sortir 10 16×23 sofia
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histoires de Lire Q ue ce soit à cause d’un gros trou dans la poche, d’un petit caprice désireux ou d’une envie soudaine d’échappée authentique, un petit tour chez le bouquiniste, notre ami de toujours, ne peut être qu’un agréable mini séjour ! Bon, si je parle de « séjour » c’est parce que je passe, en moyenne, entre trois et six heures chez un bouquiniste ! Parce que les bouquinistes gèrent au maximum, même leur façon de mettre les clients à la porte brille de mille feux. Un jour, le vendeur s’est approché de moi, m’a regardé avec compassion puis s’est exclamé : « J’apprécie votre compagnie ma fille, mais ça fait une demi-journée que vous trainez là ! Désormais, il faut choisir un livre et l’acheter. Je dois fermer et rentrer chez moi passer du temps avec ma famille ! » Entre nous, il n’y a pas mieux que de se laisser emporter par les espaces infinis des petites boutiques de livres usés. Mille et une histoires entassées, des centaines de milliers de personnages aussi fictifs que vivants regroupés, une infinité de mots scellant une attente sans fin d’être révélés au grand jour, lus et appréciés à leur juste valeur. Les meilleurs livres sur lesquels j’ai pu mettre la main proviennent de chez Papi Le Bouquiniste. Voici trois des petites merveilles, qu’un jour mes yeux ont croisé au détour d’une étagère poussiéreuse. Sofia Abid [email protected] www.bubblebooksbysofiabid.blogspot.com FB/BubbleBooksBySofiaAbid ///Matsuda ©Will 12 SorABAT - Se cultiver autrement www.sortirmag.ma /// 13 histoires de lire La Civilisation, ma mère ! de Driss Chraïbi : Maroc du protectorat français. La femme marocaine est dissimulée sous un haïk, enfermée entre quatre murs et dénudée de toute éducation. Une de ses femmes sort du lot. La mère de Driss. Avec ses enfants comme ultimes alliés, elle découvre le monde. Driss et son frère décide de la sortir du gouffre profond de l’ignorance. Ils lui apprennent à lire, à écrire, à calculer, à reconnaitre les pays sur la carte, à distinguer entre le français, l’allemand et l’anglais, à parler et à s’habiller. Petit à petit, elle comprend l’utilité des objets modernes qui l’entourent, à commencer par la radio en passant par le fer à repasser et la machine à laver. Cette femme, évoluant dans une société contrainte à une crise d’identité aigue, déploie ses ailes et incarne à elle seule l’infinité des femmes du monde. Une âme fragile et naïve, grâce à sa progéniture, se transforme en une militante pour les droits de la femme et les droits de l’Homme. Une femme qui en s’exposant à la civilisation, s’ouvre à un monde meilleur. ©Will Matsuda Bubble Gum de Lolita Pill : Manon, une jeune fille de 18 ans, vit seule avec son père dans un petit village de la compagne française. Elle travaille comme servante à plein temps dans le bar de son père, l’un des plus fréquenté du village. Manon déteste sa vie, déteste son entourage, sa communauté, l’hypocrisie sociale qui l’entoure et rêve d’un univers de paillettes et de glamour. Elle souhaite s’installer dans le Grand Paris et de faire carrière dans le Show Business. La nuit de son anniversaire, elle boucle ses bagages et s’enfuit de chez elle. En débarquant à Paris, elle rencontre Derek, un manager, qui lui promet un avenir étincelant. Manon est donc introduite dans la bulle du monde parisien mondain. Elle devient ce qu’elle a toujours voulu être. Hélas, la réalité surgit toujours et vous rattrape…Ce roman est un cri strident, écho d’un monde qui vend du rêve à des millions de jeunes sur terre, mais qui, en réalité n’est que le reflet des sociétés matérialistes, esthétiques et manipulatrices dans lesquels nous évoluons. Cette histoire est un ultime avertissement. Edition Livre De Poche, 2006. 14 /// SorABAT - Se cultiver autrement Edition Folio, 1988. Things I Want My Daughters To Know d’Elizabeth Noble : Barbara est atteinte de cancer. Ses jours sont comptés. Elle laissera derrière elle quatre filles : Jennifer, dont le mariage bat des ailes, Lisa, âme sensible qui a peur de l’engagement, Amanda, la nomade, et Hannah, l’adolescente toute frêle et fragile. Barbara sait que ses filles ont toujours besoin de sa présence dans leurs vies. Elle décide de tenir un journal où elle met à découverte son passé. Aussi, elle rédige une lettre à chacune de ses filles et à son mari Mark. Ces lettres sont sa dernière empreinte en ce monde. Elle y encourage ses filles, les supporte et leur garantit une présence maternelle inscrite dans l’éternel. Au fil des chapitres, on prend part au quotidien des jeunes filles et de leur beau-père. On vit au jour le jour leur combat pour avancer sans leur mère. On partage leur première année de deuil. On se retrouve en chacune d’elles, on devient le personnage. Un récit émouvant et déchirant. Une écriture capable de vous faire chavirer, de vous retirer du plus fou des rires et de vous jeter dans le plus mélancolique des chagrins. Dur est le cœur qui demeure insensible. Edition Pengouin, 2012. www.sortirmag.ma /// 15