤ (1 + ρ1 (x)) 0.8 log x 8 log x x 1 3 avec ρ1 (x) = log 2.56 x0.2 + x . Comme ρ1 est une fonction décroissante de x pour x > 1010 , on majore ρ1 (x) par ρ1 (1010 ) ≤ 0.09, ce qui, puisque 0.32 × 1.09 ≤ 0.405, achève la preuve du lemme. π(x; 8, 5) ≤ 9 Proposition 3 Soit B5 (x) déni par (3.6). Pour x ≥ 1010 , on a 0.249 x x ≤ B5 (x) ≤ 0.87 log x log x (4.6) et , lorsque x → ∞, B5 (x) ∼ π2 x 32 log x π2 = 0.308 . . . . 32 (4.7) Démonstration : Le coecient dans (4.7) provient de la formule ∞ X h=1 h impair ∞ ∞ X X 1 1 1 = − = 2 2 h2 n j n=1 j=2 j pair ∞ X 1 2 n n=1 ! 1− 1 4 = π2 · 8 (4.8) De la proposition 2 et de (4.3), on déduit B5 (x) ≥ π(x; 8, 5) ≥ θ(x; 8, 5) log x et la minoration dans (4.6) s'ensuit par (4.4). Ecrivons ensuite (4.9) B5 (x) = B50 (x) + B500 (x) où, par la proposition 2, B50 (x) compte les éléments de la forme p4m+1 h2 avec m = 0 tandis que B500 (x) compte ceux avec m ≥ 1. Par le lemme 4, on obtient la majoration : ∞ √ X 4√ 1 B500 (x) ≤ 8 x = x. (4.10) 4m+1 2 15 m=1 √ Soit t2 satisfaisant 1 ≤ t2 ≤ x. On a B50 (x) X = √ h≤ x h impair X ≤ √ h≤ x X p ≤ x/h2 p≡ 5 (mod 8) p-h π 1 x b5 (x, t2 ) + B e5 (x, t2 ) ; 8, 5 =B h2 (4.11) h impair avec b5 (x, t2 ) = B X π h≤t2 x e5 (x, t2 ) = ; 8, 5 et B h2 h impair X √ t2 <h≤ x h impair π x ; 8, 5 . h2 (4.12) e5 par (4.5) : On majore B √ √ Z X x 3 x ∞ dt 3 x x 3 x e B5 (x, t2 ) ≤ + ≤ + = + · 8h2 8 8 t2 −1 t2 8 8(t2 − 1) 8 √ t2 <h≤ x (4.13) 10 b5 par le lemme 5 et par (4.8) : On majore B b5 (x, t2 ) ≤ 0.405 B x log(x/t22 ) X h≤t2 h impair 1 π2 x ≤ 0.405 · h2 8 log(x/t22 ) En choisissant t2 = x0.2 , on obtient 2 x x b5 (x, x0.2 ) ≤ 0.405 π B ≤ 0.84 · 8 0.6 log x log x (4.14) Finalement, il résulte de (4.9), (4.11), (4.13), (4.14) et (4.10) que b5 (x, x0.2 ) + B e5 (x, x0.2 ) + B 00 (x) ≤ B5 (x) ≤ B 5 x (0.84 + ρ2 (x)) log x log x x 3 4 √ . Comme ρ2 est une fonction décroissante avec ρ2 (x) = 8(xlog 0.2 −1) + 8 + 15 x 10 de x pour x > 10 , on majore ρ2 (x) par ρ2 (1010 ) ≤ 0.03, et la majoration dans (4.6) est ainsi démontrée. L'équivalence (4.7) est démontrée dans [37], 6.7 et [36], 6.7 en appliquant un P∞ théorème taubérien à la série de Dirichlet n=1 χ(n) ns où χ(n) = 0 ou 1 suivant que τ5 (n) est pair ou impair. La démonstration ci-dessus de (4.6) peut être adaptée pour obtenir (4.7). 3 2 Les nombres ph2 où p divise √ h s'écrivent p j ; donc, par le lemme 4, on a pour tout t3 tel que 1 ≤ t3 ≤ x, X B50 (x) ≥ h ≤ t3 π x √ b5 (x, t3 ) + O x . − S3 (x) = B ; 8, 5 h2 (4.15) h impair En choisissant t3 = x0.2 , on a par (4.9), (4.15), (4.10), (4.11), (4.12) et (4.13) X B5 (x) = h ≤ x0.2 h impair π x + O x0.8 . ; 8, 5 h2 (4.16) On applique le théorème des nombres premiers (cf. [17], th. 8.8) sous la forme x x π(x; 8, 5) = +O 4 log x log2 x qui entraîne, pour h ≤ x0.2 π x ; 8, 5 h2 = x 4h2 log x 1 − 2 log h log x = +O x log h + 1 +O x 2 2 4h log x h log2 x 11 x 2 h log2 x . Comme X h≤t h impair 1 π2 = +O h2 8 1 et que la série t gente, on obtient X π h≤x0.2 h impair ∞ X h=1 h impair log h + 1 est converh2 0.8 π2 x x x x ; 8, 5 = + O + O h2 32 log x log x log2 x qui, avec (4.16), conduit à π2 x B5 (x) = +O 32 log x x log2 x ce qui termine la preuve de (4.7). 5 (4.17) Minoration de A1 (x) La série génératrice de p(n) est, par (2.8), (cf. [19], 19.3) def P (q) == ∞ X p(n)q n = n=0 ∞ Y 1 1 = · m 1 − q f (q) m=1 (5.1) Soit d un entier naturel pair. On pose k= 2d − 1 ∈ N. 3 (5.2) On écrit alors par (5.1) ∞ X ! p(n)q n d d f (q)2 = P (q)f (q)2 = f (q)3k . (5.3) n=0 Par (1.2), (5.1) et (2.2), on a A1 (x) = P1 (P, x) et le lemme 2 appliqué à (5.3) donne pour tout x réel positif A1 (x) = P1 (P, x) ≥ P1 (f 3k , x) · P1 (f 2d , x) (5.4) Mais, par (2.4), (3.1) et (3.7), il vient P1 (f 3k , x) ∆k (q) , 8x) qk = P1 (∆k , 8x + k) = Bk (8x + k) = P1 (f 24k , 8x) = P1 ( (5.5) et (5.4) et (2.11) entraînent, pour tout d pair et tout x réel positif A1 (x) ≥ q Bk (8x + k) q 8x 3·2d 1 + 2x 3·2d 12 (5.6) où k est déni par (5.2). Fixons d et k tels que d > 2 et ω 0 (k) > 1 ; l'application du théorème 3 donne avec (3.8) √ √ 0 x x (log log x)gk −2 ≥ (log log x)ω (k)−1 , (5.7) A1 (x) d log x log x ce qui démontre le théorème 1 avec K = ω 0 (k) − 1 = ω 0 2d − 1 3 (5.8) − 1. La valeur de K donnée en (1.9) sera justiée au paragraphe 7. Démonstration du théorème 2 (i) La fonction t 7→ √ t log t est décroissante pour t < e2 = 7.389 . . . et crois- 1 (x) sante pour t > e2 . Comme A1 (7) = 7, pour 7 ≤ x < 8, on a √A ≥ x/ log x min √7/7log 7 , √8/7log 8 ≥ 5.14. On calcule A1 (n) pour n ≤ 50000 et l'on vérie √ n+1 que, pour 8 ≤ n ≤ 50000, A1 (n) ≥ 4.57 log(n+1) . Ensuite, la table 7 de [32] donne √ √ 2·10 4·10 A1 (49999) = 25016 > 4.57 log(2·10 6 ) et A1 (1999999) = 999497 > 4.57 log(4·1013 ) ; 6 13 √ donc, A1 (x) ≥ 4.57 logxx est vériée pour x ≤ 4 · 1013 . 13 13 qSupposons maintenant x > 4 · 10 ; lorsque d = 4, k = 5 et x > 4 · 10 , on a 3·2d 2x ≤ 8 · 10−7 , et, par (4.6), 8x B5 (8x + 5) ≥ B5 (8x) ≥ 0.249 log x 1 + ≥ log 8 log x x x 1.992 ≥ 1.867 · log 8 log x 1 + log(4·1013 ) log x En reportant ces majorations dans (5.6), on obtient √ ! √ √ x x 1.867 6 A1 (x) ≥ ≥ 4.573 1 + 8 · 10−7 log x log x ce qui achève la démonstration du théorème 2 (i). 6 Minoration de A0 (x) Par (2.3) et (5.1), on a A0 (x) = P1 1 1−q + P (q), x . Soit toujours d pair et k déni par (5.2). On déduit de (5.3) d d 1 f (q)2 + P (q) f (q)2 = + f (q)3k . 1−q 1−q 13 En appliquant le lemme 2 à l'inégalité ci-dessus, puis, successivement (2.6), (2.12), (5.5) et (2.11), il vient d (q)2 P1 f 1−q + f (q)3k , x A0 (x) ≥ P1 f (q)2d , x d f (q)2 3k P1 1−q , x − P1 f (q) , x ≥ P1 f (q)2d , x q 2x 6·2d 1 − − Bk (8x + k) 3 x ≥ · (6.1) q q 8x 3·2d 1 + 2x 3·2d Pour d xé et x tendant vers l'inni, il résulte de (6.1) et (3.7) que 2d/2 √ x. A0 (x) & √ 6 (6.2) Lorsque d = k = 0, on retrouve la démonstration du théorème 1 de [26] qui n'utilise pas (3.7) (car B0 (x) = 1). Lorsque d tend vers l'inni, on retrouve la démonstration de (1.7) (cf. [26], appendice) dans le cas a = 1 et b = 0. Démonstration du théorème 2 (ii) On calcule√A0 (n) pour n ≤ 50000 et l'on vérie que, pour 10 ≤ n ≤ 50000, A0 (n) √ ≥ 1.05 n + 1. Ensuite, la table 7 de [32] √ donne A0 (49999) = 24984√> 1.05 2 · 106 et A0 (1999999) = 1000503 > 1.05 9 · 1011 ; donc, A0 (x) ≥ 1.05 x 11 est vériée pour x ≤ 9 · 1011 .q Supposons maintenant q x > 9 · 10 ; lorsque d = 4, k = 5 et x > 9 · 1011 , on a (4.1) et (4.6), 6·2d x ≤ 1.04 · 10−5 , 3·2d 2x ≤ 5.2 · 10−6 , puis, par 8x 8x B5 (8x + 5) ≤ 1 + B5 (8x) ≤ 1 + 0.87 ≤ 1 + 0.87 log(8x) log (72 · 1011 ) 1 ≤ 1 + 0.2351 x ≤ x 0.2351 + ≤ 0.236 x. 9 · 1011 En reportant ces majorations dans (6.1), on obtient 2x −5 √ − 23 0.236 3 1 − 1.04 · 10 px A0 (x) ≥ ≥ 1.054 x −6 ) 6 (1 + 5.2 · 10 ce qui achève la démonstration du théorème 2 (ii). 7 Grandes valeurs de ω 0 2n −1 3 La fonction ω 0 a été dénie en (3.3). Pour factoriser 2n − 1, on le décompose en produit de facteurs cyclotomiques, et on peut ainsi calculer avec MAPLE, 14 par la méthode de factorisation d'A. Lenstra utilisant les courbes elliptiques, que 384 1680 2 −1 2 −1 0 0 ω = 19, ω = 63. 3 3 On peut aussi liren ces factorisationsdans les tables du projet Cunningham [10]. Notons que ω 0 2 3−1 − ω 0 (2n − 1) ≤ 1. Dans ces calculs, on observe que beaucoup de facteurs premiers p de 2n −1 satisfont vp (2n − 1) = 1, et l'on conjecture (7.1) lim sup ω 0 (2n − 1) = +∞. n→∞ Malheureusement, il semble très dicile de démontrer (7.1) à cause des nombres de Wieferich. Les nombres de Wieferich On dit qu'un nombre premier p est de Wieferich si (cf. [35], 5, III et [12], 1.3.3) 2p−1 ≡ 1 (mod p2 ). (7.2) On connait deux nombres de Wieferich, 1093 et 3511 ; il n'y en a pas d'autres jusqu'à 4 · 1012 (cf. [11]). Personne ne s'est hasardé à conjecturer que la proposition il existe une innité de nombres premiers de Wieferich (7.3) est vraie ou fausse. La conjecture, pourtant fort vraisemblable, il existe une innité de nombres premiers qui ne sont pas de Wieferich (7.4) n'a jamais été démontrée. Cependant, (7.4) résulte de la conjecture ABC (cf. n [12], Ex. 8.15). Le lien avec les grandes valeurs de ω 0 2 3−1 est mis en évidence dans les propositions 4, 5, 6 et 7. Lemme 6 Soit p un nombre premier impair ; soit ω1 (resp. ω2 ) l'ordre de 2 ∗ dans le groupe multiplicatif (Z/pZ)∗ (resp. Z/p2 Z ). Alors, ou bien ω2 = ω1 , et p est un nombre de Wieferich ou bien ω2 = ω1 p et p n'est pas un nombre de Wieferich. Démonstration : Par le petit théorème de Fermat, on a 2p−1 ≡ 1 (mod p) ; de même, 2ω2 ≡ 1 (mod p2 ) implique 2ω2 ≡ 1 (mod p) ; ainsi, p − 1 et ω2 sont des multiples de ω1 . On peut écrire 2ω1 = 1 + λp, où λ est un entier ; il s'ensuit que 2ω1 p = (1 + λp)p = 1 + λp2 + p X p i=2 i λ i pi ≡ 1 (mod p2 ) et, en conséquence, ω2 divise ω1 p. On a donc ou bien ω2 = ω1 ou bien ω2 = ω1 p. Dans le premier cas, comme ω2 = ω1 divise p − 1, on a 2p−1 ≡ 1 (mod p2 ). Dans le deuxième cas, ω2 est strictement plus grand que p − 1 et donc 2p−1 6≡ 1 (mod p2 ). 15 Proposition 4 Soit p un facteur premier de 2n − 1. (i) Si vp (2n − 1) = 1 c'est-à-dire si p2 ne divise pas 2n − 1, alors p n'est pas de Wieferich. (ii) Si vp (2n − 1) ≥ 2 c'est-à-dire si p2 divise 2n − 1, alors ou bien p divise n ou bien p est de Wieferich. Démonstration : Utilisons les notations du lemme 6. Comme 2n ≡ 1 (mod p) n est multiple de ω1 . Si p est de Wieferich, le lemme 6 arme que ω2 = ω1 et n est multiple de ω2 = ω1 . Ainsi 2n ≡ 1 (mod p2 ) et vp (2n − 1) ≥ 2, ce qui prouve (i). Si p n'est pas de Wieferich et si p ne divise pas n, on a par le lemme 6 ω2 = ω1 p, et ω2 qui est multiple de p ne peut pas diviser n ; par conséquent, 2n 6≡ 1 (mod p2 ) et vp (2n − 1) < 2, ce qui prouve (ii). Proposition 5 On a l'implication (7.1) =⇒ (7.4) autrement dit, si ω 0 (2n − 1) n'est pas majoré, il existe une innité de nombres premiers qui ne sont pas de Wieferich. Démonstration : Ecrivons la décomposition en facteurs premiers α j 1 α2 2n − 1 = pα 1 p2 . . . pj pj+1 pj+2 . . . pj+` (7.5) avec α1 ≥ α2 ≥ . . . ≥ αj ≥ 2. On a ω 0 (2n − 1) = ` et par (7.1), on peut choisir n pour que ` soit aussi grand que l'on veut. Par la proposition 4, pj+1 , pj+2 , . . . , pj+` ne sont pas de Wieferich. Proposition 6 On a l'implication non (7.1) (7.3) =⇒ autrement dit, s'il existe C tel que ω 0 (2n − 1) ≤ C pour tout n, alors il existe une innité de nombres de Wieferich. Démonstration : Soit n = 2r . On a r−1 2 r 2n − 1 = 22 − 1 = (2 − 1) (2 + 1) 22 + 1 22 + 1 . . . 22 +1 . i Les facteurs 22 + 1 ci-dessus sont les nombres de Fermat et sont premiers entre eux deux à deux ; en conséquence, 2n −1 a au moins r facteurs premiers. Ecrivons comme en (7.5) r α j 1 α2 2n − 1 = 2 2 − 1 = pα 1 p2 . . . pj pj+1 pj+2 . . . pj+` (7.6) avec α1 ≥ α2 ≥ . . . ≥ αj ≥ 2 et j + ` ≥ r. On a ω 0 (2n − 1) = ` ≤ C par hypothèse et, en conséquence, j ≥ r −` ≥ r −C . Mais, p1 , p2 , . . . , pj sont impairs et donc ne divisent pas n = 2r ; par la proposition 4 (ii) et (7.6), p1 , p2 , . . . , pj sont des nombres de Wieferich ; comme j ≥ r − C et que r peut être choisi arbitrairement grand, cela prouve la proposition. 16 Proposition 7 Soit W (x) le nombre de nombres premiers qui ne sont pas de Wieferich et qui sont inférieurs ou égaux à x. Alors, pour x > 3, il existe n pair tel que n 2 −1 0 ω ≥ W (2x) − W (x). 3 Démonstration : Si W (2x) = W (x), la proposition est évidente ; sinon, soit x < p1 < p2 < . . . < pr ≤ 2x avec r = W (2x) − W (x) ≥ 1 les nombres premiers compris entre x et 2x qui ne sont pas de Wieferich. On pose n = ppcm (p1 − 1, p2 − 1, . . . , pr − 1) . (7.7) On remarque que n est pair et que les facteurs premiers de n sont au plus égaux à pr2−1 < x ; en particulier, n n'est divisible par aucun des nombres p1 , p2 , . . . , pr . Par le petit théorème de Fermat, pour tout i, 1 ≤ i ≤ r, 2pi −1 ≡ 1 (mod pi ), donc, par (7.7), pi divise 2n − 1. Comme pi n'est pas de Wieferich et n n ne divise pas n, par la proposition 4 (ii), vpi 2 3−1 = 1. Ainsi, ω 0 2 3−1 ≥ r = W (2x) − W (x). Démonstration de (1.9) R. Crandall, K. Dilcher and C. Pomerance ont montré dans [11] qu'il n'y a pas de nombres de Wieferich entre 2 · 1012 et 4 · 1012 . On a donc W 4 · 1012 − W 2 · 1012 = π 4 · 1012 − π 2 · 1012 . (7.8) La valeur de K donnée en (1.9) résulte de(5.8), de la proposition 7, de (7.8) et des valeurs de π 4 · 1012 et de π 2 · 1012 aimablement communiquées par M. Deléglise d'après l'algorithme décrit dans [13, 14]. D'après [12], 1.3.3, McKintosh a calculé qu'il n'y a pas de nombres de Wie12 ferich entre 4 · 1012 et 16 donc augmenter K en conséquence et · 10 . On12peut 12 choisir K = π 16 · 10 −π 8 · 10 −1 = 544830816681−279010070811−1 = 265820745870. References [1] S. Ahlgren. 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