compte rendu Maroc - Département de Productions Animales

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compte rendu Maroc - Département de Productions Animales
VENDREDI 2 AVRIL
HARAS REGIONAL ET JUMENTERIE DE MEKNES
Responsable du Haras :
Dr STAIL
Chef de la division des haras :
Dr COHEN
Le haras royal de Mekhnès fait partie des
5 haras royaux du Maroc, et qui desservent 11 des
provinces du royaume. Il est connu pour être le
plus important des haras de l'Afrique du Nord,
voire de tout le bassin méditerranéen.
Il s'étend sur 77 hectares, compte 200
étalons et une trentaine de juments (10 juments
arabes, 12 barbes et 7 barbes-arabes). Quelques
ânes sont aussi présents.
La génétique de ses chevaux est connue pour être excellente et tout à fait originale. En
effet, l'objectif principal du haras de Mekhnès est d'améliorer la génétique de ses chevaux,
tout en conservant leur patrimoine génétique, c'est-à-dire de sélectionner les individus selon
leurs origines, leur beauté et leur conformation et non selon leurs performances sportives.
Leur volonté est de conserver la race barbe qui est une race rustique et locale (le "cheval du
Maghreb") dont seulement quelq ues milliers de représentants persistent actuellement. Pour
cela, le haras utilise la monte naturelle à raison de 1 étalon pour environ 50 juments, où
l'insémination artificielle à raison de 1 étalon pour environ 100 juments.
Ainsi le haras compte 30 stations de monte dont 11 sont fixes. Les étalons sont mis
gratuitement à la disposition des éleveurs du 15 février au 15 juin, c'est-à-dire pendant la
saison de monte (sauf pour les étalons très sollicités dont
on veut freiner l'utilisation).
Le haras a également pour mission l'encadrement
de la reproduction équine, l'identification des produits, la
délivrance des documents d'accompagnement et
l'encadrement des manifestations hippiques.
En bref, les 5 haras du Royaume du Maroc se sont
spécialisés naturellement et présentent différentes races
de prédilection :
MEKHNES :
- le pur sang arabe pour l'endurance et le show
- le barbe arabe pour l'endurance et la fantasia
- le barbe pour la fantasia
RABAT
- le pur sang anglais
- le barbe arabe
- le pur sang arabe
CASABLANCA
- essentiellement de l'anglo-arabe pour les courses et les sports hippiques
Les haras royaux marocains et les haras nationaux français présentent donc de
nombreuses similitudes.
N.B. Si vous voulez entrer au haras royal de Mekhnès, il convient d'avoir fait l'école royale
d'équitation.
SAMEDI 3 AVRIL
L'ASSOCIATION NATIONALE DES OVINS ET CAPRINS
(ANOC)
Nous avons été reçus par M..Abderraham BOUKALLOUCH, généticien et Directeur
de l'ANOC, au siège de l'association à Azrou avant de partir pour Timahdit où se déroulait
une campagne de sélection et de marquage des ovins de race Timahdit.
I) PRESENTATION DE L'ANOC
L'ANOC est une association de
professionnels créée en 1967, qui est
responsable des ovins et des caprins à
l'échelle nationale et dont la finalité est de
conserver et d'améliorer le patrimoine des
races existant pour améliorer la
production du pays. Cette association est
entièrement financée par les éleveurs et
gère plus d'1 million de têtes d'ovins au
niveau national. Elle s'intéresse plus
particulièrement aux zones défavorables
pour permettre à l'éleveur d'améliorer son
élevage et ses revenus. Elle assure
également le suivi des animaux de la
préparation à la lutte jusqu'au classement des animaux tant sur le plan morphologique
qu'alimentaire ou sanitaire.
Pour remplir cette mission le pays est divisé en 29 provinces parmi lesquelles l'ANOC
compte 44 groupements, 3614 adhérents et 490 000 brebis encadrées.
La région du Moyen Atlas compte 12 groupements dont celui de Timahdit. Ces 12
groupements incluent 850 éleveurs dont 530 éleveurs sélectionneurs ce qui correspond à 160
000 brebis dont 60 000 sélectionnées. Un élevage moyen compte 120 à 150 brebis (150 à 200
dans le Moyen Atlas) et chaque groupement comprend 1 technicien pour 60 à 70 élevages.
Les techniciens sont rémunérés par l'ANOC et assurent l'encadrement sanitaire, alimentaire,
les conseils pour la reproduction et pour les bâtiments.
Au sein de l'ANOC il existe 3 types d'élevage de sélection :
- élevages élites
- élevages multiplicateurs
- élevages pour la descendance
mais il existe également 3 niveaux d'organisation à l'ANOC :
- le groupement qui se réunit chaque mois pour réaliser un bilan technicoéconomique
- le niveau régional qui débat de tous les problèmes des groupements
-
le niveau national qui gère en conseil d'administration tous les problèmes non
résolus au niveau régional
II) ELEVAGE DU MOYEN ATLAS
1) Présentation du pays
Dans la bourgade de Timahdite, à 1800m d’altitude en plein cœur du Moyen-Atlas,
nous avons suivi un exposé proposé par M. Mohammed KHALIL, ingénieur agronome
zootechnicien à l'ANOC. Dans un 1er temps, il nous fait une présentation de la région du
Moyen-Atlas, dont il doit assurer le suivi et la gestion des élevages.
La région du Moyen-Atlas est une zone de mont agne où le climat alterne entre
sécheresse gelées, fortes pluies, neige, frêle. Ce climat difficile et assez sec rend la production
ovine régulière peu facile.
Au niveau de la région du Moyen Atlas,
l'ANOC s'organise en 12 groupements. Il y a
donc sur la région du Moyen Atlas, environ 800
éleveurs suivis par l'ANOC, ce qui représente
environ 146 000 brebis. En ce qui concerne, le
groupement de TIMAHDITE il a été créé en
1982. Il rassemble 76 éleveurs et un effectif
approximatif de 25 000 brebis. Chaque éleveur
possède en moyenne dans cette région 150 à 200
brebis.
2) Présentation de la race locale de brebis de Timahdite
La race Timahdite, présentée par M. KHALIL est une des principales races ovines
locales marocaines. C'est la race du Moyen-Atlas. Elle est réputée et appréciée pour sa bonne
conformation, sa félicité d'engraissement, son rendement en carcasse et sa rusticité. L'effectif
de la race est estimé à 15 000 brebis. La race Timahdite a un gabarit (taille et poids) moyen :
- pour les femelles 45 à 55 kg
- pour les mâles 60 à 80 kg
Elle possède une tête brune fauve uniforme. La laine et les pattes sont de couleur
blanche. Le profil est brusqué et le chanfrein est droit et assez épais. Les cornes, absentes chez
la femelle, sont régulières chez le mâle. La toison est relativement bien fournie, ce qui confère
à l'animal une bonne résistance à la pluie, la neige et le froid.
Les troupeaux sont conduits en élevage extensif sur les parcours qui couvrent au moins
70% de leurs besoins alimentaires.
La reproductio n est assurée par lutte naturelle. Les béliers sont introduits dans le
troupeau de brebis aux environs du 15 mai puis retirés des brebis 2 mois après leur
introduction. La prolificité de la race est de 1 à 1,1 car les éleveurs réalisent 1 agnelage
principal d'automne.
III) LA SELECTION DE LA RACE TIMAHDITE
C'est en 1975 que les premiers reproducteurs améliorateurs ont été inscrits. En 2002,
cette race était la plus encadrée de l'ANOC.
Les différentes étapes de la sélection des animaux sont les suivantes :
- Inventaire des animaux présents, permet de planifier les accouplements
- Déclarations de luttes
- Déclarations des croissances
- Identification des nouveau-nés
- Contrôle de performances. Ce contrôle est basé sur 3 pesées espacées de 21 j et qui
permettent d'estimer la valeur laitière des mères ainsi que le potentiel de croissance
des animaux
- Présélection
- Contrôle d'affiliation
- Présentation des animaux à la commission nationale de sélection et de marquage.
C'est à cette dernière étape que nous avons pu assister lors de notre visite.
Des représentants du ministère de l'agriculture et de l'ANOC se réunissent selon un
calendrier précis au niveau des groupements de producteurs.
Les exploitants présentent les antenais et antenaises présélectionnés et les techniciens
décident s'ils peuvent ou non être inscrits dans les livres généalogiques. Cette sélection est
principalement morphologique (forme des cornes, taches au niveau des pattes…). En 2003,
11287 femelles étaient acceptées sur 12045 présentées et sur les 1524 mâles seuls 20 ont été
exclus, 184 étaient classés I, 599 II, 720 III. En 2003 la conformation des animaux présentés
était globalement meilleure que les années précédentes ce qui semble dû à une meilleure
présélection des animaux à une meilleure conduite et gestion des troupeaux ainsi que des
conditions climatiques satisfaisantes.
Au niveau des perspectives pour le futur, l'ANOC va lancer l'indexation des béliers
ainsi que la création d'un schéma de sélection pour les caprins laitiers.
DIMANCHE 4 AVRIL
VISITE D'UN ELEVAGE CUNICOLE A SISI ADDI
Visite de l'ACAF :Association Cunicole Ajane Faoud.
Elevage multiplicateur de lapins avec 3 employés. Autres activités sur l'exploitation :
chèvres, moutons, bovins, pintades, poules + activité principale de tuilerie.
Au niveau cunicole : fonctionne avec cunid'oc (sélectionneur français) et INRA de
Toulouse.
INRA
CUNID'OC
ACAF
PRODUCTEUR
Objectifs :
création de la souche
(arrière arrière grands parents)
arrières grands parents
multiplication grands parents
Parents
en maternité :
en engraissement
nombre de lapereaux
poids des lapereaux
vitesse de croissance
Globalement, augmentation des
coûts de production.
Travaillant en auto-renouvellement
pour profiter de l'effet d'hétérosis (sevrage
plus précoce, animaux consommant moins
d'aliment).
3 types d'hybrides : femelle
standard (femelle néo- zélandais X mâle
californien) ; géants blancs (femelle néozélandais X mâle géant blanc) ; géants
colorés (femelle NZ X mâle géant coloré).
Femelle utilisée pour prolificité et mâle
pour qualités bouchères.
En maternité, une salle de 230 lapines fonctionnant en bandes de 40 j, avec un sevrage
à 35 j. Les reproducteurs proviennent de France et sont achetés à 1 jour. Ils sont adoptés par
les femelles présentes sur l'élevage.
Pour la reproduction, compter 8 à 10 femelles par mâle (femelle va dans cage mâle) et
pour 1 même reproducteur pas plus de 6 portées par lapine (sélection oblige).
En moyenne, 1 femelle est rentable au-delà de 7 lapereaux par portée, et sa carrière est
d'environ 2 ans et demi.
Après le sevrage, sélection de 3 lapereaux/portée maximum pour l'autorenouvellement, les autres sont engraissés pour l'abattage (à 2,8 kg). Les lapereaux sont
tatoués au sevrage, pour éviter les problèmes de consanguinité.
Dans l'élevage, les principales pathologies sont les diarrhées (alimentation verte trop
fréquemment) et les maux de pattes (intégration d'un repose-pattes plastique dans les cages).
L'alimentation est un problème car les qualités de la matière premières varient
beaucoup ce qui se répercute sur l'aliment (manque de protéines et vitamines). De plus,
comme il n'y a encore que 500 éleveurs cunicoles marocains à l'heure actuelle, les entreprises
d'alimentation n' investissent pas dans la fabrication d'aliment lapin. A terme, M. AJANE
souhaite pouvoir formuler et fabriquer lui- même son aliment, avec l'aide d'un docteur
français.
Un autre problème au Maroc est la chaleur. Pour lutter contre, la ventilation est
assurée par le toit. En été, l'éleveur pose des sacs plastique sur les fenêtres pour les obstruer,
et utilise un goutte-à-goutte permanent au niveau des pipettes. En hiver, les lampes à
infrarouge permettent de chauffer les lapereaux.
En conclusion : marché en plein développement car viande très appréciée au Maroc.
Le lapin est une viande chère (plus qu'en France!) mais qui possède des débouchés
importants. De même, l'amélioration technique des élevages existant semblent possible
instamment grâce à l'IA (amélioration des performances), encore peu utilisée au Maroc. Le
sélectionneur a là un rôle de conseiller pour l'éleveur, c'est là d'ailleurs là qu'il gagne le plus
d'argent.
LUNDI 5 AVRIL matin
ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE VIANDES ROUGES
(ANPVR)
Nous avons été reçus par M. CHAFAI,
ingénieur
zootechnicien
représentant
l'Association Nationale des Producteurs de
Viandes Rouges = ANPVR.
Cette association a été créée en Juin
1997 dans le cadre de la participation des
organisations professionnelles aux actions de
développement. Elle compte actuellement 39
membres dont 36 associations régionales avec
plus de 4000 éleveurs exploitant plus de 120000
têtes bovines, plus de 300 000 têtes ovines et
plus de 50 000 têtes caprines.
Le but de l'ANPVR est de représenter les producteurs de viande rouge et de défendre
leurs intérêts au travers d'une meilleure organisation de la filière. C'est ainsi qu'elle va former,
conseiller, encadrer et approvisionner (aliment, animaux, produits sanitaires, financement…)
producteurs et techniciens mais également développer locaux et internationaux.
M. CHAFAI nous a présenté M. NAJEM, éleveur ovins et le docteur RHALEM,
enseignant en parasitologie à l'IAV HASSAN II (Institut Agronomique Vétérinaire) mais
aussi éleveur de bovins et ovins. C'est d'ailleurs l'élevage de ce dernier que nous avons visité à
SIDI YAHIA. Il nous explique que l'élevage au Maroc est majoritairement basé sur l'élevage
extensif mixte et traditionnel (90%) à dominante ovins (16 millions) et caprins (5 millions).
L'élevage de bovins est beaucoup moins présent mais il a tendance à se développer grâce à
l'implication de l'Etat (depuis 1960). Cependant, de nombreux problèmes persistent encore
puisque les éleveurs ne reçoivent pas de subventions de l'Etat et de plus, les coûts de
productions sont très élevés
- Europe
- Maroc
=
=
2,5 €/kg de carcasse
6€/kg de carcasse
ceci à cause des prix de l'aliment (manque de matières premières) et des problèmes sanitaires
comme le polyparasitisme, des hypodermoses, hemoparasitoses… très important qui
engendrent des pertes économiques conséquentes.
M. RHALEM nous a ensuite fait visiter son élevage d'engraissement de taurillons.
L'engraissement des jeunes bovins se fait uniquement en hors sol dans cette région car les
terres sont très chères (24 000€/ha) et peu nombreuses. La taille des ateliers d'engraissement
est en moyenne de 20 têtes. Les bâtiments, assez frais et sombres, sont construits afin de lutter
contre la chaleur, ce qui n'est pas toujours le cas car ils sont souvent mal aérés et posent des
problèmes d'odeurs ammoniacales. De plus, les animaux sont attachés (entravés) pour éviter
les problèmes d'agressivité dus à l'hétérogénéité des origines.
L'alimentation est distribuée dans des auges. Les rations sont à base de foin, de paille
et de concentré.
Le concentré est acheté et il est composé de :
- orge
- tourteau de tournesol
- son de blé (le blé n'est pas utilisé par les animaux, c'est une denrée noble, gardée
pour l'alimentation humaine)
- pulpe de betterave (produite au Maroc et importée)
- fèverole (mais très coûteuse)
- Le maïs et le soja sont peu utilisés car chers à l'importation (ils sont réservés à
l'alimentation des volailles).
- L'eau devrait être apportée à volonté mais le prix des buvettes, la difficulté
d'approvisionnement et le climat entraînent un rationnement qui limite les performances.
Le cheptel marocain est essentiellement constitué de 3 races :
- Race locale (Welmes) qui représente la moitié du cheptel.
- La Frisonne ou Pie Noire avec du sang Holsteinisé qui compte 17% du cheptel.
- Un croisement de ces 2 races qui constitue le reste du cheptel.
On trouve également des bovins de
races Montbéliarde. Au Maroc, en bovins il n'y
a pas de programme de sélection (il n'en est
qu'à ses débuts). La Frisonne est importée
d'Hollande, d'Allemagne et de France (8000 à
10000 génisses pleines par an).
Suite au problème de vache folle, il a été
mis en place des barrières sanitaires depuis
2000, mais elles devraient être levées au mois
de septembre 2004.
Les animaux sont issus de la production laitière, sous-produit de l'élevage de bovins
lait. De ce fait, les vaches allaitantes n'ont pas leur place au Maroc ; elles ne sont pas
recherchées car ce sont des animaux à gabarit trop important, difficile à élever (manque de
nourriture) et à écouler (carcasse trop volumineuse).
En ce qui concerne l'engraissement des ovins, M. RHALEM produit 150 agneaux
essentiellement pour la fête traditionnelle Aïd el Kebir, ils sont engraissés pendant 8 mois.
Les achats des animaux sont des achats opportunistes qui se font dans les souks (ou les
élevages) et l'argent est gagné plus dans la spéculation que dans les performances.
L'éleveur peut acheter des animaux maigres ou semi- finis qu'il engraissera 3 mois (le
kilo de poids vif en maigre s'achète 27 DH). Les animaux maigres sont achetés à 200 kg vif et
les semi- finis à 300 kg vif pour avoir un poids vif à l'abattage de 500 à 700 kg avec un gain
moyen quotidien de 800 g/jour.
En ce qui est de la vente, les animaux sont vendus essentiellement dans les souks
directement aux consommateurs ou à des bouchers. L'abattage se fait soit à la tuerie dans les
souks, soit à l'abattoir ; des contrôles sanitaires sont effectués dans ces 2 lieux. Les petites
carcasses sont recherchées dans les souks où il n'y a pas de système de réfrigération.
Le pays est autosuffisant en bovins car la consommation est faible (9-10 kg viande
rouge/habitant/an dont 5 kg/habitant/an de bovins). Le consommateur n'a pas de demande
spécifique en ce qui concerne la qualité de la viande. La carcasse de bovin est entièrement
valorisée (grâce aux tajines) et de plus, les abats sont très appréciés mais très chers (foie =
8€/kg).
L'installation en tant qu'éleveur au Maroc n'est pas aisée, les terres sont très chères. Il
n'y a pas d'aides à la production et peu pour l'investissement en bâtiment (20 % d'aides). De
plus les taux d'intérêts sont très importants (11 %). L'identification des animaux n'est qu'à ses
débuts et ne représente pas de réels intérêts car d'autres problèmes plus importants restent à
régler.
"On peut faire de l'agriculture avec de l'argent mais pas de l'argent avec
l'agriculture".
M. CHAFAI
LUNDI 5 AVRIL après midi
HARAS ROYAL DE BOUZNIKA
Centre d'Insémination Artificielle
Situé dans un ancien caravansérail vieux de deux siècles, le Haras Royal de Bouznika
est le plus récent et le plus moderne (1994) des cinq haras royaux du Maroc.
Ce haras met 6 à 7 étalons à disposition des éleveurs pendant la saison de monte,
principalement de race pur-sang arabe et anglo-arabe. Un étalon a d'ailleurs été récemment
importé de France pour répondre à la demande des éleveurs de chevaux de course.
Nous avons été accueillis par le Dr OUSSIDHOUM, responsable du Haras Royal, et
par le Dr BENAMAR dirigeant du centre d'I.A. équine.
Parcours d'une jument venant se faire inséminée.
-
Suivi échographique journalier afin de détecter au mieux le stade follicule
préovulatoire 4,5 mm et observation du statut sanitaire.
Insémination :
artificielle en semence fraîche 80%
en saillie naturelle 20%
-
Le taux total de réussite est de 65 à
70%.
Il s'agit tout d'abord de promouvoir
la race et d'aider au maximum les
éleveurs ; c'est pourquoi la plupart
des étalons sont mis gratuitement à
disposition. Cependant, depuis 2
ans, les élites sont répertoriés en
catégories payantes (prix modique :
50 à 100 €) principalement pour
sensibiliser
les
éleveurs
au
raisonnement de la reproduction.
Les juments sont gardées sur place 15 jours en moyenne aux frais de l'éleveur ( ~ 3€/j).
Un diagnostic de gestation est établi 15 jours après l'insémination.
Récolte de semence.
-
Utilisation d'étalons uniquement reproducteurs (dont la carrière sportive est
achevée).
Importation d'étalons en provenance des Etats-Unis, de France, d'Italie…
2 sauts par jour et par étalon au maximum pour la collecte de semence.
6-7 juments inséminées par éjaculat.
Utilisation de sperme frais.
-
Les techniques de collecte de semence sont les mêmes qu'en Europe (vagin
artificiel…).
Remarque : Alimentation des reproducteurs à base d'orge humide mélangée à du son venant
suppléer des fourrages d'avoine et de luzerne. La litière est constituée de paille (lest digestif).
L'eau est fournie ad libitum.
Centre National d'Insémination Artificielle Equine de Bouznika (CNIAEB)
Le centre a été agréé au niveau européen en 2004 pour la congélation de semence et
donc l'export. On y prélève des étalons nationaux et privés. Ces derniers subissent des tests
sanitaires pour trois maladies principales à déclaration obligatoire :
-
anémie infectieuse (MLRC)
métrite contagieuse
arthrite
Le principe est celui de la marche en avant de la semence de la zone sale à la zone
propre.
Etapes :
-
Collecte du sperme avec utilisation d'un mannequin et d'une jument au statut
sanitaire connu pour entraîner l'étalon.
Congélation de la semence :
. filtration et observation au microscope (qualité des spermatozoïdes)
. bain-marie
. centrifugation
. refroidissement à 4°C (1h20)
. soudage des paillettes (0,5 mL)
. congélation dans l'azote liquide (- 140°C)
. passage en cuve (- 180°C)
Décongélation 30 s à 37°C pour analyse de la mobilité, si la mobilité < 35%, le
sperme est éliminé.
Insémination : la salle est isolée pour éviter le croisement entre étalon et jument.
Rappel : En semence congelée, l'ovulation de la jument est induite.
La visite s'est terminée par une présentation des étalons. Nous avons pu juger du
modèle et des allures des (superbes) étalons présents sur ce site.
Nous tenons à remercier les Dr BENAMAR et OUSSIDHOUM pour la chaleur de leur
accueil et nous sommes conscients du privilège qu'ils nous ont accordé en nous faisant visiter
le centre de congélation.
Merci également à Mme MAGISTRINI qui nous a fourni les coordonnées utiles à
l'organisation de cette visite.
MARDI 6 AVRIL matin
VISITE DE L'INAAM
(INdustrie d' Alimentation Animale Moderne)
Lors de la visite de l'INAAM à
Casablanca, nous avons rencontré M.
BELAIR le Directeur Général, un ancien
cadre français de chez EVIALIS.
Cette société fondée en 1954 est le 1er
fabricant d'aliment du bétail au Maroc, c'est
une société partenaire d'Evialis dont les
capitaux sont uniquement marocains. Le
marché marocain d'aliment du bétail est
relativement petit, il représente 1,5 millions de
T (2002) contre 22 millions pour la France. La
fabrication à la ferme représente 500 000 T, il
ne reste donc que 1 million de T pour le marché industriel.
Avec 250-260 millions de tonnes d'aliment par an, l'entreprise a atteint sa vitesse de
croisière et est comparable aux usines de production françaises. Le développement de la
production de l'INAAM a été très fort au cours des années 80.
La capacité de production marocaine est de 3,5 millions de T alors que les usines sont
exploitées en général à 30% de leur capacité.
Evolution de la production de l'INAAM en Million de
T/an
300
250
200
150
100
50
0
1990-1991
1996-1997
2000-2001
Années
2001-2002
2002-2003
L'INAAM est exploitée de 80 à 100% de sa capacité (3x8, 7 jours par semaine).
La production de l'INAAM est à 93% destinée à l'alimentation des volailles et
seulement 7% pour l'alimentation des ruminants.
Les ruminants, principalement les ovins, sont nourris avec de l'aliment fabriqué à la
ferme. Les aliments volailles se décomposent en 2 catégories :
- chair : poules, pintade, dinde, autruche et également lapin, un secteur en forte
expansion
- reproduction : poule pondeuse
Répartition des différentes production de
l'INAAM (2002)
Ponte
Ruminant
Chair
La distribution des aliments sur tout le Maroc à partir d'une seule usine se fait grâce à
35 distributeurs approvisionnant 1500 à 1600 clients, dont notamment de grands élevages de
poules pondeuses (200 000 poules).
L'entreprise fabrique également en petite quantité des aliments chien et réalise des
essais pour l'aliment poisson. Il n'y a pas de fabrication d'aliments chevaux en raison de
l'utilisation d'anticoccidien (ionophore) dans l'alimentation volaille (toxique pour les
chevaux).
La technologie, l'automatisme industriel sont européens et principalement français. Il y
a plus de 250 employés. La forme de livraison en sac représente 70% de la production et
nécessite beaucoup de main d'œuvre. Le vrac est livré par la société mais le transport des sacs
est sous-traité.
Matières premières :
Les matières 1ères principalement utilisées sont :
- maïs 65%
- orge local
- carroube (uniquement en ruminant) local
-
soja T : 44,48 %
Tournesol T : local
farine de poisson : local
Remarque : Le blé ne rentre pas dans la formulation des aliments car il est considéré comme
noble et réservé à l'alimentation humaine ; seuls les dérivés tels que le son sont utilisés. Il y a
beaucoup de premixeurs au Maroc : TECHNA, BASF, CCPA,…
85% des matières 1ères sont importées, notamment le maïs, le tourteau de soja, les
oligo éléments et vitamines.
- Maïs : importé
à 50 % des USA
à 20 % Amérique latine
à 30 % PECO Ukraine
- Soja : importé
à 50 % des USA
à 50 % Brésil Amérique latine
L'INAAM est tributaire des marchés
internationaux pour l'approvisionnement mais
possède une grande capacité de stockage, ce
qui lui permet de se couvrir à l'avance et de
moins subir les variations du marché.
On peut rappeler l'importance du coût
de l'aliment qui représente 70% du coût de
production de éleveurs.
• Contrôle qualité
Mise en place d'HACCP mais pas
encore de démarche qualité de type ISO 9000.
La traçabilité est limitée à cause du stockage de matières premières mélangées au niveau des
silos.
Contrôle :
- Matières premières : contrôle des teneurs en protéine, matières grasses, cellulose,
matière minérale, humidité notamment grâce à un infralyseur
- Aliments : en cours de process à différents niveaux
- Produits finis
Il y a au total 1800 analyses réalisées par mois. L'INAAM possède son propre
laboratoire pour les analyses courantes Humidité/NaCl/AG. Les analyses plus précises (profil
en AA et bactériologie) sont envoyées et réalisées par Laréal (Vannes).
• Usine à plat et équipements industriels
-
cellule de stockage des MP de 600 T et 800 T
silos nettoyés 4fois/an et désinfectés, si il y a un changement de MP le nettoyage
est systématique
système informatique qui empêche une matière 1ère à la place d'une autre dans un
silo
transfert de silo de stockage vers les cellules de mélange
pesage puis mélange
-
2 broyeurs (de 70 T/H)
5 presses à granuler 15 à 20 T/H
conditionneur à haute température
test au durabilimètre par le conducteur de presse
• Process IHT (INAAM Haute Température)
-
-
traitement thermique des farines : c'est un process industriel adapté permettant la
maîtrise du couple T°C/Tps de fabrication dans des règles strictes d'hygiène et de
contrôle bactériologique
sécurité : lutte contre les salmonelles dans l'alimentation des volailles.
Merci pour cette belle visite et ces fructueuses discussions.
MARDI 6 AVRIL après midi
VISITE CEVA SOPHAVET - BOUSKOURA
Nous avons été reçus par Monsieur RACHID ABARBACK, Directeur commercial et
marketing de la Société.
CEVA SOPHAVET est la filiale marocaine de SANOFI SANTE ANIMALE
FRANCE, aujourd'hui CEVA.
L'entreprise est proche de l'aéroport de Casablanca et des infrastructures autoroutières
en développement. Elle est donc bien située pour la livraison et la commercialisation de ses
produits. Avec un marché global de 380 millions de DH (estimation 2004) dont 80 millions de
DH sur le Maroc, l'entreprise possède une expertise internationale en commercialisant des
produits français/hongrois (CEVA santé animale) mais aussi en commercialisant d'autres
gammes de produits pour d'autres locataires (Janssen, Novartis).
Elle supervise l'activité des filiales
africaines de la CEVA (± 20 pays). La
compétitivité de l'entreprise est également
locale avec la commercialisation de ses
produits auprès de vétérinaires, grossistes,
Etat
(campagnes
prophylactiques,
sauvegarde des élevages en période de
sécheresse…) pharmaciens et de ses
sources proposés aux clients : formations,
conseils, au total 325 clients et
partenaires. L'entreprise couvre les
marchés de l'aviculture (reproducteurs,
poulettes, poulets), des grands animaux
(ovins, caprins, bovins) et les petits
marchés des animaux de compagnie.
L'aviculture et les ovins représentent 22% des parts de marché de l'entreprise au Maroc.
La Sophavet est le premier laboratoire au Maroc, le 1er employeur vétérinaire (62
employés dont 3 docteurs vétérinaires, 2 ingénieurs agronomes et 1 informaticien). Leurs
perspectives d'avenir tournent autour de 3 engagements :
-
-
qualité
services, depuis 2001 des formations sont dispensées aux vétérinaires praticiens
(clients de l'entreprise) • informatique
• gestion financière
• BPL pour s'aligner sur les normes européennes
formation :
• des techniciens en cuniculture et pour grands animaux
• conventions avec associations nationales dont l’ ANOC (recherche et
développement, exportation expertise pour que l’ANOC ait niveau équivalent à
AOC, production élevage).
La Sophavet diversifie ses produits en élargissant sa gamme (plus uniquement des
vaccins aux médicaments prophylactiques/inactifs ma is également des traitements visant à
améliorer la reproduction et notamment la fertilité ovine (implants de mélanine, éponges
vaginales). Elle distribue également, depuis peu, les vaccins inactivés pour les volailles pour
accroître ses parts de marché en poulettes et reproductrices.
La Sophavet mène aussi des actions pour la qualité de l'eau. Elle a édité un guide sur la
qualité de l'eau dans les élevages avicoles marocains.
On a également abordé quelques points sur l'élevage marocain :
-
-
-
La filière avicole est de plus semi- intégrée (alimentation fabriquée sur
l'exploitation). Il n'y a donc pas de nécessité de faire des aliments médicamenteux.
Cependant, c'est une perspective d'avenir.
Il y a des problèmes de résistance au parasitisme notamment à l'albindazole. Il n'y
a pas d'études réalisées à ce jour. Ces phénomènes sont dus au fait que les éleveurs
n'appliquent pas correctement les traitements (sous-dosage). Des études ont été
présentées sur les colibacilloses où 99 % des souches résistent à 15 antibiotiques.
Il n'y a pas de délai d'arrêt de la prise alimentaire avant abattage.
Problèmes dégagés :
• Pas de formation pour les éleveurs en aviculture. Il faut donc exiger la présence de
techniciens spécialisés dans l'élevage (formation initiale + formation continue annuelle).
• A l'heure actuelle, des stagiaires sont chargés d'observer le terrain (manière dont sont
administrés les médicaments) avec pour objectif d'éditer un livre blanc sur l'antibiothérapie
avec le concours de vétérinaires.
• Ouvertur e au marché international : actuellement un poulet de chair marocain coûte
plus cher que ceux présents sur le marché en raison de l'achat de la nourriture et des tarifs
douaniers élevés en vigueur. Il en résulte que les coûts alimentaires sont supérieurs (les tarifs
douaniers actuels représentent 7% du coût d'achat). Si l'Etat révise ses tarifs , ou les supprime,
les coûts seraient inférieurs et donc il pourrait y avoir une entrée sur le marché international
avec des prix concurrentiels. Cependant, les problèmes de qualité de la viande et du bien-être
animal demeurent.
• Problème de la qualité de l'eau.
MERCREDI 7 AVRIL
VISITE DE LA SOCIETE AGROPLUS
Visite d'une exploitation agricole qui appartient à la société AGROPLUS située à
Iquih Ben Salah (environ 210 Km au Sud Est de Casablanca).
Cette société a été créée en 1988 par un groupe d'investisseurs marocains et elle
emploie 12 employés permanents et jusqu'à 400 ouvriers occasionnels lors de périodes de
pointe de travail. Elle est divisée en 3 départements : l'élevage, les grandes cultures et la
maintenance, qui sont gérés de manière totalement indépendante.
La surface de cette exploitation agricole est de 1956 ha dont la quasi-totalité est en
location. Le cheptel est constitué de 1200 bovins dont 440 vaches laitières et 150 taurillons en
engraissement. On compte également un cheptel de 3000 têtes d'ovins qui sont élevés de
manière très extensive.
Le département grandes cultures.
Le responsable de ce département est M.
LAHMI LHAJ ingénieur agronome de l'Institut
Agronomique et Vétérinaire Hassan II
La SAU (Surface Agricole Utile) est de
1956 ha, dont 1861 ha sont loués aux
collectivités locales (4). Sur l'ensemble de
l'exploitation agricole, environ 1200 ha sont
irrigués par 23 pivots alimentés par 28 forages,
qui sont à 80% reliés entre eux. Ceci permet
d'obtenir des rendements intéressants à la
récolte mais malgré cela le débit en eau est
insuffisant.
La SAU est divisée en 300 ha de Betteraves, 800 ha de Blé et 400 ha de Maïs dont 100
ha sont exploités pour l'ensilage et 300 ha en Maïs grain. La rotation culturale est rapide, il y a
2 cultures par an et se fait de la manière suivante :
Blé puis Maïs puis Blé ou Betterave
Les semis de Blé ont lieu fin octobre et la moisson a lieu début mai, et les surfaces
moissonnées sont immédiatement réutilisées pour semer le maïs. Les variétés utilisées sont
des blés de printemps et la plupart sont produites pour la multiplication de semence. Les
surfaces non irriguées sont cultivées blé sur blé.
En ce qui concerne la fertilisation azotée, 150 unités d'azote sont apportées sur les
surfaces en Blé. Les déjections animales sont apportées sous forme de compost sur environ 80
ha des surfaces qui vont être semées en Maïs.
Pour les apports en Phosphore et en Potassium, des analyses de sol sont effectuées.
Les rendements à la récolte sont convenables puisqu'ils sont en moyenne de 55 quintaux/ha en
blé, 100 tonnes/ha en betteraves et 100 quintaux/ha en maïs.
Grâce à un climat très ensoleillé, la teneur en sucre des betteraves est très bonne
puisqu'elle est comprise entre 18 et 20%.
Les céréales sont stockées sur l'exploitation dans 4 cellules de 50 000 tonnes, ce qui
permet également de stocker les céréales d'autres exploitations et d'exercer une activité de
négoce. La marge brute en blé est d'environ 8 000DH/ha (soit 800€/ha) et en betterave
d'environ 10 000DH/ha (soit 1000€/ha).
Le Département Productions Animales.
Le responsable du département est M.
MOHAMED AIT ER HAJ, ingénieur agronome en
productions animales. Ce département se divise en
plusieurs ateliers, gérés de manière indépendante,
avec des techniciens pour responsables.
L'atelier de vaches laitières de race
Prim'Holstein est géré par M. MOKTAT
MAHBOUBI et compte 246 vaches conduites en
stabulation libre et séparées en 4 lots en fonction
du stade physiologique et de la production laitière.
Cet élevage a débuté en 1996 grâce à l'importation de génisses importées du Canada et
après de la France. Depuis, ils utilisent la génétique canadienne (semex) en insémination
artificielle pour renouveler leu troupeau.
La production laitière moyenne du
troupeau est de 7500 à 8000 kg/vache, mais le
troupeau est très hétérogène car les productions
s'étalent de 4000 kg à 11000 kg. Afin de
connaître le niveau de production des vaches et
de les indexer, le technicien assure lui- même le
contrôle laitier;
L'I.A. est utilisée à 95 % et les
inséminations sont réalisées par le responsable
du cheptel. Les vaches ont droit à 3 I.A. mais
dans le cas où une I.A. supplémentaire est
nécessaire, la vache est mise pour la monte naturelle si ses performances sont excellentes,
sinon elle sera réformée.
Les principales causes de réforme sont les problèmes sanitaires (métrite, mammites,
boiteries,…) la faible production laitière et les problèmes de reproduction.
Pour l'insémination, un logiciel canadien est utilisé pour proposer des accouplements
raisonnés afin de pallier les défauts de chaque vache. Les génisses vêlent à 28-29 mois et le
taux de renouvellement est de 33%. L'ensemble des veaux sont conservés, les femelles pour le
renouvellement (ou sont reformées dans le cas d'anomalie) et les mâles sont conservés pour
l'engraissement.
Les vaches ne vont pas au pâturage, elles sont alimentées en vert et complémentées
avec des concentrés. Il existe deux types de concentrés :
- le concentré de production qui est acheté à la coopérative laitière
- le concentré complémentaire est
fabriqué à la ferme.
Il est constitué de Maïs, de Son de
blé, de Pulpe de betterave, de tourteau de
Tournesol et d'un complément minéral et
vitaminique. La constitution du concentré
fermier est fonction des matières premières
disponibles et de leur prix et donc la
formulation s'adapte aux disponibilités du
marché.
Ainsi
50%
de
la
ration
(fourrage+concentrés) est fournie grâce aux
produits de l'exploitation et sachant que chaque département est indépendant, les différents
ateliers achètent les céréales dont ils ont besoin au département grandes cultures.
Il est intéressant pour l'exploitation de fabrique r son concentré car il est bien moins
cher que le concentré acheté (1,75 DH vers 2,75 DH). En effet, les matières premières
utilisées dans le concentré acheté sont, pour la plupart, importées ce qui induit des taxes
douanières élevées.
Le calendrier alimentaire est divisé en 2 périodes :
- d'Octobre à Avril/Mai : Ensilage de Maïs + Luzerne et trèfle en vert + concentré
- de Mai à Septembre/Octobre : Luzerne en vert + foin de luzerne + concentré.
En moyenne, 180 vaches sont traites 2 fois/jour, pendant toute l'année afin d'assurer
une fourniture constante de lait à la coopérative. La salle de traite est construite en 2 X 10 en
épi. La durée de lactation des vaches est d'environ 285 jours et elles font en moyenne 3
lactations durant leur carrière (8 pour les meilleures).
La collecte de lait par la coopérative a lieu quotidiennement et est d'environ 7000 L, ce
qui fait une quantité de lait livré annuellement d'environ 1 260 000L. Les conditions
climatiques extrêmes nécessitent l'utilisation de brumisateurs, car la température atteint 45 °C
en été et elle peut entraîner une chute de la production laitière jusqu'à 15%. A cause de ces
températures extrêmes, le potentiel génétique des vaches laitières ne s'exprime pas totalement.
Le paiement du lait se fait à la qualité car l'exploitation assure la livraison dans leur
propre coopérative. En moyenne le lait leur est payé 3 à 3,5 DH (soit 0,30 à 0,35 € par litre)
pour un lait à 35 g de matières grasses et 125 g l'extrait sec total.
Le lait produit sur la ferme est compris entre 35 et 38 g de matières grasses et 124 et
128 g d'extrait sec total. Le taux protéique n'est pas mesuré car le lait est très peu utilisé pour
la production fromagère.
Le 2ème atelier de vaches laitières est constitué de 210 montbéliardes et est dirigé par
M. SAHRAOUI EL HOUCINE.
Ce troupeau est conduit de la même façon que l'atelier Prim'Holstein mais cette race
présente l'avantage d'assurer une meilleure résistance à la chaleur (rusticité), une meilleure
longévité (12 lactations pour les meilleures vaches) et une meilleure valorisation des produits
et à la réforme (achat génisse : 20000 DH et vente à la réforme : 10 000 DH).
La production laitière moyenne est identique mais ces dernières ont une production
laitière faible en 1ère lactation mais devance les Prim'Holstein à partir de la 5ème lactation.
Ainsi, grâce à ces deux ateliers, la quantité totale de lait livré est de 2 560 000 Litres. Il
faut noter que les deux troupeaux restent conduits en race pure car l'Etat subventionne ce type
de conduite.
Ensuite, il existe un atelier d'engraissement de taurillons. Les veaux mâles nés sur
l'exploitation ont engraissés à partir de 8 mois et sont vendus entre 15 et 17 mois. Environ 150
à 160 taurillons sont produits par an et la majeure partie est vendue aux enchères, au souk, à
des chevillards, à un prix minimum de 13 000 DH (soit 1300 €).
Une autre partie est vendue en tant que reproducteur dans les élevages environnants
après une sélection sur ascendance et sur la morphologie. Le prix moyen de vente est compris
entre 15000 et 16000 DH (soit 1500 et 1600 €).
La ration alimentaire de ces animaux est constituée de paille et d'un concentré fabriqué
à la forme dont la constitution moyenne est la suivante : Maïs (30-40 %), pulpe de betterave
(30%), Son du blé (16%), tourteau de tournesol (15%), caroube (10 %) et un complément
minéral et vitaminique.
Enfin, au sein du département de
productions animales, il existe un atelier
de 3000 ovins de race Sardi, dirigé par
M. HAMZOU MOHCINE; L'élevage
est conduit de manière extensive et 800
anthenais sont produits par an.
Les agnelages ont lieu toute
l'année mais ils s'arrangent pour
favoriser
un
approvisionnement
important d'agneaux pour l'Aïd (4 à 5
millions d'ovins sont sacrifiés dans le
pays pour cette fête).
Les brebis sont complémentées en concentrés durant la période de lutte, ce qui est rare
dans ce pays où le coût du concentré est très élevé.
Pour résumer, cette exploitation agricole, très bien organisée, est conduite selon le
"modèle américain" et est en total décalage avec l'agriculture du pays qui est organisée en
petites structures.
Mais cette unité, déjà de grande taille, souhaite encore se développer et agrandir son
cheptel bovin pour atteindre un total de 1000 vaches laitières. Ce cheptel serait toujours
constitué des 2 troupeaux de races différentes car elles sont complémentaires.
VENDREDI 8 AVRIL
Rencontre avec les responsables de L'A.N.E.B. (Association Nationale des Eleveurs de
Bovins).
Nous avons été reçus par monsieur AbdelIlah LOMRI, le Directeur Général.
L'A.N.E.B. est une association
professionnelle à but non lucratif créée en
juin 1990 sous l'égide du Ministère de
l'Agriculture. Son but est de défendre les
intérêts des éleveurs. Ses objectifs
consistent à intensifier l'élevage des bovins
laitiers au niveau national, en vue de
l'amélioration
des
productivités
et
rentabilités des exploitations laitières et
l'amélioration des revenus et niveau de vie
des éleveurs.
I)
Statu quo de l'élevage bovin au Maroc
Population totale du Maroc : 26 millions d'habitants
Agriculteurs : 1,5 millions
Dont éleveurs : 1,15 millions
L'élevage représente 80% de l'emploi en zone rurale
Le secteur agricole représente 20% du PIB
Chiffres 2003 :
? 1,25 milliards de litres de lait
? 150 000 T de viande bovine sur un total de 300 000 T de viande
produite avec les ovins-caprins
? Taille des exploitations : 5 vaches/éleveur
? 100% des besoins sont couverts en lait
? 27% des besoins sont couverts en viande
? 2,7 millions de têtes de bovins (dont la moitié en race pure et
croisée, l'autre moitié en race locale)
L'ANEB, c'est 38 000 adhérents et 300 000 vaches laitières.
II)
Progra mme d'action de l'A.N.E.B.
-
Organisation et application du programme national d'amélioration génétique des
bovins: IA, contrôle des performances, sélection des reproducteurs, gestion des
livres généalogiques des bovins, organisation du marché national de production et
de commercialisation des reproducteurs améliorés.
-
Encadrement technique des éleveurs : conduite alimentaire des troupeaux, question
de la reproduction des troupeaux, hygiène et prévention des maladies, gestion
technico-économique des exploitations bovines.
III)
-
Organisation des opérations d'approvisionnement des éleveurs en intrants d'élevage
(aliments du bétail, semences bovines, reproducteurs, matériels…).
-
Formation et recyclage des éleveurs et des techniciens : organisation de sessions de
formation, des journées d'informations et démonstrations de techniques de
conduites des troupeaux laitiers…
-
Développement des échanges et des relations techniques avec des organisations
nationales et internationales similaires (notamment avec l'Italie).
Organigramme
Ministère de l'Agriculture
A.N.E.B.
Assemblée Générale
Conseil d'Administration
Comité de gestion
Direction technique centrale
Coopératives et associations régionales adhérentes (= 27)
Coopérative de ramassage du lait
IV)
Eleveurs de bovins
Limites actuelles et perspectives de l'élevage laitier marocain.
Limites
-
-
Recensement difficile des vaches laitières dû aux petites tailles des exploitations et
à l'absence de déclarations lors de petites ventes.
Contrôle laitier peu développé.
De moins en moins de fils d'éleveurs s'installent, de plus l'absence de formation
adaptée, l'étude prévisionnelle d'installation (EPI) et de stage en exploitant
constitue un réel frein au développement malgré une nouve lle génération
d'éleveurs consciente des progrès à réaliser, qui s'oppose à une génération
d'éleveurs plus âgés et accoutumés à des techniques ancestrales.
Peu de SFP, coût élevé du concentré, problème de commercialisation du lait, le
colportage du lait est subi par les éleveurs, ce qui engendre d'importantes
variations du prix. (Parfois le lait ne rapporte pas d'argent, seul le veau constitue un
véritable gain).
-
-
Au Nord du Maroc, l'activité laitière constitue une activité complémentaire exercée
par des commerçants ou fonctionnaires (élevage = fonction de trésorerie). A
contrario, plus au Sud, l'élevage laitier spécialisé constitue une activité à part
entière.
Lors de la succession le partage des terres, des biens, provoquent un morcellement
des surfaces. Ceci rend difficile la création d'unité de production intensive.
Problèmes sanitaires
- La tuberculose touche 18% des élevages, en effet la faible indemnisation des
éleveurs ne permet pas de stopper la vente des bovins tuberculeux (vente dans les
souks…) et entretient la prévalence de la tuberculose dans le pays.
- Les aléas climatiques avec sécheresses fréquents induisent de grandes variations de
rendements culturaux.
V)
Atouts
-
VI)
Pas de normes conditionnant l'élevage (environnement, bien être, peu de sanitaire).
L'agriculture est exonérée d'impôts (pas de déclaration de revenu avant 2020).
10% des élevages intensifs (spécialisés en lait).
Début d'identification en 2003 ce qui permettra d'effectuer un développement du
contrôle laitier et de la sélection.
Les semences de taureau importées et testées sont gratuites, seule la pose est
payante.
Prix du lait fixe, la qualité (bactériologique, les taux…) n'entre pas dans le
paiement du lait, seule la quantité prime (germes (moyenne) : 106 /ml lait).
Partenariat avec l'Italie pour l'amélioration génétique du troupeau (importation
semence…), et en contrepartie l'Italie souhaite vendre des reproducteurs au Maroc.
La nouvelle génération des éleveurs est très demandeuse de conseils dans le but
d'améliorer les performances et leurs résultats économiques.
Perspectives
- Une loi sur l'élevage est à l'étude, ce qui permettra une meilleure orientation du
secteur agricole.
- Evolution vers une industrialisation tout en limitant le code rural qui poserait des
problèmes sociaux au niveau des zones urbaines.
- Des accords de libre échange ont été signés avec les E.U. et la Turquie, de même des
accords d'association ont été signés avec l'Europe…
- Des libertés s'installent, le droit d'expression s'amplifie, les mentalités évoluent et,
malgré les tensions internationales le Maroc va de l'avant.
Les marocains ont besoin de temps pour s'adapter et maîtriser des techniques de
productions optimales tout en tenant compte de leur culture.
Nous avons été heureux de rencontrer des acteurs dynamiques qui croient en l’avenir
des productions animales au Maroc, merci de votre accueil.

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