partie 6 - World Karate Federation
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partie 6 - World Karate Federation
WORLD TI AT E F E D E R AT N FEDERA AR TE K KA RA ON PARTIE 6 IO Le Magazine Budo international a publié un interview avec le Président de la WKF, Antonio Espinós, en Anglais, Français et Espagnol. Dû à la longueur et l’intérêt de cet article, nous avons considéré approprié de le publier divisé en plusieurs parties. Comment se fait-il que certains pays qui appartiennent en fait à d’autres, puissent participer aux championnats séparément ? Le Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande, îles Vierges britanniques), les Pays-Bas (avec Curaçao, Aruba, Saint-Martin), la Chine (avec Macao, Hong Kong, Taipei), la France (Guadeloupe, Guyane française, Martinique)… « La Grande-Bretagne, par exemple, a un accord spécial et peut être au Congrès WKF avec un vote, mais ensuite, elle a quatre équipes et paye son affiliation séparément. Cela arrive aussi dans d’autres sports et à la Fédération mondiale depuis des années, et ce n’est pas un mal. » C’est la même chose pour d’autres, comme la France, la Chine, etc. ? « Tous les cas ne sont pas les mêmes. Cela se passe pour la France avec les colonies d’Océanie, mais elles peuvent participer au championnat d’Océanie mais pas aux Mondiaux. C’est la même chose pour l’Asie avec Macao, qui est reconnu par les comités olympiques asiatiques. » Tous ces cas semblables ont la reconnaissance de leurs comités olympiques respectifs ? « Il y a beaucoup de cas. Hong Kong a le même statut que Macao. C’est la Chine. Mais son Comité olympique est reconnue par le Comité olympique international et Macao n’est pas reconnu par le COI, juste par l’asiatique, l’OCA. J’étais à la réunion du Comité olympique asiatique en movembre 2012 et Macao était là, en tant que membre à part entière, mais il n’a pas la reconnaissance du Comité olympique international. » 1 WORLD TI AT E F E D E R AT N FEDERA AR TE K KA RA ON PARTIE 6 IO Une embrouille, de toute manière, mais il semble évident qu’il y aurait une base pour que la Fédération mondiale de Karaté reconnaisse ces pays séparément. « Oui. Un autre cas est celui de Curaçao, dont, jusqu’à il y a un an et demi, le Comité olympique était reconnu par l’International, et plus maintenant. » Et, n’était-ce pas justement William Millerson, vice-président de la WKF, le président du Comité olympique de Curaçao ? « Oui, bien sûr, et il l’est toujours, et ayant un Comité olympique, mais qui n’est plus reconnu par l’International. Cependant Aruba, qui est encore plus petit que Curaçao, a un Comité olympique reconnu par le COI, et a un membre qui est un membre du COI, et a un secrétaire qui est également membre du COI. » !!??!! Cela dit, si les politiques sportives de la Fédération mondiale de Karaté ont leurs curieuses complications, ne parlons pas au niveau du Comité international olympique, où logiquement tout est beaucoup plus… étrange et même incompréhensible parfois. « En ce moment, il y a beaucoup de femmes qui, parce que ce sont des femmes… ont certains droits. Il y a des cas où, parce que ce sont des femmes, elles ont moins de droits que les hommes, arrivées à un certain niveau, mais quand vous passez ce niveau, vous avez plus de droits. Il y a une ligne divisoire très éthérée, et si vous la passez… Dans le Comité olympique international, être une femme aujourd’hui est un plus. Il y a des femmes qui, si elles n’avaient pas été femmes, ne seraient pas membres du COI. On cherche l’équilibre et c’est ce qui se passe. C’est une discrimination à l’égard de certains hommes qui ont plus de mérites et ne sont pas membres du COI. C’est la vie. » Je suis d’accord. Il y a des cas et des groupes où la recherche de la parité a fait monter des femmes plutôt que des hommes ou bien leur a permis d’atteindre des postes ou des rangs qui peut-être ne leur correspondent pas en termes de valeur, d’ancienneté… Pour atteindre certains rangs ou certains postes, il faut les années d’expérience qu’il faut, et si les femmes se sont incorporées au travail dans ce domaine beaucoup plus tard que les hommes, comment la parité sera-t-elle juste ? Il ne peut y avoir de femmes général, ni 10ème Dan, pour citer un exemple, si historiquement, et quelles que soient les raisons, justes ou non, elles n’ont pas développé leurs activités le nombre d’années suffisant. Mais… ne nous dispersons pas. Il y a un cas, celui de Gunnar Nordahl, de Norvège, dont on a critiqué qu’il soit membre du CE de la WKF alors qu’il vit hors de son pays, concrètement aux États-Unis. Nordahl a été nommé, en 2005, premier vice-président de la Fédération européenne de Karaté. « Nordahl vit aux États-Unis, mais il est en contact intime avec la Fédération norvégienne et le Karaté nordique. Si je devais ordonner les membres du CE en fonction de ce qu’ils représentent pour la WKF ou pour moi, Nordahl serait l’un des premiers. Il est très professionnel et il connaît le Karaté en profondeur. Il a été d’un grand soutien pendant longtemps. Il est vrai 2 WORLD TI AT E F E D E R AT N FEDERA AR TE K KA RA ON PARTIE 6 IO qu’il vit aux États-Unis depuis de nombreuses années, mais il est pleinement informé de tout. Il a une grande valeur. Il est ingénieur et a beaucoup d’expérience. C’est un grand atout. Il a aussi de très bonnes relations avec la Fédération du Canada et des États-Unis. J’aimerais avoir beaucoup de gens comme lui. Le Comité exécutif a toujours cherché un équilibre entre les présidents siégeant membres des fédérations nationales et ceux qui ne sont pas. Il s’agit d’un équilibre dynamique. En 4 ans, il y a beaucoup de changements et je veux des gens qui soient bien vus quand ils sont présidents et aussi quand ils ne sont pas. Il y a des gens qui sont présidents quand ils sont élus mais qui ensuite cessent de l’être… et quand ils cessent de l’être, ils ne sont plus toujours bien vus dans les fédérations. C’est quelque chose par rapport auquel je suis très prudent et j’essayer de maintenir un équilibre. » Y a t-il beaucoup de mouvements d’entrée et de sortie ? « Oui. Beaucoup. On ne dirait pas, parce qu’on vit au jour le jour, mais si tu voyais des photos ou des données d’il y a quatre ans, tu verrais les changements et ils sont généralement nombreux. » Que dirais-tu à ceux qui pensent que tu peux éliminer ceux qui ont atteint les quatre ans dans le CE et qui pourraient mettre en danger ton poste ? Parce que, pour se présenter à président de la WKF, il faut avoir un minimum de quatre ans en tant que membre du CE, n’est-ce pas ? « Oui, c’est comme ça. On ne peut se présenter au porte de président que si on a été présent au moins 4 ans au Comité exécutif au cours des trois derniers mandats, autrement dit des 12 dernières années. Et sans nous être mis d’accord, c’était déjà ce que faisait la Fédération asiatique, et tout le monde a accepté. Ça a toujours été comme ça. » Il ne s’agit pas d’une norme récente ? Il en fut toujours ainsi ? « Toujours. Et avant, quand je suis entré, ils demandaient même d’être 4ème dan. J’ai supprimé cette règle parce qu’elle n’avait pas de sens, bien que certains la défendait. Pour être éligible, il faut être familiarisé avec le sujet et en effet, il faut avoir été au moins quatre ans au CE. » On pourrait alors de penser qu’en effet, tu peux éliminer ceux qui pourraient se présenter pour occuper ton poste ? « Oui. Évidemment. Pouvoir, on pourrait. Ça a toujours été comme ça et ça n’a jamais été posé de cette façon. Quoi qu’il en soit, si on veut chercher la petite bête… Ceux qui critiquent ces choses n’ont pas bien lu les statuts, car il y a une chose pour laquelle je n’ai pas été critiqué, pas encore, et ils pourraient le faire. Pour voter au Congrès, il faut avoir eu une activité sportive à la WKF l’année antérieure et l’année en question. Il y a sûrement des gens qui pensent que ce n’est pas bien que les pays qui n’ont pas eu d’activité sportive n’aient pas le droit de voter, mais… cela empêche, par exemple, que n’arrive quelqu’un de l’extérieur avec 3 WORLD TI AT E F E D E R AT N FEDERA AR TE K KA RA ON PARTIE 6 IO 20 millions, prenne 40 pays d’Afrique, leur donnent de l’argent et que ceux-ci votent pour lui et qu’il gagne. Ça me paraît bien. L’idée a été changée en 2006 quand il y eut de grands changements dans les statuts. J’ai emprunté cela à la législation espagnole, quand j’étais président de la Fédération espagnole. Cela me semble logique. On évite ainsi des masses de gens qui n’ont rien à voir avec le fonctionnement de la Fédération. Les fédérations doivent être gérées par ceux qui sont à l’intérieur et y travaillent, pas par ceux qui pourraient venir en masse avec des raisons… inconfessables. Dans d’autres domaines, c’est déjà arrivé. Les normes s’instaurent quand les choses arrivent. » Cela me semble correct, car il y a des fédérations membres de la WKF de plus de 180 pays, mais seule une centaine environ participent aux compétitions. Je considère qu’il est logique que les autres n’aient pas le droit d’influencer. La WKF en demande-t-elle trop pour organiser son propre Championnat du Monde de manière très claire ? « On dit que nous avons demandé de grandes quantités d’argent pour organiser un Championnat du Monde WKF, et une caution… Tout dépend de la façon dont on considère les choses. Je pense que nous demandons très peu et que nous donnons beaucoup. Nous avons demandé 30.000 francs suisses en billets d’avion pour le comité organisateur, certains membres des commissions, certains du Comité exécutif (peu), et quelques nuitées, 240 pour le Juniors et 280 pour le Seniors. Le reste est payé par la WKF. Nous demandons une caution de 40.000 francs que nous augmenterons un peu probablement prochainement. Écoute Salvador, récemment au cours d’un gala sportif où étaient présents certains présidents d’Amérique du Sud – comme ils vont organiser là-bas les Jeux panaméricains de 2019 –, celui du Pérou m’interrogea à propos de la possibilité de faire là-bas le Mondial de Karaté Juniors. Quand je lui ai dit ce que nous demandions et ce que nous donnions, il a trouvé cela trop bon marché ! Et je lui ai expliqué qu’il y avait les droits d’image chez le Seniors, que nous produisions la télévision, le signal international, que nous avions distribués les espaces publicitaires… Cela lui sembla extrêmement bon marché ! J’ai eu l’impression que j’aurais dû lui en demander plus pour qu’il me considère ! Certains pensent que nous demandons pour être dans le luxe. Depuis que je suis là, l’hôtel officiel, le QG (Quartier général), par exemple, doit être un hôtel pour tout le monde. Nos normes disent que les hôtels ne doivent pas être des hôtels de luxe, ça doit être des 4 étoiles, pas des 5. Ça doit être de bons hôtels, avec de bonnes salles pour pouvoir faire le cours d’arbitrage, le Congrès, que les salles permettent l’enregistrement des délégations, les réunions… mais rien de plus. Ensuite, pour les Championnats d’Europe, c’est pareil, mais tout beaucoup plus modérée, aussi bien la caution demandée, qui descend à 6000, que le nombre de chambres qui est réduit à moins de la moitié. » Il est bon que l’on connaisse ces informations, parce que parfois on peut penser des choses qui ne sont pas. 4 WORLD TI AT E F E D E R AT N FEDERA AR TE K KA RA ON PARTIE 6 IO « Oui, mais je pense que certains critiquent non pas par manque d’informations mais en étant mal intentionné. Je ne sais pas pourquoi ils ne s’ajustent pas à l’information si elle existe. » Parce que tout le monde ne conserve de l’information que ce qui sert ses desseins. Chacun prend ce qu’il veut prendre. Si on connaît de quelqu’un quatre bonnes choses et deux mauvaises et qu’on souhaite le critiquer, on ne se souviendra que des deux mauvaises. « Je donne les données, l’information, que tout le monde pense ensuite que 30.000 francs suisses pour les billets d’avion, c’est scandaleux, c’est du vol… Ça m’est égal. Que chacun tire ses conclusions. Si 240 nuits dans le QG, c’est du vol… Ce sera du vol. Que chacun décide. Mais ce sont des informations. » Interview de Salvador Herraiz 5