vingt-huit notes
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vingt-huit notes
vingt-huit notes sur les quatre mouvements de la septième sonate pour piano de Beethoven (Opus 10 numéro 3) Presto 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Dolce, piano, mais presto Ré do si la à l’unisson, pour commencer Mille sept cent quatre vingt dix-huit, l’année de la publication Facile, certainement pas Solide, la construction La première mesure : une anacrouse Sixtes, sixtes brisées, trilles, je résume, presto, deux accords parfaits pour finir Largo e mesto 8. Six-huit est-il indiqué au début du deuxième mouvement, ce qui veut dire que chaque mesure contient six croches, comme c’est le cas pour la première, ou l’équivalent, par exemple une croche, huit triples croches, une croche pointée et trois doubles croches, comme c’est le cas pour la seizième 9. Document, la partition originale des trois sonates de l’opus 10, publiée à Vienne, par Joseph Erder, sur le Graben, dédiées à la Comtesse Anna Margarete von Browne 10. Largo e mesto, voici l’indication de mouvement, ce qui veut dire lent et triste en italien, chacun sentira bien dans ce largo l’état de l’âme en proie à la mélancolie, écrivit Beethoven 11. Résolument triste, comme, coïncidence numérique, l’opus 10 no 3 de Chopin, une étude publiée trente-cinq ans plus tard, et parfois nommée Tristesse 12. Solfège : la dominante de la tonalité de ré mineur, c’est la majeur, et sa relative, c’est fa majeur 13. Mineur, ré mineur pour ce largo, une tonalité peu utilisée par Beethoven, mais tout de même, dans quelques-unes de ses partitions les plus sombres, la sonate la Tempête (dédiée à la comtesse von Browne), le trio les Esprits, la neuvième symphonie 14. Fatalement, le largo se termine par un ré grave, la sonate aussi, bien sûr, mais n’anticipons pas Menuetto — allegro 15. Fabriquée malgré tout dans les règles, cette sonate comporte un menuet comme troisième mouvement, une mesure à trois quatre, comme pour une valse 16. Silences et notes piquées sont absents de ce menuet 17. Mièvreries aussi, on peut faire confiance à l’auteur 18. Do majeur, c’est la tonalité du trio de ce menuet 19. Solaire, ou peut-être ensoleillée, la mélodie de ce mouvement, lit-on sur le livret accompagnant un disque 20. La saine danse allemande du trio, une appréciation lue dans le même livret 21. Répétition de la première partie du menuet après le trio : le trio est la deuxième partie du menuet dans le troisième mouvement de la forme sonate, dit la Théorie de la musique de Danhauser Rondo — allegro 22. Ré-exposition, car après exposition il y a ré-exposition, dans ce rondo, qui est lui-même en forme de sonate 23. Facéties ou en tout cas fantaisie, ce rondo est comparable à la marche d’un danseur de corde, bizarre comparaison, un funambule et un morceau pour piano, toujours sur ce livret 24. La même année que les sonates de l’opus 10, Beethoven a composé trois trios à cordes, opus 9 forcément, dédiés au comte von Browne, officier de l’armée du tzar 25. Si Beethoven avait déjà composé et publié de nombreuses œuvres, cette sonate comporte un des premiers largos qu’il ait écrit, et l’un des deux seuls premiers mouvements qui soit un presto, l’autre étant le presto alla tedesca de la vingt-cinquième sonate 26. Soliman, opéra de Süssmayr, comporte un trio « Tändeln und Scherzen » sur lequel Beethoven a écrit des variations, dédiées, elles aussi, à la Madame la Comtesse de Browne, née de Vietinghoff 27. Minutage du rondo final de cette sonate, jouée par Richter, quatre minutes et dix secondes, deux fois moins que le largo 28. Doté de quelques enharmonies, et d’une coda qui le fait se terminer par les notes de l’accord parfait, ré, la, fa dièse, descente ré, la, fa dièse, des doubles croches, ré, une noire, c’est fini. ? Dommage que 7 ne soit pas un nombre de Queneau. Dommage ? Une permutation spirale de sept objets, sept nombres, sept mots-rimes, sept notes, sept ce que vous voulez, dossiers, réveils, minutes, fables, soleils, lapins, sirènes, est d’ordre 4, comme les quatre mouvements de cette sonate pour piano, la septième de Beethoven. Michèle Audin avec mes remerciements à Juliette Sabbah pour les informations et surtout la musique 13 janvier 2011 Pour ceux qui aiment savoir comment c’est fait : les premières syllabes des « notes » sont les sept notes do ré mi fa sol la si, elles sont permutées selon la permutation spirale 7162534... qui est d’ordre 4 (et pas 7, donc 7 n’est pas un nombre de Queneau).