Maurice Chevalier (1888-1972) Interprète

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Maurice Chevalier (1888-1972) Interprète
Maurice Chevalier
(1888-1972)
Interprète, acteur, auteur
Né à Ménilmontant dans un milieu modeste, il commence dès l'âge de 12 ans à se
produire dans des cafés et des petits cabarets, comme l'Elysée-Ménilmontant. Son
répertoire est alors composé d'imitations de Dranem. Sur scène, il adopte une tenue de
clown : nez peint en rouge, petit chapeau, chaussures trop grandes. C'est à l'Alcazar de
Marseille, où il triomphe en 1905, à 17 ans, que sa carrière est lancée. Il entretient une
liaison avec Fréhel, avant d'être engagé pour trois ans à partir de 1910 aux FoliesBergère pour des revues avec Gaby Deslys, puis avec Mistinguett qui devient sa
compagne. Son retour du front en 1916, le fait changer de répertoire. Son passage en tête
d'affiche au Casino de Paris en 1920 marque une étape dans sa carrière : de retour de
Londres, il adopte le smoking, son déhanchement inimitable et coiffe pour la première fois
son fameux canotier. Dans cette après-guerre des Années folles, où le music-hall a
recours à une débauche de moyens pour répondre à une soif de divertissement, Maurice
Chevalier, à la fois gosse de Ménilmontant et image de la réussite sociale, est plus que
jamais en phase avec le public. Il enchaîne en 1920 et 1921 deux opérettes phare d'Albert
Willemetz et Henri Christiné : Phi-Phi et Dédé ("Dans la vie faut pas s'en faire"). En 1924,
sa revue Paris en fleurs au Casino de Paris est un succès sans précédent. Son mariage
avec Yvonne Vallée reste l'événement médiatique de 1928. Son séjour aux Etats-Unis, de
1928 à 1935, le consacre comme star internationale. Il déchaîne l'enthousiasme sur
scène, mais surtout, il enchaîne les tournages de succès au cinéma : La Chanson de
Paris, Parade d'Amour, La Veuve Joyeuse, Monsieur Bébé... Son retour en France est
plus difficile : le music-hall décline, ses cachets sont trop élevés, et il subit la concurrence
de nouveau artistes, comme Charles Trenet et Tino Rossi. En juillet 1940, Maurice
Chevalier gagne sa maison de La Bocca près de Cannes. Il continue à se produire, avec
Henri Betti son pianiste attitré, en zone libre. En septembre 1941, il revient à Paris pour
deux mois seulement, à la demande d'Henri Varna, directeur du Casino de Paris. A partir
du 30 septembre 1941, il s'y produit dans la revue Toujours Paris, et y crée, entre autres,
"Notre espoir" (Maurice Chevalier/Henri Betti). Il refuse de chanter à Berlin et d'animer
une émission sur Radio-Paris. Il accèpte cependant, à la demande d'une délégation du
gouvernement de Vichy, de se produire au camp de prisonniers d'Alten Grabow en
Allemagne, où il a été lui-même retenu en 1914. Il n'accèpte aucun cachet et obtient la
libération de dix prisonniers originaires comme lui de Ménilmontant. Sa prestation, le 27
novembre 1941, est retransmise par radio en différé dans tous les autres camps de
prisonniers en Allemagne. Il y chante, entre autres, "Ca sent si bon la France" (Jacques
Larue/louiguy) et "La Chanson du maçon" (M. chevalier-M. Vandair/Henri Betti). Cette
dernière va alimenter une longue polémique. Elle apparaît aux yeux de certains comme
une chanson de propagande. Par ailleurs, ce passage en Allemagne est largement repris
par les journaux sous contrôle allemand comme le Petit Parisien et Paris Soir. On y
déforme ses propos. Début 1942, alors qu'il est de retour dans sa maison de Cannes, il
apprend que la presse anglaise le qualifie de pro-nazi. En décembre 1942, il enregistre
"La symphonie des semelles en bois" (M. Chevalier-A. Willemetz/V. Scotto). Les troupes
allemandes ont envahi la zone libre le mois précédent. Maurice Chevalier décide de ne
plus chanter en public. En février 1944, en écoutant la BBC, il entend Pierre Dac qui
détaille une liste d'artistes coupables de collaboration. Son nom est cité. Il n'en revient
pas. Après le débarquement du 6 juin 1944, les rumeurs et la crainte d'une épuration
expéditive l'obligent à se cacher pendant plusieurs mois en Dordogne. Il y apprend même
sa mort, à la radio, éxécuté par des maquisards. En octobre 1944, après avoir été arrêté
le 14 septembre précédent, il est de retour à Paris. Le quotidien Ce Soir, d'obédience
communiste, prend à la demande de Louis Aragon, sa défense. La presse de la
Résistance reprend l'article. Maurice Chevalier est blanchi. En décembre, il reprend les
galas, et interprète "Fleur de Paris" (Maurice Vandair/Henri Bourtayre). En 1946, il
inaugure un nouveau genre de spectacle : le one-man-show, d'abord à Lyon, puis au
Théâtre des Champs-Elysées à Paris. Il continue à tourner dans des films en France.
Il,reconquiert le public américain grâce à deux films : Ariane, pour lequel Henri Betti
compose "C'est si bon", et surtout Gigi, de Vincente Minnelli, en 1957, qui reçoit 9 Oscars.
Maurice Chevalier se voit décerner une récompense spéciale pour sa "contribution à plus
d'un demi siècle au monde du spectacle". A 69 ans, il redevient une vedette
internationale. Même s'il n'a jamais été un grand vendeur de disques, Chevalier continue
à se produire avec succès sur scène, au cinéma et à la télévision. Son dernier spectacle à
Paris, au Théâtre des Champs-Elysées en 1968, il a 80 ans, fait un triomphe. Il décède le
premier janvier 1972.
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