SICILE MONREALE
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SICILE MONREALE
SICILE MONREALE Celle qu’on a pu appeler “la plus belle église du monde” faisait partie d’un vaste ensemble qui comprenait outre la cathédrale, un monastère bénédictin v et le palais royal, devenu aujourd’hui un séminaire. Ce joyau de l’architecture réunit en une fusion exceptionnelle des éléments qui appartiennent à l’art byzantin, à l’art arabe et à l’art normand. v De ce monastère il ne reste que le cloître, parfaitement conservé, et une grande salle, peut-être le dortoir des moines. LE CHEVET EXTÉRIEUR ABSIDE CENTRALE En opposition avec la richesse de la décoration intérieure, l’extérieur du bâtiment est très sobre. Seules les absides du chevet reçurent une ornementation d’arcs entrecroisés, de rosaces et de motifs géométriques, réalisée par l’incrustation de pierres calcaires et volcaniques. Elle est dominée par la représentation en buste du Christ Pantocrator bénissant. Le transept droit accueille les sarcophages en porphyre de Guillaume Ier et de Guillaume II. PORTAIL LATÉRAL La porte en bronze, réalisée en 1179 par Barisano da Trani, dont les basreliefs représentent des saints, est influencée par l’art oriental. LE CLOÎTRE Il est entouré d’un portique à arcades soutenues par 114 paires de colonnes aux chapiteaux tous différents. L’INTÉRIEUR Les trois nefs sont ornées de mosaïques à fond doré, de style byzantin (fin 12e - milieu du 13e s.) représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament LE LAVABO Dans cet angle du cloître, une enceinte carrée entoure une petite fontaine. PORTAIL CENTRAL La porte en bronze, d’inspiration occidentale, est réalisée en 1186 par Bonanno da Pisa. Les 42 panneaux représentent des scènes bibliques. v Le réemploi de colonnes et chapiteaux antiques n’est pas une mesure d’économie, mais une volonté délibérée, pour démontrer ainsi la suprématie du christianisme. UNE CATHÉDRALE ROYALE En ordonnant cette construction, Guillaume II avait une intention bien précise : celle de créer à Monréale un complexe politique et religieux comparable à celui de Sainte Sophie de Constantinople. Edifiée avec une très grande rapidité, probablement de 1172 à 1185, la cathédrale montre une remarquable unité. Son plan est en croix latine à 3 nefs, séparées par des colonnes antiques v ; la croisée du transept, sans coupole, est simplement délimitée par des arcades en arc brisé. Massive et imposante (102m de long à l’intérieur), elle est résolument sobre, sauf pour les trois absides qui devaient susciter, par leur riche décoration, la surprise et l’admiration des voyageurs venant de Palerme. UNE SIESTE MIRACULEUSE Le jeune roi normand Guillaume II, dit le Bon, avait l’habitude de chasser dans les collines boisées qui dominent Palerme. D’après la légende, un jour qu’il se reposait sous un caroubier, la Vierge lui apparut en rêve et lui demanda de faire construire à cet endroit une église en son honneur. Elle n’oublia pas de lui indiquer aussi l’endroit où son père, Guillaume Ier le Mauvais, avait caché un trésor, ce qui permit de financer les travaux…! Le jeu savant des arcs et des rosaces du chevet extérieur, créé par l’orangé du calcaire et le brun sombre de la lave. LES MOSAÏQUES : LA BIBLE EN BANDE DESSINEE “A Monréale, à Cefalù, l’influence arabe est moins forte qu’à Palerme. L’abbaye de Monréale, la cathédrale de Cefalù sont des églises romanes décorées à la byzantine. La mosaïque y flamboie dans toute sa splendeur. Qu’on s’imagine une de nos cathédrales historiée de bas en haut comme les pages d’une bible resplandissante”. Ernest Renan, Vingt jours en Sicile, 1875 Exécutée à la fin du 12e siècle, cette gigantesque composition (6430m2 de mosaïques à fond d’or) s’adresse à des fidèles qui, pour la plupart à cette époque, ne savent ni lire ni écrire. Elle leur raconte la création du monde, l’histoire sainte, la vie et les miracles de Jésus. LES MOSAÎQUES Réalisées par des artistes siciliens, les mosaïques respectent la disposition que l’on trouve dans les églises byzantines : - Christ Pantocrator, c’est à dire Tout Puissant, dans l’abside centrale - Annonciation, de part et d’autre de l’arc triomphal qui précède le chœur - l’ancien et le nouveau Testament dans le reste de l’église. N ı Dans le chœur : 1 - à droite, au dessus du trône épiscopal, Guillaume II, agenouillé en signe de soumission, offre la cathédrale à la Vierge. 2 - à gauche, au dessus du trône royal, Guillaume II reçoit sa couronne des mains du Christ. ı Dans la nef : La frise décorative réalisée par des mosaïstes arabes (ill. ci contre). * L’hémitasie (venue du Christ juge et rédempteur lors du Jugement Dernier) est, conformémént à la tradition byzanti ne, symbolisée par un trône vide. LE CLOÎTRE Edifié de 1176 à 1189, il forme un carré parfait de 47m de côté et comporte 208 colonnes géminées (groupées par 2) dont certaines sont rehaussées de mosaïques à fond d’or. Tous les chapiteaux sont ornés de motifs religieux, profanes ou simplement décoratifs. 5 sculpteurs y ont travaillé dans des styles différents. Dans un angle s’élève une fontaine d’inspiration arabe. * ı ı A découvrir Un seul des maîtres sculpteurs a laissé sa signature en gravant : “ego romanus filius costantinus marmorius”. Sur quel chapiteau se trouve-t-elle? Le maître dit “de la dédicace” a représenté le roi Guillaume II offrant la cathédrale à la Vierge. A vous de le trouver. UN COIN DE PARADIS SUR TERRE... “Cet ensemble de sculptures évoque par sa profusion les grandes réussites de la sculpture romane dans le Midi de la France, mais avec plus de couleur. Dans ce cloître fleuri et odorant, l’atmosphère d’ailleurs est autre, plus méditerranéenne : dans un angle une délicieuse fontaines distille une poésie ausi raffinée que celles de l’Alhambra...” Pierre LEVÊQUE, Nous partons pour la Sicile Texte, conception, réalisation : Magali & Claude CHARPENTIER, Michèle GOZARD - Edition 2003