Conversion alimentaire: construire un moteur plus efficace

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Conversion alimentaire: construire un moteur plus efficace
Conversion alimentaire: construire un moteur plus efficace
venus à convaincre les éleveurs du monde entier que leur
alimentation et leurs systèmes de conduite sont au niveau
afin que tous aient la Ferrari des bovins laitiers - la Holstein
- dans leur étable. Cependant, comme le prix de carburant à
fort indice d‘octane continue de monter, ils vont finalement
s‘interroger sur les moyens de justifier la dépense: c‘est
donc le moment de commencer à travailler sur un moteur à
lande, mais ceci est certainement indicatif du mouvement général entamé vers
une sélection basée sur l'efficacité de la conversion alimentaire.
Jersey en pourcentage des Holstein
Pendant les 30 ou 40 dernières années, nous sommes par-
meilleur rendement pour notre Ferrari!
DOUG SAVAGE
Volume
de lait
HAN HOPMAN
E
n matière de performance et de rendement maximaux, la Holstein
n'est certainement pas égalée dans le monde des bovins laitiers.
Tant que vous pouvez apporter un soin de haute qualité et la conduite
nécessaire, la Holstein vous donnera les rendements les plus hauts. Au
cours des décennies, de plus en plus de producteurs laitiers du monde
ont eu la possibilité de fournir ce haut niveau nutritif indispensable, et la
popularité de la Holstein n'a cessé de grandir. Mais à regarder l'avenir, ne
devons-nous considérer que cela? Certainement pas si un argumentaire
scientifique croissant se vérifiait.
Plus efficace
Une communication scientifique publiée dans l'édition de Janvier du
Journal of Dairy Science se penchait sur toutes les exigences d'intrants
nécessaires à la production d'une quantité donnée de fromage en ayant
recours à deux systèmes de production différents, l'un utilisant des vaches
Holstein et l'autre des vaches Jersey. La recherche a été dirigée par le Dr
Jude Capper de l'Université de l'Etat de Washington avec pour coauteur
le Dr Roger Caddy de Elanco Animal Health et elle était basée sur les
informations liées aux performances de près de deux millions de vaches
dans plus de 13000 troupeaux disséminés dans 45 états des USA. Cette
recherche a conclu que 109 Jerseys seraient nécessaires à la production
de la même quantité de fromage que 100 Holsteins, bien qu'elles ne
représentaient que 74% de la masse corporelle totale des Holsteins,
qu'elles ne produiraient que 81% du volume de lait (alors que la densité
de ce lait est beaucoup plus élevée), qu'elles n'avaient besoin pour leur
alimentation que 89% de la surface foncière nécessaire aux Holsteins
et une utilisation de seulement 68% de l'eau exigée dans le scénario
Holstein, et elles ne produiraient que 80% de gaz à effet de serre. Bien
sûr, ces résultats ne s'appliquent qu'à la production de fromage: si nous
regardions le marché du lait de consommation, l'avantage du lait de Jersey à haute densité ne serait pas si significatif. Cependant, pourquoi la
Jersey est-elle plus efficace?
CONSOMMATION D'ENERGIE
Si nous jetons un coup d'oeil à un autre papier publié l'année dernière
dans le Journal of Dairy Science, nous y voyons quelques études sur
l'ingestion alimentaire au cours de lactations complètes pour 4 groupes
raciaux à Virginia Tech. Katie Olson, qui travaille maintenant pour AIPL à
Beltsville, Maryland, a rédigé sa thèse de vétérinaire en utilisant des données qui incluaient les ingestions alimentaires, les traites quotidiennes
et les poids corporels, les notes mensuelles de condition corporelle et
les résultats d'analyses du lait du DHI (contrôle laitier) du gras et de la
protéine pour les 4 groupes raciaux: Holstein, Holstein x Jersey, Jersey x
Holstein et Jersey. Le nombre de vaches allait de 22 jusqu'à 43 pour un
groupe racial; toutes les vaches étaient alimentées par la même ration,
Nombre
d’animaux
Masse
corp. totale
Eau
Terre
Gaz totaux
à effet de
serre
étaient logées dans les mêmes box et étaient traites ensemble. L'objectif était de
voir si les producteurs laitiers pourraient faire plus d'argent par unité alimentaire
ingérée par une des races ou croisements. La recherche a suivi les animaux entre
la semaine 3 et la semaine 43 de leur première lactation, l'énergie utilisée pour la
gestation n'était donc qu'un élément secondaire. L'ingestion alimentaire a suivi de
près le poids corporel de tous les animaux. Les équations du National Research
Council (conseil national de la recherche - NRC) ont alors été utilisées pour estimer
l'énergie consommée et la proportion employée pour la croissance, l'entretien, la
production et la gestation. Les Holstein avaient la consommation la plus élevée et
le rendement de production le plus haut. Cependant, les Jersey consacraient un
pourcentage plus conséquent de leur consommation énergétique que les Holstein à la production et en employaient moins pour la croissance et l'entretien. Les
vaches croisées mangeaient la même quantité ou moins d'énergie que les Holstein,
elles exigeaient moins pour leur entretien que les Holstein, exigeaient la même
quantité ou moins d'énergie pour leur croissance que les Holstein, mais restituaient
la même énergie dans le lait que les Holstein.
TENDANCE CROISSANTE
La Nouvelle-Zélande utilise le poids corporel comme indicateur de l'ingestion alimentaire dans son index Breeding Worth (BW) depuis que celui-ci a été introduit
en 1996. Son but est d'identifier les animaux - peu importe la race ou le croisement
- les plus efficaces dans la conversion de l'énergie disponible en protéine et en
gras. Tandis que d'autres éleveurs des quatre coins du monde listent les quantités
de lait, de gras et de protéine produites par vache comme mesures de la réussite
de la ferme, les éleveurs de Nouvelle-Zélande regardent aux kg de gras et de protéine produits par hectare de pâturage. Une telle attitude tournée vers l'efficacité
de la production, plutôt que le rendement maximal par animal, s'étend à d'autres
pays aussi. L'APR australien et le Net Merit ainsi que le TPI américains, comportent
chacun un ajustement par le poids - même si plutôt que la pesée des animaux utilisée en Nouvelle-Zélande, ils s'appuient sur certains caractères de la classification
morphologiques comme prédicteurs des poids corporels. Ces index accordent une
moindre accentuation aux poids corporels que les 12.7% utilisés en Nouvelle-Zé-
GESTION HAUTE TECHNOLOGIE
Puisque les troupeaux deviennent plus grands dans le monde entier, les producteurs ont de plus en plus recours à l'identification électronique et aux logiciels
de gestion tels que ceux commercialisés par des sociétés comme Milkline et
Afikim. Ces systèmes rendent disponibles des modules qui vont bien au-delà de
la simple détection de chaleur à l'aide de podomètres. Les productions laitières
sont collectées et chaque vache est automatiquement pesée lorsqu'elle quitte la
salle de traite. L'ordinateur utilise alors les changements du poids corporels, le
stade de lactation et la quantité de lait produit pour déterminer l'efficacité d'une
vache et calculer combien de concentré lui attribuer à la traite suivante. Les listes
de pilotage, telle que celle des vaches à considérer pour la réforme, le tarissement, etc., reposent toutes sur l'efficacité de la production de l'animal.
LE PLUS A PERDRE
Les questions environnementales comme la gestion des effluents et la réduction
des émissions de gaz à effet de serre liés à la production des bovins continueront
à être des sujets sociétaux croissants. Dans des productions aussi intensives que
le porc et les volailles industrielles, il y a longtemps que l'efficacité de la conversion alimentaire occupe le centre de la scène. Il est manifeste que l'industrie
laitière de l'avenir comptera de plus en plus sur une conversion plus efficace des
intrants énergétiques. En Nouvelle-Zélande, dont l'activité repose sur l'exportation, 40% du troupeau national est composé de Holstein. En Amérique du Nord,
les Holsteins occupent plus de 90% de part de marché dont encore 60% du lait
est destiné à la transformation, un secteur qui – d'après la recherche - pourrait
être plus efficace avec des vaches autres que Holstein. En effet, en Europe près
de 70% du lait est transformé. Tout cela dépeint une situation claire: la Holstein
est celle qui a le plus à perdre si elle ne prend pas au sérieux l'efficacité de sa
conversion alimentaire.
MESURER AU MIEUX
Le poids corporel est-il la meilleure mesure d'efficacité? Avec le temps, nous pourrons trouver des corrélations avec d'autres caractères capables d'aider à améliorer
l'exactitude de la sélection, mais pour le moment le poids corporel - comme
prédicteur de l'ingestion alimentaire - est le meilleur que nous avons. Avec le
temps, les gènes impactant cette efficacité peuvent être identifiés et ensuite
la sélection génomique entrerait en jeu. La vache de l'avenir sera-t-elle plus
petite? Même dans les conditions néo-zélandaises les vaches grandissent,
bien que le niveau attendu d'augmentation de la taille ait ralenti. Sûrement
que la Holstein pourrait renoncer à un peu d'augmentation escomptée de la
taille si cela signifie produire une vache plus efficace. Après tout, de combien
de centimètres une vache encore grandir?
INDEX TOTAL MERIT
Souvenez-vous des années 80 et 90, quand la plupart des autres pays regardaient – un brin amusés – les Scandinaves et leur accentuation sur les caractères sanitaires: Comment pourraient-ils se maintenir au niveau du reste
du monde quand en matière de production car, après tout, la production
totale est ce qui importe vraiment! Tandis que le reste du monde plaçait une
pondération de 60% à 70% sur la production, les Scandinaves plafonnaient
autour de 40%, la différence était occupée par les caractères sanitaires – des
caractères à faible héritabilité qui signifiaient qu'ils avaient perdu l'objectif
qui importait vraiment: la production! Eh bien, regardez ce qui est advenu!
La fertilité et les autres questions de santé sont devenues des problèmes
du courant dominant de la Holstein, le croisement est devenu une solution
très discutée et pendant ces 10 dernières années le reste du monde y a
répondu en bougeant en direction d'une sélection intégrant le sanitaire. Si
nous voulons améliorer un caractère, il doit donc faire partie de nos "total
merit index" (index de synthèse). Et il y a peu de doute que l'efficacité de
la conversion alimentaire va de plus en plus s'inviter sous le microscope
de toutes les formes de production animale. Ces 10 prochaines années, le
monde ne se préoccupera certainement pas moins d'émissions de gaz à
effet de serre, il est peu probable que les intrants comme les fourrages et les
céréales (et protéagineux) deviennent meilleur marché et il est peu envisageable que les dimensions des troupeaux s'amenuisent avec une conduite
moins high-tech. Le monde aura besoin d'un animal laitier très performant,
efficace aussi. Il est temps de prendre au sérieux la construction d'un moteur
à meilleur rendement pour notre Ferrari! l
Source:
www.holsteininternational.com
Tableau 2 – Energie utilisée à la croissance, entretient, gestation et production
exprimée en pourcentage de consommation énergétique (Mcal)
Domaine Holstein Ingestion9813
Croissance
669 (6.8%)
Entretien
2666 (27.2%)
Gestation
27 (0.3%)
Production
5968 (60.8%)
HOLSTEIN INTERNATIONAL 20 05/2012
HJ JH Jersey
9309
599 (6.4%)
2468 (26.5%)
32 (0.3%)
6057 (65.1%)
9487
496 (5.2%)
2425 (25.6%)
33 (0.3%)
6162 (65.0%)
7969
334 (4.2%)
2085 (26.2%)
21 (0.3%)
5259 (66.0%)
Le poids corporel est le meilleur indicateur que nous avons pour l‘ingestion alimentaire
HOLSTEIN INTERNATIONAL 21 05/2012