BULLETIN SYNDICAL INTERNE DE LA CGTM

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BULLETIN SYNDICAL INTERNE DE LA CGTM
PALANTCHE N°26
BULLETIN SYNDICAL INTERNE DE LA CGTM-RFO MARTINIQUE
Lundi 17 JANVIER 2011
L’INTERVIEW
MAX MAURICE MADELON SE CONFIE A PALANTCHE
« MA DETERMINATION EST DE SERVIR.. »
Chose promise, chose due, nous avons rencontré samedi dernier Max MAURICE
MADELON aujourd’hui délégué du directeur pour le développement de la caraïbe
depuis 2002.Max est entré à l’ORTF depuis 1968 en qualité de technicien son Radio
puis TV avant d’occuper la. fonction en 1979 de fabrication technique.
Parallèlement, il est élu membres des instances représentatives du personnel de
FR3 Martinique, puis secrétaire du comité d’établissement Martinique, trésorier et
secrétaire adjoint du comité central d’entreprise. Délégué du personnel, il fut membre
des commissions paritaires locales et centrales avant d’être membre du conseil
d’administration en tant que représentant du personnel.
En 1989, il est nommé Responsable des programmes et de la production pour la
Radio et la Télévision fonction actuellement appelée directeur d’antenne Radio et
directeur d’antenne Télé. En 1994, Max MAURICE MADELON est détaché pour
diriger ICV Martinique une filiale de RFO avant d’être nommé chargé de mission sur
la Caraïbe. Nous vous livrons cette interview
 PALANTCHE : « 1976, vous avez créé la CSTM à FR3 Martinique, dans un
contexte de l’époque très difficile. Quelles étaient vos motivations ?
M. MAURICE MADELON : « A cette époque, la télévision était sous domination. La
musique martiniquaise était ghétorïsée à l’antenne radio durant 15 minutes par jour sous la
rubrique : « Musique Typique ». Je me souviens, à la question posée au Directeur Artistique
de l’époque, je me suis vu répondre qu’ « il faut penser aux métropolitains qui vivent ici ».
Pour mémoire, Aimé Césaire adulé par tous aujourd’hui était interdit d’antenne.
Il a fallu se battre pour faire reconnaître le patrimoine. C’est le cas du Tour de la Martinique
des Yoles Rondes qui est devenu la manifestation la plus populaire du pays. C’est Daniel
LOUISY qui a eu l’idée avec Camille ALEXANDRE, Michel HILDERAL et moi-même
de retransmettre en radio les courses. Cela n’a pas été facile de faire accepter à des chefs de
service l’importance pour nous d’une telle manifestation.
A cette époque nous fabriquions les spots publicitaires radio de l’agence Havas et des
différentes agences. Il était alors impossible d’utiliser les voix d’autochtones, appelées de
manière méprisante « voix petit-nègre ». Plusieurs de nos animateurs en ont d’ailleurs fait les
frais.
Nous étions tous adhérents à des centrales syndicales dont les sièges étaient à Paris. On
subissait un suivisme syndical. Toutes les décisions étaient prises à Paris, tant au niveau de la
direction qu’au niveau syndical. Nous recevions des tracts d’appel à la grève dans la société
FR3, sans explication. A l’inverse, jamais on n’a vu une centrale parisienne appeler et se
mettre en grève pour soutenir un mouvement issu des stations d’Outre Mer. C’est dans ce
climat qu’est née la CSTM FR3 en 1976. Un groupe de camarades désireux de faire changer
les choses s’est mis en résistance pour défendre notre dignité, nos valeurs, notre patrimoine
culturel, pour refuser les « bouches d’emprunt ». A cette date, la Centrale Syndicale des
Travailleurs Martiniquais, qu’avait su imposer Frantz Agasta, était la seule à n’avoir
rigoureusement aucune attache avec les centrales parisiennes. »
 PALANTCHE : Compte tenu du contexte, cela n’a pas été simple ?
M. MAURICE MADELON : « Le mot est faible, tant il est vrai que pour implanter notre
jeune syndicat, il a fallu faire face à une collusion : direction, centrales parisiennes et leurs
représentants locaux. Face à cette fin de non recevoir, nous avons décidé de ne pas
accepter cette blessure à la dignité. Pour cela nous étions une vingtaine à nous mettre en
grève, et ce malgré le fait que la direction avait qualifié d’irrecevable notre préavis de grève.
Rapidement nous avons été isolés, et notre combat s’est poursuivi physiquement à la Maison
des Syndicats avec des défilés, des meetings, des rencontres avec les autorités politiques de
l’île. Après deux mois environ nous avons accepté de reprendre le travail, même si la CSTM
n’était pas reconnue juridiquement, mais nous savions que les choses ne seraient plus les
mêmes, car il faudrait désormais compter avec nous.
Les syndicats parisiens et leurs représentants se sont arque boutés avec la direction régionale
derrière l’argument juridique que la CSTM n’était pas représentative à FR3 Martinique. La
direction dans sa démarche d’éradication du syndicat a déclenché une série de conseils de
discipline sous des motifs divers : Jean ERIN qui avait démarré la grève a été licencié,
Hubert ODRY a été interdit de travailler dans son pays et muté d’office à Paris, j’ai été
traduit devant le conseil de discipline pour répondre de trois chefs d’accusation liés à trois
fautes graves montées de toute pièce par la direction. Mon conseil Me Gérard DORLING
CARTER et moi-même avons démonté pièce par pièce les allégations de la direction. J’ai
écopé une semaine de suspension avec privation de salaire. Il faut savoir que le directeur
général Noël SANVITTI, qui présidait le Conseil de discipline m’avait affirmé pendant une
pause que le Président Contamine voulait mon licenciement. Les autres camarades ont eu un
blâme au dossier.
Il nous a fallu une dizaine de recours près le tribunal de Grande Instance de Fort-de-France,
pour démontrer et faire admettre notre représentativité. En 1981, après l’élection de François
MITTERRAND, le libérateur des fréquences, j’ai eu à demander l’amnistie pour tous les
camarades. Les blâmes ont été levés, Jean ERIN a été réintégré, Hubert ODRY a pu
exercer dans nos départements. Pour ma part, par conviction et pour rappeler que ces
sanctions étaient le résultat d’une politique colonialiste, j’ai refusé l’amnistie qui m’avait
été proposée. »
 PALANTCHE : En 1982, vous remportez les élections professionnelles, et restez aux
commandes du Comité d’entreprise durant 8 ans, quelles ont été vos réalisations ?
M. MAURICE MADELON : « En effet cette année, nous remportions brillamment les
élections CE et DP. A noter qu’étaient élus titulaire sur nos listes, des camarades de longue
date : Jean ERIN, Michel HILDERALD, Monique COQUILLE, Jean Pierre DELAGE,
Marthe VALIDE, Eugène EXELIS, Louis CECILE, Jean LANDAU,
Eugénie DORIVAL Blaise NEILLETTE, RENE NEILLETTE, Victor BOURG, Jean
Claude Michel ANNETTE pour ne citer que ceux là, ainsi que vous-même Daniel BETIS.
Sur le plan syndical, j’ai créé un bulletin d’information, « Doubout», fabriqué artisanalement
avec des heures de travail et souvent des nuits blanches, dont les articles et les illustrations
signées SINAMAL, étaient sans pitié.
Nous avons assaini l’instance des DP et des commissions paritaires qui fonctionnaient par
copinage. Nous avions trouvé à l’époque un CE déficitaire qui n’avait en tout et pour tout
que 4 activités : la gestion de la cantine, la location saisonnière de deux maisons de vacances,
l’organisation de la fête de l’arbre de Noël des enfants du personnel et l’attribution des aides
sociales aux personnels ;Nous avons consolidé l’existant en normalisant la cantine qui
était mal gérée, amplifié la fête l’arbre de Noël, loué plus de maison de vacances, et
augmenté le niveau et réglementé l’attribution les prêts.
Quant aux réalisations nouvelles, j’ai mis en place la Fête des Mères et la Fête des Pères
que nous avons commués ensuite en Fête des parents. J’ai créé deux types de sorties. Au
plan local, à l’attention des enfants du personnel « La découverte du pays et de son
patrimoine » : visite d’industries comme une usine de fabrication de yaourts, de briques de la
Poterie des trois ilets, … visite de terrains agricoles, de sites historiques comme la ville de
Saint-Pierre, Au niveau de régional, et à l’attention de tous, « La découverte de notre zone
géopolitique ». Ainsi les membres du personnel ont pu voyager et découvrir plusieurs pays
environnants : La Guadeloupe, La Guyane, Sainte-Lucie, La Dominique, Le Venezuela et
Margarita, La République Dominicaine, Le Panama, Curaçao, Carthagène, St Martin, La
Floride avec Miami et les parcs d’attraction à Orlando.
J’ai par ailleurs, mis en place un carnaval pour les enfants, organisé en une après-midi
récréative, un tournoi de football Antilles-Guyane organisé grâce à la synergie par les
trois Comités d’Etablissement du bassin Amazone Caraïbe. Il faut citer d’autres
réalisations ponctuelles, comme la participation du CE au séjour linguistique des enfants
du personnel à Barbade ou à Trinidad par exemple.
Et puis, il faut aussi rappeler une opération exceptionnelle qui a fait date : Nous avons animé
durant quinze jours la boîte de nuit de l’hôtel La Batelière avec retransmission en radio. Les
bénéfices obtenus nous ont permis de faire plus facilement, plus tard, l’acquisition de trois
appartements de vacances à Belfond.
UN POINT IMPORTANT de mon action, est l’obtention de l’immeuble dit de
Production, que le Président MAHE a accepté de nous attribuer après étude. Immeuble que
avons bien sur partagé avec la direction et qui, faut-il le rappeler, était composé
d’appartements de résidence réservés aux agents mutés, ce qui à l’évidence était l’une des
plus belles images de la discrimination au sein de notre station.
Je veux rendre hommage à tous ceux qui ont animé les commissions du Comité
d’établissement comme Monique COQUILLE, Marie-Louise MAGLOIRE, Eugène EXELIS,
Jean Pierre DELAGE, Michel HILDERAL, Jean ERIN, Lydie BAZAS, Huguette
MAURICE- MADELON, pour ne citer que ceux la, sans oublier notre infatigable secrétaire
administrative Ghislaine CLEMENTE. »
 PALANTCHE : Venons-en à la rumeur, vous infirmez ou vous confirmez votre
candidature ?
M. MAURICE-MADELON : « Je me suis senti interpellé par la rumeur, au point
d’envisager de me représenter sur les listes de candidatures aux élections professionnelles. Le
syndicalisme, pour moi, n’est pas une fonction mais un état, cela veut dit que quand on est
contre l’injustice, c’est pour la vie, et il en est de même pour les convictions profondes.
AUJOURDH’UI on assiste à une situation délétère telle que par moment, je me
demande, si l’on n’est pas revenu à la case départ. Quand on observe que des camarades
aient pu SANS SCRUPULES, SANS CONCERTATION, SANS VERGOGNE,
fusionner la CSTM que nous avions édifiée de haute lutte avec une centrale parisienne la
CGT, se positionnant ainsi en CONTRADICTION avec l’idéologie qui avait porté sur
les fonds baptismaux notre section syndicale et en ne respectant pas les anciens qui
avaient fondé le syndicat. Je ne peux rester insensible à cette idée que nous puissions être à
nouveau « les jouets sombres au carnaval des autres».
 PALANTCHE : Vous citez un auteur martiniquais qui m’est cher, Aimé Césaire ?
M. Maurice MADELON : « En effet nous habitons le pays d’Aimé Césaire, le grand poète
qui a dit « C’est un comble de voir quand le nègre fait le blanc sur le dos des nègres. »
 PALANTCHE : Vous êtes bien candidat et sur quelle liste ?
M. Maurice MADELON : « Compte tenu de mes déclarations, de mon parcours syndical, il
est CLAIR que je ne peux en aucune manière adhérer à un syndicat parisien. Il reste que
j’aurais pu recréer la CSTM, mais je refuse de tomber dans le travers qui consiste à faire que
chaque fois qu’une personne est mécontente, elle crée un mouvement, un parti, un syndicat.
Dès lors l’unique possibilité qui s’offre à moi c’est la CGTM parce que c’est UN
SYNDICAT MARTINIQUAIS qui défend les intérêts de notre entreprise et des personnels,
qui a des ACCORDS DE CONFRATERNITE AVEC LE SIEGE PARISIEN LA CGT et EST
MEMBRE DE LA CONFEDRATION CARIBEENNE laquelle a aussi travaillé avec la
centrale CSTM.
Ma détermination est de servir. Si vous acceptez ma candidature alors je serais
candidat. »
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BULLETIN INTERNE SYNDICAL CGTM RFO MARTINIQUE EDITE LE 17 janvier 2011
Responsables de la publication : Daniel BETIS / Michel JEAN GILLES
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