Bruxelles

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Bruxelles
XIVème COLLOQUE de la CERC
à BRUXELLES
du 26 AU 28 septembre 2007
« 50 ans après le Traité de Rome,
les radios chrétiennes
s’engagent pour retrouver
le sens de la construction européenne»
Colloque de Bruxelles
26 au 28 septembre 2007
SOMMAIRE
_________
1. Programme ........................................................................................................... p. 3
2. Liste des participants....................................................................................... p. 4 -5
3. Allocution d’ouverture du Président José-Luis Restán ................................... p. 6
4. Message de bienvenue du Président Luigi Bardelli .................................... p. 7– 9
5 Conférence « Eglise et médias » par le Cardinal Godfried Danneels
Archevêque de Malines-Bruxelles ............................................................ p. 10 – 19
6. 1er atelier : « Le débat politique dans nos radios »
par José Borges de Pinho - Radio Renascenca ...................................... p. 20 – 23
7. Conférence « Les églises de l’Union Européenne : évolution d’une
interactivité» par Monseigneur Noël Tréanor, Secrétaire Général
de la COMECE............................................................................................. p. 24 – 34
8. 2ème atelier : « La liberté religieuse et la laïcité en Espagne»
par José-Luis Restán - Radio Cope .......................................................... p. 35 – 38
9. 3ème atelier : « Développements techniques : Internet, numérique, …»
par Milan Tesar - Radio Proglas ................................................................ p. 39 – 41
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
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PROGRAMME
Mercredi 26 septembre 2007
16 h 30
Ouverture du colloque
Accueil par le Président de la CERC, M. José-Luis Restán
et par le père Tommy SCHOLTES– Directeur RCF BRUXELLES
Allocution de bienvenue - Prière d’ouverture
17 h 00
Présentation des participants et des radios
18 h 30
19 h 00
Apéritif
Dîner présidé par S.E. le Cardinal DANNEELS
20h30
Conférence du Cardinal DANNEELS, Archevêque de Malines-Bruxelles
« Eglise et médias »
Débat : questions / réponses
Jeudi 27 septembre 2007
9h00
1er Atelier : « Nos radios et les débats politiques ».
Animé par José BORGES DE PINHO – Radio RENASCENCA (Portugal)
10h30
Conférence de Monseigneur Noël TREANOR, Secrétaire Général de la COMECE :
« Les Eglises et l’Union Européenne : Evolution d’une interactivité »
12h30
Déjeuner
14h30
2ème Atelier : « Liberté religieuse et laïcité dans nos pays »
Animé par José-Luis RESTAN MARTINEZ – CADENA COPE (Espagne)
16h30 – 18h00
3ème Atelier : « Développements techniques : Internet, numérique, Podcasts,
MP3… »
Animé par Milan TESAR – Radio PROGLAS (République Tchèque)
18h30
Eucharistie
Vendredi 28 septembre 2007
8h00
Prière du matin
8h30
Départ pour la visite de la COMECE et des Institutions européennes.
14h00
Assemblée plénière de la CERC
16h00
Fin du colloque
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Colloque de la CERC à Bruxelles
du 26 au 28 septembre 2007
Participants
BELGIQUE –RCF Bruxelles
P. Tommy SCHOLTES, Directeur
M. Jonathan BEYAERT, Rédacteur à KTRO (Radio Télévision Romande de Belgique)- BRAAMBOS
P. Philippe MAWET, RTBF francophone
ESPAGNE
– CADENA COPE
José Luis RESTAN, Directeur Général
Maribel SANCHEZ, Directrice du département de la Documentation
Lartaun DE AZUMENDI, Rédacteur
FRANCE – RCF
Jean-François BODIN, Directeur de l’information
Emmanuel JOUSSE, Directeur Général et Secrétaire Général de la CERC
Pierre LORIDON, Secrétaire Adjoint de la CERC
HONGRIE – SZENT ISTVAN Radio
Ferenc ZlLINSKY, Rédacteur en chef adjoint
ITALIE– Associazione CORALLO
Luigi BARDELLI, Président, membre fondateur de la CERC
Alessia CARICATO, Membre du Conseil d’Administration
Enrico VIVIANO, Membre du Conseil d’Administration
Massimo PORFIRI, Membre du Conseil d’Administration
MALTE– RTK Radio
Victor FORMOSA, Directeur exécutif
PAYS-BAS – KRO
Kees VAN MECHELEN, Rédacteur en chef du programme "The Monastery"
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REPUBLIQUE TCHEQUE– Radio PROGLAS
P. Martin HOLIK, Directeur
Milan TESAR, Rédacteur (musique)
RUSSIE– Christian Church Social Channel
P. Ivan SVIRIDOV, Rédacteur en chef Radio Dar
SLOVAQUIE–Radio LUMEN
Doc. ThDr. Juraj SPUCLAK, PhD, Directeur Général
SLOVENIE– Radio OGNJISCE
Mgr Franc BOLE, Directeur
Miha TURK, Rédacteur en chef
Radio VATICAN
P. Andrzej KOPROWSKI, Directeur des programmes
INVITES
l’UE
:
Monseigneur ATHANASSIOS – Représentant de l’Eglise de Grèce auprès de
EXCUSES :
ALLEMAGNE :
Cordula STEINER, DOM RADIO
AUTRICHE
:
Anton GATNAR, Radio Stephansdom
BULGARIE
:
Fr. Krzysztof KURZOK, OFM Cap, Directeur Radio TAU BG
ESPAGNE
:
Manuel BRU, CADENA COPE
HONGRIE
:
Istvan SZARVAS, Szent Istvan Radio
Andrea SINKOVICS, Szent Istvan Radio
LETTONIE
:
Radio LKR
MONACO
:
Père Patrick KEPPEL, RMC
POLOGNE
:
Radio Plus Radom
ROUMANIE
:
P. Nicolae DASCALU, Radio Trinitas
RUSSIE
:
Piotr SAKHAROV, Radio Dar
SUISSE
:
Raphaël PASQUIER, Radio Suisse Romande
Jean François KISTER, Radio Cité
Sybille PASTRE, Radio Cité
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Allocution d’ouverture
du Président José-Luis Restán
Chers Amis,
Avant tout merci pour la confiance que vous me faites et pour l’estime que vous portez à la
Cadena COPE, que je représente et avec le soutien de laquelle j’accepte la responsabilité
que vous m’avez confiée. J’espère continuer le bon travail de mes prédécesseurs à la
Présidence de la CERC, et je souhaite exprimer ici ma gratitude particulière à Luigi Bardelli,
qui pour moi a, non seulement été un bon président, mais aussi un témoin de la foi en ce
devoir de la communication, et un ami. Je veux aussi remercier Emmanuel Jousse pour son
rôle indispensable de Secrétaire.
Tout au long des douze dernières années, nous avons pu comprendre et apprécier
l’importance du travail de nos radios respectives à la mission de l’Eglise en ce difficile
contexte historique de l’Europe. Avec des formules radiophoniques diverses, qui sont toutes
à respecter, nous cherchons tous à communiquer à nos auditeurs que l’Evangile est source
d’une humanité plus libre, plus heureuse et plus véritable.
Avec nos programmes, nous pouvons contribuer à soutenir la vie de nos communautés
chrétiennes, mais nous pouvons aussi faire arriver la nouvelle de l’Evangile à de
nombreuses personnes qui se sont éloignées de la foi et de l’Eglise. D’autre part, notre
présence dans le débat public de nos pays respectifs est une garantie de liberté et de
pluralité, et un véritable service du bien commun. Je crois que nos radios sont un instrument
privilégié pour promouvoir « l’ouverture de la raison » que le Pape Benoît XVI a évoquée
dans son discours historique de Ratisbonne.
Durant ces années, nous nous sommes connus et appréciés de mieux en mieux. Nous
sommes devenus amis, et en de nombreuses occasions cela a permis une meilleure
collaboration entre nous. Nous savons que les difficultés sont importantes : la diversité des
langues, de situations sociales et de formats radiophoniques, a souvent provoqué des
difficultés à concrétiser cette collaboration. Je pense sincèrement que la continuité de nos
Colloques et le réseau de nos relations fructueuses sont un bien dont nous ne pouvons
nous passer, sans parler de nouvelles initiatives d’aide mutuelle et de présence collective
dans le cadre européen.
Je voudrais enfin remercier Tommy Scholtès et son équipe de RCF-Bruxelles pour son
accueil et son hospitalité dans cette ville magnifique qui nous ont permis de tenir ce
formidable Colloque. Merci à tous.
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Message de bienvenue
Luigi BARDELLI
Un cordial salut et un grand merci aux amis de Bruxelles, au Père Tommy, qui ont organisé
ce XIVème Colloque. Merci et salut aussi à ceux qui ont travaillé au Secrétariat de Lyon.
Bienvenue à tous, à tous les responsables des radios d’Europe.
Chaque année, nous nous retrouvons dans ces Colloques malgré le peu de choses que
nous réussissons à faire ensemble. Nous percevons depuis plusieurs années que notre rôle
peut être important pour la construction de l’Europe, mais nous n’avons pas réussi à bien
mettre au point « quoi faire ».
Certes, dans nos colloques, nous nous racontons de bonnes et belles choses et, au cours
de ces dernières années, nous avons traité beaucoup de sujets, tous très importants. Mais
quelle est la vraie raison pour laquelle nous ne réussissons pas, avec nos 650 radios, à
faire masse et à imprimer de manière évidente dans cette Europe ce que nous faisons
péniblement ?
Je crois que la raison n’est pas simple, mais elle a la même complexité que la réponse que
nous pourrions donner à cette autre question : pourquoi est-il si difficile de construire
l’Europe ?
Nous pourrions trouver beaucoup de réponses, et probablement nous avons essayé de les
donner : la langue, les traditions, les histoires différentes, etc. tout cela est vrai. Mais je crois
que dans chaque rencontre, chaque relation entre les gens ou les peuples, et surtout
aujourd’hui dans cette partie du monde occidental que, par l’histoire et la tradition, on peut
définir comme la plus culturellement évoluée sur la planète Terre, il y a finalement un besoin
de clarifier une réponse fondamentale : qui sommes-nous ? Qui est l’homme ? D’où venonsnous ? et où allons-nous ?
Voilà chers amis…Nous avons résolu dans notre Europe, on peut le dire, au moins
théoriquement, les problèmes matériels de l’homme : la faim, la subsistance, le travail, la
communication…Cette Europe ne connaît plus de guerres, et on a vu s’arrêter le rythme de
la guerre qui durait d’une façon ou d’une autre depuis des millénaires : la guerre, les deuils,
la reconstruction, et puis encore la guerre, encore les deuils, etc. On peut dire que chaque
homme vivait de pauses entre une guerre et l’autre pour se préparer à la guerre suivante ;
et tout cela a été pendant des siècles le motif porteur de l’existence.
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Mais aujourd’hui, l’homme de quarante ans n’a pas connu la guerre et pour cette raison
s’arrête un rythme, une manière d’être, une manière de penser…
Et alors, si nous nous arrêtons un instant à réfléchir de manière plus profonde, nous
découvrons que plus ou moins explicitement, depuis des années, l’homme occidentaleuropéen commence à se poser des questions fondamentales ou, mieux, à avoir des
comportements qui outre leur valeur, positive ou négative, supposent une recherche
existentielle qui va bien au-delà de ses conquêtes matérielles passées et présentes !
Il y a de nombreux symptômes négatifs : la désintégration des relations familiales, le
bouleversement des relations sociales, l’augmentation de l’usage des drogues à tous les
âges et dans tous les milieux… et on peut continuer.
Mais il y a aussi des symptômes positifs : l’envie des jeunes de se réunir, la recherche de
témoins authentiques, le grand besoin de sens religieux qui se révèle dans les sanctuaires
ou dans la constitution de groupes, les mouvements, les anciennes et nouvelles
associations, la réponse extraordinaire que depuis des années des millions de jeunes
donnent au Pape, l’augmentation du nombre des pèlerins du monde entier assistant aux
audiences du Pape ; et d’autres encore. Je crois que chacun de nous a eu ce genre
d’expériences et pourrait en ajouter.
Alors je vous demande : est-ce que tout cela a un sens ? De nos jours, où les solutions aux
nombreux problèmes semblent être très proches, peut-être l’homme contemporain
manifeste-t-il avoir besoin de quelque chose de plus ?
J’espère, entre nous, qu’on puisse dire que l’homme, aujourd’hui plus que jamais, a besoin
de Dieu.
Oui, je sais bien qu’aujourd’hui la définition de ce Dieu est loin d’être univoque. Mais je crois
que nous chrétiens avons quelque chose à dire, vraiment, parce que notre Dieu est un Dieu
incarné qui est venu à la rencontre de l’homme et qu’Il a assumé toute son humanité pour
se réaliser avec plénitude, pas pour mettre des limites.
Le chrétien n’est pas moins homme ou femme, il est plus homme et plus femme. Il n’est pas
moins savant, il est plus savant. Il n’est pas moins amoureux, il est plus amoureux. Le
chrétien n’est pas moins libre, il est plus libre. Le chrétien ne fuit pas la rencontre avec
l’Autre, quel qu’il soit et quoi qu’il pense, mais il vit et il se fait dans la rencontre. Il est donc
démocratique, accueillant, il veut et œuvre pour la paix.
Bien, mais peut-être suis-je en train de parler de sujets, de problèmes chers et essentiels de
l’homme d’aujourd’hui ? Et s’il en est ainsi, le chrétien n’est-il pas complètement dans
l’histoire de notre temps, et n’a-t-il pas le devoir, l’engagement, d’apporter sa propre
contribution comme un service indispensable à ses frères ?
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Il me semble que si nous allons au fond de ces réflexions, nous découvrirons le vrai rôle,
l’urgence et je voudrais dire la beauté, de notre association de Radios Chrétiennes
d’Europe. Souhaitons qu’en même temps l’Europe puisse proposer aux citoyens de toutes
les nations un projet, un grand dessein qui fasse l’objet de discussions, avec des accords et
des désaccords, mais réussissant à unir les différents peuples, aujourd’hui peu
enthousiastes de l’Europe, de la bureaucratie et des portefeuilles.
Voilà le point qui nous divise, nous aussi chrétiens…Je crois que c’est une perte de temps
et un dommage à l’histoire que de ne pas parler de Jésus-Christ, source, origine, inventeur
de la Paix, de la Justice et de l’Amour. Le vrai message de nos radios est certainement
qu’on « ne peut pas avoir honte de Lui ». Mais c’est une bataille pour la vérité que nous
devons mener envers tous nos frères responsables de la nouvelle Europe, qui de plus en
plus souvent semblent aller avec une détermination diabolique à l’encontre des valeurs et
des principes chrétiens au nom d’une présumée laïcité authentique.
Je suis convaincu, fermement, que cela doit être la vraie grande contribution que la CERC
peut apporter à l’Europe, avec courage et détermination, sûre d’avoir reçu l’Annonce, qui est
en même temps une annonce de Joie et de Salut.
Chers amis, prions pour que l’Esprit Saint nous assiste et nous guide ou mieux, qu’il
devienne le véritable auteur de nos radios. Bon travail à tous.
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Conférence du Cardinal Godfried Danneels
Archevêque de Malines - Bruxelles
« Eglise et médias »
PREMIÈRE PARTIE : LE PAYSAGE MÉDIATIQUE.
1. Un renversement culturel
La relation entre l’Eglise et les médias s’est transformée profondément depuis cinquante
ans. Ces deux réalités ne sont pas des espèces d’électrons libres, elles sont solidement
ancrées dans la culture et ont changé fondamentalement ces dix dernières années. Les
hommes pensent et vivent autrement. Peu à peu les images ont pris de l’importance par rapport
aux idées et la réflexion a cédé partiellement la place à l’émotion et à l’imagination. Désormais,
ce qui n’a pas été mis en image ni visualisé existe à peine. La culture intellectuelle d’une élite,
autrefois, s’est transformée imperceptiblement en culture émotionnelle pour tous. La réflexion
prudente et le questionnement critique sont perdants par rapport à la perception immédiate. Le
point de vue dominant est devenu le moi avec sa propre sensibilité, son propre imaginaire et
ses propres sentiments. La subjectivité prime, tout le reste est « l’étranger ».
2. Depuis les piliers idéologiques jusqu’aux médias commerciaux
Depuis les années soixante-dix, il s’est produit un glissement à partir des médias encore
‘pilarisés’ idéologiquement vers les médias commerciaux. Cela est dû principalement à ce
processus de sécularisation qui en est venu à déterminer toute la réflexion. En Flandres, cette
évolution s’est d’ailleurs passée très rapidement, plus vite qu’ailleurs. La chrétienté en Flandres
était une chrétienté sociologiquement forte dans laquelle la foi allait de soi et se transmettait
pour ainsi dire de père en fils. Aussi n’est-on pas en présence d’une conscience identitaire
forte ni d’une prédisposition missionnaire développée. Lorsqu’une telle chrétienté sociologique
s’affaiblit, on assiste souvent à une attitude de rejet contre toutes les formes d’autorité. En ce
qui concerne la relation entre l’Eglise et les médias, la disparition de cette chrétienté
sociologique a signifié d’emblée le passage de médias chrétiens à des chrétiens dans les
médias. En soi, c’est là une bonne situation de départ, mais elle est décidément différente.
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Cette évolution n’est pas seulement limitée aux médias chrétiens, les médias en général ont
également évolué. Depuis les années quatre-vingt, les médias sont orientés sur le marché et ils
sont dépendants des statistiques (téléspectateurs, lecteurs, auditeurs). Et surtout à cause des
publicitaires, qui sont indispensables pour l’existence et la croissance éventuelle du média, on
calcule sur la base des statistiques.
Ainsi, dans le temps, les médias catholiques
majoritairement en présence accordaient beaucoup d’attention aux déclarations des évêques,
ainsi qu’aux jours de fête ecclésiales. C’était l’habitude pour des journaux comme De Standaard
ou De Gazet van Antwerpen de publier à l’occasion des grandes fêtes une méditation adaptée.
A l’heure actuelle, on constate que les nouvelles religieuses et ecclésiales dépendent
d’impératifs commerciaux. Une nouvelle est intéressante dans la mesure où elle attire le public.
Les nouvelles ecclésiales sont assujetties aux lois médiatiques, ce qui signifie en pratique une
réduction et une marginalisation de ces nouvelles. Ainsi, cette catégorie de nouvelles n’est
présente dans les médias que sous la forme de faits divers, de controverse ou de nouvelles
ésotériques. Il arrive aussi que les nouvelles se réduisent à quelques affirmations marginales
d’un document, qui sont secondaires et se rapportent toujours aux mêmes quelques points
délicats. Que l’on pense à la dernière exhortation post-synodale du pape, Sacramentum
Caritatis : elle traite de l’eucharistie, mais, dans les médias, on n’en a même pas parlé. On a
parlé seulement du célibat et des divorcés remariés.
Les nouvelles ecclésiales sont l’objet d’approches et de jugements ‘politiques’ : l’Eglise estelle vraiment démocratique ? Transparente ? Combien de personnes représente-t-elle encore ?
Le seul critère de vérité est d’ordre statistique. Où se situent les tensions dans l’Eglise, les
fractions et les partis, les évêques qui se disputent? La grille de lecture utilisée par les médias
pour faire le tri et les choix dans les nouvelles ecclésiales est la même que la grille de lecture
politique concernant les autres faits et développements sociaux. La marginalisation des
nouvelles ecclésiales a également eu pour conséquence qu’il n’y a quasi plus de journalisme
religieux et que l’on trouve avec peine l’un ou l’autre journaliste qui maîtrise les dossiers
concernant les problèmes d’Eglise. La religion est confiée à un journaliste généraliste qui doit
également s’occuper de beaucoup d’autres domaines.
Plus d’une fois, les nouvelles de l’Eglise sont appréhendées sans nuances : c’est oui ou
c’est non. Tel théologien ou tel prêtre, est-il encore membre de l’Eglise ou est-il déjà exclu ? La
vérité est souvent beaucoup plus nuancée, mais pour des nuances, il faut du temps au
journaliste et de l’espace dans le journal. Les deux coûtent chers et nous voilà à nouveau dans
le commercial.
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3. Une évolution (mieux : une révolution) technique
Autre évolution, l’entrée en scène des médias électroniques et numériques, qui ont amené à
un véritable changement d’esprit dans le comportement visuel et auditif. Par l’utilisation des
câbles en fibre de verre, il est devenu possible d’offrir un choix bien plus large d’émetteurs et
d’atteindre un immense public. Mais un plus grand nombre d’émetteurs ne signifie pas d’emblée
qu’il y ait vraiment un choix plus grand et une plus grande diversification. La plupart des
émetteurs offrent en effet davantage la même chose dans leurs programmes. Ainsi, la quantité
a à peine élargi les possibilités de choix. Il s’agit bien plutôt d’un appauvrissement de l’offre. Les
sujets traités se ressemblent partout très fort, sauf dans les émetteurs de niches, qui attirent un
public très spécifique et limité : des émetteurs de styles de vie, le National Geographic, les
finances, le sport et jusqu’à la pornographie.
Une seconde (r)évolution est celle de l’internet. Outre les possibilités énormes de contacts,
il faut noter aussi un glissement vers une culture parfois individualiste, anarchique et
antihiérarchique. Si l’homme contemporain était déjà un individualiste, voici que maintenant il
dispose encore de davantage de possibilité pour exprimer l’émotion la plus individuelle dans
une forme d’expression des plus individuelles. Sur son blog, il peut laisser libre cours à à peu
près tout. You tube a fait du ministre Daerden une vedette mondiale en moins de vingt quatre
heures.
La façon de récolter les nouvelles a également changé. Beaucoup de médias invitent le
citoyen à signaler les nouvelles. « Téléphonez-nous ou envoyez-nous un sms s’il se passe
quelque chose près de chez vous ou s’il y a une nouvelle. » Chaque citoyen devient agence,
l’agence par excellence. Dans ce contexte, on parle de civil journalism.
4. Déplacements des contenus
Peopleisation’ ou l’impact de la vedette
Par les développements dans les centres d’intérêts du grand public, on assiste à une
curiosité exagérée pour la personnalisation et la vedettisation dans les médias. On cherche le
PDG qui fait croître ou qui détruit la grande entreprise. Il ne s’agit plus de l’entreprise ellemême, mais de la personne qui est à la tête de l’entreprise, la figure représentative, la
corporate personality. On ne parle plus de la théologie de la libération ou de ce qu’elle déclare,
mais de Boff ou de Sobrino. Cela fait qu’aux yeux du public, toute une institution repose sur une
unique personne, comme sur la pointe d’un crayon. Celle-ci peut facilement se briser,
naturellement. Pour l’Eglise, cela a signifié – du fait qu’elle est perçue de façon fortement
hiérarchique – que la dimension hiérarchique sera encore davantage accentuée. Sur l’écran, il
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n’y a que le pape ou le cardinal. Mais dans d’autres domaines, c’est la même chose : on retient
uniquement le vainqueur du Tour de France, le second, on l’oublie de suite.
Nouvelles négatives
Outre aux personnes, on donne aussi la priorité aux nouvelles négatives qui interpellent le
grand public. De temps immémoriaux, le péché intéresse et la vertu ennuie. Quelques journaux
ont parfois essayé d’éditer une rubrique ou un numéro de ‘bonnes’ nouvelles, mais, dans la
plupart des cas, ils font long feu. Les nouvelles, ce sont précisément les choses qui ne
confirment pas la règle habituelle, mais la transgressent : ce n’est pas « le chien qui mort le
monsieur », mais c’est « le monsieur qui mord le chien » (selon les dires du géant des médias,
Rupert Murdoch).
Civil journalism
Les nouvelles sont données de plus en plus souvent en temps réel : l’information
immédiate. Que l’on se souvienne du tsunami et de la fusillade à Virginia Tech. Tout est signalé
immédiatement, et même mis en images et placé sur l’internet. On assiste à la naissance d’une
sorte de civil journalism : les citoyens apportent souvent les premiers les nouvelles. Les
citoyens sont souvent les premiers à rapporter les évènements, à les photographier, à les
filmer et à les envoyer à des agences de presse grâce à leur gsm. Cela ne permet évidemment
que peu de temps de réflexion et d’évaluation : tout est déjà dit et on line. On passe l’étape de
la vérification. La vitesse a pris le pas sur la précision et la vérité.
Le pouvoir des chiffres
Les médias sont de plus en plus dominés par la pression de la quantification : le pouvoir et
la magie des chiffres. Pourrait-on parler de ‘fétichisme des chiffres’ ? Les chiffres et les
nombres donnent l’impression de
l’objectivité et de la précision. Cela amène à des titres
comme : ‘2.800.000 hosties distribuées au Journées mondiales de la jeunesse à Cologne’. Mais
que signifie communier ? Où le nombre de vocations devient plus important que de savoir ce
qu’est une vocation. Le jugement de valeur par excellence consiste à donner des statistiques et
des enquêtes.
La priorité de l’image
Il y a aussi une priorité absolue à l’image. Beaucoup – surtout les jeunes – vivent dans une
culture des clips. Une chose dont on ne peut montrer une image n’est pas une nouvelle et n’a
pas le droit d’exister. Cela ne vaut pas seulement pour les médias de l’image, mais aussi pour
les médias imprimés : beaucoup de photos, de graphiques et de schémas dans le journal.
L’image sert d’ailleurs de résumé de l’article : tout ce que vous devez savoir peut se voir. Les
nouvelles doivent pouvoir être enregistrées et exploitées en un clin d’œil. « Tu as vu ? ».
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En bref, de l’étranger’
Les nouvelles locales et nationales priment sur les nouvelles de l’étranger. Ces dernières
sont d’ailleurs souvent introduites sous le chapeau ‘En bref de l’étranger’ et dans les journaux
elles ne comportent que quelques pages en comparaison d’il y a deux décennies. Car le citoyen
s’intéresse davantage à ce qui se passe près de chez lui. Remarquons que le dicton ‘le monde,
mon village’ – qui signifiait au départ que je m’intéressais au monde entier – a pris un sens tout
à l’opposé : le monde est pour moi ce qui se passe dans les limites de mon village. Mon village,
c’est le monde, comme le faisait remarquer l’ancien journaliste de la rubrique internationale,
Freddy De Pauw.
Transparence et démocratie
Le désir de transparence et de démocratie ne fait qu’augmenter. Sous l’influence de la
pression de cette attente en ce qui concerne les nouvelles internationales, la société veut qu’il y
ait de la transparence et de la démocratie dans tous les domaines, tout comme c’est le cas
dans l’élaboration des lois. Mais c’est précisément sur ce point que l’Eglise et la société civile
diffèrent. Les journalistes ont tendance à tout mesurer avec des critères démocratiques, alors
que l’Eglise est également une institution hiérarchique, liée à la volonté de son fondateur et de
son message. L’Eglise élabore lentement et organiquement ses décisions ; elle est familière de
la tension entre la loi et la pratique, entre la règle et la miséricorde. D’ailleurs, dans l’Eglise, la
régulation se développe d’une tout autre manière. Que l’on songe aux décisions d’un synode :
ce qui est premier, ce n’est pas le vote avec une majorité déterminée, mais un consensus qui
grandit progressivement. Si ce n’est pas le cas, on postpose la décision. Alors que les
journalistes et toute l’opinion publique appliquent continuellement à l’Eglise les lois de la pensée
politique qui ont cours dans la société.
Infotainment
L ‘infotainment’ occupe une place de plus en plus grande. Traditionnellement, les médias
ont trois missions : information, éducation et loisirs. Mais, suite à la commercialisation, on
constate depuis les années 1990 une évolution formidable en faveur de l’amusement et des
loisirs. L’information elle-même doit devenir légère et favoriser la détente. Parmi les 100
programmes les plus regardés, la plupart sont des programmes de détente, viennent ensuite
les journaux télévisés. Dans cette centaine, on ne trouve aucun programme éducatif. Même le
journal télévisé doit être léger, alors même qu’il apporte des mauvaises nouvelles. On peut
songer à l’intérêt plus grand que l’on a pour De Laatste Show (le dernier show) et en bien
moindre mesure pour De Zevende Dag (le septième jour), alors même que l’on y introduit de
plus en plus d’éléments de détente. Et même des programmes sur l’histoire doivent
être ‘détendant’ (sous forme de quiz), de même que les programmes sur les livres. On y parle
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bien de livres, mais le livre doit être ‘rendu agréable’. La religion aussi doit être présentée de
manière agréable.
Hors contexte
Il n’est pas rare que l’on tire les images de leur contexte et qu’on les isole. Lorsque
manquent ce cadre et ce contexte, elles ne sont plus dans leur site naturel et ces images en
close-up peuvent en venir à cacher ou à déformer la vérité. C’est ainsi que la photo d’un
morceau de peau de ma paume, lorsque l’on l’agrandit et qu’on la retire de son contexte, sera
certainement interprétée comme un morceau de pelure d’orange ou un cliché de la surface de
la lune. L’agrandissement et l’élimination du contexte ont un effet déformant.
Intérêt accru pour la violence et l’érotisme
Enfin, on constate, dans les médias des images (et dans les autres) une croissance de
l’érotisme et de la violence. La transgression est depuis toujours un élément qui attire les
humains. Dans les médias, c’est presque devenu incontournable. La transgression a perdu
presque totalement sa connotation morale par rapport à son attirance. Le mal en a été évacué.
Mais la fascination demeure.
5. Conséquences pour la perception de l’Eglise
Tous ces facteurs ont évidemment des conséquences importantes pour la manière dont
l’Eglise est perçue. Elle donne surtout l’impression d’être fortement hiérarchique et
antidémocratique et à la limite, dictatoriale. C’est ainsi qu’on voit l’Eglise. Alors qu’en vérité, il y
a dans l’Eglise beaucoup de tolérance à l’égard des dissidents, par exemple, ainsi qu’une
subtile démocratie qui n’arrive que fort lentement à une prise de décision définitive. La vérité
dans l’Eglise est régulièrement représentée comme quelque chose qui est imposé d’en haut,
alors qu’au fond elle est plutôt offerte et proposée. La vérité de foi vient à nous d’ailleurs. Aussi
ne peut-on pas la fabriquer ou lui donner un fondement purement statistique ou résultant
d’enquêtes. Cela ne vaut-il d’ailleurs pas pour toutes les vérités ? La vérité précède l’être
humain ; elle existe bien plus longtemps que l’homme. Elle est un temple que l’homme ne peut
construire tout seul. Il peut cependant, à l’intérieur, classer et déplacer le mobilier.
Le critère principal dans les jugements sur l’Eglise dans les médias est sa morale, et plus
particulièrement la morale qui traite du début et de la fin de la vie, ainsi que de la sexualité. Le
célibat et la contraception sont régulièrement présents dans les médias, alors que l’Eglise
s’exprime souvent avec beaucoup plus de force sur les questions de morale sociale. La
doctrine sociale de l’Eglise, qui est une partie très importante organiquement de sa doctrine
morale, est systématiquement reléguée en deuxième position dans la corbeille des nouvelles.
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Plus d’une fois l’Eglise est également représentée comme étant fondamentalement divisée
entre progressistes et conservateurs, alors qu’elle est plutôt une unique demeure avec de
nombreuses chambres. Il y a dans l’Eglise une degré élevé de patience et de tolérance vis à vis
des personnes en recherche et des cas limites.
Ces évolutions se font également ressentir dans la perception des fêtes ecclésiales. Cellesci ont commencé dans une culture agricole. Toutes ont été à leur début des fêtes de la nature :
Pâques était la fête du printemps, la Pentecôte la fête de la moisson. Mais déjà dans l’Ancien
Testament elles reçoivent une dimension historique : Pâques est devenue la fête de la sortie
d’Egypte et la Pentecôte celle de la Loi sur le Sinaï. Les chrétiens ont encore accentué cette
dimension historique et l’ont ‘christologisée’ : Pâques devint la résurrection du Christ et la
Pentecôte la venue du Saint Esprit. Etonnamment aujourd’hui ces fêtes semblent retourner à
leur statut profane et agraire : Pâques est à nouveau la fête du printemps, Noël la fête de
l’hiver. L’entrée en carême est le congé des crocus, les vacances de Pâques sont devenues les
vacances de printemps et la Toussaint s’est transformée en vacances d’automne.
6. Evolutions au sein des médias ecclésiaux
Qu’en est-il des médias ecclésiaux ? Le paysage des médias catholiques s’est
sensiblement éclairci en comparaison avec les années soixante-quinze. Il y en a beaucoup
moins, bien que le Centre de Documentation catholique de Louvain reçoive encore 400
publications catholiques. Mais de nombreuses revues émanant des ordres religieux et des
congrégations ont cessé de paraître. Il y a encore de nombreuses publications des
mouvements, mais elles ont fortement évolué vers le genre socioculturel. Du point de vue du
contenu, on constate aussi un glissement à partir d’un contenu typiquement chrétien des fêtes
chrétiennes vers leur valeur et leur signification sociale. Tel commentaire sur la fête de Noël,
dans certaines publications, aurait tout aussi bien pu être écrit par le père Noël, et celui de
Pâques par un écolo ou un ‘ami des fleurs’.
Du point de vue du contenu, les médias ecclésiaux ont évolué d’annonceurs du
christianisme à l’ouverture au social, quoique encore toujours à partir d’une identité catholique
ou au moins chrétienne. Il suffit de regarder l’évolution de Kerk + Leven et de KTRO-Braambos.
Auparavant ces émissions étaient souvent apologétiquement sûres d’elles-mêmes, maintenant
elles sont plus ouvertes : il ne s’agit plus de pures niches. Les deux trouvent leur origine dans la
Flandre catholique de l’époque de la ‘riche vie romaine’ baroque. Actuellement, ces émissions
sont l’organe de communication modeste d’une minorité de la société ou, mieux, d’une majorité
qui s’effrite.
Par ailleurs, le medias ecclésiaux suivent bien les nouvelles évolutions, aussi bien pour la
technique que pour les contenus. Techniquement cela se passe même très vite, comme cela
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peut se vérifier sur l’Internet : www.kerknet.be. Il existera bientôt aussi un site web pour les
enfants. De pair avec le Vatican, la Flandre fait partie des premiers à être présent sur la toile
(depuis 1995). La plupart des autres sont venus bien plus tard. Du point de vue du contenu,
Tertio, depuis 2000, répond à un nouveau besoin. Il s’agit d’un hebdomadaire de niveau
intellectuel, mais accessible à un large public : contemporain, dynamique et professionnel quant
au style journalistique, ouvert et enraciné dans une vision de l’homme et du monde clairement
chrétienne/catholique.
DEUXIÈME PARTIE : L’EGLISE ET LES MEDIAS
La culture médiatique domine notre société. L’attention de l’Eglise doit donc encore
davantage se porter sur leur importance dans la société et sur le rôle qu’elle a à y jouer, mais
aussi aux lois propres aux médias contemporains. On peut sans doute regretter certains
développements, mais ils existent et l’Eglise doit connaître la logique propre à ces règles de
fonctionnement et respecter et même promouvoir ce qu’elles ont de valable. Elle se doit aussi
de les pénétrer de son message. D’ailleurs, de par sa nature même, l’Eglise est
communication : son essence même est la communication. Elle ne peut donc, à partir de ce
qu’elle est – et pas uniquement pour des raisons d’opportunité – faire autrement que de
chercher et de déterminer sa place dans cet univers des médias.
D’ailleurs, aujourd’hui, dans les médias, on est assez attentif à l’Eglise, même s’il s’agit
souvent de nouvelles marginales. La liste – inépuisable - en est aussi étrange qu’anecdotique
(un prêtre refuse à un chien l’accès de son église, le curé fait sonner les cloches à une heure
indécente, conflits avec l’équipe paroissiale, le ‘camauro’ du pape, le coq du clocher s’écrase
sur le sol, le tronc des offrandes est bouché).
Dans le passé, les relations de l’Eglise avec les médias étaient souvent teintées de
scepticisme, et même de méfiance et de peur. Ses déclarations à l’encontre des médias étaient
moralisatrices. Les médias se mobilisaient. Aussitôt l’Eglise, en réaction, se mettait sur la
défensive. Ou elle cédait à la tentation de vouloir ‘instrumentaliser’ les médias pour ses objectifs
spécifiques et s’en servir de canal pour sa mission d’évangélisation. L’Eglise voulait parfois
déterminer elle-même l’agenda des médias. Légitimement, les médias n’en voulaient pas, tout
comme à l’heure actuelle. Peut-être que cela avait encore été possible dans un cité chrétienne,
mais maintenant les médias déterminent eux-mêmes leurs agendas. Ce ne sont plus des
instruments ecclésiastiques, même si le discours nostalgique de la ‘riche vie romaine’ n’est pas
encore éteint et que l’on entend encore des discours qui essayent d’instrumentaliser. On
exprime encore toujours le souhait ferme de voir les journalistes agir et écrire de telle ou telle
manière. Il y a encore toujours dans l’Eglise une approche des médias exclusivement
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moralisante, avec le danger d’une hypermoralisation. Alors que la vérité est suffisamment forte
pour se défendre : ce qu’elle demande, c’est des canaux, mais pas toujours des laissez-passer.
Il est certain que l’Eglise doit prendre davantage conscience des lois propres aux médias.
Etant donné que les médias déterminent pratiquement tout dans la société, l’Eglise doit y
travailler et collaborer. Nous ne pouvons pas sortir de la culture et nous devons donc être
présents sur ce forum. Le pape Jean Paul II a exprimé cela fort justement dans Redemptoris
Missio : « L’Eglise doit aller se poster sur l’Aréopage », comme Paul au milieu des Grecs à
Athènes, et y prendre la parole. Avant même tout zèle d’évangélisation, la contribution de
l’Eglise dans la société est indispensable pour palier au déficit du sens. Elle n’est bien sûr pas
la seule à donner du sens. Mais elle reste une institution incontournable, avec son originalité
propre, que l’on ne trouve dans aucune autre philosophie de la vie.
Dans le domaine médiatique, l’Eglise repose sur un double pilier : elle a d’abord ses propres
médias qui sont strictement catholiques et qui sont reconnus comme tels par la législation de
notre pays, parmi les émissions faites par des tiers. Les médias – tv et radio – sont catholiques
en proclamant la bonne nouvelle. La législation oblige d’ailleurs de respecter ce caractère
confessionnel. La grande limitation, dans ce domaine, est la mesure du temps d’antenne
(L’Autriche dispose par exemple de 3,5 heures par semaine, et la France peut émettre toute la
matinée du dimanche). Les moyens alloués sont bien trop limités et, surtout, il y a le caractère
totalement irréaliste des heures attribuées à ces émissions – tout comme aux autres
programmes réalisés par des tiers – comme s’il s’agissait ici d’ « émissions de pestiférés » ou,
au moins, qui traitent de sujets totalement dérisoires et qui n’apportent quasi rien à la mission
des médias publics, dans son volet éducatif. A la télévision, il n’est pratiquement possible de
regarder les émissions catholiques qu’à partir d’enregistrements sur vidéo, si l’on ne veut du
moins pas être victime d’insomnie chronique.
Dans les médias qui ne sont pas propres à l’Eglise, celle-ci ne peut que trouver un appui à
l’évangélisation. Le fait d’apparaître dans les médias généralistes offre de la crédibilité à son
message. Mais il ne peut évidemment pas être question d’une annonce directe. Le média public
n’est pas, en effet, un instrument de catéchèse ou d’évangélisation. On lit déjà dans
Redemptoris Missio de 1993 : l’Eglise délivre son message avec et à côté des autres. Prendre
ses distances par rapport à une vision qui instrumentalise les médias, cela signifie que l’Eglise
doit réfléchir à la manière dont elle apparaît dans les médias, dans le respect de leur
autonomie, tout en restant fidèle à sa mission.
Notre époque est passionnément à la recherche de sens. Dès lors, n’est-ce pas aussi la
tâche des services publics de radio et de télévision (et des autres médias) de rencontrer ce
besoin des gens et même du grand public ? Ne faut-il pas viser à favoriser une ‘laïcité ouverte’,
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qui tient compte des idées et de la contribution sociale de toutes les opinions et qui leur permet
de se montrer dans leur identité propre, quand elles contribuent à rendre la société plus
humaine ?
Cette ‘laïcité ouverte’ s’oppose à une ‘laïcité fermée’. Cette dernière fait le choix d’un gris
total, afin d’éviter toutes les autres couleurs. Mais une solution meilleure est de laisser leur
chance à toutes les couleurs, plutôt que d’enlever à chacune d’elles son coloris spécifique, en
sorte que finalement on retombe tout de même sur quelque chose qui ressemble à une couleur
– et laquelle ? le gris. L’incolore n’existe pas.
Il est de la plus haute importance que la présence de l’Eglise dans les médias publics reste
garantie et que, à côté de ses propres émissions (comme Braambos), l’Eglise doit continuer à
prendre part à d’autres émissions non ecclésiales, dans lesquelles les autres philosophies
peuvent et doivent apporter leur contribution irremplaçable. L’Eglise ne peut pas et ne doit pas
investir uniquement dans ses propres médias- ils sont limités et de plus ils coûtent très cher en
moyens et en personnel. Se laisser enfermer dans un médium niche, qui ne s’adresse qu’à son
propre public, est insuffisant. D’où vient alors cette peur à laisser se poser les questions de
sens dans les émissions des radios et télévisions publics ? C’est loin d’être une exigence
confessionnelle, mais c’est une question qui vient de la finitude humaine. « Qui peut me dire où
je dois aller ? » Nous pensons d’ailleurs aussi aux nouveaux médias, particulièrement à
l’internet.
Une marginalisation supplémentaire de la voix catholique (comme Braambos qui est
programmée beaucoup trop tôt). Il ne s’agit pas d’une demande de l’Eglise pour faire de la
publicité pour ses propres affaires, mais c’est également l’expression de sa préoccupation de
veiller à ce que le menu spirituel de la culture et de la société ne soit privé d’aucune vitamine.
Mais cela signifie aussi qu’à l’avenir on investisse de la part de l’Eglise bien davantage de
temps et moyens financiers pour ses propres médias et qu’elle devra prendre des initiatives
pour la formation de journalistes des médias généralistes. Car bien souvent il ne s’agit pas de
mauvaise volonté de leur part, mais tout simplement d’une ignorance candide.
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1er Atelier animé par José Borges de Pinho
Radio Renascenca
«Le débat politique dans nos radios»
1. Qu’est-ce que signifie la politique pour une radio chrétienne?
a) Le point de départ de toute réflexion sur ce sujet : le sens de l’importance cruciale de la
politique pour la construction humaine du monde.
b) Il y a une responsabilité sociale et politique des chrétiens et de l’Église.
Cette responsabilité vient de la mission spécifiquement religieuse de l’Église (perçue ici pas
seulement comme « hiérarchie » mais comme l’ensemble conjoint des fidèles), une mission
religieuse qui a à voir avec la totalité de vie humaine.
Cette responsabilité sociale et politique est – comme le dit René Coste - une responsabilité
d’ordre diaconale (on recherche le service concret de l’humanité) et prophétique (une
intervention ayant pour but de lire les situations du monde à la lumière de la Parole de Dieu
et de les transformer dans l’horizon du Règne de Dieu).
Il y a évidemment différentes formes de présence et d’intervention de l’Église/des chrétiens
dans le domaine politique :
-
L’Encyclique Deus Caritas Est parle de la mission spécifique de l’Église comme telle
(représentée par la hiérarchie) dans deux domaines/perspectives : la purification de
la raison et l’approfondissement de la sensibilité et de la responsabilité éthique.
-
Les chrétiens – comme individus et comme groupes – interviennent directement
aussi de différentes façons et degrés dans le domaine du politique.
L’intervention de Rádio Renascença est une intervention en tant que moyen chrétien de
communication sociale à partir de notre responsabilité personnelle comme chrétiens, en
cherchant chaque jour à être le plus possible fidèles à l’Évangile, perçu à travers la Doctrine
Sociale de l’Église (nous ne sommes pas simplement « la radio de l’Église »).
c) Une première tâche globale que nous – comme chrétiens et comme radio catholique devons accomplir consiste à surmonter une vision négative de la politique, si répandue dans
notre monde, ainsi que parmi
nos concitoyens portugais. Au contraire de cette vision
négative, nous sommes défiés/interpellés à comprendre et à souligner la place décisive de
la politique et à voir le lieu, l’importance de la « charité politique» dans la vie chrétienne et
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de l’Église comme telle (l’activité politique comme « le champ d’une charité plus ample : la
« charité politique » - Pie XII)
d) L’implication d’une radio chrétienne dans le débat politique est incontournable. La question
décisive est: comment le faire? C’est-à-dire : comment être responsable comme radio
chrétienne dans une société pluraliste ?
e) Je ne veux pas proposer “la” réponse, moins encore présenter le chemin de Rádio
Renascença comme « l’idéal » …
-
Nous avons une histoire de presque 75 ans ; et chaque radio a son histoire, sa
situation spécifique, sa propre physionomie éditoriale …
-
Nous avons joué un rôle très important dans l’histoire récente du Portugal (après le
25 Avril il fallait sauvegarder la démocratie face au risque du communisme, et dans
cette situation, Rádio Renascença a gagné une très forte crédibilité).
-
Nous avons une situation spécifique : comme vous le savez, nous sommes un
Groupe de Radios, avec deux radios de couverture nationale (Rádio Renascença et
RFM), les deux grandes du pays en nombre d’auditeurs.
2. Comment le faisons nous, comment essayons nous de le faire?
Ceci concerne surtout Rádio Renascença, « radio généraliste » (RFM est une radio plus
musicale, même si elle diffuse aussi de l’information et des petits commentaires).
2.1. Le point de départ est une information rigoureuse, la plus complète possible, qui cherche
à présenter les divers points de vue. C’est peut-être la contribution la plus importante dans
ce domaine de la responsabilité politique.
2.2. Le débat politique au sens strict
a) Nous avons maintenant des programmes qui visent directement le débat politique :
-
Deux représentants des deux partis majoritaires (gouvernement et opposition)
participent une fois par semaine – comme invités résidents – à un débat sur des thèmes
d’actualité, surtout d’ordre politique ; Rádio Renascença propose le thème du débat
(conversation préalable) ; le programme est transmis le lundi après-midi (version plus
courte) et le soir (version longue – 20/25 minutes)
[Nous faisons actuellement quelque chose de semblable à propos de la Présidence
portugaise de l’Union Européenne]
-
“Sal e Pimenta” (« Sel et Poivre ») – 45 minutes environ, tous les samedis, pas
seulement sur des questions politiques ; il y a aussi deux invités résidents et un
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journaliste de Rádio Renascença; le choix des invités n’est pas dépendant de leurs
options politiques, mais nous essayons d’avoir la présence de sensibilités différentes.
-
« Diga lá, Excelência » (« Dites-vous, Excellence ») - entretien d’actualité, avec une
personnalité de la vie nationale, pas nécessairement de la vie politique (mais ce sont
souvent aussi des figures politiques…) ; c’est un programme de 40 minutes environ, qui
associe simultanément Rádio Renascença (transmission le dimanche après-midi), le
journal «Público » (un des plus importants quotidiens nationaux – publication de
l’entrevue dans l’édition du dimanche) et RTP 2 (la Seconde Chaîne de la Télévision
publique – transmission le dimanche soir) ; dans la choix des invités, on doit faire
naturellement attention aux sensibilités éditoriales des autres medias et aux règles du
débat ouvert aux différentes positions (par exemple, dans la discussion sur l’avortement,
on a invité à deux occasions différentes deux personnalités ayant des sensibilités
différentes sur ce sujet).
b) Une intervention plus visible à l’occasion d’élections
C’est une intervention plus claire et assumée, non pas au sens que nous voulons
intentionnellement participer plus directement ou plus intensément au débat politique à ce
moment là, mais au sens que la situation concrète nous met au défi d’être encore plus
consciemment responsables – comme citoyens, comme chrétiens, comme moyen de
communication sociale chrétien… (naturellement, cela veut dire aussi que nous devons
respecter les normes légales établies et la délicatesse de cette situation, conscients que
nous n’avons pas le monopole de la vision chrétienne sur les problèmes politiques
concrets…).
En synthèse, comment essayons-nous de le faire ?
-
Nous cherchons à discuter des questions politiques concrètes surtout en dehors de la
campagne électorale, mais naturellement il y a dans ces moments-là une recrudescence
du politique ;
-
Nous respectons intégralement les temps d’antenne (suivant les prescriptions de la loi
électorale) ;
-
Les interventions politiques de la campagne électorale sont traitées selon les critères
habituels de l’information.
c) Il y a aussi des prises de position ponctuelles (éditoriaux et commentaires), si certaines
décisions/opinions touchent ou menacent des aspects essentiels dans une vision chrétienne
de la vie (dignité humaine, manipulation idéologique…).
d) Nous intervenons aussi par des commentaires « signés » par des personnalités extérieures
à Rádio Renascença (souvent des journalistes) ou par quelques uns de nos journalistes :
commentaires – Journal Electronique “Página Um” (Page Un).
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3. Quel bilan en faisons-nous?
a) Nous avons une crédibilité.
Il y a ponctuellement des petits conflits, mais sans grande perturbation du quotidien de la
radio.
b) Il n’y a pas eu jusqu’ici de cas compliqués pour l’Église à cause des interventions de Rádio
Renascença.
Quoique parfois il soit difficile pour les gens de faire concrètement cette distinction, la
plupart des auditeurs sait distinguer ce que sont les positions officielles de l’Église et ce qui
relève du travail spécifique d’une radio chrétienne (comme d’autres groupes et personnes
chrétiens)
c) Nous sommes souvent une voix incommode.
Au Portugal, comme d’ailleurs dans autres pays de l’Europe, nous sentons aussi des signes
de la montée d’un laïcisme militant (agressif, cynique, sous l’influence de la francmaçonnerie…), traduit parfois dans certaines décisions “idéologiques” du gouvernement
d) La question toujours ouverte: comment servir le mieux l’annonce de l’Évangile?
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Conférence de Monseigneur Noël TREANOR
Secrétaire général de la COMECE
« Les Eglises de l’Union Européenne :
Evolution d’une interactivité »
Les Eglises ne bénéficient pas d’un statut consultatif vis-à-vis de l’Union Européenne. A tel
point qu’il n’existe aucune structure de consultation officielle. C’est là une lacune des
mécanismes consultatifs de l’Union. Et pourtant, dans tous les Etats membres, les Eglises et
les communautés de fidèles sont des acteurs importants de la société. Elles répondent non
seulement aux besoins religieux des citoyens mais fournissent aussi des services dans
plusieurs domaines de la vie privée et publique.
Que cette question ait fait l’objet de discussions au cours de ces dernières années dans
divers contextes spécifiques, comme nous l’exposerons plus loin, est une indication du
développement constitutionnel du projet de l’Union Européenne. En effet, ce n’est que bien
après le traité d’Amsterdam que la question a pu être abordée par les institutions européennes.
Leur préoccupation d’achever le marché unique et les présuppositions prévalant au sujet de la
relation entre le sacré et le séculier se sont rejointes pour former un fossé, à long terme
potentiellement destructeur, entre les Eglises, les religions et le projet européen.
Pour des raisons internes au développement de l’Union depuis le début des années 1990,
et à cause de l’évolution se produisant tant au niveau de la société civile qu’à celui des aspects
théoriques et pratiques de la gouvernance et de la théorie constitutionnelle, la question
séculaire de la relation entre la sphère du sacré et la sphère du politique est en train d’être
étudiée en des termes nouveaux qui transcendent les lignes de bataille du Siècle des Lumières
et ses conséquences. Le politique et le religieux, tous deux débarrassés des tristes moments
de l’histoire européenne et des périodes d’incompréhension mutuelle, ont essentiellement
renoncé à toute prétention d’absolutisme. Certains éléments tendraient même à indiquer qu’ils
sont prêts à redécouvrir leur nécessaire complémentarité au service du bien commun.
1. Présence des Eglises auprès des institutions européennes
Les Eglises et les religions ne figurent pas encore dans le droit primaire de l’Union
Européenne. Mais les relations entre les Eglises et l’Union se sont considérablement
développées depuis la fondation du projet européen il y a un demi-siècle.
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La présence des Eglises auprès des institutions européennes prend de multiples formes :
les Eglises ont surtout été présentes au développement du processus européen (comme
encore aujourd’hui), par l’intermédiaire de politiciens et de fonctionnaires chrétiens dont
l’engagement vis-à-vis de leur travail avait aussi sa source dans leur foi. Cette forme de
contribution chrétienne dans l’arène du débat politique, de la négociation et de la prise de
décisions est un service rendu par l’Eglise, peuple de Dieu, à l’égard du corps politique.
Depuis les premières années du projet européen, un certain nombre de bureaux d’Eglise
ont été créés dans le but spécifique de suivre l’élaboration des politiques des institutions
européennes. C’est ainsi qu’une initiative jésuite, l’Office Catholique d’Information et d’Initiative
pour l’Europe (OCIPE), a été lancée dans les années cinquante, à Strasbourg, et a dûment mis
sur pied une antenne à Bruxelles dix ans plus tard. Ensuite, dans les années soixante,
l’Association Œcuménique Eglise et Société (AOES) a également été établie à Bruxelles. En
1973 est arrivée la Commission œcuménique européenne pour Eglise et Société (EECCS).
La Commission des Episcopats de la communauté européenne (COMECE) a, quant à elle,
été établie en 1980, qui a également repris le Service d’Information Pastorale Européenne
Catholique (SIPECA) mis sur pied en 1976. Actuellement presque toutes les confessions
chrétiennes de l’union européenne sont représentées à Bruxelles et le nombre de bureaux
d’Eglise ayant pour mission d’assurer la liaison avec les institutions de l’Union est en
augmentation constante. On peut décrire brièvement le travail de la plupart de ces
organisations en disant qu’il est structuré autour de trois grands axes :
-
accompagner la politique de l’Union européenne en y apportant des contributions
appropriées ;
-
informer les communautés et les citoyens de ce qui se passe au niveau des politiques
de l’Union ;
-
promouvoir un dialogue entre foi et politique.
Par leurs activités, ces organisations vont au-delà de la simple défense des intérêts
d’Eglise, où elles peuvent s’engager si nécessaire. En fait, pratiquement tout leur travail est
centré sur l’enrichissement des débats politiques
dans un large éventail de domaines,
notamment les questions relevant de la politique étrangère, de la sécurité et de la défense, la
politique du commerce, la politique sociale, la justice, ainsi que le débat sur l’avenir de l’Europe
mené par la Convention européenne.
D’autre part, les publications de ces organisations, leurs bulletins mensuels et les multiples
formes de communication à l’adresse des communautés ecclésiastiques dans les Etats
membres et les pays adhérents, permettent d’apporter une contribution modeste, mais très
réelle, à la promotion du projet européen et au rapprochement entre les institutions de l’Union,
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ses citoyens et les communautés locales. Elles sont, en fait, des acteurs critiques, pas toujours
reconnus, de la promotion du projet européen depuis plusieurs décennies.
La présence d’Eglise a été, et reste encore aujourd’hui, une initiative des Eglises : cela n’est
pas toujours compris. Il s’agit d’une expression concrète et même proactive de la responsabilité
des Eglises à l’égard de l’Europe, d’un désir de la part de celles-ci d’assumer concrètement le
rôle qui est le leur dans l’édification de l’Europe. La relation de ces organisations d’Eglise avec
l’Union européenne est informelle, c’est une relation de fait.
2. Dialogue entre l’Union européenne et les Eglises
Au cours des décennies de construction de la Communauté européenne et d’élaboration
des politiques de ce qui est devenu l’Union européenne, ce sont par des contacts informels, des
études et des séminaires divers que les Eglises et les communautés religieuses ont contribué
aux débats sur l’élaboration des politiques européennes dans des domaines tels que la
politique économique et sociale, le droit d’asile, la migration et les médias. A un niveau plus
immédiatement pastoral, elles ont joué – et jouent encore – un rôle important de promotion du
respect mutuel, de la participation, de la citoyenneté, du dialogue et de la réconciliation entre
les peuples d’Europe, entre l’Est et l’Ouest. Tant au niveau pastoral qu’au niveau politique, elles
mettent en évidence la responsabilité de l’Europe, non seulement à l’égard de ses voisins
immédiats, mais aussi de toute la famille humaine. En ce sens, elles sont un partenaire
indispensable des institutions de l’Union européenne.
Depuis la ratification de l’acte unique, le débat sur la construction européenne transcende
infiniment les paramètres du marché. Avec les traités ultérieurs de Maastricht et d’Amsterdam,
les politiques de l’Union européenne vont beaucoup plus loin que l’organisation du marché
intérieur. Elles portent sur des domaines aussi vastes que la justice et la politique intérieure, la
politique sociale, l’éducation et les médias, les affaires étrangères, la sécurité et la politique de
la recherche. Alors que le marché et son organisation sont liés à des valeurs et ne sont
certainement pas neutres à cet égard, les domaines où l’Union a acquis une compétence
depuis le début des années quatre-vingt-dix touchent plus directement le citoyen, conduisent de
façon plus immédiate à une appréhension de la qualité sociétale du projet européen et ouvrent
ainsi volontiers la voie à des débats d’ordre socio-éthique et spirituel.
Cette évolution avait été anticipée par Jacques Delors dans les dernières années de son
deuxième mandat de président de la Commission européenne. Il avait déjà fréquemment
souligné, à la fin des années quatre-vingt, après la ratification de l’Acte unique, la nécessité
d’un débat sur les objectifs de la construction européenne. Il estimait en effet, avec d’autres,
que la tradition chrétienne avait un rôle vital à jouer dans ce débat.
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Les 25 dernières années de l’histoire de la construction européenne ont aussi vu
l’émergence d’une sorte de réveil des questions métaphysiques portant sur le but ultime de la
tâche à réaliser. De nombreux débats ont cherché à rendre plus explicite le concept de société
humaine sur lequel repose cette tentative.
Dès le démarrage du projet européen puis, au début des années quatre-vingt-dix, en
réponse aux initiatives prises par Jacques Delors et d’autres, les Eglises ont créé un espace de
dialogue informel avec les institutions européennes grâce au travail de leurs bureaux et
agences établis à Bruxelles et leurs contributions à l’élaboration des politiques de l’Union. La
tradition d’un contact, d’une présence, de journées d’information et de séminaires autour
d’exposés sur des questions politiques par des fonctionnaires de l’Union et des parlementaires
européens, tradition qui a évolué au fil des ans, a été complétée dès le début des années
quatre-vingt-dix par des « séminaires de dialogue », conjointement organisés par la Cellule de
Prospective de la Commission européenne et la Commission Œcuménique européenne Eglise
et Société (EECCS).
A partir de 1993, la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE)
a été un co-organisateur de ces séminaires de dialogue. Les séminaires, qui prenaient pour
thème une question d’actualité de la politique européenne convenue par les trois coorganisateurs, ont été préparés de façon consultative par la Cellule de Prospective (puis par
son successeur, le Groupe des Conseillers Politiques- GOPA – du Président de la Commission
européenne). Au stade préparatoire des consultations, les représentants des Eglises et les
spécialistes compétents sur le thème à débattre ont été identifiés avec soin, en s’attachant
aussi à ce que les participants des ces séminaires représentent au maximum les différentes
zones culturelles et linguistiques de l’Union européenne. Pour sa part, la Cellule de Prospective
/le GOPA ont organisé des exposés et assuré la participation de Commissaires européens, de
fonctionnaires de l’Union et de parlementaires européens travaillant sur le thème choisi.
L’expérience de ces séminaires de dialogue a fait apparaître des résultats inégaux et bien vite
peu satisfaisants. Bien qu’ils aient réussi à rassembler des représentants des Eglises et du
monde politique ayant une immense compétence et un savoir-faire incontestable sur le thème
du séminaire, le départ de la plupart des participants des milieux politiques après avoir fait leur
exposé et répondu à quelques questions va à l’encontre du but que l’on s’était proposé en
organisant ces séminaires.
C’est ainsi qu’à la fin des années quatre-vingt-dix, des mesures ont été prises pour
renforcer et officialiser ces contacts et ce dialogue. A l’occasion d’une rencontre avec M.
Jacques Santer, président de la Commission européenne, le 10 juin 1998, Mgr Josef Homeyer,
président de la COMECE, a présenté un document contenant un ensemble de propositions sur
la manière dont le dialogue entre l’Union européenne et les Eglises pourrait être établi sur un
pied plus officiel et plus permanent. Quelques mois plus tard, le 14 septembre 1998, dans un
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discours à la dernière Assemblée générale de la Commission œcuménique pour Eglise et
Société (EECCS), M. Santer a reconnu la nécessité de s’occuper de cette question et
clairement exprimé sa volonté de poursuivre la discussion à ce sujet :
« Conçue dès ses origines pour être une Union de peuples et d’Etats, la Communauté
européenne est en passe de devenir également une Union de citoyens.
Cette remarque me ramène une nouvelle fois au dialogue et à la coopération que la
Commission et les Eglises ont su cultiver au fil des ans. J’ai dit précédemment que je
pensais que cette pratique du dialogue pouvait et devait être renforcée et même
approfondie. A l’heure où l’Union devient pour les citoyennes et citoyens de l’Europe une
réalité plus tangible, sans que pour autant soit remise en question leur identité locale,
régionale ou nationale, il est bon que les rapports de leurs communautés de foi et de
conviction avec l’Union gagnent en visibilité ; peut-être convient-il de les organiser de
manière plus systématique. Nous avons reçu de part et d’autre diverses propositions
pour une poursuite du dialogue dans ce sens. Nous en discuterons au cours des mois à
venir, afin d’arrêter, de commun accord, les décisions nécessaires aussitôt que possible.
Dans l’espoir que cette bonne coopération puisse se poursuivre, voire s’intensifier à
l’avenir, afin d’atteindre une efficacité plus grande encore au regard de nos
responsabilités communes, je forme ici le vœu que vos efforts continuent d’être
couronnés de succès. »
Une analyse des perspectives suggérées par le président Santer dans ces lignes serait du
domaine de pure conjecture. Il suffit de rappeler que, pour renforcer et approfondir encore le
dialogue entre la Commission européenne et le Eglises, la Commission « Eglise et Société » de
la Conférence des Eglises européennes (KEK) et le secrétariat de la COMECE ont soumis en
1999 une proposition approuvée au niveau œcuménique sur l’établissement d’un « dialogue
structuré ». Cette proposition a été présentée au président Santer. Elle a été également
soumise au président Prodi, peu de temps après son entrée en fonction. Elle a aussi été
intégrée en 2002 dans un document s’inscrivant dans le cadre de la consultation sur le
renforcement d’une culture de la consultation et du dialogue. Cette proposition suggère trois
éléments complémentaires :
a) Une procédure de consultation pré-législative, permettant aux Eglises et aux
communautés religieuses – avec d’autres organisations de la société civile – de
commenter les projets législatifs. La procédure de consultation proposée par la
Commission européenne dans sa communication du 11 décembre 2002 marque une
évolution significative en ce sens.
b) Le dialogue structuré qui existe entre les Eglises et la Commission européenne est à
poursuivre et à développer. Il doit prendre la forme :
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
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-
de séminaires de dialogue organisés à intervalles réguliers ;
-
de sessions de travail sur des questions plus spécifiques, chaque fois que les
Eglises et les communautés religieuses ont une préoccupation particulière ou un
intérêt spécifique à l’égard d’un projet législatif ;
-
de rencontres au niveau présidentiel entre le président de la Commission
européenne et des représentants à haut niveau des Eglises. La proposition prévoit
également un groupe préparatoire commun pour ces rencontres, qui serait composé
de représentants des Eglises et de fonctionnaires européens dotés des
compétences appropriées.
c) Un petit «bureau de liaison» au sein des services de la Commission européenne, qui
serait idéalement situé dans un service horizontal de la Commission, par exemple le
secrétariat général. Un tel bureau aurait pour but de faciliter la consultation des Eglises
et des communautés religieuses sur la législation et les politiques projetées, afin de
bénéficier de la réflexion prospective que les religions peuvent proposer en la matière, et
de constituer un point de référence, par lequel les Eglises et les communautés
religieuses pourraient contacter les services compétents de la Commission européenne.
3. Société civile et gouvernance européenne
De toute évidence, cette proposition doit être vue dans le contexte plus large de plusieurs
débats et discussions parallèles, notamment celle sur le concept de « gouvernance
européenne », qui est l’une des priorités de la Commission Prodi. Ce concept, lancé par la
Commission européenne dans son Livre blanc de juillet 2001, vise à fournir un cadre général de
consultation et de partenariat en vue de renforcer la démocratie en Europe et d’accroître la
légitimité des institutions.
Les défis de la société contemporaine ne peuvent être résolus par la seule intervention des
institutions politiques. L’exploration de ces questions nécessite un dialogue avec les partenaires
concernés et la consultation des divers secteurs de la société. Les organisations intermédiaires,
légitimement ancrées dans la société, jouent un rôle d’appui à cet égard. Les leaders politiques
doivent susciter de nouvelles formes de consultation appropriées afin que les organisations
intermédiaires puissent remplir convenablement leur rôle en la matière. La recherche de formes
appropriées de consultation à cet égard n’est autre que l’application du principe de subsidiarité
au sens horizontal.
En réponse au livre blanc sur la gouvernance et au débat qui s’en est suivi, les Eglises ont
fait un certain nombre de contributions importantes, qui sont venues apporter leur soutien au
désir de la Commission d’améliorer les mécanismes et la qualité de la gouvernance
européenne et de la rendre mieux intégrée et davantage orientée vers l’inclusion sociale. Les
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
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Eglises ont aussi proposé que soit reconnue leur contribution spécifique à l’ensemble du
processus de bonne gouvernance. Même si elles n’ont reçu aucune réponse officielle aux
suggestions spécifiques faites au Président de la Commission dans le document mentionné
plus haut, le Livre blanc sur la gouvernance européenne a reconnu que les Eglises et les
communautés religieuses étaient des acteurs du processus de bonne gouvernance :
« La société joue un rôle important en permettant aux citoyens d’exprimer leurs
préoccupations et en fournissant les services correspondant aux besoins de la
population. Les Eglises et les communautés religieuses ont une contribution spécifique à
apporter. »
4. Contribution spécifique des Eglises
Les traditions et les mouvements religieux, spirituels et intellectuels ont eu un
rôle
formateur à l’égard du développement de notre conscience en matière d’identité et de culture.
Au cours des siècles, ils ont façonné et favorisé des valeurs d’importance fondamentale pour la
condition humaine, et exprimé clairement celles-ci à des époques toujours différentes. Les
religions fournissent le fondement et l’orientation qui donnent sens à la vie. Source d’inspiration,
elles constituent un héritage vivant à transmettre à l’avenir. Les Eglises et les communautés
religieuses représentent, protègent et encouragent les aspects essentiels des fondements
spirituels et religieux de l’Europe. Elles peuvent susciter une importante autocritique au sein de
la société et servir ainsi de source d’innovation pour la société et dans les délibérations sur le
concept de bonne gouvernance. A cet effet, il est illustratif de citer l’Exhortation apostolique
post-synodale à la suite de la seconde assemblée extraordinaire du Synode des évêques pour
l’Europe (1er-23 octobre 1999) :
«Dans ses relations avec les pouvoirs publics, l’Eglise ne demande pas un retour à des
formes d’Etat confessionnel. Mais en même temps, elle déplore tout type de laïcisme
idéologique ou de séparation hostile entre les institutions civiles et les confessions
religieuses.
Pour sa part, dans la logique d’une saine collaboration entre communauté ecclésiale et
société politique, l’Eglise catholique est convaincue de pouvoir apporter une contribution
spécifique à la perspective de l’unification, offrant aux institutions européennes, en
continuité avec sa tradition et en harmonie avec les directives de sa doctrine sociale, la
présence de communautés de croyants qui cherchent à réaliser l’humanisation de la
société à partir de l’Evangile vécu sous le signe de l’espérance. Dans cette optique, il est
nécessaire que des chrétiens, convenablement formés et compétents, soient présents
dans les diverses instances et institutions européennes, pour concourir, dans le respect
des justes dynamismes démocratiques et à travers une confrontation des propositions, à
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
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définir une convivialité européenne toujours plus respectueuse de tout homme et de toute
femme, et donc conforme au bien commun. »
C’est dans ce sens que les Eglises et les communautés religieuses contribuent activement
à la vie publique de bien des façons, au niveau local, régional, national et international, dans
des domaines aussi variés que la politique sociale, la migration, l’aide au développement, le
processus de paix, l’éducation, les activités culturelles et la pastorale. Leur caractère
institutionnel, les objectifs des services qu’elles rendent dans ces domaines, leurs modes de
fonctionnement et, bien souvent, l’éthique de leurs institutions, expriment leur spécificité par
rapport à d’autres organisations de la société civile ; elles s’en distinguent mais ne peuvent non
plus être considérées comme des organisations non gouvernementales.
Au cours de ces dernières années, l’Union européenne et ses institutions ont dû tenir
compte, même indirectement, de la religion, des Eglises et des communautés religieuses. On
trouve une référence à la religion non seulement dans les dispositions des traités mais aussi
dans les protocoles et les déclarations en annexe. La législation secondaire de l’Union se réfère
directement à la religion et a une influence sur elle dans de nombreux domaines juridiques,
notamment en ce qui concerne la non-discrimination, la législation sur le travail, la protection
des données, la culture, la législation sur les médias, le bien-être des animaux, la coopération,
les finances, les questions douanières et la législation économique. Ne serait-ce que pour de
simples raisons de cohérence juridique, l’Union européenne doit trouver le moyen de mettre en
place des mécanismes de consultation appropriés auprès des Eglises et des communautés
religieuses.
En septembre 2002, la Commission des épiscopats de la Communauté européenne
(COMECE) et la Commission « Eglise et Société » de la Conférence des Eglises européennes
(KEK) ont présenté à la Convention européenne une proposition commune ayant été approuvé
au niveau œcuménique. Cette proposition comporte trois éléments complémentaires
concernant la situation des Eglises et des communautés religieuses de l’Union européenne à
l’avenir. L’un de ces éléments est une disposition constitutionnelle au sujet de l’existence d’un
dialogue structuré entre les Eglises et les institutions de l’Union. Ces trois éléments sont les
suivants :
a)
Le respect du statut dont bénéficient les Eglises, les communautés religieuses et les
organisations non confessionnelles en vertu du droit national dans les Etats membres
(Déclaration n°11 de l’Acte final du traité d’Amste rdam) ;
b)
La reconnaissance de l’identité spécifique des Eglises et des communautés
religieuses et la mise en place d’un dialogue structuré avec elles ;
c)
L’organisation du respect, par l’Union européenne, de la liberté religieuse dans toutes
ses dimensions.
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
Page 31 sur 42
Lors des sessions plénières de la Convention européenne en février et en mars 2003 ont
été débattues la question d’une référence à la religion et la question du statut des Eglises et
des communautés religieuses en vertu du droit national. Le Praesidium est également arrivé à
un consensus sur les points suivants :
-
incorporer le contenu de la Déclaration d’Amsterdam n°11 dans la structure de la
Constitution ;
-
envisager l’introduction, dans le Préambule du traité, d’une référence « reconnaissant
la contribution des religions à la civilisation européenne » :
-
mentionner la contribution des Eglises et des associations religieuses au titre IV de la
Constitution traitant de la vie démocratique de l’Union.
La Convention a intégré en temps utile le projet d’article 37 dans le titre IV.
Bien que ce projet de texte ait réuni un consensus au niveau de Praesidium de la
Convention, il a néanmoins fait l’objet de 33 amendements et d’une discussion approfondie à la
session plénière de la Convention du 24 avril 2003. La majorité des interventions faites à ce
sujet dans le cadre de la discussion ont été positives. Le projet d’article 37 susmentionné est
devenu le projet d’article 51 dans la première version complète de la partie 1 du traité
constitutionnel présenté par le Praesidium le 26 mai 2003.
Le texte finalement retenu dans le traité constitutionnel dans son article I-52 intitulé « Statut
des Eglises et des Organisations non confessionnelles », a adopté la formulation suivante :
a) L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national,
les églises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres.
b) L’Union respecte également le statut des organisations philosophiques et non
confessionnelles.
c) Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union maintient un dialogue
ouvert, transparent et régulier, avec ces églises et organisations. »
Ce texte reprenait l’essentiel des demandes des Eglises et donnait dans ses deux premiers
paragraphes une qualité constitutionnelle aux dispositions de la le Déclaration n°11 de l’Acte
final du traité d’Amsterdam. Dans le contexte des dispositions du titre VI sur la vie démocratique
de l’Union, il reconnaît l’identité des Eglises et des communautés religieuses et la spécificité de
leur contribution à la société. Le texte prévoit aussi le maintien d’un dialogue ouvert, transparent
et régulier avec les Eglises et organisations religieuses. Il traduisait une avancée considérable
pour les relations entre les institutions européennes et les religions. Au-delà de l’établissement
de mécanismes de consultation des Eglises et des religions, il s’agit en effet de reconnaître
l’apport positif et l’importance vitale de la religion, des Eglises et des communautés religieuses
dans et pour l’ensemble de la société. Il définissait et reconnaît l’Europe comme communauté
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fondée sur des valeurs : l’intérêt des Eglises n’est autre que la promotion d’une société fondée
sur des valeurs.
Au 1er janvier 2007, le Traité constitutionnel a été ratifié par 18 des 27 états membres ; il a
été rejeté en France et aux Pays-Bas et sept autres pays ne se sont pas encore prononcés.
Son sort futur n’est pas connu à ce jour. En attendant, le dialogue entre les Eglises et les
institutions européennes continue à travers des rencontres entre le Président de la Commission
et les représentants des Eglises chrétiennes, des séminaires de dialogue et toutes les activités
habituelles des bureaux des Eglises.
En effet, les rencontres spécifiques des Eglises avec le Président de la Commission sont la
partie la plus officielle de ces relations. Celles-ci existent aussi à d’autres niveaux. Comme tous
les autres acteurs de la société civile les Eglises participent aux débats lancés par les
institutions européennes. La Commission a en effet l’habitude d’organiser des consultations sur
différents sujets. Ces consultations sont ouvertes au public et tout le monde peut donc faire
valoir son point de vue sur telle ou telle problématique. La COMECE essaye, en collaboration
avec les conférences épiscopales nationales et des réseaux d’experts, d’y apporter une
contribution lorsque le sujet revêt une importance particulière aux yeux de l’Eglise. Ces sujets
ne sont la plupart du temps pas des sujets « religieux » pour la simple raison que l’Eglise
dialogue au niveau européen avec des institutions qui n’ont pas de compétence directe en
matière religieuse.
5. Remarques en guise de conclusion
Il existe donc un certain nombre de signes indiquant que l’Union européenne est prête à
mettre en place un dialogue structuré avec les Eglises et les communautés religieuses. Ceci
représente une avancée considérable par rapport aux décennies précédentes, marquées par
l’incertitude des institutions européennes quant au mode de relation avec les communautés et
les institutions religieuses. Cette évolution met en évidence l’émergence d’une conception plus
intégrée du processus politique, incorporant toutes les dimensions de la conscience et du
discours humains, y compris la dimension religieuse.
Nous avons tracé dans les grandes lignes certaines des étapes fondamentales du chemin
parcouru pour arriver à ce point. Ce qu’il faut maintenant, c’est entreprendre d’urgence un
nouveau travail au niveau de l’éducation des futurs fonctionnaires du service public, que ce soit
dans les Etats membres ou au sein des institutions de l’Union. Si l’on veut que ces
fonctionnaires soient au service du bien commun de tous les citoyens, ils doivent avoir tout au
moins une certaine compréhension de l’héritage religieux de l’Europe dans le cadre de leur
formation. Cette formation doit les conduire à comprendre que la foi religieuse ne peut se
ramener à une affaire d’ordre personnel et privé. Elle doit leur faire comprendre que les
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processus politiques, tout en restant évidemment autonomes et régis par les principes
démocratiques, ne peuvent banaliser la dimension religieuse de l’existence humaine ni
considérer que cette dimension est totalement séparée du domaine politique ou public. La
formation de ces fonctionnaires doit leur permettre de se rendre compte que les Eglises et les
communautés religieuses jouent un rôle fondamental dans la production du capital social dont
dépend le fonctionnement de la démocratie libérale. C’est assurément un aussi grand défi pour
la catéchèse que pour l’administration publique.
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2ème atelier animé par José-Luis Restán
Radio Cope
«La liberté religieuse et la laïcité en Espagne»
Quand nous avons commencé notre activité dans les années 60, les apparences
montraient une société catholique calme dans ses paramètres sociologiques fondamentaux.
Mais, en profondeur, le changement culturel couvait déjà, ce qui était évident dans les
années 70 et encore davantage avec une vitesse et une profondeur étourdissantes dans les
années 80. Pour l'Eglise, ceci signifiait un double défi : d'une part, de comprendre avec cœur
ce nouveau cadre de la liberté et apprendre à vivre au large, sans la protection de l'Etat ; et de
l'autre, de distinguer les dangers d'une sécularisation qui a tendu à assécher les racines
spirituelles de notre société en s’orientant vers le relativisme moral. De toute façon, nous limiter
à une approche conservatrice ne suffisait plus ; nous avions besoin d'une approche
missionnaire, qui intégrait une présence catholique moderne, influente et attrayante, dans un
contexte toujours davantage pluriel, et de plus en plus sécularisé également. C'est alors que
nous nous sommes engagés dans une radio ouvertement généraliste, qui, comme le précise
notre argumentaire idéologique, est le point de départ d'un projet d’évangélisation de l'opinion
publique.
La mission de COPE se développe selon des scénarios très divers et dans des différents
formats : information, analyse et discussion sur les questions actuelles, mais également, sur la
base d’un témoignage chrétien explicite, présentation de sa doctrine et réflexion sur la vie des
communautés chrétiennes. Informer sur l'humanisme chrétien, deux mots d’une tradition
ecclésiastique avérée. Je voudrais illustrer cette détermination en mentionnant certains des
principaux combats dans lesquels COPE a été profondément impliquée au cours de ces
dernières années.
1.
Liberté religieuse :
Contrairement à la suspicion systématique affichée quant à la dimension religieuse de
l'humanité, et à la tentative de marginaliser et d’enfermer cette dimension dans la sphère
privée, nous avons proclamé la dimension publique et communautaire des événements
religieux, et, plus spécifiquement, du christianisme, ainsi que sa contribution notable au bien
commun, parfaitement documentée par l'histoire (cela vaut la peine de le rappeler) et
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
Page 35 sur 42
parfaitement vérifiée à l'époque actuelle. Pour COPE, c'est la pierre angulaire de notre système
de liberté, et toute tentative de réduire ou amoindrir son importance (heureusement bien
reflétée dans notre constitution) suscitera notre résistance. C'est pourquoi la laïcité agressive
pratiquée par notre actuel gouvernement s'avère être particulièrement destructive et est
devenue un de nos sujets les plus critiques. Naturellement, le but n'est pas de s’en tenir à une
attitude purement défensive, mais plutôt de donner à voir la richesse et le potentiel créateurs
de la liberté religieuse dans tous les domaines.
2.
Liberté d'éducation :
Au même titre que le paragraphe précédent, je pense que c'est l'un des sujets essentiels
pour le futur de la démocratie dans le monde occidental. Tout d'abord, parce que la crise de
l’éducation est terrifiante et nécessite de déclencher de nombreuses énergies et initiatives
dispersées dans tout le corps social ; et deuxièmement, parce que le désir de contrôle de l'Etat
trouve ici son apogée. La liberté d'éducation ne peut pas être juste un rapport formel, elle doit
être un droit qui peut être exercé effectivement par tous les citoyens. Pour accomplir cette
tâche, nous avons non seulement conçu des programmes spéciaux, mais nous avons
également apporté un soin
particulier à cette information et nous lui avons donné une
couverture éditoriale importante. Dans ce domaine, aussi bien que pour la défense de la
famille, nous avons appris comment se relier à un large secteur social (au delà des limites du
public catholique) : COPE a été un porte-parole privilégié pour le mouvement des citoyens
opposé à la loi organique sur l'éducation (précisément parce qu'elle met en danger la liberté
d'éducation) et a contribué à nourrir cette mobilisation avec des arguments bien articulés dans
tous nos programmes.
3.
Promotion de familles basées sur le mariage entre un homme et une femme,
et ouvertes à la transmission de la vie :
Cela a été le champ privilégié des expériences sociales que notre actuel gouvernement
aime tant. Une culture radicale, et tout à fait suicidaire, qui s'est consacrée à déprotéger et
même à dissoudre une institution millénaire essentielle au bien commun telle que le mariage.
Naturellement je me réfère à ce qu’on appelle le « divorce express », et particulièrement à tous
les changements apportés à notre code civil équivalant à ce que mariage en tant que tel a
disparu. Les mesures législatives prises dans ce secteur ont dépassé ceux de tous les pays
voisins ; il y a là non seulement un problème concernant la loi, mais toute une culture antifamille qui a malheureusement trouvé de bonnes raisons de se répandre dans la plupart des
médias, tandis que l'intérêt et les valeurs de millions de familles sont méthodiquement
marginalisées ou même attaquées. COPE se sent le devoir de renforcer une vraie culture de la
famille pour cultiver en tant que telle, en défendant ses bases anthropologiques et morales
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
Page 36 sur 42
ainsi que les politiques et les législations qui servent activement la famille. Nous pouvons
également dire ici aujourd'hui, avec modestie mais réalisme, que nous avons efficacement
servi la grande mobilisation organisée par le Forum Espagnol de la Famille. Mais notre tâche
ne s’arrête pas là, elle continue grâce à des efforts permanents dans tous nos programmes.
4.
La défense de la culture de la vie :
Dans le sillage de notre cher Jean- Paul II, COPE veut être un instigateur de la culture de
la vie, dans un contexte de perte croissante de son importance et de sa valeur, et face à de
nouvelles agressions, aussi bien dans les phases initiales (tout ce qui concerne le statut de
l'embryon humain et la défense du fœtus) que dans les dernières étapes de nos vies, où il y a
une campagne systématique en faveur de la libéralisation de l'euthanasie. Nous savons très
bien que dans ce domaine nous devons combiner la raison (le rétablissement du droit naturel
que propose Benoît XVI) avec la preuve (la beauté et le bien de toute vie humaine
indépendamment des circonstances) et l'aide spécifique à ceux qui vivent dans les difficultés
(en donnant plus de retentissement aux initiatives si nombreuses qui essayent d'aider les
mères dans des situations difficiles ou les malades en phase terminale). Le domaine de
l'expérimentation sur les embryons est un autre secteur qui exige notre engagement en tant
que media, particulièrement si nous tenons compte que la confusion courante exige un effort
éducatif extraordinaire auquel nous voulons participer.
En Espagne, un projet culturel et politique s’installe tendant à remplacer la matrice
catholique de notre société par une autre à caractère laïc et radical. Ce désir a été exprimé en
beaucoup d'occasions par des intellectuels influents et des membres importants du parti
socialiste, et s’est traduit d'une part, en ce que Benoît XVI appelle « le ridicule culturel du
christianisme » et, de l'autre, par la mise en œuvre de politiques qui déchirent le consensus
moral de base de notre société pour imposer ce que le gouvernement Zapatero appelle « la
dissémination des droits ». Il est évident que le but «d’évangéliser l'opinion publique»
mentionné dans le premier paragraphe de notre argumentaire idéologique relève de l’engage
ment particulier de COPE à faire face à la laïcité agressive dont nous sommes témoins.
5.
Réflexions finales
Le groupe COPE, proposant aujourd'hui des offres de radio et de TV, souhaite servir le
bien commun de la société espagnole de par sa vocation d’être un média « catholiques et
généraliste », qui n'élude pas l’affrontement des vicissitudes de notre société. Nous souhaitons
être une plateforme de la présence chrétienne dans le monde complexe des médias, afin de ne
pas établir de divisions ou de frontières, mais plutôt un dialogue vrai entre la culture catholique
et la culture laïque, auquel Benoît XVI nous invite tous, en vue de défendre ce qui est essentiel
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
Page 37 sur 42
dans l'être d'humain et sa vie dans la société, en ces temps bizarres et perturbants que nous
avons à vivre.
Nous sommes convaincus que notre mission coïncide avec le but de montrer le grand oui
du christianisme : Oui à la vie, à l'amour humain, à la liberté et à la raison, tout ensemble
comme image de Dieu. Et en tout ceci nous pouvons trouver de nombreux amis et en devenir
des amis, même si, pour certains, nous les avons initialement considérés comme étrangers.
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3ème atelier animé par le Père Martin Holik
et Milan Tesar
Radio Proglas (République Tchèque
«Développements techniques :
Internet, numérique, Podcasts, MP3, …»
Il est incontestable que nous vivons une évolution rapide des technologies. Cela est encore
plus évident pour la télévision, mais les radios n’en sont pas exclues non plus. Si nous parlons
de nouveaux média et de nouvelles technologies, il faut distinguer les média linéaires (média en
temps réel) et média non-linéaires (travaillants avec l’enregistrement).
1. Média linéaires – média en temps réel
a) Situation pour les diffuseurs :
Il y a plusieurs technologies utilisables, ce qui pose un certain problème. L’évolution est si
rapide que de nouvelles et meilleures technologies sont créées avant que les précédentes
aient été codifiées. C’est pourquoi on essaie de rendre certaines technologies d’émission
compatibles l’une avec l’autre.
Exemple : T-DAB, une technologie bonne et robuste, entraînait des frais trop élevés pour
les diffuseurs. En outre, il fallait attendre la libération de fréquences. En attendant, la DAB
améliorée (DAB+) a été créée.
Un autre protocole, DMB (« Digital Multimedia Broadcasting »), a eu un si grand succès
que le forum worldDAB a changé de nom et est devenu le forum worldDMB.
Une autre difficulté est soulevée par le fait que des pays différents prennent des décisions
différentes et choisissent des protocoles différents.
L’effort fait pour profiter du partage des fréquences actuelles a fait naître le système DRM,
qui utilise l’échelle actuelle des ondes moyennes et courtes.
La transmission des données aux téléphones mobiles (même aux appareils bon marché)
rend possible la réception des chaînes radio dès aujourd’hui : c’est le système DVB-H et
DMB-H.
La diffusion des programmes via l’internet est déjà courante. Mais on y attend des
« luttes » de la part des unions des droits d’auteurs.
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
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Avec l’internet sans-fil, il est plus facile d’amener de nouvelles technologies n’importe où.
Mais nous devons attendre une couverture adaptée aux récepteurs mobiles.
Ajoutons-y le système « classique » de diffusion via satellite (DVB-S), qui n’est reçu – en
Europe – que par les récepteurs fixes.
Les radios ayant une bonne couverture vivent une montée de la concurrence et sont donc
presque obligées de créer de nouvelles chaînes et de nouveaux programmes.
Au contraire, pour ceux qui n’ont pas réussi à obtenir de fréquences « classiques », cela
signifie de nouvelles chances.
b) Situation pour les auditeurs :
Quant aux auditeurs, tout cela signifie toujours une complication et un risque qu’un nouveau
récepteur puisse devenir inutile du jour au lendemain.
La complexité de toutes ces méthodes de réception et de leur mise en marche devient un
autre problème, ce qui décourage surtout les auditeurs potentiels les plus âgés.
Certains types de récepteurs sont trop chers pour être fabriqués en petites séries. D’autres
types ne rendent possible que la réception d’une ou deux chaînes, parce qu’il n’en existe
pas davantage dans les pays respectifs. Les appareils qui combinent la réception des
technologies nouvelle et ancienne sont plus attractifs à la vente. Mais ils sont généralement
plus chers.
Les producteurs n’ont pas assez de temps pour se déterminer, et leurs clients bien sûr non
plus. Des téléviseurs LCD avec un tuner DVB-T et DVB-S bon marché n’existent pas, bien
qu’on puisse en acheter les composants séparément.
On trouve certains paradoxes :
Les lecteurs iPOD et les téléphones mobiles les plus modernes ne permettent que la
réception FM.
Les constructeurs de voitures ont récemment abandonné les magnétophones à cassettes et
vendent maintenant des lecteurs de CD. Seuls certains d’entre eux offrent des connecteurs
USB pour les lecteurs MP3.
2. Média non-linéaires – audition du matériel enregistré
Quant à l’audition non linéaire, l’enregistrement des programmes sur l’internet est devenu
courant. On combine plusieurs systèmes :
-
le stream (favorable quant à la question des droits d’auteurs),
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
Page 40 sur 42
-
le téléchargement (PC, iPODs, lecteurs MP3). Dans ce cas, le diffuseur est souvent
obligé de supprimer la musique de ses programmes pour des raisons tenant aux
droits d’auteurs.
L’enregistrement des programmes sur le web est peut-être une question un peu à la mode.
L’auditeur veut écouter l’émission quand il en a le temps et l’envie. Mais l’homme est
paresseux de nature, donc on peut se poser la question de savoir si ce service continuera à
être efficace dans le futur.
Les radios qui ne produisent pas d’émissions « classiques » et qui offrent la possibilité de
créer un programme individuel ou bien des centaines des programmes organisés par
tranches (sur l’internet par exemple) gagnent à notre avis moins d’auditeurs potentiels que
l’internet lui-même. A ce sujet on pourrait parler par exemple de l’engagement des chrétiens
sur le monde virtuel de Second Life.
Pour conclure : Nous vivons un temps béni, qui demande néanmoins une grande attention
et réflexion. Finalement, c’est toujours le contenu qui conduit ou ne conduit
pas l’auditeur à la réception du programme ou au fait de chercher les
programmes enregistrés de sa chaîne préférée.
Glossaire
DVB-T
digital video (and audio) broadcasting – terrestrial
DVB-H
digital video (and audio) broadcasting – handheld
DVB-C
digital video broadcasting – cable
T-DAB
digital audio broadcasting – terrestrial (protocol Eureka 147)
DAB+
new compression (AAC4) for T-DAB (association with Eureka 147)
DRM
digital radio mondiale (digitalisation MW=middle wave and SW=short wave)
T-DMB
digital multimedia broadcasting
Podcast
internet-archive
Simulcast
Multicast
broadcast via internet (packet)
Wi-Fi
wireless internet connection (protocols 802.11a-g)
worldDAB
worldDMB forum
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AUTRICHE
Radio Stephansdom
BELGIQUE
RCF Bruxelles
ESPAGNE
Radio Popular
CADENA COPE
FRANCE
RCF
HONGRIE
Radio Szent Istvan
ITALIE
Associazione CORALLO
RadioTelevisioni
Libere Locali LETTONIE
LKR
MALTE
RTK
PAYS BAS
K.R.O (Hilversum)
POLOGNE
Radio Plus
PORTUGAL
Radio RENASCENCA
Ce 14ème Colloque proposé par la CERC
à toutes les radios chrétiennes
d’Europe, se situe dans la perspective
de la construction de l’Europe sur des
valeurs éthiques et spirituelles, qui
favorisent la compréhension et le
rapprochement entre les peuples de
notre continent.
Regroupant plus de 650 radios de
l’Atlantique à l’Oural, la CERC poursuit
ainsi l’action qu’elle a entreprise depuis
sa création en 1994, notamment grâce
aux Colloques qu’elle a organisés à
Bruxelles, Strasbourg, Rome, Varsovie,
Lisbonne, Vienne, Madrid, Budapest,
Malte, Bratislava, Rome, Prague et Iasi.
REP. TCHEQUE
Radio Proglas
ROUMANIE
Radio Trinitas
RUSSIE
Christian Church Social Channel
Catholic Radio DAR
SLOVAQUIE
Radio Lumen
SLOVENIE
Radio Ognjisce
Colloque de la CERC – Bruxelles 2007
SIÈGE SOCIAL
7, Place Saint Irénée
69321 LYON Cedex 05
France
PRÉSIDENT
José-Luis Restan (Espagne)
tél. : (33) 04 72 38 62 06
Fax : (33) 04 78 36 34 42
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
Tommy SCHOLTES (Belgique)
E.mail : [email protected]
Site : www.cerc-eu.org
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