La nouvelle traduction de la Bible pou

Transcription

La nouvelle traduction de la Bible pou
« La Bible, traduction officielle liturgique » (Mame), nouvelle version francophone de la Bible
pour la liturgie, sort jeudi prochain en librairie, après dix-sept années de travail
La nouvelle traduction de la Bible pou
Ancienne
traduction liturgique
Les Béatitudes (Luc 6, 20-26)
Heureux, vous les pauvres :
le royaume de Dieu est à vous !
Heureux, vous qui avez faim maintenant :
vous serez rassasiés !
Pourquoi une
En quoi une
nouvelle traduction traduction liturgique
de la Bible ?
est-elle différente ?
MAME
Heureux êtes-vous quand les hommes
vous haïssent et vous repoussent,
quand ils insultent et rejettent votre nom
comme méprisable,
à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie,
car votre récompense est grande dans le ciel :
c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais malheureux, vous les riches :
vous avez votre consolation !
Malheureux, vous qui êtes repus maintenant :
vous aurez faim !
Malheureux, vous qui riez maintenant :
vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
ALEXANDRE DARMON
La version de la Bible actuellement
« Une traduction liturgique répond à
utilisée dans la liturgie date de 1974. Une un but spécifique : elle est destinée à être
langue étant une réalité vivante, « il faut lue, proclamée et écoutée », souligne le
donc la réviser tous les quarante ou cin- P. Delhougne. Il décrit « une Bible pour
quante ans pour tenir compte de l’évo- les lèvres et les oreilles qui n’a pas les mêmes
lution des cultures et des mentalités », exigences qu’une Bible pour les yeux ».
note le P. Jacques Rideau, secrétaire exé- D’où un certain nombre de points d’atcutif de la Commission épiscopale fran- tention pour les traducteurs : les phrases
cophone pour les traductions liturgiques ne doivent pas être trop longues, le voca(CEFTL), qui donne l’exemple de Jésus bulaire doit être adapté à la culture des
qui, avant la multiplication des pains, auditeurs tout en étant fidèle au texte
est pris de « pitié » pour la foule, selon original… Il faut parfois faire attention à
l’ancienne traduction (Matdes détails qui peuvent être
thieu 14,14). « La nouvelle, « Une Bible
gênants à l’oreille – « l’Oint
plus proche du terme grec
du Seigneur » peut ainsi être
qui parle de “remué aux pour les lèvres
entendu comme « loin du
entrailles”, dit “compassion”, et les oreilles
Seigneur » – voire troubler
explique-t-il. Un mot qui n’a pas
l’attention de l’assemblée
connoté négativement dans
– à « la vache et l’ours paîles années 1970, mais plus les mêmes
tront ensemble », on subspositif aujourd’hui, contrai- exigences
tituait donc déjà « la vache
rement à “pitié”. »
et l’ours auront même pâtuqu’une Bible
De même, dans le Marage » (Isaïe 11,7).
gnificat, on parlera désor- pour les yeux. »
La nouvelle traduction a
mais de la « miséricorde »
dû prêter attention à ces
de Dieu plutôt que de son « amour », difficultés d’oreille. Ainsi, dans les Béatiterme trop générique (Luc 1,50). tudes de Luc (voir infographie), les tra« L’œuvre de Jean-Paul II sur la miséri- ducteurs ont rétabli le « car », les deux
corde divine permet aux chrétiens une points ne s’entendant pas. Elle a aussi pris
approche plus fine de ce mot qu’il y a en compte la dimension francophone : le
quarante ans », se félicite Mgr Philippe Sanhédrin était précédemment traduit
Gueneley, évêque de Langres et président par « Grand Conseil », qui dérangeait en
de l’Association épiscopale liturgique Suisse, où l’expression désigne les parlepour les pays francophones (AELF).
ments cantonaux, la nouvelle traduction
Les artisans du projet ont, de plus, parle donc de « Conseil suprême »…
traduit l’ensemble de la Bible, alors que,
Enfin, un gros travail a été effectué sur
jusqu’à présent, seuls les passages uti- les lettres de Paul, unanimement jugées
lisés dans la liturgie étaient disponibles. mal traduites dans la version actuelle. Le
« Ainsi, dans l’Ancien Testament, 4 000 P. Michel Quesnel, bibliste et spécialiste
versets sur 21 000 étaient traduits, relève des écrits pauliniens, y relève nombre
le bénédictin Henri Delhougne, moine d’ajouts qui n’avaient pas lieu d’être, node l’abbaye luxembourgeoise de Clervaux tamment vis-à-vis des juifs. « L’annonce
et coordinateur du chantier. Dans mon de l’Évangile en a fait des ennemis de
abbaye, pour l’office des lectures de la Dieu », disait la précédente version de
Liturgie des heures, on recourait à la Tra- l’Épître aux Romains (11,28) : « Par rapport
duction œcuménique de la Bible qui à l’Évangile, ils sont des adversaires », dit
n’était pas toujours adaptée à la procla- la nouvelle traduction, plus proche du
mation. »
texte grec. Ou encore les chrétiens, « Israël
« Il n’est pas question de dévaloriser les de Dieu » (Galates 6,16), là où l’ancienne
autres traductions qui permettent un traduction ajoutait l’adjectif « véritable »…
travail de fond sur les textes bibliques, « On est ici beaucoup plus près du texte
prévient tout de suite Mgr Jean-Luc Hud- grec tout en étant dans une traduction très
syn, évêque auxiliaire de Bruxelles et fluide », se réjouit le P. Quesnel. Pour lui,
vice-président de la CEFTL. Mais toutes si « on traduit toujours pour quelqu’un et
ne sont pas adaptées à la liturgie. »
pour un usage et qu’ici, il s’agit d’abord
Heureux, vous qui pleurez maintenant :
vous rirez !
Malheureux êtes-vous quand tous les hommes
disent du bien de vous : c'est ainsi
que leurs pères traitaient les faux prophètes.
d’être entendu », cette traduction « peut
aussi être un outil de travail proche de la
pensée de Paul ».
Comment
les traducteurs
ont-ils travaillé ?
Dès 1996, la CEFTL, qui rassemble les
évêques français, belges, suisses, luxembourgeois et nord-africains (et à laquelle
sont associés les évêques de Monaco,
d’Afrique de l’Ouest et du Pacifique), a
demandé à environ 70 spécialistes de
toute la francophonie de travailler à cette
nouvelle traduction. Pendant environ
dix ans, différentes équipes rassemblant
deux exégètes, responsables de la fidélité
au texte d’origine, et deux littéraires, responsables de l’élégance de la langue et
de sa capacité à être comprise dans la
proclamation (dont des poètes pour des
textes comme Job, les prophètes ou les
cantiques), ont élaboré un texte soumis
en 2005 aux conférences épiscopales.
Après 4 200 amendements, ce texte a
été présenté à la Congrégation pour le
culte divin, à Rome, qui a fait part de ses
observations. « On a toujours pu discuter
et, dans la plupart des cas, obtenu satisfaction », explique le P. Delhougne. Par
exemple, en ce qui concerne le « Malheureux, vous… » des Béatitudes de Luc, les
traducteurs ont voulu se rapprocher du
texte grec. « “Heureux” traduit l’adjectif
makarioi, explique le P. Delhougne, mais
“malheureux” traduisait un adverbe plen,
qui veut dire “hélas”, ce que nous avions
d’abord proposé. Rome souhaitait “Malheur à vous”, qui, en français, sonne trop
comme une malédiction que ne souligne
pas le texte grec. Nous sommes tombés
d’accord sur “Quel malheur”… » ppp
Ce jour-là, ré
car alors
c’est ainsi, en effe
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Quel malhe
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