La Corse à vélo par les côtes

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La Corse à vélo par les côtes
VOYAGE S
© Keystone
Montagnes citadines
Texte: Christophe Siegenthaler
Découvrir l’Ile de Beauté en automne permet de prolonger l’été et d’éviter
les nombreux touristes. Voyage à vélo d’Ajaccio à Bastia en longeant les côtes
corses et en profitant de se rafraîchir dans les criques nombreuses.
La Corse à vélo par les côtes
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ATE MAGAZINE / JUIN 2011
CORSE
Vélo
L
e périple conquérant commence à Ajaccio, ville natale
de Napoléon Bonaparte. Après
être passé devant le port par lequel nous avons débarqué le matin précédent, notre voyage à vélo
débute en quittant Ajaccio noyé
dans son trafic routier matinal.
La grève des ports de Marseille
fait menacer la Corse d’une pénurie de carburants, le sujet est
répété en boucle dans les médias.
Toutefois, en quittant la ville, il
faut bien avouer que, à nos yeux,
les conséquences ne sont pas perceptibles, malgré le rationnement
des stations essence.
Les formes bizarres des falaises des Calanche di
Piana sont l’un des nombreux paysages que l’on peut
vivre intensément à vélo.
ATE MAGAZINE / JUIN 2011
des blocs posés en équilibre miraculeux au-dessus de profondes
ravines tapissées de vert. Selon la
tradition populaire, le diable serait intervenu pour concevoir un
tel chaos de rochers erratiques
de granit rouge. Après un long
moment de contemplation, Porto
nous attend plus bas pour la soirée et une nuit de repos méritée.
Une route magnifique
Galéria est la destination suivante. Une série de virages attendent notre passage. La route est
magnifique avec ses points de vue
sur la côte et la mer. Cela n’est pas
un hasard qu’en sens inverse nous
croisons de vieilles voitures participant à un rallye touristique. Le
rythme du cycliste semble pourtant plus approprié pour apprécier le paysage. Parvenus au but de
l’étape, un saut dans la mer permet de se rafraîchir, la température de l’eau étant encore agréable
au début du mois d’octobre.
Des lacets à franchir
Quelques kilomètres plus loin,
notre première étape emprunte
une route avec moins de trafic
et la montée du premier col, celui de San Bastiano culminant à
464 mètres, débute. En venant de
Suisse, le dénivelé peut sembler
relativement faible mais quand le
point de départ
se trouve au niveau de la mer, Parvenus au but de l’étape, un saut
cela fait quand
dans la mer permet de se rafraîchir.
même quelques
lacets à franLe lendemain, la route suivant
chir. Arrivé au sommet sans difficulté, la descente nous entraine la côte et dont le revêtement est
à Cargèse, la Grecque. La locali- délabré, mène à Calvi avec des
té s’étendant sur un promontoire vues splendides sur le littoral, sur
de granit au-dessus de la mer a la côte sauvage creusée d’anses.
la particularité de posséder une En plus, les voitures semblent
église grecque, car elle a été fon- avoir disparu: nous pédalons dudée par des colons venus du Pé- rant près de 20 kilomètres avant
que la première voiture nous
loponnèse.
Quelques calories avalées et dépasse. Arrivés à Calvi, nous
une petite sieste, une nouvelle rencontrons un couple de cycloascension commence vers le col touristes néo-zélandais, nous
de Lava, qui conduira vers l’un conseillant de passer par le Capdes paysages naturels les plus Corse. Pour pique-niquer, nous
étonnants de Corse : les Calanche grimpons à l’intérieur de l’im(prononcer Calanque) de Piana. posante Citadelle ayant connu de
La récompense du paysage dé- nombreux sièges au cours de son
passe largement les efforts four- histoire. Alors qu’une centaine
nis, encore plus avec les couleurs de résidents l’occupent actueldu début d’un coucher de soleil. lement, ils ont été jusqu’à 6000
Le site, inscrit au patrimoine par le passé. Au cours de notre
mondial de l’Unesco, est un laby- balade, quelques pans de murs
rinthe de rochers sculptés par le informes se présentent à nous :
vent et la pluie, avec des aiguilles selon une thèse, que certains
tranchantes tendues vers le ciel, habitants soutiennent mordicus,
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© Christophe Siegenthaler
Le petit port de Centuri est réputé pour ses langoustes.
il s’agit des derniers vestiges de
la maison natale de Christophe
Colomb. Un café avalé au port, le
voyage se poursuit vers la destination du jour : l’Ile-Rousse qui
doit son nom à ses îlots de granit
rouge, dominé par un phare.
Vers le col de Vezzo
Cap-Corse ? Le soir, la question se pose, dans un restaurant
à recommander en dégustant
une spécialité avec du brocciu,
fromage corse à base de lait de
chèvre. Le nord de l’île n’était
pas prévu au programme, mais,
après avoir examiné la carte,
nous passerons par le nord de la
Corse. Après une journée sans
pédaler et à profiter du bord de
mer, nous remontons sur notre
vélo et attaquons la montée vers
le col de Vezzo. A notre droite les
Agriates : une zone hostile et mystérieuse, une région quasi inhabitée et un maquis dense qui cède
la place à l’aridité de la roche. Un
groupe de trois cyclistes sportifs
nous dépassent peu avant le sommet, en signalant de tenir bon car
il est proche. La descente conduit
vers St-Florent, un des plus beaux
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mouillages de Corse. En début
d’après-midi, notre périple se dirige vers le Cap-Corse. La route
traverse tout d’abord quelques
vignobles : Patrimonio est réputé pour ses vins AOC, dégustés et
appréciés le soir d’avant.
Passé Nonza, le chemin de
la côte alterne entre descentes
et montées, la pente au-dessus
de la mer étant parfois vertigineuse. L’activité humaine n’a pas
laissé la nature intacte, même
dans ces lieux. Une friche industrielle balafre le flanc de la
colline, il s’agit des vestiges de
la mine d’amiante, exploitée durant 20 ans et fermée en 1965.
Nous poursuivons en traversant
des localités, où les habitants bavardant au bord de la route nous
saluent. L’objectif de la journée
atteint, nous découvrons une
bien mauvaise surprise : un panneau indique que le camping est
fermé. L’aimable gérante du petit
magasin de Morsiglia se charge
de trouver une solution. Un coup
de fi l à l’un de ses amis et nous
voilà logés : un bed & breakfast
nous attend à Centuri, quelques
kilomètres plus bas. La petite localité du bord de mer est réputée
pour sa langouste, mais comme
pour le camping, nous arrivons
trop tard, la saison est terminée.
Une ascension nous attend
sans échauffement le jour suivant.
Arrivés à 365 mètres, le Moulin
de Mattei nous fait signe : frappé
par la foudre, en 1834, il fut restauré et transformé en panneau
publicitaire par l’inventeur de
l’apéritif du Cap-Corse, un siècle
plus tard. Nous profitons de la
vue sur la pointe de l’île. Ensuite,
descente sur la côte est du CapCorse, moins spectaculaire, et
direction Bastia. Le lendemain
au soir, un ferry nous amène sur
le continent où l’automne semble
déjà bien avancé.
Informations utiles
Aller/retour: Prendre le TGV à Genève pour Marseille. A
Marseille prendre le ferry pour Ajaccio (avec la compagnie SNCM).
De Bastia, prendre le ferry pour Savone (avec la compagnie
Corsica Ferries), puis prendre le train à Savone pour Milan
où un changement est nécessaire pour rentrer en Suisse.
Autre possibilité: prendre le ferry pour Marseille (compagnie SNCM), puis prendre le TGV de Marseille à Genève.
Parcours: Il n’y pas de piste cyclable. Les routes aux alen-
tours d’Ajaccio et de Bastia, ainsi que la route Calvi – L’Ile
Rousse ont (parfois) passablement de trafic, le reste des
routes empruntées ont peu de circulation.
Saison idéale: Septembre – mi-octobre, il y a peu de touristes et le temps est encore très agréable. Attention, certains campings sont déjà fermés à cette période.
Informations détaillées et tuyaux:
Routes, itinéraires précis, adresses sur www.ate.ch/excursions
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