Situation économique et financière de Singapour
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Situation économique et financière de Singapour
Situation économique et financière de Singapour 1. Une position stratégique au cœur de l’Asie du Sud-Est Petit pays dépourvu de ressources naturelles, Singapour est au 3ème rang mondial par son PIB par habitant mesuré en parité de pouvoir d’achat (77 000 USD). Plate-forme commerciale en raison de sa position stratégique au cœur de l’Asie du Sud-Est et à l’entrée du détroit de Malacca, l’économie singapourienne est très ouverte (taux d’ouverture de 180%) et se caractérise par un poids très élevé des réexportations (½ des exportations totales). Ses échanges sont majoritairement intra-asiatiques (plus de 2/3 des exportations), mais le pays reste dépendant du G3 (zone euro, Japon et Etats-Unis représentent ensemble 18% des débouchés directs). L’économie repose sur trois piliers : l’industrie manufacturière et la construction (22,2% du PIB en 2014), les activités de commerce, de logistique et de communication (26,8%), ainsi que les activités financières et les services aux entreprises (26,7%). Ces secteurs sont soutenus par un système financier moderne (3ème marché mondial du change, 1ère place financière d’ASEAN, actifs du secteur bancaire équivalents à 575% du PIB), une dynamique commerciale étroitement liée à la fonction prééminente du port (2ème mondial) et un cadre règlementaire conforme aux normes internationales. 2. Un rebond de l’activité en 2013, suivi de performances modestes en 2014 Après avoir été affectée en 2012 par une conjoncture internationale défavorable, l’activité a rebondi plus rapidement qu’anticipé en 2013, avec une croissance du PIB de 4,4%. Si cette tendance s’est prolongée au T1 2014 avec une croissance de 4,6%, le taux de croissance de la cité-Etat a ralenti sur les trois derniers trimestres (2,3%, 2,8% et 2,1%), portant la croissance de l’année à 2,9%, en raison du ralentissement économique chinois et de l’atonie de la demande mondiale. En 2015, la croissance atteindrait selon les autorités entre 2% à 4%, avec d’importants risques baissiers. En raison du degré d’extraversion de l’économie singapourienne, une nouvelle dégradation de la conjoncture internationale, par exemple sous la forme d’un ralentissement marqué de la Chine (11,8% des exportations singapouriennes) ou d’un choc macroéconomique ou financier au sein de l’ASEAN, aurait des répercussions négatives sur les entreprises exportatrices déjà fragilisées. Sur le plan intérieur, des turbulences sur les marchés financiers et une remontée du coût du crédit auraient un impact sur la consommation des ménages et sur l’investissement. La dernière enquête de conjoncture de l’Autorité monétaire de Singapour auprès des prévisionnistes de la place confirme la mollesse du climat des affaires et le consensus pour 2015 projette un taux de croissance du PIB de 2,8% désormais. 3. Les autorités souhaitent soutenir l’activité par expansionniste et une inflexion de la politique monétaire un budget Ces risques baissiers expliquent le policy mix mis en œuvre par les autorités. En effet, le budget 2015 devrait être déficitaire de 1,7% du PIB (contre un quasi-équilibre budgétaire sur l’année fiscale 2014). Il s’agit du budget le plus expansionniste depuis la crise de 2008-2009. La progression marquée (+19,3%) des dépenses de fonctionnement et d’investissement vise notamment à : i) améliorer les compétences des Singapouriens ; Juillet 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE A SINGAPOUR SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 1 ii) promouvoir l’innovation et l’internationalisation des entreprises ; iii) favoriser l’investissement dans les infrastructures publiques ; iv) soutenir les personnes les plus vulnérables (retraités et familles à bas revenus). Dans un contexte de ralentissement de la croissance et de tensions déflationnistes (inflation de -0,3% en moyenne sur janvier-février 2015, après 1% en 2014 et 2,4% en 2013), l’Autorité monétaire de Singapour a annoncé fin janvier un léger assouplissement de sa politique monétaire, inchangée depuis avril 2012, en réduisant la pente de la bande de fluctuation du taux de change effectif nominal (principal instrument de sa politique). Cette inflexion, qui vise à contenir l’appréciation du dollar singapourien en termes réels et la montée des anticipations inflationnistes, intervient dans la foulée des décisions des autres banques centrales notamment asiatiques. 4. Une transition difficile vers un nouveau modèle de croissance dans un contexte de pénurie grandissante de main-d’œuvre La crise financière internationale de 2008-2009 a rappelé la forte dépendance externe de Singapour, non seulement en termes d’exportations rapportées au PIB, mais aussi compte tenu du poids élevé de la maind’œuvre importée (un tiers) et des IDE entrants (21,4% du PIB en 2013). Cette dépendance résulte d’un modèle de croissance encore très extensif, caractérisé par une faible productivité du travail dans les secteurs des services et de la construction, avec des gains inférieurs à ceux d’autres économies asiatiques comparables (Corée du sud et Taiwan) et quasi-nuls depuis le milieu des années 2000. Dans un contexte de démographie vieillissante et de plein emploi (taux de chômage de 2% en 2014), les autorités ont réitéré, par la publication d’un livre blanc, la priorité qu’elles donnent au rehaussement de la productivité du travail, avec un objectif de croissance annuelle de cet indicateur de 2% à 3% d’ici 2020, contre 1% par an sur la décennie écoulée. Elles souhaitent en outre renforcer le niveau de qualification de l’ensemble de la population active et préserver le rôle de « hub » international de la cité-Etat. En dépit des mesures adoptées (aides ciblées aux PME, renforcement du dispositif de crédit à la productivité, formation de la main d’œuvre), les résultats restent pour l’instant décevants : la productivité du travail a en effet décru de 0,2% en 2013. Or, le durcissement des conditions d’obtention d’un permis de travail pour un salarié étranger contribue au renchérissement du coût d’implantation déjà très élevé à Singapour. La vive concurrence avec les autres places asiatiques (Hong Kong, Shanghai) pour attirer les investisseurs et les capitaux étrangers devrait pousser le gouvernement à infléchir cette politique pour préserver l’attractivité de la cité-Etat. Outre la réaffirmation des orientations stratégiques de sa politique économique (création de valeur fondée sur une expansion à l’extérieur des frontières, en particulier en Asie, positionnement comme pôle d’excellence pour les services financiers et non financiers), Singapour parie aussi sur une montée en gamme de son secteur manufacturier et sur une diversification de son tissu économique. D’importants investissements sont réalisés dans les secteurs pharmaceutique, chimique ou biomédical, avec des efforts de R&D (2,1 % du PIB, les ¾ provenant du secteur privé) et de ressources humaines. L’expérimentation constante de politiques publiques, héritage clef de Lee Kuan Yew, dote Singapour d’une une forte capacité d’adaptation. 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