Silence ! On manipule... - Infos

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Silence ! On manipule... - Infos
Silence ! On manipule...
La conscience humaine est la cible d’une véritable guerre médiatique, assiégée qu’elle
est au quotidien par des stimuli de plus en plus nombreux, invasifs, complexes et subtils.
Dans quel but ? Apprentissage, divertissement, communication ? Pas seulement...
L'industrie des médias n’a jamais caché l’aspect offensif de son fonctionnement, puisqu’elle a
toujours employé une terminologie militaire pour désigner ses actions : campagne (de
publicité), stratégie (marketing), division, recrutement, cible, etc. Des moyens de plus en plus
sophistiqués sont employés pour remporter un marché, convaincre un consommateur
d’acheter un produit, persuader un individu d’épouser une cause, une idéologie ou une
religion avec, à la clé, des bénéfices financiers parfois astronomiques, mais surtout du
pouvoir.
Cette guerre des stimuli fait partie du jeu normal d’une société capitaliste concurrentielle, car
elle est fondatrice de son mode de fonctionnement. Par contre, il se dessine certaines
tendances inquiétantes et récurrentes sur lesquelles on peut sérieusement se poser des
questions : la répétition dans le paysage médiatique de messages à contenu ultra violent, ultra
sexualisé, sombre, quasi hypnotique à destination des enfants, des adolescents, et dans la
foulée, des adultes. Le tout sur fond d’une ambiance « gothique », démonologique ou
pornographique avec des références appuyées à un cinéma de genre comme les films
d’horreurs, fantastiques, de serial killer ou encore à l’environnement « Lolita » acidulé des
mangas japonais.
Jeux vidéo hyper violents
Cette tendance est tellement préoccupante aux yeux d’associations de parents conservateurs
aux États-Unis que certaines d’entre elles n’hésitent pas à dénoncer l’émergence d’une sorte
de complot « satanique » destiné à détruire la jeunesse américaine. La production répétée de
jeux vidéo dans lesquels le joueur peut se lancer dans une campagne de meurtres gratuits
(avec le choix des armes), de rackets, et de trafics divers, ou encore où il peut endosser avec
un réalisme extrême les habits d’un chef de peloton d’unité de Marines en plein Bagdad ou de
GI pendant la bataille des Ardennes en 44, amène aussi à se poser des questions sur les
mobiles réels de ces sociétés de production. Elles diront sans doute qu’elles financent ces jeux
parce que,justement, ce sont des produits vedettes qui se vendent bien. Mais il a bien fallu un
jour créer ce type de produit, en faire un objet de désir, de besoin auprès du consommateur.
Sur-stimulation sexuelle
Examinons un bref instant les clips vidéo mettant en scène des stars comme Britney Spears et
tous ses clones au profil ultra sexualisé de Lolita. Passons outre la simple « morale » et les
conventions puritaines qui poussent certaines âmes sensibles à condamner ces produits, car là
n’est sans doute pas le fond du problème. Arrêtons-nous plutôt sur la cible visée par cet
univers musical — de très jeunes filles ou de très jeunes garçons qui voient leur psyché
confrontée à une forme de contrainte sociale consistant à endosser un rôle sexuel très marqué
à un moment de grande fragilité. Pourquoi ? Quel est le but poursuivi, à part l’argent ?
Le panel des techniques offertes pour influencer et manipuler les émotions, les valeurs et
même les perceptions du réel de l’être humain est infini. On a presque tous entendu parler de
l’efficacité des messages subliminaux « encodés » dans des images filmées, dans un message
audio, dans de la musique. Des expériences avaient été réalisées par des agences de publicité
dans les années cinquante (expérience de publicité subliminale pour Coca-cola dans une salle
de cinéma du New Jersey en 1956), mais heureusement, le législateur a purement et
simplement interdit ces pratiques commerciales ou de propagande douteuses. Des recherches
très intéressantes en matière de « reverse speech » montrent que si cette technique est
sciemment employée dans le show business du hard rock sans que l’on puisse en mesurer
l’efficacité. Elles permettent de révéler le niveau subconscient de tout discours, laissant
supposer qu’un encodage inversé est effectivement capable d’atteindre l’esprit de façon
subliminale.
L’héritage de MK Ultra
Après la Seconde Guerre mondiale, des agences de renseignement — surtout la CIA — ont
consacré d’importants budgets pour le développement d’expériences portant sur la
manipulation des comportements par divers moyens : l’hypnose, les drogues, le subliminal, la
privation sensorielle, les électrochocs, l’emploi d’ondes particulières, l’instrumentalisation du
traumatisme provoqué par des violences répétées ou une combinaison de plusieurs de ces
méthodes. Les cent quarante-neuf sous-projets de recherche et d’expérimentation du
programme MK Ultra ont fait l’objet d’une sorte de « jointventure » entre l’agence et des
laboratoires de recherche universitaire, militaires ou privés. Outre des militaires (le plus
souvent des « disciplinaires ») et des prisonniers, ces projets ont visé les couches les plus
faibles de la population civile : des handicapés, des malades mentaux, des hommes et des
femmes traités pour des épisodes dépressifs, mais aussi des enfants. Plusieurs commissions
d’enquête du congrès américain (dont la première a permis de dénoncer en 1975 les
expériences de MK Ultra) ont mis en évidence des méthodes et identifié des victimes et
parfois des coupables au sein de la CIA ou du petit monde de la recherche psychiatrique
comme le Dr Ewen Cameron ou encore Sidney Gottlieb, le dirigeant de MK Ultra.
Victimes de Mind Control
Lors de la Commission d’enquête de 1995 ordonnée par l’administration Clinton sur les
expérimentations secrètes à l’encontre de citoyens non volontaires, l’audition de certains
témoins a permis de mettre en évidence que des enfants, aujourd’hui adultes, ont fait l’objet
d’expériences violentes et systématiques de conditionnement par le traumatisme, les drogues
et l’hypnose. Valerie Wolf, une thérapeute spécialisée dans ces cas depuis vingt-deux ans, a
alors décrit ce qui n’est rien d’autre qu’un réseau informel alliant des militaires, des sectes,
des groupes religieux et des civils, et passé en revue un nombre impressionnant de victimes
d’expériences de Mind Control sur fond d’abus rituels et sataniques intrafamiliaux. Wolf
témoignait en outre pour le compte de nombreux autres psychothérapeutes qui
s’interrogeaient sur cette typologie de victimes d’un nouveau genre: des centaines d’enfants
victimes de tortures scientifiques et d’abus rituels et sataniques.
Parmi eux, certains se sont finalement fait connaître à travers la publication de leur biographie
comme Cathy O’Brien, Arizona Wilder, Kathleen Sullivan ou Brice Taylor. On constate avec
étonnement qu’une bonne partie d’entre eux évoquent l’utilisation de films et de dessins
animés pour enfants en tant qu’outil quasi hypnotique de conditionnement mental, comme
l'œuvre de Walt Disney ou le célèbre classique Le Magicien d’Oz dont la symbolique et les
couleurs sont employées pour programmer ces victimes à adopter certains comportements.
Du satanique dans la fête de Noël ?
Dans ce type d’univers, plus rien n’est innocent. Prenons par exemple la fête de Noël,
devenue un moment de première importance dans l’imaginaire des enfants aux dépens de la
symbolique chrétienne de la Nativité. Le Père Noël est inspiré de Saint-Nicolas, d’ailleurs
resté Santa Claus pour les Anglo-saxons. Dans les anciennes représentations, il est habillé de
vert, mais les campagnes publicitaires de Coca-cola en ont fait le bonhomme rondouillard,
barbu et de rouge vêtu que l’on connaît. Remarquez qu’entre Santa et Satan, il n’y a qu’une
différence d’emplacement du « n »... De là à penser que les opérations de marketing
commercial de Noël ne sont que des phases subliminales de conditionnement des enfants pour
accepter une réalité de nature satanique... Nous préférons dire qu’il s’agit d’une opération de
marketing idéologique destinée à préparer les petits enfants à l’existence d’une entité d’ordre
magique ou surnaturel — le Père Noël ou Saint Nicolas — qui voit tout et sait tout, qui peut
punir et récompenser. Ce que certains gouvernements rêvent d’incarner. Nous sommes loin du
« tout miséricordieux » et de la parabole du fils prodigue chrétien.
Voici ce qu’en dit Stewart Swerdlow, un auteur américain qui affirme avoir été victime
d’expériences de contrôle du comportement : « Santa se montrera bienveillant à l’égard des
enfants si ceux-ci se conduisent d’une certaine manière tout au long de l’année. Le costume
rouge parle de lui-même, car le rouge est le code de couleur d’entrée dans les plans astraux,
utilisé par la Déesse au cours de rituels reptiliens pour invoquer des entités astrales. Bien
entendu, Santa vit au pôle Nord qui est le point d’entrée vers les territoires interdits du cœur
de la Terre, les enfers, l’Abzu des Sumériens... Les rennes volants et le traîneau symbolisent
les vaisseaux interdimensionnels employés pour pénétrer ces dimensions, On conseille aux
enfants de laisser un repas (un verre de lait et des biscuits) à Santa lorsqu‘il arrive dans les
maisons, ce qui représente une sorte d’offrande à un Dieu. En plus, toutes les opérations
commerciales entourant ces fêtes de Noël totalement artificielles ont été conçues pour
susciter des émotions religieuses ainsi que des dépenses qui ne feront qu’enrichir une élite
globale déjà très riche,.. » (Blue Blood, True Blood, Stewart Swerdlow, EPC, 2002).
Big Brother en Père Noël
Le film d’animation Polar Express, produit par Steven Spielberg, exprime sans ambiguïté
cette symbolique puisque dans ce dessin animé, au cœur du pays du Père Noël se trouvent une
immense usine et une installation souterraine de haute technologie constituée de centaines de
moniteurs de télésurveillance en temps réel qui permettent de contrôler 24 heures sur 24 le
comportent des enfants du monde entier. La ville Père Noël est à la fois un centre de
surveillance qui ravirait les agents de la NSA et une usine de construction et de
conditionnement de jouets hyper modernes où les ouvriers sont des elfes et des nains joyeux
et obéissants : un rêve pour un capitaine d’industrie. Bien entendu, on est supposé prendre
tout ceci au second degré, avec humour, mais les enfants, eux fonctionnent presque toujours
au premier degré et ce type de symbolisme s’ancre profondément dans leur psyché.
Idem, à l’étude des scenarii de l’ensemble de la production Disney de ces dernières décennies,
mettant systématiquement en scène l’enfant contrevenant à la règle parentale : la petite sirène
qui remonte en surface, Pocahontas qui fraye avec le « blanc », Mulan qui se travestit pour
partir en guerre, Nemo qui se jette dans le Gulf Stream, etc. Proposez donc à votre enfant de 8
ans de faire la vaisselle après qu’il ait regardé cela en boucle, vous risquez une déconvenue
peu surprenante. Quant aux fondements du savoir-vivre en bonne intelligence qui soutiennent
la cellule familiale, les voilà qui volent en éclats.
Une accumulation de doutes
C’est la juxtaposition de tous ces éléments qui donne vraiment une impression de « trop » et
met la puce à l’oreille. Franchement, le Père Noël serait-il une sorte de Satan de supermarché
de l’industrie du jouet et des sodas, déguisé en contrôleur du comportement des petits
enfants ? Pour certains, cette vision sera totalement outrancière. D’autre se poseront des
questions sur l’emploi récurrent de certains symboles et valeurs dans des films pour enfants
ou dans des clips vidéo. Que penser alors lorsque ces derniers ne jouent même plus dans
l’implicite et sont ouvertement sataniques, gores, violents ou sado-masochistes ? Ils seront
amenés à reconsidérer certains événements anodins et l’exploitation de ce symbolisme sous
un autre éclairage. C’est sans doute une vision « conspirationniste » typique sans répondre
vraiment aux questions, cette perspective du réel nous amène à deviner le dessin d’une trame
sinistre, selon laquelle la jeunesse est victime d’une campagne de manipulation de la
conscience à l’échelle mondiale. C’est du moins la conviction de certains auteurs comme
David Icke ou Steward Swerdlow, mais aussi dans un tout autre registre; d’associations
chrétiennes et conservatrices de parents. Ce sont ces associations qui ont obtenu l’apposition
de certaines signalétiques sur les pochettes d’album de musique rap, par exemple, avec la
mention « explicit lyrics ». Pour se faire une idée encore plus précise du sujet, le mieux serait
de recueillir l’avis d’un expert tel qu’un psychologue qui utilise l’hypnose et donc les états
modifiés de conscience dans sa pratique professionnelle.
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Dany Dan Debeix : « Le danger du subliminal est réel »
Musiques, jeux vidéo, clips véhiculent des messages directement adressés à l’inconscient.
S’agit-il de subliminal ? Réponse d’un spécialiste de l’hypnose.
Docteur en psychologie clinique,
spécialiste de
l’hypnothérapie, Dany Dan Debeix s’est intéressé tout au long
de son activité professionnelle aux états modifiés de
conscience et, bien entendu, aux outils et techniques qui
permettent d’obtenir ces états dons lesquels la sensibilité de la
conscience humaine est accrue. Il est l'auteur de Techniques
d’hypnose pour communiquer et convaincre, guide pratique,
aux éditions Trédaniel.
Il est également fondateur de l’Ecole centrale d’hypnose
(installée à Paris) qui propose des stages de Formation à
l’hypno-coaching et révèle aux thérapeutes des techniques
inédites d’hypnose. Ce centre propose également des
méthodes et des ateliers dans le cadre du traitement de
certaines assuétudes comme le tabac ou les troubles alimentaires. Cours à Lausanne, Paris,
Annecy, Nantes. Pour en savoir plus : www.ecole-centraIe-hypnose.fr
E-mail :
[email protected]. Tél.: +33 (011 403301 14
NEXUS: Tout comme d’autres méthodes d’influence de la conscience, l’hypnose
apparaît parfois encore comme un phénomène lié à la magie, à l’irrationnel, à l’occulte.
Or, on s’aperçoit que dans le cadre de programmes militaires américains (MK Ultra),
elle a fait partie des outils scientifiquement développés pour la manipulation des
comportements. Existe-t-il donc depuis longtemps une « hypnose scientifique » ?
Dany Dan Debeix : L’hypnose étant en quelque sorte une clé des champs de la conscience, il
est évident que permettre à l’individu d’accéder à un savoir qui peut le rendre libre,
déconditionné est subversif. Dès lors, il ne faut pas s’étonner qu'elle soit encore si peu
connue. Mais comme l’herbe qui repousse malgré le béton, et grâce au bouche à oreille,
l’hypnose a fini par rencontrer un public las des méthodes officialisées, remboursables mais
inopérantes, et séduit par sa précision et son efficacité. De ce fait, elle a aujourd’hui ses
entrées dans le champ thérapeutique (hypno-anesthésie, addictions, dé-sensibilisation des
traumatismes) et dans le domaine du développement personnel et professionnel (autohypnose, hypno-coaching, mémoire, attention). Compte tenu de la plasticité de notre cerveau,
il n’est pas étonnant que des sectes, des manipulateurs, des escrocs ou certains pervers aient
choisi cette méthode pour asseoir leur business. Le meilleur moyen de se préserver ou de se
libérer de ces individus est de connaître les techniques et les rouages en apprenant l’autohypnose.
N. : Aux États-Unis, des parents et des représentants des églises évangéliques dénoncent
la présence dans la musique rock et rap de messages subliminaux incitant au suicide, à
des comportements « asociaux », autodestructeurs, à une sexualité violente. Ces parents
évoquent notamment le phénomène d'un « reverse speech », ou message subliminal « à
l’envers » contenu dans un discours ou une chanson. Que pensez-vous de ce
phénomène ? S’agit-il d’une « hystérie anti-satanique », comme le disent certains
observateurs ?
D. D. D. : Oui, le danger du subliminal est réel. Notre inconscient peut percevoir, à notre insu,
le texte inversé d’une bande magnétique, certains symboles sonores, visuels cachés
intentionnellement. Ces informations ayant passé la barrière de la censure de notre conscient,
elles sont donc opérantes. Si le subliminal est interdit en France, comme aux États-Unis,
l’application de son interdiction reste peu probante. Lorsque certaines boulangeriescroissanteries diffusent une odeur de croissant chaud dans la rue, n’est-ce pas subliminal ?
N’est pas toujours subliminal ce qui dérange ou n’est pas dans les normes. Certaines chasses
aux sorcières relèvent plus de l’intolérance ou de l’hystérie, notamment dans l’intégrisme
religieux. Dans mes cours d’auto-hypnose, les élèves s’exercent à voir consciemment des
images tridimensionnelles, des textes cachés par des techniques de relâchement et de
dissociation neuro-psychiques. Cette méthode ne vise pas seulement à leur apprendre à se
protéger, elle optimise aussi leur perception du monde qui les entoure.
N.: Les médias, en particulier le cinéma, les dessins animés et les jeux vidéo sont des
moyens d’influence des comportements et des croyances d’une incontestable efficacité.
Que pensez-vous de cette tendance ? Quelles pourraient en être les conséquences sur les
jeunes utilisateurs ?
D. D. D. : Relier le ludique à la violence est un moyen très pervers de conditionnement. En
effet, tuer virtuellement n’implique aucun sens de la responsabilité, surtout si le jeu est
accessible à un jeune qui n’est pas assez mature pour exercer son sens critique. Le soldat vise
une cible qui bouge à des distances incroyables. Il n’y a pas le contact « humain » du corps à
corps, le problème du contrôle émotionnel étant ainsi éradiqué (peur, hésitation,
tremblements). Le pouvoir virtuel du joueur ainsi associé à la notion de plaisir devient vite
addiction. Mais à toute addiction, il y a une solution, voire une résolution.
Notre méthode d’hypnose part du constat que si notre mental est à l’origine de nos troubles
(ici, de mauvaises habitudes et apprentissages) ou de leur pérennisation, ce même mental est
capable d’organiser sa résolution (ici l’addiction) en engendrant de nouveaux comportements
par la stimulation de notre créativité (pratique d’un sport, motivation scolaire, activité de bienêtre).
N.: Dans le cadre de la production musicale, des clips, mais également des mangas, on
assiste aussi à une hyper sexualisation des personnages « Lolitas » genre Britney Spears,
Laurie, Pussycat Dolls) et des rapports humains. Pourquoi, d’après vous, incite-t-on les
enfants et les jeunes adolescents à une hyper sexualisation à tendance violente des
rapports humains ?
D. D. D. : Nous assistons aujourd’hui à la diffusion massive du jeu (poker, casinos virtuels ou
non), du sexe (pornographie, prostitution) et à leur banalisation sur le petit écran, sur Internet
et dans les journaux. Le résultat est l’augmentation du nombre de comportements addictifs et
une escalade fulgurante de la délinquance sexuelle. La mondialisation nous confronte à la
prolifération d’une industrie de type mafieux générant des profits colossaux dans le domaine
du sexe et des jeux. Elle constitue une sphère non négligeable d’influence dans le
fonctionnement des institutions. En plus de tous ces milliards déversés dans les paradis
fiscaux, il faut craindre la prise de contrôle de certaines banques.
Alors que la pédophilie est heureusement de plus en plus combattue, les autorités ne semblent
pas s’inquiéter qu’une majorité d’enfants de moins de 12 ans ait déjà consommé du porno. Ils
sont ainsi modélisés par ces stéréotypes sexuels où soumission et violence sont banalisées. En
quoi peuvent-ils accéder à la liberté sexuelle quand celle-ci est devenue pour eux
insidieusement aliénation. La fantasmagorie du Prince charmant et de la Princesse ne fait plus
recette dans l’inconscient collectif.
N.: Une autre tendance lourde émerge dans les médias : la répétition d’images
catastrophiques (comme l’effondrement des tours du WTC), de nouvelles évoquant une
sorte d’apocalypse, de fin du monde, de fin de cycle. Au niveau symbolique, que se
cache-t-il derrière cette tendance ?
D. D. D. : En 2004, le journal Le Monde titrait l’un de ses articles « L’administration Bush
gouverne par la peur ». Après le maccarthysme, il a eu le 11 Septembre où la peur comme
instrument politique permettait d’éradiquer les oppositions.
En France, la peur ne fait pas recette puisque l’on observe une baisse de la consommation. Si
le sensationnel dans les médias fonctionne avec un arrière-goût d’Apocalypse, c’est sans
doute lié à une demande croissante de spiritualité. Notre société en pleine mutation, entre
mondialisation, surconsommation, individualisme, virtualisation est en quête de repères, de
sens. De cette soif, on relève deux tendances majoritaires : la première est un conservatisme
moral, autoritaire et religieux qui demande aux gouvernements et aux autorités religieuses
d’endosser en quelque sorte le statut de PÈRE (re-père) garant d’un certain ORDRE. Cette
tendance est de moins en moins en mesure de répondre à la demande.
La seconde, déçue par les modèles de la société, refuse l’État Providence ou la vision unique
des religions, veut penser par elle-même, exercer son sens critique, se sentir exister, éprouver
du bien-être, retrouver une harmonie avec la nature (sa nature). Cela se traduit par exemple
par la mouvance New Age, le succès des thérapies de développement personnel (autohypnose, PNL, bioénergie, psychothérapie), l’engouement pour une littérature et une
cinématographie philosophiques et mystiques (L’Alchimiste de Paulo Coelho, le Da Vinci
Code de Dan Brown), les bio-sphères (énergie propre, retour à la nature, habitat sain). La
conscience de soi, la liberté individuelle sont des notions qui se sont enracinées et mettent
l’ÊTRE au centre de la décision. Ce sont des valeurs sur lesquelles s’appuie la formation de
l’École centrale d’hypnose en apprenant aux élèves les moyens de se reconnecter avec leur for
intérieur afin de mettre à profit leur créativité et toutes leurs ressources pour franchir les
étapes de leur vie et atteindre leur objectif. La plus grande aventure de notre vie, c’est nousmêmes. Nous sommes le chemin et le but. Bien évidemment, dans chacune des deux
tendances relatées, il y a les extrêmes : fanatisme, intégrisme, satanisme, anarchisme, etc. Ne
sont-ils pas au fond les garde-fous qui nous poussent à rechercher plus d’équilibre, plus
d’humanité, une aide pour nous recentrer ?
N.: Dans le cadre des affrontements politiques et géostratégiques que les médias
exposent ou mettent en scène, certains leaders politiques utilisent une terminologie
particulière : guerre contre le mal, axe du mal, nouvel ordre mondial et nouvel ordre
mondial financier (discours de Sarkozy). D’après vous, qu’est-ce qui sous-tend ce type
de discours ?
D. D. D. : Le terme ORDRE dans certains domaines peut impliquer la surveillance de
l’éthique et de la déontologie d’une profession, il peut signifier la hiérarchisation, le
groupement ou encore la paix sociale. Le nouvel ordre mondial est une dénomination que
nous devons à des historiens pour qualifier la période qui a suivi l’effondrement de l’Empire
soviétique. L’utilisation exagérée de cette appellation est le symptôme de notre époque
chaotique. Nos gouvernements essaient, par ce discours, de nous rassurer en nous promettant
qu’ils vont y remettre bon ordre. Tentatives de séduction des groupements religieux influents
(« nous allons vaincre le mal »), pour rassurer les ménages et les investisseurs (relance de
l’économie)... Nos gouvernants savent user des mots, contrôler le maniement du verbe et des
symboles (langage de l’inconscient) pour nous convaincre. Cela s’apparente parfois à de
l’hypnose sans déontologie où le peuple n’a qu’à dormir les yeux ouverts car les héros sont à
l'œuvre pour les sauver. L’ordre succédant au Chaos et nous sommes en pleine cosmogonie
ou art de manipuler l’inconscient collectif. Ce n’est plus la langue de bois, mais le langage des
Dieux à l'œuvre.
N.: Aux États-Unis, parmi les femmes déclarant avoir été victimes de l’opération
« Monarch », trois prétendent avoir été l’objet dans leur prime enfance de méthodes de
conditionnement constituées d’abus violents et d’hypnose pour « encoder » dans
l’inconscient ou dans les personnalités alternatives ainsi créées des comportements
précis. Elles affirment que les dessins animés de Disney ainsi que Le Magicien d’Oz
contiennent des messages occultes qui influencent durablement les enfants, et que, dans
leur cas, ces symboles ont été employés pour déclencher des comportements ou des états
émotionnels précis. Selon vous, est-ce possible ?
D. D. D. : C’est tout à fait crédible, il y a hélas toujours eu des êtres de peu de scrupule pour
aliéner les autres pour leur propre profit, voire par jouissance. Ces personnes jettent un
discrédit sur des méthodes comme l’hypnose, dont les techniques rapides et efficientes que
nous enseignons à l’École centrale d’hypnose font des merveilles en anesthésie, dans les
dépressions, les insomnies, les dépendances, les performances sportives, intellectuelles,
certaines amnésies. Les applications sont multiples et il reste encore de larges pans inexplorés
(certains à l’étude à l’E.C.H) où l’hypnose pourrait aussi faire la preuve de son efficacité. Il
est évident que les apprentis sorciers dont vous parlez me révoltent jusque dans ma chair, car
je dois à l’hypnose de remarcher aujourd’hui après plus de cinq années de fauteuil roulant.
Les dessins animés sont basés sur les contes et la mythologie et, de ce fait, parlent à notre
inconscient. Ces archétypes ont-ils été détournés sciemment à mauvais escient ?Je n’ai pas eu
d’écho de troubles ou de traumatismes conséquents. On fait plus souvent allusion à la
violence et à la sexualisation des mangas.
Propos recueillis par Karma One
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Sectarus, le violeur de conscience, Jean-Pierre Morin, éd. Eboli.
Source : Nexus n°60