Bac blanc Poésie : l`invention

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Bac blanc Poésie : l`invention
L’écriture d’invention.
Vous êtes chargé d’écrire la préface d'une anthologie poétique consacrée au thème de la maladie. Vous
justifierez l’intérêt du thème et du choix des poèmes en vous appuyant notamment sur les textes du
corpus.
Les réflexions préliminaires et la lecture de l’énoncé, les pistes et/ou les pièges de l’énoncé
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Qu’est-ce qu’une préface : un texte de quelques pages, composé et argumenté.
Qu’est-ce qu’un préfacier : pas forcément un auteur des textes contenus dans le livre (ici une
anthologie), mais quelqu’un qui les a lus, les a parfois choisis, et est capable d’en parler.
Une anthologie est un choix fait par une seule personne, dans une masse beaucoup plus grande, c’est
une sorte d’échantillonnage qui correspond à un but précis : on choisit ce qu’on aime, ce qui sera
intéressant pour un futur lecteur, et on organise un ordre dans ce choix. Le préfacier peut parler de
cet ordre et de ce choix.
Qu’est-ce que l’intérêt d’un thème : ce qui peut intéresser le futur lecteur, ce qui peut l’intriguer, lui
être utile, lui plaire, l’impressionner, etc. Les preuves de cet intérêt résident soit dans le contenu, le
sens, l’intention, la forme, la beauté, l’effet, l’originalité, etc. Ce qui laisse beaucoup de choix dans
les arguments possibles.
Le préfacier doit être conscient de ce qui est intéressant, et si jamais il trouve quelque chose moins
intéressant, il ne doit pas en parler. L’exercice est donc uniquement consacré à justifier, à dire du
bien, pas à critiquer négativement, ni à résumer les contenus des poèmes de l’anthologie.
Une anthologie poétique consacrée au thème de la maladie contient exclusivement des poèmes, pas
des textes scientifiques ou théoriques sur la maladie. L’exercice interdit d’inventer des titres ou des
contenus de ce genre.
Le thème de la maladie : le corpus parle de maladies de cœur, des poumons, ou de maladies
nombreuses (Chanson sans calcium). Il y a bien d’autres maladies, des maladies mortelles ou
bénignes, des maladies du corps ou de l’âme, ou de l’esprit, ou des sentiments. On peut imaginer que
l’auteur de l’anthologie a fait un choix varié, et non tourné vers une seule maladie ou un seul poète.
L’exercice autorise-t-il à évoquer des poèmes qui n’existent pas dans la réalité littéraire ? NON
Quelle est la longueur d’une écriture d’invention ? Puisque le barème est le même que le
commentaire ou la dissertation, et qu’il s’agit d’un travail argumentatif et illustratif, on attend
toujours une copie aussi longue, c’est-à-dire qu’une copie courte (trop courte) et pauvre sera
sanctionnée comme insuffisante. Donc, minimum deux (ou trois ?) pages pleines, voire quatre. Tout
dépend du sujet. On est en droit d’exiger du « style », à savoir un art d’écrire au service du type de
texte demandé, et travailler la forme prend du temps. Donc l’écriture d’invention n’a pas à être aussi
longue qu’une dissertation ou qu’un commentaire. Disons que quelques dizaines de lignes peuvent
convenir.
Ici, pour une « Préface à un recueil de poèmes », ce sera pareil.
Des idées pour argumenter que le thème de la maladie est intéressant
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D’abord, en regardant le sujet de dissertation, on peut penser à une idée simple : la maladie est
humaine, les lecteurs sont humains … Il se sentiront donc touchés, concernés, et pourront se
retrouver.
Ensuite, la vie humaine avec « ses accidents et ses incidents, ses victoires et ses désastres » comme
dit Octavio Paz, est un réservoir de sensations, d’images, et les auteurs peuvent avoir fait des
trouvailles originales, plus originales que sur la nature ou les petits oiseaux.
Ensuite, parler de la maladie est parfois provocateur, donc intéressant.
Ensuite, ce thème étant très proche de notre vie ordinaire, on peut trouver des auteurs qui l’ont
abordé de manière plus originale, plus forte : on a un argument qui renverse les idées reçues ou
triviales.
Le thème de la maladie peut provoquer une catharsis chez le lecteur, ou en tout cas toucher des zones
de la sensibilité comme le chagrin, la peur, la haine, la jalousie, etc.
La poésie est écriture, donc un effet est produit sur un lecteur : on peut évoquer cela, la beauté de
l’écriture sur un thème proche de la laideur ou de la répulsion. C’est un argument paradoxal, mais
aussi une sorte de question de cours. Rappelez-vous Baudelaire « Tu m’as donné ta boue et j’en ai
fait de l’or »
Une méthode de rédaction
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Pas besoin d’une introduction de type dissertation, mais une entrée en matière, dans laquelle on
s’adresse directement à un lecteur moyen en supposant que c’est un lecteur qui sait à quoi s’attendre,
le livre parlera de poésie et de maladie, et il s’agit de littérature. On le dit en quelques mots, pour
confirmer le titre : donc, on donne le titre (il faut en inventer un).
On peut dire pour quelle raison on a été choisi pour faire cette préface, mais attention à ne pas
donner l’impression qu’on a la grosse tête, et qu’on est quelqu’un de génial. Par exemple, on est
lecteur dans une maison d’édition, ou bien on a écrit des poèmes, mais pas forcément des poèmes
malades … Mais c’est facultatif.
On ne signe pas d’un nom farfelu, et de manière générale on évite tout risque de faire croire qu’on
s’amuse au lieu de travailler. Les correcteurs sanctionnent généralement les clowneries en leur
enlevant la moyenne.
On doit dire que le thème est varié, ce qui justifiera de présenter des poèmes un peu hétéroclites.
On fera des paragraphes pour séparer le préambule et les divers poèmes qu’on commente ou qu’on
prend comme exemples-arguments de sa thèse.
On se rappellera qu’on souligne les titres dans un devoir manuscrit (alors que dans un texteur on les
mettra en italiques).
On pourra passer plus rapidement sur certains poèmes, en évoquant simplement leur intérêt par
rapport à un autre.
Mais on ne dit pas la même chose sur le premier, le deuxième, et ainsi de suite : il doit y avoir
variété de commentaires, comme dans le corpus il y avait variété de registres ou de situations
évoquées.
On n’écrit pas un poème soi-même ! En revanche, on peut citer quelques vers d’un poème du corpus,
pour en faire sentir le suc, ou le sel, ou l’amertume, bref, on fait sentir qu’il a une vie, qu’il provoque
des sensations.
On doit laisser la fin ouverte, un peu comme certain(e)s d’entre vous (l’an dernier) avaient conclu
leur préface à un recueil de nouvelles en disant « Attention, l’aventure commence, ne tournez pas la
page, les microbes vous y guettent ». En effet, le lecteur n’a pas encore commencé la lecture, et on
ne doit pas conclure à sa place, c’est-à-dire qu’on ne doit pas émettre de jugement de valeur final :
on fait une proposition de lecture.
On essaie d’avoir un style cohérent du début à la fin, sans familiarité ni vulgarité, mais sans tomber
dans le pathos sous prétexte que les poèmes se rattachent au thème de la maladie : il ne s’agit pas
d’émouvoir tout de suite le lecteur, mais de lui laisser attendre des émotions.
On relit et on soigne l’orthographe, la grammaire. Ce conseil est valable pour tous les devoirs.