prise en charge masso-kinésithérapique d`un patient
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prise en charge masso-kinésithérapique d`un patient
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO KINÉSITHÉRAPIE - BERCK-SUR-MER - PRISE EN CHARGE MASSO-KINÉSITHÉRAPIQUE D'UN PATIENT POLYTRAUMATISÉ (BASSIN, COTYLE) ET ATTEINT D'UNE PARALYSIE PARTIELLE DU PLEXUS BRACHIAL Physiotherapeutic caring of a polytraumatized patient with a brachial plexus injury Étude d’un cas clinique effectuée dans le service du Dr Fabre au CRF Valmante Période de stage : du 31 août au 9 octobre 2010 Encadrement Masso-Kinésithérapique : M. Maynard François DECAUVILLE D.E. Session 2010 1 SOMMAIRE RÉSUMÉ I BILAN ET DIAGNOSTIC KINÉSITHÉRAPIQUE ...................................................1 I.1 BILAN ...............................................................................................................1 I.1.1 Dossier médical, anamnèse et antécédents ......................................................1 I.1.2 Bilan algique ..................................................................................................2 I.1.3 Bilan cutané, trophique et circulatoire.............................................................2 I.1.4 Bilan articulaire ..............................................................................................3 I.1.5 Bilan musculaire.............................................................................................3 I.1.6 Bilan sensitif...................................................................................................4 I.1.7 Bilan respiratoire ............................................................................................4 I.1.8 Bilan fonctionnel ............................................................................................4 I.1.9 Bilan de l’appareillage ....................................................................................4 I.2 DIAGNOSTIC KINÉSITHÉRAPIQUE..............................................................5 I.3 PRINCIPES ET PRECAUTIONS.......................................................................5 I.4 OBJECTIFS THÉRAPEUTIQUES.....................................................................5 II DESCRIPTION DES TECHNIQUES ........................................................................5 II.1 LUTTE CONTRE LES DÉFICITS CUTANÉS ET CIRCULATOIRES .............6 II.2 LUTTE CONTRE LA DOULEUR .....................................................................6 II.3 GAIN D’AMPLITUDE ARTICULAIRE ...........................................................7 II.4 RENFORCEMENT ET VIGILANCE MUSCULAIRE ......................................7 II.4.1 Renforcement du MIG ................................................................................8 II.4.2 Diagonales de Kabat ...................................................................................9 II.4.3 Chaînes axio-périphériques .......................................................................10 II.4.4 Travail proprioceptif .................................................................................10 II.5 REMISE A LA MARCHE................................................................................10 II.6 BALNEOTHERAPIE.......................................................................................11 II.7 EDUCATION DU PATIENT ...........................................................................11 II.8 TRAVAIL EN ERGOTHERAPIE....................................................................12 III DISCUSSION ......................................................................................................12 III.1 RÉSUMÉS D’ARTICLES................................................................................12 III.2 RÉFLEXION PERSONNELLE........................................................................15 CONCLUSION................................................................................................................17 BIBLIOGRAPHIE ANNEXES RÉSUMÉ Monsieur J est un homme de 27 ans ayant eu un accident de la voie publique (AVP) le 08/06/09 avec fractures multiples de l’hémi-bassin gauche, un hémopneumothorax avec fractures costales multiples. On retrouve de plus une paralysie partielle de type radiomédio-ulnaire. Il est pris en charge dans le centre de rééducation fonctionnelle de Valmante à Marseille. Le bilan initial montre au membre inférieur gauche (MIG) et au membre supérieur gauche (MSG) des limitations articulaires ainsi qu’une diminution globale de la force. Le patient a une paralysie complète des nerfs médian et radial, partielle du nerf ulnaire. Il y a une récupération, l’épaule a une bonne motricité mais le poignet et la main restent affaiblis. Des douleurs de type neurogènes sont décrites par le patient, ainsi qu’une diminution de la sensibilité. M. J se déplace en fauteuil roulant et tous les transferts sont effectués seul. Le patient présente des déficits de préhension sévère de la main gauche dus à la paralysie. Les déficits situationnels sont l’hospitalisation et l’arrêt de travail. Les objectifs thérapeutiques sont le gain d’amplitude et de force, la remise à la marche avec correction des boiteries (autorisation d’appui complet le 08/09/09) et la lutte contre les troubles trophiques et la douleur. Les techniques utilisées sont le drainage veineux, les bains écossais, les pompages articulaires, la balnéothérapie, les mobilisations (passives, actives aidées et contre résistance), les chaînes d’irradiations, les étirements musculaires et les exercices de proprioception. Le patient est également pris en charge en ergothérapie avec notamment le travail des préhensions et de stimulations sensitives. Le bilan final montre une augmentation des amplitudes articulaires et de la force mais il reste des déficits musculaires par rapport au côté sain. Il y a une diminution des douleurs mécaniques. Au MS on a une diminution des raideurs articulaires et de l’hypo-extensibilité musculaire. Au niveau fonctionnel le patient marche avec une canne simple. Il y a persistance de légers problèmes dans les activités de la vie quotidienne (AVQ) dus au déficit de préhension. Le patient passe en hôpital de jour le 07/10/09. Mots clés : diagonales de Kabat, étirement, kinésithérapie, marche, plexus brachial, polytraumatisme. Key words : Kabat’s diagonal, stretch, physiotherapy, walking, brachial plexus, polytraumatize. I BILAN ET DIAGNOSTIC KINÉSITHÉRAPIQUE I.1 BILAN I.1.1 Dossier médical, anamnèse et antécédents Monsieur Sébastien J, né le 14/01/1982 (27 ans), habite seul a Marseille dans un appartement avec ascenseur. Ses parents, ses deux frères et sa sœur habitent à Marseille et sont là pour le soutenir. Il est fumeur, droitier, travaille dans une entreprise de protection de chantier. Il exerce préférentiellement dans un bureau mais sort parfois sur le terrain. M. J est hospitalisé et en arrêt de travail depuis son AVP subit le 8 juin 2009. Les examens médicaux montrent des fractures des branches ischio- et illio-pubiennes gauche plurifragmentaires, une fracture de la colonne antérieure du cotyle gauche, une fracture non déplacée de l’aileron sacré (figure 1). Le patient est mis sous traction transcondylienne de 7 kg du 13 juin au 31 juillet (7 semaines). Il a également subit des fractures de la côte C1 à droite et des côtes C3 à C10 à gauche. Ces fractures costales à gauche provoquent un hémopneumothorax avec des emphysèmes sous-cutanés du poumon gauche. Figure 1 : radiologie du bassin de face. De plus le patient présente une atteinte tronculaire proximale plexuelle de type radiomédio-ulnaire, avec dénervation des territoires radial et médian, dénervation partielle sévère du territoire ulnaire. L’origine de la paralysie du plexus brachial n’est pas réellement définie par les médecins. Au début de ma prise en charge, le 31 août, le patient est à J83 après son accident. L’appui total est autorisé le 8 septembre. Par le passé le patient a subi une fracture de la clavicule gauche puis, plus tard, une triple fracture ouverte de cette même clavicule gauche. Les objectifs du patient sont de pouvoir retourner au 1 domicile le plus tôt possible. Il veut également reprendre son travail, même s’il faut adapter son rôle ou son poste dans l’entreprise. On peut noter à ce propos que son patron à l’air d’être concerné par sa réadaptation dans l’entreprise. L’accident a eu lieu lors du trajet pour aller à l’entreprise, mais la responsabilité de l’accident n’est pas encore définie par la justice. I.1.2 Bilan algique Le patient ne se plaint pas de douleur spontanée au niveau du MIG. Il existe une douleur mécanique en regard de l’articulation coxo-fémorale et au niveau du genou gauche qui apparaissent en fin d’amplitude de mobilisation. Ces douleurs du MIG sont cotées à 4 / 10 sur l’échelle visuelle analogique (EVA). Au niveau du MSG le patient décrit des douleurs neurogènes de type picotement, prédominantes au niveau des territoires des nerfs radial et médian (cf. bilan sensitif). Ces douleurs neurogènes sont côtées de 2,5 à 6 / 10 sur l’EVA au cours de la journée. Pour lutter contre les douleurs mécaniques, M. J prend du Dafalgan® quand le besoin s’en fait ressentir (3g par jour maximum) surtout à la période de remise en charge. Pour les douleurs neurogènes, le patient prend du Lyryca®, 600mg par jour. I.1.3 Bilan cutané, trophique et circulatoire Le patient a différentes cicatrices : - une ancienne sur toute la clavicule gauche, de type chéloïde, mais n’entraînant pas de douleur ni de déficit de mobilité ; - deux cicatrices punctiformes au niveau des faces médiale et latérale des condyles fémoraux gauche. La latérale est mobile, mais la médiale est adhérente ; - une cicatrice horizontale de 9 cm située au dessus de la crête iliaque, non douloureuse et non adhérente aux tissus sous-jacents. On observe une amyotrophie du MSG (figure 2), objectivée par la périmétrie des MS. L’amyotrophie au niveau de la main est partiellement masquée par un œdème mixte à prédominance veineuse (signe du godet positif). Le MIG est également amyotrophié (figure 2) mais ne présente aucun signe d’œdème. 2 Figure 2 : Amyotrophie des MI et MS côté gauche. I.1.4 Bilan articulaire Au MIG on retrouve principalement une flexion de genou limitée, la hanche est quant à elle surtout déficitaire en flexion, adduction, rotation externe (annexe 1). Au MSG l’épaule et le coude sont libres. Le poignet est limité en flexion, extension, inclinaisons radiale et ulnaire. Les doigts sont limités en flexion et en extension. L’opposition du pouce et l’ouverture de la première commissure présentent également un déficit d’amplitude (annexe 2). Les limitations d’amplitude sont d’origine musculaire et capsulo-ligamentaire. I.1.5 • Bilan musculaire Force musculaire Il y a une diminution globale de la force du MIG, qui est côté de 3 à 4 selon le testing de Daniels et Worthingam (annexe 3) [1]. Les muscles de l’épaule et le triceps brachial sont côtés à 4+, le biceps brachial et le muscle brachial sont côtés à 4. Le muscle brachio-radial est côté à 2+. Les muscles innervés par le nerf médian sont cotés à 1 et 1+. Les épicondyliens latéraux (nerf radial) sont à 1. Au niveau du nerf ulnaire les muscles sont côtés de 1+ à 3+ (annexe 4). • Extensibilité Il n’y a pas de diminution de l’extensibilité notable au MIG mais le patient présente une hypo-extensibilité des muscles fléchisseurs et extenseurs des doigts ainsi que des muscles propres du pouce. 3 I.1.6 Bilan sensitif [2,3] M. J décrit des dysesthésies de type engourdissement au niveau des territoires ulnaire, radial et médian, avec une prédominance des troubles sensitifs au niveau des territoires médian et radial (annexe 5). Les tests du pique-touche, de la statesthésie et de la kinesthésie révèlent des perturbations sur les territoires médian et radial. Le test chaud/froid, réalisé à l’aide de tubes à essais, révèle des perturbations au niveau médian, ulnaire et radial. Le signe de Tinnel permet de suivre la repousse nerveuse en dehors des signes sensitifs et moteurs. Du début à la fin de la prise en charge, ce signe a évolué de 4cm pour le nerf radial, ce qui correspond à la repousse nerveuse théorique de 1mm par jour. I.1.7 Bilan respiratoire Une exploration fonctionnelle respiratoire est effectuée pour vérifier la présence ou non de séquelles de l’hémopneumothorax. Le résultat (annexe 6) montre une légère diminution de la capacité vitale, sans conséquence fonctionnelle. Le patient ne se plaint jamais de dyspnée, même à l’effort. I.1.8 Bilan fonctionnel Le patient se déplace en fauteuil roulant manuel, réalise tous les transferts seuls. Il est indépendant pour la toilette, mais a cependant besoin d’aide pour couper de la viande ou encore mettre des boutons et des lacets. I.1.9 Bilan de l’appareillage M. J possède une orthèse de repos permettant de conserver l’ouverture de la première commissure et de mettre le poignet et les doigts en position de fonction (extension de 30°, légère inclinaison ulnaire du poignet, légère flexion des doigts, antéposition et opposition du pouce). Le patient a également une attelle dynamique lui permettant de faire fonctionner ses fléchisseurs des doigts indépendamment les uns des autres. Pour la marche M. J a une canne simple, son fauteuil roulant manuel est progressivement abandonné. 4 I.2 DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE M. J âgé de 27 ans a subit un AVP le 8 juin. Le bilan initial montre : • des anomalies de structure comme des douleurs mécaniques au MIG, neurologiques au MSG et des déficits articulaires et musculaires aux MSG et MIG. On observe une diminution importante de la sensibilité au niveau des territoires médian, radial et ulnaire ; • des dysfonctions telle qu'un déplacement en fauteuil roulant et un déficit de préhension le gênant dans les activités de la vie quotidienne ; • des perturbations situationnelles caractérisées par une hospitalisation au CRF de Valmante depuis le 23 juin 2009 et un arrêt de travail depuis trois mois. I.3 PRINCIPES ET PRECAUTIONS • ne pas être irritable ; • ne pas étirer le plexus brachial ; • respecter la fatigabilité du patient ; • veiller au port des attelles ; • surveiller fréquemment les éventuelles récupérations motrices et sensitives. I.4 OBJECTIFS THERAPEUTIQUES • lutter contre la douleur et les troubles trophiques ; • au MIG : gain d’amplitudes articulaires, de force, d’endurance et de vigilance musculaire ; • au MSG : éviter les déformations dues à la paralysie, améliorer les amplitudes articulaires et l’extensibilité musculaire, renforcer et éveiller les muscles faibles selon le testing ; • reprendre la marche et corriger les boiteries ; • éduquer le patient à des auto-mobilisations et des auto-étirements. II DESCRIPTION DES TECHNIQUES La prise en charge de Monsieur J s’effectue deux fois par jour, à raison de trente minutes par séances. Le patient a également une séance quotidienne en ergothérapie, ainsi que deux 5 séances de balnéothérapie par semaine. Pour compléter ce programme, M. J travail au gymnase sur cyclo-ergomètre et sur presse lorsque l’appui est autorisé. II.1 LUTTE CONTRE LES DEFICITS CUTANES ET CIRCULATOIRES • Levée des adhérences cutanées Le massage est la technique privilégiée pour redonner une mobilité cutanée normale. On utilise au niveau des zones d’adhérences (face médiale du genou gauche) des massages de types palper-rouler ou encore manœuvre de Wetterwald. [4] • Lutte contre l’œdème du MSG L’œdème étant à prédominance veineuse, les manœuvres de drainage veineux sont utilisées. Il s’agit de manœuvres en pressions glissées et en pressions étagées distoproximales, le membre en déclive. Les manœuvres en doigts de gants sont réalisées au niveau de la main. Le drainage veineux est associé à de la gymnastique abdominale hypopressive, qui consiste en la contraction du diaphragme en bloquant la glotte, donc sans entraîner d’inspiration. Cela créé un phénomène d’aspiration diaphragmatique qui augmente le retour veineux. La physiothérapie est également utilisée avec la mise en place d’un protocole de bains écossais. Pour cela sont utilisés deux bassins dans lesquels le patient peut immerger son bras jusqu’au dessus du coude. L’un est à 14°C, l’autre à 34°C. Le patient garde son avantbras immergé pendant 1 minute dans un bassin puis plonge rapidement son bras dans l’autre. Cette opération est répétée sur 5 minutes. On terminera toujours par l’eau à basse température. Cette technique permet de stimuler efficacement la vasomotricité, déficitaire de par la lésion nerveuse. Enfin on conseillera au patient de mettre son MSG en déclive, notamment lors du sommeil. II.2 LUTTE CONTRE LA DOULEUR La douleur au niveau de la hanche gauche est d’origine articulaire. Des pompages articulaires sont donc effectués au niveau de l’articulation coxo-fémorale. Ces pompages se font par des tractions répétées, de faibles amplitudes, dans le sens caudal mais également en direction du col fémoral. Le patient apprécie ces pompages qui soulagent la douleur, seulement momentanément. Au membre supérieur les douleurs neuropathiques ne peuvent être prises en charge en kinésithérapie, contrairement aux douleurs mécaniques au niveau 6 du carpe. Là encore, les pompages des articulations radio-carpienne et carpométacarpienne se révèlent efficaces. De plus ces pompages articulaires permettent une lubrification des articulations ainsi qu’une imbibition du cartilage. II.3 GAIN D’AMPLITUDE ARTICULAIRE • Mobilisations passives [5] Les mobilisations passives permettent un balayage articulaire tout en ayant un relâchement du patient. Dans le cas de M. J les amplitudes de flexion de hanche et de genou, d’adduction et de rotation latérale de hanche, sont particulièrement recherchées. On réalise notamment des mobilisations en triple flexion / triple extension du membre inférieur. Des mobilisations analytiques sont également réalisées en adduction et en rotation latérale, cela en extension puis en flexion de hanche. Au niveau du MSG les mobilisations concernent principalement le poignet et la main, en flexion, extension, inclinaisons. Ces mobilisations manuelles passives sont associées en fin d’amplitude à des mobilisations accessoires (spécifiques) de type roulement / glissement, avec traction préalable, afin d’étirer la capsule et les ligaments selon la physiologie de l’articulation. Par exemple pour réduire le flessum des articulations interphalangiennes proximales, on mobilise la deuxième phalange vers l’extension, puis on tracte et on réalise un glissement antérieur. • Étirements musculaires Les étirements musculaires au niveau du poignet et des doigts ont un double objectif : le gain d’amplitude articulaire et la prévention de la fibrose, qui est un risque majeur dans la paralysie du plexus brachial. Les muscles cibles sont : les long et court extenseurs radiaux du carpe, l’extenseur ulnaire du carpe, l’extenseur commun des doigts, l’extenseur de l’index, de l’auriculaire, les fléchisseurs profonds et superficiels des doigts, les fléchisseurs radial et ulnaire du carpe, le long palmaire et les muscle propres du pouce. Ces étirements se font de façon lente, en aucun cas on ne doit provoquer une douleur irritable. II.4 RENFORCEMENT ET VIGILANCE MUSCULAIRE Les exercices de renforcement sont précédés par des massages stimulants préparatoires à l’effort et sont conclus par des étirements passifs. Au MI les temps de travail musculaire et les temps de repos sont identiques, mais au MS les temps de repos sont plus importants pour préserver le potentiel de travail et ne pas épuiser les fibres musculaires. 7 II.4.1 Renforcement du MIG • Psoas-iliaque Le patient, assis au bord de la table, effectue des flexions alternées de hanches ; le rééducateur exerce des résistances adaptées (fatigue, douleur) au niveau de la face antérieur de la cuisse. Cet exercice ne sera pas réalisé trop longtemps car le psoas est alors en course interne, et il sera associé à des étirements en extension de hanche après l’exercice pour ne pas favoriser sa rétraction. • Quadriceps / ischio-jambiers Le patient est assis en bord de table, on lui demande des flexions et extensions de genou. Une résistance manuelle est apposée au-dessus de la cheville, face antérieure pour l’extension (quadriceps) et face postérieure pour la flexion (ischio-jambiers). Dans un premier temps on demande au patient de pousser contre la main qui résiste, pour effectuer un travail concentrique. Dans un second temps on demande au patient de tenir en extension de genou, ce qui permet son verrouillage par un travail isométrique du quadriceps. Enfin dans un troisième temps la consigne donnée au patient est de résister à l’action du rééducateur qui va entraîner des flexions et des extensions du genou. Cela demande un travail excentrique de ces muscles permettant un renforcement plus important par rapport aux modes concentrique et isométrique. • Moyen fessier Le patient est en décubitus latéral, la hanche supralatérale (gauche) en extension, l’autre en flexion pour plus de stabilité. Il lui est demandé d’exercer une abduction de hanche en rotation neutre. Cet exercice évolue au cours de la prise en charge, au début le mouvement se fait en actif aidé, puis en actif libre et enfin en actif résisté. De plus lorsque le patient arrive en fin d’amplitude, il lui est demandé de freiner la chute du membre. Ceci entraine un travail excentrique qui, d’une part exerce un renforcement plus important, et d’autre part replace le moyen fessier dans un mode de contraction physiologique de la cinétique de marche. Cela permet de réduire l’instabilité du bassin lors de la remise en appui et à la marche. • Grand fessier L’exercice du pont bustal permet un renforcement du grand fessier. Le patient, en décubitus dorsal et flexion de genou, soulève les fesses. Au fur et à mesure de l’avancée de la prise en charge, on peut associer une résistance au niveau des épines iliaques antéro8 supérieures. On passe alors d’un mode actif libre à un mode actif résisté. Dans l’évolution de cet exercice on demande au patient, lorsque la force le lui permet, de tendre une jambe. Il est alors en appui sur les épaules, la tête et sur un seul pied, ce qui augmente encore la difficulté. De plus lorsque le patient est en position (sur une ou deux jambes selon l’avancée de la rééducation) on effectuera des résistances rythmées au niveau du genou vers l’adduction. Cela stimule la vigilance du moyen fessier et sa réactivité. II.4.2 Diagonales de Kabat [2,3,6] Les diagonales de Kabat (annexe 7) sont utilisées dans un but différent au MSG par rapport au MIG. L’objectif au MI est un renforcement global dans des schèmes fonctionnels. Au MS l’objectif est de renforcer les muscles distaux, faibles, en utilisant le débordement d’énergie des muscles proximaux, forts. Les mouvements complexes et volontaires demandés au patient lors des chaînes de Kabat mettent en jeu un contrôle proprioceptif. Les stimulations verbales, visuelles et tactiles, les étirements musculaires, les résistances adaptées ainsi que le contrôle actif du positionnement articulaire permettent un recrutement maximal des muscles faibles. Les diagonales utilisées sont choisies en fonction du testing musculaire. Les résistances sont maximales en proximal afin d’obtenir une irradiation efficace vers le distal. Les mouvements distaux actifs étant très minimes, voire inexistants selon les myotomes, le thérapeute accompagne donc le poignet et les doigts de façon passive. Un contrôle visuel est demandé au patient ce qui permet d’entretenir son schéma corporel. Les chaînes stimulant les extenseurs du poignet et de doigts sont privilégiées par rapport à celles stimulant les fléchisseurs. Cela permet d’éviter un déséquilibre agonistes / antagonistes qui augmenterait les déformations. Pour permettre une irradiation vers les extenseurs de poignet et des doigts on utilise la diagonale D-C avec un pivot de coude (départ en flexion de coude et arrivée en extension), pour utiliser le triceps dans toute sa course et permettre une meilleure irradiation. La diagonale A-B permet également le travail des extenseurs, avec l’aide de la pesanteur en fin de mouvement. Les quatre chaînes seront néanmoins utilisées lors de la rééducation car l’ensemble des muscles de l’avant-bras et de la main sont déficitaires. Les modes de contraction varient lors des séances et nous réalisons des inversions lentes ainsi que des stabilisations rythmées pour recruter un maximum d’unités motrices. 9 II.4.3 Chaînes axio-périphériques [2,3] Les chaînes axio-périphériques permettent, à l’instar des diagonales de Kabat, un débordement d’énergie des muscles forts vers les muscles faibles. La position du patient peut varier de la position assise, genoux dressés et chevalier servant. Le rééducateur exerce des poussées déstabilisantes dans différentes directions, avec une résistance au niveau de la tête. Une poussée vers l’avant stimule la chaîne postérieure et donc les extenseurs du coude, du poignet et des doigts. Une poussée vers la droite stimulera également les extenseurs du poignet et des doigts avec un débordement d’énergie du deltoïde et du triceps. Les contractions doivent être tenues au moins 10 secondes pour une irradiation efficace. II.4.4 Travail proprioceptif L’objectif de ce travail est d’augmenter la stabilité du membre inférieur et donc de diminuer les risques de chute et de mouvements douloureux. Ce travail est commencé lorsque l’appui total est autorisé, une semaine après le début de la prise en charge. La mise en application de ces exercices se fait en appui unipodal. Dans un premier temps il est demandé au patient de tenir cet appui unipodal avec aide, puis sans aide. Ensuite lorsque cette position est acquise on crée des auto-déséquilibres : en réalisant des flexions et extensions du membre inférieur, en demandant au patient de venir toucher la main du rééducateur placée devant lui, sur les cotés, ou encore en faisant rouler un ballon d’avant en arrière et sur les cotés avec le membre inférieur controlatéral. II.5 REMISE A LA MARCHE La reprise de la marche s’est faite de façon naturelle après l’accord du médecin. Le patient ne présente pas de trouble majeur. Une légère chute du bassin due à l’insuffisance du moyen fessier est corrigée en renforçant ce muscle majeur de la cinétique de marche. L’exercice du pas pelvien est également employé pour corriger ce défaut de marche. Une canne simple est utilisée pour diminuer les pressions au niveau de l’articulation coxofémorale. Au début de la remise en appui, M. J ne marche qu’entre les barres puis rapidement avec la canne simple. L’adaptation se fait bien pour les courts déplacements dans la chambre. Il est ensuite autorisé à marcher seul dans les couloirs du centre. Le périmètre de marche augmente rapidement et M. J peut aller manger dans la salle commune (200m) sans son fauteuil au bout de deux semaines de remise en charge. La reprise des escaliers se passe bien également. La montée et la descente s’effectuent marche 10 par marche en utilisant la jambe droite pour monter et la jambe gauche pour descendre. A la fin de la prise en charge, M. J est capable d’enchaîner les marches. II.6 BALNEOTHERAPIE Outre les bains écossais réalisés pour stimuler la vasomotricité du MSG, M. J va en piscine deux fois par semaines. Ces séances permettent une détente musculaire et une relaxation propices au gain d’amplitude articulaire. Des mobilisations manuelles passives sont réalisées en position de détente avec le membre immergé. Grâce à la poussée d’Archimède le patient peut marcher en limitant les contraintes de compressions au niveau de l’articulation coxo-fémorale et avoir ainsi un schéma de marche équilibré. La balnéothérapie est également choisie pour travailler la proprioception du MIG en appui unipodal, grâce aux déséquilibres provoqués par les turbulences de l’eau. II.7 EDUCATION DU PATIENT [2,3] Les conséquences et les éventuelles séquelles des fractures du bassin et de la paralysie sont expliquées au patient. Par exemple en lui montrant les radiologies du bassin on peut lui expliquer qu’il risque d’avoir des douleurs résiduelles ; mais aussi que la tête du fémur risque de s’user rapidement, générant de l’arthrose. Il doit s’attendre à avoir une prothèse de hanche de façon plus précoce que pour un individu arthrosique lambda. La paralysie du plexus brachial nécessite une rééducation au long cours. Il est donc important d’impliquer le patient dans sa rééducation. Les déficits d’amplitude du membre lésé apparaissent progressivement, il faut donc l’éduquer à des auto-mobilisations et des auto-étirements afin de conserver les bénéfices de la kinésithérapie. Les mobilisations du poignet et des doigts sont assez simples à comprendre par le patient et une vérification de la réalisation de ces mouvements montre que cela est fait dans de bonnes conditions. Les étirements musculaires, primordiaux pour la lutte contre la fibrose, sont un peu plus compliqués car ils mettent en jeu plusieurs articulations dans différentes positions. Les positions lui sont donc expliquées (tableau I) et montrées, ainsi que le ressenti normalement obtenu. Ces étirements se font avec le coude tendu. Les notions de prono-supination, d’inclinaison radiale et ulnaire sont également expliquées. Tableau I : positions d’étirement des muscles de l’avant-bras, expliquées au patient. 11 Poignet LERC CERC EUC ED, (du II) FRC FUC FPD, FSD Flexion, Flexion, Flexion, Flexion, Extension, Extension, Extension, pronation, i. pronation pronation, pronation ulnaire doigts Libres Libres supination, i. pronation, i. supination, i. radiale ulnaire ulnaire i. radiale Libres Flexion, Libres Libres Extension (flexion de l’index) II.8 TRAVAIL EN ERGOTHERAPIE Le travail en ergothérapie insiste sur la prise en charge du membre supérieur lésé. Des postures sur plateau canadien sont effectuées, notamment pour l’ouverture de la première commissure. Les adaptations et corrections de l’appareillage sont réalisées pour conserver les gains éventuels d’amplitude articulaire, et vérifier que les orthèses ne blessent pas. De plus un gros travail de préhension est entrepris, ainsi que le développement des compensations qui permettent de gagner en autonomie. Enfin M. J travaille sa sensibilité par des exercices de ressenti, avec des objets de différentes tailles, poids et matières ; cela les yeux ouverts pour voir ce qu’il touche, puis les yeux fermés pour développer ses sensations. III DISCUSSION III.1 RESUMES D’ARTICLES Bleton JP, Les troubles trophiques et vasomoteurs dans les atteintes neurogènes périphériques. KS, 2006, n°470, 57-8. [7] 12 En dehors des signes moteurs et sensitifs présents dans les syndromes neurogènes périphériques, les troubles trophiques vont également compliquer la prise en charge et l’évolution du patient. Les muscles, les tendons, les aponévroses, les téguments et le système vasomoteur sont perturbés. L’amyotrophie est présente rapidement après le traumatisme ayant engendré la paralysie. Cette atrophie est accompagnée par des rétractions fibreuses et des adhérences qui vont diminuer l’extensibilité des muscles touchés. Le massage, la mobilisation et les stimulations myo-électriques freinent son évolution. La peau devient quant à elle lisse, sèche et fibreuse donc plus difficile à mobiliser. S’il y a atteinte sensitive aux membres inférieurs, un mal perforant plantaire peut apparaître en cas de port de chaussures non adaptées. La réduction ou la suppression de l’appui plantaire devient alors nécessaire en plus du traitement médical. La paralysie vasomotrice accompagne les paralysies étendues. Cela provoque la cyanose des téguments. La circulation est moins active donc la température locale diminue, et des œdèmes de stase peuvent apparaître. La thermothérapie, le massage et les bas ou gants compressifs améliorent la vasomotricité grâce à l’hyperémie. Le tissu conjonctif (aponévroses, tendons, capsules) se rétracte, les gaines synoviales s’épaississent et favorisent les adhérences. Ces phénomènes peuvent aller jusqu’à la sclérose des articulations touchées. Crépon F, Électrostimulation des muscles dénervés, 1. Procédure de traitement simplifiée. KS, 2004, n°440, 55-6. [8] Le muscle dénervé réagit différemment des muscles sains aux électrostimulations. Sa chronaxie augmente donc le muscle dénervé répond à une impulsion rectangulaire de plus longue durée. On considère qu’un muscle est dénervé si sa chronaxie est supérieure à 5ms. Une simple secousse doit être recherchée et il est absolument contre-indiqué de tétaniser le muscle par l’électrostimulation. Une stimulation raisonnée et adaptée permettrait selon différents auteurs d’entretenir la trophicité et la contractilité, de prévenir la fibrose et de favoriser l’éveil proprioceptif des muscles. Du fait de l’augmentation de la chronaxie, un compromis entre l’efficacité et le confort de la stimulation doit être trouvé. Pour régler la durée d’impulsion on applique des impulsions rectangulaires (moins désagréables) de 100ms. On augmente l’intensité de la stimulation jusqu’à obtenir une réponse musculaire. Ensuite avec cette intensité on diminue progressivement la durée d’impulsion ; lorsque la réponse musculaire disparaît on augmente a minima cette durée pour les séances quotidiennes qui suivront. Le nombre de stimulations doit être inférieur à dix par jour avec au moins une seconde de temps de repos. La durée et l’intensité des stimulations seront 13 ajustées tout au long de la prise en charge. L’auteur de l’article préconise donc la stimulation des muscles dénervés avec des courants d’impulsion rectangulaire, d’une durée et d’une intensité qui auront été recherchées lors de la première séance d’électrothérapie. Crépon F, Électrostimulation des muscles dénervés, 2. Polarité des impulsions et techniques complémentaires. KS, 2004, n°444, 53-4. [9] Cet article est dans la continuité du précédent. Il précise la différence entre les différentes polarité des impulsions unidirectionnelles ainsi que l’intérêt des techniques complémentaires dans la prise en charge d’une atteinte périphérique. Les impulsions unidirectionnelles à polarité fixe stimulent en direction de la même électrode à chaque impulsion, ce qui permet de cibler précisément une zone d’un muscle. A contrario les impulsions à polarité alternée permettent la contraction d’un muscle dénervé dans son ensemble. Mais l’auteur nous fait également part de l’intérêt d’associer à l’électrostimulation des mouvements imaginés ou réalisés si le muscle est partiellement dénervé, afin d’entretenir le schéma moteur. Les mobilisations passives sont également préconisées, à l’instar de l’électrostimulation, dans le traitement prophylactique de la fibrose du muscle dénervé. Cependant les impulsions unidirectionnelles présentent des risques de brûlures chimiques des tissus. Il convient donc de respecter le nombre maximale de stimulations à ne pas dépasser, c’est à dire dix par jour maximum ; de surveiller pendant la séance l’état cutané de la peau. ; d’utiliser des électrodes recouvertes par un sachet spongieux bien humidifié. Dès qu’un signe d’intolérance apparaît on doit arrêter la séance. Fraudet J, Apprentissage d’une diagonale de Kabat. KS, 2007, n°474, 43 à 46. [10] La méthode de Kabat utilise des mouvements complexes à faire réaliser par le patient. Il est donc primordial que l’apprentissage soit bien réalisé pour que cette méthode soit efficace. La réalisation de l’exercice ainsi que son intérêt sont expliqués au patient. Comme les mouvements mis en jeu sont sur trois articulations et dans différents plans, des mouvements passifs préalables sont effectués pour une bonne compréhension et un bon ressenti du geste. Les ordres verbaux permettent de stimuler et de guider le mouvement. Le choix des mots doit être adapté, des mots simples et compréhensibles par le patient sont utilisés. L’attention doit être stimulée pour corriger ou compléter un mouvement, grâce aux stimulations verbales et tactiles (feedback). La résistance du thérapeute doit être adaptée, il ne faut pas commencer directement par une résistance maximale sous peine de décourager 14 le patient. Le thérapeute se doit d’être patient et pédagogue lorsqu’une personne ne comprend pas bien l’exercice à réaliser. Il faut s’assurer que le patient perçoive bien les informations sensitives qu’on lui donne. Il est intéressant de le faire verbaliser sur ce qu’il a ressenti pendant l’exercice. Plusieurs notions sont ainsi mises en évidence pendant l’apprentissage de la diagonale de Kabat : le temps, l’environnement (matériel et humain), la représentation du mouvement, le couplage perception-action (pour améliorer la coordination du geste), l’adaptation (en fonction des expériences antérieures, de la mémorisation du mouvement), l’expérience corporelle (après un accident, une maladie). III.2 REFLEXION PERSONNELLE La prise en charge de M. J s’est déroulée à raison de deux séances d’une demi heure par jour. Cela permet de faire une séance consacrée au MSG et une autre au MIG et à la marche. La paralysie du plexus brachial provoque des déficits moteurs et sensitifs mais également des troubles trophiques (article 1). Ce dernier point n’est pas à négliger lors de la rééducation. L’utilisation des bains alternés a permis de faire diminuer l’œdème au niveau de la main, et le patient se sent « plus léger » après les séances. Les conseils de mise en déclive du MSG pendant la nuit ont été bien suivis car le patient a ressenti les bienfaits de cette position. La lutte contre la fibrose musculaire est primordiale dans les paralysies. En effet les muscles deviennent hypo-extensibles, ce qui provoque des limitations d’amplitudes articulaires. Les articulations ainsi restreintes ne vont plus dans les derniers degrés de mobilité et les raideurs d’origines capsulo-ligamentaires s’installent rapidement (article 1) après avoir été d’origine musculaire. Le travail articulaire passe donc par de la prévention au niveau musculaire et par des mobilisations accessoires lorsque les rétractions sont installées. C’est le cas chez M. J au niveau du poignet et des doigts. Un travail spécifique a donc été mis en place pour réduire les flessums des articulations interphalangiennes. Malgré ce travail les amplitudes articulaires n’ont pas forcement augmentées, néanmoins les déformations n’ont pas empirées lors de ma prise en charge. L’utilisation de l’électrothérapie sur des muscles dénervés semble être un bon adjuvant à la rééducation classique (article 2-3). Il faut pour cela avoir un appareil émettant des stimulations électriques particulières : courants rectangulaires de longue durée et d’intensité suffisante. Tout autre courant appliqué sur les fibres dénervés est délétère pour le muscle. Malheureusement le CRF Valmante possède des appareils d’électrothérapie ne délivrant pas ce genre de courants. Il était donc impossible d’utiliser cet adjuvant de la prise en charge masso-kinésithérapique. 15 Lors de la rééducation de M.J la méthode de facilitation neuromusculaire par la proprioception a été une technique privilégiée (article 4). Les diagonales de Kabat ont été utilisées au MS comme au MI. Au MIG il s’agit de renforcer le membre dans son ensemble, en utilisant les chaînes musculaires diagono-spiralées. Elles replacent le membre dans des schèmes fonctionnels. L’ensemble du MIG présente des déficits musculaires, donc les quatre diagonales décrites par Kabat présentent un intérêt dans la prise en charge de M. J. Ce travail permet également un contrôle proprioceptif de la hanche en particulier. Ce contrôle est primordial lors de la reprise de l’appui et de la marche. Au niveau du MSG l’objectif est d’utiliser le débordement d’énergie des muscles forts proximaux pour irradier vers les muscles faibles distaux. Les séances de kabat sont appréciées par le patient qui dit avoir « l’impression que sont bras et sa main travaillent bien ». L’apprentissage de ces exercices n’a pas été compliqué avec M. J qui a compris les mouvements demandés rapidement, grâce aux explications et aux stimulations verbales et tactiles (article 4). Les techniques d’inversions lentes et de stabilisations rythmées ont pues être utilisés, ce qui a augmenté le panel d’exercices proposés lors de la réééducation. Cela permet de varier les séances et donc de stimuler le patient différemment tout au long de la prise en charge. 16 CONCLUSION Les déficits articulaires du MIG sont complètements réduits, les amplitudes articulaires sont comparables au membre opposé. La force et l’endurance du MIG sont nettement améliorées, et permettent au patient de se déplacer avec une canne simple sur un périmètre illimité. Les escaliers ne pausent pas de difficulté à M. J. Ces résultats permettent au patient de pouvoir retourner au domicile, il passe donc en hôpital de jour le 7 octobre 2009. La cinétique de marche est perturbée par les douleurs à l’appui. Cependant ces douleurs diminuent avec le temps, elles sont passées de 4 à 2 / 10 sur l’EVA. On peut supposer qu’elles vont continuer à diminuer. Les objectifs à moyen terme pour le MIG sont de continuer à renforcer les muscles et leur vigilance. La canne simple sera progressivement abandonnée avec la fin des douleurs de la hanche. A long terme il faudra surveiller l’évolution de cette articulation, car la tête fémorale risque de s’user prématurément au vue des déformations causées par les fractures. Concernant le MSG la rééducation et la récupération motrice et sensitive dépendent de la repousse nerveuse. La prise en charge a permis de stabiliser les amplitudes articulaires du poignet et de la main. Le potentiel fonctionnel que l’ont pourra obtenir à long terme ne peut pas être prédit et il se peut que des séquelles soient présentes. Pour les éviter, un objectif important à moyen terme est l’entretien articulaire et musculaire tant que la repousse nerveuse est en cours. Le travail des préhensions doit être poursuivi pour développer le potentiel fonctionnel de M. J. Les objectifs à long terme sont dépendants de la récupération nerveuse, il faudra développer les compensations si les séquelles sont importantes et voir si l’exercice de sa profession peut être adapté aux capacités du patient. Si la récupération est totale il faudra du temps pour retrouver une force musculaire, une fluidité dans les mouvements ainsi que des préhensions efficaces, comparables aux capacités antérieures. 17 BIBLIOGRAPHIE 1. Hislop H, Montgomery J. Le bilan musculaire de Daniels et Worthingham. Paris, Masson, 7e éd., 2006 2. BRUGE.C; Neurologie périphérique chez l’adulte et réadaptation, Paris, Masson, 1ière édition, 1991, 17 à 51 3. Dumontier C, Froissart MT, Dauzac C, Monet J et Sautet A. Prise en charge et rééducation des lésions nerveuses périphériques. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 26-465-A-10, 2002, 15 p. 4. Dufour M, Massages, Traité de Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 26100-A-10, 1996. 5. Pierron G, Leroy A, Dupré JM. Mobilisations passives des articulations périphériques. Traité de Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation : 26-074-A-10, 1995, 10-6 6. VIEL.E, la méthode de Kabat, facilitation neuromusculaire par proprioception, Paris, Masson, 3ième édition, 1978. 7. Bleton JP, Les troubles trophiques et vasomoteurs dans les atteintes neurogènes périphériques. KS, 2006, n°470, 57-8. 8. F, Électrostimulation des muscles dénervés, 1. Procédure de traitement simplifiée. KS, 2004, n°440, 55-6. 9. Crépon F, Électrostimulation des muscles dénervés, 2. Polarité des impulsions et techniques complémentaires. KS, 2004, n°444, 53-4. 10. FRAUDET.J. Apprentissage d’une diagonale de Kabat. KS, 2007, n°474, 43 à 46. . ANNEXES ANNEXE 1 MEMBRE INFERIEUR DROIT 02/09/09 110 15 40 30 60 40 140 0 09/10/09 110 15 40 30 60 40 140 0 MEMBRE INFERIEUR GAUCHE HANCHE FLEXION EXTENSION ROTATION MEDIALE 02/09/09 80 10 35 10 30 35 09/10/09 110 15 40 30 50 40 GENOU FLEXION EXTENSION 110 0 140 0 ABDUCTION ADDUCTION ROTATION LATERALE Observations : les rotations sont mesurées en flexion de hanche. La cheville et le pied ne présentent pas de limitation articulaire. ANNEXE 2 BILAN ARTICULAIRE MEMBRE SUPERIEUR DROIT 02/09/09 09/10/09 175 50 150 30 45 90 175 50 150 30 45 90 MEMBRE SUPERIEUR GAUCHE Date EPAULE 02/09/09 09/10/09 FLEXION 175 50 150 30 45 90 175 50 150 30 45 90 0 155 90-85 0 155 90-85 55 65 40 10 65 70 50 15 EXTENSION ABDUCTION ADDUCTION ROTATION EXTERNE ROTATION INTERNE COUDE 0 155 90-90 0 155 90-85 90 80 55 40 90 80 55 40 MP : 80-0 IP : 80-0 MP IPP IPD 90-0 90-0 90-0 90-0 110-0 110-0 110-0 110-0 85-0 85-0 85-0 85-0 EXTENSION FLEXION SUPINO-PRONATION POIGNET FLEXION EXTENSION INCLINAISON ULNAIRE INCLINAISON RADIALE POUCE DOIGT 2 3 4 5 MP : 50-20 IP : 70-0 MP IPP IPD 90-0 90-0 90-0 90-0 110-10 110-10 110-10 110-10 60-0 85-0 50-10 40-10 Commentaires : pour le pouce et les doigts longs : flexion-flessum. Lors du bilan final les flessums ne sont pas réduits. Les amplitudes de flexion du pouce ont gagnées 10°. ANNEXE 3 Évaluation musculaire des MI d’après le testing de Daniels et Wothingham. DROITE Dates 02/09/09 09/10/09 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 02/09/09 HANCHE extension flexion abduction adduction rotation interne rotation externe GENOU Extension Flexion PIED Flexion dorsale Flexion plantaire ORTEILS Flexion GAUCHE Dates 09/10/09 4 43 2+ 3+ 3+ 4+ 4+ 4 44 4 3+ 3+ 4+ 4+ 4 4 4+ 4+ 4 4+ ANNEXE 4 Évaluation musculaire des MS d’après le testing de Daniels et Worthingham. 02/09/09 09/10/09 RACINES NERF 4 4+ C5-C6 C5-C6 Plexus Plexus 4 4 4 4+ 4+ 4+ C5-C6 C5-C6 C5-C6 Plexus Plexus Axillaire Coracobrachial Biceps brachial Brachial 4 4 C5-C6 4 4 C5-C6 4 4 C5-C6 Triceps brachial Anconé 4 4+ C7-C8 Musculocutané Musculocutané Musculocutané Radial NT NT C7-C8 Radial 2 2+ (C5) C6 Radial 1 1 1 1 1+ 1+ 1+ 1 C6-C7 (C6) C7-C8 C6-C7 C7-C8 Radial Radial Radial Radial 1 1 C7-C8 Radial 1 1 C7-C8 Radial 1 1 C7-C8 Radial 1 1 C7-C8 Radial 1 1 C7-C8 Radial 1 1+ C6-C7 Médian 1+ 1+ 1+ 2 1+ 1+ C6-C7 C6-C7-C8 C6-C7-C8 Médian Médian Médian 1 1+ 1 1+ C7-C8 C8 (T1) Médian Médian EPAULE subscapulaire Supraépineux Infra-épineux Grand rond Deltoïde BRAS AVANTBRAS Brachioradial LERC CERC Supinateur Long abducteur du I Court extenseur du I Long extenseur du I Extenseur du II Extenseur des doigts Extenseur du V Rond pronateur FRC EUC Long palmaire FSD Carré pronateur Long fléchisseur du pouce FUC FPD 1 1 C7-C8-T1 Médian 3+ 3+ 4 4- C7-C8-T1 C8-T1 Ulnaire Médian Ulnaire 1 1 C8-T1 Médian 1 3+ 1 4- C8-T1 C8-T1 Médian Médian Ulnaire 3+ 4- C8-T1 2 2 2 2 C8-T1 C8-T1 Médian Ulnaire Ulnaire Ulnaire NT NT C8-T1 Ulnaire 3- 3- C8-T1 Ulnaire 3- 3- C8-T1 Ulnaire 3- 3- C8-T1 Ulnaire MAIN Court abducteur du I Opposant du I Court fléchisseur du I Lombricaux IOD-IOP Adducteur du I Court palmaire Abducteur du V Court fléchisseur du V Opposant du V NT : non testé ANNEXE 5 ANNEXE 6 Rapport spirométrique de l’exploration fonctionnelle respiratoire ANNEXE 7 Les positions articulaires des diagonales de Kabat POSITION EPAULE A Extension / Adduction / rotation médiale Flexion / Abduction / Rotation latérale COUDE POIGNET Flexion ou Flexion / Inclinaison Extension / ulnaire / Fermeture Pronation de la main B Flexion ou Extension / Extension / Inclinaison radiale / Supination Ouverture de la main C Extension / Flexion ou Extension / Abduction / Rotation Extension / Inclinaison ulnaire / médiale Pronation Ouverture de la main D Flexion / Adduction Flexion ou Flexion / Inclinaison / Rotation latérale Extension / radiale / Fermeture Supination de la main Viel E, la méthode de Kabat, facilitation neuromusculaire par la proprioception, Paris, Masson, 3e édition. 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